Position de l`IRU sur LES SYSTEMES ANTI ANGLE MORT
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Position de l`IRU sur LES SYSTEMES ANTI ANGLE MORT
Bruxelles, le 22 novembre 2005 Position de l'IRU sur LES SYSTEMES ANTI ANGLE MORT Position de l'IRU sur l'initiative de la Commission européenne d'établir une Directive sur l'homologation des dispositifs de vision indirecte pour tous les poids lourds audessus de 3,5 tonnes. I. ANALYSE − Le 10 novembre 2003, le Parlement européen et le Conseil ont adopté la Directive 2003/97/CE relative aux rétroviseurs et aux dispositifs de vision indirecte supplémentaires pour les nouveaux véhicules commerciaux. Cette Directive a pour objectif d’améliorer la visibilité des conducteurs d’autobus, d’autocars et de camions en augmentant le champ de vision obligatoire et en réduisant l’angle mort. − La Directive 2003/97/CE est entrée en vigueur le 26 janvier 2004. A partir du 26 janvier 2006, les États membres doivent refuser d’accorder une homologation CE ou une homologation nationale aux véhicules ou dispositifs de vision indirecte si ceux-ci ne sont pas conformes aux dispositions de la Directive. Tous les nouveaux autobus, autocars et camions seront normalement équipés des nouveaux systèmes d’ici fin 2006. − L’IRU, considérant la sécurité routière comme une priorité, s’est réjouie de cette Directive qu’elle considère comme un progrès dans le domaine de la sécurité routière, notamment du fait qu’elle répond aux préoccupations des usagers de la route les plus vulnérables, à savoir les piétons et les cyclistes (voir la position de l’IRU CDLS/B1982). − Dans son Programme d’action pour la sécurité routière du 12 septembre 2001, la Commission européenne a annoncé que, parallèlement à la Directive sur les rétroviseurs à angle mort pour les nouveaux véhicules, elle évaluerait également les coûts et bénéfices d’une Directive pour le rétro-équipement des véhicules existants avec de tels systèmes. − Une étude a été menée par des consultants de Jacobs Consultancy pour la DG TREN (voir Selon http://europa.eu.int/comm/transport/road/publications/projectfiles/mirrors_en.htm). l’étude, les prévisions des accidents évités sont : • Les plus élevées pour les poids lourds, suivis des véhicules légers de marchandises, les autobus et les autocars étant les plus faibles; • Plus élevées pour les rétroviseurs de la Classe IV/V que pour ceux de la Classe VI (la Classe IV concerne les rétroviseurs « grand angle », la Classe V concerne les 2 rétroviseurs « d’accostage » et la Classe VI, les antéviseurs) 1 (voir Annexe I pour un aperçu des exigences en matière de rétroviseurs selon la Directive 2003/97/CE – uniquement disponible en anglais). − Les résultats de cette analyse coûts-bénéfices ont indiqué que l’équipement des poids lourds avec des rétroviseurs latéraux semble justifié. Les autobus et les autocars n’ont pas été considérés comme un problème car les statistiques indiquent peu d’accidents dus à un angle mort entre les autobus/autocars et les piétons/cyclistes. De plus, les accidents de ce type ont tendance à être moins graves. − L’étude a également souligné que, l’âge moyen de la flotte de poids lourds étant de 8 ans dans l’UE à 15 et de 12 ans dans les nouveaux États membres, l’équipement de tous les camions avec ces dispositifs de sécurité serait bien trop long. − L’étude d’évaluation mentionnée ci-dessus a estimé que les bénéfices seraient environ quatre fois supérieurs aux coûts du rétro-équipement des camions existants de plus de 3,5 tonnes avec des rétroviseurs à angle mort. − Dans ce contexte, l’IRU souhaite attirer l’attention de la Commission européenne sur les faits suivants : 1 • Lancer une nouvelle Directive pour le rétro-équipement avant que les premiers effets de la Directive 2003/97/CE sur la sécurité ne puissent être véritablement mesurés, semble prématuré. • Les constructeurs de véhicules ont réalisé beaucoup de progrès pour répondre aux exigences de cette Directive mais ils ne se sont pas préoccupés du rétroéquipement. Les informations dont on dispose actuellement sont que certaines des fixations permettent le rétro-équipement sur la nouvelle génération de rétroviseurs, mais pas sur toutes les marques de véhicules. Volvo, par exemple, dispose d’un boîtier de rétroviseur intégrant les deux rétroviseurs existants. Il est donc impossible d’équiper les véhicules avec des rétroviseurs à grand angle et de différentes dimensions. Le rétro-équipement est aussi techniquement plus compliqué sur les véhicules Scania et Ford à cause du boîtier de rétroviseur actuel. Par conséquent, les coûts de remplacement seront plus élevés pour ces marques (€300/camion en moyenne quand le boîtier du rétroviseur ne permet pas un angle plus grand) par rapport à d’autres marques (€150/camion en moyenne pour les véhicules Daimler Chrysler, Iveco et MAN). • La Commission européenne a uniquement fait une analyse des coûts-bénéfices relative aux rétroviseurs angles morts. Des analyses devraient également être effectuées sur d’autres systèmes permettant de réduire l’angle mort afin de déterminer quelle méthode est la plus efficace par rapport aux coûts pour améliorer la sécurité routière. Un de ces systèmes est le LEXGUARD, un système d’alerte actif qui fonctionne à l’aide d’une bande en caoutchouc placée à l’avant et sur le côté droit du véhicule et qui émet un bruit et actionne un signal lumineux dans la cabine en cas de danger. L’utilisation de lentilles standard à grand angle qui fonctionnent selon le principe de Fresnel, c’est-à-dire qui élargissent le cône du champ de vision du conducteur est également un système envisageable. • La nouvelle Directive portera essentiellement sur le remplacement des rétroviseurs latéraux existants sur les camions en service et non sur la façon de couvrir le champ de vision prescrit. Le champ de vision prescrit peut cependant être atteint grâce à Aucune évaluation n’a été faite sur la faisabilité d’un point de vue technique du rétro-équipement avec des rétroviseurs ‘nouvelle génération’ car ces derniers sont toujours en cours de conception et sont très spécifiques aux différents constructeurs. 3 d’autres équipements techniques, comme un système de moniteur/caméra. Exclure les systèmes de caméras consisterait à pénaliser les États membres proactifs dans lesquels il existe déjà une obligation légale de rétro-équiper les véhicules existants avec des systèmes éliminant les angles morts grâce à un rétroviseur ou un système de caméras. C’est le cas aux Pays-Bas, en Belgique et au Danemark. • L’angle mort le plus préoccupant est le latéral. Cependant, même en cas de rétroéquipement, il y aura toujours un espace sans visibilité ou à visibilité réduite sur le côté droit et à l’arrière du véhicule (voir Annexe II – uniquement disponible en anglais). • Améliorer la sécurité routière implique davantage d’actions que celle qui consiste à imposer de nouvelles mesures de sécurité. Il est indispensable de susciter une prise de conscience au sujet de la sécurité dans ce débat sur l’angle mort où nous parlons des usagers de la route vulnérables (piétons et cyclistes). Au lieu de rétro-équiper les camions existants de rétroviseurs à angle mort, l’attention des États membres de l’UE doit porter sur des campagnes de sensibilisation subventionnées par les autorités aux niveaux local, régional et national, pour prévenir les piétons et les cyclistes et les familiariser avec l’espace à angle mort des camions tournant à droite. II. POSITION DE L’IRU Pour l’IRU, toute victime du transport routier est une victime de trop. Dans ce contexte, le secteur du transport routier a fait d’importants progrès en matière d’amélioration de la sécurité routière. Etant donné que les ressources du secteur sont limitées, les prochaines améliorations doivent porter sur des mesures ciblées basées sur des statistiques de causalité fiables. Ainsi, toute nouvelle mesure politique visant à améliorer la sécurité routière doit être basée sur les résultats de l’étude conjointe IRU/CE sur l’implication des poids lourds dans les accidents. Tant que cette étude n’est pas finalisée, toute décision sur de nouvelles mesures de sécurité routière serait prématurée car on ignore toujours les principales causes des accidents. De plus, l’IRU n’est pas favorable au rétro-équipement des rétroviseurs sur des véhicules existants car la conception des véhicules peut causer des problèmes techniques. D’autres systèmes existants permettant de réduire l’angle mort doivent être analysés afin de vérifier si leur rapport coûts-bénéfices n’est pas plus favorable que le rétro-équipement des rétroviseurs. Finalement, plutôt que de se concentrer sur le rétro-équipement pour réduire le nombre d’accidents dus aux angles morts, les mesures politiques devraient plutôt cibler la formation des autres usagers de la route afin que ces derniers puissent partager la route sans danger avec les poids lourds. Des campagnes de sensibilisation subventionnées par les gouvernements sont nécessaires pour les piétons et les cyclistes. ______