Comment arrondir ses fins de moi

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Comment arrondir ses fins de moi
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Comment arrondir ses fins de mois
Maximiser ses acomptes provisionnels
Déductibilité de dépenses de congrès
Les pathologies de l’investissement boursier
Fonds communs pour médecins sous la loupe
CONSEILS
dépenses (déplacements, logement et allocations) et se trouve donc exempté de
toute imposition. Pour une région
comme Gaspé, par exemple, le montant
mensuel additionnel que peut espérer un
médecin résident (toutes spécialités confondues) peut avoisiner les 1 300 $! Les
barèmes sont très semblables en ce qui
concerne les résidents en médecine familiale dans des UMF se situant hors des
grands centres et de leur périphérie.
CHRONIQUE À L’INTENTION DES RÉSIDENTS
PAR ANTOINE GROULX, MD
[email protected]
CHEF DU DÉPARTEMENT CLINIQUE DE MÉDECINE GÉNÉRALE, CSSS CÔTE-DE-GASPÉ
VICE-PRÉSIDENT DE LA FMRQ EN 2003-2004
PRÉSIDENT DE L’AMREQ EN 2003-2004
COMMENT ARRONDIR
SES FINS DE MOIS
Tout comme leurs mentors, les médecins
résidents québécois font piètre figure au
palmarès canadien de la rémunération.
Pour ajouter l’insulte à l’injure, les lois
qui encadrent la pratique médicale
québécoise interdisent aux résidents
d’obtenir toute rémunération qui n’est
pas clairement stipulée à leur convention
collective (toutes les sommes récoltées
pour ces innombrables formulaires ne
sont donc pas pour vous). Il n’en demeure pas moins que, tout comme pour
les médecins en pratique, différentes ententes conclues entre les fédérations et
le gouvernement regorgent de possibilités
d’accroître substantiellement votre rémunération. De plus, des primes, bourses
ou prix trop souvent dissimulés ou mal
publicisés permettent d’augmenter encore davantage vos gains annuels sans
pour autant vous faire craindre les
foudres des agences du revenu… Voici
donc quelques exemples probants:
1. Lancez-vous dans le moonlighting.
Cette pratique, vieille comme le monde,
consiste à occuper deux emplois à la
fois, dont l’un des deux généralement en
dehors des heures habituelles de travail
(le plus souvent sous la lumière
apaisante de la lune). Deux groupes distincts de résidents sont concernés par
cette possibilité.
R3 en médecine familiale: Tous les résidents qui entreprennent une formation
complémentaire (médecine d’urgence,
soins aux personnes âgées, soins palliatifs, obstétrique…) doivent avoir préalablement passé avec succès leurs
examens de médecine familiale. Ce
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faisant, ils obtiennent un permis de pratique en bonne et due forme du Collège
des médecins du Québec (CMQ). Ils peuvent donc ensuite exercer la médecine
familiale presque partout. Toutefois, une
restriction majeure s’applique: le résident ne peut PAS faire de moonlighting
dans l’établissement où il poursuit sa
formation. Amateurs d’administration
publique, notez bien le terme «établissement» souligné puisqu’il prend ici
tout son sens. C’est qu’au sens légal du
terme, un établissement regroupe souvent plusieurs sites physiques. Exemple
flagrant: l’établissement du CHUQ, qui
regroupe les hôpitaux Saint-François,
Hôtel-Dieu et CHUL. Depuis les fusions,
il en va de même pour un nombre considérable de sites physiques parfois
bien éloignés les uns des autres. Il importe donc que le résident vérifie quels
sites sont regroupés dans l’établissement par lequel il est rémunéré AVANT
de se lancer en pratique…
R4-5-6 en pédiatrie ou médecine interne:
Depuis quelques mois, les résidents de
ces programmes ayant complété avec
succès leurs examens harmonisés du
Collège royal des médecins et
chirurgiens du Canada (CRMCC) et toujours inscrits dans un programme de ces
deux spécialités (la formation pour
celles-ci au Québec comptant «distinctement» une année de plus
qu’ailleurs au Canada…) peuvent obtenir
du CMQ un permis restrictif de pratique.
Il ne s’agit donc pas d’un permis temporaire ni d’un permis restrictif à un seul
établissement (comme pour la majorité
des diplômés à l’extérieur du Canada et
Le paiement de ces ententes est effectué par les établissements concernés
sans contrevenir à la règle de rémunération de l’entente collective énoncée plus
haut. La demande de paiement doit être
faite directement aux établissements
désignés. Attention, il arrive encore, bien
que de plus en plus rarement, que les
établissements ignorent leur désignation
(volontairement ou involontairement). À
vous de les instruire!
Enfin, en cas de doute ou de litige relativement au paiement, n’hésitez pas à
communiquer avec votre fédération.
aux États-Unis, par exemple). Pour faire
la demande de ce permis, il suffit de
remplir le formulaire disponible sur le
site Web du CMQ. Il faut compter au
minimum un mois avant de l’obtenir.
Notez bien qu’ici, comme pour les R3 de
médecine familiale, la pratique du résident doit exclure l’établissement dans
lequel il poursuit sa formation.
En ce qui concerne les autres spécialités
pour lesquelles l’examen du CRMCC est
imposé avant la fin de la formation, le récent forum sur la santé du CMQ a laissé
sous-entendre qu’elles ne seraient probablement pas en reste longtemps. Il y a
donc fort à parier qu’elles profiteront
éventuellement, elles aussi, d’un permis
de pratique restrictif.
Par ailleurs, sachez que la FMRQ connaît
bien les détails du moonlighting et peut
vous offrir un excellent soutien, notamment pour répondre à vos questions concernant les établissements et les
assurances responsabilités à obtenir.
D’autre part, n’hésitez pas à discuter de
vos intentions de vous lancer dans du
moonlighting avec vos directeurs de programme. Idéalement, obtenir la béné-
diction du vice-doyen aux études postdoctorales s’avère tout indiqué afin de
vous assurer de son soutien à la fin de
votre programme de résidence.
Enfin, n’oubliez pas que les procédures
d’enregistrement de facturation auprès de
la RAMQ et de la DSP de l’établissement
où vous souhaitez pratiquer demandent du
temps. Armez-vous de patience…
2. Faites des stages en régions éloignées:
Plusieurs mesures incitatives du ministère de la Santé et des Services sociaux
(MSSS) existent depuis de nombreuses
années pour favoriser la pratique médicale dans les régions insuffisamment
pourvues en effectifs. L’objectif principal
que vise le Ministère par cette mesure
consiste à favoriser l’installation des
médecins là où ils sont passés en stage
au terme de leur formation.
Ce programme s’adresse aux résidents
inscrits dans les spécialités générales
que sont la médecine familiale,
l’anesthésiologie, la chirurgie générale,
la médecine interne, l’obstétrique-gynécologie, la pédiatrie et la psychiatrie. Il
comporte une rémunération basée sur le
principe du remboursement des
3. Faites des stages en établissements
éloignés de votre site principal de formation: Certains stages ne répondant
pas aux critères du programme de décentralisation du MSSS énoncé
précédemment peuvent répondre à un
volet de l’entente collective de la FMRQ.
Ainsi, dans la mesure où le stage a lieu
au Québec et en respectant certains
critères d’admissibilité et d’exclusion
évidents (notamment celle où les frais
sont déjà remboursés par le programme
du MSSS), un médecin résident qui effectue un ou des stages dans un établissement dans un rayon d’au moins 50
km de son lieu de résidence peut bénéficier d’un remboursement des frais de
transport, de logement et de subsistance. Il doit alors en faire la demande
directement à la FMRQ. Le formulaire
correspondant peut être obtenu sur le
site Web de la Fédération. Ajoutons que
les montants octroyés sont sensiblement
les mêmes que ceux proposés par le programme du MSSS. Précisons enfin qu’avant d’entreprendre ce type de stage, des
démarches formelles doivent être entreprises auprès des directeurs de programmes afin d’obtenir leur assentiment.
4. Engagez-vous! En effet, en vous en-
gageant activement au sein de vos associations syndicales ou organisations hospitalières, vous contribuez activement à
l’avancement de votre profession tout en
ayant la possibilité d’augmenter vos
revenus. Par exemple, en occupant un
poste de résident-coordonnateur ou de
résident-coordonnateur adjoint, vous obtiendrez de 350 $ à 500 $ de plus
chaque mois. Bien sûr, ces postes impliquent une charge de travail supplémentaire (parfois très importante; pensez
au président de votre fédération), mais
la satisfaction que vous trouverez à participer activement au mieux-être de vos
confrères saura vous récompenser. De
plus, les connaissances et l’expérience
que vous gagnerez en vous engageant
n’auront pas de prix!
5. Inscrivez-vous pour un prix ou une
bourse: Il existe d’innombrables prix et
bourses disponibles auprès d’instances
aussi diverses qu’hétéroclites. Malheureusement, même si plusieurs de ces
montants sont offerts au mérite, bon nombre de ces prix et bourses sont attribués
par acclamation, le nombre des postulants
demeurant étonnamment faible. Leur
faible publicisation et les efforts (même
minimes) qu’ils demandent expliquent
peut-être en partie leur impopularité.
Les facultés de médecine, les collèges
(CRMCC, Collège des médecins de
famille du Canada, CMQ…) et les universités proposent la majeure partie de l’offre. Toutefois, des entreprises et certaines
agences de santé disposent aussi de
fonds réservés au mérite ou aux projets.
Enfin, un avantage non négligeable des
montants ainsi récoltés tient aux déductions fiscales intéressantes (jusqu’à 5 000 $)
qui vous permettent une fois encore
d’éviter de remettre aux gouvernements la
part la plus importante de vos gains.
En somme, avec un minimum de sens de
l’organisation, de l’engagement et de la
débrouillardise, vous constaterez qu’il
est possible de faire grimper votre salaire
de résident significativement. Même si
ces hausses ne parviendront pas à
combler l’écart considérable existant
entre votre salaire et celui de vos patrons, elles seront peut-être suffisantes
pour vous faire oublier celui-ci pendant
quelques mois de plus… ⌧
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