Politique et religion Patrick Michel, Directeur de recherche au CNRS

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Politique et religion Patrick Michel, Directeur de recherche au CNRS
Année universitaire 2014/2015
Collège universitaire
Semestre de printemps
Politique et religion
Patrick Michel, Directeur de recherche au CNRS (Centre Maurice
Halbwachs) et directeur d’études à l’EHESS
Syllabus
Programme des séances (contenu et objectifs pédagogiques) :
Lorsqu’on parle de religion aujourd’hui, de quoi parle-t-on vraiment ? Afin
d’apporter des éléments de réponse à cette question, dont l’importance est attestée par
la présence du thème, et la confusion qui prévaut autour de lui, tant dans le discours politique
que médiatique (mais aussi souvent scientifique), on se saisira du religieux non en tant que tel,
mais comme d’un indicateur qui, contextualisé, apparaît susceptible de constituer un
remarquable analyseur des recompositions du contemporain. Tournant le dos aux « théories
indigènes des sociologies spécialisées », pour reprendre la formule de Jacques Commailles, il
sera également question là de réinscrire la religion au cœur d’une sociologie générale.
On partira du double constat de notre incapacité présente à cerner dans toute leur ampleur les
effets d’une tendance, aussi lourde qu’universelle (donc non limitée aux seules sociétés de
l’Occident développé) à l’individuation de l’établissement d’un rapport au sens, d’une part ; et
d’autre part des limites auxquelles se heurtent les analyses « traditionnellement » développées
concernant le religieux. D'où la nécessité de repenser à frais nouveaux, en se situant dans la
perspective d'une approche par le « croire », et d'une conception visant à poser celui-ci en une
pratique (ou, pour mieux dire, en « l'embrayage d'un dire sur un faire »), le rapport entretenu
par nos sociétés à la croyance, et de dégager de cette réflexion un outillage intellectuel
renouvelé et performant.
L’hypothèse centrale explorée découle de l’observation de Certeau selon laquelle lorsque le
politique fléchit, le religieux revient. Mais s’il revient, ce n’est assurément pas en tant que tel.
Sa visibilité a pour fonction première de souligner un déficit du politique si cruel qu’il lui
manquerait les mots politiques pour se dire. D’où le recours au religieux, comme registre
d’articulation, en situation de flottement généralisé des repères et des marqueurs, de l’urgence
et de l’impossibilité simultanée de nouer un rapport renouvelé à une totalité. Et ce sur fond
d’épuisement du croyable où plus encore que celle du religieux, c'est la crédibilité du politique
qui est aujourd'hui interrogée.
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Programme des séances (contenu et objectifs pédagogiques) :
Partie introductive : Pour en finir avec la réduction du croire au religieux (3 séances)
1. La question de la définition de la religion
2. Poursuite de la sécularisation ou retour du religieux
3. La religion, objet sociologique pertinent ?
Deuxième partie : Les recompositions du croire comme indicateurs et modes de gestion
des recompositions affectant le contemporain (6 séances) :
4 et 5. Les recompositions du croire comme indicateurs et modes de gestion de la redéfinition
du rapport à l’espace, au temps et à l’autorité
6 et 7. Les recompositions du croire comme indicateurs et modes de gestion d’une crise
affectant l’identité, la médiation et la centralité
8 et 9. Les recompositions du croire comme indicateurs et modes de gestion d’un déficit du
politique
Troisième partie : Croire en relatif (3 séances)
10. Réenchantement religieux ou désenchantement du politique
11. La légitimité du pluriel
12. Croire en relatif
Présentation des modalités d’évaluation :
Le choix sera donné aux étudiants de valider le cours soit par un exposé, individuel ou
présenté à plusieurs, sur un thème défini avec l’enseignant ; soit par une courte note de
synthèse ; soit encore par une fiche de lecture.
Références bibliographiques :
Bibliographie sélective (Travaux théoriques et transversaux) :
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