Prédication : Actes 1/3-4, 8-11 - Paroisse Protestante de Graffenstaden

Prédication : Actes 1/3-4, 8-11
La fête de l'Ascension. Ils sont rares, ceux de nos concitoyens qui savent ce que représente la
fête de l'Ascension. On ne parle d'ailleurs plus de fête de l'Ascension, on parle du pont de
l'Ascension. Pour les jeunes du catéchisme, l'Ascension, ce sont effectivement quelques jours
de congés rabiotés dans un mois de mai qui ressemble à un gruyère, tellement il y a de trous,
tellement il y a de ponts. L'Ascension est devenue le signe précurseur, annonciateur des
grandes vacances, des vacances d'été. Ceci étant dit, nos concitoyens savent de moins en
moins ce que signifie Noël, ou Pâques. Ne parlons pas de Pentecôte, d'Épiphanie, ou de la
Trinité.
Mais à propos de l'Ascension, je vous propose ce matin de nous remettre un peu les idées en
place, et de nous pencher sur ce que représente cette fête pour les chrétiens, et pour les
autres aussi d'ailleurs. Voyons donc ce qu'en dit la Bible. Nous sommes dans le livre des Actes
des Apôtres, le livre qui raconte les premiers pas de l'Église naissante :
Après sa mort, Jésus se présente à ses apôtres, et il leur prouve de plusieurs façons qu’il est bien
vivant. Pendant 40 jours, il se montre à eux et il leur parle du Royaume de Dieu.
Un jour, pendant qu’il mange avec eux, il leur donne cet ordre : "Ne quittez pas Jérusalem, mais
attendez ce que le Père a promis. Moi–même, je vous l’ai déjà annoncé : Vous allez recevoir une
force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde."
Après que Jésus a dit cela, il monte au ciel sous les yeux de ses apôtres. Ensuite, un nuage le
cache, et ils ne le voient plus. Mais pendant que Jésus s’éloigne, les apôtres continuent à
regarder le ciel. Tout à coup, deux hommes en vêtements blancs sont à côté d’eux.
Ils disent aux apôtres : "Hommes de Galilée, vous restez là à regarder le ciel. Pourquoi donc ?
Jésus vous a quittés pour aller vers le ciel. Et il reviendra de la même façon que vous l’avez vu
aller vers le ciel."
À propos de la fête de l'Ascension, il me semble qu'il y ait quelques points importants à
clarifier, pour que, au moins vous qui êtes là ce matin, vous puissiez comprendre vraiment le
sens de cette fête vraiment bizarre dans nos calendriers. Notons déjà qu'elle se situe un jeudi,
tous les ans, un jeudi, le même jeudi, pourrait-on dire puisque c'est le 40ème jour après Pâques.
Il y a certainement une symbolique là-dedans. Le chiffre 40 est toujours symbolique dans la
Bible : les 40 jours de pluie du Déluge, les 40 années dans le désert pour le peuple conduit par
Moïse, les 40 jours de l'ascension de l'Horeb par Élie, les 40 jours de jeûne du Christ dans le
désert. À chaque fois, cela correspond à une période d'attente, une période de mise à
l'épreuve. Jésus a commencé son ministère par les 40 jours dans le désert, il le termine sur
cette période de 40 jours, entre Résurrection et Ascension.
Car avec l'Ascension, c'est le ministère terrestre de Jésus qui touche à sa fin. La période de son
incarnation touche à sa fin. Le Christ retourne dans la gloire du Père. C'est cela la 1ère leçon à
retenir de ce jour de fête. C'est une manière de conclure ainsi la première partie du plan de
Dieu : Dieu s'est fait homme. Cela nous le fêtons à Noël. Cet homme Jésus a proclamé l'amour
de Dieu à tous les hommes. Cet homme est mort sur la croix pour le pardon des péchés de
toute l'humanité. Cela nous le fêtons le Vendredi-Saint. Cela ne pouvait toutefois pas être le
dernier mot. Le dernier mot n'appartient pas à la mort. Il appartient à la vie. C'est pour cela
qu'il y a eu la résurrection. C'est ce que nous célébrons le matin de Pâques. Et pour fermer la
boucle, l'homme Jésus retourne près de Dieu, d'où il est venu. C'est ce que nous fêtons
aujourd'hui, jour de l'Ascension. Pour bien comprendre cela, ouvrons l'évangile de Jean, dans
les premiers versets : Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la
Parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu. Par elle, Dieu a fait toutes
choses et il n’a rien fait sans elle… … La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi
nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique,
plein d’amour et de vérité. Jean nous parle là de Jésus. Il était avec Dieu, il était Dieu, et le jour
de l'Ascension, il retourne auprès de Dieu, d'où il était venu. Ne me demandez pas comment
cela s'est fait. Je n'en sais rien. Une des définitions de la foi consiste à accepter certains
mystères sans chercher à les comprendre. La foi qui serait en mesure de tout expliquer ne
serait plus la foi. Ce serait la raison.
Revenons un peu à ce que nos concitoyens savent de l'Ascension. C'est un pont, quelques jours
de congés grappillés au cours du mois de mai. Jouons un peu sur les mots. Vous savez que
j'aime bien cela. Congés, oui, bien sûr, puisque c'est le moment où Jésus prend congé de ses
amis. Un pont bien sûr. Un fantastique pont entre la terre et le ciel. Parce c'est bien de cela
qu'il s'agit. Par la croix, Jésus a dégagé le chemin qui conduit jusqu'à Dieu. Plus d'intermédiaire,
plus de grand-prêtre qui officie devant et derrière le rideau. Plus de "saint des saints". Jésus
offre aux hommes, par la croix, l'accès direct à Dieu. Avant, avant la croix, aucun homme
n'était assez digne pour se présenter devant Dieu. Même Moïse n'a pas pu s'approcher du
buisson ardent. Même Élie a du se cacher le visage sur l'Horeb. Le grand-prêtre entrait dans le
Saint des saints à reculons pour présenter les péchés du peuple. Le jour où la croix s'est
dressée sur le Golgotha, le rideau s'est fendu. L'accès à Dieu est libre, dégagé, par la mort du
Christ.
En retournant auprès de Dieu d'où il est venu, Jésus jette un pont définitif entre Dieu et les
hommes. L’Ascension est le sceau et la conséquence nécessaire de la résurrection de JésusChrist. Après son humiliation sur la croix, il est maintenant souverainement exalté : Entre vous,
conduisez–vous comme des gens unis au Christ Jésus. Lui, il est l’égal de Dieu, parce qu’il est
Dieu depuis toujours. Pourtant, cette égalité, il n’a pas cherché à la garder à tout prix pour lui.
Mais tout ce qu’il avait, il l’a laissé. Il s’est fait serviteur, il est devenu comme les hommes, et
tous voyaient que c’était bien un homme.
Il s’est fait plus petit encore : il a obéi jusqu’à la mort, et il est mort sur une croix ! C’est
pourquoi Dieu l’a placé très haut et il lui a donné le nom qui est au–dessus de tous les autres
noms. Alors tous ceux qui sont dans le ciel, sur la terre et chez les morts tomberont à genoux
quand ils entendront le nom de Jésus. Et tous reconnaîtront ceci : Jésus–Christ est le Seigneur,
pour la gloire de Dieu le Père. C'est Paul qui en parle ainsi dans la lettre qu'il adresse aux
Philippiens.
Et je vous propose de continuer dans les jeux de mots. Ascension, un pont qui annonce le pont
de Pentecôte, et les grandes vacances. C'est ainsi qu'est perçue cette fête un peu particulière.
Et l'Ascension est bien un jour prophétique. L'Ascension annonce bien Pentecôte. Mais pas le
Pentecôte des jours fériés, ni celui pont. L'Ascension annonce le Pentecôte du don de l'Esprit
Saint. C'est le Christ lui-même qui l'annonce au moment de monter vers le ciel : Vous allez
recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Et il poursuit : Alors vous serez
mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. Ce qui
laisse présager l'événement fondateur de Pentecôte, à savoir la naissance de la première
Église. En ce sens, la fête de l'Ascension est prophétique. Mais elle l'est aussi à un autre titre,
car elle est un signe annonciateur du retour du Christ. Les deux anges s'adressent aux apôtres
réunis : Hommes de Galilée, vous restez là à regarder le ciel. Pourquoi donc ? Jésus vous a
quittés pour aller vers le ciel. Et il reviendra de la même façon que vous l’avez vu aller vers le
ciel. Il reviendra, et plus est, il reviendra de la même manière qu'il est parti.
Alors l'Ascension, une fête mineure dans le calendrier des chrétiens ? Je ne le crois pas. Bien au
contraire. Cela pourrait même être une des fêtes essentielles à côté de Noël ou de Pâques.
Malheureusement, ce n'est pas le cas. Et les églises qui sont pratiquement vides en ce jour de
fête démontrent bien que le grand peuple de l'Église ne sait pas trop quoi faire de ce pont
entre Dieu et les hommes, entre le ciel et la terre. Ce peuple de l'Église ne sait pas trop quoi
faire avec la prophétie contenue dans cette fête, à savoir celle du retour du Christ.
C'est dommage.