Foire Aux Questions

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Foire Aux Questions
Foire Aux Questions - Réforme LMD
Numerus clausus et sélection versus orientation progressive et éclairée
“Dans le cadre d’une suppression du numerus clausus, ne restera-t-il pas toujours une sélection ?”
L’université en règle générale est sélective, puisque pour passer d’une année à la suivante, il faut une moyenne de
10/20.
L’objectif de la suppression du numerus clausus est de ne plus imposer à l’université une régulation sur des enjeux
de santé publique, mais bien sur le niveau des étudiants et la qualité de leur formation.
Il faut réussir à dissocier orientation et spécialisation progressive de sélection.
Avec la suppression du numerus clausus, il restera une forme de sélection qui est la validation de l’année, mais
aucune autre forme de sélection ne devra persister si on veut que la réforme réussisse réellement. Cela permet en
outre une certaine flexibilité dans le recrutement et la formation des professionnels de demain. Dans le cas d’une
réussite d’un nombre important d’étudiant, les universités pourront investir pour les former au lieu de refuser de
bons étudiant sur la base d’un nombre arbitraire ne permettant aucune modulation.
“Dans le cadre de sa suppression, le numerus clausus ne risque-t-il pas d’être remplacé par les capacités d’accueil des
universités ?”
Les capacités d’accueil des universités sont fixées uniquement sur des arguments sécuritaires et matériels, et non
pas sur le taux d’encadrement ou la capacité de formation des étudiants. Aujourd’hui, la majorité des premières
années communes aux études de santé sont déjà soumises à ces capacités d’accueil, et elles sont rarement atteintes.
Une diminution drastique de ces capacités pour pallier une suppression du numerus clausus serait flagrante et
injustifiable de la part des établissements d’enseignement supérieur.
“La sélection sur jury et dossier n’est-elle pas moins égalitaire ?”
Il faut différencier sélection et évaluation : l’intérêt d’épreuves soumises à un jury, ou de dossiers, sont de réaliser
une évaluation des connaissances et compétences. Un jury n’est qu’une modalité de passage d’un examen, au
même titre qu’un mémoire ou qu’une épreuve écrite. Ce qui compte, ce sont les connaissances et compétences
évaluées.
De plus, on peut tout à fait imaginer une grille de correction standardisée des connaissances attendues de la part de
l’étudiant, et des compétences utilisées pour les restituer.
“Ne risque-t-on pas de tomber dans un concours sur trois ans ?”
Il est important, pour ne pas dire indispensable, de séparer la logique de formation et d’orientation de celle de
sélection. Cette formation ne serait pas un concours sur 3 ans pour la simple et bonne raison qu’il n’y aura aucun
couperet à l’accès aux études voulues si ce n’est l’orientation progressive, avec une découverte approfondie des
métiers et du champ de compétences des différentes spécialités, et une évolutivité dans le parcours de l’étudiant.
Tous les étudiants ayant un parcours-type axé médecine pourront accéder à l’issue de leur licence au master
médecine.
“N’y a t-il pas un risque de voir le chômage arriver chez les médecins ?”
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Si, ce risque est présent, mais le numerus clausus non plus ne protège pas de ce risque : aujourd’hui, il est possible
d’exercer en France sans être passé par le numerus clausus, ou au-delà de l’âge de la retraite. Ainsi, plus d’un
médecin sur quatre inscrit à l’Ordre est étranger, et un médecin sur cinq est retraité actif (encore en exercice malgré
l’âge de la retraite atteint). Le numerus clausus, sensé fixer le nombre de médecins nécessaires au bon
fonctionnement du système de soins, peut donc être largement dépassé.
La profession médicale, comme toute profession, est soumise à la loi de l’offre et de la demande, et la demande en
santé est de plus en plus grande. Le risque de l’apparition du chômage chez les médecins, même si très improbable,
dépend surtout de la (re)structuration du système de soins et non pas du nombre d’étudiants en formation.
“Et si tout le monde veut faire médecine ?”
Le cas où tous les inscrits de la première heure voudraient après trois ans tous continuer dans la voie de la
médecine est largement improbable pour plusieurs raisons : durée, coût et pénibilité des études, découverte d’une
autre filière plus adaptée entre temps…
Cependant, dans ce cas, le nombre d’étudiants autorisés à poursuivre dans cette voie serait défini par les capacités
d’accueil et de formation des universités, sans que le nombre ne soit prédéfini et fixé à une échelle nationale.
Il faut cependant concevoir qu’aujourd’hui un nombre non négligeable de personnes ayant réussi les concours de
première année de santé se réorientent par la suite car ils ne sentent pas avoir fait le bon choix. De même que de
nombreuses personnes ayant échoué ne regrettent pas du tout leur réorientation “forcée” quelques années après.
Ceci montre bien qu’avec un système d’orientation progressive il serait peu probable que la quantité de prétendants
à un master de médecine soit si importante, voire même possible qu’elle soit inférieure au nombre de personnes
formées aujourd’hui.
Formation et réussite
“Quels seraient les débouchés professionnels des Licences, Masters et Doctorats ?”
Les débouchés professionnels dépendront du nombre de professions concernées par la licence. On pourrait
imaginer qu’à bac +3, les étudiants titulaires d’une licence puissent être infirmiers, ergothérapeutes, orthoptistes
(…) selon le parcours-type qu’ils auront choisis.
Après leur licence, ils pourront soit accéder aux Masters de Santé (Médecine, Pharmacie, Kinésithérapie etc …)
mais également aux Masters de spécialisation (IBODE, IADE, …). Il est également imaginable que cette licence
permette d’accéder aux Masters tels que les biotechnologies, le droit de la santé, l’ingénierie de la santé, etc …
Après le Master, et dans le cadre de la réorganisation annoncée par le gouvernement du système de soins, on peut
imaginer un débouché sur les nouveaux métiers intermédiaires de santé tels que l’infirmier clinicien ou encore le
psychologue clinicien.
Le doctorat permettra quant à lui l’accès à l’enseignement et à la recherche. La régulation de l’accès aux diplômes
d’études spécialisées de médecine reste à définir.
“Si on part sur les chiffres officiels de l’enseignement supérieur, il existe 41% de réussite entre la L1 et la L2; que
deviennent les autres ?”
Le taux de 41% correspond à la réussite en un an d’un étudiant en licence, dans la même mention que celle
initialement présentée. Les autres étudiants ne sont pas forcément en situation d’échec mais peuvent soit redoubler,
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soit changer de domaine de licence (en L1 ou directement en L2 selon la licence) dans le cadre d’une orientation
progressive.
“Passer à une dématérialisation de l’enseignement dans le cadre des cours magistraux ne revient-il pas à négliger l’être
humain ?”
La dématérialisation des enseignements est une étape indispensable dans l’évolution de la pédagogie à l’université
et dans l’enseignement. Elle ne se veut pas pour autant de synonyme de déshumanisation : il s’agit de réorganiser
l’offre de formation. L’enseignement en petit groupe deviendra la référence, et l’interactivité sera repensée au
profit de l’utilisation des nouvelles technologies. Le présentiel sera réservé à l’échange et à la pratique ou encore à
la simulation, favorisant l’acquisition de compétences et non plus l’enseignement magistral de connaissances.
Professionnalisation et stages
“Ne risque t-on pas de retarder la professionnalisation ?”
La professionnalisation, qui correspond à la découverte du milieu professionnel, et donc aux premiers contacts
avec les patients, ne doit pas être confondue avec la spécialisation. Dans le cadre des évolutions prévues du
système de soins, qui privilégient le travail en équipe pluriprofessionnelle, une découverte monodisciplinaire du
monde du travail ne peut plus répondre aujourd’hui aux enjeux de la formation des professionnels de santé de
demain.
Pour revenir au cadre actuel de la formation médicale, la loi prévoit un stage infirmier d’une période de 4
semaines, et 400h de stage d’initiation à la sémiologie. L’objectif de ces stages est l’acquisition des compétences
suivantes :
- Mener un entretien : établir la prise de contact, s'initier aux techniques générales de l'entretien : l'écoute,
l'entretien dirigé, la rétroaction, l'adaptation.
- S'entraîner au déroulement chronologique de la consultation :
* Mener l'entretien personnalisé identifiant le contexte personnel, le ou les motifs de consultation ou
d'hospitalisation, l'histoire de la maladie (anamnèse), les antécédents personnels et familiaux, les
facteurs de risque ou l'hygiène de vie.
* Réaliser un examen clinique orienté par l'histoire pathologique et les doléances du patient,
complété par un examen général.
* Situer le patient au fil de la consultation : sa présentation, son expression verbale, sa demande, sa
personnalité.
- Restituer objectivement sous forme d'observation les éléments précédents.
- S'initier au raisonnement clinique et à une démarche diagnostique à partir de plaintes ou de situations,
justifier les examens complémentaires nécessaires pour confirmer ou non les hypothèses diagnostiques.
- Identifier le rôle de chaque membre de l'équipe soignante et leurs interactions.
Aujourd’hui, les terrains de stages existent déjà et sont suffisants pour accueillir tous les étudiants en santé. Dans le
cadre d’une formation pluri-professionnelle, une vision décloisonnée des stages en milieu professionnel peut être
envisagée. Les compétences ci-dessus correspondent majoritairement à des compétences non spécifiques aux
médecins, mais communes aux différentes professions de santé. Elles peuvent en conséquence être apprises dans
des terrains de stages non exclusivement médicaux, chez n’importe quel professionnel de santé (médical,
pharmaceutique ou paramédical).
“Quelles filières seraient concernées exactement ?”
Beaucoup de filières pourraient être concernées par l’harmonisation européenne des études de santé dans un
schéma LMD. C’est difficile de faire un état des lieux exhaustif. La licence santé pourrait dans un premier temps
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regrouper les filières médicales (issues de la PACES) et paramédicales, mais également s’ouvrir sur d’autres
filières (débouchés courts comme préparateur en pharmacie, manipulateur radio ou encore laborantin, selon le
parcours type de l’étudiant).
“Est-ce qu’il y a suffisamment de connaissances et de compétences communes pour faire un réel tronc commun en
licence ?”
Le travail de comparaison des différents référentiels de compétences est actuellement en cours par la commission
sectorielle de santé de la FAGE, commission qui regroupe toutes les associations nationales représentatives des
étudiants en santé. Une première ébauche de ce travail avait été fait dans le cadre de la charte de la formation à
l’interprofessionnalité dans les études de santé.
De plus, cela permet de repenser totalement l’organisation de nos études : aujourd’hui, les études de médecine
apprennent à être médecin (physiopathologie, sémiologie, … apprises dès le DFGSM) avant d’apprendre à être
soignant (les compétences de soignant ne sont prévues que dans le référentiel du DFASM, et pas celui du
DFGSM). Or ce sont surtout ces dernières qui peuvent être mutualisées entre les différentes professions de santé,
en replaçant l’organisation de nos études dans une logique d’orientation : devenir soignant, puis se spécialiser en
médecin.
Par ailleurs, sur l’exemple du schéma adopté comme compte-rendu du groupe de travail de l’ANEMF, lors du
conseil d’administration de Rennes, le nombre d’heures de cours de spécialité par rapport à celui de tronc commun
est supérieur au modèle actuel incluant la PACES (cf. volume horaire sur le schéma).
“Comment peut-on accueillir autant d’étudiants en stages ?”
À l’heure actuelle, tous les étudiants en filière de santé ont accès à des stages. Mettre en commun tous ces terrains
permettrait d’accueillir autant d’étudiants qu’avant (ces derniers seront d’ailleurs peut-être moins nombreux, cf.
“Combien d’étudiants cela représente-t-il ?”).
Par ailleurs, une réforme profonde des études devra s’accompagner de moyens concrets et efficaces pour mettre en
place des mesures déjà plébiscitées depuis longtemps telles que l’accès à des stages en centres hospitaliers
périphériques, chez des praticiens libéraux et ambulatoires, en centres et maisons de santé, etc. …
“Quelle est la place des stages dans un schéma de licence pluri-professionnelle ?”
La place des stages dans un schéma de licence pluri-professionnelle serait à repenser. Il faudrait que l’étudiant
apprenne à être soignant avant d’apprendre à être médecin. Par ailleurs, il faudrait axer les premiers stage sur
l’acquisition des compétences génériques aux professions de santé (compétences de soignant), afin qu’ils s’ancrent
dans une démarche de spécialisation progressive.
“Les UE de spécialité comprendront-elles des stages ?”
Selon l’articulation des parcours-types de l’étudiant, certaines unités d’enseignement pourront inclure des stages,
dans un terrain adapté aux compétences à acquérir. On peut également imaginer que certaines stages soient
communs et obligatoires, notamment le stage infirmier.
Adaptation des universités à cette licence, effectifs
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“Combien d’étudiants cela représente t-il ?”
Le nombre d’étudiants concerné est difficile à calculer. En effet, aujourd’hui, on connaît le nombre d’étudiants
inscrits dans les différentes filières de santé mais certains redoublent, d’autres après deux échecs de PACES partent
en L1 de soins infirmiers, ou de préparateurs en pharmacie, etc … On peut penser que le nombre d’étudiants ne
sera pas plus élevé que la somme des étudiants aujourd’hui inscrits dans les différentes filières, il sera même
probablement plus faible vu que les étudiants n’auront pas à faire plusieurs inscriptions suite à des réorientations.
“Quelles facultés hébergeront ces licences ? Comment “regrouper” les composantes santé des universités ?”
Ces licences pourront être hébergées par des UFR de Santé. Ces UFR pourront être sur plusieurs sites, notamment
les sites existants pour chacune des filières aujourd’hui, mais ils seront régis par une administration commune, avec
une gouvernance unifiée.
“Comment réagiront les établissements privés (IFMK, IFSI, IFE) ?”
Les établissements privés, notamment ceux à buts lucratifs gérés par les régions risquent de montrer une certaine
opposition primaire à l’intégration universitaire et ces formations et à leur réingénierie. Pourtant, ce changement
dans les formations sanitaires et sociales arrivera dans tous les cas, et les Ministères profiteront de l’occasion de la
mise en place de cette licence santé pour intégrer toutes ces filières à l’université.
“Comment trouver les moyens financiers et humains pour aménager ces licences ?”
Aujourd’hui, nombreux sont les étudiants qui s’inscrivent une, deux voire même trois fois dans une première
année, puis parte dans une autre filière de l’enseignement supérieur. La mise en place de cette licence unifiée et
intégrée au dispositif LMD permettra de réduire ces multiples inscriptions en première année, engendrant ainsi des
économies au niveau des universités.
“Maintiendrait-on les passerelles entrantes depuis les Masters, Doctorats et grandes écoles ?”
Dans une logique d’intégration totale des études de santé dans le processus LMD, ces passerelles ne seraient plus nécessaires,
et même illogiques. Ce système permettrait de conserver des passerelles entrantes, mais ces dernières se feraient d’un niveau
licence vers licence (et non pas master ou doctorat vers licence, comme aujourd’hui).
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