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Bulletin d’Information de l’Agence pour la Valorisation des Espaces Naturels Isérois Remarquables Conservatoire des espaces naturels de l’Isère Spécial TOURBIÈRES Marais de Chirens (Didier JUNGERS / Conseil général de l’Isère) Sommaire Sommaire Sommaire Édito État des lieux Qu’est ce qu’une tourbière ? Les menaces et les causes de disparition Un APPB départemental pour les tourbières La diversité des tourbières A la loupe Les différents modes de gestion Des tourbières et des hommes En savoir plus... p. 2 p. 3 p. 4 p. 5 p. 6 p. 8 p. 12 p. 14 p. 16 p. 20 N° 15 / novembre 2005 Éditorial La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Tourbières de vallées, richesse de l’Isère L es tourbières commencent à être un peu connues du grand public et des décideurs. Mais on leur associe souvent l'image réductrice des seules tourbières bombées ou des droséras. Les tourbières sont diverses et leur fonctionnement complexe gagne à être mieux connu, y compris pour bien appréhender le mode de gestion (ou de non-gestion parfois) à leur appliquer. Les tourbières, alcalines, qui se sont développées dans les vallées de notre pays, ne sont pas moins riches que celles de plus haute altitude (dont les tourbières bombées), mais ont été jusqu’à présent ignorées. Les scientifiques les ont moins étudiées, les mesures de préservation 2 Marais de Chirens (D. JUNGERS / CGI) ne les ont pas toujours touchées. Facteur aggravant, dans notre département alpin où les activités humaines se concentrent dans les vallées, les infrastructures, les constructions et l'intensification agricole les ont fortement amputées ou dégradées. Il est donc nécessaire, une fois qu'elles sont bien inventoriées, de se donner les moyens d'en conserver l'intégrité ou d'essayer, par des mesures de restauration adéquates, de leur faire retrouver un fonctionnement correct, notamment hydraulique. Seuls des apports d'eau en quantité et qualité correctes permettent aux tourbières de contribuer à un bon état des eaux et des milieux naturels de leur bassin, de développer la faune et la flore qui leur sont associées et d'être ainsi proposées au public pour d'intéressantes visites. L'inconvénient est que certaines des fortes modifications apportées durant les derniers siècles, comme la rectification des cours d'eau et les modifications de leur régime, sont très difficiles à corriger. Une autre gageure est de mettre en place des modes de gestion à la fois efficaces et relativement peu coûteux, permettant de maintenir des surfaces conséquentes à long terme. Conserver, retrouver un bon réseau de zones humides de vallées, dans le département de l'Isère, les Alpes et l'ensemble du territoire national, est un des objectifs prioritaires de ces prochaines années en matière de protection de la nature. Francis MULLER Chef de Projet Pôle-Relais Tourbières Fédération des conservatoires d'espaces naturels État des lieux C'est en 1997 que le Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels a décidé de réaliser un inventaire des tourbières de Rhône-Alpes, en partenariat avec ses délégations départementales, dont AVENIR pour l'Isère. Le financement de ce travail a été assuré dans notre département par la Région Rhône-Alpes, le Conseil général de l'Isère, l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse et la DIREN. Tourbière de l’Arselle à Chamrousse (C. BALMAIN / AVENIR) L e département de l'Isère a été prospecté de 1998 à 1999, avec l'appui local d'associations : Gentiana pour la Chartreuse et Lo Parvi pour l'Isle Crémieu. De nombreuses données ont été récoltées sur chaque tourbière, afin d'avoir une description précise de son état, des activités pratiquées, de son évolution, de sa réglementation et du patrimoine naturel. La synthèse de ces données révèle la richesse et la fragilité des tourbières iséroises. Avec 108 sites et 2855 ha, l'Isère compte parmi les départements les plus riches de Rhône-Alpes. Tous les types de milieux tourbeux sont présents : de la tourbière bombée acide au bas-marais alcalin, sans oublier les gazons riverains arcticoalpins sur les hauteurs du département. En outre, plus du quart de la flore protégée de l'Isère se rencontre sur ses tourbières. Pourtant ces réservoirs de biodiversité sont menacés. Près de la moitié des tourbières subissent une fermeture du milieu. Plus grave, un tiers des tourbières est victime d'assèchements, remblais, fossés ou dépôts de matériaux et autres interventions qui laissent des dégradations irréparables. Lorsqu'on sait que déjà plus de 85 % de la surface de tourbières de basse vallée inventoriées dans les années 1940 a disparu dans notre département en raison du drainage et de l'extraction de tourbe, on mesure l'importance de prendre soin des tourbières qui nous restent. Nicolas GORIUS CREN Les tourbières de l’Isère Répartition des surfaces des cinq types de tourbières en Isère La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières La connaissance des tourbières en Isère 3 La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Qu'est-ce qu'une tourbière ? A plusieurs reprises dans les millions d'années qui nous ont précédées, les glaciers ont recouvert notre région. Ils ont raboté profondément notre territoire et édifié d'innombrables moraines. Leur retrait et leur fonte, il y a quelques 12 000 ans, a généré de nombreux lacs et marais rapidement colonisés par une végétation pionnière de mousses, de roseaux et de laîches. Partout où une température froide régnait et où était présente une forte quantité d'eau, cette production végétale s'est décomposée de manière imparfaite en matière organique noirâtre ou blonde : la tourbe. Véritable roche fossile, cette tourbe peut s'accumuler sur plusieurs mètres d'épaisseur, en strates successives, emprisonnant bois, pollen et même, parfois, corps humains dont elle assure une très bonne conservation. 20 ans d’actions du Conservatoire pour les tourbières de l’Isère 1986 1989 programme départemental pour la préservation des zones humides du Conseil général de l'Isère et d'AVENIR présentait 100 zones humides dont 41 tourbières Intervention pour sauver le marais de Montfort (Crolles) Recherche de sponsors pour l'équipement pédagogique du lac Luitel 1994 Gestion de la Réserve naturelle de l'étang du GrandLemps Achat des tourbières de l'Herretang 1995 LIFE Tourbières de France. L'Herretang est un des trente 1999 Inventaire des tourbières de l'Isère 2002 La nature de cette végétation de tourbière ainsi que les caractéristiques de la tourbe diffèrent suivant la nature du sol et la composition de l'eau d'alimentation : Sur sol neutre à alcalin riche en calcaire, la végétation est dominée par les laîches, les roseaux et les mousses pleurocarpes, la tourbe est très noire et peu fibreuse, c'est une tourbière basse alcaline ou bas marais (parce que la végétation ne présente pas de bombements). Le sites d'intervention en France Envoi conjoint avec le Conseil général de l'Isère des dépliants "Tourbières" aux communes concernées par l'inventaire 2004 Élaboration 2005 Document préparatoire à l'APPB "Grandes Rousses" AVENIR, gestionnaire de 275 ha de tourbières du dossier de prise en considération des Crêts d'Allevard Sur sol acide pauvre en calcaire une mousse à structure d'éponge, la sphaigne, domine. La tourbe est de couleur blonde, fibreuse, très acide, c'est une tourbière bombée acide (parce que les sphaignes édifient des bombements dont les sommets sont alimentés 4 Tourbière du Lac Carrelet à Oz-en-Oisans (M. BERENGER / AVENIR) par les eaux de pluie très acides). Compte tenu de la dominance acide ou alcaline et des particularités topographiques ou minéralogiques, on distingue en Isère cinq grands types de tourbières (voir carte page précédente). Roger MARCIAU L 'extraction industrielle de tourbe en temps que combustible, bien que localisée dans la moitié nord du département, a été une cause historique de destruction des tourbières. Ses conséquences environnementales sur les écosystèmes tourbeux ont été très variables selon les modes d'exploitation mais ont entraîné la destruction irrémédiable de très nombreux sites de grande valeur patrimoniale. La tourbe actuellement extraite en Isère est destinée à la fabrication de terreaux horticoles, elle subsiste sur un seul site (voir page 19). Les grandes tourbières basses de vallée (les Avenières sur le Rhône, les vallées de la Bourbre, du Catelan et de l'Isère) ont payé un lourd tribut aux grands remembrements agricoles de l'après guerre. 72 % de ces tourbières, soit plus de 1200 ha, ont été drainées et mises en culture depuis 50 ans. Ces terrains sont essentiellement occupés par la culture du maïs. Il faut également signaler les perturbations indirectes dues à des apports de fertilisants ou de pesticides, à une modification des apports hydriques par des prélèvements excessifs sur leur bassin versant... J.L. GROSSI / AVENIR Évolution des tourbières basses de vallée de 1949 à aujourd’hui J.L. GROSSI / AVENIR L'urbanisation forte du département de l'Isère a conduit également à la recherche de terrains peu couteux et peu valorisés socialement : les tourbières ont aussi été utilisées comme décharge, certaines ont été remblayées pour la construction d'infrastructures de transport, de zones industrielles ou urbaines, d'autres ont subi d'importants dommages liés à la construction d'équipements touristiques, notamment en montagne (remontées mécaniques, installation de réservoir d'eau pour alimenter les canons à neige, pistes de ski de fond). Des nombreux étangs de pêche ou de chasse ont été creusés sur des tourbières. L'abandon des pratiques d'entretien entraîne la colonisation du milieu par les arbres, modifiant ainsi ses caractéristiques B. VEILLET/ AVENIR La mise en culture intensive a été la cause principale de la destruction des tourbières alcalines en Isère Amorcée depuis une trentaine d’années, la déprise agricole s’est accompagnée de l’abandon progressif d’un certain nombre d’usages traditionnels. Ces activités ont disparu sur un certain nombre de sites dans lesquels elles permettaient, auparavant, d’entretenir le milieu en conservant des espaces ouverts et des communautés vivantes pionnières à grande valeur patrimoiniale. Heureusement, ce phénomène est réversible si l'alimentation en eau n'est pas perturbée. La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Les menaces et les causes de disparition Jean-Luc GROSSI Roger MARCIAU 5 Un APPB départemental pour les tourbières L 'inventaire des tourbières de l'Isère a montré l'importance des sites départementaux (108 sites pour 2850 ha) mais aussi leur fragilité. (Voir page 3) Face à la menace de disparition, les associations iséroises (réseau patrimoine naturel de la FRAPNA Isère et AVENIR) ont proposé au Préfet de l'Isère une démarche originale. En prenant l'exemple d'un APPB réalisé dans le département de l'Ain sur un ensemble de falaises patrimoniales départementales, il a été proposé à l'État d'instruire une protection réglementaire de type APPB sur l'ensemble des tourbières de l'Isère recensées dans l'inventaire de 2000. La DIREN a donné un avis favorable, le Conseil général de l'Isère a placé les habitats de tourbières parmi les toutes premières priorités de sa politique Espaces Naturels Sensibles et la commission des sites du 14 juin 2005, présidée par le secrétaire de Préfecture, a entériné ce projet et approuvé la création d'une commission de suivi composée d'élus, de socioprofessionnels, d'associations et de scientifiques. Cette commission s'est réunie le 30 juin 2005. La DDAF a affiné la démarche en proposant d'instruire un APPB par grand massif. Les associations se mobilisent pour faciliter l'instruction des dossiers en rem- plissant une fiche standard par tourbière comportant les informations de base sur les espèces protégées, les menaces et la nature du foncier. En 2005, Lo Parvi a réalisé ce travail sur le district naturel de l'Isle Crémieu. AVENIR, soutenu par le Conseil général de l'Isère couvre le massif des Grandes Rousses. Dans le massif de la Chartreuse et celui des monts du Chat, le Parc naturel régional de Chartreuse travaille à compléter les connaissances sur les tourbières en collaboration avec la société botanique Gentiana et l'association Nivéole. Roger MARCIAU Les tourbières du district naturel des Grandes Rousses Un district peu connu des naturalistes (dont il est séparé par la vallée de l'Eau d'Olle), le Massif des Ecrins au sud (la vallée de la Romanche), les Aiguilles d'Arves (la vallée de la Maurienne) au nord et à l'est par le département des Hautes Alpes. Le district naturel des Grandes Rousses appartient aux Alpes externes. La différence d'altitude est NI R S itué au sudest du département de l'Isère, le massif des Grandes Rousses et le plateau d'Emparis ont été regroupés dans un seul et même district naturel, celui des Grandes Rousses. Il est entouré par le massif de Belledonne à l'ouest R.MARCI AU / AV E La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Mobilisation générale pour les tourbières du département de l'Isère. importante (2700 m environ). Le point culminant est le Pic de l'Etendard (3468 m) et le point le plus bas peut être considéré au niveau de la vallée à Rochetaillée (700 m). De cette importante dénivellation résulte un étagement de la végétation visible, s'échelonnant sur des groupements végétaux appartenant à l'étage collinéen jusqu'à l'étage nival. Le relief est très abrupte, entaillé de profondes vallées que dominent les glaciers. Des tourbières marquées par un long hiver et un relief tourmenté. Les tourbières sont principalement situées au-dessus de 1600 m d'altitude avec une moyenne se situant vers 2000 m. Les faibles moyennes thermiques et le long enneigement limitent la croissance des végétaux et empêchent la plupart du temps l'apparition d'un bombement important et de fortes accumulations de tourbe. On rencontre le plus fréquemment 6 Champ de Linaigrettes au Val Ferrand à Clavans (Eriophorum vaginatum) - (M. BERENGER / AVENIR) En 2005, Myrtille Bérenger, étudiante du master pro "Diagnostic et gestion des milieux naturels" de l'Université de Grenoble a été chargée du dossier de prise en considération des tourbières du district naturel des Grandes Rousses. Afin de rendre opérationnel l'inventaire des tourbières sur ce massif, AVENIR, soutenue par le Conseil général de l'Isère a entrepris de réaliser un document de précision parcellaire dont la finalité est de mettre à la disposition des décideurs un état précis de la surface et du patrimoine naturel de ces tourbières, leur statut actuel, leur degré de vulnérabilité et les contextes socioéconomiques communaux. Ce document doit permettre enfin la coordination de toutes les volontés pour une préservation définitive de ce patrimoine exceptionnel grâce à une concertation avec les élus et les acteurs locaux. Le bilan est d'ores et déjà encourageant : 16 plantes protégées réparties sur 21 stations dont une découverte du petit botrychium, une nouvelle plante protégées pour l'Isère en 2005 par Frédéric Gourgues de GENTIANA et une tourbière nouvelle découverte sur l'Alpe d'Huez. Se sont au total 277 ha cartographiés au 1/5 000e contre 219 ha dans l'inventaire de 1999. Plus de 600 parcelles sont ainsi répertoriées dont 38 % en propriété communale. Roger MARCIAU M.BERENGER / AVENIR R to Tri sées par la Laîche des tourbières de rostrée et le Trèfle pentes associées à n I d'eau qui constides sources ou à alp EN est / AV r e T E ( tuent le radeau d'acdes ruisseaux (Rif Trituru s alpestris) - G.MAILL cueil pour des bombeTort, Bessey, Ferrand, ments à sphaigne avec parfois le Valette, Petite Lauze, la Pisse, Droséra à feuilles rondes. Les Rochette, Sarenne, Montfrais). On groupements acidophiles sont observe plus rarement la colonisapiquetés par les toupets blancs tion des rives de lac (Faucille et des linaigrettes de Scheuchzer ou Carrelet). La complexité géologivaginées. que du massif engendre souvent une mosaïque de groupements Roger MARCIAU alcalins et acides mais globalement ce sont les tourbières basses La Swertie vivace (Swertie perende pente et riveraines qui dominis) est une plante des tourbiènent avec la Swertie vivace et la res basses de pente (Photo ciPrimevère farineuse. Les déprescontre) sions en eau sont souvent coloni- La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Un dossier de prise en considération pour les tourbières des Grandes Rousses 7 Tourbière haute de Chavannus (C.BALMAIN / AVENIR) La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Les tourbières bombées acides 8 C 'est le type de tourbière le plus connu, surtout lorsqu'elle se forme en radeau concentrique autour d'un lac comme on peut l'observer sur le lac Luitel dans le massif de Belledonne. Elles s'installent sur granite ou sur gneiss pauvre en calcaire sur Belledonne et le Taillefer, sur glaise à quartzite dans les vallons des Chambaran. Avec le temps les différentes espèces de sphaigne (40 en France) édifient des bombements de plus en plus acides où s'épanouissent des plantes rares et protégées comme la Drosera à feuilles rondes, le Lycopode des marais ou la Scheuchzerie des marais. En fin de vie, l'extrémité des buttes s'assèche, se couvre de polytric, de callune et de myrtille puis enfin de ligneux clairsemés comme le Pin à crochet ou l'épicéa, on dit que la tourbière s'est atterrie. L'inventaire des tourbières de Rhône-Alpes a révélé la position en premier plan de la chaîne de Belledonne et du Taillefer en matière de tourbières acides. Le col des Mouilles à Sainte-Agnès (R.MARCIAU / AVENIR) Attention où vous mettez les pieds : plantes carnivores ! Les plantes des tourbières ont développé toute une série d'adaptations dont la plus originale est d'adopter un régime carnivore. En effet, pour pallier au manque de nutriments, et particulièrement au défaut d'azote, certaines plantes ont opté pour un comportement de prédateur. Les techniques sont rustiques mais efficaces et astucieuses. La plus simple est le piège à glue, c'est le cas de la grassette vulgaire et du droséra à feuilles rondes capable d'immobiliser l'imprudente demoiselle*. Autre plante, autre technique ; celle de la petite utriculaire qui possède des petites outres gardées par Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) (R.MARCIAU / AVENIR) Le lac Luitel : La première Réserve Naturelle de France E ONF n 1961 le site du lac Luitel, situé à 1250 m d'altitude, a bénéficié de ce classement. Deux types de tourbière se rencontrent ici : un lac-tourbière (lac Luitel) et une tourbière bombée (tourbière du col). Sur les 17 hectares protégés, on peut observer tous les stades d'évolution écologique de ce type de milieux. Au chalet de la Réserve (ouvert de juillet à août) l'Office National des Forêts, gestionnaire de la réserve, propose des visites guidées et une exposition pour faire découvrir cet espace. Renseignements : ONF 04 38 92 12 36 B Grassette vulgaire (Pinguicula vulgaris) (N.COTTIN / AVENIR) des poils sensibles qui au moindre contact libèrent l'ouverture du piège aquatique aspirant à l'intérieur la larve d'insecte ou le crustacé téméraire. Pour la plante en question, il ne reste plus qu'à secréter une enzyme qui assurera la digestion de la proie et donc son assimilation. ien moins connues jusqu'à présent que les tourbières acides, les tourbières basses alcalines recouvrent une partie des marais de plaine et de montagne sur sol riche en calcaire. Ici, l'installation des arbustes comme la bourdaine et le Saule cendré ou d'arbres comme le bouleau et l'Aulne glutineux est naturellement rapide. On peut imaginer les tourbières primitives comme une mosaïque de prairies humides entretenues par les herbivores sauvages, les crues et les incendies de landes et de forêts de bois tendre inextricables. Longtemps, l'agriculture traditionnelle a maintenu cette diversité par la fauche et le pâturage des prairies humides, son abandon conduit à un boisement généralisé des tourbières et donc à un appauvrissement de la diversité par la disparition des espèces remarquables des milieux ouverts : orchidées comme le Liparis de Loesel, papillons comme le Fadet des Laîches et oiseaux comme le Courlis cendré. En Isère, on observe une densité de tourbières basses remarquable dans le district de l'Ile Crémieu, en Chartreuse -Mont-du-chat et sur les terrains riches en calcaire de Belledonne. La comparaison avec un inventaire de 1940 montre la disparition dramatique de 80 % de ces tourbières dans nos grandes vallées du Rhône (Les Avenières), de la Bourbre et du Catelan, du Guiers, de l'Ainan par exploitation de la tourbe et surtout suite à des remembrements agricoles. Jean-Luc GROSSI *Famille de libellules Utriculaire méridionale (utricularia australis) (R. MARCIAU/ AVENIR) Tourbière du Peuil à Claix (N. COTTIN / AVENIR) Le Lézard vivipare C'est le lézard qui présente l'aire de répartition la plus nordique de tous les reptiles de la planète. Dans nos contrées iséroises, on peut le rencontrer jusqu'à 2500 mètres d'altitude. A cela, deux principales explications : il résiste à des hivers particulièrement rigoureux et longs notamment grâce à son foie qui produit une sorte d'antigel comparable à celui de nos voitures. En plus de cette adaptation, il a développé un mode de reproduction lui permettant de coloniser les habitats les plus divers et contraignants. En effet, à l'inverse de la plupart des lézards qui pondent des œufs avec une coquille calcifiée, chez cette espèce, les petits se développent dans le ventre de la mère. Au moment de la ponte, les petits lézards sont entourés d'une fine membrane qui disparaît quelques secondes après la ponte. Les juvéniles qui sortent de cette membrane sont immédiatement indépendants. Jean-Luc GROSSI Auteur (sauf indication) : Roger MARCIAU J.L. GROSSI Un des hôtes privilégiés des tourbières qui n'hésite pas à se jeter à l'eau lorsqu'il est menacé La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Les tourbières basses alcalines 9 La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Les marais tufeux 10 O n les rencontre uniquement en massif calcaire au niveau des sources d'eau très riches en calcaire. En émergeant de son voyage souterrain, l'eau dépose le calcaire sur le sol ou sur la végétation de mousse. Si la pente est forte, il se forme une cascade faite d'une succession de vasques de concrétions calcaires bien connues dans les massifs karstiques comme le Vercors et la Cirse de Montpellier Chartreuse. Ces cascades pétrifiées sont impénétrables pour les plan- (Cirsium monspessulanum) (R.MARCIAU / AVENIR) tes à racines et ne sont colonisées que par des mousses de différentes espèces. Lorsque la pente est faible, les eaux s'épanchent lentement en constituant une gangue calcaire autour des particules organiques ou minérales du sol. Ces sols dits " tufeux " sont meubles et peuvent présenter des quantités importantes de tourbe qui les apparentent aux bas marais alcalins car on y observe de nombreuses espèces communes : Choin noir, Droséra à longues feuilles, Cirse de Montpellier. Tufière de la Darne à Saint-Martin de Clelles (C.BALMAIN / AVENIR) Les tourbières mixtes C e sont des tourbières basses alcalines qui sont localisées en climat très froid et humide. Avec le temps, la végétation de tourbière alcaline se densifie et constitue un écran entre la partie base alimentée par une eau riche en calcaire et le sommet où l'eau de pluie est dominante et acidifie le milieu. Cette acidification permet l'installation de sphaignes tolérantes à une eau un peu minéralisée. Le développement de cette première sphaigne et de son cortège acidiphile augmente à nouveau l'acidité et permet l'installation des sphaignes de tourbière bombée. Ces tourbières cumulent par conséquent les espèces rares des deux types. Ces milieux sont extrêmement sensibles à la qualité de l'eau d'alimentation et aux bouleversements du terrain. Tourbière du Lac au Grand-Lemps (G.MAILLET / AVENIR) Papillon nocturne Hypenodes humida Doubleday, 1850 Famille des noctuid Ce petit papillon de 10 rencontre en Isère que Réserve naturelle de l' (à 492 m d'altitude). Il est inféodé aux tourb étendues, comme il en dans la partie nord de l' pes de styles toundras Sa période de vol est d chenille se développe Carex, elle hiverne à l'é attirée avec une lampe culté de détermination qu'elle est souvent co micros-lépidoptères et logistes réussissent à hétérocères (papillons en France que cinq lo papillon. Les sphaignes Les sphaignes constituent un groupe homogène aux caractéristiques morphologiques, physiologiques et écologiques particulières au sein des bryophytes (mousses). Elles sont caractéristiques des tourbières mais quelques-unes se rencontrent dans les forêts et les landes fraîches. Elles se présentent en touffes plus ou moins compactes de tiges. Les feuilles sont très petites et insérées le long des tiges et des ramifications ; leur structure interne montre de petites cellules vivantes capables de réaliser la photosynthèse (chlorocystes) et de grandes cellules mortes (hyalocystes) fonctionnant comme des citernes où sont stockées d'importantes quantités d'eau : jusqu'à quinze à trente fois leur poids sec. Pour satisfaire leurs besoins en éléments minéraux, les sphaignes absorbent par des processus bio- Auteur (sauf indication) : Roger MARCIAU C alis ET SS P. RO dae mm d'envergure ne se dans la tourbière de la étang du Grand-Lemps bières froides de vastes n existe communément 'Europe dans des bioto. de juin à septembre. La e sur une espèce de état de chenille. Une fois e à ultras violets, la diffin de cette espèce est nfondue avec tous les que très peu d'entomola discerner des autres de nuit). On ne connaît calités où vole ce petit 'est un cas très particulier de tourbières basses car le phénomène d'accumulation de tourbe est particulièrement discret dans ces gazons qui se situent audessus de 2000 m d'altitude dans l'étage alpin. On les observe en rive de torrents sur substrat graveleux calcaire, dans les tronçons à faible pente souvent en méandres. Ils sont constitués d'une végétation basse clairsemée de laîches, de joncs souvent remaniée par les crues de fin d'hiver. Le qualificatif " arctico-alpin " indique que les espèces présentes dans ces gazons montrent une répartition discontinue : alpine dans le sud et arctique dans l'extrême nord de l'Europe. On explique ce phénomène par l'action d'extension et de retrait des glaciers qui ont laissé à la fin des glaciations des espèces nordiques dans les milieux alpins dont les conditions de vie s'approchent de celles de l'arctique. Les plus grandes stations de ce type de tourbières se trouvent en Savoie, autour du massif de la Vanoise. Les deux stations de l'Isère, entre Grandes Rousses et plateau d'Emparis, présentent un cortège appauvri par rapport au type. Laîche bicolore (Carex bicolor) (R.MARCIAU / AVENIR) Patrick ROSSET Association Flavia ADE Des libellules inféodées aux tourbières chimiques subtils ces matières en solution dans l'eau, entraînant l'acidification progressive du milieu. Leur croissance est indéfinie ; la base de la tige meurt tandis que la partie supérieure continue de pousser sur ses restes plus ou moins décomposés (la tourbe). Il existe une quarantaine d'espèces de sphaignes en France qui arborent des couleurs variées allant du vert vif au rouge éclatant en passant par toutes les nuances de l'orange, du beige et du brun. CPNS G.BOURDERIONNET Thierry Delahaye / CPNS Les Cordulies du genre Somatochlora sont des libellules spécialistes des tourbières. En Isère on trouve la Cordulie à taches jaunes (S. flavomaculata) sur les milieux alcalins de plaine, l'Alpestre (S. alpestris, en photo ci-contre) disséminée sur les zones à sphaignes des massifs de Belledonne et de l'Oisans, la Métallique (S. metallica, en photo ci-dessous) en populations originales localisées à très haute altitude au sud du massif de Belledonne, mais aussi de manière plus classique dans l'Isle Crémieu. La Cordulie arctique (S. arctica) est la plus spécialisée : elle est confinée dans les gouilles tourbeuses acides d'altitude. Chacune se partage l'espace au sein des tourbières. Cyrille DELIRY GRPLS sympetrum.org G.BOURDERIONNET Le Rif Tort à Besse en Oisans (M.BERENGER / AVENIR) La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Les gazons riverains arctico-alpins 11 A la loupe 12 Le milieu des tourbières est tout aussi sélectif pour les champignons qu'il l'est pour la végétation : bien que l'humidité soit a priori un facteur favorisant, ces milieux inondés et pauvres en nutriments hébergent surtout des espèces très adaptées à cet environnement particulier et à leur végétation. T Le premier, l'hygrophore crénelé (Hygrocybe coccineocrenata), est un bryotrophe strictement associé aux sphaignes, qu'il décompose. Il est caractéristique des sphaignaies ombrotrophes et des prairies tourbeuses des étages montagnards et subalpins, où il est commun au-dessus de 800 mètres d'altitude. On le verra de juin à octobre dans les tourbières acides de Belledonne et du Taillefer ; dans les tourbières sous influence océanique (les Planchettes à StSiméon de Bressieux ou le Peuil, à Claix), il est remplacé par son proche parent, l'hygrophore chanterelle (Hygrocybe cantharellus), P.A.MOREAU ous ces champignons des tourbières sont étroitement apparentés aux champignons des milieux plus classiques, et figurent comme des adaptations ponctuelles, très singulières, à un milieu particulièrement sélectif. En voici trois exemples remarquables, parmi d'autres, que l'on pourra observer dans les tourbières de l'Isère. L’Hygrophore crênelé participe à l’évolution de la tourbière en aidant à la décomposition des sphaignes. plus orangé. Cherchez-les, vous les trouverez ! Sauf si la sphaignaie est moribonde, auquel cas son absence signifierait un déséquilibre du milieu… Le second, le bolet jaunâtre (Suillus flavidus) est le plus petit P.A.MOREAU La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Trois champignons des tourbières à sphaignes… Le Bolet jaunâtre vit en symbiose avec les pins dont il favorise le développement. Un comportement qui, à terme, lui joue des tours ! et le moins appétissant des bolets européens. Il est mycorhizique des pins, en milieu très acide, et ne se trouve que sous les maigres pins qui colonisent les tourbières acides de lac. En formant des mycorhizes avec ces arbres, le bolet leur permet de résister à cet environnement hostile et joue donc un rôle déterminant dans l'implantation et la survie des pins sur les tourbières de lac. Paradoxalement, en permettant aux pins de s'implanter, et à terme d'envahir la tourbière, ce bolet très rare (et très menacé en Europe) contribue à terme à sa disparition… Le bolet lui-même ne résiste pas au développement du pin et disparaît des boisements trop denses, trop secs pour lui. Autrement dit, le bolet est caractéristique d'un milieu très instable, à la limite de la survie de son arbre hôte et il sera la première victime d'un déséquilibre (élimination des arbres, ou colonisation trop rapide par ceux-ci, en cas d'assèchement par exemple). Il faut aller le découvrir au lac Luitel où on le trouve, blotti au pied des petits pins qui On peut sérier les champignons des tourbières en trois catégories majeures : L’Armillaire des marais : une espèce de champignons devenue rare. En Isère, on ne la trouve plus que dans la tourbière du lac Luitel. survivent péniblement au centre du lac. Il n'existe plus au col Luitel où la pinède est déjà trop âgée. Le troisième, l'armillaire des marais (Armillaria ectypa) est un champignon unique en son genre : les armillaires sont de redoutables parasites des arbres, celle-ci fructifie à partir d'un mycélium en cordons profondément enfoui dans la tourbe, qu'elle décompose. Sa vie souterraine semble dépendre d'une grande stabilité de son milieu, aussi ne survit-elle que dans quelques sites très préservés où les conditions hydriques sont stables et où le milieu n'est pas trop perturbé par le piétinement. Elle existe sur toute la zone " flottante " du lac Luitel où elle apparaît fidèlement, plusieurs fois par saison, parfois massivement, parfois seulement par petits groupes dispersés, et ce depuis sa première découverte sur le site en 1958. Elle a disparu de plusieurs sites de Rhône-Alpes au cours du XXe siècle et n'est plus connue, dans la région, que dans ce site protégé. Elle a résisté jusqu'à présent à la pollution saline du lac ; résistera-t-elle aux changements de régime hydrique destinés à réduire cette pollution ? Pierre-Arthur Moreau Laboratoire de botanique de l'Université de Lille les espèces mycorhiziques (vivant en symbiose avec les arbres, les filaments du champignon entourant les racines fines, et assurant leur nutrition minérale ainsi qu'une résistance aux stress et aux agressions) ; la plupart des espèces adaptées aux milieux humides sont exclusifs de leur arbre-hôte : certaines d'entre elles ne poussant que sous saules, sous aulnes, sous bouleaux ou sous pins. On peut y voir un phénomène d'adaptation complexe, à la fois du champignon vis-à-vis de l'arbre, et du couple champignon-arbre vis-à-vis d'un milieu difficile à coloniser, les espèces saprophytes (ou saprotrophes), qui décomposent la matière organique morte, surtout végétale, et dont bon nombre d'espèces contribuent à la formation de la tourbe (décomposition incomplète des mousses, sphaignes et plantes herbacées en milieu saturé d'eau), J.GUERIN les espèces bryotrophes (ou muscicoles) qui vivent en association (parasitisme, symbiose ou simple commensalisme, le sujet est encore mal connu) avec les mousses (Bryophytes). Les sphaignes représentent un substrat si particulier et si dominant dans les tourbières acides, qu'on observe plus d'une trentaine de champignons spécialisés dans leur décomposition. La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières P.A.MOREAU En résumé 13 Tourbière de la Pra à Revel Les différents modes de gestion 14 D e temps immémoriaux, les tourbières se sont " gérées " toutes seules en équilibre entre la puissance de la végétation, les accidents climatiques (incendies, crues, tempêtes) et la dent des grands herbivores sauvages. Puis l'homme les a exploitées comme combustible, comme ressource fourragère, forestière, comme territoire de pêche et de chasse et plus récemment comme terrain de loisir ou de pédagogie. L'urgence de préserver les tourbières en voie de disparition dans notre pays a conduit les collectivités et ONG à protéger réglementairement, puis à acquérir les sites les plus remarquables et menacés. C'est alors qu'est apparue la nécessité de gérer ces territoires abandonnés par les modes de valorisation traditionnels dans un objectif nouveau de conservation de la biodiversité. C'est bien un nouveau métier qui émerge car à la différence du gestionnaire propriétaire à vocation unique (agricole, forestier, cynégétique..) le gestionnaire " conservateur " est investi d'une mission d'intérêt public, il doit tenir compte de l'ensemble des acteurs et donc des usages de la tourbière afin d'en assurer l'entretien mais aussi pour favoriser une indispensable appropriation sociale de la tourbière. Roger MARCIAU Vers une gestion durable des tourbières Un choix Cornélien……dans les bas marais alcalins Différents modes de gestion peuvent être mis en œuvre et il convient bien souvent de choisir entre la fauche et le pâturage. Parfois c'est un subtil mélange des deux principes de gestion qui est appliqué. Quelque soit le choix, il se fait toujours en connaissance des besoins en eau du milieu. Le gestionnaire conservateur reçoit en charge la plupart du temps des territoires " assainis ", c'est-à-dire dont les écoulement d'eau de surface et souterrains, dans la tourbière et en périphérie, ont été profondément artificialisés pour éliminer l'eau (drains, ruisseaux enfoncés ou détournés). Un énorme travail préalable est alors nécessaire : acquisition des connaissances, négociations avec la profession agricole, avec les élus pendant de nombreuses années pour recouvrer un fonctionnement hydrologique satisfaisant pour une tourbière. Le pâturage La mise en place d'un pâturage en milieu tourbeux est une entreprise délicate ; la forte hygrométrie et les sols peu portants peuvent être des facteurs limitants. Mais le pâturage extensif s'avère être une solution intéressante pour contenir la progression des ligneux et créer une mosaïque de milieux favorable à l'expression de différents cortèges faunistiques et floristiques. Dans l'installation du pâturage on privilégiera les races rustiques souvent plus légères et adaptées à ce type de milieu. Un troupeau mixte alliant bovins, équins, ovins et/ou caprins est encore plus efficace du fait des comportements différents des espèces. Un inconvénient : c'est la fragilité des milieux pionniers et peu portants vis-à-vis du piétinement. Un plus : par la sur consommation de certaines espèces végétales et le refus d'autres, le bétail contribue à la diversification du milieu. L'exemple du marais de Charvas Situé sur la commune de Villette d'Anthon, le marais de Charvas est une des dernières zones humides de l'est lyonnais. L'hydromorphie conjuguée à l'activité agricole passée ont permis le développement de nombreuses espèces. L'embroussaillement des prairies humides consécutif à leur abandon est aujourd'hui contrôlé par une gestion adaptée utilisant le pâturage de chevaux camarguais. La fauche G.PASQUIER / AVENIR La maîtrise des niveaux d'eau G.PASQUIER / AVENIR La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Des tourbières et des gestionnaires Autrefois très développée, la fauche faisait l'objet de divers usages (production de paille, de litière, uti- Les rencontres entre gestionnaires d'espaces naturels font apparaître des questions plus souvent posées que d'autres. Parmi celles-ci, on relève le maintien ou non des zones boisées sur tourbières, avec la place de l'arbre : un 'envahisseur' ou un élément trouvant sa place tant dans des tourbières encore dynamiques que dans des tourbières sénescentes, qui ont aussi leur originalité ? A propos de stades d'évolution, on se penche sur la part à donner ou rendre aux formations pionnières, que les listes d'espèces protégées ou la directive habitats tendent à favoriser. On s'interroge sur la part respective du pâturage et de la fauche comme moyens de gestion ; Thierry Lecomte rappelait que le premier est antérieur à l'influence humaine, étant pratiqué par les herbivores sauvages, tandis que la seconde est récente, et apporte des contraintes auxquelles la nature 'doit' s'adapter, comme une certaine uniformité du traitement. On s'interroge sur le rôle possible du feu… ou de l'absence totale de gestion, surtout dans les quelques cas où les tourbières sont peu dégradées. Lorsqu'elles sont dégradées, on s'intéresse de plus en plus à la chimie des eaux, et on n'oublie plus de regarder en profondeur : la surface de la tourbière et sa végétation apportent maints renseignements, mais les couches de tourbe accumulées éclairent sur le passé et les potentialités des tourbières. Francis MULLER Un plus : l'exportation de la matière des produits de fauche contribue à maintenir un niveau pauvre en nutriments, gage du bon fonctionnement de la tourbière L'exemple du marais de Chirens Situé de part et d'autre de l'Ainan, le marais de Chirens est l'une des deux principales zones d'alimentation en eau du Pays Voironnais. L'activité agricole passée a permis le développement de vastes espaces ouverts où la paille des marais était une ressource recherchée. L'hydromorphie favoriser le développement de communautés végétales pionnières qui comptent souvent des espèces à forte valeur patrimoniale parmi elles. Le débroussaillage L'étrépage AVENIR Un inconvénient : c'est l'homogénéisation du milieu qui résulte de l'uniformité et de la simultanéité du traitement. importante n'a pas été favorable à l'installation d'une agriculture intensive préservant par-là même ces espaces. La fauche des prairies humides, un temps soutenue par des incitations agri-environnementales (mesures initiées par AVENIR), a laissé la place à un conventionnement avec des agriculteurs locaux qui récupèrent la matière en échange de leur intervention. S.MARRON / AVENIR lisée aussi pour le rempaillage des chaises…). Aujourd'hui, pratiquée de façon raisonnée, elle s'avère être un mode de gestion favorable pour de nombreuses espèces. La fauche tardive (fin d'été début d'automne) est privilégiée pour laisser le temps à la plupart des animaux et végétaux de boucler leur cycle de reproduction. Parfois, pour des objectifs particuliers la fréquence et la période peuvent varier. D'autres interventions enfin sont parfois réalisées en complément de ces travaux récurrents, comme le creusement de mares favorables aux espèces aquatiques et amphibies (plantes, libellules, amphibiens…) ou comme les travaux de décapage et d'étrépage consistant à mettre le sol à nu pour L’exemple des tourbières du col des Mouilles Sur des milieux de plus petites surfaces ou confinés, des interventions légères de débroussaillages permettent plus ou moins régulièrement de retrouver un état de la physionomie de la végétation favorable. Ainsi, sur les petites tourbières du col des Mouilles, situées sur les communes de Revel et SaintAgnès, une action de ré-ouverture tous les 5 ans semble donner satisfaction. La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières Quelles sont les interrogations du gestionnaire de nos jours ? Jean-Luc GROSSI 15 Des tourbières et des hommes 16 On distingue généralement trois grands types de représentations sociales des tourbières. Des milieux hostiles et inutiles Ce sont les lieux malfamés et mystérieux par excellence où règne la maladie (les moustiques étaient autrefois vecteurs de paludisme) et qu'il faut "assainir" à tout prix. Mais ce sont aussi des lieux fascinants générateurs de multiples légendes en partie à cause du brouillard souvent présent. Cette représentation dangereuse et improductive a fortement contribuée à la destruction de ces milieux. Des milieux exploitables valorisables et Les tourbières peuvent être des lieux de production pour la tourbe, bien sûr, mais aussi pour la chasse, la pêche, l'agriculture, l'exploitation forestière ou encore celle des roseaux. Cette représentation "utile et productive" a, dans certains cas, aidé à la conservation et à la gestion de ces milieux, dans d'autres elle a conduit à leur destruction. Des milieux fragiles et menacés Depuis quelques décennies, les tourbières sont perçues comme des réservoirs de biodiversité. La qualité paysagère est alors valorisée de même que l'utilité écologique (préservation de la ressource en eau, stockage du carbone). La tourbière devient intéressante en soi et sa conservation une priorité. Cela n'exclut pas un usage socioéconomique raisonné. Pour atteindre cet objectif de préservation, il est indispensable de convaincre les décideurs (élus, administrations) mais aussi et surtout les usagers actuels ou anciens des sites (chasseurs, agriculteurs, pêcheurs…) de la valeur et de l’intérêt de ces milieux. Cette appropriation sociale passe souvent par le développement de nouveaux usages (pédagogie scolaire, tourisme de nature, contemplation…) pour peu qu'ils soient compatibles avec la sensibilité écologique des sites concernés. Bruno VEILLET L'Herretang ou la longue histoire d’une tourbière ordinaire Les tourbières de l'Herretang, à cheval entre Saint-Laurent du Pont et Saint-Joseph de Rivière, sont issues du comblement d'une cuvette lacustre profonde d'au moins 120 m et abandonnée par les glaces il y a plus de 150 000 ans. La tourbe a commencé à s'accumuler il y a 7 500 ans “seulement”. L es premières allusions à l'Herretang sont rédigées au moyen-âge par les moines de Chalais. Au XVIe siècle, la pêche sur le plan d'eau est réglementée par les moines chartreux. En 1854, les nombreux projets d'assèchement se concrétisent par la canalisation de l'Herretang dont les divagations régulières sont redoutables. Souhaitant utiliser la tourbe (qu'on appelait autrefois " le charbon du pauvre ") comme combustible, la Compagnie des Fonderies, Forges et Aciéries de Saint-Étienne mena, dés 1869, des études et expériences. En 1880, la compagnie décide la construction d'un atelier pour l'agglomération et le séchage de la tourbe. La compagnie des Fonderies, Forges et Aciéries de Saint-Étienne arrêtera ses extrac- MG / La Vertevelle La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières La représentation sociale des tourbières Cette carte datant de la fin du XIXème siècle montre l’étendue de l’étang de l’Herr maintenant asséché tions de tourbe en 1885. Au début du XXe siècle, l'essentiel du marais est exploité à des fins agricoles surtout pour la blache. En 1940, la tourbière, classée "mine", est acquise par Monsieur Pinel, créateur de la Société des Tourbières du Sud-est. Un chantier d'exploitation d'intérêt public (production manuelle de briquettes destinées au chauffage), démarre Tourbières de l’Herretang (D.JUNGERS / CGI) Témoignage de l’activité passée sur les tourbièEn 1947-48, une res, ces traverses supportaient la voie ferrée utiproduction moins lisée pour l’exportation de la tourbe intense de tourbe à vocation horticole fin 1942 et évite à de jeunes prend progressivement le relais et, ouvriers du chantier le STO (seren 1955, la fabrication de briquettes est totalement arrêtée. De vice du travail obligatoire) ou la 1955 à 1975, la production sera en relève des prisonniers. moyenne de 5 000 m3 par an. La tourbe est conditionnée en sac ou A la Libération, la production de broyée pour une usine de caoutcharbon est à un niveau catastrochouc. En 1962, le contre canal est creusé pour permettre un meilleur drainage des bassins d'extraction de la tourbe. De 1975 à 1995 les tourbières changent de propriétaires. L'exploitation redevient plus intensive, produisant de 6 000 à 10 000 m3 par an. L'extraction se fait à la pelle mécanique et le transport par wagonnet jusqu'en 1984 puis par tracteur. Les voies sont démontées mais de nombreuses traverses laissées sur place sont parfois utilisées par les sangliers comme frottoirs. Jusqu'en 1977, les prairies de la partie nord Vue aérienne d’une ancienne fosse d’extraction sont entretenues par la fauche. Les de tourbe aujourd’hui remise en eau Les quatre objectifs prioritaires de gestion Restaurer un fonctionnement hydraulique favorable à la préservation de la tourbière. Réhabiliter et étendre les prairies humides de fauche et de pâture abandonnées depuis 30 ans. Poursuite de la gestion par pâturage extensif (bovins et équins). Remodeler et recreuser les plans d'eau nécessaire à la diversité du site (zones à amphibiens). Améliorer le potentiel pédagogique de l’observatoire et du sentier destiné à l'accueil du public. propriétaires, héritiers de Monsieur Pinel, ayant des projets d'aménagement importants en arrêtent la pratique. En 20 ans, le site se couvre de bouleaux dans le secteur des étangs et de saulaies impénétrables ailleurs. En 1994, les terrains de la Société des Tourbières du Sud-est sont acquis en indivision par le Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels et le Conseil général de l'Isère. Conformément aux accords passés, l'exploitation de tourbe se prolonge encore quelques années. Le dernier exploitant donne le dernier coup de pelle en août 1996. La gestion est confiée à AVENIR qui élabore le plan de gestion en 1994 et engage les premiers travaux de réhabilitation dès 1995. La réactualisation du plan de gestion est rédigée en 2005 La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières B.VEILLET / AVENIR phique. La tourbe combustible représente donc une source d'énergie nécessaire à la reconstruction du pays. Une exploitation intensive de briquettes est mise en route. L'extraction est faite mécaniquement et le transport est effectué par wagonnets sur rails. Roger MARCIAU Éric DEDONDER 17 Des tourbières et des hommes 18 Un "Jardin de tourbière" pour que chacun puisse enfin s'immiscer dans ce monde mystérieux qu'est le marais tourbeux … ontribuer à l'appropriation locale du site, Satisfaire le public souhaitant découvrir les différents aspects de la tourbière à l'abri des dangers de terrains instables, tout en évitant que cette fréquentation n'engendre des conflits liés aux propriétés privées ou des perturbations sur l'écosystème (piétinement, dérangement), tels sont les buts recherchés par l'aménagement d'un parcours pédagogique sur caillebotis dont les travaux commenceront d'ici la fin de l'année : le Jardin de G.MAILLET / AVENIR C R.MARCIAU / AVENIR La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières LIFE Nature et territoires Implantation de tourbe acide pour le futur Jardin de tourbière tourbière. Situés au nord, sur Chabons, dans le périmètre de protection, mais en dehors de la Réserve naturelle, les terrains concernés, propriétés de la collectivité, étaient très embuissonnés et ne présentaient plus un grand intérêt biologique. Deux hectares de ces anciennes prairies, fauchées à la main jusque dans les années 1950, ont alors été broyés pour restaurer ce secteur favorable aux orchidées (Liparis de Loesel) et offrir un lieu idéal pour l'accueil du public. Une des gageures était de réussir à implanter un secteur acide dans ce milieu alcalin. Les essais ont commencé en 1999 et après quelques années de suivi confirmant le développement d'un secteur à sphaignes au milieu de la tourbière alcaline, le principe de la création du Jardin de tourbière se concrétise grâce aux financements européens obtenus dans le cadre du LIFE Nature et territoires en r é g i o n Rhône-Alpes, ainsi qu'à ceux de l'État et du Conseil général respectivement de 57 520, 34 350 et 22 900 €. Ce sentier de 450 mètres de long sera accessible aux personnes à mobilité réduite pour que tous puissent profiter de ce "jardin à l'anglaise" écologique le long duquel seront présentés les différents faciès de végétation, des roseaux jusqu'aux fourrés inextricables de saules, en passant par les inévitables plantes Grégory MAILLET Extraction de tourbe sous surveillance à Courtenay En 1998, la société productrice de terreaux Pouget-Solami, implantée sur la commune d'Arandon, cherche de nouveaux gisements de tourbe. Elle se fixe sur le site de Boulieu, tourbière basse alcaline de la commune de Courtenay. C R.MARCIAU / AVENIR onsciente de l'impact environnemental de son activité, la société propose une expérimentation " grandeur nature " d'exploitation mesurée de la tourbière de Boulieu accompagnée de mesures compensatoires fortes. Elle sollicite à cet effet la Fédération des conservatoires d'espaces naturels, alors en plein LIFE " Tourbières de France ", Olivier Manneville, maître de conférence à l'Université Joseph Fourier et Lo Parvi, association Une extraction de la tourbe la recolonisation du milieu ble... naturaliste de l'Isle Crémieu. Ainsi, une étude d'impact menée par un bureau d'étude reprend les exigences écologiques des différents partenaires. Suite à cette démarche, l'arrêté préfectoral du 6 mars 2000 accorde à la société, alors rachetée par DUMONA, une autorisation d'exploitation de tourbe sur le marais de Boulieu. Celui-ci édicte des mesures compensatoires et leur suivi. Conformément au souhait des différents acteurs impliqués dans cette procédure, cette mission de suivi a été confiée à AVENIR, en raison de sa connaissance du site et de son expérience dans la gestion et la restauration de tourbières. A ce jour, quatre rapports ont déjà été produits par AVENIR. L'accompagnement des travaux, en collaboration étroite avec Lo Parvi et avec l'entreprise a permis de préciser les caractéristiques techniques des pentes de berges favorisant optimum écologiqueest possi- ment et favorable à la Cistude d'Europe présente sur le site, de faire des propositions nouvelles et de confirmer des dispositions localement contestées. Par contre, il est très difficile de faire avancer les mesures compensatoires engageant l'État comme la mise en place d'un APPB sur la partie amont non exploitée de la tourbière ou sur les engagements des collectivités locales sur la gestion écologique du site après extraction. Un prochain comité de suivi devrait statuer sur ces sujets. Roger MARCIAU Un geste pour préserver les tourbières Si vous êtes convaincu de la nécessité de protéger les tourbières, vous pouvez contribuer à leur conservation en utilisant vous-même ou en faisant employer dans votre commune ou entreprise des terreaux sans tourbe, issus de composts divers. Ils sont vendus dans les grandes surfaces spécialisées avec la mention "sans tourbe" clairement affichée. La feuille de chêne n° 15 / novembre 2005 - Spécial Tourbières forêt de panneaux, les supports pédagogiques sur place seront limités pour privilégier l'observation et la rêverie. Un livret pédagogique décrira dans le détail le fonctionnement si particulier et les enjeux de cette tourbière exceptionnelle. G.MAILLET / AVENIR carnivores … Parmi les aménagements prévus, un ponton flottant et la mise en scène d'un des trous d'eau permettra d'appréhender la formation du radeau de tourbe, la légende de la chapelle engloutie dans le puits de Baraban sera expliquée et une plateforme permettra de prendre un peu de hauteur et d'avoir un point de vue sur la prairie. Pour conserver à la zone tout son charme et pour qu'elle ne ressemble pas à une 19 En savoir plus... Le monde des tourbières et des marais. Olivier MANNEVILLE, Virginie VERGNE, Olivier VILLEPOUX. Éditions Delachaux et Niestlé, 1999 La gestion conservatoire des tourbières de France. Nicolas DUPIEUX. Espaces naturels de France. Programme LIFE Nature Tourbières de France. 1998 Cahiers scientifiques et techniques du réseau "Tourbières de France". Philippe JULVE. Espaces naturels de France, Groupe d'étude des tourbières. 1996 La gestion des milieux naturels de Rhône-Alpes, cahier technique. CREN 1999 Tourbières en Rhône-Alpes, un patrimoine à gérer. Bruno COIC, Fabrice FRAPPA, Laingo LAZA. CREN 2001 Vers une stratégie de préservation des tourbières. Recueil d'interventions de la 4ème journée d'échanges techniques entre les gestionnaires d'espaces naturels de Rhône Alpes. CREN 2004 Inventaire des tourbières de la région Rhône-Alpes. Département de l'Isère. CREN et AVENIR, mars 2000 Les tourbières en Isère, un état des lieux. Nicolas COTTIN. AVENIR 2000 … et de nombreuses autres parutions nationales et locales consultables au centre de documentation du pôle relais tourbière via le site internet www.poletourbieres.org qui propose divers documents téléchargeables et plus de 1000 documents résumés pouvant être recherchés par mots-clés. Si besoin, vous pouvez faire appel à la documentaliste, Sylvie Raboin. Renseignements : 03 81 81 78 64 AVENIR vous invite à participer à la matinée de débroussaillage de la toute jeune plantation d'arbres alluviaux dans la zone naturelle de l'étang de Mai. Une visite du sentier de découverte suivra le nettoyage. Rendez-vous : samedi 26 novembre à 9h au parking de la Fure dans la zone naturelle Durée : 3 heures, prévoir bottes. Les sécateurs en tout genre seront les bienvenus. Nous fournissons les gants. Renseignements : 04 76 48 24 49 http://www.enf-conservatoires.org Le Pôle-relais Tourbières La Fédération des conservatoires d'espaces naturels a été retenue pour mettre en place, animer et coordonner un pôle de compétences sur la connaissance, la gestion durable et l'évaluation des tourbières et des marais tourbeux sur le territoire français. Ce pôle s'inscrit dans le cadre du plan national en faveur des zones humides adopté en 1995 pour lutter contre leur forte régression. Les objectifs du pôle-relais sont de recueillir et diffuser les connaissances scientifique sur les tourbières, de promouvoir une gestion durable de ces milieux et d'évaluer les résultats obtenus. Il s'agit aussi de susciter et d'accompagner les initiatives locales en faveur des zones humides en les relayant et en leur donnant une cohérence nationale. www.pole-tourbieres.org AVENIR est membre du réseau national des Conservatoires d’Espaces Naturels Soutien individuel : Année 2005 Responsable de la publication Bruno VEILLET Je souhaite soutenir les actions d’AVENIR : Coordination et mise en page Anouk MERLIN en m’abonnant au bulletin d’information “La feuille de chêne” (3 numéros par an) ............................................................................... 10 € Cartographie Laurent POULIN z z en devenant membre bienfaiteur ...................................................... 150 € z en versant un don manuel de soutien de ...................................... _____€ Total de ma contribution pour 2005 .................................................. € A contribué à la réalisation de ce numéro L’ensemble de l’équipe d’AVENIR Nom ...................................................... Prénom .......................................... Adresse .......................................................................................................... Fait à ................................................... Signature 20 le ................................................... (pour les communes et groupement de communes : s’adresser au bureau d’AVENIR) Vos remarques sont les bienvenues pour enrichir et améliorer ce bulletin Bulletin tiré à 1400 exemplaires ISSN 1767-9427 Réalisation : AVENIR - Imprimé à l’encre végétale sur papier recyclé (Imprimerie Notre Dame) z z z z AVENIR, délégation départementale du Conservatoire Rhône-Alpes des Espaces Naturels 10, rue Raspail 38000 GRENOBLE Tél. 04 76 48 24 49 Fax 04 76 48 24 26 Mél. : [email protected] Bibliographie