Une autre vision du 11 septembre

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Une autre vision du 11 septembre
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n°24
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JUILLET-AoÛt 2006
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Lettre gratuite et mensuelle.
SOMMAIRE
p.2
Sciences
p.2
Philippe Quirion
Feux climatiques
Le salpe, un mangeur de carbone
Les Lloyd’s s’en mêlent
Flower power
p.2-3
POLITIQUE
p.3
INITIATIVES
p.3
ACTIONS LOCALES
p.4
L’Empire du carbone plongeant
Les Pays-Bas en Chine
Le parlement européen cible l’aviation
Un cimentier dans la lutte contre le changement
climatique
Paris se prépare aux olympiades climatiques
DOSSIER
Rapporter n’est pas jouer
p.5-6-7
LE CARBONE ACTIF
Les PNAQ II vaudront-ils mieux que les premiers ?
DU CARBONE ET DES SOLUTIONS
Les Philippines
0,6 gramme de CO2
p.8
p. 9-10
c’est ce que contribue à émettre, en
moyenne, chaque appel d’un téléphone
mobile utilisant le réseau SFR.
--
L’USINE A GES
la lettre des professionnels du changement climatique
1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030
ÉDITO
ENTRETIEN
entrepriseS
©
Une autre vision du 11 septembre
Profonde ou pas profonde ? Quelle sera la trace laissée dans l’histoire
de la musique par Pearl Jam ? Les membres de la rédaction de L’Usine
à GES ont honte à l’avouer, mais ils n’en savent rien. Dès lors, pourquoi
consacrer à ce groupe de cinq musiciens venus de Seattle l’éditorial de
votre mensuel ? Pas seulement parce qu’il sera présent à Paris le 11 septembre prochain. Même si cela ne s’était pas vu depuis six ans. Non !
Plus prosaïquement parce que la « Confiture de perle » (encore qu’il
existe d’autres traductions possibles, nettement moins poétique, ndlr)
s’engage au quotidien dans la lutte contre le changement climatique.
Certes, les anciens rivaux de Kurt Cobain (les plus jeunes comprendront !) ne sont pas les premiers à dénoncer les errements climatiques
des pays riches, en général, et des Etats-Unis, en particulier. Mais leur
action ne se limite pas, comme dans World Wide Suicide (chanson phare
du dernier album), à dénoncer les atteintes environnementales de notre
société. Non, ils s’engagent vraiment. Et ce n’est pas nouveau.
En 2003, déjà, le quintet grunge avait versé une solide contribution à
plusieurs ONG pour compenser les 5 700 tonnes de CO2 émises lors
de leur tournée. Avec cette manne, le gouvernement malgache put financer le fonctionnement de la réserve naturelle de Makira.
L’année suivante, le groupe milita évidemment contre la ré-élection de
George Bush (rejet du protocole de Kyoto oblige), tout en collectant
des fonds pour aider à la construction de plusieurs petites centrales
solaires.
Cette année, alors que Pearl Jam est reparti pour un nouveau « tour »
mondial, toutes les mesures possibles seront prises - du moins c’est ce
que leur site affirme - pour réduire au minimum l’impact climatique de
la formation. Certes, une (toute) petite partie des recettes sera versée à
des ONG pour compenser les inévitables émissions de CO2. Mais les camions et les bus de la tournée ne consommeront que des biocarburants.
C’est promis ! Enfin, les fans (américains en tout cas) seront invités,
lors des concerts, à donner eux aussi, pour le climat. Bref, même si l’on
n’aime pas forcément le grunge, on peut tout de même (re)découvrir
Pearl Jam, le 11 septembre à Paris. Si ce n’est pas bon pour nos oreilles,
ce sera bon pour le climat !
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
BRÈVES
Sciences
Feux climatiques
C’était l’une des conséquences possibles du changement climatique. Cela semble établi. Dans la livraison de Science du 6 juillet, des chercheurs de
l’institut d’océanographie Scripps affirment que l’allongement du printemps et de l’été - phénomène en
Californie constaté depuis 1986 - est responsable
de l’aggravation des feux de forêts. Après avoir étudié l’évolution du climat régional et 1 166 incendies
ayant détruit plus de 500 hectares, entre 1970 et
2003, les scientifiques constatent une aggravation
des destructions lors des années les plus sèches.
Depuis le milieu des années 1980, expliquent-ils, les
grands feux sont quatre fois plus nombreux et détruisent des surfaces 6,5 fois plus grandes.
ENTRETIEN
Philippe Quirion
Économiste spécialiste des questions d’environnement, Philippe Quirion préside aussi aux destinées de la branche française du Réseau
Action Climat, l’une des rares ONG françaises ayant vraiment pignon
sur la rue climatique. Entretien.
Dix ans après sa création, quel regard portez-vous sur le RAC-F ?
Philippe Quirion : La branche française du Réseau Action Climat mondial a été créée, comme toutes les autres, pour suivre et tenter de peser sur les négociations internationales sur le
changement climatique. Lorsque j’y suis arrivé, en 1999, la période était presque euphorique.
Même imparfait, le protocole de Kyoto avait été signé et il s’agissait de le mettre en œuvre.
Nous avons vite déchanté.
À cause de la présidence Bush ?
l [email protected]
Philippe Quirion : Oui, mais il y a eu aussi l’échec de la conférence de La Haye fin 2000.
À partir de ce moment-là, la période est devenue négative.
Le salpe, un mangeur de carbone
Il existe dans le monde environnementaliste de grandes associations qui semblent capables de suivre les négociations climatiques. Quelle est la spécificité
du RAC ?
Peu connu, le salpe est un curieux animal marin.
Translucide, il ressemble à une chaîne de minuscules méduses. Faisant le ludion entre les profondeurs
et la surface, il forme des essaims monstrueux (de
plusieurs milliers de km2) pour faire des orgies de
phytoplancton. Et le salpe est un ogre. Selon Laurence Madin, de l’institut océanographique Woods
Hole, réunis en troupes, ces tuniciers consomment
74% du phytoplancton qu’ils trouvent. Après digestion, les micro-plantes sont transformées en pelotes
fécales, riches en carbone. Chaque jour, un essaim
de salpes fait ainsi couler 4 000 tonnes de carbone
(soit 14 000 tonnes équivalent CO2) vers les grands
fonds marins. Une séquestration toute naturelle.
l [email protected]
Philippe Quirion : Ces négociations sont particulières. Elles sont d’une grande technicité
et l’on négocie souvent sur une dizaine de sujets à la fois. D’où la nécessité pour nous d’avoir
des spécialistes au sein de nos adhérents.
En France, combien êtes-vous ?
Philippe Quirion : Trop peu. L’association emploie quatre experts à plein temps. Et fait
travailler en parallèle une trentaine de bénévoles qui sont, eux aussi, de bons connaisseurs
des dossiers que nous suivons. Nous travaillons aussi avec nos associations membres, un peu
plus d’une quinzaine.
La France semble finalement peu vous intéresser…
Philippe Quirion : C’était vrai dans les premières années, celles durant lesquelles on négociait sur le protocole et son application. Aujourd’hui que tout cela est lancé, nous travaillons
dans l’Hexagone. En fait, cela a commencé, en 1999, lors de l’élaboration du plan national de
lutte contre le changement climatique (PNLCC). Depuis, nous intervenons très régulièrement
sur le débat franco-français.
Pour critiquer, j’imagine…
Entreprises
Les Lloyd’s s’en mêlent
Le monde de l’assurance et de la réassurance (lire
L’Usine à GES n°23) s’inquiète des conséquences
du « global warming ». Et il n’a pas tort. Depuis la
dernière saison cyclonique du golfe du Mexique, une
demi douzaine de réassureurs des îles Caïman ont
fermé ou changé de métier. Les autres refusent désormais d’assurer les activités trop risquées, comme
les plates-formes pétrolières. Le 6 juillet, à l’occasion de leur congrès, les Lloyd’s de Londres ont exhorté confrères et clients à adapter leurs pratiques
aux changements climatiques. Et pour ce faire, elles
viennent de lancer un programme d’échanges sur les
meilleures façons d’appréhender ces risques.
l www.lloyds.com
Philippe Quirion : Bien sûr, mais pas seulement. Nous avons salué la publication des excellents rapports parlementaires Kosciusko-Le Déaut (lire L’Usine à GES n°23) ou Deneux,
comme il se devait. Nous regardons aussi avec beaucoup d’intérêt le rapport de la mission
de Boissieu. Cela étant, nous sommes aussi un aiguillon, notamment lors de l’élaboration du
PNAQ français.
Un sujet difficile…
Philippe Quirion : Oui, surtout que toutes les institutions impliquées ne sont pas, volontairement ou non, les meilleurs défenseurs de l’intérêt public.
C’est-à-dire ?
Philippe Quirion : Parce qu’elle a été à moitié démantelée et déchue de son statut interministériel, la Mies est devenue inaudible. La direction générale des entreprises du ministère
de l’Industrie s’aligne systématiquement sur les positions du Médef. Ce qui n’est pas le cas,
reconnaissons-le, de la direction générale de l’énergie et des matières premières du même
ministère. A Bercy, on trouve parfois des alliés sur certains sujets, notamment au sein de la
direction générale du Trésor et de la politique économique.
Quid du ministère de l’Écologie ?
Les ministres passent et les conseillers restent.
Aujourd’hui, que le sujet climatique commence à être repris par quelques
rares politiques, allez-vous encore plus vous impliquer dans le débat français ?
Philippe Quirion : La proximité des élections présidentielle et législative nous y invite.
Au cours de ces prochains mois, nous entendons travailler d’avantage sur la promotion de
l’efficacité énergétique. Car nous pensons que le système des certificats blancs sera très
insuffisant. Lors de notre dernière assemblée générale, il est ressorti qu’il y avait un vrai besoin de suivre aussi les politiques. Nous mettons en avant 10 mesures pour lutter contre le
changement climatique, que nous demandons aux candidats aux présidentielles et législatives
d’inscrire dans leur programme. Nous allons aussi regarder de plus près ce que font les députés et les sénateurs pour ou contre la lutte contre le changement climatique. Et le résultat de
notre surveillance sera bien sûr rendu public.
Propos recueillis par Volodia Opritchnik
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L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
INITIATIVE
BRÈVES
Flower power
Un cimentier dans la lutte contre
le changement climatique
Lafarge en 2005
Chiffre d’affaires
Nombre d’employés
Présence dans
Tonnes CO2 émises en 2004
Ventilation des émissions
16 milliards d’euros
8 882
76 pays
89 millions
50% décarbonatation du calcaire
40% combustion
10% production d’électricité et transport
Le 21 juin dernier, le syndicat des énergies renouvelables décernait à Lafarge son
prix des énergies renouvelables. Le groupe français se voyait ainsi distingué pour
la mise en service d’un parc éolien qui fournit la moitié de l’électricité consommée
par sa cimenterie de Tétouan (Maroc). Une opération qui a permis à l’entreprise
de monter le premier projet français entrant dans le cadre du mécanisme de développement propre (lire L’Usine à GES n°14).
Ce premier MDP n’est pas un accident de l’histoire pour le premier cimentier
mondial. Car, la chasse au gaz carbonique est devenue prioritaire pour une industrie qui rejette 700 kg de CO2 par tonne de produit.
En 2000, dans le cadre d’un accord passé avec le WWF, Lafarge s’est engagé à réduire de 20% ses émissions, pour la période courant de 1990 à 2010. Et pour le
moment, les résultats obtenus sont conformes aux objectifs. Ces quinze dernières
années, les émissions carbonées du groupe ont diminué de 12,7%.
Spécialisée dans les bouquets de fleurs « bio », Organic Bouquet verdit ses pratiques. En partenariat avec
le Climate Trust, la compagnie américaine va financer
un programme d’équipement en prises électriques
des aires de stationnement des camionneurs US.
Lors de leurs pauses, ces derniers pourront brancher
sur le courant leur climatiseur plutôt que de laisser
tourner leur moteur. Ce qui, estime le Climate Trust,
devrait diminuer de 90 000 tonnes de CO2 les rejets
des trucks.
l www.climatetrust.org
Politique
L’Empire du carbone plongeant
Le 26 juin dernier, Tokyo a rendu public un ambitieux plan de séquestration. L’objectif, a expliqué le
porte-parole du ministère japonais de l’Economie,
Masahiro Nishio, est d’injecter sous terre 200 Mt de
CO2 par an, à partir de 2020. Ce projet permettra
à l’empire du Soleil-Levant de réduire de 16% ses
émissions carbonées.
Les Pays-Bas en Chine
Le ministère néerlandais de l’Environnement a signé,
le 6 juin, un accord avec l’International Finance Corporation (Banque mondiale). Aux termes de cette
convention, La Haye financera pour 45 M€ de projets énergétiques en Chine, susceptibles de lui apporter des crédits d’émissions, via le MDP.
l [email protected]
Recherche et MDP
Pour être efficace, la chasse au carbone emprunte de nombreuses pistes. La plus
simple consiste déjà à moins utiliser de combustibles carbonés. En 2005, les
cimenteries Lafarge ont consommé 9,4% de charbon en moins qu’en 2003. La
houille est remplacée, selon les cas, par des hydrocarbures, des déchets (pneus,
farines animales, huiles usagées, etc.) ou de la biomasse. Mais d’autres solutions
existent. Depuis des lustres, les cimentiers utilisent des matières premières décarbonatées, travaillent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs énormes
fours - où la température peut atteindre 1450°C ! - et ajoutent des produits au
clinker (cendres de centrales électriques, granulats, pouzzolanes, laitiers de hauts
fourneaux) pour réduire la consommation d’énergie nécessaire à sa cuisson. La
recherche est aussi mise à contribution. Depuis 2003, les scientifiques du Laboratoire central de recherche (LRC) élaborent de nouvelles formulations chimiques
permettant de réduire les émissions de gaz carbonique lors de la fabrication du
clinker. De nouveaux procédés économes en énergie sont également testés. Au
total, le groupe présidé par Bertrand Collomb a consacré 3,4 millions d’euros aux
recherches permettant d’améliorer sa performance climatique.
Bien évidemment, les mécanismes de flexibilité prévus par le protocole de Kyoto
entrent dans la stratégie de Lafarge. Après le Maroc, le cimentier vient de faire
valider par le Bureau exécutif des MDP de Bonn son second projet (lire L’Usine à
GES n°23). Moyennant un investissement de 6,8 millions de ringgits (1,4 million
d’euros), le groupe français utilisera des coques de noix de palmiers à la place du
charbon, dans ses cimenteries malaises de Kathan et Rawang. Ce qui devrait faire
chuter de 62 000 tonnes par an les émissions de dioxyde de carbone des deux
sites. Dans la même veine, deux autres projets MDP sont en cours d’élaboration,
l’un en Inde, l’autre au Brésil. Gageons que ce ne seront pas les derniers.
Le parlement européen cible
l’aviation
Les eurodéputés ont adopté, le 4 juillet, à une écrasante majorité une résolution (non contraignante)
appelant la Commission européenne à tout faire
pour réduire les émissions de GES de l’aviation civile. Entre 1990 et 2003, les émissions de CO2 de
l’aviation internationale dans l’UE ont augmenté de
73%.
l [email protected]
- 4 d’émissions de CO2
par palette de produits non alimentaires,
c’est l’économie de rejet à laquelle est parvenue
Carrefour, en 2005, en revoyant son système
logistique.
Sophie d’Anhalt
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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Actions locales
BRÈVES
Paris se prépare aux olympiades climatiques
Après la pollution de l’air et la réduction des consommations d’énergie, Paris s’attaque à ses émissions de CO2. Un chantier qui nécessite de la pédagogie et de l’intercommunalité.
Qu’on se rassure. Paris fêtera un événement sportif en 2012. Cette année-là, la ville-lumière tentera de respecter l’objectif assigné à la France par le protocole de Kyoto, à savoir stabiliser ses
émissions de gaz carbonique. Et cela ne sera pas une mince affaire, si l’on se souvient que la
capitale, hors entrée de touristes, émet déjà 23,85 millions de tonnes de dioxyde de carbone par
an. Autant qu’une très très grosse centrale au charbon, comme on en trouve du côté de Londres,
justement ! Parvenir à de telles fins ne s’improvise pas. Dès 1994, la cité s’est engagée dans
l’exemplarité écologique en signant la charte des villes durables. Et les résultats sont au rendezvous : diminution du trafic routier de 14% depuis 2001, baisse et maîtrise des consommations de
chauffage dans ses locaux (- 45% depuis 1985), valorisation des déchets et mise en place de la
collecte sélective. Aujourd’hui, c’est au changement climatique qu’elle s’attaque. Paris prépare son
Plan Climat Territorial pour l’été 2007. Intégré à la démarche d’Agenda 21, il tiendra compte des
plans existants : plan local d’urbanisme et plan de déplacements urbain. Il regroupera à la fois des
actions que la municipalité peut mener dans le cadre de ses compétences directes, mais également
celles qu’elle devra réaliser avec les collectivités voisines. Enfin, des actions pourront être confiées
à des partenaires.
Le bilan carbone de la ville
Mais avant de passer à l’action, encore fallait-il savoir où agir. C’est le
rôle du Bilan carbone, réalisé ces derniers mois dans le cadre d’une
expérimentation initiée par l’Ademe. Côté « territoire », l’activité touristique génère plus de
50% des émissions globales de Paris. Hors tourisme, la consommation énergétique des bâtiments, le transport des personnes et le transport des marchandises représentent 80% du
bilan. Côté « patrimoine », plus de 50% des émissions de l’administration sont imputables aux
consommations d’énergie des bâtiments.
Associer les Parisiens
Le bilan étant connu, reste à entraîner le plus de monde possible dans l’élaboration et la mise
en œuvre du plan climat. Depuis le 30 juin, des conférences-débats se tiennent dans les mairies
d’arrondissement volontaires ainsi qu’à l’Hôtel de ville. Ceux qui ne pourront se déplacer pourront fournir des contributions sur internet.
À l’issue de cet exercice de concertation, une instance d’élaboration du Livre Blanc pour le Plan
Climat de la Ville sera constituée. 300 personnes (180 personnalités qualifiées, 75 citoyens et
des représentants de l’administration de la ville de Paris) seront réparties en huit ateliers thématiques qui se réuniront entre septembre et novembre 2006. Le « Livre Blanc » synthétisera leurs
travaux et en tirera un véritable programme d’actions. Représentant les grandes institutions et
les grands acteurs économiques du territoire, un Club Climat poursuivra la réflexion, notamment
en proposant des actions sortant du champ de compétences de la ville.
Et pour préparer ses citoyens à ce chambardement intellectuel, Paris vient d’inaugurer, au Jardin
de Bagatelle, une exposition promenade scientifique et ludique intitulée : « Energie : mode
d’emploi ». Une sorte de devoir de vacances pour les Parisiens qui se lanceront dans l’aventure
climatique à la rentrée.
Nathalie Elbe
> www.environnement.paris.fr
> Guide « Un plan Climat à l’échelle de mon territoire » : www.effet-de-serre.
gouv.fr (rubrique collectivités) ou Ademe ([email protected]).
Contacts
L’Allier à l’heure de l’énergie
Organisées par le Conseil Général de l’Allier,
les troisièmes rencontres départementales
de l’Environnement se dérouleront le 28
septembre sur le thème « Energie : développement durable et innovation ». Au programme : trois tables rondes « Energie, quels
enjeux pour les collectivités », « production
d’énergie : quelles solutions alternatives ? »,
« Du projet à la réalisation : les collectivités
qui s’engagent ». Une visite des chaufferies
collectives est organisée en milieu de journée.
l [email protected]
Réfugiés climatiques
Selon l’ONU, 150 millions de personnes
devront migrer à cause des effets du changement climatique, d’ici à la fin du siècle.
Regroupant 10 journalistes, rédacteurs et
photographes, le collectif Argos réalise un
travail de mémoire sur les territoires et les
cultures qui seront frappés de plein fouet
par le changement climatique. Reportages,
photos et textes sur Tuvalu, le Bangladesh, le
Tchad, les Maldives, le Niger. Le travail d’Argos est diffusé sur son site internet.
l http://www.collectifargos.com
la
Ville
Paris
2,1
25
millions d’habitants
millions de touristes par an
Yves Contassot, Adjoint au Maire de Paris en charge de l’Environnement
Yann Françoise, service de l’écologie urbaine
[email protected]
Nathalie Elbe
Chargée de mission Collectivités
Mission Interministérielle de l’Effet de serre (MIES) – MEDD
[email protected]
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DOSSIER
Rapporter n’est pas jouer
Histoire de faire mieux entendre au monde politique leur cri d’alarme, les députés Kosciusko-Morizet et Le Déaut organisaient, fin
juin, un colloque sur les dangers liés au changement climatique. Reprenant les grands thèmes de leur rapport, paru quelques semaines
plus tôt, ce séminaire a révélé l’inquiétante impréparation de notre
société aux conséquences du renforcement de l’effet de serre.
« Ce que l’on fait à la planète
est extrêmement violent. »
Jean Jouzel, directeur de l’Institut
Pierre Simon Laplace.
Il fut un temps où le délégué interministériel au développement durable voulait créer l’association des fatigués des colloques sur l’environnement. Une façon
d’ironiser sur la pléthore de séminaires dont le résultat était souvent proche du
zéro absolu. Maintenant qu’il exerce la tutelle de la Mission interministérielle sur
l’effet de serre, Christian Brodhag va-t-il créer le club des crevés du climat ? Car,
les changements climatiques, en France, on connaît. Surtout dans des débats
aux effets des plus incertains. Le 20 juin dernier, au cours d’un séminaire organisé par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Yves Le Déaut (lire L’Usine à GES
n°23), ils étaient nombreux à tirer la sonnette d’alarme. À commencer par Jean
Jouzel. Comme à son habitude, le directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace
(IPSL) a rappelé, avec flegme, les menaces qui pèsent sur nos têtes. « Nous rejetons, chaque année sept milliards de tonnes de carbone, la moitié étant absorbée
par l’océan et l’atmosphère. Cela dérègle le climat depuis le milieu des années
1970. On a mis 2 watts/m2 supplémentaires à la terre. Et l’on risque d’en remettre
9 watts/m2. Ce que l’on fait à la planète est extrêmement violent. Et les conséquences seront visibles durant des millénaires. »
Cyclone sur les Canaries
Des conséquences que l’on observe déjà en France. « Entre 1901 et 2000, les
températures minimales ont progressé, en moyenne, de 1,5°C dans le nord de la
France et de 0,6°C dans le sud de la France », indique le directeur de la recherche de Météo France. Mais ce n’est pas tout. « Les précipitations ont tendance à
augmenter dans le nord du pays et à diminuer dans le Sud », poursuit Éric Brun.
Au cours de la seconde moitié du siècle, des étés comme celui de 2003 seront
devenus la norme. Enfin, si l’on n’observe pas de réel accroissement du nombre
de cyclones, les météorologues craignent surtout que ceux frappant habituellement les Caraïbes et le golfe du Mexique ne divaguent jusque dans les eaux
européennes. « L’an passé, a rappelé É.Brun, un cyclone a frappé les Canaries et
les côtes du Portugal, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. »
La canicule de 2003 n’a pas eu que des conséquences sanitaires. « Cette année-là, les rendements du maïs français ont diminué de 30% et ceux du blé
de 21% », rappelle Jean-François Soussana, directeur de recherche à l’Institut
national de recherche agronomique. « Pour 2080, estime le membre du Groupe
International d’Experts sur le Climat (GIEC), on s’attend à ce que les rendements européens des céréales diminuent de 20 à 25%. »
LeRappelant
nouveauqu’endésordre
mondial
faisant émigrer vers le Texas les habitants de la Nouvelle Orléans, le cyclone Katrina avait créé les premiers réfugiés climatiques, le spécialiste en stratégie Jean-Michel Valantin annonce la suite logique de ces changements globaux. « Le changement climatique met sous pression nos systèmes
international, national et local. Or, nous n’avons aucun référent historique d’une
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L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
telle accélération des modifications de l’environnement de l’homme. L’Afrique
perd actuellement 60% de sa pluviosité hivernale et 30% de sa pluviosité estivale : cela engendre des mouvements de population significatifs, aux conséquences politiques majeures. Au Bangladesh, le niveau de la mer augmente, ce qui engendre, là aussi, des mouvements de populations massifs, déstabilisant les États
limitrophes », constate l’auteur de Menaces climatiques sur l’ordre mondial.
Les causes de ce cataclysme annoncé sont connues. « Le climat est resté stable
depuis le néolithique, ce qui a permis à l’homme de devenir une véritable réussite écologique. Or, ces deux derniers siècles, la quantité d’énergie consommée
a été multipliée par dix. C’est un contexte inédit », résume l’ingénieur-conseil
Jean-Marc Jancovici. « En 1750, la consommation d’énergie par habitant était
de 10 kilos d’équivalent pétrole par an, confirme Jean-Pol Poncelet. En 2000,
elle a atteint 5 tonnes équivalent pétrole. C’est sans précédent dans l’histoire »,
reprend le directeur en charge des énergies nouvelles chez Areva.
Changer de mode de vie
On l’a désormais compris, la situation est grave. Est-elle désespérée ? Ou plus
exactement, notre société a-t-elle constitué un râtelier suffisamment garni pour
défendre ses intérêts ? Non, à l’évidence. Cette situation est évidemment imputable à de nombreux facteurs. Tout d’abord à la faible pression sociale. Même
si l’effet de serre semble de plus en plus préoccuper nos concitoyens, nous
sommes encore de loin de l’inquiétude généralisée. « Les Français ne savent pas
bien ce que c’est, confirme Michèle Pappalardo. Ils comprennent qu’il faudra
changer leur mode de vie, mais rebutent encore à le faire, notamment lorsqu’ils
doivent investir. » Conclusion : « il faudra une révolution des mentalités », estime
la présidente de l’Ademe. Plus direct, Jean-Marc Jancovici met les chiffres sur la
table. « Pour retrouver une concentration de carbone sans danger, il faut que
chaque terrien émette au maximum 500 kilo de CO2 par an. 500 kg, c’est, pour
un Français, un aller-retour Paris-New York ou la consommation de 22 000 kWh
ou de 1 000 m3 de gaz ou de 2 tonnes de ciment. »
Faute de cette pression sociale, les autres piliers de la société (à l’exception des
scientifiques !) font preuve d’une activité relativement modérée. Les financiers ?
Bien sûr, ils ont mis au point les « fonds carbone » ou quelques bourses où
s’échangent les quotas d’émissions en Europe. Mais cela pèse-t-il vraiment ? « La
banque de la Caisse des dépôts gère 500 milliards d’euros d’actifs, contre 150
millions d’euros pour l’European Carbon Fund », se désole Philippe Germa, le
directeur général d’Ixis Environnement et Infrastructures.
Les entreprises ? Certaines, comme les grands énergéticiens font de petits efforts.
Anticipant sur les certificats d’économie d’énergie, Suez et EDF proposent à leurs
clients professionnels de réduire leur consommation d’énergie ou de gérer leurs
quotas d’émissions. Ils développent aussi leur parc de production Zéro émission.
Et s’intéressent aux MPD. Mais globalement, c’est la météo qui fait varier leurs
émissions carbonées et pas (encore ?) leur stratégie climatique.
Forte baisse annoncée
des rendements agricoles
européens en 2080.
Des forêts stockeuses ?
Les agriculteurs et les forestiers, peut-être ? Ils ont compris qu’ils pouvaient tirer leur épingle du jeu. Ce n’est pas un hasard si certaines grandes coopératives
et si les exploitants de grande culture font, depuis une quinzaine d’années, un
formidable forcing pour développer les biocarburants. D’autres, comme l’ingénieur agronome Henry-Hervé Bichat espère que « la biomasse fournira, en
2100, 80% des molécules dont la chimie aura besoin. » Mais cela suffira-t-il à
compenser les émissions agricoles ? Rien que pour produire un kilogramme de
bœuf ou de veau, on consomme, en moyenne, un litre de pétrole. Et pourquoi
ne pas stocker ces émissions dans les puits de carbone que sont les forêts ?
C’est précisément l’envie de Pierre-Olivier Drege, le patron de l’ONF qui entend faire des forêts françaises une importante éponge à carbone. Une éponge
dont les capacités de stockage ne représente toutefois que le 10e des rejets
industriels français actuels.
Les bâtisseurs alors ? « Le tendanciel n’est pas conforme au respect du protoL’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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cole de Kyoto ni à celui du Facteur 4 », estime Gilles Pennequin, en charge du
développement durable à la Délégation interministérielle à l’aménagement et à
la compétitivité des territoires (ex-Datar). Et l’ancien conseiller régional écologiste de rappeler que la consommation moyenne d’un logement français est
de 375 W/m2, soit cinq fois plus que ce qu’exige la division par quatre de nos
émissions de gaz à effet de serre. « Pourtant, a rappelé Pascal Éveillard, le porteparole du lobby industriel Isolons la terre contre le CO2, nous avons toutes les
techniques pour diviser par quatre les émissions des bâtiments. C’est faisable
dès maintenant ! »
Minorité parlementaire
Des politiques
contradictoires.
Alors, la faute à qui ? À beaucoup de monde, si l’on en croit Paul de Viguerie.
Car, pour l’auteur du récent rapport du Conseil économique et social sur « les
politiques de l’urbanisme et de l’habitat face aux changements climatiques »,
rien ne va plus au royaume du béton (lire L’Usine à GES n°22). Les 375 000
professionnels du bâtiment n’ont aucune formation sur les questions énergétiques ou climatiques. La recherche ? Il manque quelques dizaines de millions
d’euros par an pour financer des programmes de recherche appliquée. « Mais
nous avons aussi des problèmes de gouvernance », reprend le conseiller économique et social. « Il n’y a plus de véritable politique d’urbanisme et d’habitat.
Les politiques du logement sont en contradiction avec les politiques sociales.
Tout comme les politiques financières et celles du développement durable. »
Bref, l’argent est souvent disponible, mais il n’est pas mis au bon endroit. Pour
preuve : le récent refus par les parlementaires de voter un amendement obligeant les bailleurs à ne plus ne construire que des logements sociaux à haute
performance énergétique (HPE).
Bon, alors si les citoyens, les entreprises, les financiers, les bâtisseurs ne sont
pas moteurs dans la lutte contre le changement climatique, qui reste-t-il ? Les
politiques peut-être ? Non, à l’évidence. Car s’il existe quelques courageux, à
l’instar de Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) et Jean-Yves Le Déaut (PS), sans
oublier le sénateur Marcel Deneux (UDF), rares sont les engagés dans le parti
du climat. Il est vrai qu’il est difficile, tente d’expliquer Nathalie Kosciusko-Morizet, de concilier le temps écologique du temps politique, infiniment plus court.
À moins que les catastrophes annoncées ne mettent tout le monde d’accord. Le
problème étant de savoir alors si les démocraties sont armées pour gérer tout
à la fois la rareté de l’eau, de l’alimentation, de l’énergie et l’afflux de réfugiés
climatiques. L’histoire, sans doute, nous le dira.
Le désordre climatique vu par le Pentagone
Europe
Asie
Volodia Opritchnik
Amérique du Nord
2012 : chassés par la sécheresse, les
Scandinaves affluent en Europe du Sud.
L’UE les repoussent.
2015 : conflits en Europe sur le partage de
l’eau et l’approvisionnement en nourriture
2010 : chassés de leurs terres par la 2010 : tensions américano-mexicaine
montée de la mer, les Bangladeshis
sur le partage de l’eau.
migrent. Grande instabilité régionale.
2012 : le Japon réarme.
2012-15 : des vagues de réfugiés
en provenance des Caraïbes puis
d’Europe déferlent sur l’Amérique.
2020 : les Néerlandais et les Allemands
2018 : la Chine intervient au
2016 : conflits avec l’Europe sur les
fuient à leur tour vers l’Espagne et l’Italie.
Kazakhstan pour protéger des
droits de pêche.
gazoducs.
2022 : incident entre la France et
2020 : conflits persistants en
2020 : l’armée contrôle les frontières
l’Allemagne pour l’accès commercial au Rhin. Birmanie, au Laos, au Vietnam, en
américaines.
Chine et en Inde.
2025 : l’UE est au bord de l’effondrement.
2025 : guerre civile en Chine.
2020 : forte augmentation du prix de
l’essence.
2030 : un Européen sur dix a quitté son
2030 : menace de guerre entre la
2025 : les flottes américaine et
pays.
Chine et le Japon qui se disputent les chinoise s’affrontent dans le Golfe
hydrocarbures russes.
arabo-persique.
Extrait de : An abrupt climate change scenario and its implication for United States national security, 2003.
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L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
LE CARBONE ACTIF
Les PNAQ II vaudront-ils mieux que les premiers ?
Cinq pays de l’UE ont rendu leur première mouture de second plan national d’allocations de quotas
(2008-2012). Des documents qui permettent de faire une première comparaison avec les premières
versions, couvrant les années 2005-2007.
Détaillant le plafond et la méthode d’allocation des quotas que retient chaque pays
pour la seconde phase du marché européen (2008-2012), les PNAQ II devaient
être soumis à la Commission avant le 30 juin, soit un mois et demi seulement après
la publication officielle des conformités des Etats membres (sauf pour la Pologne,
Chypre et Malte).
Contacts
4 pays ont trop émis
Pour la première fois, depuis le lancement du marché européen en janvier 2005,
une comparaison entre les émissions réelles et les quotas alloués a pu être réalisée,
à la mi-mai. Il apparaît que seuls 4 des 22 Etats membres ayant communiqué leur
conformité ont émis plus de gaz à effet de serre que leur allocation annuelle : le
Royaume-Uni (+ 18%), l’Espagne (+ 6%), l’Irlande (+ 16%) et l’Autriche (+ 3%).
Le marché a donc globalement été long, la quantité de quotas distribuée ayant été
supérieure à la demande réelle.
Ces résultats pèsent dans la définition des PNAQ II concernant la période 20082012, qui correspond aussi à la première période d’application du protocole de
Kyoto. Cette première phase (2005-2007) sert ainsi de rodage, en permettant, à
la fois, aux industriels de s’approprier ce nouvel instrument, et aux Etats de tester
leurs méthodes de mesures des émissions, d’allocation des quotas, et de reporting
des informations.
1 Dimitar Nikov
@ [email protected]
L’Allemagne et l’Estonie, seuls bons élèves
La conformité de chacun des Etats membres et de l’UE vis-à-vis du protocole de Kyoto dépendra, en partie, de leur choix d’allocation
en deuxième période. Les préconisations de la Commission européenne pour les PNAQ II devraient les rendre beaucoup plus
ambitieux que les PNAQ I. Les 27 pays concernés (regroupant les 25 Etats membres, et la Bulgarie et la Roumanie qui devraient
entrer dans l’UE le 1er janvier 2007 ) devront démontrer, en effet, une réelle volonté de réduire leurs émissions.
Au vu de cette exigence, il n’est pas étonnant de constater que seuls deux pays, l’Allemagne et l’Estonie, ont réussi à respecter le
délai de la Commission en lui soumettant leurs plans avant le 30 juin 2006. Au 15 juillet, seules la Lituanie, la Pologne et l’Irlande
les ont rejoint (voir tableau). Quant aux autres pays, la plupart en est encore à la phase de consultation publique, ce qui laisse
présager une soumission au mieux à la rentrée.
Pays détenant le plus de quotas avec près de 24 % du total de la première période, l’Allemagne a décidé d’allouer en deuxième période
482 millions de quotas par an en moyenne. Cela représente une baisse de 3,4 % par rapport à la première phase d’engagement.
Malgré cet effort, le bilan du plan actuel est mitigé : si d’un côté la transparence est améliorée par l’harmonisation des règles de
distribution sectorielle des quotas, le maître mot reste l’allocation gratuite des quotas, y compris pour les nouveaux entrants, alors
que l’efficacité économique requerrait une allocation payante pour ceux-ci.
En revanche, bénéficiant de leur situation de « hot air », les pays de l’Europe de l’Est ayant rendu leurs PNAQ II montrent une
tendance à la hausse des allocations annuelles, liée à des prévisions de forte croissance économique.
Ces PNAQ II notifiés restent néanmoins provisoires. La Commission européenne dispose de trois mois suite à leur soumission pour
donner son avis et demander des modifications. Mais vu le retard dans cette étape de notification pour la plupart des PNAQ, les
plans définitifs risquent de ne pas être disponibles rapidement.
Dimitar Nikov
Une comparaison PNAQ I et II
PNAQ I
2005-2007
Quotas alloués
en 2005 MtCO2
(incl. réserves)
Allemagne
PNAQ II
2008-2012
Quotas alloués
Part nationale
par an en
des quotas
MtCO2 (incl.
alloués en Europe
réserves)
Evolution de
l’allocation
annuelle Phase
I- Phase II.
Soumission à la
Commission (2006)
499
23,2 %
482
-3%
30 juin
Pologne
239,1
11,1 %
279,6
+ 17 %
4 juillet
Irlande
22,3
0,9 %
22,6
+1%
14 juillet
Estonie
18,9
0,8 %
24,5
+ 30 %
30 juin
Lituanie
12,3
0,6 %
11,9
-3%
4 juillet
2151,5
100%
-
-
-
Total UE 25
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DU CARBONE ET DES SOLUTIONS
Des idées pour vos MDP
Chaque mois, L’Usine à GES vous présente un pays susceptible d’accueillir
des projets entrant dans le cadre du mécanisme de développement
propre. Ce mois-ci :
Les Philippines
Situation
générale
Pays maritime par excellence, les Philippines sont un archipel composé de 7 107 îles,
s’étendant sur plus de 1 840 km. Situées au confluent du Pacifique, de la mer de Chine
et de la mer des Célèbes, les principales îles sont Luçon, Visayas et Mindanao. Malgré
les crises ayant secoué l’extrême-Orient, les troubles agitant certaines régions du pays,
les séismes ou les éruptions volcaniques et le renchérissement du prix de l’énergie,
l’économie philippine affiche un dynamisme envié. De 3% de croissance l’an, en 2001,
la croissance du PNB a atteint les 6% en 2004. Du jamais vu depuis 15 ans ! Une performance largement imputable au service et à l’agriculture. Très endettée, mais devant
lourdement investir pour satisfaire à une demande en pleine progression, la compagnie
nationale d’électricité, Napocor, est en cours de (lente) privatisation.
Situation
énergétique
Globalement, les combustibles fossiles représentent 58% de l’énergie primaire philippi-
ne, contre 42% pour les énergies renouvelables. Chaque année, l’archipel utilise environ
30 millions de tonnes de charbon, dont 80% sont achetées à l’extérieur. Consommant
333 000 barils de pétrole par jour, les Philippines en importent environ 90%. En
2001, Shell, Texaco et la compagnie locale pétrolière (PNOC) ont découvert à Malampaya, le plus important champ gazier du pays. Selon les estimations, ce gisement
offshore abrite l’équivalent d’un demi siècle de consommation nationale, au rythme
actuel de la demande. Un combustible que le gouvernement de Manille souhaite massivement utiliser, à l’avenir, dans la production d’électricité. Aujourd’hui, celle-ci est
assurée par des centrales au fioul (47%), des barrages (19%), des centrales à géothermie (16%) et des installations au charbon (18%). Depuis le premier choc pétrolier,
les Philippines ont massivement développé les énergies renouvelables. Le pays compte
l’un des plus gros parcs mondiaux de centrales à géothermie. Les Philippines utilisent
aussi massivement la biomasse. Depuis la mise en place du « Philippine Energy Plan
2004-2013 », le pays prévoit de doubler ses capacités de productions électriques
d’origine renouvelable : 3000 MW de centrales hydroélectriques en plus, 1 200 MW
de centrales à géothermie, 425 MW d’éoliens terrestres et marins et 230 MW dans
l’utilisation de la biomasse (bagasse, cosse de riz, noix de coco, déchets animaux).
Sans oublier le développement de l’électrification rurale par énergie photovoltaïque.
Situation climatique
--
Émissions nationales
72 millions de tonnes CO2/an
Évolution annuelle des émissions de CO2
Moins de 1%
Ratification de la CNUCC
02/08/1994
Ratification du protocole de Kyoto
20/11/2003
Mise en place d’une AND
Oui, le 2 juillet 2004
Signature d’un accord avec la France
Non
Accord bilatéral avec :
n.c.
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CONTACTS
Projets
climatiques en cours
Comme dans de nombreux pays en développement, les priorités des Philippines
pour ce qui concerne les projets MDP vont aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, au changement de combustible. Les Philippines souhaitent
toutefois développer des projets climatiques dans les domaines de la chimie,
du transport, de l’amélioration de la gestion des déchets et, bien sûr, de la
foresterie.
Projets
susceptibles d’émerger après accord du BEMDP
Actuellement, une quarantaine de projets ont été acceptés par les autorités phi-
lippines. Une vingtaine concerne la valorisation énergétique (sous forme d’électricité) du biogaz de décharge. Il existe aussi cinq projets de petites centrales à
cogénération brûlant de la biomasse. Des investisseurs entendent financer quatre
parcs éoliens, dont deux couplés à des installations brûlant du biogaz. Quatre
projets concernent de petites centrales hydroélectriques, une importante installation solaire de production d’électricité et une centrale à géothermie. Enfin, le
ministère de l’Environnement philippin a donné son accord à une opération de
reforestation.
Contacts
Department of environmental and natural resources
1 Joyceline Goco
@ [email protected]
DGTPE (Paris)
1 @ Franck Jesus
[email protected]
Mission économique (Manille)
1 Monique Leminhbach
@ [email protected]
CORRECTIF
Dans le précédent numéro, nous avons écrit par erreur, que Minergie était
l’équivalent suisse de la norme HQE française. Un très rapide raccourci puisque la HQE ne s’intéresse pas qu’à l’énergie, d’une part, et que la norme suisse
impose une consommation d’énergie primaire près de deux fois moindre que
celle de la dernière réglementation thermique française, la RT 2005. Nous
prions nos lecteurs de nous excuser pour cette information de piètre qualité.
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
O2 France est une agence
d’éco-conception et de conseil
en développement durable
qui accompagne les entreprises
et leur apporte des réponses
concrètes.
O2 FRANCE
31, rue de la Folie-Méricourt
75011 Paris
Tél. 01 43 57 92 02
www.o2france.com
ENERGOGRAD
Energograd est une société
spécialisée dans l’information
sur l’énergie et le changement
climatique.
Energograd - Volodia OPRITCHNIK
73, rue de Cléry
75002 Paris
Tél. 01 75 50 54 85
[email protected]
Rédacteur en chef :
Volodia Opritchnik
Rédacteurs ayant participé
à ce numéro :
Sophie d’Anhalt
Nathalie Elbé
Dimitar Nikov
Volodia Opritchnik
Corrections :
Caroline Faber
Maquette et mise en page :
Pascale Michon
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