DIABOLOGUM En 1990, quatre amis se retrouvent régulièrement
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DIABOLOGUM En 1990, quatre amis se retrouvent régulièrement
DIABOLOGUM En 1990, quatre amis se retrouvent régulièrement dans un appartement à Toulouse. Ils animent une émission de radio, baptisée Infra. Ils passent de tout, du rock, du jazz, de la musique expérimentale, réalisent des collages sonores et développent un concept baptisé « infrisme », qu’ils définissent comme étant « l’idée moins un ». Sous le nom de Diabologum, Michel Cloup (guitares, harmonica, voix), Arnaud Michniak (guitares, piano, voix), Anne Tournerie (piano, orgue, guitare, voix) et Pierre Capot (basse), enregistrent dans un appartement sur un quatre pistes, une maquette. Signés sur le label Lithium, C’était un lundi après-midi semblable aux autres… paraît en 1993. Ecrites et enregistrées rapidement, ces douze chansons partent un peu dans tous les sens et mélangent les styles pour mieux brouiller les pistes, entre pop, néo-folk américain, et rock. Le groupe utilise des bribes de disques qu’ils écoutent à l’époque, les Beach Boys, Nirvana, et même Dali en introduction (« Attention à jouer au génie parce qu'on risque de le devenir »). Diabologum reprend un morceau de Jad Fair, un autre de Bongwater, « Le Courage des oiseaux » de Dominique A. Ce dernier se cache d’ailleurs sous le pseudonyme de John Love, et chante dans « Le Discours de la méthode ». Dans « Sticky hair-pin », le groupe se sert d’un extrait du film Sailor & Lula, de David Lynch, celui de l’accident de voiture, et habille les dialogues de quelques guitares. L’année suivante, Diabologum publie son deuxième album, Le goût du jour. Sur le single « Les garçons ont toujours raison », on découvre une reprise pleine de larsens du morceau « Aussi belle qu’une balle » de Taxi Girl. Pour ce deuxième opus, le quatuor est rejoint sur quatre titres par Denis à la batterie, qui lors des concerts deviendra membre à part entière du groupe, et par un clarinettiste. A côté de morceaux indéniablement rocks, aux guitares saturées (« L’art est dans la rue », « Heaven boulevard », « Palladium rock », « Les garçons ont toujours raison »), une tonalité plus pop fait son apparition, notamment sur « Une histoire de Flesh », « Le jeudi tout est dit », « Ding a dong (down down) », « La facilité », parodie selon Michel de « groupes pop chantilly », ou encore « L’usage des mots ». Le groupe a volontairement travaillé ce deuxième album dans une optique plus pop-rock, voire conventionnelle, afin de se débarrasser d’une image d’intellos que la presse leur avait donné suite à leur premier. Résultat, ils approfondissent le côté chanson de leur compositions, en optant pour des structures plus classiques. Après cette sortie, le groupe ne cesse de tourner. Par contre sur scène, le ton se durcit. Les versions des morceaux sont nettement plus violentes que sur disque. Suite au départ d’Anne Tournerie et de Pierre Capot, Diabologum recrute par petite annonce un nouveau bassiste, Richard. Avec lui, la section rythmique se durcit. Le groupe se remet à répéter, à travailler de nouvelles compositions, en repartant de zéro. Leur second album ne reflétait aucunement ce qu’ils écoutaient à l’époque, en l’occurrence des formations hardcore comme les Butthole Surfers. Cette tendance plus extrême réapparaît dans leurs nouveaux morceaux. Enregistré en live sur un 24 pistes, #3 sort à l’automne 1996. Diabologum, avec cet album, que certains ont qualifié de chef d’œuvre, bouleverse les données du rock français, voire du rock tout court. Musicalement plus rock certainement (« De la neige en été », « Il faut », « 365 jours ouvrables », « Un instant précis »), plus agressif que les précédents, #3 s’ouvre à d’autres styles musicaux, le rap notamment (la rythmique de « Les Angles »), le trip hop (l’instrumental « Dernier étage », construit autour d’un sample de Neil Young), introduit des notes de piano légèrement dissonantes sur le morceau le plus expérimental (?) (« Une histoire de séduction »). Surtout, l’unité du disque provient des voix, qui ne sont plus chantées, mais parlées ou scandées en français uniquement, d’une quasi absence de mélodie, et de textes sombres sur le quotidien : « … à part la destruction je ne vois rien venir/Le pire c’est qu’il va falloir se maintenir/En première division des bons à rien/Si je veux gagner mon pain… » (« Il Faut »). « A découvrir absolument » est une succession de tranches de vie, placées l’une à la suite de l’autre, comme un programme télé. « La Maman et la putain » est construit autour d’un monologue du film du même nom de Jean Eustache. Issue d’une improvisation sur scène, avec le film projeté sur une télévision, la musique de ce morceau permet au groupe de créer une nouvelle émotion autour du dialogue, sans le support de l’image. L’album se termine par une reprise de « Blank Generation » de Richard Hell, interprétée sobrement à l’orgue, avec au milieu le sample de l’original. Diabologum part en tournée peu après la sortie du disque, et durant une grande partie de l’année 1997, se produisant notamment aux côtés de Noir Désir. Le groupe se sépare en 1998, après avoir enregistré « Et si nous n’avions pas été là l’histoire aurait été la même mais racontée par d’autres », en duo avec Daniel Darc, sur Comme un seul homme, compilation au profit de France adot, association luttant pour le don d’organe. Arnaud Michniak fonde Programme et Michel Cloup, Experience. © Le Hall de la Chanson