Sorties de secours: une signalisation et une maintenance

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Sorties de secours: une signalisation et une maintenance
Sécurité au travail
Katharina Truninger
Sorties de secours: une
signalisation et une maintenance
exemplaires sont une nécessité
Une imprimante encombrante dans le
corridor, des caisses empilées devant
l’issue de secours ou encore un
container qui empêche l’ouverture
des portes de secours vers la sortie,
sont autant de négligences qui peuvent, en cas d’urgence, présenter un
risque mortel, car elles empêchent la
fuite en toute sécurité et la plus rapide possible des personnes hors du
bâtiment ou retardent les secouristes
et les pompiers. «Il arrive encore souvent que les couloirs et les sorties des
voies de fuite soient bloqués ou
condamnés, ou encore qu’on les utilise pour entreposer du matériel»,
rapporte Herbert Manser de l’Inspection du travail de Bâle-Ville. Les voies
de secours, c’est-à-dire les couloirs,
les cages d’escalier et les accès aux
voies de fuite doivent, par principe,
toujours être dégagés et avoir une
largeur minimale de 1,20 mètre. Les
portes des voies de fuite doivent avoir
une largeur de 90 centimètres au minimum et pouvoir s’ouvrir très rapidement en direction de l’évacuation,
sans l’aide de quoi que ce soit.
Les portes et les issues de secours sont soumises à de hautes
exigences: elles doivent être dégagées, on doit pouvoir les ouvrir
très rapidement à tout moment, dans le sens de la sortie, sans aide.
Il est, en outre, indispensable que les collaborateurs trouvent la voie
de fuite: un éclairage de secours, une bonne signalisation et des
exercices d’évacuation sont nécessaires.
Ces normes de sécurité entrent particulièrement en vigueur dans les nouveaux bâtiments. Pour ce qui est des
constructions existantes et des transformations, on les prend en compte
dans le cadre des possibilités; les
conditions sont contrôlées au cas par
cas: «si une porte assez ancienne
s’ouvre vers l’intérieur ou qu’une cage
d’escalier est un peu étroite, il faut
procéder à une évaluation du risque,
puis trouver une solution pragmatique et réalisable avec les propriétaires. Nous devons tenir compte de
ce qui existe, notamment de la protection des monument et du patrimoine», ajoute Herbert Manser.
Si la police du feu et l’Inspection du
travail acceptent et autorisent une
voie de fuite, c’est le propriétaire du
bâtiment qui en porte ensuite la responsabilité: il doit faire en sorte
qu’elle soit toujours dégagée, bien indiquée et bien entretenue, qu’en cas
de réaffectation éventuelle dans le
bâtiment, elle soit toujours judicieuse
et utilisable. «Outre des obstacles ou
une charge thermique dans la voie de
fuite, des éclairages recouverts ou défectueux, des serrures bloquées ou
modifiées, ou encore des revêtements de sols glissants peuvent se révéler mortels», poursuit Herbert
Manser.
On doit pouvoir ouvrir les portes
des issues de secours sans clef
Selon la loi fédérale sur le travail (LTr)
et les prescriptions de protection incendie (AEAI), il faut pouvoir ouvrir les
issues de secours très rapidement,
sans aucune aide et à tout moment.
C’est pourquoi il est nécessaire que les
portes donnant vers l’extérieur, ainsi
que les issues de secours, en particulier, mais également les portes vers
les voies de fuite à l’intérieur du bâtiment soient munies d’un système de
fermeture adéquat permettant de les
ouvrir très rapidement, sans clef et à
tout moment, en cas de fuite. Les
serrures à cylindre à bouton tournant
ou ce que l’on appelle serrures antipanique, qui se débloquent en les
poussant d’un geste ou à l’aide d’un
bouton d’urgence, par exemple, sont
admises. Il est interdit de verrouiller
une issue de secours la nuit, avec une
serrure à cylindre sans mécanisme de
déblocage adéquat, dans les voies de
fuite des bâtiments abritant des bureaux, des ateliers ou des industries.
Font exception les petites pièces,
comme un bureau n’excédant pas 30
m2, dans lesquels travaillent un maximum de six personnes.
Modifier une simple porte de secours
à l’aide d’un système de fermeture
conforme aux normes de sécurité ne
pose, en général, aucun problème
technique, comme l’explique Andreas
Grüninger, ingénieur de sécurité de
l’entreprise Professional Security Design AG à Allschwil. Cela devient plus
compliqué avec les portes automatiques, comme les portes coulissantes
ou à tambour dans les grands magasins et les hôpitaux. En cas de panne
d’électricité, on doit à tout moment
pouvoir clairement discerner la façon
d’ouvrir ces portes à la main, dans le
sens de la voie de fuite, ou alors il faut
les équiper d’un système de commande qui ouvre automatiquement
la porte en cas de panne de courant.
Les portes ne doivent pas être trop
lourdes, afin de pouvoir les ouvrir sans
beaucoup de force. «Ceci est particulièrement important dans les maisons
de retraite et les hôpitaux», déclare
Andreas Grüninger. «Les architectes
vont parfois jusqu’à la limite de la tolérance, lorsqu’ils placent l’aspect esthétique au premier plan. Il faut toutefois également prendre en compte
la sécurité et la fonctionnalité et clarifier au préalable avec les autorités
cantonales, l’admissibilité des portes
ainsi que des systèmes de fermeture», conseille Andreas Grüninger.
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Sécurité au travail
Ne pas bloquer les portes
coupe-feu et entretenir régulièrement les voies de fuite
Des exigences particulières s’appliquent aux portes des issues de secours derrière lesquelles plus de cent
personnes sont réunies, comme les
discothèques, les salles de concert ou
de réunion, par exemple: elles doivent
être équipées de ce que l’on appelle
une barre anti-panique ou puschbar,
une traverse qui, lorsqu’on la pousse,
fait immédiatement s’ouvrir en grand
la porte. D’autres dispositions particulières sont exigées pour les portes
pare-feu. Elles doivent être fermées
en cas d’incendie, afin d’empêcher la
propagation du feu. Si des portes
coupe-feu qui, en cas d’incendie, devraient se fermer automatiquement
par un système de commande, en
sont mécaniquement empêchées –
lorsque, par exemple, une poubelle ou
une palette de marchandises est déposée devant – ou que le mécanisme
de fermeture est coincé, c’est catastrophique. Il est également interdit de
maintenir mécaniquement ouverte
une porte coupe-feu, par une cale ou
un lien, ce qui se passe encore trop
souvent, rapportent les experts. Si
une porte coupe-feu doit rester ouverte pendant la journée, elle doit
être couplée à un système qui la
maintient ouverte, mais qui se ferme
automatiquement en cas d’incendie.
«Il faut entretenir régulièrement ce
genre de fermetures complexes, tout
comme les portes des issues de secours s’ouvrant automatiquement ou
les sorties munies de palpeurs d’urgence», ajoute Andreas Grüninger,
expert en sécurité (voir la check-list). Il
est tout aussi important que les responsables de la sécurité et les employés de la conciergerie enlèvent les
objets déposés dans les voies de fuite
et en parlent à leurs collègues.
Eclairage de secours et
signalisation
Pour le bon fonctionnement d’une
voie de fuite, il faut également qu’on
puisse la repérer et la trouver à tout
moment, en cas d’urgence. Pour ce
faire, les portes des voies de fuite,
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ainsi que les escaliers et les obstacles
doivent être parfaitement balisés au
moyen d’une signalisation et de pictogrammes. On peut soit les équiper
de signaux visibles la nuit, soit les doter d’un éclairage de secours sur batterie, fonctionnant également en cas
de panne d’électricité. Les grandes
surfaces, les locaux techniques et les
voies de circulation qui ne reçoivent
pas de lumière naturelle ou trop peu,
doivent être tout particulièrement
munies d’un éclairage de secours indépendant du réseau, qui s’enclenche
automatiquement en cas de panne
de courant. Il faut également entretenir l’éclairage de secours et les signalisations pour qu’ils restent en
état de marche.
Afin que l’espace situé derrière les
portes des issues de secours, c’est-àdire à l’extérieur du bâtiment, soit
constamment dégagé, il faut également qu’il soit signalisé de manière
adéquate. On peut y apposer, pour ce
faire, des panneaux, tels que «Sortie
de secours, laisser libre», faire des
marquages au sol, coller des pieds
spéciaux en matière synthétique ou
mettre des poteaux escamotables.
Enlever régulièrement la neige, la
glace, ainsi que tout autre obstacle
derrière les portes des voies de fuite
fait aussi partie de l’entretien. Il faut
absolument que les employés de la
conciergerie interpellent les collaborateurs qui garent leur voiture ou leur
vélo devant une sortie de secours.
Former les collaborateurs
En dehors du fait de maintenir dégagées et d’entretenir les voies de fuite,
les portes et les sorties, il est tout
aussi important que les collaborateurs connaissent les issues de secours. Il est donc absolument nécessaire de faire parfois des exercices
d’évacuation avec le personnel; c’est
un élément essentiel du concept de
sécurité, souligne Beat Wegmüller,
expert en sécurité pour l’industrie et
l’artisanat de la Suva. «En faisant des
exercices d’évacuation, on voit si une
voie de fuite est réellement repérée
en cas d’urgence, si elle conduit rapi-
dement et en toute sécurité à l’extérieur», ajoute Beat Wegmüller. Les
exercices d’évacuation contribuent à
consolider les connaissances théoriques et à repérer les éventuelles lacunes du concept de sécurité. Il faut
convenir, par exemple, d’un lieu de
rassemblement – un endroit facile
d’accès et sûr à proximité de l’entreprise – là où les employés puissent se
rendre le plus rapidement possible en
cas d’urgence, afin que l’on puisse immédiatement voir s’il manque quelqu’un.
Même si nous espérons tous que les
cas d’urgence qui conditionnent le
parfait fonctionnement des issues de
secours et des voies de fuite, ne se
produisent jamais, il est du devoir et
de la responsabilité de chaque entreprise, de les contrôler régulièrement.
Vérifier régulièrement les issues de
secours et les voies de fuite
Votre entreprise dispose-t-elle
d’une possibilité d’évacuation rapide et sûre des postes de travail,
des locaux et des bâtiments? Les
principaux dangers pouvant mettre
en péril la vie des employés et des
visiteurs sont les suivants:
● Le feu, la fumée, les fuites de
gaz, l’inondation
● Les voies de fuites et les sorties
verrouillées
● La perte d’orientation dans l’obscurité
La check-list suivante vous aide à
vérifier la sécurité des voies de fuite
dans votre entreprise.
Conception des voies de fuite
● Le concept des voies de fuite a-til été approuvé par les autorités
cantonales compétentes (police
du feu, inspection du travail);
l’état actuel des voies de fuite
correspond-il toujours à ce
concept?
● En cas de réaménagement ou de
transformation des locaux, les
autorités ont-elles été consultées?
● Le concept actuel des voies de
fuite est-il consigné par écrit
Sécurité au travail
(plans d’évacuation de chaque
étage, p. ex.)?
Etat des voies de fuite
Les plans d’évacuation sont-ils
affichés à des endroits stratégiquement les plus propices?
● Les voies de fuite sont-elles facilement repérables et munies de
la signalisation prévue à cet effet?
● Les voies de fuite (couloirs et
portes) sont-elles faciles d’accès
et dépourvues d’obstacles? Peuton les emprunter sans danger?
La largeur des voies de fuite doit
être d’au moins 1,2 m.
● Peut-on ouvrir à tout moment
les portes qui se trouvent dans
les voies de fuite, sans utiliser de
clef? Il faut régulièrement vérifier
●
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●
le mécanisme d’ouverture et de
fermeture des portes des issues
de secours.
Les personnes se trouvant au
sous-sol ou dans les étages supérieurs peuvent-elles facilement
fuir en cas d’incendie?
Les portes coupe-feu se
ferment-elles en cas d’incendie?
Vérifier régulièrement les portes
coupe-feu équipées d’un système
de commande d’incendie.
L’éclairage des voies de fuite estil en bon état et fonctionne-t-il
en cas de panne d’électricité?
(signaux lumineux, éclairage de
secours).
Les consignes à respecter en cas
d’incendie sont-elles apposées
dans les ascenseurs et autres
locaux exposés à un danger?
Organisation, formation, attitude
● L’utilisation des voies de fuite
fait-elle partie du plan de formation (exercices d’évacuation)? Les
travailleurs temporaires sont-ils
intégrés à cette formation?
● Votre entreprise a-t-elle désigné
une personne responsable du
contrôle régulier des voies de
fuite et des dispositifs de sécurité
correspondants (absence d’obstacles dans les voies de fuite,
éclairage, portes coupe-feu)?
● Les instructions et les contrôles
sont-ils consignés par écrit?
Davantage d’informations sous:
www.suva.ch, check-list n° 67157.f
«Voies d’évacuation».
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