Mon colonel, cher Daniel,
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Mon colonel, cher Daniel,
1 Hommage funèbre du Colonel Daniel Strub Allocution du GDI L. Demolins, Directeur adjoint de la coopération internationale Mon colonel, cher Daniel, Nous sommes réunis ce matin pour vous rendre hommage et témoigner des qualités d’homme et de militaire qui vous ont animé tout au long de vos trente-cinq années passées sous l’uniforme. Vous êtes un officier dont les états de service éloquents inspirent un profond respect de la part de chacun d’entre nous. L’attachement à l’homme et les valeurs de cœur qui vous ont toujours animé figurent au premier rang des points forts de votre personnalité. Votre parcours professionnel et les conditions dans lesquelles vous nous avez malheureusement quittés sont à l’image même de ces qualités et de votre engagement sans faille tout au long de vos années sous l’uniforme de l’armée de terre puis de la gendarmerie. Au cours de votre très belle carrière, vous vous êtes attaché à toujours donner le meilleur de vous-même, votre parcours professionnel en est la plus parfaite illustration. Tous ceux qui ont croisé votre chemin ont apprécié et reconnu l’officier hors pair, votre force de caractère et votre tempérament volontaire. Grandeur d’âme, souci du facteur humain, souci des hommes figurent parmi les traits marquants de votre personnalité. Sens de l’opérationnel, pragmatisme, hauteur de vue constituent l’essence même de vos qualités professionnelles auxquelles il faut ajouter loyauté, discipline intellectuelle et capacité d’innovation. Vos qualités vous ont conduit à servir dans des unités hors du commun, sein desquelles vous vous êtes toujours distingué et les mots élogieux manquent pas dans la bouche de tous ceux - chefs, subordonnés camarades - qui vous ont côtoyé. La présence de nombre d’entre-eux matin en témoigne. au ne et ce Le nombre de récompenses dont vous avez fait l’objet, comme sous-officier puis officier, est éloquent. Il témoigne des nombreuses et profondes qualités de militaire, de soldat, de soldat de la loi, de gendarme dont vous avez toujours fait preuve aussi bien en métropole qu’outre-mer, sur les théâtres extérieurs ou à l’étranger. Le Liban en 1984 et en 1989, l’Angola, la Somalie, l’Algérie en 92 et 93, mais aussi la Corse et la Nouvelle Calédonie, l’ex Yougoslavie et les Comores, sont autant de lieux où vous vous êtes non seulement engagé mais plus encore distingué. 2 Tout au long de ces années, ce ne sont pas moins de 3 témoignages de satisfaction, 10 lettres de félicitation, 5 citations parmi lesquelles 3 à l’ordre du régiment, 1 à l’ordre de la brigade, ainsi qu’une citation et croix de la valeur militaire avec étoile de bronze qui vous sont décernées. En outre, 3 médailles outre-mer avec agrafe République centre-africaine, Liban et Côte d’Ivoire, 1 titre de reconnaissance de la Nation, 1 médaille d’acte de courage et de dévouement, deux médailles de l’OTAN, 1 médaille de l’ONU, 1 médaille commémorative de l’ex-Yougoslavie et une médaille de la sécurité intérieure jalonnent votre parcours d’exception. Ce 19 novembre, à Tananarive, vous êtes également fait officier dans l’ordre national du mérite malgache. Cette carrière illustre, mon Colonel, vous l’avez commencée en 1977, à l’âge de 20 ans. Appelé à l’activité le 1° octobre 1977 et affecté au 1° régiment de hussards parachutistes, vous êtes muté à l’école d’application de l’arme blindée cavalerie de Saumur en décembre. Nommé au grade d’aspirant le 1° avril 1978, vous rejoignez le 13° régiment de dragons parachutistes à Dieuze. Libéré des obligations militaires en octobre 1978, vous êtes admis dans la gendarmerie nationale le 02 août 1979 et rejoignez la compagnie d’élèves-gendarmes de Berlin. Elève assidu, vous réussissez brillamment en vous classant 1er sur 119 élèves. Ces résultats élogieux vous valent de recevoir votre premier témoignage de satisfaction du Général, commandant les forces françaises en Allemagne. En janvier 1980, vous rejoignez l’escadron 5/17 de gendarmerie mobile à Thionville. Sous-officiers de carrière le 02 août 1982, et volontaire pour servir au sein de la force multinationale de sécurité à Beyrouth, vous êtes au Liban en février 1984. Chef de groupe, vous faites preuve des plus belles qualités de courage et de sang-froid, lorsque, cerné par des miliciens armés, vous réussissez à contenir ceux-ci et à poursuivre votre mission. Votre conduite exemplaire vous vaut l’attribution d’une citation à l’ordre du régiment le 11 mars 1984. De retour en métropole et déplacé en Nouvelle-Calédonie, vous obtenez de nouveau une citation à l’ordre du régiment le 17 avril 1985, pour votre conduite empreinte de détermination, alors que conducteur d’un véhicule de patrouille, vous êtes blessé par un jet de pierre. Malgré la gravité de votre blessure, vous parvenez rapidement à dégager votre véhicule soustrayant ainsi votre groupe aux violences d’un adversaire particulièrement agressif. Promu au grade de maréchal des logis-chef le 1° janvier 1986, vous rejoignez l’école des officiers de la gendarmerie nationale à Melun la même année. Nommé lieutenant le 1° août 1988, vous êtes affecté à l’escadron 6/22 de gendarmerie mobile à Grasse. Aussitôt, vous révélez des qualités d’organisateur énergique et imaginatif, un sens de la discipline très affirmé et un rayonnement exceptionnel. Meneur d’hommes, apprécié du 3 commandement et de vos opérationnelle de votre unité. subordonnés, vous élevez la capacité Officier adjoint de l’escadron parachutiste et d’intervention de la gendarmerie nationale de Versailles-Satory à partir d’août 1990, votre solide expérience professionnelle vous permet de prendre d’emblée la pleine mesure de vos responsabilités. Soucieux d’améliorer la formation de vos subordonnés, vous faites l’unanimité par votre sens pédagogique élevé et vos qualités d’instructeur. Promu au grade de capitaine le 1° août 1992, vous manifestez un esprit d’analyse sûr qui vous permet d’appréhender avec justesse, les situations les plus délicates au plan opérationnel. Chef de détachement chargé d’assurer la sécurité de l’ambassade de France en Angola en 1992, vous faites preuve, dans un contexte difficile, d’un très grand professionnalisme et de très belles qualités humaines. Commandant de l’escadron parachutiste à partir de septembre 1993, vous vous affirmez immédiatement comme un véritable chef. Commandant du détachement auprès de l’ambassade de France en Algérie de novembre 1993 à février 1994, vous prenez une part déterminante à la mise au point du dispositif destiné à assurer la sécurité des membres de l’ambassade et des ressortissants français. Que ce soit dans le domaine opérationnel conduit dans un contexte toujours délicat ou dans celui de l’administration de votre escadron, vous vous engagez toujours à fond pour le bien du service et de vos hommes. Vous démontrez une fois encore votre valeur opérationnelle le 26 décembre 1994 sur l’aéroport de Marseille-Marignane par un comportement remarquable lors de la libération par les armes, des passagers et des membres d’équipage retenus en otage à bord d’un avion d’Air-France. Chargé de soutenir l’assaut, vous remplissez sous le feu et avec sang-froid votre mission d’appui et de mise en sécurité des otages libérés en faisant montre d’un professionnalisme hors du commun. Vous êtes cité à l’ordre du régiment le 10 janvier 1995 et recevez la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze. Le 1er septembre 1995, vous êtes affecté à l’état-major des armées et intégrez le commandement des opérations spéciales à Taverny. Votre faculté d’adaptation, votre ouverture d’esprit, votre militarité, vous permettent d’appréhender sans délais les différentes facettes de votre fonction. Engagé à de nombreuses reprises dans des opérations extérieures aux Comores, en Bosnie-Herzégovine ou en Albanie, vous confirmez votre solide expérience d’homme de terrain et vous vous montrez, en toutes circonstances, réaliste et clairvoyant. Le chef d’état major des armées vous témoigne sa satisfaction pour votre efficacité dans le cadre de l’opération « Azalée » aux Comores. Vos qualités humaines et professionnelles reconnues, vous êtes promu chef d’escadron le 1° juin 1998 et affecté le 10 juillet de la même année en 4 qualité de commandant de la compagnie de Basse Terre en Guadeloupe. Ardent, juste et cohérent, vous maîtrisez l’ensemble des tâches qui vous sont dévolues et n’hésitez pas à montrer l’exemple. Vos services distingués sont récompensés par une nomination au grade de chevalier de l’ordre national Mérite le 11 novembre 1998. Homme d’action, vous vous engagez résolument contre l’immigration clandestine en Guadeloupe et obtenez les félicitations du Général, commandant la gendarmerie d’outre-mer en 2001 pour les nombreux succès relatifs à des démantèlements de filières d’immigration. Le 16 août 2001, vous rejoignez l’école des officiers de la gendarmerie nationale à Melun en qualité de commandant de brigade au cours supérieur. Promu lieutenant-colonel le 1er juin 2002, vous vous investissez totalement dans votre mission et donnez la pleine mesure de vos capacités grâce à des compétences professionnelles étendues. Les jeunes élèves officiers ne manquent pas de souligner votre charisme et votre parcours professionnel. Vous êtes un exemple. Votre conception du service public et votre rigueur morale absolue vous valent la reconnaissance de vos services éminents par une nomination au grade de chevalier de la légion d’honneur le 3 juillet 2003. Le 1er août 2004, vous prenez le commandement du groupement de gendarmerie mobile I/3 à Rennes et vous vous y imposez par votre force de caractère, votre conviction et votre maîtrise du métier. Vous emportez l’adhésion de vos subordonnés. Déplacé au Kosovo pendant 5 mois en 2006-2007 en qualité de conseiller gendarmerie dans le cadre de l’opération Trident, votre comportement vous vaut les félicitations écrites du général commandant la Task Force Multinationale Nord. D’août 2007 à août 2011, vous rejoignez le département de la Guyane dans les fonctions de chef d’état-major du commandant de la gendarmerie à Cayenne. Vos qualités opérationnelles et d’état-major s’expriment pleinement et vous conduisent à tenir un rôle déterminant dans le succès de l’opération Harpie 1 et dans la lutte contre l’orpaillage illégal. Le directeur général de la gendarmerie vous cite à l’ordre de la brigade et vous attribue la médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze le 28 mai 2008. Le 1er juillet de la même année vous êtes promu colonel. En septembre 2011, à votre demande, vous servez comme attaché de sécurité intérieure à Madagascar. Disponible à toute heure, réactif en toutes circonstances, vous êtes, dans des moments souvent difficiles, un soutien déterminant pour la communauté française installée sur l’Ile. Vos qualités humaines et professionnelles sont de nouveau appréciées tant par l’ambassadeur de France que par la direction de la coopération internationale et par les autorités malgaches qui vous témoignent de leur reconnaissance en vous faisant officier dans l’ordre national du mérite malgache ce 19 novembre. 5 De fait, le 17 novembre, donnant toujours le maximum de vous-mêmes, vous êtes brusquement enlevé à l’amour de votre famille, à l’affection de vos amis et à la profonde estime de la famille gendarmerie. Véritable soldat, particulièrement apprécié pour vos qualités humaines et professionnelles hors du commun, la gendarmerie est fière de vous avoir compté parmi les siens. Pour tout cela, nous vous remercions et vous disons un dernier adieu. Madame, Sébastien, Laurent, Amandine, Croyez sincèrement que nous nous associons totalement à votre immense douleur et partageons votre peine en ces si difficiles circonstances. Le général Denis Favier, l’ensemble des officiers, sous-officiers, gendarmes-adjoints, personnels civils de la gendarmerie, les personnels de la Direction de la Coopération internationale, tous les camarades et amis de votre mari et père, nous tous ici réunis autour de votre famille, nous vous témoignons du fond de notre coeur notre profonde et très sincère sympathie.