Le Marin d`eau douce - Archives

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Le Marin d`eau douce - Archives
Le Marin d’eau douce
Du mardi 10 au jeudi 12 mars 2009
Grand T - Nantes
Dossier
Secteur jeune public
Sommaire
Présentation
p.3
Le propos
p.4
Joël Jouanneau, auteur et metteur en scène
p.5
L’origine du projet et de l’écriture du Marin d’eau douce,
douce,
entretien avec Joël Jouanneau
p.6
Faire connaissance avec les personnages :
quelques extraits de la pièce
p.8
Pistes de travail autour du Marin d’eau douce
p.12
p.16
L’école du spectateur :
Aller au théâtre avec les élèves / Ressources bibliographiques
Annexes
p.24
2
Le Marin d’eau douce
Texte et mise en scène
Joël Jouanneau
Collaboration à la mise en scène Delphine Lamand
Décor
Lumière
Son
Costumes
Vidéo
Régie générale
Jacques Gabel
Franck Thévenon
Pablo Bergel
Stéphanie Coudert et Emilie Bouilloux
Cyril Teste
Pascal Messer
Avec
Camille Garcia L’Enfant
Delphine Lamand Minnie
Fabrice Bénard L'âne, l’Ardoizoo
Bryan Polach & Nicolas Chupin, les chiens Furax et Vorace les terribles
frères Hic & Blup
Production
Compagnie L’Eldorado / Scène Nationale Evreux Louviers
Coproduction
CDDB – Théâtre de Lorient
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le soutien du Fonds de Développement de la Création Théâtrale Contemporaine
Du mardi 10 au jeudi 12 mars 2009
Grand T - Nantes
Les mardi 10 et mercredi 11 mars 2009 à 19h30
Le jeudi 12 mars 2009 à 14h et 19h30
Durée du spectacle : 1h15
Tarif : 6€ par élève (pour un groupe d’au moins 10 élèves)
Public : à partir de 8 ans
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« L'enfant que j'ai été, à jamais disparu, c'est lui l'énergie qui me fait
écrire, écrire pour l'enfance, révèle un territoire de tous les possibles
mais implique de magnifiques
magnifiques contraintes : être conscient
et responsable de ce que l'on transmet »
Joël Jouanneau
Le propos
Le marin d'eau douce a pour seul nom « L'Enfant », et il s’ennuie si ferme dans la ferme
de son petit village de Pré-en-Pail qu'il en vient à penser que les jours filent et défilent
sans trop lui demander son avis, et que cela ne peut continuer ainsi.
Alors, un jour, à midi pile et après une belle crise d’énervement, il décide d’aller voir la
mer et de devenir corsaire.
À pied d’abord, à la nage ensuite, en canoë enfin, il finira par chavirer en pleine nuit
dans le grand tourbillon marin, manquera se noyer, se découvrira une presque soeur
qui fera battre son petit coeur, sera pris dans les mailles du filet d’une frégate-pirate où
les terribles Frères Grog lui imposeront le dur apprentissage d’une vie de hors-la-loi,
s'évadera grâce à l'aide d'un drôle d'ardoizoo, fera le tour du vaste monde, une odyssée
plus que compliquée si l'on a oublié ses papiers.
A force de volonté, contre vents et marées, notre Ulysse aux petits pieds finira par
retrouver Pré-en-Pail, mais dans sa tête tout sera à jamais changé : il ne sera plus
L’Enfant et aura gagné un curieux prénom, Ellj, à la sueur de son front et de bien des
tourments.
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Joël Jouanneau, auteur
auteur et metteur en scène
Après un bref passage dans l’enseignement, Joël Jouanneau devint journaliste avant de
décider, un beau jour, de poser ses valises. Depuis lors, il témoigne du piteux état de la
planète non plus en grand reporter mais en poète.
Ce « vagabond sédentaire », boulimique de lecture, d’écriture, de découverte de
nouveaux textes et de recherche théâtrale, met en scène ses propres textes dès 1987.
Metteur en scène, auteur, Joël Jouanneau ne vient qu’en 1988 à l’écriture et à la mise
en scène de pièces adressées aux enfants dont il précise qu’ils peuvent être « petits et
grands » : Mamie Ouate en Papoâsie, comédie insulaire, écrite avec Marie-Claire le
Pavec, accueillie au Grand T en décembre 2001, puis Dernier Rayon sont ainsi publiés
et portés à la scène.
Il adapte Shakespeare pour le jeune public avec Le Roi errant puis investit le théâtre
musical et l’opéra pour enfants. Il monte Les Trois Jours de la queue du dragon de
Jacques Rebotier et écrit L’Indien des neiges mis en musique par Jacques Rebotier.
Il est à l’origine de la création d’Heyoka, Centre Dramatique National pour la Jeunesse
attaché au Théâtre de Sartrouville dont il assume la co-direction jusqu’en 2003.
Ce qui frappe dans l’écriture de ses textes dits pour enfants c’est
c’est qu’ils « oscillent
entre deux mots qui comportent chacun trois voyelles : oui, aïe » ; « l’alliage
possible du grave et du léger » et qu’ils évoquent les « premières déconvenues de
la vie » ou abordent des expériences plus douloureuses comme la séparation
séparati on et la
mort.
Nourri de sa
France, son
mentalement
propre mémoire d’enfant élevé dans un petit village du centre de la
théâtre a un pouvoir évocateur qui invite chacun à « arpenter
sa chambre d’enfant ».
A travers son travail d’auteur, Joël Jouanneau
Jouannea u contribue à l’émergence d’un
véritable théâtre de répertoire pour la jeunesse.
La Scène Nationale Evreux Louviers a décidé de lui donner une carte blanche pour sa
programmation jeune public au cours de la saison 2003-2004. Dans ce cadre, il y crée le
spectacle L’Adoptée en janvier 2004 dont le texte vient de paraître aux éditions ActesSud Papiers.
Il écrit Le Marin d’eau douce en 2006 qui est créé au Centre Dramatique de Bretagne
à Lorient en mars 2007. A l’automne 2007, il co-signe avec Delphine Lamand la mise en
scène de Jojo le récidiviste de Joseph Danan à Chalon sur Saône.
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L’origine
du
Marin d’eau
projet et de l’écriture du
douce : entretien avec Joël
Jouanneau
« L'écriture est ce qui me permet de tenir debout et de faire face ; chaque
c haque pièce
devient ainsi une aventure ludique où je pars explorer mon palais des glaces, un
labyrinthe intérieur aux miroirs plus ou moins déformants, certains drôles, d'autres
cauchemardesques, mais il arrive toujours un temps, quel que soit l'itinéraire,
l'itinéraire, où je
me retrouve en cet endroit de vérité du palais où les glaces ne renvoient aucune
image, et le jeu cesse, et il me faut renvoyer l'enfant à la mort, une nouvelle fois, et
alors tout s'éclaire et je peux écrire le mot fin. »
Joël Jouanneau
Comment
Comment est né Le Marin d'eau douce ?
J'avais écrit, voici près de quinze ans une pièce pour «grandes personnes», on les
appelle comme ça je crois, elle avait pour titre Le Marin perdu en mer. J'ai écrit cette
pièce pour moi, sans jamais penser si on la comprendrait, l'aimerait ou ne l'aimerait
pas, et je l'ai écrite en réfléchissant à ma vie, à mes rêves envolés. Plusieurs années
après, des enfants et des enseignants m'ont dit que cette pièce pour «grandes
personnes» cachait une pièce pour enfants. Je ne le savais pas, j'ai voulu savoir si
c'était vrai. Je ne le saurai que quand j'aurai terminé cette grande aventure qu'est
l'écriture, car la pièce n'est pas terminée, loin d'être terminée, mais elle a un titre, ce
qui est déjà beaucoup : Le Marin d'eau douce.
L'environnement dans lequel vous vivez a tt- il suscité l'envie d'écrire ces
pièces de marins et de corsaires ?
La pièce pour les «grandes personnes», je l'avais écrite durant mes vacances en
Bretagne. J'avais installé une petite table dehors face à la mer et j'avais donc la terre
entière dans mon dos. Sur la table, avec l'ordinateur j'avais un dictionnaire particulier:
celui de la marine, où je découvrais chaque jour des noms que je ne connaissais pas.
Aujourd'hui c'est les vacances tous les jours pour moi, puisque j'habite et vis au bord
de la mer. Je n'ai plus besoin du dictionnaire pour écrire, du moins pas de celui-là.
Mais la vérité des vérités, c'est que je suis né dans une ferme bien loin de l'océan, avec
vaches poules et lapins, et que si j'adore regarder la mer je n'ai pas le pied marin, et je
me sens aussi à l'aise sur un bateau qu'un hippocampe sur la ligne de départ d'une
course de chevaux.
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Le gamin a tt- il un nom ?
C'est là pour moi la plus importante des questions, car je ne sais jamais ce que dit un
personnage de théâtre tant que je ne sais pas comment il s'appelle. C'est un peu comme
dans la vie quand on écrit, très vite on vous demande cela : comment tu t'appelles ?
C'est comme si la vérité devait sortir de la bouche du nom. Et là et après bien des
hésitations je lui ai donné pour nom L'Enfant et il n'a pas de prénom. Il est L'Enfant, un
point c'est tout. Du coup c'est un inconnu pour moi, et peut-être un inconnu pour luimême, et peut être que j'écris cette pièce pour mieux le connaître et l'aider à se
connaître lui-même, mais ça je ne le saurai que lorsque je l'aurai terminée.
EstEst- ce un héros historique ou un enfant d'aujourd'hui ?
Pour moi il est d'aujourd'hui, il est même précisément du temps où j'écris, donc c'est un
enfant de 2006, mais quand je vais le mettre en scène, avec les acteurs, je crois que je
vais lui mettre un costume d'une autre époque, je ne sais pas encore laquelle, mais un
costume oui un vrai costume de pirate, un costume pour de vrai.
EstEst- ce une pièce d'apprentissage
d'apprentissage ?
Je ne peux pas la penser autrement, c'est un peu comme les livres de Jack London,
Charles Dickens ou Stevenson, le héros doit traverser des épreuves, et il n'est pas le
même à la fin de la pièce qu'au départ. Reste que c'est une pièce corsaire que je
m'efforce d'écrire, du théâtre pirate, où corsaires et pirates sont un peu hors-la-loi, et
il est possible que ce que l'enfant apprendra dans cette aventure en mer ne soit pas
toujours dans les manuels scolaires. Il lui faudra savoir vivre entre deux eaux,
chercher son passé dans l'armoire aux souvenirs, curer la dent du morse, ce n'est pas
sans danger, et parfois pour survivre il faut savoir ruser.
Quel est le temps de l'écriture ?
Il est en deux temps, du moins pour moi. Celui où l'on rêvé la pièce, on ne l'écrit pas, on
y réfléchit, on prend des notes, on regarde des images, etc. mais on fait autre chose à
côté. Et puis il y a le temps de l'écriture, et alors je me lève à la même heure, je suis
devant mon ordinateur de 9 à 13 heures, et parfois un peu l'après-midi et parfois un
peu la nuit, et quand je ne suis pas devant mon ordinateur je suis quand même avec
mes personnages, à bord de la frégate pirate, je partage mon repas avec eux je dors
dans la soute en leur compagnie, je sors faire mes courses avec mon sabre d'abordage,
cela n'est pas sans inconvénient pour mon entourage, et ce, durant quelques semaines,
tout dépend des tempêtes.
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Faire connaissance avec les personnages :
quelques extraits de la pièce
L’enfant et l’âne
ÂNE : On regarde le temps passer, ça L’Enfant on l’a jamais fait et moi j’aime bien, et
même j’aime ça je crois mieux tout compte fait que faire le domestique.
L’ENFANT : Ah bon ?
ÂNE : Oui. Comme une bobine tu vas voir il file et il se défile le temps, et tu peux le
regarder défiler si tu prends ton temps et que tu triches pas.
L’ENFANT : C’est quoi la règle ?
ÂNE : Tu croises les bras, tu écoutes et tu regardes. On essaie ?
L’ENFANT : On essaie.
ÂNE : Tu l’entends le temps ?
L’ENFANT : Oui. Mais je vois rien passer.
ÂNE : C’est pour bientôt.
L’ENFANT : Toujours rien. Tiens, une mouche de passage à Pré-en-Pail.
ÂNE : Tu l’as vue passer ?
L’ENFANT : Quoi ?
ÂNE : La mouche.
L’ENFANT : Oui.
ÂNE : C’est le début.
L’ENFANT : Le début de quoi ?
ÂNE : Du défilé.
L’ENFANT : Et maintenant ?
ÂNE : Attends et tu vas voir, ça fait que commencer.
Une feuille verte qui vole, elle leur passe devant le nez. (…)
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Les frères Grog
HIC / BLUP
Et ho et hisse
Et Hic et Blup
Et ho et Blup
Et Blup et Hic
Et Hic et ho
Et hissez ho !
C'est nous les Frères Grog
Les ogres du goulot
les féroces Frères Grog
Y'a pas plus costaud.
PréPré- enen- Pail : L’Enfant, les chiens et l’âne.
L’ENFANT : Le patron j’ai dit : c'est moi le patron et vous c’est les domestiques.
FURAX / VORACE
VORACE : C’est vous tout seul qu’avez toujours raison, Patron.
ÂNE : Domestique on savait pas si bien assez ce que ça voulait dire.
FURAX /VORACE : On a vite mal fait de comprendre avec lui.
FURAX : C’est bien moins plus compliqué que l’orthographe, domestique.
VORACE : Je dirais autrement : ça s’apprend en trois temps deux mouvements.
FURAX / VORACE : Il va vous expliquer.
ÂNE : Quand la nuit elle s’enfuit, lui le soleil il nous sonne.
FURAX / VORACE : Et nous quand ça sonne, faut qu’on rapplique.
FURAX
FURAX : A l’instant.
VORACE : Sur le champ.
FURAX / VORACE : Et après on attend.
ÂNE : Jusque-là, pour nous trois ça va. (…) Sauf que dès qu'il se lève le soleil, il hurlute
à tour de bras et nous on doit se courber, on doit pas lui faire jamais de l’ombre, et
après qu’il s’est levé c’est plus simple encore domestique, on doit dire tout comme lui et
lui faire tout comme il veut.
(…)
FURAX : Mais notez bien qu’il a tous les droits le roi.
VORACE : Je dirai pire : tous les droits sur nous trois.
ÂNE : Oui tous les droits au château partout il a.
FURAX / VORACE : Il nous dirige à la baguette le chef et il tonitrue à tout va.
9
ÂNE : Suffit qu’il claque le doigt et il a.
VORACE : Et s’il a pas, alors là il hurle il pigne…
FURAX : … il pigne trépigne et hurlute à tout va…
FURAX / VORACE : … et au final il a.
ÂNE : Au final oui on a pas le choix.
On lui rapporte ses caprices, vanille ou chocolat,
Quilles vélo soldats de plomb cheval de bois…
[…]
FURAX : C’est lui L’Enfant.
ÂNE : Sa majesté L’Enfant.
L’ENFANT : Mais un roi c’est pas non plus fait pour entendre ses domestiques parler
pour ne rien dire. […]
ÂNE : Sa majesté a raison, c’est fait pour jouer au roi un roi, et comme nous on est les
sujets c’est à nous de l’amuser. Exemples !
FURAX
FURAX : Si on joue à chat on est les rats.
VORACE : Au jeu du loup c’est nous la chèvre.
FURAX / VORACE : Au jeu de la chèvre c’est nous qu'on est le chou.
ÂNE : Si on joue à la guerre c’est nous les civils.
VORACE : Au jeu des cow-boys on est les indiens.
FURAX : C’est nous trois qu’on doit mourir à la fin.
VORACE / FURAX : Bref, au mistral gagnant c’est nous qu'on sommes les perdants
ÂNE : Ca tombe bien être perdant moi ça me va j’aime et même je préfère perdre à
gagner et même je m’applique pour perdre et même parfois c’est plus difficile qu’on
croit, faut être très malin parfois pour savoir perdre c’est comme un métier perdre […]
Départ de PréPré - enen- Pail,
Pail , l’Enfant
Tic-tac tic-tac tic-tac
J’en ai assez de ce
Tic-tac tic-tac tic-tac
Je lui fais la barbe
Je prends mon clic
Je prends mes clacs
Je prends mon clic et mes clacs.
Ohé les vagues A moi
Je m’étouffe ici
Sont tous endormis
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SOS les mouettes SOS
Ca sent le moisi au pays
Ohé du bateau Ohé
A moi l’aventure la voilure
La vie corsaire le grand air !
Arrivée de l’Enfant à fond de cale, rencontre de l’Ardoizoo
L’ARDOIZOO : Chut L’Enfant chut, toi il devoir pas trop parler tu devoir pleurer en
premier pas parler, pleurer encore beaucoup de larmes tu devoir, je bien savoir
pourquoi toi pleures L’Enfant, tu devoir pas avoir peur tu pouvoir pleurer longtemps et
rester des larmes encore après pour plus tard, être pas un problème ça, et toi il devoir
écouter moi malgré je mal savoir parler tes mots, ils pas aller de soi tes mots pour moi,
tu choisir un mot et bon, il être bon pour toi ce mot-là, mais pourquoi il être pas bon le
mot à côté je le pas trop savoir parfois, et si je réfléchir je me taire mais il être pas bien
je me taire pour toi L’enfant, je devoir te parler et tu devoir écouter, et peut-être je
parler trop longtemps, je m’être tu ici tout seul enfermé et je plus trop bien savoir
arrêter tu me dire stop si tu en avoir assez et j’obéir, je dire d’abord bonjour pour
commencer, j’apprir vous dire toujours bonjour en premier, alors bonjour L’Enfant
bonjour, et tu surtout pas me demander pourquoi je savoir toi il être L’Enfant, ça être
mon secret, toi venir de très loin je savoir bien, mais je pas savoir si tu avoir papiers sur
toi, tu avoir ?
L’ENFANT
Stop.
Journal de bord, décompte des jours …
Vendredi 13 juillet de la mauvaise année.
Le 31 septembre d'après.
Le 37 du même mois suivant.
Dernier jour avant le 1er du presqu'octobre.
Le 3e matin d'avrilmai.
Le Jerkredi d'avant.
La veille du lendemain 22.
Ardi 8+3 septrier.
Mêmes jours en plus.
Mermanche 29 fièvrier.
Endredi 12 septobre.
Damedi 4-12 font plus que le mois de.
Le jour dit suivant le jour d'hui.
Le moins que zéro du mois de froidrier.
Edredon 32 octembre.
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Pistes de travail autour du Marin d’eau douce
Proposées par Catherine Le Moullec, coordinatrice jumelage Grand T
Commencer par un travail corporel dans l’espace : au début il y a l’espace vide, puis le
cercle (oralisation / groupe / prénoms). Conditions nécessaires pour le jeu : tracer au sol
un espace scénique et prévoir
prévoir un espace pour le public.
L’occupation de l’espace
Déambuler dans l’espace avec un regard large sur différents rythmes, marches et arrêts
(provoqués par l’animatrice ou par un membre du groupe) en pensant à l’équilibre du plateau
(occupation de tout l’espace scénique). Arrêts avec constitution d’un chœur face à l’animatrice,
dans différents coins du plateau, avec des consignes liées au vocabulaire du théâtre : côté cour
ou côté jardin, en fond de scène ou en avant-scène…
Le travail de chœur
Former deux groupes : chaque groupe va travailler alternativement sur le plateau pendant que
l’autre regarde (acteurs / spectateurs). Cet exercice peut se réaliser avec une ambiance
musicale.
Constituer des chœurs neutres (visages et positions neutres) puis introduire un mouvement de
regard ou une coloration psychologique (exemples de consignes : exprimer la peur / constituer
un monument aux morts / représenter une image d’un magazine « people »...)
Le jeu des prénoms
Former un cercle. Un coussin est lancé en donnant son prénom. Celui qui le reçoit doit donner
celui de son partenaire (le lanceur) puis y ajouter le sien et ainsi de suite. Cet exercice peut
s’effectuer en mouvement dans l’espace. Il est important de bien regarder ses partenaires
lorsque l’on prend la parole. Tenter de rencontrer le regard de tous, comme si l’on voulait
englober dans un filet imaginaire tous les participants du groupe.
Le but de cet exercice est de développer la qualité du regard posé sur les choses et les êtres,
d’accepter le regard de l’autre, d’être capable de donner son regard sans intention préalable,
de travailler sa présence. Tout en travaillant le regard, on expérimente aussi la qualité du
groupe dans son occupation collective de l’espace : faire attention aux espaces vides, corriger
cette occupation collective en faisant confiance aux autres, assumer un choix de rythme, de
direction… Le comédien doit toujours savoir ce qu’il fait, où il va, quelle place il choisit et s’il a
une hésitation il ne doit pas le montrer… Ici, il s’agit d’assumer sa présence !
Travail sur l’auteur et ses rapports à l’enfance (oralisation, écoute)
Travailler sur les différentes biographies de Joël Jouanneau (cf. en annexe).
Lecture silencieuse des textes. Chacun choisit une des phrases de l’auteur et la fait sienne (en
passant au « Je »).
Composer trois chœurs et les placer dans l’espace. Ils porteront les trois biographies
différentes : chacun entrera avec une certaine démarche ou attitude liée à son interprétation de
la phrase. Le groupe aura constitué une image collective fixe et se sera donné un ordre d’entrée
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pour prendre place dans l’espace et assumer la profération de sa phrase. Le point de départ se
fait en ligne, dos au public.
C’est une façon active de faire découvrir un auteur, et ses grands thèmes d’inspiration.
Travail sur le titre : les pistes sur la pièce (hypothèses de sens)
Recueillir les premières réactions des élèves à ce titre : l’antinomie / l’antithèse entre « marin »
et « eau douce »… On peut évoquer l’origine étymologique « mare » et les mots
« batelier », « marinier » qui disent l’action de naviguer en eau douce, sur les canaux et les
rivières.
On peut aussi rappeler que « marin d’eau douce », dans la bouche du capitaine Haddock, est
une injure ! Et que l’expression, au sens figuré, désigne une personne peu expérimentée.
Demander aux élèves de trouver des équivalents stylistiques de titres pour d’autres pièces
imaginaires : « le boucher végétarien », « le voyageur en chambre », « le dompteur d’animaux
domestiques ».
On peut évoquer ensuite le sous-titre de la pièce : « une épopée salée » et souligner le jeu de
mots sur « salée », comme on nomme « une histoire salée », « piquante », voire « scandaleuse »
ou « grivoise » ! Le « sel » d’une plaisanterie ou le « sel attique » dans la comédie antique. Une
« addition salée » au restaurant, exagérée ! Il est important d’expliquer également le terme
« épopée », que l’on peut rapprocher de « odyssée ».
douce
ouce (chez ActesTravail sur l’illustration composant la couverture de Marin d’eau d
Actes- Sud
Papiers / Heyoka Jeunesse) : les pistes sur le texte et les thématiques du
spectacle (oralisation) :
Il est important pour cet exercice de masquer le texte de la 4ème de couverture.
Description de l’image
La campagne (les champs, l’arbre, le château) et la mer (le drapeau à tête de mort, le cordage, la
queue de la baleine, l’ancre) / les personnages (l’enfant, l’âne, les chiens -avec sur l’œil comme
un cache fréquemment porté par les pirates).
On peut d’ores et déjà émettre des hypothèses sur l’histoire racontée à partir de cette image :
pourquoi l’enfant à l’envers ? Pourquoi le livre ? Pourquoi l’horloge ? Pourquoi ce pneu ?
Exercice d’oralisation : le bonimenteur.
Demander à chaque élève une prise de parole similaire à celle d’un bonimenteur, qui présentera
aux autres le spectacle : « ce spectacle, Mesdames et Messieurs, va parler de... ».
Insister sur la voix (doit porter, parler fort !), l’énergie, la conviction et l’enthousiasme : ne pas
refuser le renchérissement ou la répétition si plusieurs élèves ont la même idée. On peut au
contraire en profiter pour travailler un crescendo dans la voix et l’adresse au public : l’un
s’adressera à tous / l’autre prendra à partie des personnes en particulier…
Etude du texte-résumé de la 4ème de couverture.
Le commenter ensemble, en faisant référence à l’image : on peut observer la majuscule sur
« Enfant » (l’enfant-roi), le « royaume des jeux » (le château), les « serviteurs » (deux cabots /
cabotins, un âne -au sens réel ou symbolique ?) « prendre la mer » pour partir à l’aventure :
« épopée maritime »… La solitude de l’enfant, le divertissement, le jeu ou le détour de l’ennui…
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Travail sur la liste des personnages : les pistes sur les personnages et exercice d’écriture
Oraliser, puis commenter la liste des personnages :
Minnie : presque sœur, parce que demi-sœur ou trop petite pour jouer avec lui, ou amie
tellement proche qu’elle est presque sœur, ou son amoureuse ?
Les trois graves : ils sont graves (lourds ? cf. l’étymologie (le gravis latin) ou sens faisant
référence au langage d’aujourd’hui ? ou bien les trois « trop sérieux » ? On peut rappeler les
trois Grées ou les trois Parques.
L’Ardoizoo : oiseau, ardoise, mot-valise entre ardent et oiseau, un phénix ?
Hic et Blup : qu’évoquent ces onomatopées : l’ivresse, les langues étrangères, latin et anglais ?
Personne et Toulmonde ; qui sont ces personnages ? Comment comprendre leurs noms ? On
peut rappeler l’épisode d’Ulysse dans la caverne de Polyphème…
On peut comparer avec d’autres listes de personnages. Par exemple : noms de personnages chez
Novarina ou listes de personnages extraites des pièces Le Barbier de Séville de Beaumarchais /
Mange-moi de Nathalie Papin (Ecole des loisirs) / Bouli Miro de Fabrice Melquiot (L’arche) /
Rhinocéros de Ionesco / Je m’appelle Non de Liliane Atlan (Ecole des loisirs) / Comédie et Actes
divers de Beckett (Minuit). (cf. listes en annexe).
L’important ici est de faire mesurer l’évolution de l’écriture dramatique allant d’une excessive
précision dans la description (physique, psychologique, sociale…) du personnage dans le
théâtre classique vers la suppression de ce dernier au profit de voix ou « postures », ou vers
une totale liberté poétique de création au profit de personnages fantastiques ou fantaisistes,
sans souci de réalisme ou de « faisabilité » de leur représentation, de leur incarnation.
Exercice d’écriture
A la manière de Joël Jouanneau, trouver un titre comportant une antithèse et composer une
liste de personnages avec des références à la mythologie, des mots-valises, des onomatopées ou
des interjections.
On peut même aller plus loin dans l’exercice en demandant aux élèves d’écrire la didascalie
(cela permet d’introduire ce terme) initiale : celle qui expose les contraintes de lieu, d’espace, de
temps… et de proposer les 5 premières répliques de leur pièce !
Oraliser individuellement titre et liste de personnages sur le mode du prologue antique : une
entrée en scène / annonce au public / sortie de l’espace scénique. Ce peut être l’occasion de
travailler l’adresse au théâtre (à une personne / au groupe : en s’appuyant sur plusieurs
spectateurs ou en adresse collective, sans oublier personne !)
On peut aussi travailler une oralisation collective de cette liste de personnages en ayant inventé
une réplique pour chacun : chaque joueur reçoit un papier sur lequel sont écrits le nom et la
qualité d’un personnage. Mais il n’y a que 10 papiers différents... Chacun déambule en lisant à
mi-voix sa fiche en essayant de trouver son alter ego. Les binômes constitués s’isolent et se
partagent les rôles : l’un dira le patronyme et l’autre la qualité. Dès lors, ils se les disent sans
jamais quitter l’autre des yeux, tout en s’éloignant et en se rapprochant, en variant les rythmes
et le volume… en veillant à ne pas heurter les autres membres du groupe, eux-mêmes en
mouvement.
Il est recommandé pour cet exercice de travailler en demi-groupe.
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Les illustrations de Marin d’eau douce : les pistes sur la fable et l’écriture
A partir des illustrations des pages 8, 36, 46, 67, 78, placées dans l’ordre sur un même
document, demander aux élèves d’écrire un court paragraphe qui raconte cette épopée
maritime, cette odyssée ; Elle commencera par « C’est l’histoire de…» A cette occasion, on peut
introduire les termes de « fable », ou d’ « intrigue ».
Pour confirmer (ou infirmer) les hypothèses, on peut faire lire les didascalies des 5 scènes qui
permettent d’étayer le récit. On évite alors de faire lire le texte dans sa totalité avant le
spectacle.
Travail sur le poème introducteur « A mon Annabell Lee » : lecture en relais et travail de
diction
Effectuer une lecture-relais dans l’ordre du cercle, en essayant de garder le rythme de chaque
strophe. On peut imposer le relais à chaque phrase ou à chaque signe de ponctuation.
On peut aussi imposer un changement à chaque prise de relais : lectures plurielles à partir de
consignes diverses (exemples : lecture parfaitement articulée / grave ≠ aigue / nasillarde ≠
zézayante / forte ≠ chuchotée / lente ≠ rapide / chuintante ≠ bégayante / avec préciosité / avec
gouaille / comme une sorcière ou une hôtesse d'aéroport / avec colère / timidité / peur /
séduction / joie / chagrin…). On peut jouer sur le rythme, la prononciation, les résonateurs, les
accents…
On peut voir ensuite quelles sont les nouvelles hypothèses sur la fable de la pièce (amour,
tempête, jalousie, amour plus fort que tout…) Comparer avec les deux traductions du poème de
Poe (cf. en annexe).
Retrouver son enfance à / et la mer : improvisation, oralisation, écoute
Pour entrer doucement dans le thème de la pièce, créer un cercle de parole, toujours à l’écoute :
prise de parole sur le thème de la mer, des marins, du voyage, lié à celui de l’enfance.
Chacun devra évoquer un souvenir d’enfance (il ou elle peut rester assis(e), se lever, bouger).
Ses propres rapports avec la mer (souvenir d’enfance / de lecture d’enfance…) L’évocation est
courte, ce sont juste quelques phrases.
Pour préparer cette improvisation orale, on peut utiliser un fonds sonore de bruits de mer que
l’on fait écouter aux élèves afin qu’ils puissent noter quelques mots qui les aideront à retrouver
ce souvenir. Ensuite, ils pourront mieux en parler aux autres : on leur demande non pas de
rédiger leur texte mais de noter quelques mots ou expressions, détails qui les guideront dans
l’improvisation.
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L’école du spectateur
Par Catherine Le Moullec, coordinatrice jumelage Grand T
Aller au théâtre : lire, voir,
voir, dire, écrire et faire… avec les élèves
Commencer un parcours théâtre
Rappel : il n’est pas toujours nécessaire de préparer la représentation. On peut parfois laisser
les élèves se confronter directement à l’œuvre, surtout s’ils sont engagés depuis longtemps dans
un parcours de spectateur. Tout cela est à peser au regard des difficultés possibles de la
réception. Mais il est souvent motivant et productif d’aiguiser l’appétit et de créer un horizon
d’attente !
Premier principe : choisir des activités « apéritives », donner envie au spectateur, susciter
l’attente, refuser l’exhaustivité, éveiller la curiosité, garder le « suspense », ne pas vouloir tout
expliquer.
Deuxième principe : donner priorité au jeu théâtral dans chaque activité, s’efforcer de mettre en
place des situations de prise de parole, d’oralisation, de jeu dramatique ou d’improvisation (par
exemple, toutes les activités d’écriture seront suivies de mises en place de protocoles permettant
l’oralisation collective).
Travailler autour du théâtre
Les pratiques de spectateur :
* Questionnaire autour du théâtre et des représentations qu’en ont les élèves. A faire dépouiller
et commenter par la classe. Faire l’état des lieux des représentations du théâtre dans la classe.
Se renseigner pour savoir qui dans la classe est déjà allé au théâtre. Faire ressortir les mots
qu’ils connaissent.
* « La sortie au théâtre » (en souvenir du sketch de Karl Valentin !) : groupement de textes
autour des spectateurs de théâtre, lire, dire ou écrire un souvenir
souvenir de théâtre bon ou mauvais.
Raconter un souvenir est une incitation à la prise de parole pour les élèves. Possibilité d’utiliser
le livre Moi, j’ai rien d’intéressant à dire de Jean-Pierre Moulères, publié aux Editions de
l’Atalante. Penser à l’exercice du filet : avant de prendre la parole, je dois rencontrer le regard
de quelqu’un.
* Le comportement du spectateur : la charte du spectateur.
spectateur A partir des lettres de l’abécédaire,
possibilité de faire inventer des définitions aux élèves. Possibilité de réaliser des lectures
plurielles de cette charte. Improviser sur le « mauvais spectateur de théâtre ». Exercice des
gardiens du théâtre : faire jouer les situations (reprise, avec des consignes vocales ou
d’interprétation, de l’un des articles à adresser au public…) à la manière de Pennac.
* Observer des photos de publics (en salle, en plein air, devant un concert de rock…), les décrire
et analyser ce qu’elles suggèrent du public et de celui qui a pris la photographie bien sûr !
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Découvrir le théâtre, un art et un métier…
* Recherches sur le théâtre à travers les époques ou dans le monde : utiliser abondamment
l’iconographie : faire commenter des images d’acteurs de tragédie en Grèce ancienne, de
kathakali, de théâtre nô, puis de commedia dell’arte et de théâtre d’aujourd’hui. Retrouver leur
origine géographique, les faire classer chronologiquement. S’intéresser aux diverses traditions
du maquillage, du masque…
* Collecter dans les journaux des critiques de spectacle. Les lire, les commenter et les mettre en
parallèle avec des critiques d’auteurs littéraires reconnus.
* Réunir des photos de spectacles, les observer et les commenter. Montrer que le décor et les
costumes ont des qualités plastiques et des significations.
* Le vocabulaire du théâtre : s’amuser avec le vocabulaire spécifique (imaginer des jeux de
vocabulaire à partir du Dictionnaire de la langue du théâtre d’Agnès Pierron, Collection Les
Usuels, Editions Robert), avec les expressions « consacrées ». Par exemple : écrire une scène
autour de l’expression « brûler les planches ».
Possibilité d’utiliser le vocabulaire lié aux métiers et à la terminologie propre au théâtre. C’est le
moment de faire comprendre que tout est important dans le spectacle (lumières, décors,
costumes…). Jouer dans l’espace, les expressions comme « cour » et « jardin », « avant-scène »,
« fond de scène », etc. Constituer une image représentant un groupe de comédiens de boulevard
ou de tragédiens, des régisseurs ou des metteurs en scène.
Préparer des mots sur des petits papiers et faire tirer ces mots par les élèves. Ceux-ci doivent
donner une explication du mot qu’ils ont tiré. Réaliser un « brainstorming » dans la classe pour
trouver la définition la plus précise possible. S’appuyer sur les textes d’Amiour, d’Alain Gautré
pour déclencher l’écriture.
* Visiter un (ou des) théâtre(s) et découvrir la réalité du lieu (étudier son plan, espace de jeu,
espace public, localisation dans la ville…). Jouer dans ce lieu si possible (même simplement une
prise de parole sur la scène).
* Découvrir les métiers du théâtre et sa réalité économique (étudier des plaquettes ou des
programmes de différents lieux de programmation, les repérer sur une carte, consulter leur site
internet, découvrir l’organigramme d’un lieu de diffusion et de création).
* S’intéresser à la réalité économique et politique du théâtre à travers les époques en posant la
question du prix de la place : la chorégie dans l’antiquité, la protection royale, le mécénat, le
subventionnement institutionnel.
* Accueillir un(e) scénographe, un régisseur(e) dans sa classe, préparer cette rencontre et
l’interview.
* A partir de tout cela établir une grille de lecture du spectacle théâtral avec les élèves qui mette
en valeur tous les aspects de cet art : le jeu des comédiens, la mise en scène, le traitement de
l’espace, le décor, les costumes, les lumières, la musique (il est important que cela ne vienne
qu’en fin de parcours !).
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Travailler autour du texte
* Le titre : à partir du titre, caractériser de manière positive ou négative (dire ce que le spectacle
va être et ce qu’il ne va pas être), mettre ce titre en relation avec d’autres (textes du même
auteur, de la même époque, du même genre théâtral… en tirer des conclusions) ; écrire les
premières répliques d’un spectacle qui aurait ce titre ; écrire un texte de présentation du
spectacle à partir du titre.
* La liste de personnages : mettre en scène l’entrée des différents personnages pour constituer
un tableau collectif. Leur inventer une réplique, ou au contraire découvrir des répliques et en
regard de la liste des personnages, leur restituer leur réplique. Rêver à partir des noms de
personnages et leur imaginer un futur. Faire un exercice de mémorisation (parfois bien utile
pour certaines pièces à riche distribution). Tenter de faire créer des personnages par les élèves,
avec des costumes, ou un accessoire par exemple (imaginer comment il se comporte, sa
démarche, sa façon de parler…). Avec la liste des personnages de la pièce, on peut essayer
d’imaginer quels sont les rapports qui les unissent, inventer leur histoire, les incarner.
* Travailler un corpus de répliques qui permet d’entrer dans la fable et la thématique, de
connaître les personnages, leurs rapports et conflits tout en travaillant corps et voix, adresse et
espace. Les lectures plurielles et jeux d’adresse permettent de mémoriser et faire siennes ces
répliques. On peut donner une réplique à chaque élève et lui demander de la retrouver pendant
le spectacle. On peut aussi se mettre en jeu et travailler l’intonation de certaines répliques. A
partir d’une sélection de répliques (ce qu’un personnage dit et ce qu’on dit de lui, ou ce qu’on lui
dit…), essayer de comprendre le personnage. Pour travailler l’adresse, faire échanger des
répliques entre élèves (à qui je m’adresse ? à tout le monde, à une personne en particulier, au
public ?).
Les répliques peuvent aussi attirer l’attention sur l’espace dans toutes ses dimensions (espace
mimétique où est censée se passer l’action, espaces hors scène, métaphores spatiales, espace
symbolique). Tous ces exemples montrent que l’animateur doit choisir en fonction de ce sur quoi
il veut attirer l’attention : le texte, les choix du metteur en scène…
On peut ensuite composer des images et des tableaux, mettre en scène des entrées sur des
musiques différentes, créer des « machines rythmiques » de personnages…
On peut également faire écrire des suites de répliques en particulier pour les duos. Les élèves ne
découvriront la « vraie » suite que lors du spectacle.
La première et la dernière réplique : imaginer ce qui se passe « entre », raconter la fable.
* On peut inventer une bandebande- annonce du spectacle tel qu’on l’imagine, en trois tableaux par
exemple. C’est un travail qui peut être effectué avant ou après la représentation et qui fait
intervenir l’image, le son et le bruitage. Les élèves peuvent se mettre en scène par groupe. Ce
travail peut être réalisé à partir de mots que les élèves auront choisis pour qualifier le spectacle
(adjectifs qualificatifs, objets, couleurs, sons).
* Proposer une scénographie (dessin ou maquette) ou des costumes. On peut travailler alors avec
des propositions de couleurs, de matières, des petits échantillons de tissu, des esquisses tout
comme le font les professionnels.
* S’il s’agit d’un texte classique, il peut être intéressant de demander aux élèves de constituer un
dossier documentaire sur les différentes mises en scène qui ont émaillé la vie de ce texte
(photographies, citations diverses…). Ce répertoire de mises en scène sera très utile également
pour l’analyse de la représentation. Dans le même ordre d’idée, on peut observer et analyser
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des photographies ou des extraits vidéo proposant diverses interprétations d’un texte ou d’une
même scène.
Travailler autour de la représentation
* Lire l’affiche : de quoi ça parle, qu’est-ce que ça raconte, qu’est-ce que ça dit ? Mettre en
commun de toutes ces réponses et à partir de cela constituer un tableau représentant l’idée que
l’on a du spectacle. Créer une autre affiche (dessin, collages…)
Si l’affiche montre des comédiens en jeu, reprendre ce jeu en image fixe, imaginer les répliques
à proférer, l’image ou la réplique précédentes, l’image ou la réplique suivantes ; le monologue
intérieur du personnage représenté avant son entrée en scène. Proposer la réplique d’un
deuxième personnage hors champ suggéré par le regard.
Distinguer les parties textes et les images. L’affiche peut être également exploitable pour faire
connaître les métiers du théâtre. A partir de quelques éléments de la pièce on peut faire créer
une affiche du spectacle aux élèves. Cet exercice peut être réalisé après le spectacle comme
forme d’expression. Les affiches créées par les élèves peuvent être montrées aux comédiens lors
de leur venue, pour amorcer l’échange par exemple.
Il faut être attentif à tout et se questionner par exemple sur les éléments qui peuvent apporter
des précisions sur l’époque de la pièce... On peut aussi comparer les informations de la
brochure (souvent plus détaillées ) et celles de l’affiche.
On peut tenter de reproduire corporellement l'affiche : un élève choisit un personnage de
l'affiche et reproduit son attitude devant la classe. Puis, un deuxième élève vient s’ajouter et
ainsi de suite jusqu'à ce que la photo soit reproduite.
On peut aussi faire parler les personnages de l’affiche.
* Travail sur les documents annexes : dossier dramaturgique, articles de presse, plaquette du
spectacle, notes d’intentions de mise en scène… Tout cela permet d’appréhender la réalité des
différents intervenants de la création : le scénographe, le dramaturge, le créateur lumière, le
compositeur… Etudier la nature et le contenu des différents renseignements donnés sur
l’argument du spectacle et les choix artistiques du metteur en scène.
Et encore !
On peut ressentir le besoin de donner quelques renseignements sur l’auteur, le genre, la période
ou les événements historiques évoqués. Distribuer une feuille de vocabulaire spécifique au texte
mis en scène. Il faut éviter de rendre cela trop « encombrant » : imaginer des protocoles et des
situations de jeu, se saisir des potentialités de l’iconographie (peintures, photographies, extraits
de films…) et des autres arts (musique, arts plastiques, danse…) pour ouvrir à un monde, un
pays, une époque, un mouvement artistique…
Vivre le spectacle
sp ectacle avec les élèves
Surtout profiter du moment du spectacle et prendre son plaisir de spectateur !
Pour favoriser l’attention et susciter la curiosité des futurs spectateurs, leur confier
individuellement ou par petits groupes une mission personnalisée à remplir pendant la
représentation : l’un devra s’intéresser au décor, un autre aux éclairages, un autre aux costumes
ou au jeu des acteurs. On peut aussi retrouver la réplique sur laquelle on a travaillé. Ces
missions seront ensuite bienvenues lors de l’analyse du spectacle, mais attention cela ne doit
pas gâcher le plaisir de la représentation ! Possibilité de rendre compte de ce travail en classe
ensuite par un cours exposé. Possibilité de faire rédiger un article de presse, une critique.
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Prolonger
Prolonger après le spectacle
Partager
* Utiliser des déclencheurs de parole : je me souviens, j’ai aimé, je n’ai pas aimé, j’ai compris, je
n’ai pas compris, j’aurais préféré… Quel est le mot qui vient à l’esprit au souvenir du spectacle ?
* La mémoire immédiate : quelles résonances intimes le spectacle a-t-il chez les élèves ? Portrait
chinois : « si ce spectacle était une couleur ? », « une musique ? », « une matière ? », « un
objet ? », « une époque ? », « un personnage célèbre ? », « un adjectif ? ».
* Les cinq sens : le spectacle m’a fait penser à une couleur, une odeur ou un parfum, un goût…
* A partir de la grille de lecture et des missions. Insister sur la mise en commun (description) et
la phase d’analyse (le pourquoi des choix de la mise en scène), faire une mise en commun par
groupes de ces analyses pour rédiger ensuite une critique commune.
Rédiger
* Un mot ou une phrase : « s’il n’y avait qu’une seule chose à dire, ce serait… »
* Une liste poétique à la façon de Pérec (« je me souviens… ») ou un inventaire à la façon de
Prévert.
* Une critique du spectacle en trois phrases, ou seulement le titre de sa critique !
* Une lettre (ou une carte postale) à l’un des personnages, l’un des acteurs du spectacle ou au
metteur en scène. Favoriser une correspondance avec la troupe si possible (se renseigner sur la
tournée ou prendre contact par l’intermédiaire du diffuseur).
* Un poème (un haïku).
* Un titre : « si je devais proposer un autre titre, ce serait… ». Justifier son choix !
* La parodie d’une scène, un pastiche du genre, une perturbation (exemple on fait intervenir un
personnage connu d’une autre pièce de théâtre ou un héros filmique à un moment de l’intrigue),
une bifurcation (et si au lieu de partir, ce personnage était resté ?)
Imaginer
* Proposer une autre affiche, un autre décor, de nouveaux costumes. Réaliser une nouvelle
maquette !
* Constituer l’album-photos du spectacle, d’un personnage. Associer très librement collages,
dessins et images.
* Constituer le musée imaginaire d’un des personnages ou une collection d’objets qui nous le
fasse (re)connaître. L’intérêt lors de ce type d’activités est à la fois dans le développement de
l’esprit créatif et dans l’apprentissage de l’argumentation et de la justification des choix lors de
la présentation à la classe.
Il est important alors de proposer au sein de l’établissement, si possible en les affichant ou en
les exposant, le résultat de ces travaux individuels et collectifs !
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Jouer, improviser
* Le théâtrethéâtre-image.
image Possibilité de faire créer des images à partir de répliques du texte. Rappeler
les notions d’espace, de regard et de rythme. Possibilité d’utiliser une photo. Le théâtre-image
peut être utilisé en amont de la représentation, en guise de préparation, ou en aval, afin de faire
s’exprimer les élèves d’une autre manière que la parole.
* Retrouver une image fixe du spectacle, improviser la suite.
* Retrouver par des improvisations vocales ou une machine rythmique le paysage sonore de la
pièce.
* Rejouer la scène préférée et proposer d’autres indications de jeu et de mise en scène. L’intérêt
vient alors de la diversité des propositions qui se confrontent.
* Faire raconter la fable du point de vue de chaque personnage.
* Jouer le monologue intérieur d’un personnage qui nous révèle ce qu’il pense à la fin du
spectacle.
* Improviser en duo le pour et le contre sur le spectacle (les critiques dans Télérama)
* Jouer l’émission de télévision où le journaliste interviewe metteur en scène, comédiens,
régisseurs…
* Créer une « petite forme » s’inspirant du spectacle : de sa forme, de son genre, de son
esthétique ; faire vivre les mêmes personnages dix ans avant ou après ; travailler des extraits du
même auteur.
Ressources bibliographiques
Ouvrages :
La Langue du théâtre
de Agnès Pierron
Editions Le Robert
A la découverte de cent et une pièces de théâtre, répertoire critique du théâtre
contemporain pour la jeunesse
de Marie Bernanoce
Editions Théâtrales
Jeux pour acteurs et non acteurs
de Augusto Boal
Editions La Découverte
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Coups de théâtre en classe entière au collège et au lycée
de Chantal Dulibine et Bernard Grosjean
Editions Argos-Démarches
Lire le théâtre au lycée
de M. Carbonelle et N. Norday
CRDP Champagne – Ardenne
Pratiquer le théâtre au collège / De l’expression à la création théâtrale
Sophie Balazard et Elisabeth Gentet-Ravasco
Editions Bordas
Eduquer par le jeu dramatique
Christiane Page
ESF éditeur, Collection Pratiques et enjeux pédagogiques, 1997
Lire le théâtre contemporain
De Jean-Pierre Ryngaert
Editions Dunod
Les Pratiques théâtrales à l’école
De Jean-Claude Lallias et Jean-Louis Cabet
CRDP de Seine St Denis / Rectorat de Créteil, 1985.
3 ouvrages de la Collection « Ateliers de théâtre » / Edition Actes SudSud- Papiers
11 Rendez-vous en compagnie de Robin Renucci, de Katell Tison-Deimat (n°1 de la collection)
10 Rendez-vous en compagnie de Yannis Kokkos, de Dany Proché (n°2 de la collection)
10 Rendez-vous en compagnie de Pierre Vial,, de Danièle Girard (n°3 de la collection)
Les ouvrages
o uvrages de la Collection « Théâtre Aujourd’hui », Editions théâtre du SCEREN
L'Ere de la mise en scène
Théâtres et enfance. L'émergence d'un répertoire.
Michel Vinaver
Le Cirque contemporain, la piste et la scène
Hamlet et la Nuit des rois. Shakespeare, la scène et ses miroirs
Koltès, combats avec la scène. Approches scéniques du théâtre de Koltès
Dom Juan de Molière
L'Univers scénique de Samuel Beckett
Dire et représenter la tragédie classique
La Tragédie grecque
Chaque titre propose des documents iconographiques et sonores, des textes critiques, des
commentaires de spécialistes qui permettent de travailler en classe sur les sujets abordés.
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DVD :
5 DVD de la Collection « Entrer en théâtre » du SCEREN/CNDP
Les Deux Voyages de Jacques Lecoq
Texte et représentation
Lire le Théâtre à haute voix
Du Jeu au théâtre
Jeu d’enfance, jeu de cirque
Sites internet :
http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee (les dossiers pédagogiques « Théâtre » du CRDP de Paris)
http://www.copat.fr (éditeur de vidéos de spectacles)
http://www2.educnet.education.fr/theatre (site de références d’ouvrages, DVD, sites internet…)
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr puis cliquer sur « action culturelle » puis « domaine », puis
« théâtre » ou « danse » (site de ressources pédagogiques)
http://www.theatredurondpoint.fr/publications/dvd.cfm (vidéos de spectacles)
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Annexes
* Différentes biographies de Joël Jouanneau
* Exemples de listes de personnages au théâtre
* Trois versions du poème « Annabel Lee »
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Contacts J eune Public
Publi c
Le Grand T
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Clémence Jouin/ 02 28 24 28 17
[email protected]
Le Grand T
BP 30111
44001 Nantes cedex 01
Tel 02 28 24 28 24
Fax 02 28 24 28 38
Dossier réalisé à partir des documents fournis
par la compagnie L’Eldorado
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