Evaluation du Secteur du Microcrédit au Maroc
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Evaluation du Secteur du Microcrédit au Maroc
Evaluation du Secteur du Microcrédit au Maroc Ann Duval Projet de Rapport Le 28 septembre 2001 1 Résumé ........................................................................................................................ 1 1.1 La Méthodologie de Travail................................................................................ 1 1.2 Les Conclusions Principales................................................................................ 1 1.2.1 L’Appui au Secteur du Microcrédit ............................................................ 1 1.2.2 Le Secteur du Microcrédit Aujourd’hui ...................................................... 1 1.2.3 Les Besoins du Secteur ............................................................................... 2 1.3 La Stratégie Recommandée................................................................................. 3 2 L’Etat du Secteur du Microcrédit au Maroc................................................................ 4 2.1 L’Historique et le Développement du Secteur .................................................... 4 2.2 L’Appui au Secteur ............................................................................................. 5 2.2.1 Le Financement ........................................................................................... 5 2.2.2 L’Assistance Technique .............................................................................. 7 2.2.3 Le Cadre Légal ............................................................................................ 8 2.3 Les Caractéristiques du Secteur .......................................................................... 9 2.3.1 Le Marché et la Portée du Secteur .............................................................. 9 2.3.2 Les Associations de Microcrédit ............................................................... 12 2.3.3 La Réglementation, Supervision et Coordination ..................................... 15 3 Les Besoins du Secteur du Microcrédit..................................................................... 16 3.1 Le Renforcement Institutionnel......................................................................... 16 3.2 Le Financement ................................................................................................. 17 3.3 La Réglementation, Supervision et Coordination ............................................. 17 4 Les Recommendations .............................................................................................. 18 4.1 L’Appui aux Associations................................................................................. 18 4.1.1 L’Assistance Technique ............................................................................ 18 4.1.2 Le Financement ......................................................................................... 18 4.2 L’Appui au Niveau du Secteur.......................................................................... 20 4.2.1 La Réglementation .................................................................................... 20 4.2.2 La Supervision........................................................................................... 21 4.2.3 La Coordination......................................................................................... 22 1 Résumé 1.1 La Méthodologie de Travail La consultante chargée d’entreprendre l’évaluation a séjourné au Maroc pour deux semaines, et, accompagnée par M. Fouzi Mourji (fournisseur d’assistance technique local dans le cadre du programme Microstart), a visité toutes les associations de microcrédit actives dans le pays, ainsi que les bailleurs de fonds, et les représentants du Ministère des Finances et la Banque Centrale. La liste des personnes rencontrées lors de la mission se trouve en Annexe 1. En plus, le PNUD a mis à sa disposition toute la documentation nécessaire sur l’historique et le développement du secteur depuis 1997. Il faut souligner que l’évaluation a été entreprise rapidement, et qu’il ne s’agissait pas d’une évaluation des associations de microcrédit elles-même. Les observations concernant ces associations viennent des brèves discussions avec chaque association et de l’analyse de la consultante, qui est basée sur sa connaissance du développement des institutions de microfinance à travers le monde. Les associations de microcrédit étaient toutes très ouvertes dans les discussions et ont mis à la disposition de la consultante les informations clés concernant leurs opérations. Cependant, il y a certaines informations qui étaient difficile à analyser et comparer entre associations à cause des périodes de données différentes et certaines lacunes d’information. Donc, les chiffres qui sont avancé dans ce rapport doivent être pris comme étant des estimations proches de la réalité, mais pas exactes. 1.2 Les Conclusions Principales 1.2.1 L’Appui au Secteur du Microcrédit Le secteur a bénéficié d’un appui considérable des bailleurs de fonds internationaux et du gouvernement, au niveau du financement, de l’assistance technique fournie, et du cadre légal. Les associations de microcrédit bénéficient toutes de la loi qui règlent le secteur, mais certaines associations ont reçu beaucoup plus d’assistance financière et technique que d’autres. 1.2.2 Le Secteur du Microcrédit Aujourd’hui Le secteur a connu une croissance considérable pendant les quatre dernières années. Il y a aujourd’hui 10 associations de microcrédit actives, avec à peu près 125,000 prêts en cours en septembre 2001. L’encours financier global au niveau du secteur se situe à environs 195 millions DH (US$17 millions). Il reste du travail à faire dans le domaine de microcrédit par rapport à la portée du secteur. On trouve aujourd’hui une saturation d’un certain segment du marché et une 1 couverture assez faible du reste du marché potentiel. Les a.m.c. desservent beaucoup de zones géographiques actuellement. Il est évident, cependant, que la grande majorité des clients actifs sont des microentrepreneurs avec les activités de petite et moyenne taille qui se trouve dans les milieux urbains. En plue, on voit augmenter le phénomène des mêmes clients en train de s’endetter auprès des plusieurs associations à la fois. Cette saturation de ce marché est due en partie au fait que toutes les associations ont tendance à s’implanter dans les mêmes zones géographiques. Cependant, il est surtout le manque de diversification de produits de prêt et des méthodologies d’octroi de prêt y liées qui l’explique. Toutes les associations utilisent le crédit solidaire de façon presque identique, avec très peu de variation dans les termes de prêts, et donc sont en train de desservir le même marché. Cette méthodologie, qui est bien appropriée pour une certaine clientèle, ne peut pas bien servir d’autres. Donc, par manque de méthodologies appropriées, le « bas » du marché, qui est concentré probablement en milieu rural, est très peu servi, ainsi que le « haut » du marché, qui est composé des plus grandes microentreprises et celles en voie de développement en milieu urbain. L’effet du financement du secteur et l’assistance technique fournie, ainsi que les efforts des associations elles-mêmes, sont apparents au sein des associations. Il y a eu du progrès considérable du côté capacité institutionnelle, et comme au niveau du marché, il reste du travail à faire dans le renforcement de ces associations. Il existe de grandes disparités entre associations, du point de vue taille et capacité institutionnelle aujourd’hui. Quelle que soit la taille, toutes les institutions sont toujours très jeunes, et ont connu une croissance significative pendant l’année dernière. Elles connaissent toutes, alors, certaines lacunes institutionnelles similaires, même si la nature spécifique des lacunes varient avec leur stade de développement actuel. Certaines de ces faiblesses sont tout à fait normal si on prend en compte l’âge des associations et d’autres ont été accentuées par la croissance rapide causée par l’injection du financement du Fonds Hassan II au cours de l’année dernière. La réglementation et les structures nécessaires pour l’encadrement du secteur sont ou en place ou prévues par la loi. Cependant, la réglementation n’est pas encore complète et les structures en place ne sont pas encore tout à fait fonctionnelles. Le résultat est un manque de consistance au niveau de la comptabilité et des normes d’analyse financière y afférant, de transparence, d’échange d’information et de contrôle et supervision du secteur. 1.2.3 Les Besoins du Secteur Les associations ont besoin d’assistance technique continu dans les domaines suivants : une meilleure connaissance et ciblage de leurs clients et les méthodologies d’octroi de prêt ; le développement des « business plans » plus professionnels, y compris les projections financières adéquates ; l’amélioration des structures internes d’organisation, de contrôle et de gestion ; le développement ou la sélection de systèmes d’information de 2 gestion ; et, la gestion financière appropriée. Il est important de souligner, cependant, que toutes les associations ne sont pas au même niveau ou stade de développement. Donc, le besoin existe pour une assistance individualisée. Il y aura un besoin continu du financement au niveau du secteur en générale. Cependant, un financement qui encourage l’expansion des opérations actuelles (de quelle que soit l’association) n’est pas souhaitable, tant que les faiblesses institutionnelles mentionnées ci-dessous ne sont pas comblées. Quand le financement additionnel vient, le secteur aura besoin d’un financement qui est plus commercial en nature. Il y a un besoin urgent des modèles de comptabilité et des définitions communes concernant les ratios clés à être analysés. Une fois les modèles de comptabilité en place, les associations ont besoin d’être auditées annuellement par les firmes de comptabilité agrées, avec une compétence dans le domaine de microcrédit si possible. Le secteur a besoin aussi d’une supervision légère de la part d’une entité gouvernementale, pour assurer le respect de la réglementation. Les associations, de leur côté, ont besoin d’améliorer la communication et l’échange d’information entre elles. 1.3 La Stratégie Recommandée Les recommandations sont basées, entre autres choses, sur un principe important – les différents types d’appui qu’il faut fournir et/ou fonctions à remplir maintenant doivent être pris en charge par les entités distinctes. Pour éviter les conflits d’intérêts et en tenant compte des compétences nécessaires, il est nécessaire de dissocier les fonctions assistance technique, financement, réglementation et supervision, et coordination. Les recommandations sont aussi basées sur une approche plus orientée vers le marché. Il est recommandé de mettre en place un fonds d’assistance technique pour le secteur et de confier sa gestion à une firme privée, spécialisée et consacrée à ce faire. Cette firme ne sera pas demandée à fournir l’assistance directement aux associations, ni de mettre en place les programmes de formation destinés à toutes les associations. Son rôle sera d’identifier l’assistance la plus appropriée et de la coordonner sur demande des associations. Le coût de l’assistance sera financé par le fonds d’assistance technique dont cette firme aura la gestion. Il est recommandé que cette approche à l’assistance technique soit financée par une partie des prochains Fonds Hassan II. Etant donné qu’il est probable que le Fonds Hassan II va mettre un nouveau financement à la disposition du secteur, il est recommandé de créer une nouvelle institution de second rang pour gérer le financement du secteur en générale. Cette institution « apex » (privée et à but non-lucratif) pourra canaliser les fonds non seulement du Fonds Hassan II mais aussi des fonds venant d’autres bailleurs qui ne veulent ou ne peuvent pas traiter directement avec les a.m.c. L’institution pourra aussi faciliter le financement bancaire des a.m.c. Cette entité remplacerait le Ministère des Finances en ce qui concerne son rôle actuel de recherche et distribution du financement du secteur. Une institution pareille assurera une approche plus standardisée au financement, et pourra être l’outil pour introduire un financement plus commercial. 3 Le secteur bénéficiera beaucoup d’une meilleure coordination entre bailleurs de fonds, internationaux et gouvernementaux, ainsi que de la mise en place des principes d’appui au secteur qui régleraient les actions de tous les bailleurs. Le PNUD est le mieux placé pour prendre le rôle de catalyseur dans ce sens. Le Ministère des Finances a déjà été chargé de fixer les modèles des états comptables des a.m.c. et il est recommandé que le Ministère procède à se faire aussi vite que possible. Il est aussi recommandé que le Ministère commence à penser à concevoir d’autres règles prudentielles, telle que celles concernant la solvabilité des a.m.c. Il est recommandé d’instituer une unité consacrée à la supervision des a.m.c., au lieu de confier ce travail à un comité de suivi. Cette unité, qui pourra continuer à être basée au sein du Ministère ou pourra être déplacée à la Banque Centrale, aura comme responsabilité clé le contrôle du respect des dispositions de la loi sur le microcrédit et les textes pris pour son application. Pour pouvoir répondre à cette responsabilité, l’unité doit pouvoir mettre en place un système de rapportage adéquat des associations (basé sur le nouveau modèle comptable) et entreprendre les visites de supervision sur le terrain. Il est suggéré que la nouvelle Fédération Nationale des Associations de Microcrédit se concentre seulement sur l’échange d’information entre associations et l’établissement des règles de déontologie. Pour aider les associations à rendre la Fédération vraiment fonctionnelle, il est recommandé que le PNUD identifie et finance une assistance technique appropriée. Il est recommandé aussi de réduire le nombre et le type de membres du Conseil Consultatif prévu pour le rendre plus apte à bien répondre aux besoins du secteur. 2 L’Etat du Secteur du Microcrédit au Maroc 2.1 L’Historique et le Développement du Secteur1 Le secteur du microcrédit au Maroc est relativement jeune. Les premiers programmes de petits prêts destinés à financer les activités économiques des personnes à bas revenus ont démarré dans les années 1993-1994. Ce n’était qu’en 1996, cependant, que l’expérience internationale en matière de microcrédit a commencé à être connue dans le pays. En mars 1997, quand des consultants ont mené la mission d’identification du projet pilote pour le programme Microstart au Maroc, il y avait toujours très peu de partenaires potentiels identifiés. Les acteurs dans le secteur comprenaient les banques d’un coté et les organisations non-gouvernementales (les associations) de l’autre. Dans le domaine bancaire, l’étude a identifié la Banque de Crédit Populaire (BCP) et la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) comme étant les seules banques ayant une expérience significative dans le domaine de petits prêts. Cependant, il a été noté que la BCP, qui 1 Cette partie du rapport s’est basée sur les documents produits par d’autres consultants pour le PNUD dans le cadre du programme Microstart au Maroc. 4 avait établi une fondation pour la création d’entreprises, ciblait les petites entreprises plutôt que les microentreprises. Il a été estimé que la CNCA devait instituer certaines réformes institutionnelles et adapter sa méthodologie si elle voulait pouvoir octroyer le microcrédit de façon efficace. Donc, les programmes de microcrédit à l’époque ont été opérés pour la plupart par les associations. Il n’y avait qu’une seule association vraiment spécialisée dans le microcrédit. Il s’agit de Al Amana, qui a été constituée en février 1997. Parmi les autres associations qui octroyaient des petits prêts, seules Zakoura et AMSED avaient bénéficié des contacts directs avec la communauté internationale de microcrédit et donc suivaient certaines normes y relatives. Les autres associations avaient des programmes à très petite échelle et opéraient avec une certaine confusion entre les rôles « sociales » et « économique » qu’elles devraient jouer dans le domaine de microcrédit. Il est dans ce contexte que le gouvernement du Maroc et le PNUD ont décidé de mettre en place le programme Microstart. L’objectif du programme était d’améliorer l’accès des microentrepreneurs à bas revenus aux services financiers, pour les aider à élargir leurs entreprises, augmenter leurs revenus et accroître l’emploi. L’approche du programme était principalement de renforcer les capacités des associations locales d’octroyer des services microfinanciers sur une base durable. Ce programme, qui a débuté en février 1998 et prendra fin en décembre 2001 (après une extension d’une année), a fourni une assistance financière et technique à six associations2 . Cet apport a été certainement important pour le développement du secteur. L’appui du gouvernement et d’autres bailleurs de fonds a contribué considérablement aussi à son renforcement. 2.2 L’Appui au Secteur 2.2.1 Le Financement Au cours de la mission d’évaluation en septembre 2001, on a rencontré la plupart des bailleurs de fonds qui financent les associations de microcrédit (a.m.c.) au Maroc. Une liste complète de ces bailleurs, avec une description de ce qu’ils ont financé ou ont l’intention de financer dans un proche avenir, se trouve en Annexe 2 du rapport. Les bailleurs de fonds bi-latéraux sont: l’USAID; la Coopération Espagnole (qui finance le secteur du microcrédit à travers une ONG espagnole, la CODESPA); et le gouvernement Italien (qui aussi finance le secteur à travers les ONGs italiennes, telles que APS et COSPE). Les bailleurs multi-latéraux comprennent le PNUD et la Commission Européenne. Deux organismes gouvernementaux financent aussi le secteur – le Fonds Hassan II et l’Agence du Nord. Parmi ces bailleurs, l’USAID est le plus important en termes de fonds accordés (plus de US$ 16 millions), suivi par le Fonds Hassan II, qui a mis 100 millions DH (US$ 8.7 millions3) a la disposition du secteur en 2000 et 2001. Il faut noter, cependant, que 97% 2 Une des associations qui jouait le rôle d’institution de second rang (AMSED) a été suspendue à un moment donné. 3 Au taux d’échange en cours en septembre 2001, soit 11.5 DH pour 1 US$ 5 des fonds de l’USAID ont été consacré à une seule institution, Al Amana, sur une période de cinq ans, tandis que les fonds Hassan II ont servi à financer le fonds de prêt des neuf a.m.c. opérationnelles en 2000. Ces deux bailleurs sont suivis par le programme Microstart du PNUD, dont le budget opérationnel était de US$ 1.7 millions, y compris US$ 150,000 pour chacune des associations participantes. Une analyse du financement des bailleurs de fonds révèle que la plupart tendent à financer les mêmes associations. Ainsi, Al Amana, Zakoura et FONDEP ont reçu chacune un financement de quatre des sept bailleurs qui financent le secteur du microcrédit au Maroc. La raison pour cet état d’affaires, telle que donnée par les bailleurs, est tout à fait compréhensible – ils estiment que ces associations sont les plus performantes et/ou ciblent la clientèle voulue, avec la capacité institutionnelle nécessaire pour absorber les montants en question. Les plus petites a.m.c. ont bénéficié plutôt d’un financement de deux bailleurs – le Fonds Hassan II et un bailleur international. La Fondation Banque Populaire Micro-Crédit (FBPMC), qui est parmi les plus grandes a.m.c., a été bien dotée par la banque fondatrice elle-même et donc a bénéficiée aussi des dons de seulement bailleurs. L’analyse du financement du secteur montre aussi que le financement du Fonds Hassan II a eu un impact considérable sur le secteur, démontrant l’importance que le gouvernement accorde à l’appui à ce secteur. Ces fonds, qui ont été distribués à toutes les a.m.c. sous forme de dons, ont pratiquement doublé les fonds de prêts disponibles au niveau du secteur à l’époque. Ces fonds étaient particulièrement important pour les plus petites associations, qui étaient en manque de trésorerie. Cependant, de nombreuses discussions au cours de la mission ont aussi montré que l’effet de ces fonds aurait pu être amélioré avec une prolongation de la période accordée pour leur décaissement. Les a.m.c. ont compris qu’il fallait distribuer rapidement des prêts, ce qui comporte beaucoup de risques. Le risque de base est celui de la détérioration de la qualité des portefeuilles des a.m.c. (comme soulevé dans le rapport semi-annuel au Comité de Supervision en février 2001), causée par une trop rapide et mauvaise sélection de clients et le manque d’infrastructure institutionnelle nécessaire pour appuyer la croissance rapide des opérations. (Voir section 2.3.1 ci-dessus.) Les discussions au cours de la mission ont aussi révélé que les bailleurs (internationaux et gouvernementaux) ont tendance à « pousser » les a.m.c. à travailler davantage dans les milieux ruraux. Quoiqu’il est compréhensible que les bailleurs veulent favoriser la population rurale, ceci a l’effet de pousser les associations à intervenir dans les lieux où elles n’ont pas la capacité de travailler de façon efficace. (Voir section 2.3.2 ci-dessus.) Les bailleurs reconnaissent qu’il y a très peu de coordination et d’échange d’information sur le secteur de façon régulière et formelle. Beaucoup ont mentionné que la table ronde du 14 novembre 2000, organisée autours d’une visite des consultants du Groupe Consultatif d’Assistance aux Plus Pauvres (CGAP) a été très utile. Au cours de cette rencontre, les bailleurs internationaux qui ont participé se sont mis d’accord sur les points importants concernant l’appui au secteur (la majorité de ces points rejoigne les recommandations de la présente évaluation). Malheureusement, les agences 6 gouvernementales qui financent le secteur n’étaient pas présentes, et il n’y a pas eu de suivi à la rencontre. Un dernier point à soulever concernant le financement du secteur est le rôle joué jusqu’à présent par le Ministère des Finances. Etant donné que la gestion des Fonds Hassan II est déléguée en faite au Ministère, il se voit dans une position de conflit d’intérêt en ce qui concerne le financement du secteur du microcrédit. La même entité se trouve responsable pour les décisions de distribution de fonds aux a.m.c. et est simultanément chargée de les superviser, soit d’être juge et partie. Et, parce que le Ministère avait déjà pris en charge ce rôle de distribution de fonds, il continue maintenant à mobiliser les fonds pour le secteur auprès de certains bailleurs régionaux et de veiller à leur distribution. Il faut aussi signaler que le Ministère ne semble pas avoir l’expertise nécessaire pour bien jouer ce rôle. Les critères de distribution appliqués sont basés sur les simples paramètres de taille et de portée des opérations, plutôt que sur une analyse de la capacité institutionnelle à absorber et bien gérer les fonds. 2.2.2 L’Assistance Technique Outre le financement des fonds de prêt et les subventions opérationnelles, le secteur en général a bénéficié de beaucoup d’assistance technique au cours des quatre dernières années, grâce aux bailleurs de fonds internationaux. L’Annexe 2 fournit les détails concernant cette assistance. Presque toutes les a.m.c. ont reçu une assistance technique, de deux types principaux. Certaines associations reçoivent une assistance individualisée et continue sur une longe période, et d’autres sont les récipients d’une assistance plus généralisée, à travers les programmes destinés à servir plusieurs a.m.c. à la fois. Trois associations se trouvent dans la première catégorie. Al Amana a bénéficié d’une assistance directe, continue et spécialisée d’une organisation internationale depuis son début, financée par l’USAID. La relève va être prise en charge maintenant par un financement de CODESPA. Zakoura va bientôt bénéficier d’une assistance similaire, mais avec les conseillers locaux, avec un financement de l’EU. Finalement, la plus jeune a.m.c., ATIL, bénéficie de ce même genre d’assistance individualisée de son partenaire Italien, APS . La deuxième catégorie comprend les associations qui ont bénéficié de l’assistance technique offerte par le programme Microstart, et celles qui auront la possibilité de bénéficier bientôt d’une assistance ponctuelle offerte par l’USAID. L’assistance technique fournie par Save the Children et D.I.S. dans le cadre du programme Microstart a comporté deux volets principaux – les ateliers de formation dans les domaines clés du microcrédit, et les consultations et évaluations individualisées. Quelques ateliers ont été ouverts à toutes les associations intéressées, mais la plupart a été réservé aux a.m.c. financées par le programme. Bientôt, l’USAID a l’intention d’offrir un programme d’assistance à certaines a.m.c. (le choix des associations n’était pas encore fait lors de la mission), qui vise à entreprendre un audit organisationnel rapide, suivi d’une assistance ponctuelle dans les domaines de besoin identifiés. Ce programme, de courte durée, sera pris en charge par des consultants locaux. 7 2.2.3 Le Cadre Légal Le secteur du microcrédit au Maroc bénéficie aussi d’un environnement propice à son développement continue, grâce surtout à la Loi 18-97 Relative au Micro-crédit. Cette loi, promulguée en février 1999, a crée un nouveau type d’association consacrée uniquement au microcrédit. La loi donc autorise les associations agréées par le Ministère des Finances à octroyer les microcrédits, avec les intérêts, mais pas à accepter les dépôts. Avant cette loi, les associations ne pouvaient pas légalement faire du crédit avec intérêts, et toutes les associations qui opéraient les programmes de crédit avaient un an à être autorisées comme association de microcrédit (a.m.c.) à partir du février 1999. Cette loi comporte multiples avantages pour les a.m.c., outre la simple autorisation à opérer les programmes de crédit : 8 • Les a.m.c. ne peuvent faire que le microcrédit et les opérations directement y liées, ce qui a nécessité la création de nouvelles associations spécialisées (la grande majorité des programmes de microcrédit étant un seul programme parmi d’autres programmes de développement opérés par les associations à l’époque). Puisque les institutions spécialisées dans le microcrédit ou la microfinance sont généralement les plus performantes à travers le monde, cet aspect de la loi devrait assurer un bon cadre institutionnel pour le secteur au Maroc. • La loi autorise le Ministère des Finances à fixer les taux d’intérêts spécifiques au secteur du microcrédit. Ceci est très important et montre que le gouvernement est conscient du fait que le microcrédit est un domaine spécialisé et distinct des opérations bancaires classiques, nécessitant des taux plus élevés. En plus, il est prévu que ces taux seront fixés en consultation avec le nouveau conseil consultatif du microcrédit, ce qui devrait assurer que les considérations opérationnelles et pratiques seront prises en compte au moment de décision sur ce point. (Etant donné que le conseil consultatif n’est pas encore opérationnel, le Ministère n’a pas encore fixé des taux d’intérêts pour le secteur). • Il est prévu aussi que le Ministère des Finances fixe par voie réglementaire les modèles de comptabilité pour les a.m.c. Quand une comptabilité unique sera mise en place, le secteur va bénéficier de la standardisation des rapports financiers et il sera possible de mettre en place les méthodes communes pour l’analyse financière des associations. • La loi exige les audits externes annuels. Etant donné qu’il n’existe pas encore une supervision complète des a.m.c. (voir section 2.3.3 ci-dessus), la plupart des associations ne se font pas audités de façon régulière. Une fois en place, les audits systématiques des a.m.c. assureront plus de transparence au niveau du secteur, et aideront les associations à capter d’autres sources de financement. • La loi prévoit que les a.m.c., au moment de demande d’autorisation d’exercice, doivent soumettre les projections financières qui fait ressortir leur viabilité au terme de cinq ans. Cet article devrait être positif pour le secteur en général, parce qu’il pousse les associations à penser a leur propre pérennité et pourrait exclure du secteur les associations qui n’ont pas cette vision de longe terme. Cependant, il semble que cet article n’est pas bien compris par les acteurs du secteur. La majorité des gens interviewés au cours de la mission pensent que la loi exige l’autosuffisance financière des associations au but de cinq ans. D’ailleurs, il y a des associations qui semblent prendre cet article comme excuse pour ne pas entreprendre certains types de prêts (surtout les prêts en milieu rural), disant qu’il ne leur ait pas possible de mener des opérations plus coûteuses si elles sont demandées en même temps d’atteindre l’autosuffisance si vite. Dans l’avis de la consultante, la loi devrait rester telle quel vis-à-vis ce point. Si une meilleure analyse est faite des nouvelles demandes d’autorisation, cet article peut aider à assurer l’intrant au secteur de seulement les associations sérieuses. Et, le langage actuel est très souple, sans définition du terme « viabilité » et sans sanctions pour celles qui ne l’atteignent pas. • La loi prévoit aussi la mise en place des structures et procédures importantes pour l’encadrement du secteur en général, qui, une fois opérationnelles, devraient améliorer la coordination et supervision du secteur. (Voir sections 3.1.3 et 4.2.2 ci-dessus.) 2.3 Les Caractéristiques du Secteur 2.3.1 Le Marché et la Portée du Secteur Le secteur a connu une croissance considérable pendant les quatre dernières années. De quelques milliers de clients servis par une poignée d’associations en 1997, il y a aujourd’hui 10 associations de microcrédit actives, avec à peu près 125,000 prêts en cours en septembre 2001. L’encours financier global au niveau du secteur se situe à environs 195 millions DH (US$17 millions). Cet encours est minime si on le compare avec l’encours des crédits des banques et sociétés de financement, qui était de 218 milliards DH en décembre 2000, soit plus de dix fois l’encours des a.m.c. Cependant, le nombre de personnes desservies par les a.m.c. est plus important. Au décembre 2000, les établissements de crédit ne comptaient que 20,000 clients « entrepreneurs individuels », et ces entrepreneurs ne sont certainement pas les microentrepreneurs à bas revenus servis par les a.m.c. Il faut noter quand même qu’il reste du travail à faire dans le domaine de microcrédit par rapport à la portée du secteur. Les estimations de la demande pour le microcrédit varient entre 500,000 (la Banque Mondiale, 1998) et 1.2 millions (Mourji, 2000), ce qui indique que toutes les associations ensemble ne servent que 10% à 25% du marché. La couverture faible du marché est plus prononcée si on analyse les caractéristiques des 9 clients et opérations des a.m.c. En effet, on trouve aujourd’hui une saturation d’un certain segment du marché et une couverture assez faible du reste du marché potentiel. Il n’existe pas de données sur les caractéristiques clés des entreprises clientes des a.m.c. Cependant, une analyse de l’emplacement physique des associations et des prêts qu’elles offrent, montre qu’elles sont toutes en train de desservir le même marché. Ce marché est celui du microentrepreneur urbain, opérant une microentreprise de petite et moyenne taille. Les a.m.c. desservent beaucoup de zones géographiques actuellement. Il n’était pas possible d’obtenir les informations nécessaires de toutes les a.m.c. pour pouvoir faire un éventail complète des zones couvertes. (A titre d’exemple, les quatre plus grandes associations ont chacune entre 23 et 80 agences et/ou antennes.) Donc, il n’est pas possible d’avancer les chiffres viables concernant le taux de couverture des zones urbaines et peri-urbaines et des zones rurales. Il est évident, cependant, que la grande majorité des clients actifs se trouve dans les milieux urbains. Il n’y a que deux associations qui semblent cibler de façon systématique les zones rurales (FONDEP et AMOS)4. Si on tient compte de l’emplacement des locaux des autres associations, il est évident qu’un assez faible pourcentage de leurs clients se trouve vraiment en milieu rural. Les conversations avec les associations elle-même ont confirmé cette observation. Donc, le pourcentage des clients ruraux ne dépasse probablement pas 15% du total des clients actifs au niveau du secteur. Et, il est évident aussi que beaucoup de centres urbains sont « sûr-desservies » maintenant. Une preuve est que le phénomène de « prêts croisés » dans pas mal de villes devient maintenant un souci pour la plupart des associations dans le secteur. Il s’agit de plus en plus de clients que s’endettent auprès de plusieurs institutions à la fois, ce qui montre, entre autres choses, que les associations commencent à octroyer les prêts aux mêmes individus dans les villes. D’un côté, ce phénomène de saturation est expliqué par le fait que toutes les associations ont tendance à s’implanter dans les mêmes villes. A titre d’exemple, quatre associations opèrent dans les villes moyennes comme Meknès, Fès et Tétouan (Al Amana, Zakoura et FPBMC se trouvent dans ces villes, avec une des plus petites associations dans chacune). Même dans plus petites villes plus éloignées, telles que Khénifra ou Oujda, on trouve trois associations sur place (Al Amana, Zakoura et une autre petite association). Il est compréhensible que les a.m.c. ciblent les villes plutôt que le milieu rural, et qu’elles ciblent donc les mêmes villes (dont il y a un nombre bien déterminé). Il est plus facile, de façon générale, d’octroyer les prêts en milieu urbain et il y a une demande forte dans ces milieux. L’approche à l’expansion géographique des grandes associations est aussi rationnelle – elles ont commencé avec les marchés les plus importants (plus grandes villes avec plus de clients potentiels) et ont procédé par étape à ouvrir les antennes ou agences dans les plus petites villes. Elles maîtrisent donc certains aspects d’évaluation du potentiel du marché. 4 Il semble que INMAA veut aussi cibler le milieu rural, mais elle n’a commencé ses operations de microcrédit qu’en janvier 2001et donc a très peu de clients actuellement. 10 Cependant, le problème de saturation des marchés urbains ne vient pas tout simplement du fait que toutes les mêmes associations desservent les mêmes zones géographiques. La cause de la saturation est surtout le manque de diversification de produits de prêts et des méthodologies d’octroi de prêt y liées. Toutes les associations utilisent une méthodologie d’octroi de prêt presque identique, avec très peu de variation dans les termes de prêts. La méthodologie choisie par toutes est le modèle « crédit solidaire », utilisée à offrir les petits prêts remboursables à court-terme, avec paiements fréquents. En plus, il y a très peu de différence entre les montants offerts par les différentes associations. Certaines octroient les prêts à partir de 500 DH et d’autres à partir de 1,000, et la plupart ont un maximum de 5,000, mais le prêt moyen en cours diffère très peu actuellement entre associations. A titre d’exemple, le prêt moyen en cour pour Al Amana est de 1,600 et celui de Zakoura est de 1,500 DH, et en générale la gamme est très petite (de 1,200 à 1,700 pour six des dix associations). Ce qui veut dire qu’elles sont toutes en train de touché pratiquement le même marché, au point du vu type de clients. Il dépasse le champs d’action de la présente évaluation d’analyser en profondeur la nature du « bas » et du « haut » du marché du microcrédit au Maroc. Il est cependant probable que le bas du marché, qui consiste normalement de personnes qui mènent les activités génératrices de revenus5, et qui sont parmi les plus pauvres des personnes économiquement actives, se trouve au milieu rural au Maroc. (Le développement des associations et de leurs portefeuilles jusqu’à présent fait croire que même les plus petites microentreprises dans les milieux urbains sont déjà assez bien desservies.) En ce qui concerne le haut du marché, il s’agit des microentreprises de plus grande taille ou qui ont la possibilité d’accroître leurs activités, qui vont se trouver surtout en milieu urbain. Le crédit solidaire, qui cherche à remplacer les garanties réelles avec la caution solidaire, peut être efficace pour atteindre les microentrepreneurs urbains de petite et moyenne taille, ayant besoin de financement de leur fonds de roulement. C’est à dire, le marché touché actuellement au Maroc. L’utilisation d’une seule méthodologie sur le marché explique pourquoi le bas et le haut du marché ne sont pas encore bien couverts. Le crédit solidaire est très peu approprié et efficace dans un milieu rural tel qu’on le trouve au Maroc (petits douars assez éloignés l’un de l’autre). D’autres méthodologies d’octroi de prêt ont été développées pour répondre aux besoins de ce marché, notamment la méthodologie « Banque Villageoise » et les associations informelles d’épargne et de crédit. Tant que les associations qui veulent intervenir dans le milieu rural ne changent pas leur méthodologie, on ne verra pas beaucoup de progrès dans la couverture du marché de microcrédit rural au Maroc. Le manque de connaissance des méthodologies appropriées au milieu rural explique aussi le fait que les associations n’osent pas s’aventurer dans ce milieu. Elles ont bien la volonté, mais avec leur approche actuelle, elles savent qu’elles ne peuvent pas le faire de façon efficace et ceci met à risque leur viabilité financière. 5 Ces AGR, qui sont généralement pratiqué à temps partiel ou saisonnier, et dont on trouve plusieurs au sein du même foyer, sont distinctes des microentreprises qui sont opérées à plein temps comme source principale de revenu pour le foyer. 11 Le manque de diversification des méthodologies et des produits de prêts explique aussi le manque apparent de couverture du haut du marché, c’est à dire les plus grandes microentreprises et celles en voie de développement.6 Le crédit solidaire tel que pratiqué au Maroc a tendance à être très rigide et onéreuse pour les clients et ne peut pas bien répondre aux besoins de ce genre de clients. Il serait possible de desservir une plus grande gamme de clients avec des modifications de la méthodologie et des produits actuellement offerts (et même de mieux répondre aux besoins des clients actuels). Cependant, il est probable qu’il est temps d’introduire les prêts individuels. Plusieurs associations ont déjà commencé des petits projets pilotes de prêts individuels, mais il n’est pas claire qu’elles savent comment faire ce genre de prêts selon les dernières pratiques dans le monde international de microcrédit. Le marché desservi actuellement au Maroc représente le marché du microcrédit le plus porteur partout dans le monde, et il est bien de le couvrir. Il est aussi bien de desservir les deux autres buts de la gamme de microentreprises (les plus petites et les plus grandes). Sans les modifications de la méthodologie actuelle et/ou l’introduction de nouvelles méthodologies, les associations ne vont pas pouvoir élargir de façon considérable leurs opérations, et la taille et la portée du secteur vont stagner. Ceci ne veut pas dire que toutes les associations devraient changer de méthodologie. Au contraire, les clients seront mieux desservis si chaque association commencera à mieux cibler son clientèle et en fonction de ce choix, de mettre en place une méthodologie et les produits de prêt appropriés à ces clients. Malheureusement, les a.m.c. semblent penser que le problème de saturation de marché peut être résolu avec la mise en place d’une base de données sur les clients (pour éviter les prêts croisés) et la partage des zones géographiques entre elles, à travers la nouvelle Fédération Nationale des Associations de Microcrédit. 2.3.2 Les Associations de Microcrédit Grâce à la loi sur le microcrédit, il existe aujourd’hui dix associations de microcrédit spécialisées actives au Maroc.7 Ces associations sont : Al Amana ; La Fondation Zakoura Micro-crédit; la FBPMC ; FONDEP ; AMSSF ; AIMC ; AMOS ; Al Karama ; INMAA ; et ATIL/APS. Ces deux dernières associations n’ont commencé leurs activités qu’en 2001, tandis que les autres opéraient les programmes de microcrédit pendant quelques années avant d’établir une vraie association de microcrédit telle qu’exigée par la 6 Il est possible que certaines associations sont déjà en train de toucher ce marché en partie, sans se render compte. Les associations estiment que le phénomène de prêts croisés signifie que les clients sont en train de se sûr-endetter. Ceci est possible, mais il est aussi probable qu’un nombre important de ces clients ont actuellement besoin de, et sont capable de, utiliser ces montants. Et puisque les règles et procédures sont si rigides, ils sont poussés à emprunter auprès de plusieurs associations à la fois pour faire face à leurs besoins de financement. 7 Douze associations ont été déjà agrées par le Ministère, mais les deux plus récentes – AMAP et la Fondation de Micro-Crédit de la Caisse Nationale de Crédit -- ne sont pas encore opérationnelles. 12 loi.8 Tous les acteurs sont maintenant des ONGs, parce que même les deux banques qui ont décidé de poursuivre le microcrédit ont décidé de ce faire à travers une fondation séparée de la banque. L’effet du financement du secteur et l’assistance technique fournie, ainsi que les efforts des associations elles-mêmes, sont apparents aussi. Il y a eu du progrès considérable du côté capacité institutionnelle, par rapport à l’état du secteur tel que décrit dans les rapports précédents. Comme au niveau du marché, il reste du travail à faire dans le renforcement de ces associations. Il existe de grandes disparités entre associations, du point de vue taille et capacité institutionnelle aujourd’hui. Le portefeuille et le nombre de clients actifs des deux plus grandes associations ensemble (Al Amana et Zakoura) représentent près de 70% de l’encours global du secteur (c’est à dire un encours financier de 137.7 millions DH et 86,500 clients actifs). Si on ajoute FBPMC et FONDEP, les quatre plus grandes comblent près de 90% du marché actuel. Le nombre de clients actifs des six autres associations varient entre 139 et 4,000, pour un moyen de 2,600, avec un encours financier total de l’ordre de 13.2 millions DH. Quelle que soit la taille, toutes les institutions sont toujours très jeunes, et ont connu une croissance significative pendant l’année dernière. Elles connaissent toutes, alors, certaines lacunes institutionnelles similaires, même si la nature spécifique des lacunes varient avec leur stade de développement actuel. Les associations elles-mêmes reconnaissent leurs propres faiblesses pour la plupart. Certaines de ces faiblesses sont tout à fait normal si on prend en compte l’âge des associations et d’autres ont été accentuées par la croissance rapide causée par l’injection du financement du Fonds Hassan II au cours de l’année dernière : 8 • Dans la section précédente du rapport, le manque généralisé d’une approche orientée vers le marché, par rapport au ciblage des clients et des méthodologies, a déjà été soulevé. En d’autres termes, les associations ne montrent pas pour la plupart une vision et stratégie bien développées et qui leur aient propre. En plus, elles n’ont pas les « business plans » adéquats y lies. • Les structures organisationnelles ne sont pas, en générale, adéquates pour la taille et la portée des opérations. Au sein des petites associations, les conseils d’administration et les équipes de gestion méritent beaucoup plus de développement. D’autres problèmes de structure sont évidents chez toutes les associations, et ont été exacerbés (si non causés) par les Fonds Hassan II. Ce financement a doublé les fonds de prêts disponibles au niveau du secteur sur une très courte période. L’effet est que les associations ont élargi leurs opérations très rapidement sans avoir les structures de gestion et de contrôle adéquates en place. Ceci se voit d’abords à travers le nombre d’agents de crédit par rapport au nombre d’autres employées. Normalement, ce pourcentage devrait se situer entre 40% et 60%, pour assurer l’appui nécessaire aux opérations de base. Au Maroc, on trouve que ce pourcentage est au-delà de 70% pour six des dix associations, et Il faut noter que INMAA est l’a.m.c. crée par AMSED, que intervenait dans le secteur au paravant comme institution de deuxième rang. 13 atteigne 93% pour une. Ce manque de gestion et contrôle est aussi évident, surtout chez les grandes, à travers les structures organisationnelles internes. Les opérations restent très centralisées dans ces associations, sans structures de contrôle adéquates dans la plupart des cas (telles que les succursales bien développées et dotées des vrais gestionnaires). Certaines sont en train d’adresser cette lacune, mais le progrès est lent et elles risquent de voir les problèmes graves de qualité du portefeuille. • Ce manque de contrôle structurel est exacerbé par un manque d’information de gestion adéquat. La plupart des associations ont connu des difficultés dans le développement des systèmes d’information de gestion et beaucoup opèrent jusqu’à présent sans système fonctionnel. Sans l’information, il n’est pas possible de gérer l’encours ni même de quantifier la qualité actuelle des opérations de crédit. Le manque de systèmes d’information de gestion contribue aussi aux lacunes dans la gestion financière de façon plus générale. • La maîtrise de la gestion financière n’est pas évident chez la plupart des associations. D’abords, il manque un cadre comptable approprié aux opérations de microcrédit, et les associations sont obligées d’adapter le plan comptable des entreprises à leurs besoins. Ensuite, il y a le manque d’information systématique sur le portefeuille. Finalement, il semble qu’il y a très peu de formation qui a été offerte jusqu’à présent concernant la gestion financière. Le résultat est qu’on trouve des associations qui ne sont pas capables de produire les états financiers adéquats, de faire l’analyse de leur propre situation financière, ou de faire le planning financier nécessaire. Il n’est pas possible de commenter sur la santé financière des associations, avec les données qu’elles ont fournies au cours de l’évaluation. Une chose est très apparente au niveau du secteur, cependant. Les associations sont toutes dépendantes des dons pour financer leurs portefeuilles. Près de 80% des fonds de prêt disponibles dans le secteur a été financé par les dons des bailleurs internationaux et gouvernementaux. Trois associations ont réussi à mobiliser un financement du secteur bancaire local (pour un montant qui représente à peu près 10% du financement total du secteur), mais il s’agit pour la plupart des lignes de crédit sans intérêts, donc avec le caractère de don. La mentalité d’assistant est prononcée dans le secteur. Les « petites » ne se sentent pas traitées équitablement par les bailleurs, surtout par le Fonds Hassan II. Elles ont tendance à penser qu’elles ont le droit de recevoir le même montant que les « grandes », sans reconnaître que ces fonds ont doublé ou même triplé leurs portefeuilles (même plus que les grandes) et qu’elles n’ont pas la capacité d’absorber plus d’argent pour les raisons citées ci-dessous. Cependant, même les grandes ne veulent pas considérer sérieusement la possibilité de se procurer un financement plus commercial, tout en reconnaissant qu’elles sont tout à fait capables de ce faire. 14 2.3.3 La Réglementation, Supervision et Coordination La réglementation et les structures nécessaires pour l’encadrement du secteur sont ou bien en place ou prévues par la loi. Cependant, la réglementation n’est pas encore complète et les structures en place ne sont pas encore tout à fait fonctionnelles. Le résultat est un manque de consistance au niveau de la comptabilité et des normes d’analyse financière y afférant, de transparence, d’échange d’information et de contrôle et supervision du secteur : Les sujets qui doivent être traités par voie réglementaire sont bien définis dans la loi, et le Ministère des Finances est responsable de la promulgation des décrets d’application nécessaires. Le Ministère est bien placé pour ce faire. Il manque jusqu’à présent les décrets concernant le cadre comptable et les intérêts que les a.m.c. sont autorisées à appliquer. Il faut répéter qu’il est important de tenir compte de la réalité et de la spécificité du microcrédit en fixant le taux maximum pour le secteur. Il incombe aux associations à opérer aussi efficacement que possible, ce qui leur permettra d’offrir les taux d’intérêts raisonnables aux clients. Il demeure vrai, cependant, que le microcrédit nécessite un taux d’intérêt plus élevés que celui des banques, pour que les a.m.c. puissent atteindre leur autosuffisance. Au sein du Ministère, c’est le Service des Banques à l’intérieur de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures qui assume la supervision actuelle des a.m.c. Etant donné que c’est un rôle que ce service ne joue pas normalement (la supervision des banques est faite par la Banque Centrale), et que le personnel avoue un manque de formation adéquate à ce faire, il se comprend que le service exerce très peu de supervision proprement dite. Il faut noter que normalement, la supervision des institutions de microcrédit est assez légère et ne comprend pas une analyse financière complète et régulière. Le rôle de la supervision est surtout de veiller au respect de la réglementation (montant des prêts, taux d’intérêt appliqué, respect des règles concernant l’audit). Actuellement, les associations sont exigées de soumettre les rapports trimestriels au Ministère concernant leurs activités. Ces rapports se concentrent sur un éventail des prêts octroyés et des informations simples sur les ressources et emplois de fonds pour la période en considération. Il semble que ces rapports servent plutôt de contrôle de l’utilisation des Fonds Hassan II que pour entreprendre une analyse des institutions vis-àvis le respect de la loi. En ce qui concerne la supervision que le Ministère devrait exercer, il ne semble pas en mesure de bien analyser les demandes d’autorisation d’exercice, d’entreprendre le contrôle sur place des associations, et d’exiger le respect de la réglementation concernant les audits externes. Il est prévu dans la loi qu’un nouveau Comité de Suivi soit mis en place qui sera responsable de veiller au respect des dispositions de la loi et les décrets d’application. Le décret d’application concernant ce comité a été publié en mai 2000, mais ne fonctionne pas encore. Selon le décret fixant sa composition et ses modalités de fonctionnement, ce comité sera chargé d’entreprendre le même travail que fait le Ministère des Finances maintenant. D’un côté, il est douteux qu’un comité composé des représentants des trois 15 ministères soit capable de bien fonctionner. De l’autre côté, le décret prévoit exactement la même modalité de fonctionnement exercée par le Service des Banques maintenant, donc avec tous les problèmes déjà signalés. Problèmes que devraient être accentués par le fait que deux des ministères n’ont pas à premier vu une expertise dans le monde de la finance (le Ministère de l’Intérieur et le Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales.). La coordination du secteur devrait être prise en charge par la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit. Cette Fédération a connu des difficultés depuis son début, mais sa première assemblé générale aura lieu le 4 octobre 2001. Le problème de base de la Fédération semble être des attentes trop ambitieuses concernant son rôle. Ce problème a été exacerbé par l’idée que les associations elles-mêmes (voir la Fédération) devaient être impliquait dans les décisions concernant la distribution des Fonds Hassan II. Avec cette idée et ce rôle en tête, les associations ont eu du mal à se mettre d’accord sur les principes de base de la Fédération. Il y ait survenu une division claire entre les « grandes » et les « petites » en ce qui concerne la gouvernance de la Fédération, surtout autours de la question d’égalité de représentation. D’un côté, les grandes ont proposé des cotisations selon la capacité financière de l’association, mais avec plus de « votes », et de l’autre côté, les petites voulaient des cotisations et des voix égales. Il est probable que sans la question de qui devrait recevoir quel pourcentage des fonds sur la table à l’époque, la question de « votes » n’serait pas survenue. Donc, la Fédération n’est pas fonctionnelle jusqu’à présent, et risque de confronter les problèmes continus si son rôle et les attentes ne sont pas réduits. D’un côté très positif, toutes les associations pensent que la Fédération devrait jouer le rôle fondamental d’encourager l’échange d’informations au niveau du secteur, ainsi que de formuler les règles déontologiques. Il existe une dernière structure d’encadrement prévue par la loi – un Conseil Consultatif du Microcrédit – que doit jouer un rôle important. Le décret fixant sa composition et ses modalités de fonctionnement a été promulgué en même temps que le décret sur le Comité de Suivi. Le conseil n’est pas encore opérationnel, en attendant la mise en œuvre de la Fédération. Ce conseil sera consulté sur toutes les questions liées à l’octroi et au développement du secteur, telles que les demandes d’autorisation d’exercice et les montants et taux d’intérêts maximums. Il est composé de 15 membres, dont seulement 3 du secteur de microcrédit (nommés par la Fédération). Vu le nombre de membres et le fait que la majorité vienne des organismes soit gouvernementaux soit politiques, ce conseil risque de pas bien jouer son rôle au bénéfice du secteur. 3 Les Besoins du Secteur du Microcrédit Les besoins d’appui et d’encadrement dans le secteur du microcrédit au Maroc aujourd’hui découlent des observations ci-dessous. Pour les résumer : 3.1 Le Renforcement Institutionnel Les associations ont besoin d’assistance technique continu dans les domaines suivants : une meilleure connaissance et ciblage de leurs clients et les méthodologies d’octroi de prêt ; le développement des « business plans » plus professionnels, y compris les 16 projections financières adéquates ; l’amélioration des structures internes d’organisation, de contrôle et de gestion ; le développement ou la sélection de systèmes d’information de gestion ; et, la gestion financière appropriée. Il est important de souligner, cependant, que toutes les associations ne sont pas au même niveau ou stade de développement. Donc, le besoin existe pour une assistance individualisée. Les associations devraient être aussi déjà au stade de pouvoir déterminer leurs propres besoins en assistance technique. Il faut signaler aussi que les besoins en renforcement institutionnel, de façon générale, sont les plus importants besoins au sein du secteur aujourd’hui. 3.2 Le Financement Il y aura un besoin continu du financement au niveau du secteur en générale. Les petites associations ont actuellement le plus besoin de financement continu pour pouvoir atteindre leur seuil de rentabilité. Cependant, un financement qui encourage l’expansion des opérations actuelles (de quelle que soit l’association) n’est pas souhaitable, tant que les faiblesses institutionnelles mentionnées ci-dessous ne sont pas comblées. Le besoin de financement n’est urgent pour aucune association. Le financement additionnel viendra, cependant, et le secteur aura besoin d’un financement qui est plus commercial en nature. Un tel financement aura l’effet de les préparer à accéder au financement bancaire proprement dit et pour certaines, d’éventuellement se transformer en institutions dépositaires. Les associations bénéficieront aussi des critères de financement plus rigoureux, basés sur la performance institutionnelle plutôt que sur la taille et la portée de leurs opérations. Ceci va les encourager à prendre au sérieux leur renforcement institutionnel. Il faut comprendre que même avec un financement plus commercial et rigoureux, les institutions auront besoin, de temps à autre, des subventions opérationnelles, occasionnées par la croissance, et aussi pour améliorer les structures déjà existantes. 3.3 La Réglementation, Supervision et Coordination Il y a un besoin urgent des modèles de comptabilité, et pour une meilleure intégration du secteur au Maroc à la communauté internationale de microcrédit, le secteur bénéficiera des modèles qui suivent les modèles acceptés et pratiqués par cette communauté. Etant donné l’importance que certaines associations prennent vis-à-vis du marché d’offre de services aux microentrepreneurs, le secteur bénéficiera d’autres normes réglementaires, surtout des règles concernant la solvabilité (multiplicateur de fonds propres). Une fois les modèles de comptabilité en place, les associations ont besoin d’être auditées annuellement par les firmes de comptabilité agrées, avec une compétence dans les domaines de microcrédit si possible. Le secteur a besoin aussi d’une supervision légère de la part d’une entité gouvernementale, pour assurer le respect de la réglementation. Le secteur a besoin aussi des définitions communes concernant les ratios clés à être analysés. Ces définitions, qui peuvent être établies selon les modèles des états financiers mis en place, assureront non seulement une meilleure performance individuelle des associations, mais aussi un échange valable d’information et une comparaison entre 17 associations. Pour ce faire, les associations ont besoin de trouver un moyen d’améliorer la communication entre elles et de mieux s’entendre de façon générale. Le secteur a besoin d’un échanger plus libre d’informations et pourra bénéficier de la mise en place d’un système de gestion de risque commun (base de données sur les clients pour éviter en partie les prêts croisés). 4 Les Recommandations Les recommandations suivantes sont basées, entre autres choses, sur un principe important – les différents types d’appui qu’il faut fournir et/ou fonctions à remplir maintenant doivent être pris en charge par les entités distinctes. Pour éviter les conflits d’intérêts et en tenant compte des compétences nécessaires, il est nécessaire de dissocier la fonction d’assistance technique de la fonction financement, la fonction supervision de la fonction financement, et la fonction coordination des autres fonctions. 4.1 L’Appui aux Associations 4.1.1 L’Assistance Technique Il est recommandé de consacrer au moins 10% des prochains Fonds Hassan II à l’établissement d’un fonds d’assistance technique pour le secteur et de confier sa gestion à une entité spécialisée et consacrée à ce faire. Cette entité ne sera pas demandée à fournir l’assistance directement aux associations, ni de mettre en place les programmes de formation destinés à toutes les associations. Son rôle sera plutôt d’identifier l’assistance la plus appropriée pour chaque association, de la coordonner, et de la financer, sur demande des associations. Puisque toutes les compétences nécessaires pour ce faire n’existent pas dans le pays, il est suggéré d’engager une firme internationale qui peut assurer la gestion de ce fonds. Il sera bien qu'une telle firme puisse travailler en concertation avec les firmes ou consultants locaux. Il faut souligner que cette firme doit pouvoir travailler efficacement à plusieurs niveaux. D’abords, elle doit pouvoir travailler avec chaque association pour les aider à bien cerner leurs besoins de façon précise, quand besoin en est. Quoi que les associations devraient être à un stade maintenant de pouvoir définir leurs propres besoins, beaucoup d'entre elles auront besoin d’assistance dans ce domaine parce qu’elles n’ont jamais eu à le faire. Ensuite, elle doit connaître les différentes sources et moyennes d’assistance technique disponibles dans le monde et pouvoir mettre ensemble les demandes d’assistance avec la source et moyenne la plus appropriée. Finalement, elle doit avoir la capacité de gérer les logistiques liées à la participation de différentes associations à des types d’assistance très variés, ainsi que le financement. Il serait bien de coordonner cet effort avec le programme d’audit qui va être mis en place bientôt par l’USAID. Ce travail pourra servir de base pour l’assistance continue. Il est aussi important de souligner que l’assistance fournie à travers l’arrangement suggéré doit 18 être librement accessible à toutes les associations, quelle que soit la taille. C’est à dire, l’assistance sur demande. Rôle du Gouvernement : Allouer au moins 10% du prochain financement du Fonds Hassan II à l’établissement d’un Fonds d’Assistance Technique. Rôle du PNUD : Préparer et lancer un appel d’offre concernant l’assistance technique, choisir une firme, et gérer le contrat. 4.1.2 Le Financement Etant donné qu’il est probable que le Fonds Hassan II va mettre un nouveau financement à la disposition du secteur, il est recommandé de créer une nouvelle institution de second rang pour gérer le financement du secteur en générale. Cette institution « apex » pourra canaliser les fonds non seulement du Fonds Hassan II mais aussi des fonds venant d’autres bailleurs qui ne veulent ou ne peuvent pas traiter directement avec les a.m.c. L’institution pourra aussi faciliter le financement bancaire des a.m.c. Cette entité remplacerait le Ministère des Finances en ce qui concerne son rôle actuel de recherche et distribution du financement du secteur. Une fois encore, on souligne le conflit d’intérêts actuel au sein du Ministère qui joue le rôle de financeur et de contrôleur du secteur. Une institution pareille assurera une approche plus standardisée au financement, et pourra être l’outil pour introduire un financement plus commercial. Cette entité n’a pas besoin d’une structure lourde – ces fonctions devraient pouvoir être remplies avec un staff minimum, de deux ou trois personnes. L’entité doit être surtout capable d’entreprendre une analyse institutionnelle des associations demandant un financement, à fin d’assurer la transparence et les décisions responsables. Elle doit aussi, évidement, pouvoir bien gérer les fonds qui lui sont confiés à la gestion par le gouvernement ou d’autres bailleurs. Le financement offert par cette entité doit être basé sur ce genre d’analyse de capacité et performance institutionnelle et l’accès continu au financement par les associations doit être conditionné de façon similaire. Il faut souligner que cette entité ne sera pas demandée de distribuer les fonds de façon « équitable », mais de répondre aux demandes précises et bien fondées des associations elles-mêmes, tout en tenant compte des vœux des bailleurs de fonds. Cependant, il sera prudent que le montant des fonds alloués à une seule association soit limité pour des raisons de gestion de risque, comme fait toutes les institutions financières. L’entité doit être indépendante et capable de négocier les termes de financement appropriés et bénéfiques au secteur. Il est fortement suggéré, par exemple, que cette entité offre le financement des fonds de prêt sous forme de prêts subventionnés (ou peut- 19 être en offrant les garanties pour faciliter le financement bancaire), accompagnés de subventions opérationnelles comme nécessaire. Pour assurer son indépendance, il est recommandé que l’entité soit privée et à but non-lucratif. Le secteur bénéficiera aussi d’une meilleure coordination entre bailleurs de fonds, internationaux et gouvernementaux, ainsi que de la mise en place des principes d’appui au secteur qui régleraient les actions de tous les bailleurs. Le PNUD est le mieux placé pour prendre le rôle de catalyseur dans ce sens. Il s’agit de prendre la responsabilité d’organiser les réunions régulières entre bailleurs et d’assurer qu’ils s’entendent sur les principes concernant leurs rôle et actions en tant que bailleur. Rôle du Gouvernement : Assurer la création de cette nouvelle institution financière de deuxième rang et la dotée de ses premières ressources, en lui confiant la gestion des prochaines tranches du financement du Fonds Hassan II destinées au secteur. Participer activement aux tables rondes des bailleurs de fonds et à l’établissement des principes d’appui. Rôle du PNUD : Financer l’assistance technique, si besoin en est, pour la mise en place de cette nouvelle entité et pour la formation de son personnel. Assumer le rôle de coordinateur des bailleurs de fonds. 4.2 L’Appui au Niveau du Secteur 4.2.1 La Réglementation Le Ministère des Finances a déjà été chargé, par décret du 20 mars 2000, de fixer les modèles des états comptables des a.m.c., après avis du conseil national de la comptabilité et du conseil consultatif. Il est recommandé que le Ministère procède à se faire aussi vite que possible. Il est recommandé que les personnes ou entités concernées prennent connaissance du matériel qu’existe sur ce sujet au niveau international, notamment les publications de CGAP. Il est aussi recommandé que le Ministère commence à penser à concevoir d’autres règles prudentielles, telles que celles liées à la solvabilité (multiplicateur des fonds propres). 20 Rôle du Gouvernement : Assurer que la conception de modèles de comptabilité sera bien et rapidement faite et que le décret d’application soit promulgué aussi vite que possible. Commencer à travailler sur d’autres règles prudentielles. Rôle du PNUD : Financer, si besoin en est, une assistance technique extérieure à l’équipe chargée d’entreprendre ce travail. 4.2.2 La Supervision Il est recommandé d’instituer une unité consacrée à la supervision des a.m.c., au lieu de confier ce travail à un comité de suivi. Cette unité aura comme responsabilité clé le contrôle du respect des dispositions de la loi sur le microcrédit et les textes pris pour son application. Cette unité devrait veiller à ce que toutes les associations soient auditées selon la loi, et devrait pouvoir bien analyser les demandes d’autorisation d’exercice. Pour répondre à ces responsabilités, l’unité doit développer une maîtrise du microcrédit, rester en communication régulière avec les associations de microcrédit, et pouvoir entreprendre les visites de supervision sur le terrain. Cette unité pourrait se trouver ou au sein du Ministère des Finances, qui a cette responsabilité maintenant,ou pourrait être basée à la Banque Centrale. Le Service des Banques au Ministère a déjà une certaine connaissance du secteur et une expérience dans sa supervision. Mais, il n’a pas l’habitude d’effectuer la supervision des autres institutions financières. De l’autre côté, la Banque s’intéresse très peu à la supervision du secteur, ce qui est normale étant donné qu’il s’agit de petites institutions non-dépositaire. Pour cette raison, quand il existe une entité de supervision pour ce secteur dans d’autres pays, il est le plus souvent basée au Ministère. Cependant, il est probable que certaines associations vont pouvoir et vouloir se transformer un jour en institution de microfinance dépositaire. Pour cette raison, et parce que la Banque Centrale supervise les autres institutions financières, il est aussi possible de baser cette entité au sein de la Banque Centrale. Les deux solutions peuvent marcher -- l’important est d’assurer que cette fonction est comblée de façon plus régulière qu’aujourd’hui. 21 Rôle du Gouvernement : Décider où l’unité de supervision doit être située et veiller à sa mise en place et/ou son renforcement. Rôle du PNUD : Financer l’assistance technique nécessaire. 4.2.3 La Coordination Il est recommandé que toutes les parties intéressées, particulièrement les associations et le Ministère des Finances, acceptent de minimiser leurs attentes de la Fédération. Il est suggéré que son objet et ses fonctions soient réduits au minimum, c’est à dire, l’échange d’information entre associations et l’établissement des règles de déontologie (y compris une définition commune des termes et ratios financiers liés à la performance des associations). Il est particulièrement important que le Ministère des Finances, ou d’autres bailleurs de fonds à l’avenir, ne demande pas à la Fédération de participer dans les discussions concernant les critères de distribution de financement parmi les associations. Il n’est aussi pas approprié de demander à la Fédération de veiller à l’application de la réglementation par ses membres. L’auto-supervision du secteur de microcrédit ne s’est pas montrée efficace dans d’autres pays, et il reste un rôle à être jouer par le gouvernement. Pour aider les associations à rendre la Fédération vraiment fonctionnelle, il est recommandé que le PNUD identifie et finance une assistance technique dans ce sens (par exemple, une brève visite d’un consultant du réseau SEEP suivie d’un contact régulier). Une telle assistance devrait se concentrer sur une révision des statuts actuels de la Fédération, pour examiner les moyens de la rendre plus efficace en ce qui concerne son objet, sa gouvernance et son mode de fonctionnement. Il est aussi recommandé de réduire le nombre et le type de membres du Conseil Consultatif pour le rendre plus apte à bien répondre aux besoins du secteur. Si ce conseil est demandé à donner son opinion concernant les sujets clés à la réussite du secteur (tels que les modèles de comptabilité, le taux d’intérêt maximum, les montants maximums de microcrédit et les demandes d’autorisation d’exercice, entre autres), il sera mieux que les membres soient limités aux personnes ayant les connaissances et expertises directement y liés. Il sera mieux aussi que le nombre de membres en générale, et le nombre de représentants par organe, soit réduit, pour atteindre une meilleure balance entre les instances gouvernementales et privées et pour rendre le conseil plus capable de délibérer efficacement. 22 Rôle du Gouvernement : Reconstituer le Conseil Consultatif. Rôle du PNUD : Identifier et financer une assistance technique pour la Fédération. 23 Evaluation du Secteur de Microcrédit Septembre 2001 Annexe 1 Personnes Rencontrées Septembre 3 au 14, 2001 UNDP Morocco Mohamed Bouassami Representant Resident Assistant (Programme) Miriam Cue Chargee de Programmes D.I.S. Fouzi Mourji Professeur d’Econometrie a l’Universite Hassan II Association Al Amana pour la promotion des microentreprises Rabat Fouad Abdelmoumni Directeur Paul Rippey Technical Advisor, VITA Fondation Banque Populaire pour le Micro Credit (F.B.P.M.C.) Casablanca Abdelhamid Rouini Responsable du Programme Micro Credit Fondation Zakoura Micro-Credit Aziz Heddad Directeur des Operations de Credit Casablanca Mounia Ismaili Chef de Representation, Tetouan Fama Boughabi Responsable Regionale (Tangers) U.S.A.I.D. Jamal Dadi Program Development Specialist (responsiblefor microcredit programs) Fondation pour le Developpement Local et le Partenariat (FONDEP) Rabat Mouatassim Belghazi President Jaouad Alami Masmoudi Delegue General Rashid Imad Controle Interne Association MicroCredit Oued Srou (AMOS) Khenifra Mohamed Oumaycha Directeur Azis M’handi Coordinateur Mohamed Ahlibou President du Conseil Association Ismailia Micro Credit (AIMC) Meknes Abdelhafit Lamrani Responsable Local du Micro Credit Association Marocainne Solidarite San Frontieres (AMSSF) Fes Nedia Mannaoui Directrice Abdelghani Sbai Responsable du Credit ATIL Micro Credito Associazione per la partecipazione allo sviluppo (APS) Tetouan Ghailan Mehde Tresorier du Conseil d’Administration Latifa Lamarti Expert de genre Alia Benaziba Coordinatrice ATIL-MC Paulo Ferrari Coordinateur APS Fundacio CODESPA Tetouan Juan Melenchon Delegue au Maghreb (based in Tangers) Association AL KARAMA-MC (Oujda) Rabat Rachid Essahar Directeur Superviseur Abdelhrim Afi Tresorier du Conseil d’Administration El Houan Bonhyeb Membre du Conseil d’Administration Al Aissami Nouanan Membre du Conseil d’Administration Banque Al-Maghreb (Central Bank) Benabdou Allah Ahmed Directeur Responsable de la Direction du Credit et des marches de Capitaux Institution maroccaine d’appui a la micro-entreprise (INMAA) (Ourzazate) Rabat Mustapha Ouchrahou Directeur Mme. Bachar Badioa Directice par Interim AMSED Abole Latif Bouazza Tresorier du Conseil d’Administration Caisse Nationale de Credit Agricole (CNCA) Rabat M. Ainhlout Chef de Departement Adjoint des Credits Promotionnels et a la Femme Rurale Ministere de l’Economie et des Finances Abdelilah Marcil Adjoint au Directeur du Tresor et des Finances Exterieures Mme. Ikhlas Amghar Chef du Service des Banques Direction du Tresor et des Finances Exterieures Mlle. El Attar (Responsable pour les dossiers des associations de microcredit) Direction du Tresor et des Finances Exterieures Delegation de la Commission Europeenne MEDA Team Maroc Abdelaziz Lyamouri Expert secteur prive Agence pour la Promotion et le Developpement Economique et Social des Prefectures et Provinces du Nord du Royaume (Agence du Nord) Haddou Hrouch Chef du Departement des Affaires Generales et de la Cooperation Internationale Mlle. Amal Bahij Chargee d’Etudes Division de la Cooperation Internationale Ambassade d’Espagne a Rabat Bureau Technique de Cooperation Juan Pena Fernandez Coordonnateur General de la Cooperation Espagnole au Maroc Paloma Sancho Martin Expert Coordonnatrice Agence Francaise de Developpement PROPARCO Gerald Collange Directeur-Adjoint Evaluation du Secteur du Microcrédit Septembre 2001 Annexe 2 L’Appui au Secteur du Microcrédit au Maroc1 Bailleur de Fonds USAID • • • Fonds Hassan II • Financement des Fonds de Prêt et Subventions Opérationnelles US$ 15.5 millions pour Al Amana (1997 à 2002), pour son démarrage et développement US$ 0.5 millions pour Zakoura (2000), pour le microcrédit dans la région du sud US$ 0.2 millions pour INMAA (2000, pour le microcrédit dans la région du sud 100 millions DH octroyés sous forme de dons aux 9 a.m.c. opérationnelles en 2000, pour financer les fonds de prêts seulement (premières tranches décaissées en 2000, deuxièmes tranches décaissées en septembre 2001) Assistance Technique • • • Autres Financement de l’assistance directe et spécialisée fournie par VITA est inclus dans l’enveloppe global En train de préparer un programme de courte durée (2 à 3 mois) qui vise un audit organisationnel de certaines a.m.c., suivi d’une assistance ponctuelle, par des consultants locaux • Néant • • Va entreprendre un programme de financement de l’habitat (au niveau micro), à travers les a.m.c., financé par les banques avec une garantie de l’USAID Va continuer d’appuyer Al Amana, mais dans le développement des services non-financiers (services de développement d’entreprise et les microcrédits pour l’énergie solaire) Néant 1 Ces informations ont été communiquées à la consultante lors des reunions avec les bailleurs de fonds. S’il y a des erreurs, c’est le résultat d’une mauvaise interprétation de la part de la consultante. 1 Bailleur de Fonds PNUD • • La Commission Européenne • La Coopération Espagnole • CODESPA (en canalisant les fonds du gouvernement espagnole) • • • Financement des Fonds de Prêt et Subventions Opérationnelles US$ 0.15 millions (fonds de prêt et sub. op.) chaque pour Zakoura, AMSSF, Al Karama, AIMC et FONDEP, dans le cadre du programme Microstart Coordonne le financement d’autres bailleurs régionaux (AGFUND et FADES) pour certaines a.m.c. US$ 0.5 millions pour Zakoura (fonds de prêt), accordés mais non encore décaissés, en attendant la mise en place de l’assistance technique prévue Ne finance pas directement le secteur, mais intervient à travers les ONGs espagnoles. Voir CODESPA ci-dessus. A financé AMSED en 1996 (pas de détails) Ensuite a financé AOS (pas de détails) et FONDEP (4 millions DH) A financé un plus grand programme avec FBPMC (1998-2002), 10 millions DH Assistance Technique • • • Autres Financement de l’assistance technique fournie par Save the Children et D.I.S. (ateliers et consultatations) aux a.m.c. financées dans le cadre du programme Microstart US$ 0.2 millions pour l’assistance technique pour Zakoura • A être déterminé • Néant Selon nouvelle stratégie, vient de commencer un programme important de développement institutionnel avec Al Amana, qui va comprendre le « rating », suivi d’un appui institutionnel sur 4 ans • Opère d’autres programmes qui comprennent parfois les petits volets microcrédit A organisé, avec la FPBMC, un atelier international sur le microcrédit en 2000 En train de devélopper un programme de 15 à 20 millions DH sur 4 ans pour créer les services de développement d’entreprises au Maroc, avec Al Amana • • 2 Bailleur de Fonds Agence du Nord • Gouvernement Italienne2 • • Agence Francaise de Développement • Financement des Fonds de Prêt et Subventions Opérationnelles Gère un fonds rotatif pour financer les fonds de prêts des a.m.c. sous forme de prêt sans intérêts remboursables sur 7 ans. A déjà octroyé des prêts à la FONDEP et Al Amana (1.5 millions DH chacune) et compte octroyer de prêts additionnels à ces deux a.m.c. dans une proche avenir, et de financer ATIL, avec les fonds à recevoir du gouvernement français 2 millions DH pour le fonds de prêt d’ATIL sur 3 ans, plus une subvention opérationnelle, à travers l’ONG partenaire Italienne APS Un certain appui à l’AMOS à travers l’ONG COSPE, dans le cadre d’un programme de développement intégré Néant Assistance Technique • Néant • Financement du coût d’assistance technique fourni à l’ATIL par APS, le partenaire Italien • Néant Autres • Néant • Néant 2 Les informations concernant les interventions du gouvernement Italienne ont été recues des a.m.c. en question, un représentant responsible n’étant pas present au Maroc. 3