Les perspectives incertaines du yen pèsent lourdement sur les
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Les perspectives incertaines du yen pèsent lourdement sur les
11 juin 2013 Les perspectives incertaines du yen pèsent lourdement sur les actions japonaises Par Herve Lievore Macro & Investment Strategist, HSBC Global Asset Management Les actions japonaises connaissent une période de forte volatilité depuis novembre dernier, dynamisées par les attentes de mesures non conventionnelles historiques de lutte contre la déflation. Il existe une forte corrélation négative entre le yen et les cours des actions japonaises car le potentiel de bénéfices provient essentiellement des marchés étrangers. À l’avenir, les actions japonaises pourraient faiblir si les réformes structurelles ne répondent pas aux attentes. Les inquiétudes suscitées par la réduction de l’assouplissement quantitatif (QE) de la Réserve fédérale risquent également d’avoir un impact négatif sur les actions. Correction importante des cours après des gains records Après avoir atteint leur plus haut niveau depuis la crise financière le 23 mai, les actions japonaises ont fortement été corrigées. L’indice Nikkei 225 a perdu 19 % en 10 jours et l’indice Topix, qui comprend davantage de valeurs, a cédé 17 %. La correction des cours est intervenue après un rebond impressionnant déclenché par les attentes (puis par la mise en œuvre) d’une action plus appuyée des autorités, afin de stimuler l’économie et d'apporter une solution à la déflation persistante des prix à la consommation. Entre l’annonce de la dissolution du parlement en novembre dernier et leur pic, les actions japonaises ont gagné 80 %. Les secteurs fortement exposés aux exportations comme l’industrie et les biens de consommation ont notamment enregistré des performances exceptionnelles, à l’instar des valeurs financières. L’étude des thèmes porteurs du marché ces dernières années peut se révéler riche en enseignements pour comprendre les raisons du décollage soudain des actions japonaises. L’un des principaux aspects de l’économie japonaise est la déflation et le pic atteint par son PIB nominal au 3ème trimestre 1997 (il est à présent inférieur de 9,5 %). Les entreprises japonaises opèrent sur un marché intérieur globalement marqué par la stagnation. Certes, les entreprises cotées, qui ne représentent qu’une petite partie de l’économie, ont vu leurs ventes progresser en dépit de ce contexte défavorable (avec pour corollaire une croissance négative des entreprises non cotées). Toutefois, la principale source de croissance réside dans les marchés étrangers et donc, dans le taux de change. Toute dépréciation du yen accroît le rapport prixcompétitivité des exportateurs japonais. Plus important encore, compte tenu du poids de la production et des ventes à l’étranger, un yen faible dynamise les gains des entreprises lorsqu’elles consolident leurs comptes et rapatrient leurs bénéfices en devises étrangères. La relation entre les bénéfices et les cours des actions des entreprises cotées, d’une part, et le yen, d’autre part, est très forte depuis la fin 2005, ce qui correspond à la fin de la recapitalisation du secteur bancaire et au désendettement du secteur non financier. Le graphique page suivante illustre cette relation. Depuis 2006, grâce à son rôle dans la croissance des bénéfices, le yen constitue un point d’ancrage pour le Nikkei. Après la faillite de Lehman Brothers et la crise des liquidités qui a suivi, le Nikkei et le yen ont emprunté des routes divergentes pour finalement converger à nouveau courant 2009. Document non contractuel destiné à des investisseurs professionnels au sens de la Directive Européenne MIF Le gouvernement Abe doit éliminer les goulots d’étranglement structurels Corrélation entre le yen et le Nikkei 19000 130 Nikkei 17000 Yen (à droite) 120 15000 110 13000 100 11000 90 9000 80 7000 2006 70 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Source : Datastream, 10 juin 2013 Le graphique ci-dessus suggère que la relation entre le yen et le Nikkei est relativement constante dans le temps (au moins depuis 2006). Nous pouvons constater qu’une dépréciation du taux de change de 1 unité correspond à une hausse de 200 unités du Nikkei. En nous basant sur cette relation, nous pouvons déterminer le niveau du Nikkei qui serait justifié par le cours du yen. Gains du Nikkei réels et attribuables au yen depuis le début de l’année 6000 Gains en points depuis le 01/01/2013 5000 4000 3000 Gains réels du Nikkei Gains du Nikkei corrigés de l’évolution du yen 2000 1000 0 01/13 02/13 03/13 04/13 05/13 06/13 Source : Datastream, 10 juin 2013 Entre la fin décembre 2012 et le 22 mai, le Nikkei a progressé de 5 232 points. Au cours de la même période, le yen s’est déprécié de 16,41 yens, ce qui correspond à une hausse de 3 282 points (16,41 x 200). L’écart entre les gains réels et les gains implicites du Nikkei dérivés des attentes d’une future dépréciation rapide du yen dépasse largement le niveau symbolique de 100. Toutefois, la dépréciation réelle du yen s’est révélée moins spectaculaire que prévue et s’est finalement muée en appréciation après le 23 mai. La perspective d’un ralentissement, voire d’un arrêt, du programme de QE de la Fed à ce stade du cycle économique américain a fait naître des incertitudes, si bien qu’on a assisté à l’émergence d’un paradoxe : loin de dynamiser le dollar USD au détriment du yen, le rôle de valeur refuge du yen s’en est trouvé conforté. De notre point de vue, le niveau du yen au 6 juin impliquait un Nikkei à 12 906 points. Or le niveau de clôture le même jour était de 12 904 points. Autrement dit, dans un sens, la surévaluation constatée durant la première quinzaine de mai a été en grande partie corrigée, même si l’écart s’est légèrement creusé après la publication des créations d’emplois non agricoles de mai. L’évolution du yen continuera à jouer un rôle crucial, non seulement pour le Nikkei mais également pour les autres marchés actions de la région. Comme nous l’avons souligné dans notre dernière publication « Actualité Marchés - Autre regard », la perspective d’une réduction progressive du programme de QE de la Fed ne signifie pas nécessairement qu’il s’agisse d’un scénario imminent. Même si la normalisation de la politique monétaire américaine devrait s'étendre sur plusieurs années, les marchés ont déjà commencé à ajuster les cours des actifs en conséquence, engendrant de fait un regain de volatilité. En parallèle, le gouvernement japonais devra finaliser la dernière partie de sa stratégie de reprise économique, afin de compléter le plan de relance budgétaire adopté en janvier et le vaste programme d’achats d’obligations annoncé par la Banque du Japon (BoJ) en avril. Les mesures détaillées seront publiées cette semaine et devraient apporter une solution aux goulots d’étranglement de l’économie. Cette « troisième flèche » de la politique du gouvernement Abe est importante car elle se concentrera sur l’offre, tandis que les deux autres « flèches » étaient des politiques de la demande classiques. Bien que les grandes lignes aient déjà été présentées par Shinzo Abe (le 5 juin), le manque de détail des mesures et le fait que la loi nécessaire ne sera pas adoptée avant l'automne ont fait quelque peu fléchir le moral du marché. La taille du programme de QE japonais prévu au cours des deux prochaines années (1 300 milliards de dollars USD d’ici la fin 2014) pourrait justifier une nouvelle dépréciation du yen. Cette dernière risquerait cependant d’être retardée à court terme par des réformes structurelles mal adaptées et par les risques associés à la réduction du QE aux États-Unis. Le Nikkei entrerait alors dans une période de forte volatilité, en suivant une tendance relativement stable toutefois. Conséquences pour les investissements D’un point de vue structurel, nous devons encore constater une amélioration des marges bénéficiaires des entreprises cotées, un facteur clé pour déterminer si la reprise est ou n'est pas durable. À court terme, le repli des actions japonaises devrait profiter aux pays asiatiques en concurrence directe avec le Japon, comme la Corée du Sud, par exemple, et affaiblir les marchés qui coopèrent avec des exportateurs japonais comme la Thaïlande. Dans une perspective à moyen/long terme, en raison des effets d’éviction au Japon, les investisseurs japonais devraient recycler à l’étranger une partie des liquidités injectées, à la recherche de rendement. HSBC Global Research estime que le montant de ces capitaux sortants pourrait atteindre au moins 600 milliards de dollars USD au cours des deux prochaines années. Même une faible part de ces capitaux pourrait avoir un impact important sur des marchés relativement petits de la région, en particulier les obligations asiatiques locales. Pour le moment toutefois, la force principale des obligations et des actions des marchés émergents reste la politique de la Fed. Ce document a été produit exclusivement à des fins d’information générale. Les vues et opinions exprimées sont celles d’HSBC Global Asset Management, sur la base de données au 11 juin 2013. Ces vues et opinions ne sauraient constituer une recommandation de placement. Elles sont susceptibles d’être modifiées à tout moment et sans préavis. Informations importantes Ce document est diffusé par HSBC Global Asset Management (France) et n’est destiné qu’à des investisseurs professionnels au sens de la Directive Européenne MIF. L’ensemble des informations contenues dans ce document peuvent être amenées à changer sans avertissement préalable. 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