Rapport Les Marchés du Cognac 2004
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Rapport Les Marchés du Cognac 2004
Russie 10 e Tendances du marché •••••••••••••••••••••••••••••••••• La Russie conserve, comme en 2003, sa 10e place des pays importateurs de Cognac (15e en 2002), avec un chiffre record de 3,43 millions de bouteilles et une hausse de 28,8 % en volume et 29,6 % en valeur. Pour la première fois, nos envois dépassent les 3 millions de bouteilles et ont été multipliés par plus de trois depuis 2000 (1 million de bouteilles). La Russie détient, globalement, une part de marché de 2,5 % (2,1 % en 2003), 2 % pour les caisses (1,7 % en 2003) et 7,8 % pour le vrac (6,5 % en 2003) et se situe ainsi au 11e rang pour les envois en caisses et au 3e pour le vrac (respectivement 14e et 6e en 2003). En volume, les envois en caisses sont en hausse de 25,4 % Total Caisses et le vrac de 39,2 % et, en valeur, les hausses respectives sont de 28,3 et 46,2 %. Les envois, qui s’effectuaient jusqu’en 1998 exclusivement en bouteilles d’origine, sont constitués maintenant pour plus d’un quart de vrac et à 100 % de Qualités supérieures. Pour les caisses, la part des Qualités supérieures est en hausse de 59,9 à 62,9 %. Le secteur hors taxes représente, cette année, 199 000 bouteilles (148 000 en 2003), soit une hausse de 34 % en volume (+ 27 % en valeur). Nos envois vers ce secteur, qui se composent à 81 % de Qualités supérieures, ne représentent plus que 8 % des envois en caisses (11 % en 2002). Chiffres clés 2004 Total 4 Rang mondial (152 pays) 3 2 e 10 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 en millions d'équivalent bouteilles Source Bnic 3e 2,5 % 2,0 % 7,8 % Expéditions : • hectolitres alcool pur • millions équivalent bouteilles 9 607 3,4 7 042 2,5 2 565 0,9 73,3 % 26,7 % + 28,8 % + 25,4 % + 39,2 % Répartition : • Qualités supérieures • Trois Étoiles (★★★) 72,8 % 27,2 % 62,9 % 37,1 % 100,0 % Valeur en milliers d’euros 44 946 41 068 3 878 Évolution 2004/2003 0 11 Vrac e Part du marché mondial Part caisses et vrac 1 Caisses Marché des spiritueux en développement •••••••••••••••••••••••••••••••••• 74 Les marchés du Cognac - 2004 La Russie a embouteillé 35 millions de litres de brandies en 2003 dont 30 % seulement issus de la production locale. Les importations de brandies de base sont quantitativement exponentielles. La consommation de brandy se développe parallèlement au tassement de celle de vodka qui reste encore l’alcool de référence en Russie. Les produits haut de gamme français, tel que le Cognac, répondent à la demande des consommateurs les plus ▲ La Russie bénéficie d’une conjoncture économique positive, quoique fragile. Les indicateurs macro-économiques sont bons (croissance de 6,7 %, consommation des ménages en hausse de 7,5 % pour 2004). Les exportations (+ 34 %) et la consommation des ménages sont les moteurs de la croissance. Le marché russe des vins et spiritueux est en plein développement. La production de brandy a été multipliée par 2,5 depuis 1999. Russie exigeants. La consommation globale de boissons alcoolisées est élevée en Russie et subit de sérieuses transformations qualitatives. Les importations, en volume, de spiritueux sont ainsi passées d’à peine 10 millions de litres AP en 1999 à 30,3 millions en 2003, celles de brandy de 6,4 à 19,3 millions, celles de whisky de 698 000 litres AP à 1,69 million, la vodka de 1,36 à 3,35, les autres alcools de 1 million à 5 millions de litres. En 2003, la France s’est hissée au premier rang des fournisseurs de brandies, devant les pays de la CEI, avec des volumes en hausse importante. Les brandies français, au sens légal strict, ne couvrent en valeur que 25 % des importations mais, par contre, 85 % des volumes. À l’inverse, la bonne valorisation des eaux-de-vie de vin françaises est à mettre sur le compte du Cognac (15 % en volume mais 75 % en valeur). Le secteur haut de gamme représente environ 5 % des volumes de vins et spiritueux importés. La Russie est considérée, traditionnellement, comme un pays consommateur de vodka mais le marché de la bière a connu une explosion ces dernières années. Le marché a été multiplié par trois depuis 1997 (de 26 à 76 millions d’hl) suite à la baisse importante des taxes sur la bière. Les Russes boivent, à présent, 52 litres de bière par personne et par an contre moins de 20 litres en 1997. À titre de comparaison, ils boivent environ 15 litres de vodka par Équivalent/ millions de bouteilles Valeur brute 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Valeur nette 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Valeur en millions d’euros personne. Devant cet état de fait, le Parlement russe a pris des mesures rigoureuses pour protéger les jeunes consommateurs. Une loi a été adoptée interdisant la publicité pour la bière à la télévision entre 7 et 22 heures. Ce texte interdit également la consommation de bière dans la rue, les parcs, les stades et autres places que les cafés et restaurants. La vente aux moins de 18 ans est interdite. Depuis 4 ans, les produits d’importation gagnent en importance et élargissent quantitativement et qualitativement l’offre globale, en particulier celle des grands distributeurs en phase d’implantation rapide et celle des magasins offrant une gamme de produits de meilleure qualité. Les nouveaux consommateurs ont un très fort appétit pour les produits de qualité, en particulier ceux en provenance de France. Notre pays bénéficie d’une bonne image en matière de biens de consommation de moyen et haut de gamme. Le segment haut de gamme mobilise les opérateurs les plus sérieux et permet de fidéliser les consommateurs les plus exigeants et à fort pouvoir d’achat. C’est un segment en progression dans les grandes métropoles. La grande distribution et les commerces spécialisés s’étendent dans les villes à fort pouvoir d’achat (Moscou, Saint-Pétersbourg) (Source : Étude de marché des vins et spiritueux - ME de Moscou de septembre 2004). Sur volume total % des caisses % qualités supérieures 0,09 0,27 0,34 0,76 0,30 0,48 1,03 1,47 1,11 3,00 4,41 11,53 4,31 6,75 13,93 21,91 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 82,7 88,7 90,4 78,6 71,5 65,6 61,7 63,0 1,02 0,63 1,00 1,30 2,01 2,66 3,43 15,21 9,56 15,63 21,77 29,13 34,67 44,95 100,0 99,1 91,8 94,8 75,9 75,3 73,3 61,6 56,6 64,9 62,8 69,6 69,8 72,8 Régime d'importation/fiscalité ••••••••••••••••• Les marchés du Cognac - 2004 75 ▲ Le régime d’importation repose sur un système de licences : la licence générale d’importation, de stockage et de vente en gros qui n’est accordée qu’en fonction d’exigences strictes et la licence au cas par cas (« licence spot ») qui n’est délivrée que pour 5 mois maximum. En ce qui concerne la certification des produits distribués en Russie, les règles et normes sont édictées par 2 organismes de contrôle. Toute boisson alcoolisée importée doit faire l’objet d’un contrôle préalable en vue de la délivrance d’un certificat de conformité et d’un certificat d’hygiène. Russie Les boissons alcoolisées importées en Russie sont soumises à 4 types de droits et taxes : le droit de douane de 2 euros par litre AP pour les eaux-de-vie de vin, brandy, whisky, gin... qui bien que spécifique est élevé, une taxe de procédure douanière qui s’élève à 0,15 % de la valeur CIF, une taxe d’accise qui a été majorée de 114 à 135 roubles par litre AP le 1er janvier 2004 et une TVA qui a été ramenée de 20 à 18 % à la même date. À l’occasion des négociations d’accession à l’OMC, il conviendra d’obtenir la suppression du droit de douane et de la taxe douanière. En outre, tout importateur de boissons alcoolisées doit verser une caution élevée au titre des droits et taxes dus sur ses transactions. Le dépôt de garantie est de 8 euros par litre. Tous les droits et taxes exigibles sur les marchandises soumises à droit d’accise doivent être acquittés 10 jours avant l’importation. Ces mesures font double emploi avec l’obligation d’apposer des timbres fiscaux et forment un ensemble de contraintes gênantes et sans efficacité à l’égard de la contrebande. Ce dépôt est en contravention avec l’accord UE/Russie (Art. 12-2) et incompatible avec l’OMC. Pour l’Union européenne, l’adhésion à l’OMC sera synonyme d’un marché plus ouvert et plus transparent. Protection de l'AOC Cognac •••••••••••••••••••••••••••••••••• contrefaçons du Cognac. Trois axes d’intervenLa Russie est aujourd’hui le pays réceptacle de la plupart des usurpations d’indications géographiques des anciens pays du bloc communiste en raison de ses frontières avec des pays producteurs de « Cognac » (Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie...). Dans ce contexte, le Directeur juridique du BNIC et le Directeur de la Station Viticole du BNIC ont effectué une mission en Russie et ont rencontré, à cette occasion, le Directeur de l’Institut russe de Recherche de l’Industrie des Boissons et des Vins. Celui-ci a soulevé le développement sur le marché russe des ventes de faux Cognacs (de l’ordre de 30 % du marché). Ces produits emprunteraient des circuits indirects passant par la Pologne, la Bulgarie et autres pays de l’Est. Le BNIC et cet Institut ont signé un accord dont l’objectif majeur est le développement des instruments de lutte contre les 76 Les marchés du Cognac - 2004 ▲ Le BNIC continue à travailler à la mise en place d’un programme d’information et de sensibilisation des opérateurs de brandy russe, ainsi que de ceux des pays limitrophes, en vue de mettre un terme aux différentes usurpations de l’AOC Cognac dans ces pays. tion sont privilégiés : des actions douanières assurant une meilleure traçabilité des produits (certificat d’origine), une meilleure information sur les risques encourus en matière de santé publique pour les consommateurs de ces produits contrefaits, des actions en liaison avec les organismes chargés de la défense des intérêts des fabricants de vodka qui voient leur part de marché diminuer du fait de ces pratiques. Ces orientations devraient contribuer à la mise en place d’outils permettant de régler le problème des faux Cognacs et, à plus long terme, mettre fin à l’usurpation légalisée de cette appellation. À noter qu’un avant-projet de norme « brandy » pourrait conduire à l’abandon de l’appellation Cognac en caractères cyrilliques. Le dernier protocole d’accord signé entre le BNIC et les autorités russes le 16 novembre 2004 concernant une coopération juridico-scientifique s’inscrit dans cette logique. Le BNIC continue à travailler à la mise en place d’un programme d’information et de sensibilisation des opérateurs de brandy russe, ainsi que de ceux des pays limitrophes, en vue de mettre un terme aux différentes usurpations de l’AOC Cognac dans ces pays. Russie La contrefaçon constitue un véritable fléau et ce malgré l’existence d’un cadre juridique assurant, en principe, l’ensemble de la protection des droits de propriété intellectuelle. Si la contrefaçon se développe malgré tout, c’est parce que la lutte contre les contrefaçons ne constitue pas encore une priorité nationale. Par contre, ce fléau endémique reste plus que jamais un sujet d’actualité et un combat prioritaire pour la plupart des acteurs économiques actifs sur le marché russe. L’adhésion prochaine de la Russie à l’OMC induira à terme un meilleur respect de la propriété intellectuelle. Actualités •••••••••••••••••••••••••••••••••• Une nouvelle loi, entrée en vigueur le 8 août 2004, a pour principal objectif de poser les principes de confiscation et de destruction des produits contrefaits, ainsi que des outils ayant permis leur fabrication. En matière douanière, la Russie est dotée de textes récents : le nouveau code douanier, adopté le 28 mai 2004, a été modifié le 20 août 2004. Les organes douaniers russes assurent, en principe, la répression des transferts illégaux par la frontière douanière russe des produits contrefaits. Le service fédéral des douanes russes souhaite réduire les « franchises hors taxes » sur les produits importés. L’importance de ces achats a créé un commerce non enregistré avec les pays du Sud-Est asiatique estimé à 6 milliards d’US$ par an, au détriment des produits russes. Les voyageurs russes sont devenus l’un des groupes les plus importants en termes d’achats (2e) avec des dépenses moyennes, toutes catégories de produits confondues (de US$ 67,74), derrière les Thaïlandais (76,44), mais devant les Sud-Coréens (65,65 US$), les Chinois (54,80) et les Japonais (49,92) (Source : Moodie Report). Perspectives L’accession de la Russie à l’OMC, qui pourrait intervenir dans un avenir très proche, devrait mettre un terme aux différentes contraintes existantes en matière d’accès au marché (licences, pré-paiement des taxes, formalités de contrôle pré-embarquement...) et ainsi, dans un contexte économique favorable, permettre aux produits d’importation, et notamment les boissons alcoolisées haut de gamme, de gagner du terrain. Résoudre le problème russe des contrefaçons permettrait également de mettre un frein à toutes les filières de contrefaçons de l’Europe de l’Est. ••••••••••••••••••••••••••••••••••• ••••••••••• Le Ministère de l’Agriculture russe se propose de rétablir le monopole de l’alcool qui avait été supprimé au début des années 90. La proposition impliquerait la création d’une société appartenant à l’État qui serait seule habilitée à acheter, à stocker et à vendre de l’alcool. Cette concentration permettrait d’augmenter la collecte des impôts sur l’alcool. Les dirigeants de l’« Association nationale de l’Alcool » s’y opposent sous le prétexte que le prix de l’alcool « légal » (la vodka de qualité) monterait en flèche, tout en privilégiant encore plus largement les produits de mauvaise qualité. Les marchés du Cognac - 2004 77