robot de traite à derval - La Chambre d`Agriculture de Charente
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robot de traite à derval - La Chambre d`Agriculture de Charente
ROBOT DE TRAITE À DERVAL CONTACT ... bilan 8 ans plus tard. Christophe MAUGER Service Productions et Ressources Chambre d’agriculture 17 05 46 50 45 00 [email protected] Depuis l’installation du robot de traite à la ferme expérimentale (Derval) en 2008, un grand nombre de données ont été collectées sur l’alimentation, les coûts de fonctionnement, la production... La ferme expérimentale de Derval, en Loire-Atlantique, c’est un robot saturé (une stalle) installé en 2008. 83 vaches laitières présentes pour un droit à produire de 740 000 litres de lait avec moins de 1 000 € de pénalités sur la qualité du lait par an et 1500 kg/VL/an de concentré consommés. UNE PRODUCTION INCHANGÉE. LAITIÈRE Avec 72 vaches traites en moyenne quotidiennement, le robot trait 2 100 kg par jour pour 2 040 kg vendus. La différence représente le lait écarté. Cette quantité est souvent sous-estimée. Les chiffres et le suivi du contrôle laitier ne montrent aucune augmentation de la production par vache avec 9 200 kg de lait par vache environ. Les niveaux de production au vêlage sont semblables à ce qu’ils étaient avant la mise en place du robot. Le TB oscille toujours entre 42 et 44 g/l. En revanche, le TP a gagné presque un point. A Derval, la fréquence moyenne de traite importe peu, sauf pour juger de la fréquentation du robot. C’est la production journalière vendue qui reflète la véritable productivité du robot. A chaque traite sont attribuées des consommations fixes : eau, électricité, produit d’hygiène, temps. Quel que soit le volume de lait trait, une grosse partie de ces consommations sont forfaitaires. En cherchant à atteindre une fréquence de traite moyenne élevée, on augmente ces consommations fixes au détriment des litres par traite. TRAITE ROBOTISÉE ET QUALITÉ DU LAIT. La qualité du lait est le point le plus difficile à maîtriser en traite robotisée. Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés : les repères changent et l’éleveur doit adapter ses pratiques. L’éleveur ne voit plus ses vaches de la même façon et pas deux fois par jour ; quatre manchons vont traire toutes les vaches augmentant le risque de contamination avec une vitesse de propagation très rapide. Enfin il n’y a plus de trayeurs pour intervenir vache par vache en dernier recours (premiers jets, nettoyage des trayons très sales). Globalement, l’incidence « qualité du lait » est passée de 620 €/an (moyenne 20052007) soit 0,87 €/1000 litres à 611 €/an (moyenne 2009-2015). Dans la plupart des cas, le robot n’améliore pas la qualité du lait. En revanche, à partir d’une situation saine, il peut traire un lait respectant les seuils des six critères de qualité du lait. ROBOT ET CONCENTRÉS A Derval, un des objectifs était de maintenir la quantité de concentré par vache sachant qu’en traite robotisée la tendance est à la hausse. La répartition de la ration entre robot et auge est minutieuse. A Derval, la ration semi complète assure 24 litres (niveau troupeau moins cinq litres). Les cinq derniers litres sont couverts au robot ce qui permet à chaque vache d’avoir un peu de concentré pendant la traite. La complémentation individuelle est distribuée au robot sous forme de correcteur azoté + blé granulé. Si la distribution au robot est inadaptée, c’est-à-dire avec trop de concentré par rapport au temps de traite, il y a un risque de non consommation et de surplus pour la vache suivante. Une vache ingère environ 400 g de concentré/min. L’outil nous renseigne sur la quantité distribuée mais aucun robot ne nous informe de la consommation réelle individuelle ! Si le concentré est mal distribué au robot, par un mauvais calibrage ou un dysfonctionnement de la vis, il y a un risque de sur ou sous-consommation. Cela peut avoir des conséquences sur la fréquentation du robot. Cette cohérence doit être contrôlée régulièrement, notamment avec les nouveaux fourrages qui entraînent des plans de complémentation différents. Ce qui était vrai une année ne l’est pas forcément la suivante. A chaque livraison, il faut vérifier la calibration de la vis. En effet, la densité de l’aliment n’est pas constante d’une fabrication à l’autre. COÛT DE FONCTIONNEMENT DU ROBOT Outre le contrat de maintenance annuel, d’autres charges existent pour assurer le fonctionnement de l’outil. Cet élément n’est pas assez pris en compte dans la réflexion d’investissement et n’est pas présenté dans son ensemble. Cette charge ne doit pas être négligée et être abordée au moment du choix du matériel. Le coût de fonctionnement du robot à Derval est en moyenne de 15 000 €/an. (Voir le graphique). Soit un surcoût d’entretien estimé à + 10 000 €/an par rapport à une salle de traite 2 fois 8 TPA ou 13 €/1000 l. LE ROBOT DE TRAITE : UN GAIN DE TEMPS SUR UNE ANNÉE MAIS ON NE SAIT JAMAIS QUEL JOUR ! Le travail d’astreinte du matin à Derval, est de trois heures trente, assez peu différent de celui nécessaire avec une salle de traite, mais c’est en fin de journée que le gain de temps est le plus important. En moyenne le temps gagné représente deux à trois heures par jour. Ces gains peuvent être perdus par les alarmes. Celles qui nécessitent un déplacement entre 19 h et 6h arrivent deux à trois fois par mois en moyenne. Elles ne sont pas régulières et sont liées en partie à un effectif élevé, l’entretien de la machine, la propreté des vaches et de la stalle. Autant en salle de traite, il ne se passait rien entre deux traites, autant avec le robot, il n’y a pas d’arrêt. Une anomalie peut arriver toutes les heures. Finalement l’amplitude d’astreinte est de 24 heures. En salle de traite, la journée commence et termine avec la traite. Avec un robot, plus il y a de vaches sur la stalle, plus il y a de risques d’avoir une alarme la nuit. CONCLUSION A la ferme expérimentale de Derval après 8 années d’utilisation du robot il n’a pas été observé de changement sur les performances zootechniques. Il est indispensable d’avoir un goût pour la technologie tout en restant éleveur pour pouvoir bénéficier des avantages intéressants du robot : la suppression de le pénibilité liée à la traite et un gain de temps de 2 à 3 h par jour. Il convient cependant de ne pas négliger le surcoût de ce type de technologie. CA17 - infos du mois N°42 - mai 2016 - p 5