Lameilleureexpo2008étaitromande

37
CULTURE
VENDREDI 3 AVRIL 2009
24 HEURES
Lily Allen, starlette défoncée
des nuits du Montreux Jazz
»
I
l faut se pencher pour l’entendre, mais, quand on demande à Claude Nobs pour
quels artistes il a fallu batailler,
le soupir du patron du Montreux
Jazz est audible juste avant qu’il
ne mentionne le nom de Lily
Allen. On peut être sceptique
quant à la profondeur de son art
(pas de son décolleté!), mais la
peste anglaise, qui fredonne allègrement Fuck You sur son dernier et deuxième album, se pose
là en incontournable du moment, captive d’un air du temps
qu’elle sait aussi capturer.
A 23 ans — vingt ans de moins
que le vénérable festival qui l’accueille cet été —, la Londonienne,
fille de l’acteur Keith Allen (un
dealer dans Trainspotting), symbolise à la perfection l’irrévérence et l’hédonisme narquois
d’une certaine jeunesse. Elle
n’oublie pas non plus d’en explorer les failles, gardant toujours
un fourrage d’amertume au fond
de ses bonbons pop acidulés.
Le mardi 7 juillet, quand Lily
Allen chantonnera dans le prestigieux Auditorium Stravinski devant des spectateurs qui auront
déboursé 220 francs pour caler
leurs fesses sur un siège (debout,
ce n’est que 85 fr.), ce sera un peu
comme si tous les jeunes qui
écument les quais et les clubs
gratuits de Montreux envoyaient
VENDREDI 3 JUILLET
Oscar D’Leon
Underworld
SAMEDI 4
Steely Dan;
Mos Def
DIMANCHE 5
Herbie
Hancock
& Lang Lang
avec
l’Orchestre
national
de Lyon;
Emily Loizeau;
Alela Diane
LUNDI 6
Black Eyed Peas
MARDI 7
Lily Allen; CTI All Stars Band
(avec Randy Brecker, Bill Evans,
Russell Malone…); Jamie Cullum
MERCREDI 8
Alice Cooper;
Sébastien
Schuller
JEUDI 9
Raphael
Saadiq;
Q-Tip
ÉDOUARD CURCHOD
BORIS SENFF
Best of Montreux
Héritière de Madness
Mais la fée pop décomplexée
de la génération fiesta a encore
un autre lien avec une édition
qui fait la fête pendant quatre
soirs à Chris Blackwell, grand
explorateur du reggae et fondateur du label Island (Marley, U2,
etc.). En effet, son premier album, un Alright, Still qui la
propulsait star fin 2006, puisait
largement dans le vocabulaire
du ska jamaïcain. Les Jamaïcains
n’ont-ils pas été sujets de Sa
Majesté britannique? Lily tient
probablement plus de la lignée
des Specials et surtout de Madness. Comme le disait son premier single, un peu plus Smile,
non? £
FLUSIN LIONEL/STILLS/GAMMA
Dans la course du premier
concert complet, on parie
sur la peste anglaise, mascotte
pop d’une solide édition 2009.
leur représentante au cœur du
pouvoir festivalier!
Moins alcoolique qu’Amy Winehouse, Lily Allen n’en fait pas
moins des concours de cocktails
avec Kate Moss; il suffit de jeter
un œil sur le débit de vodka en
fin de parcours du festival pour
savoir qu’il n’y a pas besoin
d’être une star pour s’envoyer en
l’air… Dans son dernier album, la
teigne dénonce aussi l’hypocrisie
de la consommation de coke
dans Everyone’s At It – «Chacun
en prend, des politiciens posés
aux jeunes adolescents.» Attention, ce n’est pas la bonne vitamine pour tenir jusqu’à la clôture des soirées de Montreux,
soit les 5 heures du matin vantées par Claude Nobs.
VENDREDI 10
Baaba Maal; Monty Alexander
SAMEDI 11
Hommage to
Nina Simone
(avec Dianne
Reeves, Lizz
Wright,
Angélique
Kidjo…);
Lauryn Hill;
Grace Jones
DIMANCHE 12
B. B. King;
Bill Laswell;
Sly and
Robbie
LUNDI 13
Marianne
Faithfull
ROBIN UTRECHT/KEYSTONE
FESTIVAL
Lily Allen, le 7 juillet
à l’Auditorium Stravinski.
Dernier album: It’s Not Me, It’s
You, Regal (distr. EMI)
DERVEY CHANTAL
projet le plus cher de 2009, la
rencontre au sommet HancockLang Lang… en signalant, gourmand, le projet de Bill Laswell,
ce «marginal», et en se réjouissant à tous crins de la soirée du
label jazz CTI. Du jazz, Claude
Nobs en compte huit soirées.
«Presque la moitié du programme!» Et d’anticiper avec
bonheur la venue de Chris
Blackwell: «Toujours à pieds nus
et un peu en Jamaïque.»
B. S.
MARDI 14
Solomon Burke; John Scofield;
McCoy Tyner Trio (avec Bill Frisell)
MERCREDI 15
Chucho
Valdés;
Antony &
The Johnsons
JEUDI 16 John
Fogerty;
Madeleine
Peyroux
VENDREDI 17
Seal; Jeff Beck
SAMEDI 18 Donna Summer
BENHAMOU SERGE/GAMMA
RENCONTRE En conférence de
presse, hier à Berne, Claude
Nobs admettait que l’omnipotence du Montreux Jazz Festival
n’était pas (plus?) totale et que
certains artistes semblaient désormais hors de portée. «J’ai invité U2, que je connais bien, et
j’espère qu’ils viendront au
moins boire un verre», confiait
en privé le patron historique de
la manifestation — qui a aussi dû
laisser filer un Neil Young annulant toute sa tournée après le
30 juin.
Par contre, Claude Nobs fait
un effort d’exclusivité: 80% des
artistes présentés cette année ne
seront audibles en Suisse qu’à
Montreux. Mais la crise ne
touche pas le bateau. «On a
abandonné des frais de décors
bling-bling mais on n’a pas
touché l’animation.» Le budget?
«Dans les 17-18 millions», lâche,
un brin vague, celui qui préfère
soigner son profil de fan de
musique en insistant sur le
DR
«Presque à moitié jazz!»
INFOS ET TICKETS
www.montreuxjazz.com
Loc. TicketCorner et Fnac.
NYMPHETTE
La petite fée trash de la pop anglaise, pas avare de l’exhibition de ses attributs
mammaires, agitera son cocktail acidulé le mardi 7 juillet à l’Auditorium Stravinski.
Le féminin de voyou, c’est bien voyelle?
MARS 2007
Voir les vidéos sur
www.24heures.ch/jazz
ART CONTEMPORAIN
Interlaken on the rock
GAMMA
Faith No More,
Slipknot, Korn,
Guano Apes ou
Gogol Bordello
figurent parmi la
quarantaine de
groupes à
l’affiche du 5e
Greenfield Festival (du 12 au
14 juin à Interlaken.)
ATS
Le 1er Swiss Exhibition Award
distingue le duo Felley–
Kaeser, aujourd’hui à la tête
de Poussepin à Paris.
Codirecteurs du Centre culturel suisse de Paris depuis le
1er octobre 2008, Jean-Paul
Felley et Olivier Kaeser ont
reçu, hier soir au Schiffbau de
Zurich, le premier Swiss Exhibition Award 2008. Ce nouveau prix entend désigner la
meilleure et la plus exemplaire
exposition d’art contemporain
en Suisse. Doté d’un chèque de
40 000 fr. décerné de concert
par la Banque Julius Baer et
par l’Office fédéral de la culture, il a été remis au tandem
qui, l’an dernier encore à l’enseigne de l’espace d’art
contemporain Attitudes, à Genève, avait présenté l’exposition «Das Beispiel» de Shahryar Nashat: un artiste suisse
né en 1975 à Téhéran et actuellement actif à Berlin.
Conçue comme une «œuvre
d’art total» où lumière, son,
architecture et vidéo composaient un parcours à la fois
intellectuel et sensoriel, l’exposition était emblématique de la
méthode Attitudes qui consiste
à travailler «d’abord avec l’artiste, qui est à la fois la «matière première» du projet et
notre interlocuteur privilégié».
Nouvelle distinction annuelle que l’OFC ajoute à ses
encouragements à la culture et
que la Banque Julius Baer inscrit à la cause de sa responsabilité sociale et culturelle,
Swiss exhibition Awards se dé-
marque des autres prix décernés à des créateurs: son but est
de sensibiliser le public au
travail de médiation des institutions suisses, grandes ou petites, et de toutes régions confondues, en faveur de l’art
contemporain. Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser investiront l’argent du prix dans un
projet d’exposition qui devrait
avoir lieu en 2010 à Beyrouth.
Ils envisagent d’y réunir des
artistes de Suisse, d’Europe et
du Proche-Orient. £
FRANÇOISE JAUNIN
STEEVE IUNKER
La meilleure expo 2008 était romande
EN BREF
ATTITUDES, alias Jean-Paul
Felley (à dr.) et Olivier Kaeser.
VC5