Le rôle de la communauté internationale

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Le rôle de la communauté internationale
SOUDAN
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que la communauté internationale
s’est véritablement engagée à mettre
un terme à la guerre la plus longue
d’Afrique. Je pense que nous avons une
capacité d’absorption raisonnablement
bonne. La construction de potentiel
de production a été la tâche de l’un
de groupes de la mission d’évaluation
conjointe. Nous avons été encouragés
par le fait que la Banque Mondiale ait
accepté le soutien du fonds pour les
pays pauvres en difficulté (LICUS)
avant la conclusion même de l’accord
de paix, afin d’assurer une construc-
FMR 24
tion de potentiel de production dans
les délais.
Christoph Jaeger: Le peuple soudanais et
la communauté internationale attendent
des réformes, en particulier dans les zones
abordées par le groupe 2, afin de donner
au Soudan une chance de rester uni au
cours de la période temporaire à venir.
Ces réformes seront-elles mises en place?
Taj es-Sir: Je vous assure qu’il y a une
volonté politique suffisante pour faire
face aux tâches monumentales qui nous
attendent. Les réformes nécessaires, qui
sont incluses dans la matrice de contrôle
du dossier d’Oslo, seront mises en place
parce que nous avons intérêt à atteindre
une paix durable et à créer le travail
de surface du futur développement du
pays. Nous convaincrons nos partenaires internationaux que nous sommes
capables de relever le défi.
Courriel: [email protected];
[email protected]
Le rôle de la communauté internationale
par Gunnar M Sørbø
L’Accord de Paix Globale représente une opportunité majeure
de changement positif et de paix durable au Soudan. L’histoire
montre cependant que les risques de rupture de la paix sont
grands. L’engagement assidu de la communauté internationale
pourrait s’avérer crucial.
Le déclenchement de la guerre et de la
violence a fait suite à l’échec des accords
de paix dans plusieurs pays africains,
entraînant de hauts bilans de morts,
une énorme souffrance humaine et
une grande destruction. Le manque
d’engagement international durable et
coordonné a été l’un des principaux facteurs contributifs à ces cas. L’importance
du rôle de la communauté internationale
ne doit pas être ignorée dans la transition
vers la paix au Soudan.
Les étapes vers la paix
Tout d’abord, les donateurs doivent
honorer les promesses faites pour
soutenir le processus de paix au Soudan.
La conférence des donateurs d’Oslo en
avril 2005 a généré des engagements
substantiels de 4,5 milliards de dollars,
mais de tels rassemblements ont par le
passé généré des sommes plus petites
que celles promises sur une période à
beaucoup plus long terme que ce qui
était initialement prévu. Les donateurs
ont clairement indiqué leur embarras de
libérer des fonds, alors que la violence
persiste au Darfur et qu’il y a déjà eu des
problèmes de garantie de fonds pour
les besoins humanitaires dans le sud du
Soudan. Les capacités rudimentaires du
gouvernement dans le sud complique-
ront également la transparence et l’efficacité de l’utilisation des fonds qu’exigent
les donateurs. Cela semble mener à un
démarrage lent pour la nouvelle période
d’après-guerre – une situation dangereuse, compte-tenu des défis politiques
considérables à affronter et des espoirs
que le gouvernement et le Mouvement
de Libération du Peuple Soudanais ont
fondés depuis que l’Accord de Paix
Globale a été signé.
De plus, l’assistance internationale
doit être suffisamment coordonnée.
La coordination est toutefois souvent
compliquée, du fait que de grands
organismes tendent à s’impliquer sous
divers aspects ainsi que par la présence
de différents acteurs dans le système
des Nations Unies et de nombreuses
ONG, financés bilatéralement à travers
des donateurs. En Afghanistan, les
donateurs et les organismes d’aide
ont reconnu l’importance d’avoir une
structure de coordination distincte qui
était initialement située dans le bureau
du représentant spécial du député du
secrétaire général (SRSG).
Sans pouvoir budgétaire et en
personnel sur les organismes, le SRSG a
peu de capacités pour faciliter la coordination – et les institutions financières
internationales étaient encore plus hors
d’atteinte de son autorité formelle. En
conséquence, la coordination a suivi le
format volontaire habituel. Dans un élan
d’innovation, l’ancienne responsabilité
pour la coordination avait ensuite été
prise par les autorités afghanes. La
coordination stratégique – autre que la
coordination tactique des programmes
– englobe la rationalisation des intérêts
de politique des acteurs externes. Bien
que le consensus naissant parmi les
principaux acteurs sur ce qui constitue
les principes d’une bonne gouvernance, a amélioré les perspectives de
coordination, les divisions demeurent.
Au Rwanda, les donateurs étaient
profondément divisés sur la mesure
dans laquelle ils pouvaient faire pression
sur le gouvernement après le génocide
sur tout problème de gouvernance. En
Afghanistan, les donateurs sont divisés
sur la façon de promouvoir les droits de
l’homme et la démocratie, de crainte de
fragiliser la stabilité. Et dans les Balkans,
au Cambodge et en Afghanistan, les
acteurs externes importants ont des
divergences d’intérêts et de priorités. La
“guerre contre le terrorisme” a encore
plus divisé les acteurs Américains et
Européens sur des questions de quand
et comme introduire des mesures de
gouvernance dans les deux seules affaires après les attentats du 11 septembre,
jusqu’à ce jour – en Afghanistan et
en Irak. Il y a également eu de graves
divisions parmi les membres du Conseil
de Sécurité des Nations Unies sur la
façon de traiter la crise au Darfur. La
mission des Nations Unies au Soudan
Jan Pr
Repré
Spécia
Secrét
Génér
le Sou
avec le
de l’U
Africa
Nyala
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(UNMIS),1 menée par Jan Pronk du
SRSG, est prévue pour jouer un rôle
clé dans la mise en œuvre de la paix,
mais il y a des questions quant aux
limitations possibles d’une approche
unifiée de la mission dans la structure
actuelle des Nations Unies. Malgré tout,
une approche coordonnée sera cruciale
et, si la mission des Nations Unies au
Soudan s’avère insuffisante, elle peut
être soutenue par des mécanismes de
coordination par où les acteurs doivent
travailler au sein d’un cadre opérationnel commun. L’expérience montre que
c’est plus facile à accomplir s’il y a une
continuité d’acteurs clé (depuis l’étape
de négociations en passant par l’étape de
mise en œuvre) et/ou s’il y a des groupes
“amis” pour agir en tant que sources
importantes de coordination stratégique
parmi les acteurs bilatéraux et un moyen
par lequel le SRSG ou d’autres peuvent
soutenir leur autorité
et leurs pouvoirs de
coordination.
Troisièmement, il
faut reconnaître
que la réalité de la
construction de la
paix et de la reconstruction au Soudan,
comme ailleurs,
repose sur le pouvoir
et la politique. Les
étrangers doivent
être sensibles et ne
pas pousser en avant
les dynamiques
politiques locales.
Même un programme efficace de
désarmement, de démobilisation et de
réintégration requiert de profondes
connaissances du contexte politique
et de ses dynamiques au jour le jour.
Les perspectives de développement du
Soudan dépendront dans une grande
mesure sur la coalition des groupes
d’intérêts qui réussit à dominer la
paix et si la coalition soutient un
développement économique et social
progressif. Il est généralement accepté
que la communauté internationale a
fait des progrès au cours des dernières
années dans sa capacité à planifier et
à mettre en œuvre la phase d’urgence
d’une mission de paix. Cependant, l’aide
s’est concentrée sur les crises plutôt que
sur un développement à long terme et
une attention insuffisante à la capacité
de construction. De telles faiblesses
devront être minimisées, voire élimi-
nées si la paix doit être correctement
mise en oeuvre au Soudan. Afin de
développer des stratégies effectives pour
mettre un terme aux divers conflits au
Soudan, il faut d’abord comprendre
la complexité de leurs dynamiques et
les différents intérêts impliqués à leur
maintien. Ce qui est plus important, la
réussite dépendra principalement des
Soudanais eux-mêmes en assumant leur
principale responsabilité pour la mise
en œuvre de l’Accord de Paix Globale,
la coordination et la gestion de l’aide.
La communauté internationale ne doit
pas être perçue comme interférant trop
dans les activités de délibération et de
tous les jours. Une aide appropriée peut
aider à construire la paix, mais une aide
inappropriée peut alimenter la guerre et
éroder plutôt que d’améliorer la capacité
locale. Par conséquent, la coordination
n’est pas seulement destinée à ce que les
acteurs externes réussissent, mais aussi à
ce que le gouvernement d’accueil dirige.
Le Soudan doit véritablement “posséder” le processus. Il faut un transfert
progressif de la gestion technique et
politique de l’aide. Il faudra du temps,
surtout dans le sud, et ceux qui sont
impliqués dans l’apport de la paix au
Soudan, le plus grand pays encore divisé
en Afrique, devront y être sensibles et en
prendre conscience.
Gunnar M Sørbø est directeur du CMI
(Chr. Michelsen Institute). Courriel :
[email protected]
1 www.un.org/Depts/dpko/missions/unmis/
L’Accord de Paix Globale: sera-t-il
également déshonoré? par Luka Biong
L’Accord de Paix Globale offre une opportunité unique de
résoudre l’une des guerres civiles les plus complexes et les plus
longues en Afrique et fournit une nouvelle base pour une
unité nationale basée sur la volonté libre du peuple soudanais.
L’Accord de Paix Globale sera-t-il soutenu? Peut-il survivre aux
menaces des extrémistes islamiques et à l’impact du choc de la
mort du Dr John Garang?
L’état du Soudan a été créé de manière
arbitraire par des colonialistes sans
égard aux points de vue des communau-
tés concernées, en particulier le peuple
du sud du Soudan. La manière dont
l’élite dirigeante du nord a précipité le
Soudan dans l’indépendance par le biais
d’une déclaration unilatérale non basée
sur un consensus national, explique la
fragilité de la construction d’une nation
au Soudan. Depuis l’indépendance en
1956, le Soudan est en guerre avec luimême. Les principaux conflits (19551972 et 1982-2005) ont entraîné la mort
de plus de deux millions de personnes et
des délocalisations massives. Le manque
de consensus sur les causes d’origine des
guerres internes récurrentes explique
largement pourquoi beaucoup d’accords
SOUDAN
Jan Pronk, le
Représentant
Spécial du
Secrétaire
Général pour
le Soudan,
avec les troupes
de l’Union
Africaine in
Nyala, Darfur.
IRIN
FMR 24