Place de l`Yser : un pas de plus vers la démolition du théâtre

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Place de l`Yser : un pas de plus vers la démolition du théâtre
Le Soir Mercredi 29 janvier 2014
LIÈGE 29
Place de l’Yser : un pas de plus
vers la démolition du théâtre
URBANISME
HUMEUR
ÉRIC RENETTE
TOUR DES FINANCES :
LE MAUVAIS FEU VERT
DU CONSEIL D’ÉTAT
Reconnaissance provisoire d’un « site à réaménager »
Le site du Théâtre de
la Place reconnu comme
« site à réaménager ».
Cette décision
du ministre Henry ouvre
la porte à un subside
de 1,2 million d’euros.
C
e n’est pas vraiment une
surprise mais ça n’en demeure pas moins une
étape importante dans le développement d’Outremeuse : le
ministre wallon de l’Aménagement du Territoire Philippe
Henry (Ecolo) vient de signer un
arrêté plaçant provisoirement
l’ancien Théâtre de la Place parmi les sites à réaménager. A la
clef, une subvention régionale de
1,26 million d’euros dont devrait
profiter la Ville pour démolir
l’ancien théâtre et étanchéifier la
dalle du parking, préalables indispensables à la transformation
de la place de l’Yser en parc urbain.
Le 13 septembre 2013, le conseil communal avait officiellement acté la désaffection du
théâtre, espérant son inscription
sur la liste des sites à réaménager. C’est donc chose faite, ou
presque : « Il y a là une opportunité de rendre à la place de l’Yser
son rôle urbain », confirme le cabinet du ministre Henry. Reste,
avant que cette reconnaissance
soit coulée dans le marbre, à procéder à une enquête publique. Et
ensuite ? « Nous sommes toujours en négociation avec les différents soumissionnaires pour
attribuer le marché de démolition et d’étanchéification, enchaîne le cabinet de Roland Léo-
Un pas de plus vers un nouvel aménagement de la place. Mais quelles infrastructures restera-t-il pour les artistes ? © MICHEL TONNEAU.
nard, échevin liégeois des Travaux (PS). Cette procédure devrait être terminée dans les
prochaines semaines. » L’objectif, répète la Ville de Liège, est
d’entamer la démolition dès que
l’arrêté de reconnaissance définitif aura été signé et que la subvention aura donc été libérée. Ce
qui ne sera vraisemblablement
pas avant la fin du printemps.
Ensuite, reprend le collaborateur de l’échevin, « l’intention est
d’enchaîner avec l’aménagement
de la place de l’Yser, un budget de
640.000 euros a d’ailleurs été
prévu au budget ». Mais avant
cela, normalement dès le mois
de mars, les services commu-
naux devraient rencontrer les riverains afin de préciser et adapter le projet de reconversion.
« Ce site doit faire l’objet d’une
réflexion profonde et innovante,
embraye Alain Hendrick, de
Théâtre à la Place, un collectif
d’artistes qui occupe l’ancien
théâtre et est menacé d’expulsion dès que les pelleteuses entreront en action. Le site doit demeurer un espace vert, il doit
aussi être un lieu de création, de
récréation, de communication. »
Une après-midi de réflexion et
de discussion est organisée ce dimanche. ■
ces mêmes riverains. « Ce
sera un débat, un échange
d’idées autour du devenir de
cette place, précise Alain
Hendrick. Toutes les personnes intéressées sont les
bienvenues, notre volonté est
de lancer un appel à projets. »
Cet échange débutera dès
13 h en musique sur la Passerelle. A 14 h, après une
visite de l’ancien théâtre,
auront lieu les ateliers et à
16 h, ce sera la consultation
populaire proprement dite.
Des animations ponctueront
l’après-midi.
Jo. Ma.
L’AVENIR DE LA PLACE
Un débat public
Sans attendre les concertations que la Ville entend
mener avec les habitants
d’Outremeuse, le collectif
Théâtre à la Place a décidé
de mener ce dimanche 2 février une « consultation populaire », à laquelle sont invités
JO. MA.
Même mensuelle, l’ouverture dominicale ne séduit pas
LIÈGE L’UCM, le Commerce liégeois et le Setca sont toujours sceptiques, voire opposés au projet de la Ville
iège est-elle capable de
L
concurrencer
Maastricht
sur le terrain de l’ouverture do-
minicale des commerces ? La
mode des citytrips va-t-elle à ce
point toucher Liège que les boutiques liégeoises vont ouvrir en
masse le dimanche ?
Les autorités communales y
croient mais le plan de bataille
reste à écrire. « Nous sommes déjà satisfaits d’avoir obtenu le statut de « centre touristique » qui
permet aux commerces du
centre-ville d’ouvrir le dimanche », déclare l’échevin en
charge du tourisme Michel Firket (CDH) qui espère que la relocalisation de l’accueil touristique à la Halle aux viandes (fusion de l’Office du tourisme et de
la Maison du tourisme) et l’ou-
verture généralisée des musées
le dimanche, mêlés à des actions
promotionnelles, vont attirer le
chaland. « Pour commencer,
nous allons inciter les commerces
le repris dans le nouveau périmètre du « Centre touristique » à
ouvrir un dimanche par mois »,
ajoute Maggy Yerna, l’échevine
PS du Commerce interpellée par
le MR et Écolo au Conseil.
L’opposition a souligné le
manque d’anticipation et d’accompagnement des commerçants. Sans compter les lacunes
en matière de mobilité, que ce
soit l’absence d’une signalisation
dynamique des parkings ou de
navettes gratuites.
Le président du Commerce
liégeois, Georges Gerstmans, ne
dit pas autre chose. « Les commerçants ne sont pas chauds
pour ouvrir le dimanche. Il n’y a
guère que les dimanches avant
les soldes ou aux fêtes de fin d’année qui ont du succès. Si la Ville
ne met pas les moyens en matière
d’animations, de mobilité, ou
d’ouverture de musées, les commerçants risquent d’essayer une
fois mais pas deux. Et ce sera le
flop. »
L’Union des Classes moyennes
n’est guère plus convaincue par
l’ouverture dominicale mensuelle. « L’échevine Maggy Yerna
lance cela sans la moindre
concertation avec le commerce,
déclare Roger Mené. Nous
avions sondé les commerçants
liégeois il y a trois ans : 83 % de
sondés étaient opposés à cette
mesure. Le jour de repos hebdomadaire est un acquis social destiné à protéger les plus faibles. Je
crains que l’ouverture sept jours
sur sept ne fasse que renforcer le
poids des plus forts. » Le Setca
embraie : « Les employés des
commerces ne seront pas mieux
payés le dimanche et les enseignes risquent d’engager des
étudiants plutôt que de donner
des heures complémentaires au
personnel », déclare Pascale
Vleugels, permanente Setca. ■
Il y a la Justice qui éclaire, la Justice
qui tranche, la Justice qui répond.
L’arrêt définitif du Conseil d’État
concernant le litige qui oppose la
SNCB (ex-Holding) et Fedimmo, le
constructeur de la future tour des
Finances à Liège, ne fait partie
d’aucune de ces catégories. Le
Conseil y a botté en touche sans
oser se pencher sur le fond du litige.
Pour résumer, la SNCB, fière de sa
gare Calatrava, estimait que la
hauteur de la future tour de Justice
(118m, 27 étages) était disproportionnée par rapport à sa majesté la
gare. Argument principal : le permis
d’urbanisme a été délivré sur base
d’un « PRU » (périmètre de remembrement urbain) qui prévoyait des
« émergences ponctuelles d’échelle
métropolitaine ». Pour la SNCB, une
émergence ne trône pas à 118m.
Soit le permis était faussé par cette
taille, soit c’était le PRU qui l’était
avec ce concept d’émergence qui,
ailleurs dans le document, était
limité à 40m.
Dans son rapport, en août dernier,
l’auditeur du Conseil d’État estimait
l’argument fondé et proposait
d’annuler le permis. Le Conseil suit
son auditeur dans plus de 90 % des
cas. Pas ici. Pour quel motif ?
D’abord, le promoteur a joué le fait
accompli : la tour grandit d’un étage
tous les six jours, aujourd’hui elle a
dépassé 20 étages. Il fallait donc
avancer de solides arguments pour
justifier un arrêt des travaux. Le
Conseil, par lâcheté, s’est arrêté à
un point technique : le recours a été
introduit par l’administrateur délégué de la SNCB-Holding et le directeur général « stations » et non pas
par le conseil d’administration. Il ne
serait donc pas recevable (alors
que d’autres actes officiels de la
SNCB sont validés sous cette
forme). Que ceux que le droit et
l’urbanisme intéressent aillent
réclamer ailleurs…
Bilan : ça ne règle rien. En gros, d’un
côté, on va continuer à avancer que
le permis est faux, arguant de l’avis
de l’auditeur. De l’autre, on va crier
victoire en soulignant le rejet de la
demande plus que son motif. On se
saura jamais si la cathédrale de
Calatrava doit être encensée et
sans rivale architecturale à portée
de vue ou si des promoteurs
peuvent cacher tout et n’importe
quoi derrière des concepts urbanistiques abscons.
La seule chose, finalement, qui ne
manque pas de hauteur, c’est la
déception que le Conseil d’État
provoque en se défilant.
Ph.Bx
Un décès par étouffement
COUR D’APPEL Réquisitoire de culpabilité pour la Cité de l’Espoir
e 14 septembre 2006, ce devait être une belle journée
L
pour de jeunes résidents de la
Cité de l’Espoir, un centre pour
handicapés d’Andrimont qui
emploie 470 personnes pour
310 hébergés. Après une excursion à Phantasialand, une des
éducatrices s’était installée en
terrasse avec Nicolas, 14 ans, et
deux autres hébergés, histoire de
profiter de la douceur de l’été indien. Elle leur avait servi des
sandwiches, et était restée à
leurs côtés jusqu’à ce qu’elle décide d’aller leur chercher à boire,
dans la cuisine, 20 mètres plus
loin. Quand elle est revenue, plateau en mains, Nicolas n’était
plus à table : il s’étouffait, en position fœtale, sur un divan. Il
avait fait une « fausse route », la
nourriture se dirigeant vers ses
voies respiratoires. Malgré la réanimation, malgré les efforts
pour enlever cette nourriture qui
l’empêchait de respirer, le gamin
est arrivé à l’hôpital en état de
mort cérébrale. Il est décédé 8
jours après.
Ce dossier sensible a été examiné par la cour d’appel de Liège
ce mardi, devant laquelle la Cité
de l’Espoir et l’éducatrice, toujours employée là aujourd’hui,
doivent répondre d’homicide involontaire par défaut de prévoyance.
Pour l’avocate générale, il y a
bien eu faute de la part de l’éducatrice qui, loin de l’enfant, ne
pouvait pas vérifier ce qu’il ingurgitait. Mais elle a requis l’acquittement, estimant que la responsabilité de l’ASBL était plus
importante que celle de son employée. Arrêt le 25 février. ■
LAURENCE WAUTERS
?)
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