tourbières

Transcription

tourbières
Bulletin d’Information de l’Agence pour la Valorisation des Espaces Naturels Isérois Remarquables
Conservatoire des espaces naturels de l’Isère
Spécial
TOURBIÈRES
Marais de Chirens (Didier JUNGERS / Conseil général de l’Isère)
Sommaire
Sommaire
Sommaire
Édito
État des lieux
Qu’est ce qu’une tourbière ?
Les menaces et les causes de disparition
Un APPB départemental pour les tourbières
La diversité des tourbières
A la loupe
Les différents modes de gestion
Des tourbières et des hommes
En savoir plus...
p. 2
p. 3
p. 4
p. 5
p. 6
p. 8
p. 12
p. 14
p. 16
p. 20
N° 15 / novembre 2005
Éditorial
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Tourbières de vallées, richesse de l’Isère
L
es tourbières
commencent à être
un
peu
connues du
grand public
et des décideurs. Mais on
leur associe souvent l'image
réductrice des seules tourbières
bombées ou des droséras. Les
tourbières sont diverses et leur
fonctionnement complexe gagne à
être mieux connu, y compris pour
bien appréhender le mode de gestion (ou de non-gestion parfois) à
leur appliquer. Les tourbières,
alcalines, qui se sont développées
dans les vallées de notre pays, ne
sont pas moins riches que celles
de plus haute altitude (dont les
tourbières bombées), mais ont été
jusqu’à présent ignorées. Les
scientifiques les ont moins étudiées, les mesures de préservation
2
Marais de Chirens (D. JUNGERS / CGI)
ne les ont pas toujours touchées.
Facteur aggravant, dans notre
département alpin où les activités
humaines se concentrent dans les
vallées, les infrastructures, les
constructions et l'intensification
agricole les ont fortement amputées ou dégradées.
Il est donc nécessaire, une fois
qu'elles sont bien inventoriées, de
se donner les moyens d'en conserver l'intégrité ou d'essayer, par des
mesures de restauration adéquates, de leur faire retrouver un fonctionnement correct, notamment
hydraulique. Seuls des apports
d'eau en quantité et qualité correctes permettent aux tourbières de
contribuer à un bon état des eaux
et des milieux naturels de leur bassin, de développer la faune et la
flore qui leur sont associées et
d'être ainsi proposées au public
pour
d'intéressantes
visites.
L'inconvénient est que certaines
des fortes modifications apportées
durant les derniers siècles, comme
la rectification des cours d'eau et
les modifications de leur régime,
sont très difficiles à corriger. Une
autre gageure est de mettre en
place des modes de gestion à la
fois efficaces et relativement peu
coûteux, permettant de maintenir
des surfaces conséquentes à long
terme.
Conserver, retrouver un bon
réseau de zones humides de vallées, dans le département de
l'Isère, les Alpes et l'ensemble du
territoire national, est un des
objectifs prioritaires de ces prochaines années en matière de protection de la nature.
Francis MULLER
Chef de Projet
Pôle-Relais Tourbières
Fédération des conservatoires
d'espaces naturels
État des lieux
C'est en 1997 que le Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels a décidé de réaliser un inventaire des tourbières de Rhône-Alpes, en partenariat avec ses délégations
départementales, dont AVENIR pour l'Isère. Le financement de ce travail a été assuré
dans notre département par la Région Rhône-Alpes, le Conseil général de l'Isère,
l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse et la DIREN.
Tourbière de l’Arselle à Chamrousse (C. BALMAIN / AVENIR)
L
e département de l'Isère a été prospecté
de 1998 à 1999, avec l'appui local d'associations : Gentiana pour la Chartreuse et
Lo Parvi pour l'Isle Crémieu. De nombreuses
données ont été récoltées sur chaque tourbière, afin d'avoir une description précise de
son état, des activités pratiquées, de son
évolution, de sa réglementation et du patrimoine naturel.
La synthèse de ces données révèle la
richesse et la fragilité des tourbières iséroises. Avec 108 sites et 2855 ha, l'Isère
compte parmi les départements les plus
riches de Rhône-Alpes. Tous les types de
milieux tourbeux sont présents : de la tourbière bombée acide au bas-marais alcalin,
sans oublier les gazons riverains arcticoalpins sur les hauteurs du département. En
outre, plus du quart de la flore protégée de
l'Isère se rencontre sur ses tourbières.
Pourtant ces réservoirs de biodiversité sont
menacés. Près de la moitié des tourbières
subissent une fermeture du milieu. Plus
grave, un tiers des tourbières est victime
d'assèchements, remblais, fossés ou dépôts
de matériaux et autres interventions qui laissent des dégradations irréparables.
Lorsqu'on sait que déjà plus de 85 % de la surface de tourbières de basse vallée inventoriées dans les années 1940 a disparu dans
notre département en raison du drainage et
de l'extraction de tourbe, on mesure l'importance de prendre soin des tourbières qui
nous restent.
Nicolas GORIUS
CREN
Les tourbières de l’Isère
Répartition des surfaces des cinq types
de tourbières en Isère
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
La connaissance des tourbières en Isère
3
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Qu'est-ce qu'une tourbière ?
A
plusieurs reprises dans les
millions d'années qui nous ont
précédées, les glaciers ont recouvert notre région. Ils ont raboté
profondément notre territoire et
édifié d'innombrables moraines.
Leur retrait et leur fonte, il y a quelques 12 000 ans, a généré de
nombreux lacs et marais rapidement colonisés par une végétation
pionnière de mousses, de roseaux
et de laîches. Partout où une température froide régnait et où était
présente une forte quantité d'eau,
cette production végétale s'est
décomposée de manière imparfaite en matière organique noirâtre
ou blonde : la tourbe. Véritable
roche fossile, cette tourbe peut
s'accumuler sur plusieurs mètres
d'épaisseur, en strates successives, emprisonnant bois, pollen et
même, parfois, corps humains
dont elle assure une très bonne
conservation.
20 ans d’actions du Conservatoire
pour les tourbières de l’Isère
1986
1989
programme départemental pour la préservation des
zones humides du Conseil général de l'Isère et d'AVENIR
présentait 100 zones humides dont 41 tourbières
Intervention pour sauver le marais de Montfort (Crolles)
Recherche de sponsors pour l'équipement pédagogique
du lac Luitel
1994
Gestion
de la Réserve naturelle de l'étang du GrandLemps
Achat des tourbières de l'Herretang
1995
LIFE Tourbières de France. L'Herretang est un des trente
1999
Inventaire des tourbières de l'Isère
2002
La nature de cette végétation de
tourbière ainsi que les caractéristiques de la tourbe diffèrent suivant
la nature du sol et la composition
de l'eau d'alimentation :
Sur sol neutre à alcalin riche en
calcaire, la végétation est dominée par les laîches, les roseaux et
les mousses pleurocarpes, la
tourbe est très noire et peu
fibreuse, c'est une tourbière
basse alcaline ou bas marais
(parce que la végétation ne présente pas de bombements).
Le
sites d'intervention en France
Envoi
conjoint avec le Conseil général de l'Isère des
dépliants "Tourbières" aux communes concernées par l'inventaire
2004
Élaboration
2005
Document préparatoire à l'APPB "Grandes Rousses"
AVENIR, gestionnaire de 275 ha de tourbières
du dossier de prise en considération des
Crêts d'Allevard
Sur sol acide pauvre en calcaire
une mousse à structure d'éponge,
la sphaigne, domine. La tourbe est
de couleur blonde, fibreuse, très
acide, c'est une tourbière bombée acide (parce que les sphaignes édifient des bombements
dont les sommets sont alimentés
4
Tourbière du Lac Carrelet à Oz-en-Oisans (M. BERENGER / AVENIR)
par les eaux de pluie très acides).
Compte tenu de la dominance
acide ou alcaline et des particularités topographiques ou minéralogiques, on distingue en Isère cinq
grands types de tourbières (voir
carte page précédente).
Roger MARCIAU
L
'extraction industrielle de tourbe en temps que combustible, bien que localisée dans la moitié nord du département, a été une cause historique de destruction des tourbières. Ses conséquences environnementales sur
les écosystèmes tourbeux ont été très variables selon les modes d'exploitation mais ont entraîné la destruction
irrémédiable de très nombreux sites de grande valeur patrimoniale. La tourbe actuellement extraite en Isère est
destinée à la fabrication de terreaux horticoles, elle subsiste sur un seul site (voir page 19).
Les grandes tourbières basses de vallée (les Avenières sur le Rhône, les vallées de la Bourbre, du Catelan et de
l'Isère) ont payé un lourd tribut aux grands remembrements agricoles de l'après guerre. 72 % de ces tourbières,
soit plus de 1200 ha, ont été drainées et mises en culture depuis 50 ans. Ces terrains sont essentiellement
occupés par la culture du maïs. Il faut également signaler les perturbations indirectes dues à des apports de fertilisants ou de pesticides, à une modification des apports hydriques par des prélèvements excessifs sur leur bassin versant...
J.L. GROSSI / AVENIR
Évolution des tourbières basses de vallée
de 1949 à aujourd’hui
J.L. GROSSI / AVENIR
L'urbanisation forte du département de l'Isère
a conduit également à la recherche de terrains peu
couteux et peu valorisés socialement : les tourbières ont aussi été utilisées comme décharge, certaines ont été remblayées pour la construction d'infrastructures de transport, de zones industrielles
ou urbaines, d'autres ont subi d'importants dommages liés à la construction d'équipements touristiques, notamment en montagne (remontées
mécaniques, installation de réservoir d'eau pour
alimenter les canons à neige, pistes de ski de
fond). Des nombreux étangs de pêche ou de
chasse ont été creusés sur des tourbières.
L'abandon des pratiques d'entretien entraîne la colonisation du milieu par les arbres, modifiant ainsi ses caractéristiques
B. VEILLET/ AVENIR
La mise en culture intensive a été la cause principale de la
destruction des tourbières alcalines en Isère
Amorcée depuis une trentaine d’années, la
déprise agricole s’est accompagnée de l’abandon progressif d’un certain nombre d’usages
traditionnels. Ces activités ont disparu sur un
certain nombre de sites dans lesquels elles
permettaient, auparavant, d’entretenir le
milieu en conservant des espaces ouverts et
des communautés vivantes pionnières à
grande valeur patrimoiniale. Heureusement,
ce phénomène est réversible si l'alimentation
en eau n'est pas perturbée.
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Les menaces et les causes de disparition
Jean-Luc GROSSI
Roger MARCIAU
5
Un APPB départemental pour les tourbières
L
'inventaire des tourbières de
l'Isère a montré l'importance
des sites départementaux (108
sites pour 2850 ha) mais aussi leur
fragilité. (Voir page 3)
Face à la menace de disparition,
les associations iséroises (réseau
patrimoine naturel de la FRAPNA
Isère et AVENIR) ont proposé au
Préfet de l'Isère une démarche originale. En prenant l'exemple d'un
APPB réalisé dans le département
de l'Ain sur un ensemble de falaises patrimoniales départementales, il a été proposé à l'État d'instruire une protection réglementaire
de type APPB sur l'ensemble des
tourbières de l'Isère recensées
dans l'inventaire de 2000. La
DIREN a donné un avis favorable,
le Conseil général de l'Isère a
placé les habitats de tourbières
parmi les toutes premières priorités de sa politique Espaces
Naturels Sensibles et la commission des sites du 14 juin 2005, présidée par le secrétaire de
Préfecture, a entériné ce projet et
approuvé la création d'une commission de suivi composée d'élus,
de socioprofessionnels, d'associations et de scientifiques. Cette
commission s'est réunie le 30 juin
2005. La DDAF a affiné la démarche en proposant d'instruire un
APPB par grand massif. Les associations se mobilisent pour faciliter
l'instruction des dossiers en rem-
plissant une fiche standard par
tourbière comportant les informations de base sur les espèces protégées, les menaces et la nature
du foncier. En 2005, Lo Parvi a
réalisé ce travail sur le district
naturel de l'Isle Crémieu. AVENIR,
soutenu par le Conseil général de
l'Isère couvre le massif des
Grandes Rousses. Dans le massif
de la Chartreuse et celui des
monts du Chat, le Parc naturel
régional de Chartreuse travaille à
compléter les connaissances sur
les tourbières en collaboration
avec
la
société
botanique
Gentiana et l'association Nivéole.
Roger MARCIAU
Les tourbières du district naturel des Grandes Rousses
Un district peu connu des naturalistes
(dont il est séparé par la vallée de
l'Eau d'Olle), le Massif des Ecrins au
sud (la vallée de la Romanche), les
Aiguilles d'Arves (la vallée de la
Maurienne) au nord et à l'est
par le département des
Hautes Alpes.
Le district naturel des
Grandes
Rousses
appartient aux Alpes
externes. La différence d'altitude est
NI R
S
itué au sudest du département
de
l'Isère, le massif
des
Grandes
Rousses et le
plateau d'Emparis
ont été regroupés dans un seul et
même district naturel, celui des
Grandes Rousses. Il est entouré par
le massif de Belledonne à l'ouest
R.MARCI
AU /
AV
E
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Mobilisation générale pour les tourbières du département de l'Isère.
importante (2700 m environ). Le point
culminant est le Pic de l'Etendard
(3468 m) et le point le plus bas
peut être considéré au niveau de
la vallée à Rochetaillée (700
m). De cette importante
dénivellation résulte un
étagement de la végétation visible, s'échelonnant sur des
groupements végétaux appartenant à
l'étage
collinéen
jusqu'à l'étage nival.
Le relief est très
abrupte, entaillé de
profondes vallées que
dominent les glaciers.
Des tourbières marquées
par un long hiver et un relief tourmenté.
Les tourbières sont principalement
situées au-dessus de 1600 m d'altitude avec une moyenne se
situant vers 2000 m. Les faibles
moyennes thermiques et le long
enneigement limitent la croissance
des végétaux et empêchent la plupart du temps l'apparition d'un
bombement important et de fortes
accumulations de tourbe.
On rencontre le plus fréquemment
6
Champ de Linaigrettes au Val Ferrand à Clavans (Eriophorum vaginatum) - (M. BERENGER / AVENIR)
En 2005, Myrtille Bérenger, étudiante du master pro "Diagnostic et gestion des milieux naturels" de
l'Université de Grenoble a été chargée du dossier de prise en considération des tourbières du district naturel
des Grandes Rousses.
Afin de rendre opérationnel l'inventaire des tourbières sur ce massif, AVENIR, soutenue par le Conseil général de l'Isère a entrepris de réaliser un document de précision parcellaire dont la finalité est de mettre à la disposition des décideurs un état précis de la surface et du patrimoine naturel de ces tourbières, leur statut
actuel, leur degré de vulnérabilité et les contextes socioéconomiques communaux. Ce document doit permettre enfin la coordination de toutes les volontés pour une préservation définitive de ce patrimoine exceptionnel
grâce à une concertation avec les élus et les acteurs locaux. Le bilan est d'ores et déjà encourageant : 16
plantes protégées réparties sur 21 stations dont une découverte du petit botrychium, une nouvelle plante protégées pour l'Isère en 2005 par Frédéric Gourgues de GENTIANA et une tourbière nouvelle découverte sur
l'Alpe d'Huez. Se sont au total 277 ha cartographiés au 1/5 000e contre 219 ha dans l'inventaire de 1999. Plus
de 600 parcelles sont ainsi répertoriées dont 38 % en propriété communale.
Roger MARCIAU
M.BERENGER / AVENIR
R
to
Tri
sées par la Laîche
des tourbières de
rostrée et le Trèfle
pentes associées à
n
I
d'eau
qui constides sources ou à
alp
EN
est
/ AV
r
e
T
E
(
tuent
le
radeau
d'acdes ruisseaux (Rif
Trituru
s alpestris) - G.MAILL
cueil
pour
des
bombeTort, Bessey, Ferrand,
ments à sphaigne avec parfois le
Valette, Petite Lauze, la Pisse,
Droséra à feuilles rondes. Les
Rochette, Sarenne, Montfrais). On
groupements acidophiles sont
observe plus rarement la colonisapiquetés par les toupets blancs
tion des rives de lac (Faucille et
des linaigrettes de Scheuchzer ou
Carrelet). La complexité géologivaginées.
que du massif engendre souvent
une mosaïque de groupements
Roger MARCIAU
alcalins et acides mais globalement ce sont les tourbières basses
La Swertie vivace (Swertie perende pente et riveraines qui dominis) est une plante des tourbiènent avec la Swertie vivace et la
res basses de pente (Photo ciPrimevère farineuse. Les déprescontre)
sions en eau sont souvent coloni-
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Un dossier de prise en considération pour
les tourbières des Grandes Rousses
7
Tourbière haute de Chavannus (C.BALMAIN / AVENIR)
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Les tourbières bombées acides
8
C
'est le type de tourbière le plus connu,
surtout lorsqu'elle se forme en radeau
concentrique autour d'un lac comme on
peut l'observer sur le lac Luitel dans le massif de Belledonne. Elles s'installent sur granite ou sur gneiss pauvre en calcaire sur
Belledonne et le Taillefer, sur glaise à quartzite dans
les vallons des Chambaran. Avec le temps les différentes espèces de sphaigne (40 en France) édifient des bombements de plus
en plus acides où s'épanouissent des plantes rares et protégées comme
la Drosera à feuilles rondes, le Lycopode des marais ou la Scheuchzerie
des marais. En fin de vie, l'extrémité des buttes s'assèche, se couvre de
polytric, de callune et de myrtille puis enfin de ligneux clairsemés comme
le Pin à crochet ou l'épicéa, on dit que la tourbière s'est atterrie.
L'inventaire des tourbières de Rhône-Alpes a révélé la position en premier
plan de la chaîne de Belledonne et du Taillefer en matière de tourbières
acides.
Le col des Mouilles à Sainte-Agnès (R.MARCIAU / AVENIR)
Attention où vous
mettez les pieds :
plantes
carnivores !
Les plantes des tourbières ont
développé toute une série
d'adaptations dont la plus originale est d'adopter un régime carnivore. En effet, pour pallier au
manque de nutriments, et particulièrement au défaut d'azote,
certaines plantes ont opté pour
un comportement de prédateur.
Les techniques sont rustiques
mais efficaces et astucieuses. La
plus simple est le piège à glue,
c'est le cas de la grassette vulgaire et du droséra à feuilles rondes capable d'immobiliser l'imprudente demoiselle*. Autre
plante, autre technique ; celle de
la petite utriculaire qui possède
des petites outres gardées par
Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia)
(R.MARCIAU / AVENIR)
Le lac Luitel : La première Réserve Naturelle de France
E
ONF
n 1961 le site du
lac Luitel, situé à
1250 m d'altitude, a
bénéficié de ce
classement. Deux
types de tourbière
se rencontrent ici : un lac-tourbière
(lac Luitel) et une tourbière bombée (tourbière du col). Sur les 17
hectares protégés, on peut observer tous les stades d'évolution écologique de ce type de milieux. Au
chalet de la Réserve (ouvert de
juillet à août) l'Office National des
Forêts, gestionnaire de la réserve,
propose des visites guidées et une
exposition pour faire découvrir cet
espace.
Renseignements : ONF 04 38 92 12 36
B
Grassette vulgaire (Pinguicula vulgaris)
(N.COTTIN / AVENIR)
des poils sensibles qui au moindre contact libèrent l'ouverture
du piège aquatique aspirant à
l'intérieur la larve d'insecte ou le
crustacé téméraire.
Pour la plante en question, il ne
reste plus qu'à secréter une
enzyme qui assurera la digestion
de la proie et donc son assimilation.
ien moins connues jusqu'à présent que
les tourbières acides, les tourbières basses alcalines recouvrent une partie des marais de
plaine et de montagne sur sol riche en calcaire. Ici,
l'installation des arbustes comme la bourdaine et le
Saule cendré ou d'arbres comme le bouleau et l'Aulne
glutineux est naturellement rapide. On peut imaginer les
tourbières primitives comme une mosaïque de prairies humides
entretenues par les herbivores sauvages, les crues et les incendies de landes et de forêts de bois tendre inextricables. Longtemps, l'agriculture traditionnelle a maintenu cette diversité par la fauche et le pâturage des prairies humides, son abandon conduit à un boisement généralisé des tourbières et donc à un appauvrissement de la diversité par la disparition des
espèces remarquables des milieux ouverts : orchidées comme le Liparis
de Loesel, papillons comme le Fadet des Laîches et oiseaux comme le
Courlis cendré.
En Isère, on observe une densité de tourbières basses remarquable dans
le district de l'Ile Crémieu, en Chartreuse -Mont-du-chat et sur les terrains
riches en calcaire de Belledonne. La comparaison avec un inventaire de
1940 montre la disparition dramatique de 80 % de ces tourbières dans nos
grandes vallées du Rhône (Les Avenières), de la Bourbre et du Catelan,
du Guiers, de l'Ainan par exploitation de la tourbe et surtout suite à des
remembrements agricoles.
Jean-Luc
GROSSI
*Famille de
libellules
Utriculaire méridionale (utricularia
australis)
(R. MARCIAU/ AVENIR)
Tourbière du Peuil à Claix (N. COTTIN / AVENIR)
Le Lézard vivipare
C'est le lézard qui présente l'aire de répartition la plus nordique de tous
les reptiles de la planète. Dans nos contrées iséroises, on peut le rencontrer jusqu'à 2500 mètres d'altitude. A cela, deux principales explications : il résiste à des hivers particulièrement rigoureux et longs
notamment grâce à son foie qui produit une sorte d'antigel comparable à celui de nos voitures. En plus de cette adaptation, il a développé
un mode de reproduction lui permettant de coloniser les habitats les
plus divers et contraignants. En effet, à l'inverse de la plupart des
lézards qui pondent des œufs avec une coquille calcifiée, chez cette
espèce, les petits se développent dans le ventre de la mère. Au
moment de la ponte, les petits lézards sont entourés d'une fine membrane qui disparaît quelques secondes après la ponte. Les juvéniles
qui sortent de cette membrane sont immédiatement indépendants.
Jean-Luc GROSSI
Auteur (sauf indication) : Roger MARCIAU
J.L. GROSSI
Un des hôtes privilégiés des tourbières qui n'hésite
pas à se jeter à l'eau lorsqu'il est menacé
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Les tourbières basses alcalines
9
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Les marais tufeux
10
O
n les rencontre uniquement en
massif calcaire au niveau des
sources d'eau très riches en calcaire. En émergeant de son voyage
souterrain, l'eau dépose le calcaire
sur le sol ou sur la végétation de mousse.
Si la pente est forte, il se forme une cascade
faite d'une succession de vasques de concrétions calcaires bien
connues dans les massifs karstiques comme le Vercors et la
Cirse de Montpellier
Chartreuse. Ces cascades pétrifiées sont impénétrables pour les plan- (Cirsium monspessulanum)
(R.MARCIAU / AVENIR)
tes à racines et ne sont colonisées que par des mousses de différentes espèces.
Lorsque la pente est faible, les
eaux s'épanchent lentement en
constituant une gangue calcaire
autour des particules organiques ou minérales du sol. Ces
sols dits " tufeux " sont meubles
et peuvent présenter des quantités importantes de tourbe qui
les apparentent aux bas marais
alcalins car on y observe de
nombreuses espèces communes : Choin noir, Droséra à longues
feuilles,
Cirse
de
Montpellier.
Tufière de la Darne à Saint-Martin de Clelles (C.BALMAIN / AVENIR)
Les tourbières
mixtes
C
e sont des tourbières basses alcalines qui sont localisées en climat
très froid et humide. Avec le temps, la
végétation de tourbière alcaline se densifie et
constitue un écran entre la partie base alimentée par une eau riche en calcaire et le sommet où l'eau de pluie est dominante et acidifie le milieu.
Cette acidification permet l'installation de sphaignes tolérantes à une eau
un peu minéralisée. Le développement de cette première sphaigne et de
son cortège acidiphile augmente à nouveau l'acidité et permet l'installation
des sphaignes
de
tourbière
bombée.
Ces
tourbières cumulent par conséquent les espèces rares des
deux types. Ces
milieux
sont
extrêmement
sensibles à la
qualité de l'eau
d'alimentation et
aux bouleversements du terrain.
Tourbière du Lac au Grand-Lemps (G.MAILLET / AVENIR)
Papillon
nocturne
Hypenodes humida
Doubleday, 1850
Famille des noctuid
Ce petit papillon de 10
rencontre en Isère que
Réserve naturelle de l'
(à 492 m d'altitude).
Il est inféodé aux tourb
étendues, comme il en
dans la partie nord de l'
pes de styles toundras
Sa période de vol est d
chenille se développe
Carex, elle hiverne à l'é
attirée avec une lampe
culté de détermination
qu'elle est souvent co
micros-lépidoptères et
logistes réussissent à
hétérocères (papillons
en France que cinq lo
papillon.
Les sphaignes
Les sphaignes constituent un
groupe homogène aux caractéristiques morphologiques, physiologiques et écologiques particulières
au sein des bryophytes (mousses).
Elles sont caractéristiques des
tourbières mais quelques-unes se
rencontrent dans les forêts et les
landes fraîches. Elles se présentent en touffes plus ou moins compactes de tiges. Les feuilles sont
très petites et insérées le long des
tiges et des ramifications ; leur
structure interne montre de petites
cellules vivantes capables de réaliser la photosynthèse (chlorocystes) et de grandes cellules mortes
(hyalocystes) fonctionnant comme
des citernes où sont stockées d'importantes quantités d'eau : jusqu'à
quinze à trente fois leur poids sec.
Pour satisfaire leurs besoins en
éléments minéraux, les sphaignes
absorbent par des processus bio-
Auteur (sauf indication) : Roger MARCIAU
C
alis
ET
SS
P. RO
dae
mm d'envergure ne se
dans la tourbière de la
étang du Grand-Lemps
bières froides de vastes
n existe communément
'Europe dans des bioto.
de juin à septembre. La
e sur une espèce de
état de chenille. Une fois
e à ultras violets, la diffin de cette espèce est
nfondue avec tous les
que très peu d'entomola discerner des autres
de nuit). On ne connaît
calités où vole ce petit
'est un cas très particulier de tourbières basses
car le phénomène d'accumulation de tourbe est
particulièrement discret dans ces gazons qui se situent audessus de 2000 m d'altitude dans l'étage alpin. On les
observe en rive de torrents sur substrat graveleux calcaire, dans
les tronçons à faible pente souvent en méandres. Ils sont constitués d'une végétation basse clairsemée de laîches, de joncs souvent remaniée par les crues de fin d'hiver. Le qualificatif " arctico-alpin "
indique que les espèces présentes dans ces gazons montrent une répartition discontinue : alpine dans le sud et arctique dans l'extrême
nord de l'Europe. On explique ce phénomène par l'action d'extension et de retrait des glaciers qui ont laissé à la fin des glaciations des espèces nordiques dans les milieux alpins dont
les conditions de vie s'approchent de celles de l'arctique.
Les plus grandes stations de ce type de tourbières se trouvent en Savoie, autour du massif de la Vanoise. Les deux
stations de l'Isère, entre Grandes Rousses et plateau
d'Emparis, présentent un cortège appauvri par rapport au
type.
Laîche
bicolore
(Carex bicolor)
(R.MARCIAU /
AVENIR)
Patrick ROSSET
Association Flavia ADE
Des libellules inféodées
aux tourbières
chimiques subtils ces matières en
solution dans l'eau, entraînant
l'acidification progressive du
milieu. Leur croissance est indéfinie ; la base de la tige meurt tandis
que la partie supérieure continue
de pousser sur ses restes plus ou
moins décomposés (la tourbe). Il
existe une quarantaine d'espèces
de sphaignes en France qui arborent des couleurs variées allant du
vert vif au rouge éclatant en passant par toutes les nuances de
l'orange, du beige et du brun.
CPNS
G.BOURDERIONNET
Thierry Delahaye / CPNS
Les Cordulies du genre Somatochlora
sont des libellules spécialistes des tourbières. En Isère on trouve la Cordulie à
taches jaunes (S. flavomaculata) sur les
milieux alcalins de plaine, l'Alpestre (S.
alpestris, en photo ci-contre) disséminée sur les zones à sphaignes
des massifs de Belledonne et de l'Oisans, la Métallique (S. metallica,
en photo ci-dessous) en populations originales localisées à très haute
altitude au sud du massif de Belledonne, mais aussi de manière plus
classique dans l'Isle Crémieu. La Cordulie
arctique (S. arctica) est la plus spécialisée
: elle est confinée dans les gouilles tourbeuses acides d'altitude. Chacune se partage l'espace au sein des tourbières.
Cyrille DELIRY
GRPLS
sympetrum.org
G.BOURDERIONNET
Le Rif Tort à Besse en Oisans (M.BERENGER / AVENIR)
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Les gazons riverains
arctico-alpins
11
A la loupe
12
Le milieu des tourbières est tout aussi sélectif pour les champignons qu'il l'est pour la
végétation : bien que l'humidité soit a priori un facteur favorisant, ces milieux inondés
et pauvres en nutriments hébergent surtout des espèces très adaptées à cet environnement particulier et à leur végétation.
T
Le premier, l'hygrophore crénelé
(Hygrocybe coccineocrenata),
est un bryotrophe strictement
associé aux sphaignes, qu'il
décompose. Il est caractéristique
des sphaignaies ombrotrophes et
des prairies tourbeuses des étages
montagnards et subalpins, où il est
commun au-dessus de 800 mètres
d'altitude. On le verra de juin à
octobre dans les tourbières acides
de Belledonne et du Taillefer ; dans
les tourbières sous influence océanique (les Planchettes à StSiméon de Bressieux ou le Peuil, à
Claix), il est remplacé par son proche parent, l'hygrophore chanterelle (Hygrocybe cantharellus),
P.A.MOREAU
ous ces champignons des tourbières sont étroitement apparentés aux champignons des
milieux plus classiques, et figurent
comme des adaptations ponctuelles, très singulières, à un milieu
particulièrement sélectif. En voici
trois exemples remarquables,
parmi d'autres, que l'on pourra
observer dans les tourbières de
l'Isère.
L’Hygrophore crênelé participe à l’évolution de la tourbière en aidant
à la décomposition des sphaignes.
plus orangé. Cherchez-les, vous
les trouverez ! Sauf si la sphaignaie est moribonde, auquel cas
son absence signifierait un déséquilibre du milieu…
Le second, le bolet jaunâtre
(Suillus flavidus) est le plus petit
P.A.MOREAU
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Trois champignons des tourbières à sphaignes…
Le Bolet jaunâtre vit en symbiose avec les pins dont il favorise le développement. Un comportement qui, à terme, lui joue des tours !
et le moins appétissant des bolets
européens. Il est mycorhizique des
pins, en milieu très acide, et ne se
trouve que sous les maigres pins
qui colonisent les tourbières acides
de lac. En formant des mycorhizes
avec ces arbres, le bolet leur permet de résister à cet environnement hostile et joue donc un rôle
déterminant dans l'implantation et
la survie des pins sur les tourbières de lac. Paradoxalement, en
permettant aux pins de s'implanter,
et à terme d'envahir la tourbière,
ce bolet très rare (et très menacé
en Europe) contribue à terme à sa
disparition… Le bolet lui-même ne
résiste pas au développement du
pin et disparaît des boisements
trop denses, trop secs pour lui.
Autrement dit, le bolet est caractéristique d'un milieu très instable, à
la limite de la survie de son arbre
hôte et il sera la première victime
d'un déséquilibre (élimination des
arbres, ou colonisation trop rapide
par ceux-ci, en cas d'assèchement
par exemple). Il faut aller le découvrir au lac Luitel où on le trouve,
blotti au pied des petits pins qui
On peut sérier les champignons des tourbières en trois
catégories majeures :
L’Armillaire des marais : une espèce de champignons devenue rare. En
Isère, on ne la trouve plus que dans la tourbière du lac Luitel.
survivent péniblement au centre du
lac. Il n'existe plus au col Luitel où
la pinède est déjà trop âgée.
Le troisième, l'armillaire des
marais (Armillaria ectypa) est
un champignon unique en son
genre : les armillaires sont de
redoutables parasites des arbres,
celle-ci fructifie à partir d'un mycélium en cordons profondément
enfoui dans la tourbe, qu'elle
décompose. Sa vie souterraine
semble dépendre d'une grande
stabilité de son milieu, aussi ne
survit-elle que dans quelques sites
très préservés où les conditions
hydriques sont stables et où le
milieu n'est pas trop perturbé par le
piétinement. Elle existe sur toute la
zone " flottante " du lac Luitel où
elle apparaît fidèlement, plusieurs
fois par saison, parfois massivement, parfois seulement par petits
groupes dispersés, et ce depuis sa
première découverte sur le site en
1958. Elle a disparu de plusieurs
sites de Rhône-Alpes au cours du
XXe siècle et n'est plus connue,
dans la région, que dans ce site
protégé. Elle a résisté jusqu'à présent à la pollution saline du lac ;
résistera-t-elle aux changements
de régime hydrique destinés à
réduire cette pollution ?
Pierre-Arthur Moreau
Laboratoire de botanique de
l'Université de Lille
les espèces mycorhiziques (vivant en symbiose
avec les arbres, les filaments
du champignon entourant
les racines fines, et assurant
leur nutrition minérale ainsi
qu'une résistance aux stress
et aux agressions) ; la plupart des espèces adaptées
aux milieux humides sont
exclusifs de leur arbre-hôte :
certaines d'entre elles ne
poussant que sous saules,
sous aulnes, sous bouleaux
ou sous pins. On peut y voir
un phénomène d'adaptation
complexe, à la fois du champignon vis-à-vis de l'arbre, et
du couple champignon-arbre
vis-à-vis d'un milieu difficile à
coloniser,
les espèces saprophytes (ou saprotrophes), qui
décomposent la matière
organique morte, surtout
végétale, et dont bon nombre d'espèces contribuent à
la formation de la tourbe
(décomposition incomplète
des mousses, sphaignes et
plantes herbacées en milieu
saturé d'eau),
J.GUERIN
les espèces bryotrophes (ou muscicoles) qui
vivent en association (parasitisme, symbiose ou simple
commensalisme, le sujet est
encore mal connu) avec les
mousses (Bryophytes). Les
sphaignes représentent un
substrat si particulier et si
dominant dans les tourbières
acides, qu'on observe plus
d'une trentaine de champignons spécialisés dans leur
décomposition.
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
P.A.MOREAU
En résumé
13
Tourbière de la Pra à Revel
Les différents modes de gestion
14
D
e temps immémoriaux, les
tourbières se sont " gérées "
toutes seules en équilibre entre la
puissance de la végétation, les
accidents climatiques (incendies,
crues, tempêtes) et la dent des
grands herbivores sauvages. Puis
l'homme les a exploitées comme
combustible, comme ressource
fourragère, forestière, comme territoire de pêche et de chasse et plus
récemment comme terrain de loisir
ou de pédagogie. L'urgence de
préserver les tourbières en voie de
disparition dans notre pays a
conduit les collectivités et ONG à
protéger réglementairement, puis
à acquérir les sites les plus remarquables et menacés.
C'est alors qu'est apparue la
nécessité de gérer ces territoires
abandonnés par les modes de
valorisation traditionnels dans un
objectif nouveau de conservation
de la biodiversité. C'est bien un
nouveau métier qui émerge car à
la différence du gestionnaire propriétaire à vocation unique (agricole, forestier, cynégétique..) le
gestionnaire " conservateur " est
investi d'une mission d'intérêt
public, il doit tenir compte de l'ensemble des acteurs et donc des
usages de la tourbière afin d'en
assurer l'entretien mais aussi pour
favoriser une indispensable appropriation sociale de la tourbière.
Roger MARCIAU
Vers une gestion durable des tourbières
Un choix Cornélien……dans les bas marais alcalins
Différents modes de gestion peuvent être mis en œuvre et il convient bien souvent de
choisir entre la fauche et le pâturage. Parfois c'est un subtil mélange des deux principes de gestion qui est appliqué. Quelque soit le choix, il se fait toujours en connaissance des besoins en eau du milieu.
Le gestionnaire conservateur
reçoit en charge la plupart du
temps des territoires " assainis ",
c'est-à-dire dont les écoulement
d'eau de surface et souterrains,
dans la tourbière et en périphérie,
ont été profondément artificialisés
pour éliminer l'eau (drains, ruisseaux enfoncés ou détournés). Un
énorme travail préalable est alors
nécessaire : acquisition des
connaissances, négociations avec
la profession agricole, avec les
élus pendant de nombreuses
années pour recouvrer un fonctionnement hydrologique satisfaisant
pour une tourbière.
Le pâturage
La mise en place d'un pâturage en
milieu tourbeux est une entreprise
délicate ; la forte hygrométrie et les
sols peu portants peuvent être des
facteurs limitants. Mais le pâturage
extensif s'avère être une solution
intéressante pour contenir la progression des ligneux et créer une
mosaïque de milieux favorable à
l'expression de différents cortèges
faunistiques et floristiques. Dans
l'installation du pâturage on privilégiera les races rustiques souvent
plus légères et adaptées à ce type
de milieu. Un troupeau mixte
alliant bovins, équins, ovins et/ou
caprins est encore plus efficace du
fait des comportements différents des espèces.
Un inconvénient : c'est la fragilité des milieux pionniers et peu portants
vis-à-vis du piétinement.
Un plus : par la sur
consommation de certaines espèces végétales et le refus d'autres,
le bétail contribue à la
diversification
du
milieu.
L'exemple du marais de
Charvas
Situé sur la commune
de Villette d'Anthon, le
marais de Charvas est
une des dernières zones
humides de l'est lyonnais.
L'hydromorphie conjuguée à l'activité agricole passée ont permis le
développement de nombreuses
espèces. L'embroussaillement des
prairies humides consécutif à leur
abandon est aujourd'hui contrôlé
par une gestion adaptée utilisant le
pâturage de chevaux camarguais.
La fauche
G.PASQUIER / AVENIR
La maîtrise des niveaux d'eau
G.PASQUIER / AVENIR
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Des tourbières et des gestionnaires
Autrefois très développée, la fauche faisait l'objet de divers usages
(production de paille, de litière, uti-
Les rencontres entre gestionnaires d'espaces naturels font apparaître des questions plus souvent posées
que d'autres. Parmi celles-ci, on relève le maintien ou non des zones boisées sur tourbières, avec la place
de l'arbre : un 'envahisseur' ou un élément trouvant sa place tant dans des tourbières encore dynamiques
que dans des tourbières sénescentes, qui ont aussi leur originalité ? A propos de stades d'évolution, on se
penche sur la part à donner ou rendre aux formations pionnières, que les listes d'espèces protégées ou la
directive habitats tendent à favoriser. On s'interroge sur la part respective du pâturage et de la fauche
comme moyens de gestion ; Thierry Lecomte rappelait que le premier est antérieur à l'influence humaine,
étant pratiqué par les herbivores sauvages, tandis que la seconde est récente, et apporte des contraintes
auxquelles la nature 'doit' s'adapter, comme une certaine uniformité du traitement. On s'interroge sur le rôle
possible du feu… ou de l'absence totale de gestion, surtout dans les quelques cas où les tourbières sont
peu dégradées. Lorsqu'elles sont dégradées, on s'intéresse de plus en plus à la chimie des eaux, et on n'oublie plus de regarder en profondeur : la surface de la tourbière et sa végétation apportent maints renseignements, mais les couches de tourbe accumulées éclairent sur le passé et les potentialités des tourbières.
Francis MULLER
Un plus : l'exportation de
la matière des produits de
fauche contribue à maintenir un niveau pauvre en
nutriments, gage du bon
fonctionnement de la tourbière
L'exemple
du
marais
de
Chirens
Situé
de
part et d'autre de
l'Ainan, le marais de
Chirens est l'une des deux principales zones d'alimentation en eau du
Pays Voironnais. L'activité agricole
passée a permis le développement
de vastes espaces ouverts où la
paille des marais était une ressource recherchée. L'hydromorphie
favoriser le développement de
communautés végétales pionnières qui comptent souvent des
espèces à forte valeur patrimoniale
parmi elles.
Le débroussaillage
L'étrépage
AVENIR
Un inconvénient : c'est l'homogénéisation du milieu qui résulte de
l'uniformité et de la simultanéité du traitement.
importante n'a pas été favorable à
l'installation d'une agriculture intensive préservant par-là même ces
espaces. La fauche des prairies
humides, un temps soutenue par
des incitations agri-environnementales (mesures initiées par AVENIR), a laissé la place à un
conventionnement avec
des agriculteurs locaux qui
récupèrent la matière en
échange de leur intervention.
S.MARRON / AVENIR
lisée aussi pour le rempaillage des
chaises…). Aujourd'hui, pratiquée
de façon raisonnée, elle s'avère
être un mode de gestion favorable
pour de nombreuses espèces. La
fauche tardive (fin d'été début d'automne) est privilégiée pour laisser
le temps à la plupart des animaux
et végétaux de boucler leur cycle
de reproduction. Parfois, pour des
objectifs particuliers la fréquence
et la période peuvent varier.
D'autres interventions enfin sont
parfois réalisées en complément
de ces travaux récurrents, comme
le creusement de mares favorables aux espèces aquatiques et
amphibies (plantes, libellules,
amphibiens…) ou comme les travaux de décapage et d'étrépage
consistant à mettre le sol à nu pour
L’exemple des tourbières du col des
Mouilles
Sur des milieux de plus
petites surfaces ou confinés, des interventions légères de débroussaillages permettent plus ou moins régulièrement
de retrouver un état de la physionomie de la végétation favorable.
Ainsi, sur les petites tourbières du
col des Mouilles, situées sur les
communes de Revel et SaintAgnès, une action de ré-ouverture
tous les 5 ans semble donner
satisfaction.
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
Quelles sont les interrogations du gestionnaire
de nos jours ?
Jean-Luc GROSSI
15
Des tourbières et des hommes
16
On distingue généralement trois grands types de représentations sociales des tourbières.
Des milieux hostiles et inutiles
Ce sont les lieux malfamés et mystérieux par excellence où règne la
maladie (les moustiques étaient
autrefois vecteurs de paludisme) et
qu'il faut "assainir" à tout prix. Mais
ce sont aussi des lieux fascinants
générateurs de multiples légendes
en partie à cause du brouillard
souvent présent. Cette représentation dangereuse et improductive a
fortement contribuée à la destruction de ces milieux.
Des milieux
exploitables
valorisables
et
Les tourbières peuvent être des
lieux de production pour la tourbe,
bien sûr, mais aussi pour la
chasse, la pêche, l'agriculture, l'exploitation forestière ou encore celle
des roseaux. Cette représentation
"utile et productive" a, dans certains cas, aidé à la conservation et
à la gestion de ces milieux, dans
d'autres elle a conduit à leur destruction.
Des milieux fragiles et menacés
Depuis quelques décennies, les
tourbières sont perçues comme
des réservoirs de biodiversité. La
qualité paysagère est alors valorisée de même que l'utilité écologique (préservation de la ressource
en eau, stockage du carbone). La
tourbière devient intéressante en
soi et sa conservation une priorité.
Cela n'exclut pas un usage socioéconomique raisonné.
Pour atteindre cet objectif de préservation, il est indispensable de
convaincre les décideurs (élus,
administrations) mais aussi et surtout les usagers actuels ou
anciens des sites (chasseurs, agriculteurs, pêcheurs…) de la valeur
et de l’intérêt de ces milieux. Cette
appropriation sociale passe souvent par le développement de nouveaux usages (pédagogie scolaire,
tourisme de nature, contemplation…) pour peu qu'ils soient compatibles avec la sensibilité écologique des sites concernés.
Bruno VEILLET
L'Herretang ou la longue histoire d’une tourbière ordinaire
Les tourbières de l'Herretang, à cheval entre Saint-Laurent du Pont et Saint-Joseph de
Rivière, sont issues du comblement d'une cuvette lacustre profonde d'au moins 120 m
et abandonnée par les glaces il y a plus de 150 000 ans. La tourbe a commencé à s'accumuler il y a 7 500 ans “seulement”.
L
es premières
allusions
à
l'Herretang sont
rédigées
au
moyen-âge par
les moines de
Chalais. Au XVIe siècle, la pêche sur le plan d'eau est
réglementée par les moines chartreux. En 1854, les nombreux projets d'assèchement se concrétisent
par la canalisation de l'Herretang
dont les divagations régulières
sont redoutables.
Souhaitant utiliser la tourbe (qu'on
appelait autrefois " le charbon du
pauvre ") comme combustible, la
Compagnie des Fonderies, Forges
et Aciéries de Saint-Étienne mena,
dés 1869, des études et expériences. En 1880, la compagnie décide
la construction d'un atelier pour
l'agglomération et le séchage de la
tourbe. La compagnie des
Fonderies, Forges et Aciéries de
Saint-Étienne arrêtera ses extrac-
MG / La Vertevelle
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
La représentation sociale des tourbières
Cette carte datant de la fin du XIXème siècle montre l’étendue de
l’étang de l’Herr maintenant asséché
tions de tourbe en 1885.
Au début du XXe siècle, l'essentiel
du marais est exploité à des fins
agricoles surtout pour la blache.
En 1940, la tourbière, classée
"mine", est acquise par Monsieur
Pinel, créateur de la Société des
Tourbières du Sud-est. Un chantier
d'exploitation d'intérêt public (production manuelle de briquettes
destinées au chauffage), démarre
Tourbières de l’Herretang (D.JUNGERS / CGI)
Témoignage de l’activité passée sur les tourbièEn 1947-48, une
res, ces traverses supportaient la voie ferrée utiproduction moins
lisée pour l’exportation de la tourbe
intense de tourbe à
vocation horticole
fin 1942 et évite à de jeunes
prend progressivement le relais et,
ouvriers du chantier le STO (seren 1955, la fabrication de briquettes est totalement arrêtée. De
vice du travail obligatoire) ou la
1955 à 1975, la production sera en
relève des prisonniers.
moyenne de 5 000 m3 par an. La
tourbe est conditionnée en sac ou
A la Libération, la production de
broyée pour une usine de caoutcharbon est à un niveau catastrochouc. En 1962, le
contre canal est
creusé pour permettre un meilleur
drainage des bassins d'extraction
de la tourbe.
De 1975 à 1995
les
tourbières
changent de propriétaires.
L'exploitation redevient plus intensive, produisant de
6 000 à 10 000 m3
par an. L'extraction
se fait à la pelle
mécanique et le
transport
par
wagonnet jusqu'en
1984 puis par tracteur. Les voies
sont démontées
mais de nombreuses traverses laissées sur place
sont parfois utilisées par les sangliers comme frottoirs.
Jusqu'en
1977, les prairies
de la partie nord
Vue aérienne d’une ancienne fosse d’extraction sont entretenues
par la fauche. Les
de tourbe aujourd’hui remise en eau
Les quatre
objectifs
prioritaires de
gestion
Restaurer un fonctionnement
hydraulique favorable à la
préservation de la tourbière.
Réhabiliter
et étendre les
prairies humides de fauche et
de pâture abandonnées
depuis 30 ans.
Poursuite
de la gestion par
pâturage extensif (bovins et
équins).
Remodeler
et recreuser les
plans d'eau nécessaire à la
diversité du site (zones à
amphibiens).
Améliorer
le potentiel pédagogique de l’observatoire et
du sentier destiné à l'accueil
du public.
propriétaires, héritiers de Monsieur
Pinel, ayant des projets d'aménagement importants en arrêtent la
pratique. En 20 ans, le site se couvre de bouleaux dans le secteur
des étangs et de saulaies impénétrables ailleurs.
En 1994, les terrains de la Société
des Tourbières du Sud-est sont
acquis en indivision par le
Conservatoire Rhône-Alpes des
Espaces Naturels et le Conseil
général de l'Isère. Conformément
aux accords passés, l'exploitation
de tourbe se prolonge encore quelques années. Le dernier exploitant
donne le dernier coup de pelle en
août 1996.
La gestion est confiée à AVENIR
qui élabore le plan de gestion en
1994 et engage les premiers travaux de réhabilitation dès 1995. La
réactualisation du plan de gestion
est rédigée en 2005
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
B.VEILLET / AVENIR
phique. La tourbe
combustible représente donc une
source
d'énergie
nécessaire à la
reconstruction du
pays. Une exploitation intensive de briquettes est mise en
route. L'extraction
est faite mécaniquement et le transport
est effectué par
wagonnets sur rails.
Roger MARCIAU
Éric DEDONDER
17
Des tourbières et des hommes
18
Un "Jardin de tourbière" pour que chacun puisse enfin s'immiscer
dans ce monde mystérieux qu'est le marais tourbeux …
ontribuer à l'appropriation
locale du site,
Satisfaire
le
public souhaitant découvrir
les
différents
aspects de la tourbière à l'abri des
dangers de terrains instables, tout
en évitant que
cette fréquentation n'engendre
des conflits liés aux
propriétés privées ou
des perturbations
sur l'écosystème
(piétinement,
dérangement), tels sont les
buts recherchés
par l'aménagement d'un parcours pédagogique sur caillebotis
dont les travaux commenceront
d'ici la fin de l'année : le Jardin de
G.MAILLET / AVENIR
C
R.MARCIAU / AVENIR
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
LIFE Nature et territoires
Implantation de tourbe acide pour le futur Jardin de tourbière
tourbière.
Situés au nord, sur Chabons, dans
le périmètre de protection, mais en
dehors
de
la
Réserve naturelle,
les terrains concernés, propriétés de la
collectivité, étaient
très embuissonnés
et ne présentaient
plus un grand intérêt
biologique.
Deux
hectares de ces
anciennes prairies, fauchées à la
main jusque dans
les années
1950, ont
alors été
broyés pour
restaurer ce secteur
favorable aux orchidées (Liparis de
Loesel) et offrir un
lieu idéal pour l'accueil du public. Une
des gageures était
de réussir à implanter un secteur
acide dans ce milieu alcalin. Les
essais ont commencé en 1999 et
après quelques années de suivi
confirmant le développement d'un
secteur à sphaignes au milieu de la
tourbière alcaline, le principe de la
création du Jardin de tourbière se
concrétise grâce aux financements
européens obtenus dans le cadre
du LIFE Nature et territoires en
r é g i o n
Rhône-Alpes,
ainsi qu'à ceux
de l'État et du
Conseil général respectivement de 57
520, 34 350 et
22 900 €.
Ce sentier de
450 mètres de
long sera accessible aux personnes à mobilité réduite pour que tous puissent
profiter de ce "jardin à l'anglaise"
écologique le long duquel seront
présentés les différents faciès de
végétation, des roseaux jusqu'aux
fourrés inextricables de saules, en
passant par les inévitables plantes
Grégory MAILLET
Extraction de tourbe sous surveillance à Courtenay
En 1998, la société productrice de terreaux Pouget-Solami, implantée sur la commune
d'Arandon, cherche de nouveaux gisements de tourbe. Elle se fixe sur le site de
Boulieu, tourbière basse alcaline de la commune de Courtenay.
C
R.MARCIAU / AVENIR
onsciente
de
l'impact environnemental de son
activité,
la
société propose
une expérimentation " grandeur
nature " d'exploitation mesurée de
la tourbière de Boulieu accompagnée de mesures compensatoires
fortes. Elle sollicite à cet effet la
Fédération des conservatoires
d'espaces naturels, alors en plein
LIFE " Tourbières de France ",
Olivier Manneville, maître de
conférence à l'Université Joseph
Fourier et Lo Parvi, association
Une extraction de la tourbe
la recolonisation du milieu
ble...
naturaliste de l'Isle Crémieu. Ainsi,
une étude d'impact menée par un
bureau d'étude reprend les exigences écologiques des différents partenaires.
Suite à cette démarche, l'arrêté
préfectoral du 6 mars 2000
accorde à la société, alors rachetée par DUMONA, une autorisation
d'exploitation de tourbe sur le
marais de Boulieu. Celui-ci édicte
des mesures compensatoires et
leur suivi. Conformément au souhait des différents acteurs impliqués dans cette procédure, cette
mission de suivi a été confiée à
AVENIR, en raison de sa connaissance du site et de
son expérience dans
la gestion et la restauration de tourbières.
A ce jour, quatre rapports ont déjà été
produits par AVENIR.
L'accompagnement
des travaux, en collaboration étroite avec
Lo Parvi et avec l'entreprise a permis de
préciser les caractéristiques techniques
des pentes de berges
favorisant optimum écologiqueest possi- ment et favorable à la
Cistude
d'Europe
présente sur le site, de faire des
propositions nouvelles et de confirmer des dispositions localement
contestées. Par contre, il est très
difficile de faire avancer les mesures compensatoires engageant
l'État comme la mise en place d'un
APPB sur la partie amont non
exploitée de la tourbière ou sur les
engagements des collectivités
locales sur la gestion écologique
du site après extraction. Un prochain comité de suivi devrait statuer sur ces sujets.
Roger MARCIAU
Un geste pour
préserver les
tourbières
Si vous êtes convaincu de la
nécessité de protéger les
tourbières, vous pouvez
contribuer à leur conservation
en utilisant vous-même ou en
faisant employer dans votre
commune ou entreprise des
terreaux sans tourbe, issus de
composts divers. Ils sont vendus dans les grandes surfaces spécialisées avec la mention "sans tourbe" clairement
affichée.
La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières
forêt de panneaux, les supports
pédagogiques sur place seront
limités pour privilégier l'observation et la rêverie. Un livret
pédagogique décrira dans
le détail le fonctionnement
si particulier et les enjeux de
cette tourbière exceptionnelle.
G.MAILLET / AVENIR
carnivores … Parmi les aménagements prévus, un ponton flottant et
la mise en scène d'un des
trous d'eau permettra
d'appréhender la
formation
du
radeau
de
tourbe, la légende de
la chapelle engloutie
dans le puits de Baraban sera
expliquée et une plateforme permettra de prendre un peu de hauteur et d'avoir un point de
vue sur la prairie. Pour
conserver à la zone tout
son charme et pour qu'elle
ne ressemble pas à une
19
En savoir plus...
Le monde des tourbières et des marais. Olivier MANNEVILLE, Virginie VERGNE, Olivier VILLEPOUX. Éditions Delachaux et Niestlé, 1999
La gestion conservatoire des tourbières de France. Nicolas DUPIEUX.
Espaces naturels de France. Programme LIFE Nature Tourbières de France. 1998
Cahiers scientifiques et techniques du réseau "Tourbières de France".
Philippe JULVE. Espaces naturels de France, Groupe d'étude des tourbières. 1996
La gestion des milieux naturels de Rhône-Alpes, cahier technique. CREN
1999
Tourbières en Rhône-Alpes, un patrimoine à gérer. Bruno COIC, Fabrice
FRAPPA, Laingo LAZA. CREN 2001
Vers une stratégie de préservation des tourbières. Recueil d'interventions de
la 4ème journée d'échanges techniques entre les gestionnaires d'espaces naturels
de Rhône Alpes. CREN 2004
Inventaire des tourbières de la région Rhône-Alpes. Département de l'Isère.
CREN et AVENIR, mars 2000
Les tourbières en Isère, un état des lieux. Nicolas COTTIN. AVENIR 2000
… et de nombreuses autres parutions nationales et locales consultables au centre
de documentation du pôle relais tourbière via le site internet www.poletourbieres.org qui propose divers documents téléchargeables et plus de 1000
documents résumés pouvant être recherchés par mots-clés. Si besoin, vous pouvez faire appel à la documentaliste, Sylvie Raboin.
Renseignements : 03 81 81 78 64
AVENIR vous invite à participer
à la matinée de débroussaillage de la toute jeune plantation d'arbres alluviaux dans la
zone naturelle de l'étang de
Mai. Une visite du sentier de
découverte suivra le nettoyage.
Rendez-vous : samedi 26
novembre à 9h au parking de la
Fure dans la zone naturelle
Durée : 3 heures, prévoir bottes. Les sécateurs en tout
genre seront les bienvenus.
Nous fournissons les gants.
Renseignements : 04 76 48 24 49
http://www.enf-conservatoires.org
Le Pôle-relais Tourbières
La Fédération des conservatoires d'espaces naturels
a été retenue pour mettre en place, animer et coordonner un pôle de compétences sur la connaissance, la gestion durable et l'évaluation des tourbières et des marais
tourbeux sur le territoire français. Ce pôle s'inscrit dans le cadre du
plan national en faveur des zones humides adopté en 1995 pour lutter
contre leur forte régression. Les objectifs du pôle-relais sont de recueillir et diffuser les connaissances scientifique sur les tourbières, de promouvoir une gestion durable de ces milieux et d'évaluer les résultats
obtenus. Il s'agit aussi de susciter et d'accompagner les initiatives locales en faveur des zones humides en les relayant et en leur donnant
une cohérence nationale.
www.pole-tourbieres.org
AVENIR est membre du réseau national des
Conservatoires d’Espaces Naturels
Soutien individuel : Année 2005
Responsable de la publication
Bruno VEILLET
Je souhaite soutenir les actions d’AVENIR :
Coordination et mise en page
Anouk MERLIN
en m’abonnant au bulletin d’information “La feuille de chêne”
(3 numéros par an) ............................................................................... 10 €
Cartographie
Laurent POULIN
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en devenant membre bienfaiteur ...................................................... 150 €
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en versant un don manuel de soutien de ...................................... _____€
Total de ma contribution pour 2005 ..................................................
€
A contribué à la réalisation de ce
numéro
L’ensemble de l’équipe d’AVENIR
Nom ...................................................... Prénom ..........................................
Adresse ..........................................................................................................
Fait à ................................................... Signature
20
le ...................................................
(pour les communes et groupement de communes : s’adresser au bureau d’AVENIR)
Vos remarques sont les bienvenues
pour enrichir et améliorer ce bulletin
Bulletin tiré à 1400 exemplaires
ISSN 1767-9427
Réalisation : AVENIR - Imprimé à l’encre végétale sur papier recyclé (Imprimerie Notre Dame)
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AVENIR, délégation départementale du Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels
10, rue Raspail 38000 GRENOBLE Tél. 04 76 48 24 49 Fax 04 76 48 24 26 Mél. : [email protected]
Bibliographie

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