SJ Concept, le gilet version couteau suisse
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SJ Concept, le gilet version couteau suisse
18 Economie Le Temps Mardi 5 octobre 2010 Entreprises romandes & Innovation Paraît chaque mardi VERONIQUEBOTTERON. COM SJ Concept, le gilet version couteau suisse L’aventure entrepreneuriale peut prendre de bien curieux détours. Pour Pierre Muller, tout a commencé par une catastrophe naturelle, en Inde, en 2001. «J’étais en intervention dans le cadre du Corps suisse d’aide en cas de catastrophe. Sur le terrain, je me suis rendu compte que le gilet que nous portions n’était pas toujours très adapté au type d’équipement que nous devions emporter avec nous: radio, matériel pour les soins… Lorsque je suis revenu en Suisse, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose», explique le directeur de SJ Concept, basé à Plan-les-Ouates. De l’idée au produit Disposant d’une solide expérience dans le paramédical, en particulier dans le milieu ambulancier, Pierre Muller connaît bien les impératifs liés à la pratique sur le terrain. Mais on ne s’improvise pas si facilement inventeur, et encore moins entrepreneur. Contacts multiples auprès de spécialistes du textile et d’ingénieurs, coaching prodigué par l’Office de promotion des industries et des technologies (OPI)… De l’idée à la planche à dessin, puis au prototype, il faudra des années de recherche avant que le projet prenne la forme d’un gilet composé d’une armature souple et légère, d’une poignée de traction dissimulée dans la doublure et d’un système breveté de poches amovibles, fixées sur le harnais de base à l’aide de bandes autogrippantes ou de boutons pression. Supports pour radio, poches à soufflet ou à fermeture éclair, compartiments pour matériel médical… La panoplie est vaste et rend chaque gilet virtuellement unique, paramétrable à l’envi et composé au gré de son porteur. Au dos, une large poche laisse même la place à une éventuelle poche à eau munie d’un embout pour assurer l’hydratation du sauveteur en intervention. L’innovation ne se cache pas tant dans le principe de base que dans les multiples possibilités que le système offre selon les besoins. «Je suis parti du principe du couteau suisse, souligne Pierre Muller. Pour moi, il était important que ce gilet puisse s’adapter à une palette de clients la plus large possible.» Le jeune entrepreneur choisit fort à propos le nom de «Swiss Jacket Concept» pour son produit, en référence au couteau à lames multiples et à la fameuse qualité suisse, lorsqu’il fonde sa société, en 2007. L’invention est quant à elle officiellement protégée par une demande de brevet déposée en 2009 et disponible depuis peu sur le marché. Miser sur les consommables Si l’ambition de SJ Concept est bien de distribuer un grand nombre de ses gilets de protection chez le maximum de clients, la croissance à moyen et long terme de la société repose davantage sur le volume de consommables, c’est-à-dire de poches et de supports amovibles, qui seront renouvelés par la clientèle. Toutes proportions gardées, la stratégie est proche de celle des fabricants d’imprimantes personnelles misant sur les cartouches d’encre 1 Un million de francs.C’est désormais le montant du capital-actions de High-Tech Bridge (HTB), un spécialiste genevois du piratage informatique éthique. L’opération vise à soutenir le développement de l’entreprise sur son marché. HTB a également annoncé l’intégration de nouveaux experts en sécurité informatique au sein de ses organes de direction avec l’arrivée de Stéphane Koch, spécialiste en veille concurrentielle, en réseaux sociaux et en stratégie médias au conseil d’administration, et de Lorin Voutat et de Marco Ricca, deux fondateurs historiques d’Ilion Security, au comité consultatif. Cette dernière société a été récemment liquidée, renforçant ainsi la position de HTB sur le marché romand. (LT) Sécurité Une société lance le vêtement de protection adaptable pour les professionnels Pascal Vermot Le chiffre Radar Pierre Muller. Le directeur de SJ Concept souhaite placer son gilet de protection chez tous les professionnels susceptibles de porter ce type d’équipement. GENÈVE, LE 26 SEPTEMBRE pour assurer leur rentabilité et des revenus récurrents. Une nécessité sur un marché extrêmement concurrentiel où sont actifs de nombreux petits et moyens fabricants. «Le segment des gilets de protection restera une niche. Mon ambition est de pouvoir développer le segment des poches et de me concentrer sur des produits toujours mieux adaptés aux besoins exprimés par les clients», relève le fondateur de la société. Le pari du sur-mesure, en somme. Près de 15 ans passés au sein du Corps suisse d’aide en cas de catastrophe et parmi les ambulanciers représentent un atout lorsqu’il s’agit de placer un produit auprès de clients potentiels. Pierre Muller conclut depuis quelques jours ses premières ventes en Suisse romande auprès des services de secours. Le gilet a également été validé par Armasuisse, le centre de compétences de la Confédération pour l’acquisition de systèmes et de matériels technologiquement complexes du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports. Une référence dans le domaine de la sécurité que SJ Concept souhaite utiliser pour gagner en visibilité et développer son affaire. Si Pierre Muller reste pour l’heure un parfait exemple d’auto-entrepreneur, il n’exclut pas de devoir rapidement engager du personnel, en tablant sur quelque 4 collaborateurs en 2013. Amaris U Une 17e filiale pour Amaris. Le groupe genevois de Conseil en Management, Systèmes d’Information et Ingénierie poursuit sa croissance en s’implantant à Turin en Italie. (LT) Nouveau réseau U Le Réseau Entreprendre Romandie vient d’être créé. Emmené par Francis Mathieu, il a pour vocation d’identifier, de faire émerger et réussir de nouveaux entrepreneurs, créateurs ou repreneurs d’entreprises significativement porteuses d’emplois. Une trentaine de patrons genevois apporteront leur expérience dans cet accompagnement. (LT) SERV U Quatre ans après sa fondation à Zurich, l’assurance suisse contre les risques à l’exportation, la SERV, ouvre une succursale à Lausanne aujourd’hui. Cette antenne est confiée à Dominique Aubert. (LT) Honeywell vise tous les segments Le rachat, Graal des medtechs «Dans le monde, le nombre de véhicules équipés d’un turbo va doubler d’ici à 2015, de 17 millions d’unités à 37 millions.» Pour Alex Ismail, président et patron d’Honeywell Transportation Systems, qui englobe les turbos, les matériaux de friction (plaquettes de frein) et les produits de consommation (nettoyage de jantes par exemple), l’horizon est très dégagé. Depuis le siège mondial de la division établi à Rolle, qui emploie 130 collaborateurs, il veut clairement continuer à dominer le marché, qui atteindra 2,9 milliards de dollars en 2015, selon un récent rapport de Global Industry Analysts. Avec la stratégie claire du «tous segments», pour continuer à dominer ses concurrents comme BorgWagner Turbo Systems ou IHI Corporation. «Notre force se situe là: nous sommes actifs partout (de la Tata Nano au gros véhicule minier, de la voiture des 24 Heures du Mans aux véhicules hybrides) et dans toutes les régions du monde», poursuit-il. Si, pour l’heure, Honeywell Transportation Systems réalise la moitié de son chiffre d’affaires (3,4 milliards de dollars) en Europe, les Etats-Unis et la Chine seront d’importants véhicules de croissance. En cinq ans, le taux de véhicules équipés d’un turbo passera de 6 à 20% aux Etats-Unis. DR Automobile Le patron des turbos, gérés depuis Rolle, livre sa stratégie Santé Deux sociétés lausannoises s’affichent clairement comme proies Alex Ismail: «Les développements de moteurs n’ont pas baissé.» Début septembre, Alex Ismail a été désigné «Supplier Division CEO Eurostar» par Automotive News Europe (ANE). Une récompense qui lui est attribuée «pour ne pas avoir paniqué lorsque la crise économique mondiale a commencé à frapper sa principale unité», explique le média. Croissance de 30% «Pour moi, cette récompense met surtout en exergue la contribution d’Honeywell à l’industrie du turbo, souligne le patron d’origine malgache. Mais c’est vrai que notre performance 2009 (chute d’un peu moins de 30%) et notre sortie de crise ont été largement meilleures que celles de nos pairs. Nous avons continué à innover, notamment parce que nous pouvons nous appuyer sur la puissance financière d’Honeywell.» Sur le premier semestre, la croissance atteint 30%, mais le dirigeant reste toutefois prudent, notamment pour 2011, même si à plus long terme la tendance est claire. Aujourd’hui, 23% du parc de véhicules mondial est équipé d’un turbo. Ce chiffre grimpera à 70% en 2020, estiment les experts. «Les nouvelles normes d’émission (comme Euro 5) et l’optimisation des consommations de carburants profitent à notre industrie», souligne Alex Ismail. Une branche qui se doit d’être innovante pour répondre aux défis de la consommation moderne. D’ailleurs, «malgré la crise, l’intensité des développements des nouveaux moteurs n’a pas baissé», analyse le patron. Ainsi, en 2010, ce ne sont pas moins de 100 nouveaux véhicules qui ont été équipés par des turbos du groupe (VW Polo BlueMotion 1,2L diesel ou la BMW X6 ActivHybrid par exemple). Ayant installé son siège européen à Morges fin 2003, le groupe américain a déménagé au Business Center de Rolle il y a à peine deux ans. «Le siège fonctionne bien, il y a un réservoir de talents qui permet de gérer ce business à l’échelle mondiale», conclut Alex Ismail. Marie-Laure Chapatte A quoi a pu servir le sommet medtech, qui s’est déroulé la semaine dernière à Lausanne, pour les trois sociétés suisses sur les 24 sélectionnées par l’Association European Tech Tour? k Diagnoplex La société lausannoise Diagnoplex, qui veut lancer un test de dépistage du cancer du colon, réalise actuellement un test clinique de validation en vue d’obtenir un marquage CE durant le deuxième semestre 2011. «Avec les résultats de faisabilité du test, nous avons déjà des contacts avec l’industrie du diagnostic», explique Stavros Therianos, fondateur et directeur de la start-up. Cette dernière propose une technique simple (prise de sang), là où la concurrence privilégie encore souvent des techniques invasives, comme on a pu le voir lors du sommet. Le test de Diagnoplex permet une détection fort précoce en raison de la signature moléculaire spécifique pour l’organe en question (le colon pour commencer, mais ce pourrait aussi être d’autres cancers par la suite). Pour le dirigeant, il est évident que la mise sur le marché n’est pas le métier de Diagnoplex. «Nous allons trouver un acquéreur, mais peut-être que ce dernier préférera attendre que le produit ait fait ses preuves à la vente.» Dans ce cas, la société, qui avait récolté 10 millions de francs il y a deux ans avec le soutien de NeoMed, Novartis Venture Fund et DefiGestion, se prépare à procéder à un nouveau tour de financement en attendant qu’un Roche, Quest, LapCorp, Unilab ou un autre ne manifeste son intérêt. Ainsi, une rencontre comme celle de Lausanne est «absolument fondamentale. Nous pouvons y nouer des contacts personnels avec les investisseurs, nous restons visibles», explique le patron. Surtout qu’aujourd’hui, une récolte d’argent se prépare longtemps à l’avance, au moins une année, estime-t-il. k Sensimed Alors qu’elle vient de boucler un nouveau tour de financement (de près de 10 millions de francs), Sensimed recherchait à Lausanne plutôt des partenaires. «La production de nos lentilles de contact qui permettent de surveiller en continu les fluctuations de la pression de l’œil (ndlr: déterminante dans le traitement du glaucome) est en place depuis la fin de l’été sur Fribourg», explique JeanMarc Wismer, directeur général de la medtech lausannoise. Si Sensimed les vend en direct en Suisse, en Allemagne et en Autriche, elle a déjà conclu un partenariat avec l’Italie. «Ce som- met medtech nous permet de chercher des partenaires pour la commercialisation, notamment pour développer nos activités en Asie.» Sensimed ouvre une antenne à New York car elle a reçu des signes positifs en vue de l’homologation de son produit par la Food and Drug Administration (FDA), qui pourrait intervenir mi2011. La start-up, qui emploie bientôt 20 collaborateurs et compte un nouveau président en la personne de Patrick Berdoz, compte également vendre à terme l’information aux grands groupes, puisque la qualité des courbes qu’elle recueille, notamment via ses tests cliniques applicatifs, peut se transformer en véritable connaissance pour des géants comme Alcon, Allergan ou Pfizer, qui figurent également en tête de ses acquéreurs potentiels. Le rachat figure clairement pour les dirigeants comme la piste de sortie dans les deux ans. k CeQur Quant à la société montreusienne CeQur, qui développe un patch à insuline destiné aux diabétiques, elle a déjà levé 30 millions de francs il y a moins d’une année. Pourtant, elle cherche déjà 25 millions supplémentaires pour commercialiser son produit, dès l’année prochaine. M.-L. C.