L`alcool en Haute
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L`alcool en Haute
MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES, DU TRAVAIL ET DE LA SOLIDARITÉ MINISTÈRE DE LA SANTÉ, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPÉES DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES SANITAIRES ET SOCIALES DE HAUTE-NORMANDIE L’alcool en Haute-Normandie Même si le nombre de décès liés à une consommation excessive d’alcool ne cesse de diminuer, on estime, au milieu des années 90, que l’alcool était responsable, chaque année, de 35 000 décès (estimations INSERM) voire 45 000 décès, selon Catherine Hill (Institut Gustave-Roussy) si on ajoute aux causes directes (cirrhose du foie, psychose alcoolique,…) les causes indirectes comme certaines morts violentes (accidents de la route, accidents domestiques, suicides, homicides,…). Sur la période 1997-99, on enregistre en moyenne annuelle, en France, 11 200 décès directement liés à une consommation excessive d’alcool : 8 700 décès par cirrhose du foie et 2 500 par psychose alcoolique. Mais il faut prendre en compte également les 11 400 décès par cancers des voies aéro-digestives supérieures, même si ces derniers sont également une conséquence de la consommation de tabac. Ces trois causes de mortalité concernent quatre fois plus les hommes que les femmes. En dehors des conséquences en termes de morbidité et mortalité, une consommation d’alcool durant la grossesse entraîne chez l’enfant des retards de croissance, des retards psychomoteurs, des dysmorphies faciales, mais aussi d’autres malformations. L’incidence de ce syndrome d’alcoolisation fœtale serait d’environ 1 000 cas par an. L’alcool en Haute-Normandie La Haute-Normandie figure de longue date parmi les régions où la mortalité liée à l’alcool est la plus forte. Les trois causes de décès les plus étroitement liées à une consommation excessive d’alcool, cirrhose du foie, psychose alcoolique et cancers des voies aéro-digestives supérieures, ont totalisé de 1997 à 1999, près de 840 décès annuels, 13 % de la mortalité prématurée, un tiers de la mortalité prématurée évitable chez les hommes et un cinquième chez les femmes. La surmortalité globale pour ces trois causes est de 30 %. Concernant les accidents de la circulation, l’Eure, de par la structure de son réseau routier et la densité de sa population, est beaucoup plus touchée que la Seine-Maritime en regard du nombre d’habitants : avec un écart de + 48 % par rapport à la moyenne nationale en 1997-99, c’est l’un des départements où la surmortalité est la plus forte. De ce fait, l’alcool a été identifié comme une priorité régionale de santé publique par la Conférence régionale de santé. Une programmation régionale a été mise en place par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales pour les années 2000-2002. Elle s’est donnée pour objectifs d’améliorer la connaissance épidémiologique, de soutenir des actions de prévention primaire dans les différents secteurs concernés et de renforcer les moyens de prise en charge des malades alcooliques. La situation en Haute-Normandie Une forte surmortalité pour les pathologies imputées à l'alcool, en particulier chez les femmes En 1997-99, la Haute-Normandie se positionne en moyenne parmi les cinq régions les plus touchées par la mortalité liée à une consommation excessive d'alcool. En effet, quel que soit la cause de décès ou le sexe, les indices comparatifs de la Haute-Normandie sont tous significativement supérieurs à la moyenne nationale. Qu'il s'agisse des cirrhoses du foie, des psychoses alcooliques et alcoolisme ou des cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), cette tendance est plus marquée chez les femmes. La Haute-Normandie est d'ailleurs la 2e région la plus touchée par la mortalité par cirrhose du foie et par cancer des VADS chez les femmes et est au 3e rang des régions les plus touchée par la mortalité par psychose alcoolique et alcoolisme toujours chez les femmes. Le Nord-Pas-de-Calais est la région la plus touchée par la mortalité due à ces pathologies chez les femmes ; elle l'est également chez les hommes pour la mortalité par cirrhose du foie et cancer des VADS. La Bretagne présente l'ICM par psychose alcoolique et alcoolisme le plus élevé chez les hommes. Méthode : L'Indice Comparatif de Mortalité (ICM) est le rapport, en pourcentage, du nombre de décès observés au nombre de décès attendus. Les décès attendus sont obtenus en appliquant à la population de la région les taux de mortalité par âge de la France. Rédacteurs : Angélique Lefebvre, Hervé Villet Octobre 2003 Indices comparatifs de mortalité 1997-1999 (France base 100) Cirrhose du foie Hommes Femmes 252 139 Nord-Pasde-Calais 181 Nord-Pasde-Calais 119 100 MidiPyrénées Corse 59 43 Psychose alcoolique et alcoolisme Femmes Hommes 177 126 159 Bretagne 199 Nord-Pasde-Calais 100 Corse Corse 34 39* Cancers des voies aéro-digestives supérieures Hommes 132 100 Femmes 183 137 Nord-Pasde-Calais MidiPyrénées 59 Région ayant l'ICM le plus faible 143 Nord-Pasde-Calais Rhône-Alpes 72 Haute-Normandie Sources : INSERM-CépiDc, INSEE Région ayant l'ICM le plus élevé Exploitation ORS * écart à la moyenne non significatif Directeur de publication : Jean-Louis Simonin Immeuble «Le Bretagne» - 57, avenue de Bretagne - 76100 ROUEN Tél : 02 32 18 07 50 - Fax : 02 32 18 07 51 - E-mail : [email protected] L’alcool en Haute-Normandie En trois ans, en Haute-Normandie, trois enquêtes ont été réalisées sur le thème de l’alcool : Une enquête nationale auprès des patients des médecins généralistes libéraux sur la prévalence de l’alcool a été lancée en 2000 par la Direction générale de la santé (DGS) et par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). L’Observatoire régional de la santé (ORS) de Haute-Normandie a été chargé de coordonner cette enquête dans la région. Dans le même temps, la Direction générale de la santé et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques lance la même enquête auprès des patients hospitalisés dans toutes les régions françaises. La Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass) de Haute-Normandie a été chargée de coordonner cette enquête au niveau régional. Enfin, en 2001, dans le cadre de la Programmation régionale alcool, l’Observatoire régional de la santé s’est vu confier par la Drass la réalisation d’une enquête sur le thème du syndrome d’alcoolisation foetale. L’objectif général de cette enquête est de contribuer à l’amélioration du repérage et de la prise en charge en médecine générale des conduites d’alcoolisation chez les femmes enceintes. Enquête auprès des usagers du système de soins, en milieu hospitalier et en médecine libérale Objectifs et méthode Les données existantes en matière d’alcool sont à la fois nombreuses et partielles. Le manque de données générales sur les conséquences entermes de morbidité d’une consommation excessive d’alcool est particulièrement notable. C’est pourquoi la DGS et la Drees ont lancé une enquête sur la prévalence des problèmes d’alcool parmi les personnes ayant recours au système de soins, patients hospitalisés et consultants de praticiens libéraux. L’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) a participé au financement de cette enquête. Cette enquête, réalisée par les Drass en décembre 2000 pour la partie hospitalière et par les ORS en octobre 2000 pour la partie ambulatoire poursuivait trois objectifs : - mesurer la prévalence des comportements d’alcoolisation excessive dans des populations ayant recours au système de soins, - étudier le lien entre motifs de recours aux soins et consommation excessive d’alcool, - estimer les niveaux et les modalités de prise en charge de ces patients ayant une consommation excessive d’alcool. Les informations collectées pour l’enquête ont été recueillies à partir d’un questionnaire rempli par le médecin ou l’équipe soignante. Ce questionnaire comportaient trois parties principales : des données socio-démographiques, des renseignements médicaux demandés au patient par l’intermédiaire du médecin et l’avis clinique du médecin sur le patient. L’enquête incluait les patients de 16 ans et plus vus pendant deux jours d’activité du médecin, en consultation ou en visite pour la partie ambulatoire et les patients de 16 ans et plus vus un jour donné en établissements de soins pour la partie hospitalière. En Haute-Normandie, 81 médecins généralistes et 27 établissements de tous statuts ont participé à l’enquête. Ce sont respectivement 2 677 patients de 16 ans et plus vus en consultation ou visite de médecine générale et 911 patients hospitalisés qui ont été inclus. Résultats Caractéristiques générales des patients enquêtés Que ce soit en ville ou en milieu hospitalier, l’échantillon enquêté est plus féminisé que la population haut-normande de 16 ans et plus. La structure par âge est également différente de celle observée au niveau régional : l’âge moyen est globalement plus élevé, surtout en secteur hospitalier. On observe en outre des recrutements différents selon le secteur. Le secteur hospitalier inclut davantage de personnes âgées de 65 ans et plus, en particulier chez les femmes alors que, en médecine générale, les patients de moins de 65 ans sont plus nombreux, en particulier chez les femmes. L’échantillon des patients hospitalisés se distingue également par une plus faible part de personnes bénéficiant d’un emploi et par une plus forte proportion d’inactifs. En effet, en médecine générale, près de 50 % des patients sont des actifs contre moins de 25 % en milieu hospitalier. Les motifs de recours aux soins les plus fréquents en ville sont les infections ORL, devant l’hypertension artérielle ; l’abus d’alcool ou la dépendance viennent très loin derrière et ne font pas partie des dix premières causes de consultation ou de visite. En secteur hospitalier, les troubles mentaux arrivent en tête des diagnostics principaux ; là encore, les motifs d’hospitalisation directement liés à la consommation excessive d’alcool arrivent loin derrière. Les conduites d’alcoolisation L’exploitation des trois premières questions du questionnaire AUDIT, relatives à la consommation d’alcool au cours des douze derniers mois, déclarée par le patient, retrouve chez les hommes, en médecine de ville, 16,6 % d’usage à risque. Chez les femmes, cette proportion est de 4,1 %. Dans les deux cas, les proportions nationales moyennes sont plus élevées (19,3 % et 4,7 % en valeurs non standardisées). Dans l’enquête hospitalière, la proportion d’usage à risque est de 17 % chez les hommes et 2,7 % chez les femmes. Une large majorité s’inscrit parmi les personnes pour lesquelles l’usage d’alcool est non à risque, et ce de façon encore plus marquée pour les patients de médecine générale. Le profil général du patient vis-à-vis de la consommation d’alcool est obtenu en combinant la consommation déclarée, le questionnaire DETA et l’avis du médecin. Trois profils ont ainsi été définis : le profil sans risque, le profil à risque sans dépendance à l’alcool et le profil à risque avec dépendance à l’alcool. En données standardisées sur l’âge, 20,2 % des hommes et 5 % des femmes parmi la clientèle de médecine générale présentent un profil La consommation déclarée d’alcool Médecine générale 1,7 13,6 Hôpital 1,6 32,0 21,6 Non-usage Usage non à risque Usage ponctuel à risque Usage régulier à risque 68,1 62,3 21,2 Inclassable 16,8 30,3 44,6 45,7 9,9 6,7 Hommes 1,8 2,3 Femmes 11,2 5,8 Hommes 1,5 1,2 Femmes à risque sans dépendance, et 9,0 % des hommes et 2,5 % des femmes se caractérisent par un profil à risque avec dépendance. Tous ces pourcentages sont inférieurs aux moyennes nationales. Cependant, les écarts sont non significatifs en ce qui concerne la dépendance (cf graphiques ci-après). Les questionnaires AUDIT et DETA (ou CAGE) sont des questionnaires standardisés, validés en plusieurs langues, de détection d’une consommation excessive d’alcool. L’alcool en Haute-Normandie Le profil général des patients en médecine générale Hommes Hommes 62,2 69,5 92,5 92,5 Profil à risque sans dépendance 8,2 5 2,5 6,1 2,3 (% redressés et standardisés sur l'âge) Médecine générale 15,7 10,1 4,8 40,4 8,9 5,5 6,4 10,0 6,3 24,0 71,6 7,5 41,4 19,2 Sans A risque A risque risque sans dép avec dép Fumeur occasionnel Fumeur régulier 7,1 3,5 2,5 4,1 4,6 5,4 25,3 RMI 40,8 24,8 16,5 5,0 22,6 3,7 6,9 16,9 6,0 14,1 Sans risque 41,5 22,0 17,2 11,5 9,4 7,2 8,1 3,1 2,5 2,6 AAH 6,2 Hôpital 9,7 24,3 22,8 CMU Hospit , accident > 1 arrêt de travail ALD Invalidité 1,3 3,1 8,8 9,2 17,2 11,8 7,7 1,5 23,3 22,2 12,0 4,1 18,5 Non-fumeur Ex fumeur 13,0 17,5 Non réponse (% redressés et standardisés sur l'âge) 15,7 13,9 8,0 Emploi Chômeurs précaire Alcool et tabagisme 12,6 Profil à risque avec dépendance 6,9 4,1 23,3 Médecine générale 15,5 6,1 2,9 12,2 Alcool et données sociales Hôpital Que ce soit en ville ou à l’hôpital, la proportion de patients dépendants varie de la même façon avec l’âge : augmentation jusqu’à la tranche d’âge 4554 ans et décroissance ensuite. Un certain nombre de variables sociales recueillies dans l’enquête sont fortement corrélées avec le profil du patient : la proportion d’emplois précaires, de chômeurs, de bénéficiaires de minima sociaux (RMI, AAH), ou de la CMU, les antécédents récents d’hospitalisation pour accident ou d’arrêt de travail et enfin les bénéficiaires d’exonération du ticket modérateur ou les patients en invalidité sont sensiblement plus fréquents parmi les patients dépendants que parmi ceux à profil sans risque. 21,6 11,9 H au te -N di Fr e an ce m ét ro 9,0 Profil sans risque 87,5 Profil à risque sans dépendance 26,2 Profil à risque avec dépendance H au te -N di Fr e an ce m ét ro 22,3 H au te -N Fr di e an ce m ét ro 20,2 92,5 Profil sans risque 91,6 Femmes H au te -N Fr di e an ce m ét ro 70,8 Le profil général des patients à l’hôpital Femmes 52,2 A risque A risque sans dép avec dép 7,6 10,2 4,2 4,8 11,0 Profil sans risque Profil à risque sans dépendance Profil à risque avec dépendance Un tabagisme régulier est retrouvé chez un patient de médecine de ville sur quatre (un homme sur trois et une femme sur cinq) et un patient hospitalisé sur cinq (un homme sur trois et une femme sur sept). Le tabagisme et l’alcoolisation excessive apparaissent corrélés dans les deux volets de l’enquête : on observe un gradient de fréquence du tabagisme régulier depuis le profil sans risque vers le profil à risque avec dépendance. Les patients à profil à risque avec dépendance sont caractérisés par des motifs de recours aux soins plus spécifiquement liés à leur addiction : en milieu hospitalier, la première cause d’hospitalisation est l’«abus ou la dépendance aux substances psycho-actives» (25 % des hommes et 45 % des femmes) ; les «troubles de la conscience et/ou du comportement lié à l’alcool» représentent la troisième cause d’hospitalisation avec 10 % des hommes et 18 % des femmes inclus dans l’enquête. En médecine de ville, l’abus ou la dépendance à l’alcool représente le second motif de consultation ou de visite avec 11 % des hommes et 22 % des femmes. Parmi les patients dépendants enquêtés en milieu hospitalier, 27 % ont une prise en charge par une structure spécialisée en cours ; 7 % ont eu une prise en charge ancienne alors qu’elle est proposée à 15 % d’entre eux. En ville, ces proportions sont respectivement de 14, 15 et 21 %. Le volet en médecine libérale en Haute-Normandie est disponible auprès de l’ORS Le volet hospitalier en Haute-Normandie est disponible auprès de la Drass L’alcool en Haute-Normandie Syndrome d’alcoolisation fœtale Enquête sur les connaissances, attitudes et pratiques des médecins généralistes Objectifs et méthode Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) a été décrit pour la première fois en 1968 par Paul Lemoine, un pédiatre nantais. Ce syndrome a été redécouvert, de façon indépendante, en 1973 par les chercheurs américains Smith et Jones. Bien que décrit depuis une trentaine d’années, ce syndrome reste peu connu du grand publicmais aussi des médecins et . Il regroupe des atteintes du fœtus dues à l’ingestion d’alcool par la mère et se manifeste dans trois domaines : retard de croissance, anomalies crânio-faciales et signes de dysfonctionnement du système nerveux central. En Haute-Normandie, la lutte contre l’alcoolisation des femmes et le syndrome d’alcoolisation fœtale figurent parmi les objectifs de la programmation régionale de lutte contre l’alcoolisation mise en place par les services de l’Etat. Dans ce cadre, l’ORS, en partenariat avec l’Association normande de formation médicale continue (Anform), a été chargé de réaliser une enquête sur les connaissances, attitudes et pratiques des médecins généralistes concernant le syndrome d’alcoolisation fœtale. Les objectifs spécifiques de cette étude étaient : - d’apprécier le niveau de connaissance des médecins généralistes en matière de risque fœtal représenté par l’alcoolisation de la femme enceinte, de syndrome d’alcoolisation fœtale et de modalités de prises en charge de la mère et de l’enfant au plan sanitaire et social, - d’améliorer la connaissance des attitudes et pratiques des médecins, notamment en matière de capacité à aborder le problème alcool avec les femmes. L’enquête a été réalisée au moyen d’un questionnaire destiné à un échantillon de 505 médecins généralistes libéraux exerçant en HauteNormandie et tirés au sort à partir du fichier ADELI. Les questionnaires ont été envoyés par voie postale en septembre 2001. Une relance écrite a été réalisée en novembre 2001, suivie de plusieurs relances téléphoniques au cours de l’année 2002. 167 médecins ont accepté de participer à l’enquête, 15 ont exprimé leur refus et 323 n’ont pas donné suite aux différentes relances ; ceci correspond à un taux brut de participation de 33 %. Il faut rappeler que cette enquête a été contemporaine d’un mécontentement et d’un mouvement de grève des médecins généralistes en lien avec le montant des honoraires. Résultats 11 % connaissent l’AUDIT; 2 % l’utilisent, 10 % connaissent un autre questionnaire de détection (MAST, Short-MAST, ...); 1 % l’utilisent ou les utilisent. Connaissances sur le syndrome d’alcoolisation fœtale A la question « Connaissez-vous le syndrome d’alcoolisation fœtale ? », 30 % des médecins enquêtés ont répondu par la négative. En outre, on note des différences significatives selon la taille des communes d’exercice. En effet, les médecins exerçant dans les petites villes sont encore plus nombreux à ne pas connaître l’existence du SAF (40 % contre 20 % dans les villes moyennes et 24 % dans les grandes villes). De même, les différences sont significatives en fonction de l’année d’installation des généralistes. Ceux installés avant les années 90 sont beaucoup moins nombreux à connaître l’existence de ce syndrome (36 % et 42 % pour les médecins installés respectivement avant 1980 et entre 1980 et 1989 contre 9 % et 24 % pour ceux installés entre 1990 et 1994 et après 1995). Parmi les généralistes haut-normands interrogés, 53 % n’ont jamais été formés sur le problème des effets fœtaux de l’alcool, 31 % ont dit s’être formés sur ce problème sur un mode autodidacte et enfin, 16 % des médecins interrogés ont été formés sur ce problème en suivant un enseignement. On retrouve cette même proportion de médecins hautnormands qui estiment qu’ils ne sont pas bien informés des risques fœtaux d’alcoolisation maternelle. En effet, on peut par exemple citer le fait que 10 % des médecins enquêtés (17 d’entre eux) estiment que chez la femme enceinte consommant des boissons alcoolisées, le risque d’anomalies fœtales est faible. Conclusion Il ressort clairement de cette étude un manque d’informations des médecins généralistes en matière de risque fœtal représenté par l’alcoolisation de la femme enceinte, de syndrome d’alcoolisation fœtale ou de modalités de prise en charge de la mère et de l’enfant sur le plan sanitaire et social. Or, il n’existe aucun traitement permettant de prévenir les effets de l’alcool sur le fœtus et le syndrome d’alcoolisation fœtale. Le seul «traitement» possible est préventif en essayant d’obtenir au mieux un arrêt de la consommation excessive avant la conception ou le plus tôt possible pendant la grossesse. Il est par conséquent impératif que les généralistes reçoivent une formation adaptée sur le sujet non seulement à propos du dépistage précoce de l’alcoolisation pour éviter que des enfants ne naissent avec des lésions dues à l’alcoolisation maternelle irrémédiables mais également à propos du repérage des enfants porteurs du SAF ou atteints d’effets partiels et des modalités de prise en charge de ces enfants et de leur mère. Le rapport complet est disponible auprès de l’ORS L’alcool en Haute-Normandie Attitudes et pratiques Dans notre échantillon, 34 % des médecins ont déclaré mettre en garde systématiquement sur les effets fœtaux de l’alcool. 56 % ont dit le faire uniquement lorsqu’ils suspectaient un problème d’alcoolisation excessive et 9 % ont révélé ne jamais le faire. Par ailleurs, parmi les médecins n’ayant jamais été spontanément interrogés par une patiente sur les risques liés à l’alcool, 44 % ont déclaré qu’ils aborderaient le sujet de l’alcool et ses conséquences auprès d’une patiente ayant un problème avec l’alcool uniquement en fonction de la réceptivité de cette dernière. Le problème de l’alcool, en particulier chez la femme, reste aujourd’hui un tabou. Le déni est ici un frein au dépistage précoce de l’alcoolisation excessive chez la femme enceinte. Il apparaît que les médecins ayant déjà été confrontés au problème de l’alcool chez la femme enceinte semblent mieux armés pour répondre à la demande et aux besoins des patientes. Au sujet du réseau de prise en charge des femmes alcooliques, 28 % des généralistes interrogés estiment qu’il est insuffisant. Sur la prise en charge des enfants nés de mères alcooliques, 38 % pensent qu’il existe un déficit de structures sociales et 19 % un déficit de structures sanitaires. Néanmoins, seuls 14 % des enquêtés déclarent connaître le CAMSP (Centre d’action médico-sociale précoce), structure d’accueil pour les enfants nés de mère alcoolique et 20 % des structures d’accueil pour les femmes alcooliques. Les questionnaires de détection de l’alcoolisation et de la dépendance à l’alcool sont très peu utilisés. La connaissance même de l’existence de ces tests par les médecins est peu répandue : 14 % connaissent le DETA (ou CAGE); 4 % l’utilisent, Octobre 2003