La messe chrismale - Paroisse Sainte Bernadette

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La messe chrismale - Paroisse Sainte Bernadette
La Messe Chrismale : une épiphanie1 du mystère de l’Eglise.
Introduction :
La messe chrismale « que l’évêque concélèbre avec ses
prêtres et au cours de laquelle il consacre le saint chrême et bénit
les autres huiles, est comme la manifestation de l’union étroite des
prêtres avec leur propre évêque ».2 Si la messe concélébrée
manifeste cette union étroite évêque/prêtre, on ne peut séparer de
cette union étroite le peuple de Dieu tout entier.3 La Messe
Chrismale célébrée au seuil du Triduum pascale est comme un tremplin vers la célébration du Triduum
formant à lui seul un ensemble liturgique intrinsèque de la célébration de la passion, de la mort et de la
résurrection du Christ.
L’évêque, comme pasteur du diocèse, est le ministre ordinaire de l’Initiation Chrétienne4célébrée la
nuit pascale. Puisqu’il ne peut pas présider lui-même l’Initiation Chrétienne dans toutes les paroisses, il est
représenté par les prêtres qu’il envoie en mission dans ces localités.5 Ainsi, les huiles bénites au cours de la
messe chrismale seront utilisées lors des fêtes pascales et tout au long de l’année. Les saintes huiles et plus
particulièrement le Saint Chrême manifestent ainsi, sur le mode symbolique la « présence » de l’évêque dans
les sacrements célébrés en paroisses et expriment la communion entre l’évêque et ses prêtres dans le
ministère de sanctification. Ce mystère de communion provenant de l’ordination est actualisé dans la messe
chrismale par la rénovation des promesses sacerdotales. Ainsi, tout est lié et tout se tient.6 La messe
chrismale est un lieu central du point de vue ecclésiologique – le saint chrême rappelant en effet, à la fois,
les sacrements de l’Initiation et les ordinations (évêque, prêtres), tandis que l’huile des malades et l’huile des
1
Lettre Apostolique Vicesimus quintus annus, Jean-Paul II, 4 décembre 1988, n. 9.
2
Cérémonial des évêques n° 274 p. 92 ; PGMR n° 199 et 203 ; Introduction à la messe chrismale, Missel romain petit
format,Desclée-Mame 1978, p. 190.
3
Cf. Sacrosanctum concilium 26 et 41; PGMR n° 91, 92,112.
4
La nature des sacrements de l’Initiation chrétienne célébrée la nuit de Pâques inviterait comme telle à ce qu’ils soient donnés par
l’évêque en la cathédrale. Le jour de Pâques, la semaine pascale et le 2 ème dimanche de Pâques (Dominica In albis) seraient alors
des temps et des lieux pour les communautés locales d’accueillir liturgiquement les néophytes. Sans parler de la cinquantaine
pascale comme temps mystagogique non seulement pour les néophytes mais aussi pour tous les baptisés. (Cf. Rituel de l’Initiation
chrétienne des adultes p. 163-164.)
5
Cf. Sacrosanctum Concilium n.42 ; Presbyterorum ordinis n. 5
6
C’est pourquoi, il me semble risqué de donner aux différents états de vie de renouveler des promesses qui ne viennent pas de
l’ordination mais du baptême. Ceci vaut également pour les diacres qui n’agissent pas ‘‘in personna Christi capitis’’: « le
ministre ordonné au sacerdoce ou à l'épiscopat reçoit mission et faculté d'agir "in persona Christi", tandis que les diacres
servent la communauté dans la diaconie de la liturgie, de la Parole et de la charité ». Can 1009, 26 octobre 2009.
1
catéchumènes renvoient aux combats de la vie chrétienne. La messe chrismale manifeste le rapport étroit
entre Eglise et ministères ordonnés. Il n’y a pas d’Eglise sans évêque et prêtres, de même il n’y a pas
d’Eglise sans sacrements.
1- Eléments théologiques et spirituels de la Messe Chrismale.
1-1. La Messe Chrismale focalise nos regards sur Jésus Grand Prêtre de l’Alliance Nouvelle, consacré par
l’onction de l’Esprit Saint pour la mission de salut.
1-2. La messe chrismale rassemble7 l’Eglise Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit8, dont les
membres consacrés par le baptême sont invités à poursuivre la mission du Christ dans la vérité9 et l’unité10
11
.
1-3. Tout baptisé/confirmé/eucharistié est invité à se poser la question de son adhésion au Christ pour vivre
la mission découlant du baptême dans l’amour du Christ et de l’Eglise afin que le monde croie :
-
« Oui il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! On dirait un baume précieux, un
parfum sur la tête » Ps 132, 1-2.12
-
« On vous reconnaîtra pour mes disciples à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » Jn 13,35
-
« Suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu
en sacrifice d’agréable odeur ». Ep 5,2
1-4. En grec, le terme Christos qui traduit l’hébreu Messie signifie celui qui a reçu l’onction (l’oint) : c’est le
Christ qui est « l’onction de joie »13 ou « l’huile d’allégresse »14. C’est Lui le parfum d’agréable odeur de
l’amour du Père. C’est Lui qui consacre dans la force de la vérité15 et envoie porter le parfum de l’Evangile
7
L’Eglise étant par nature et selon son étymologie « peuple appelé, convoqué, rassemblé ».
8
Cf. LG 4, 6, 7; PO 1 ; AG 7. Cf. également Préface des dimanches n°8
9
Cf. Jn 16,13 et Jn 17, 17-19.
10
Cf. Jn 17, 21
11
Lettre Apostolique Vicesimus quintus annus, Jean-Paul II, 4 décembre 1988, n. 9 § 2.
12
Traduction liturgique.
13
Cf. Ps 44,8 selon la traduction liturgique. En latin, oleo laetitiae. Cf. Graduale romanum, Solesmes 1974, l’Introït pour la messe
chrismale, Dilexisti iustitiam …oleo laetitiae … (Ps 44, 8 et 2), de même pour l’antienne de communion, Ps 44,8.
14
Cf. Ps 45,8 selon la traduction biblique.
15
Cf. Jn 17,17.
2
au monde16. A la suite du Christ, l’annonce de l’Evangile est un ministère de joie pour tout disciple. La joie
est l’essence même de la mission.17
1-5. Le mystère du Christ célébré dans la Pâque se déploie sur toute l’année liturgique à travers le cycle des
temps liturgiques (« temporal ») et celui des fêtes de la Vierge Marie et des saints (« sanctoral »). Chaque
temps, chaque fête aborde un aspect particulier du mystère du Christ afin que les chrétiens grandissent dans
la foi, l’espérance et la charité.
1-6. La messe chrismale est fête de l’Eglise diocésaine comme Eglise particulière dans la communion de
l’Eglise universelle. Pour prendre pleinement conscience de cette communion universelle, il serait
intéressant de mettre en parallèle la messe chrismale et la fête de la Dédicace18. La fête de la dédicace des
églises est fête du Corps entier et signe de communion entre les Eglises: Eglise paroissiale, Eglise diocésaine
(la cathédrale) Eglise universelle (St Jean de Latran). Les lieux édifiés pour le rassemblement liturgique et
la prière sont spécifiquement lieux d’édification du Peuple de Dieu où il prend corps par la Parole et
l’Eucharistie pour devenir pierres vivantes19 du Temple Saint qui n’est pas fait de mains d’hommes.20
1-7. La messe chrismale focalise vers le Christ Pasteur à travers la présence de l’Evêque entouré de son
presbyterium. La rénovation des promesses sacerdotales invite les prêtres à être fidèles au ministère qu’ils
ont reçu par l’Eglise, pour elle et pour le monde. L’Evêque appelle (choisit21) les prêtres pour partager sa
charge de guide du troupeau qui lui a été confié, mais également les trois dimensions du ministère
apostolique : les fonctions (munus en latin, munera au pluriel) d’enseignement (munus docendi), de
sanctification (munus sanctificandi) et de gouvernement (munus rengendi).22
16
Cf. Mc 16, 15 ; 2 Co 2,15 et Ph 4,18
17
Cf. Jn 16, 20-22 ; Jn 17,13. On pourra aussi se référer à “Serviteurs de votre joie” Méditations sur la spiritualité sacerdotale,
Joseph Card. RATZINGER, fayard, 1990.
18
Le saint chrême étant utilisé pour la consécration des églises et des autels. Cf. Rituel de la Dédicace n. 16, p. 20 ; n. 63 et 64 p.
38-39 ; n. 49 p. 86 ; Cérémonial des évêques n. 902-903, 946.
19
Cf. 1 P. 2,5
20
Cf. 2 Co 5,1
21
C’est le Christ qui à travers l’Evêque, comme successeur des Apôtres, choisit des hommes qu’Il appelle pour le ministère
ordonné. Cf. sur l’appel : Mt 4, 18-22 ; Mc 1, 16-20 ; Lc 5,1-11 ; Lc 5, 27-28 ; Jn 1,35-51. Sur le choix : Jn 13,18 ; Jn 15,16. Cf.
Rituel de l’Ordination de l’évêque, des prêtres, des diacres, Desclée-Mame, 1996, n.120 p.86 ; n. 197, p. 141 : « …nous vous
choisissons pour l’ordre des prêtres … des diacres». Puisque tout ordinand promet obéissance à l’évêque et à ses successeurs,
c’est toujours l’évêque qui appelle et choisit, l’obéissance se décline toujours au présent.
22
Cf. Concile Vatican II, Décret Christus Dominus, n. 12, 15,16.
3
2- Eléments de réflexion
Si la messe chrismale focalise les regards sur le mystère du Christ Grand Prêtre23 ayant reçu l’onction
de l’Esprit Saint24 la messe du Jeudi soir en mémoire de la Cène, attire l’attention sur la figure du Christ
Serviteur. C’est dans la célébration de la Pâque annuelle (Triduum) et non seulement dans la messe
chrismale que chacune des vocations trouve son sens plénier et sa force car c’est dans le mystère pascal que
réside le fondement de la vie chrétienne25 et la mission de l’Eglise.
Aussi, dans ses deux pôles liturgiques – la messe chrismale et la messe du soir en mémoire de la Cène du
Seigneur – la liturgie du Jeudi Saint porte une théologie du Christ qui est à la fois, grand prêtre et serviteur.
Le Lavement des pieds et la Cène comme signe de la vie donnée « jusqu’au bout »26 constituent donc un
paradigme de la Charité qui a son origine dans ces actes du Christ. Mais la charité n’est pas seulement la
marque du pasteur configuré au Seigneur : elle est aussi la marque de l’Eglise tout entière, qui se construit
dans les trois sacrements de l’Initiation chrétienne baptême/confirmation/eucharistie. Tout baptisé devenu à
l’instar de son Seigneur prêtre, prophète et roi27est le fondement et une théologie du Christ serviteur/prêtre.
La corporéité du Christ homme/Dieu, rendue visible et sensible dans les sacrements (à travers l’huile et
l’imposition des mains) manifeste la tendresse et la miséricorde de Dieu contenue dans le Salut lui-même.
(baptême-confirmation-ordination ; catéchumènes ; malades et souffrants)
3- La place des bénédictions dans la messe chrismale.
Le missel28 et le Cérémonial des évêques29 prévoient que la bénédiction des huiles s’accomplisse à divers
moments de la messe chrismale. A la fin de la prière eucharistique pour l’huile des malades, après la
communion pour l’huile des catéchumènes et le saint chrême. Le missel et le Cérémonial des évêques
proposent également de procéder à l’ensemble de la bénédiction des huiles après l’homélie. Au diocèse
d’Angers depuis plusieurs années, la bénédiction des huiles se faisait selon la deuxième proposition c'est-à23
Cf. He 7,26.
24
Cf. Préface de la messe chrismale, Missel romain petit format, p. 200-201.
25
Cf. Sacrosanctum Concilium n. 5 ; Missel romain, oraison après la 7e lecture ; Lettre Apostolique Vicesimus quintus annus,
Jean-Paul II, 4 décembre 1988 n. 6.
26
Cf. Jn 13, 1 ; Prière eucharistique n. 4.
27
Cf. Rituel du baptême des petits enfants, Mame-Tardy, 1984, p. 50, 77, 115. Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes,
Desclée-Mame, 1997, p. 155.
28
Missel romain petit format, p. 194.
29
Cérémonial des évêques, Desclée-Mame, 1998, n. 285-286, 291 p. 95-96.
4
dire après l’homélie. L’an dernier nous avons mis en œuvre la deuxième forme. Tout changement
demandant les explications, il faudrait trouver cette année une présentation claire et pédagogique.
Il semble en effet que la première forme donnée dans le Missel et le Cérémonial apporte un éclairage fort du
point de vue historique et théologique qu’il ne faudrait pas sous-estimer ni renoncer trop vite à sa mise en
œuvre pour simplifier ou laisser court aux habitudes. Je proposerais cependant de garder la bénédiction de
l’huile des catéchumènes après l’homélie. Les trois développements suivants vont tenter de répondre à la
problématique.
3-1. La bénédiction de l’huile des catéchumènes.
Ne serait-il pas plus approprié de procéder à la bénédiction de l’huile des catéchumènes après l’homélie
comme le propose le missel sous la deuxième forme pour l’ensemble des huiles. Cette place dans la
célébration serait alors un rappel historique de la participation des catéchumènes dans les étapes célébrées au
cours du catéchuménat. En effet, ils participent toujours à la Liturgie de la parole avant leur renvoi proposé.
Mais c’est aussi toujours avant l’Eucharistie que sont célébrés les rites de la signation, de l’exorcisme, de
l’appel décisif, des scrutins, de l’Effétah. Ainsi, dans le même sens, la bénédiction de l’huile qui leur est
destinée trouverait « naturellement » sa place avant l’eucharistie de la même chrismale. Nous connaissons
chez les Pères l’importance de la progression catéchuménale, une importance marquée par les rites. Pour
accéder aux saints mystères, il faut être baptisé. C’est l’eucharistie qui fait participer à la pleine communion
ecclésiale.
3-2. La bénédiction de l’huile des malades.
La place de la bénédiction de l’huile des malades à la fin de la prière eucharistique me paraît intéressante
historiquement et théologiquement. En effet, le rituel romain a gardé cette place en référence à la Tradition
apostolique30 et à la coutume ancienne d’apporter des offrandes à l’église autres que le pain et le vin. C’est à
ces offrandes que fait référence la fin du canon romain « c’est par lui que tu ne cesses de créer ces biens, que
tu les bénis, leur donnes la vie, les sanctifies et nous en fait le don ». C’est avant cette prière que le Missel et
le Cérémonial prévoient la bénédiction de l’huile des malades ou bien avant la doxologie dans les autres
prières eucharistiques. La place même de la bénédiction fait alors mémoire des trois éléments fondamentaux
de la nourriture chez les juifs31 comme dons de Dieu, trois éléments32 devenus porteurs du salut comme don
du Christ chez les chrétiens33. Il n’est pas anodin théologiquement de faire se rapprocher Eucharistie/huile
des malades car le sacrement qui guérit tout l’homme est par excellence le sacrement de l’Eucharistie. Dans
30
A.G. MARTIMORT, L’Eglise
31
« Froment, vin nouveau et huile fraîche » cf. Dt 11, 14 ; Jr 31, 12 ; Jl 2, 19 ; Ps 103, 14-15.
32
Cf. pour le pain, PGMR 72, 79d, 319 ; pour le vin, PGMR 319, 322 ; pour l’huile, C.E. n° 274, 275.
33
Cérémonial des évêques n° 282. La procession d’offrande est unique pour les huiles et les oblats.
en prière, tome III, Les Sacrements, Desclée, 1984, p. 133-137.
5
les évangiles Jésus n’a jamais accepté d’être considéré comme thaumaturge et condamne toujours ceux qui
ne s’arrêtent qu’aux signes34. L’intelligence des rites est intelligence de la foi. Les rituels et la place de la
mise en œuvre des rites dans les célébrations sont porteurs d’une théologie de la foi de l’Eglise.
3-3. La consécration du saint chrême.
En lieu et place de la consécration du saint chrême, le Missel et le Cérémonial proposent après la
postcommunion. Cette place inhabituelle pour des actes liturgiques semble minimiser la consécration du
saint chrême parce que l’après communion est comprise par certains comme un decrescendo de la
célébration eucharistique. Cependant, la consécration du saint chrême après la postcommunion et juste avant
l’envoi liturgique « allez dans la paix du Christ » ou « ite missa est » peut être le rappel à chacun de l’objet
même de sa consécration par l’Esprit, partir annoncer la Bonne Nouvelle.35 La procession de sortie
organisée liturgiquement36 avec l’encens, la croix, les huiles bénites et le clergé n’est pas moins porteuse de
signification théologique. Premièrement, tournée vers l’extérieur de l’église elle invite à la mission ad extra.
Deuxièmement, comme toute procession, elle porte une dimension eschatologique d’une Eglise en marche
vers le Royaume. C’est dans l’attente de la venue glorieuse du Seigneur et pour la construction du Royaume,
déjà là mais pas encore, que l’Eglise célèbre les sacrements de l’Initiation, ordonne ceux dont elle a besoin
pour son service et envoie en mission à la suite du Christ. Le Christ, que le Père a consacré par l’Esprit, est
venu « pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés »37 et pour « donner à tout homme la vie
en abondance »38.
Conclusion :
Revisitant la Messe Chrismale à partir des formes antiques de la célébration du baptême et de
l’eucharistie, quand l’évêque présidait les Saints Mystères, entouré du presbyterium, des diacres et des
fidèles, on comprend mieux l’insistance des Pères de l’Eglise39 invitant le Peuple à se réunir pour célébrer la
Pâque comme lieu natal de l’Eglise et pour vivre dans l’unité et la charité, l’envoi en mission de l’Eglise
comme signe de la Résurrection : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au
nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai
34
Cf. Mt 9,20-26 ; Mt 12,38-40 ; Mc 2, 1-12; Mc 2, 17; Mc 6, 53-56 ; Lc 9, 37-43 ; Jn 6,26-29…
35
Cf. Mtt 28, 19
36
Cérémonial des évêques n°292-293
37
Cf. Jn 11, 52.
38
Cf. Jn 10, 10.
39
Cf. Constitutions apostoliques, coll « Sources Chrétiennes » 336(volume III) ; Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques
SC 126 bis ; Jean Chrysostome, Huit catéchèses baptismales, SC 50 bis ; Ambroise de Milan, Des sacrements, Des mystères, SC
25bis.
6
donné ; Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20) Les membres du
Corps trouvent alors leur cohésion dans la complémentarité des vocations, parce qu’elles découlent toutes du
baptême.
La Messe Chrismale doit être l’expression de cette unité théologique Eglise/Communion/Vocations,
chacun selon son rang puisque le peuple est dispersé en différents endroits pour célébrer la Pâque en dehors
de la présidence physique de l’évêque. Le mystère de communion n’est pas toujours bien saisi et la
multiplicité des célébrations et leur grande diversité liturgique n’aide guère à marquer cette unité.
Un chantier pour la pastorale et la vie d’un diocèse.
Ces considérations sur l’importance de la messe chrismale comme épiphanie40 de l’Eglise dans la
diversité de ses ministères et vocations, mais également le lien étroit entre la messe chrismale et les
célébrations pascales, invitent à s’interroger sur la manière de vivre ce temps privilégié dans une Eglise
diocésaine.
N’est-il pas opportun de favoriser une plus grande unité de la vie liturgique durant ce temps
privilégié pour mieux faire percevoir au peuple chrétien qu’il y a là, non seulement le cœur de l’année
chrétienne, mais en même temps, le fondement de la vie de l’Eglise ?
Parce que, comme l’a rappelé le Concile Vatican II, les évêques sont « les principaux dispensateurs
des mystères de Dieu, comme ils sont les organisateurs, les promoteurs et les gardiens de toute la vie
liturgique dans l’Eglise qui leur est confiée »41, on peut se demander s’il n’est pas souhaitable que l’évêque
donne des indications concrètes pour que la célébration du Triduum dans le diocèse soit le signe de l’unité
et de la communion ? Si l’on voit d’emblée les difficultés, voire le rejet que pourrait susciter une recherche
d’uniformité des pratiques, on peut dire pourtant que la recherche d’une unité dans les pratiques serait une
chance dans le contexte actuel des recherches pastorales et de la nouvelle évangélisation.
Denis Richard
40
Jean Paul II précise cette épiphanie : « C’est dans la liturgie que le mystère de l’Eglise est annoncé, goûté et vécu ». Cf.
Allocution aux participants du Congrès des présidents et secrétaires des Commissions nationales de liturgie (27 octobre 1984),
n.1 : Insegnamenti, VII, 2 (1984), p.1049.
41
Cf. Concile Vatican II, Décret Christus Dominus, n.15 ; également Constitution sur la Liturgie, n.41 ; Lettre Apostolique
Vicesimus quintus annus, Jean-Paul II, 4 décembre 1988, n. 21 ; PGMR n.22.
7