Jazz Organ Trio - Philharmonie de Paris

Transcription

Jazz Organ Trio - Philharmonie de Paris
DIMANCHE 7 FÉVRIER 2016 – 16H30
SALLE DES CONCERTS
Jazz Organ Trio
Larry Goldings, orgue Hammond
Peter Bernstein, guitare
Bill Stewart, batterie
FIN DU CONCERT VERS 18H.
Jazz Organ Trio
Il y a quelques années, on a commencé à entendre parler d’un étrange pianiste répondant
au doux nom de Hans Groiner. Le type était blond, né « dans la même ville que Hitler »
et appréciait fortement Thelonious Monk. Enfin, presque : car il n’était pas vraiment fan
des dissonances, des écarts rythmiques et du toucher brut du pape du bop. Du coup, cet
Autrichien ambitieux s’était lancé dans un pari fou : celui de rejouer Monk de manière
« harmonieuse ». Le résultat était dégoulinant de mièvrerie. Mais aussi et surtout le fruit
d’un canular plus vrai que nature signé Larry Goldings.
Une telle performance en dit beaucoup sur sa personnalité : l’Américain est délicieusement
schizophrène, possède un sens de l’humour pince-sans-rire et aime s’amuser. Et c’est
exactement ce qu’il fait avec ses amis Peter Bernstein et Bill Stewart depuis près de trente
ans. Ensemble, ils ont développé un art de l’interplay ravageur. Chacun rebondit quasi
instinctivement sur ce que fait l’autre. Comme un ping-pong mais en mieux. Et à trois. Chez
eux, pas de leader à proprement parler : chacun dirige et accompagne les deux autres
dans un même geste empli de camaraderie sincère. Résultat : quand on les écoute, on a
le sentiment que c’est facile le jazz, c’est easy le swing, c’est simple le groove. Car, fidèles
à la tradition orgue-guitare-batterie, les trois hommes jouent avec une décontraction
folle. Les principes de cet alliage, Jimmy Smith les a posés dans les années 1950 : une
machine polymorphe, parfaite pour les ballades langoureuses comme pour les échappées
sauvages. Pour autant, les trois Américains ne cherchent pas à copier le maestro de l’orgue
Hammond.
C’est après avoir remplacé au dernier moment un bassiste défaillant pour le batteur Leon
Parker au Augie’s que l’instrument s’est imposé à Larry Goldings. Ce soir-là, il a choisi par
hasard l’option « orgue » sur son synthé. Et tout le monde a adoré. Petit à petit ce groupe
improvisé s’est métamorphosé et le Augie’s a accueilli la naissance de son trio avec le
batteur Bill Stewart et le guitariste Peter Bernstein. Sa renommée à l’orgue Hammond,
cet instrument aussi chaleureux que capricieux, s’est répandue comme une traînée de
poudre : Maceo Parker, Jim Hall, Carla Bley, Madeleine Peyroux ou Jack DeJohnette en
ont fait un de leurs complices de jeu préférés. Le seul souci, c’est que Bill Stewart et Peter
Bernstein font également partie des musiciens les plus convoités au monde. Le premier par
Pat Metheny, Gregg Allman ou John Scofield. Le second par Brad Mehldau, Dr. Lonnie Smith
ou Sonny Rollins. Conséquence : harmoniser leurs emplois du temps pour les rassembler en
studio ou sur scène relève de l’exploit. Mais c’est bien connu : tout ce qui est rare est cher.
Mathieu Durand