elements et references sur l`innovation sociale
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elements et references sur l`innovation sociale
ELEMENTS ET REFERENCES L’INNOVATION SOCIALE SUR Compilation effectuée par Manon Althuser, Camille Luthereau, Samuel Moktar de la Licence professionnelle « Chargé(e) de projet en solidarité internationale et développement durable » de l’Université Bordeaux 3 dans le cadre d’un projet tutoré avec le RADSI Décembre 2012 Réseau Aquitain pour le Développement et la Solidarité Internationale RADSI - Domaine Universitaire- 351, Cours de la Libération - 33 405 Talence CEDEX Tél.: 05 40 00 34 71- Email: [email protected] site : www.radsi.org Ce document est créé à partir de certaines lectures. Il s'agit pour nous d'apporter des références au comité de pilotage en charge de l'organisation des rencontres régionales de la coopération de la solidarité internationale. Nous avons décidé de regrouper des passages de textes selon des parties diverses caractérisant l'innovation sociale. 1 - Historique et définition de l'innovation sociale 2 - Quelques approches de l'innovation sociale 3 - Les dimensions et caractéristiques de l'innovation sociale 4 - Les critères de l'innovation sociale 5 - les processus de l'innovation sociale, de la conception à la diffusion 6 - Quelques acteurs de l'innovation sociale 7 – Parallèle Innovation sociale et Innovation technologique Les sources de chaque article utilisé sont citées afin de permettre un approfondissement des concepts. (Les sources sont citées en amont, en introduction du passage sélectionné) 1 – Historique et définition Dans cette partie, nous allons revenir sur des éléments historiques et de définition de l'innovation sociale. Source : De Muro Pasquale et al., « Organisations de la société civile, innovation sociale et gouvernance de la lutte contre la pauvreté dans le Tiers-Monde », Mondes en développement, 2007/3 n° 139, p. 25-42. DOI : 10.3917/med.139.0025 Le concept d’innovation sociale ne se trouve pas vraiment au coeur des débats théoriques des sciences sociales aujourd’hui. Pourtant, son importance analytique s’accroît en raison des développements récents des réflexions scientifiques sur le sens de l’innovation à la fois comme action et comme processus, et sans doute aussi à la suite de l’échec relatif de politiques de développement excessivement inspirées par des stratégies d’innovation technologique. Dans la littérature mainstream des sciences sociales des années 1990, la notion d’"innovation sociale" désigne en premier lieu la transformation des organisations et de leurs liens sociaux afin d’augmenter leur efficacité. Mais qu’en est-il de la littérature sur ce sujet avant les années 1990 ? Afin de pouvoir répondre à cette question, il faut retourner au débat sur l’innovation dans les sciences économiques, discipline qui, en interaction avec la gestion et la sociologie des organisations, a monopolisé la théorisation de l’innovation dans les entreprises. Joseph Schumpeter – considéré comme le fondateur et la référence de l’analyse de l’innovation en sciences économiques – a été le premier à souligner la nécessité de l’innovation sociale afin de garantir l’efficacité – à tout le moins partielle – d’une innovation technologique. Depuis cette approche fondatrice, si le terme innovation sociale n’est quasiment jamais utilisé dans la littérature économique, on observe néanmoins, durant le demi-siècle passé, une tendance claire vers une "socialisation" de la théorie économique de l’innovation. Certes, cette vision canonise le rôle prédominant de l’innovation technologique. Toutefois, les progrès réalisés en économie de l’innovation au cours des trois dernières décennies soulignent clairement la reconnaissance de la nature sociale de l’innovation réalisée par les entreprises et de l’innovation sociale comme dimension à part entière des phénomènes d’innovation. Source : Dandurand Louise, « Réflexion autour du concept d'innovation sociale, approche historique et comparative », Revue française d'administration publique, 2005/3 no115, p. 377-382. DOI : 10.3917/rfap.115.0377 À la fin des années quatre-vingt-dix, la phase de limitation fait progressivement place à la phase de généralisation avec l’émergence du concept d’innovation sociale proprement dit. Plusieurs auteurs l’ont défini bien avant en terme d’objet, de processus, d’objectif et de finalité — je pense ici notamment à Taylor, Chombart de Lauwe, Auclair et Lampron, Reverzy, Chambon et ses collaborateurs — mais c’est véritablement dans les années quatre-vingt-dix que le concept d’innovation sociale apparaît de façon, disons, plus macroscopique dans les orientations en matière de recherche et de développement social et économique. Au moins deux ouvrages d’envergure de l’OCDE, l’un traitant du système national d’innovation et l’autre de l’innovation par les sciences sociales et humaines, marquent cette phase. Sans nommer explicitement l’innovation sociale, le premier ouvrage, Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation, aborde les innovations dites « non technologiques », telles que les nouvelles formes de modèles d’organisation, de pratiques managériales et de méthodes de travail préalables à l’utilisation efficace de la technologie. Le second ouvrage, Social Sciences and Innovation, porte en toutes lettres sur l’innovation sociale. Dans un cas comme dans l’autre, force est de constater que l’innovation sociale demeure une notion difficile à définir en raison de l’aspect moins tangible de son produit et de ses extrants. Au cours de cette phase, soulignons deux initiatives québécoises qui figurent parmi les premiers travaux de conceptualisation de l’innovation sociale : le rapport du Groupe de travail sur l’innovation sociale (1999), mis sur pied par l’ancien Conseil québécois de la recherche sociale, et un document de réflexion du Conseil de la science et de la technologie (2000). Tous deux portent explicitement sur l’apport de la recherche en sciences humaines et sociales à l’innovation. Les travaux de ces deux organismes viendront alimenter la Politique québécoise de la science et de l’innovation qui reconnaît avec force — peut-être pour la première fois dans une politique occidentale de la recherche — l’apport incontournable des sciences sociales et humaines et, par conséquent, de l’innovation sociale dans le développement de la société et le mieuxêtre de la population. Depuis, une définition de l’innovation sociale fait consensus au Québec. Elle y est définie comme : « toute nouvelle approche, pratique, ou intervention, ou encore, tout nouveau produit mis au point pour améliorer une situation ou résoudre un problème social et ayant trouvé preneur au niveau des institutions, des organisations, des communautés ». En lien avec cette définition, on reconnaît deux fonctions à la recherche dans le processus de l’innovation sociale. Une fonction de création de l’innovation proprement dite et une fonction de reconnaissance de l’innovation. Le milieu de la recherche est en effet lui-même lieu d’innovation par l’expérimentation ou le développement de nouveaux programmes et outils, de nouvelles pratiques et stratégies. Par sa fonction de reconnaissance, la recherche est un « révélateur » en ce sens qu’en amont, elle nomme une situation nécessitant une innovation sociale ou, en aval, fait de l’innovation un objet de recherche : elle en vérifie la validité, en augmente la capacité d’application à des contextes variés et identifie les conditions optimales pour une implantation réussie. Source : Richez-Battesti Nadine et Vallade Delphine, « Éditorial. Innovation sociale, normalisation et régulation », Innovations, 2012/2 n°38, p. 5-13. DOI : 10.3917/inno.038.0005 Alors que l’Union Européenne inscrit l’innovation sociale dans sa programmation stratégique à l’horizon 2020, la notion demeure encore floue. Apparue dès les années 1970 dans les sciences sociales, elle est aujourd’hui mobilisée dans le champ de l’action publique (gouvernements, collectivités territoriales, organisations internationales…), dans celui de l’entreprenariat ou encore par les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Cette appropriation du terme implique des éclairages pluri disciplinaires. Source : « Qu'est-ce que l'innovation ? Julie Cloutier, Cahier du CRISES, collection Etudes théoriques no ET0314, novembre 2003 De façon générale, l’innovation sociale est une « réponse nouvelle » à une situation sociale jugée insatisfaisante, situation susceptible de se manifester dans tous les secteurs de la société. L’innovation sociale répond à ce titre parce qu’elle vise le mieux-être des individus et/ou des collectivités. Elle se définit dans l’action et le changement durable. Elle vise à développer l’individu, le lieu de vie (territoire) ou l’entreprise. Ce faisant, l’innovation sociale ne prend pas une forme particulière. Elle est tantôt d’ordre procédural, tantôt d’ordre organisationnel ou institutionnel. L’innovation sociale peut également prendre une forme tangible (ex. : technologie, produit). Certains chercheurs définissent également l’innovation sociale par son processus. L’innovation sociale est alors celle qui résulte de la coopération entre une diversité d’acteurs. Sous cet angle, l’innovation sociale peut être envisagée comme un processus collectif d’apprentissage et de création de connaissances. Enfin, pour certains chercheurs, l’innovation sociale exige la participation des usagers et ce, à des degrés variables au cours du déroulement du processus de création et de mise en oeuvre de l’innovation sociale. Source : « Complémentarité, convergence et transversalité : la conceptualisation de l’innovation sociale au CRISES », Carole Tardiff, sous la direction de Denis Harrison, coll, Etudes théoriques, novembre 2005 « Nous définissons les innovations sociales de façon large comme de nouvelles façons de faire, de nouvelles pratiques, de nouvelles combinaisons, de nouvelles approches, de nouveaux concepts, comme des savoir-faire et des habiletés nouvelles à répondre à des besoins relevant du social. » Lévesque, 2002 « Il faut différencier les innovations sociales des innovations technologiques, mais tout en considérant qu’elles sont souvent liées et qu’il existe une certaine complémentarité entre les deux : l’innovation technologique stimule l’innovation sociale alors que l’innovation sociale génère l’innovation technologique. En somme ce sont deux moments d’un même processus qui est l’innovation au sens large. » Lévesque et Crevier, 2002 « De façon générale, les innovations sociales représentent de nouvelles formes organisationnelles et institutionnelles, de nouvelles façons de faire, de nouvelles pratiques sociales, de nouvelles combinaisons, de nouvelles approches et de nouveaux concepts donnant lieu à des réalisations ou des améliorations. (…) [Les processus des innovations sociales] c’est-à-dire les nouvelles façons collectives de penser, de faire et de consommer, favorables au mieux-être et à l’intérêt général, en discontinuité avec les pratiques antérieures et accueillies favorablement par d’autres secteurs et institutions et ce, dans les secteurs de la consommation collective. » Comeau et al, FQRSC, 2004 « Les innovations sociales sont dites sociales pour des fins de reconnaissance. (…) Dans la société informationnelle capitaliste, les innovations ne sont pas que techniques. L’épithète « social » permet de mettre en évidence ce qui est inédit dans les conduites humaines et de comprendre que les innovations cherchent à contribuer à la résolution de questions sociales ou de problèmes sociaux. Elles expriment l’idée de nouveauté, mais celle-ci est toute relative. En fait, on désigne « innovations » les pratiques qui présentent une discontinuité par rapport aux pratiques habituellement mises en oeuvre dans un milieu donné et dans un contexte donné pour résoudre un problème ou réaliser une aspiration. Elles prennent deux formes générales : institutionnelles (normes, règles, ententes, coutumes) et organisationnelles (manière d’utiliser et de coordonner les ressources) (…). On trouve ces formes d’innovations dans des façons de faire, des pratiques, des approches et des concepts. Les innovations sociales sont collectives puisqu’elles supposent l’initiative et la participation des citoyens, la concrétisation de la nouveauté par un groupe et sa diffusion dans une collectivité plus large (…). Elles comportent une connotation positive et sont favorables au bien-être. Celui-ci est apprécié à l’aune de l’intérêt général. Les innovations sociales supposent des réalisations souhaitables pour le bien commun et des améliorations (…). Elles comportent inévitablement des conséquences. Les innovations instaurent de l’inusité et des changements dans les rapports sociaux, les institutions et les organisations (…). » Comeau et al, FQRSC, 2004 Source : Hors-série n°38 bis d'Alternatives Économiques : L'économie sociale de A à Z , Rodolphe Vidal, Essec, http://www.bibliosolidaires.org/innovation-sociale L'innovation sociale est appelée à jouer un rôle majeur au niveau de l’articulation de l’action privée et des choix collectifs, par exemple sur les questions de développement, qu’il soit local, urbain, social ou soutenable. Il n’y a cependant pas de définition officielle partagée par l’ensemble des acteurs de l’innovation sociale. Celle-ci fait partie du vaste domaine de l’innovation, un domaine largement structuré par l’innovation technologique. En ce sens, elle est d’abord à la fois le résultat et le processus transformant une ou des idées en réalisations concrètes : nouvelles pratiques, actions, stratégies, organisations, produits ou services, mais aussi nouvelles institutions. l’innovation sociale se distingue des innovations technologiques, économiques ou commerciales sous deux aspects : dans ses objectifs et son intentionnalité, elle cherche en priorité à répondre à des enjeux ou à des besoins sociaux non ou mal satisfaits, enjeux et besoins qu’elle aura souvent contribué à construire ; dans ses modalités, elle découle en priorité de nouveaux arrangements, modes de relation, modes de participation, modes de vie, de nouvelles organisations, collaborations ou coopérations entre acteurs, organisations ou communautés de la société. Elle s’appuie sur des collectifs d’acteurs, existant préalablement ou bien se construisant dans le cadre du processus d’innovation, dans des communautés de proximité matérielle, mais aussi de proximité de valeurs, de dialogue ou sur les territoires. L’innovation sociale procède de la société civile, dont elle renforce le rôle et la place dans la société. Source : Rapport de synthèse du Groupe de travail Innovation Sociale / Projet d’avis Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire Définition de l’innovation sociale, retenue par le Conseil Supérieur de l’ESS Pour ces travaux, la définition suivante a été retenue par le groupe de travail Innovation Sociale du Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire : L'innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d'organisation, de distribution, dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, les discriminations… Elles passent par un processus en plusieurs démarches : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation. Source : Acteurs et processus d'innovatiuon sociale au Québec, Joanie Rollin et Valérie Vincent (avec la coll. de D. Harrisson) (2007), Acteurs et processus d'innovation sociale au Québec, Université du Québec, 78 p. Distinctions par rapport à d’autres concepts L’innovation sociale se démarque non seulement de l’innovation technologique, mais aussi d’autres concepts tels que l’invention et la transformation sociale. L’innovation sociale, contrairement à l’innovation technologique, ne répond pas exclusivement à une logique de marché, de concurrence ou de besoins d’une clientèle. Elle répond très souvent à une urgence d’améliorer des pratiques sociales ou organisationnelles et d’en mettre au point de nouvelles. Dans les deux cas, cependant, le processus nécessite une participation accrue de différents acteurs, la mise en commun de ressources et la diffusion de l’innovation par différents moyens : éducation, formation, transfert de technologie et (ou) de connaissances. En ce qui a trait à l’invention, cette fois, la présence d’un réseau d’acteurs n’est pas nécessairement requise à son développement comme c’est le cas pour l’innovation sociale. Une seule personne peut suffire à créer une nouvelle invention. Son adoption (ou appropriation) par un milieu utilisateur n’est pas non plus une condition essentielle. L’invention peut demeurer lettre morte. Elle ne devient une innovation que lorsqu’elle est adoptée ou utilisée. Les transformations sociales font, pour leur part, davantage référence à de nouvelles formes de rapports ou de liens sociaux, et ces processus s’effectuent généralement sur une longue période de temps (p. ex. : les transformations du mode de vie des couples). Nous avons pu voir qu’il est difficile de trouver une définition claire et universelle de l’innovation sociale. Elle fait partie du vaste domaine de l’innovation. De plus, son concept n’a été réellement étudié qu’assez récemment (fin des années 90). Afin d’en connaître l’origine, il est nécessaire de revenir au début de l’innovation dans les sciences économiques, notamment avec les travaux de Joseph Schumpeter. Nous pouvons, à la lecture des différents articles, faire émerger certaines caractéristiques : ► Une réponse nouvelle, une nouvelle pratique afin de répondre à des besoins sociaux et sociétaux dans le but d’un mieux-être individuel et collectif. ► Une innovation prenant plusieurs formes : organisationnelle, institutionnelle, technologique, etc… ► Une diversité d’acteurs concernés et parties prenantes ► Une participation, à différents degrés, des populations « bénéficiaires » 2 - Quelques approches de l'innovation sociale Source : Rapport de synthèse du Groupe de travail Innovation Sociale / Projet d’avis Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire Approches d’organisations internationales ► L’OCDE Pour l’OCDE, l’innovation sociale est un élément essentiel de la prospérité et un aspect déterminant du développement durable. C’est le programme LEED qui s’occupe d’innovation sociale. Pour ce programme, l’innovation sociale vise à satisfaire de nouveaux besoins, non couverts par le marché, ou à créer de nouveaux moyens plus satisfaisants d’insertion en donnant aux individus une place et un rôle économique et social, tout en introduisant de nouveaux types de production. Dans ce cadre, les innovations sociales sont supposées renforcer le développement local par la qualité de la vie et des ressources humaines et, plus généralement, par la capacité d'un territoire d'élargir ses perspectives de développement. Les entreprises sociales, et le secteur à but non lucratif en général, sont considérés comme des éléments-clés pour atteindre des objectifs qui soient à la fois économiques et sociaux. ► La Commission Européenne La véritable ouverture européenne à l’innovation sociale, ou tout au moins ses prémisses, vient du domaine économique. Un rapport récent, réalisé à la demande de la Direction générale « Entreprises et Industrie » et destiné à proposer des recommandations pour la future politique européenne en matière d’innovation, trace la voie vers un « modèle » plus large dans lequel l’innovation sociale joue un rôle central. La Commission Européenne entend par innovation sociale « la conception et la mise en oeuvre de réponses créatrices aux besoins sociaux» qui recouvrent de nombreux domaines tels que la protection de l’enfance, les transports durables, la dépendance, … Approches de gouvernements ► Québec Pour le Québec, la définition retenue est la suivante : « toute approche, pratique ou intervention ou encore tout nouveau produit mis au point pour améliorer une situation ou pour solutionner un problème social ou socio-économique et ayant trouvé preneur au niveau du marché, des institutions, des organisations, des communautés ». ► Etats-Unis Par la création d’un fonds d’innovation sociale, le Président Obama a donné une place effective aux citoyens en tant que porteurs de solutions face aux grands défis actuels. L’Office of Social Innovation and Civic Participation (SCIP) a pour principales missions de financer des réponses innovantes disposant de résultats tangibles et de développer de nouveaux modèles de coopération entre les acteurs. Il fonde son action sur 4 grands principes : → Une priorité donnée aux résultats → Des solutions issues du terrain : « chaque jour, des individus ou des collectifs, à travers le pays, développent des solutions qui répondent aux nos plus grands défis et obtiennent d’excellents résultats ». → L’élargissement de la participation → Un partage des responsabilités ► Royaume Uni Le Nesta (Endowment for Science, Technology and the Arts) présente l’innovation sociale comme une solution aux problèmes de la société, partant du principe que les plus importants défis, tels que le vieillissement de la population ou le développement durable, ne peuvent être résolus par des approches conventionnelles. Dans ce cadre, une innovation est sociale lorsqu’elle répond à un besoin de la société, ou à un défi pour elle, et qu’elle est diffusée par des organisations dont le principal objectif est plus social qu’économique. Dans cette conception, l’innovation sociale est fortement liée au tiers secteur, c’est-à-dire aux organisations bénévoles, aux entreprises sociales, aux coopératives et aux sociétés mutualistes. ► Danemark Créé en 2002 au Danemark, le MindLab est une organisation transversale à trois ministères, qui régissent à eux seuls la plupart des domaines d’intervention de l’État impactant la vie des citoyens danois : l’économie, la fiscalité et l’emploi. Sa mission répond à deux objectifs principaux : innover, en associant citoyens et entreprises aux processus de développement de solutions nouvelles et efficaces pour les services publics ; mais aussi, opérer une véritable conduite du changement dans l’administration en développant des connaissances inédites et en cherchant à transformer la culture des ministères. Approches d’organismes de recherche ► L’institut Godin Pour l’institut Godin, une démarche d’innovation sociale peut être abordée comme une approche territoriale qui s’étaye sur un espace d’acteurs économiques hétérogènes. Cet espace ouvre la voix à une concertation et une co-construction d’activités économiques qui aboutit à des projets à ressources plurielles (marchandes, redistributives, réciprocitaires). Les projets sont dotés d’une gouvernance élargie qui n’exclut pas l’implication des usagers et des salariés. Ce processus de co-construction fait alors émerger un nouveau produit ou service qui répond à un besoin situé (dans un contexte donné) par son accessibilité. 3 - Les caractéristiques de l'innovation sociale Source : « Qu'est-ce que l'innovation ? Julie Cloutier, Cahier du CRISES, collection Etudes théoriques no ET0314, novembre 2003 Les dimensions d'analyse de l'innovation sociale Objet (quoi?) Caractère novateur / solution nouvelle, hors norme / importance des changements Champ (où?) : Tangibilité : de l'action au produit (procédural organisationnel / institutionnel / produit / technologie) Cible du changement : individu / territoire / entreprise Objectif (pourquoi?) : mieux-être des individus et des collectivités / résolution de problèmes présents / prévention de problèmes futurs / aspiration / Processus (comment?) : diversité des acteurs / degré de participation des usagers (prise de conscience, création, mise en œuvre, évaluation) Source : De Muro Pasqualeet al., « Organisations de la société civile, innovation sociale et gouvernance de la lutte contre la pauvreté dans le Tiers-Monde », Mondes en développement, 2007/3 n° 139, p. 25-42. DOI : 10.3917/med.139.0025 Dans les sciences sociales contemporaines, la notion d’innovation sociale croît en intérêt ; pourtant, un approfondissement du débat semble s’imposer. Nous avons distingué quatre domaines pour lesquels la notion est soit mobilisée, soit analysée. Le premier domaine est celui des sciences de gestion. Dans ce cadre, l’accent est mis sur le rôle des "améliorations" du capital social susceptibles de favoriser un meilleur fonctionnement des organisations dans l’économie, avec des effets positifs sur l’innovation sociale dans le secteur à but non lucratif. Le deuxième domaine correspond plutôt à une approche multidisciplinaire, combinant pratiques de gestion et de recherche scientifique, qui examine les rapports complexes entre le "business success" et le progrès social et environnemental. Une initiative bien connue dans ce domaine est le Business and Society Programme, précédemment l’Aspen Institute. Cet institut s’occupe d’aider des entrepreneurs qui cherchent à intégrer les objectifs commerciaux et financiers à des ambitions sociales et environnementales. Les liens entre "capital commercial" et capitaux sociaux et environnementaux jouent un rôle significatif dans cette approche10. Le troisième domaine relève des sciences des arts et de la créativité, et porte sur le rôle de l’innovation sociale dans la création intellectuelle et sociale. Le quatrième domaine porte sur l’innovation sociale dans le développement territorial. Afin de surmonter ces blocages, Moulaert (2002) suggère d’organiser le développement des quartiers selon l’approche d’Integrated Area Development qui articule étroitement les sphères du développement social et les acteurs principaux (notamment les organisations de la société civile) selon le principe structurant de l’innovation sociale. Ce principe lie la satisfaction des besoins humains à l’innovation dans les rapports sociaux de gouvernance, en soulignant en particulier l’importance de la capacité sociopolitique et de l’accès aux ressources nécessaires à la satisfaction des besoins humains, y compris la participation active aux prises de décision au sein de structures politiques ou administratives locales. Les dimensions de l'innovation sociale selon différentes approches Dimensions l'IS / Approches de Finalité l'initiative de Changement de Rôle des agents l'organisation de « spéciaux », l'initiative leadership, indivisus créatifs Rôle de la « path dependency » et des contraintes structurelles Comment surmonter les tensions entre normativité et réalité ? Sciences de Améliorer la gestion et de cohérence de l'organisation l’organisation afin de mieux réaliser ses objectifs (profits financiers, travail éthique, produits écologiques). Créer un climat d’échange d’information et d’idées. "Horizontaliser" les systèmes de décision et de communication Les agents innovateurs individuels sont "cultturés" par l’organisation. Reconnaissance de la propriété de path-dependency par rapport à la culture d’entreprise et son organisation. Tangibilité des objectifs. Normalisation des rapports entre les élites et la communauté de l’organisation. Dynamique d’apprentissage « rapport économie, société et environnement » Relations humaines de travail. Qualité du travail et des rapports sociaux. Engagements individuels ou collectifs (syndicats, associations) au sein des entreprises en faveur de l’action sociale ou de la protection de l’environnement Tension entre mainstream et ethical entrepreneurship (représentée par les tensions entre associations professionnelles). "Sociétaliser" les rapports de la firme avec son environnement Intégrer des finalités sociales et écologiques aux "agendas" des entreprises. Sciences de l'art Innovation Processus et de la créativité sociale (gamme cognitifs ouverts large). à toute idée. Communication entre individus. Rôle des relations et activités interpersonnelles Attention Inspiration Rôle de particulière historique à l’information et attribuée aux l’innovation son initiatives de sociale assimilation par création contemporaine la communauté individuelle. (grands créative. exemples, Découverte des expériences contraintes et pratiques). des solutions. Révision et affinement interactifs des solutions proposées. Approche Satisfaction des … en accord territoriale besoins humains avec des (Integrated Area changements Developement) dans les relations de gouvernance Plus de focalisation sur le rôle de la communauté et des agents sociaux Influence importante de la reproduction historique des capitaux institutionnels Management anticonformiste Rôle de la culture Elargissement dans l’innovation de la pensée sociale économique unique vers une économie "plurielle" Autres dimensions Bonheur humain L’économie comme finalité diversifiée suprême. Retour de l’hédonisme Par la voie de la "gouvernance multiéchelles" et de la création de réseaux de coopération entre agents de la communauté Nous soulignons trois dimensions clés de l’innovation sociale : - La satisfaction des besoins humains non encore satisfaits, car ils ne sont pas, ou ne sont plus, perçus comme importants par le marché, l’État ou tout autre agent collectif. Ce sont en premier lieu les besoins "de base" qui sont pris en compte, mais en acceptant que leur définition soit contextuelle et puisse varier selon les sociétés et les communautés (dimension contenu ou finalité de l’innovation sociale); - Les changements dans les relations sociales, notamment au niveau des mécanismes de gouvernance, qui devraient permettre la satisfaction des besoins, mais également l’amélioration de la participation des groupes exclus de la prise de décision (dimension processus de l’innovation sociale) ; - L’augmentation de la capacité sociopolitique et de l’accès aux ressources nécessaires à la matérialisation des droits, à la satisfaction des besoins humains et à la participation (dimensions d’encapacitation – "activation" – et de relation d’agence de l’innovation sociale). Source : Richez-Battesti Nadine et Vallade Delphine, « Éditorial. Innovation sociale, normalisation et régulation », Innovations, 2012/2 n°38, p. 5-13. DOI : 10.3917/inno.038.0005 Jérôme Blanc et Marie Fare montrent qu’au-delà d’une combinaison d’innovation techniques, organisationnelles, institutionnelles, l’innovation sociale est spécifique : « elle produit des solutions inédites ayant une utilité sociale s’inscrivant dans un cadre normatif novateur ». Ils identifient quatre dimensions pour caractériser l’innovation sociale : l’importance des finalités, l’ancrage local, les logiques partenariales autour d’un projet alternatif au modèle monétaire dominant et l’émergence de règles novatrices, notamment de rapports d’échanges novateurs. Cette question du changement de règle n’est pas sans lien avec celle des évolutions de l’action publique et des limites que rencontrent les systèmes nationaux de solidarité, surtout dans un contexte de crise, évolutions dont semblent largement tributaires l’émergence et le développement d’innovation sociale. Source : Théorie systémique de l'action sociale et innovation sociale, Yao Assogba, Université du Québec en Outaouais (UQO) Alliance de recherche université-communauté (ARUC-ISDC) Série : Recherches, numéro 31, mars 2010 Les composantes de l'innovation sociale Une réponse nouvelle à un Une innovation sociale est une réponse nouvelle à un problème social problème social concret, vécu localement, face à une situation jugée inacceptable ou insatisfaisante. Elle se développe sous une forme « peu codifiée », dans une certaine « clandestinité », parce qu’il s’agit d’un acte « déviant » qui implique une transgression des règles établies. Une finalité sociale Au-delà de répondre à un besoin concret vécu localement, les innovateurs poursuivent une finalité sociale et s’appuient sur des valeurs et des aspirations qui portent leur action. Une pluralité d’acteurs L’innovation sociale est un processus qui implique une « appropriation » de l’innovation par la communauté locale à travers un processus démocratique de négociations et de compromis. Elle est donc le résultat d’une coconstruction impliquant divers acteurs locaux. Trouver preneur Pour porter son nom, une innovation sociale doit connaître une certaine diffusion et avoir été adoptée en dehors de son cadre initial. Elle doit donc avoir démontré son efficacité, ou à tout le moins avoir reçu un jugement extérieur positif, dans ce que Lévesque appelle une « expérimentation réussie ». L’institutionnalisation L’institutionnalisation constitue l’étape ultime du processus d’innovation sociale. Elle renvoie à une « pérennisation de la nouveauté » qui fait en sorte que l’innovation « dépasse l’éphémère », ce qui implique une intervention de l’État. L’innovation s’inscrit donc dans une dialectique incluant, d’une part, une rupture avec l’institution mais, d’autre part, une construction de l’institution en devenant la nouvelle norme qui sera à son tour éventuellement défiée. Cette partie nous a permis de faire un balayage des différentes caractéristiques de l’innovation sociale, en fonction de sa finalité, des différentes dimensions qu’elle touche, de son organisation, de ses résultats, etc… 4 - critères Source : « Qu'est-ce que l'innovation ? Julie Cloutier, Cahier du CRISES, collection Etudes théoriques no ET0314, novembre 2003 Le comité de pilotage du Forum sur les innovations sociales a dégagé cinq critères permettant d’identifier les innovations sociales : 1. Caractère novateur, expérimental dans un contexte donné ; 2. État d’esprit et prise de risque de la part des acteurs du projet ; 3. Impact sur les politiques sociales au niveau national ou local ; 4. Qualité du partenariat entre les acteurs habituels et les nouveaux ; 5. Participation des bénéficiaires, des bénévoles et des habitants du territoire concerné au projet. 5 - Le processus de l'innovation sociale Source : Acteurs et processus d'innovatiuon sociale au Québec, Joanie Rollin et Valérie Vincent (avec la coll. de D. Harrisson) (2007), Acteurs et processus d'innovation sociale au Québec, Université du Québec, 78 p. Les quatre phases d’un processus d’innovation sociale En fait, qu’une innovation sociale soit issue du secteur public, privé ou du secteur associatif / économie sociale, on remarque des ressemblances entre les trajectoires. C’est-à-dire que tout processus d’innovation sociale a un point de départ (phase d’émergence); qu’à un moment ou l’autre, les acteurs expérimentent formellement ou informellement les stratégies élaborées et qu’enfin, l’innovation sociale trouve preneur à l’échelle d’une communauté, d’une organisation ou d’une institution (appropriation). Il ressort également de l’analyse que des activités de diffusion et de transfert de connaissances sont présentes dans chacun des cas étudiés. Les acteurs partagent leur savoir, leurs compétences, leurs valeurs avec d’autres acteurs tout au long du processus et suscitent ainsi la participation et la collaboration de nombreux partenaires (bailleurs de fonds, partenaires de soutien). La phase d'émergence : Le point de départ d’une innovation sociale est la phase d’émergence. À ce moment, il n’est toutefois pas question d’innovation sociale; on parle généralement d’un projet à « potentiel innovateur ». C’est en fait le moment où les acteurs se regroupent et rejettent les voies institutionnelles déjà tracées – ou encore s’en inspirent – pour trouver une solution à un problème, pour répondre à un besoin ou pour réaliser une aspiration. La phase d’émergence se divise en deux étapes plus ou moins distinctes. D’abord, les acteurs partagent entre eux leurs connaissances et leurs compétences et en viennent à cibler un problème, un besoin à combler ou encore une aspiration à laquelle ils rêvent. Puis, dans une seconde étape, ils investiguent afin d’élaborer une stratégie novatrice qui contribuera à trouver une solution au problème, à répondre au besoin ou encore à réaliser leur aspiration. Enfin, la stratégie novatrice, qui a comme objectif la réponse à un problème ou à un besoin ou encore la réalisation d’une aspiration, peut prendre diverses formes dont : nouvelle approche, nouveau service, nouveau produit. L'expérimentation Une fois la stratégie élaborée, les acteurs amorcent généralement la phase d’expérimentation dans le cadre de laquelle ils tentent, par divers moyens, d’implanter la nouvelle approche, de mettre en place le nouveau service ou de rendre disponible le nouveau produit. Cette phase peut prendre une ampleur variable selon le projet, selon le milieu dans lequel elle se déroule, selon le nombre d’acteurs impliqués ou encore selon la clientèle visée. La phase d’expérimentation peut prendre deux formes principales : expérimentation informelle (p. ex. : essais et erreurs, tâtonnement, évaluation informelle / ajustement) ou expérimentation formelle (p. ex. : projet pilote, expérimentation formelle, application théorique, transfert de connaissances, évaluation formelle / actualisation / codification). Souvent, au cours de cette phase, les acteurs ajustent la stratégie élaborée afin de mieux répondre aux besoins exprimés par les intervenants, les utilisateurs, les usagers ou les bénéficiaires. La phase d’expérimentation est une étape cruciale que l’on retrouve dans tous les processus d’innovation sociale. Enfin, en se référant à la définition de l’innovation sociale, on retient qu’une innovation sociale n’existe qu’au moment où une institution, une organisation ou une communauté se l’approprie. Autrement dit, dès que le nouveau service, la nouvelle approche ou le nouveau produit est utilisé (approprié) par un groupe, aussi restreint soit-il, il y a innovation sociale. Ainsi, dès la phase d’expérimentation achevée, on peut parler d’innovation sociale appropriée par des acteurs de proximité, c’est-à-dire des acteurs locaux, au sein d’une organisation ou au sein d’une entreprise. La phase d'appropriation Pour qu’une initiative sociale innovatrice soit reconnue comme innovation sociale (qu’elle ait des retombées effectives), elle doit être appropriée à une échelle de proximité ou de façon plus étendue. La phase d’appropriation suit la phase expérimentale dans le schéma en supposant toutefois que des retours en arrière sont possibles en tout temps (par exemple si la phase expérimentale n’entraîne pas les résultats escomptés et que les acteurs sont contraints de revoir ou de repenser la stratégie élaborée). Or, si la phase d’expérimentation (formelle ou informelle) est concluante, l’appropriation (du nouveau service, de la nouvelle approche ou du nouveau produit) à une échelle de proximité est accomplie ou en voie de l’être. Règle générale, l’appropriation de façon plus étendue se fait plus tard. L’appropriation étendue signifie une innovation sociale née à l’échelle locale ou organisationnelle et qui se dissémine dans plusieurs régions ou organisations, voire à l’ensemble du Québec. Il est alors souvent question de « l’institutionnalisation » de l’innovation. À la toute fin d’un processus d’innovation sociale, les acteurs ont acquis de nouvelles valeurs, de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences qu’ils partagent toujours entre eux. À partir d’un processus en innovation sociale réussi, d’autres processus peuvent émerger. La phase de transfert, de diffusion La phase d’alliance, de transfert et de diffusion n’est pas une phase au même titre que les trois autres. Il s’agit davantage d’un passage nécessaire, d’activités qui se font tout au long du processus de mise en place d’une innovation sociale. Benoît Lévesque explique que la diffusion et le transfert de connaissances sont des activités essentielles aux processus d’innovation sociale. Diffuser l’innovation signifie qu’il importe de la faire reconnaître, de la vendre, de lui donner une plus-value, une valeur marchande ou d’usage. L’objectif de ces activités est de faire rayonner la stratégie novatrice mise en place. Ainsi, l’innovation sociale a plus de chances de se disséminer dans d’autres milieux de pratique dans le besoin. Suite à l’analyse des études de cas, deux types de diffusion ont été mis en lumière : la diffusion formelle et la diffusion informelle. • Diffusion formelle : diffusion dans les médias; diffusion par la recherche (universitaire ou autre); colloques; forums; états généraux; etc.; • Diffusion informelle : rencontre d’acteurs dans un cadre informel. Source : « Complémentarité, convergence et transversalité : la conceptualisation de l’innovation sociale au CRISES », Carole Tardiff, sous la direction de Denis Harrison, coll, Etudes théoriques, novembre 2005 L’innovation sociale ne pourra prendre forme qu’à certaines conditions qui s’actualiseront plus facilement au niveau local. La liste des facteurs spécifiques contenus dans l’ensemble des textes que nous avons étudiés peut être très longue, mais on peut regrouper ceux-ci autour de trois axes principaux : ►La reconnaissance d’un problème ou d’une demande non satisfaite (prise de conscience et volonté d’action sur le problème) ; ►Une certaine dynamique sociale permettant l’action (cohésion, sentiment d’appartenance, capacité de mobilisation des ressources internes et externes, volonté de prise en charge, autonomie, interrelations, consensus social, proximités géographique, organisationnelle et institutionnelle, etc.) ; ►Des institutions permissives à l’égard du changement, incluant l’État et ses dispositifs comme les politiques publiques et les programmes (volontaires, appropriées, favorables, légitimes). « Le processus à travers duquel une innovation est implantée et diffusée ne s’institutionnalise que plus tard, quand les structures, les politiques et les programmes acquièrent le statut de règles et deviennent des éléments légitimes de l’organisation. » Harrisson et al, 2001 Source : Théorie systémique de l'action sociale et innovation sociale, Yao Assogba, Université du Québec en Outaouais (UQO) Alliance de recherche université-communauté (ARUC-ISDC) Série : Recherches, numéro 31, mars 2010 L’innovation sociale renvoie fondamentalement aux changements non seulement au niveau des institutions et des structures, mais aussi et surtout au niveau des comportements individuels et collectifs de la population concernée. En d’autres termes, on dira que l’innovation sociale n’a de sens qu’à condition de « trouver preneur ». Elle doit donc être diffusée au sein des acteurs sociaux à qui elle est destinée. Ensuite, l’innovation doit être adoptée et appropriée par ceux-ci au niveau individuel, microsocial (localité) et macrosocial (région, nation, etc.). Cette partie nous renseigne sur le processus d’une innovation sociale qui répond à un cheminement particulier : La phase d’émergence, phase à laquelle les acteurs se regroupent après avoir identifié un besoin social afin d’y répondre Une phase d’expérimentation qui correspond à une phase de test d’implantation de la « nouveauté » dans un contexte donné Une phase d’appropriation et d’institutionnalisation qui correspond au fameux « trouver preneur ». Cela signifie que l’ensemble des acteurs doit lui donner sens et la reconnaître en tant que pratique novatrice. Ce n’est qu’à partir de là qu’un projet, une idée, une pratique nouvelle devient innovation. 6 - Quelques acteurs de l'innovation sociale Source : Rapport de synthèse du Groupe de travail Innovation Sociale / Projet d’avis Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire L’innovation sociale se joue le plus souvent dans la proximité, sur le territoire. On identifie ci-après le type d’acteurs impliqués dans la production de ces innovations. Mais à l’évidence, les politiques publiques, qu’elles soient nationales ou communautaires, ont un rôle essentiel pour créer un écosystème favorable aux innovations sociales, par des mesures législatives, budgétaires, fiscales. On peut identifier, en France, quatre catégories d'acteurs impliqués dans la production d'innovations sociales, et qui coopèrent souvent au service de l’intérêt général : ► Les Associations 1901 constituent le plus grand laboratoire d'innovations sociales français. Par leur proximité avec la population, elles sont très bien placées pour détecter les besoins nouveaux et leur apporter des réponses. Jusqu'ici elles ont financé cette fonction de laboratoire par des subventions (d'État ou de collectivités) leur permettant de définir des objectifs puis de les proposer à la puissance publique. Les subventions de fonctionnement et les excédents mis en réserve sont jusqu'ici le principal financement de l'innovation sociale associative. Le relatif désengagement public, de l'État d’abord, puis aujourd’hui des collectivités territoriales, remet en cause le modèle économique associatif de financement de l’innovation. ► Les Fondations d'entreprises, les Fondations reconnues d’utilité publique (RUP), les Fondations de l'économie sociale, très présentes dans d'autres pays montent en puissance en France souvent sur des thèmes d’innovation sociale. La Fondation de France est, depuis longtemps, un acteur de l'innovation sociale. La Fondation de la Macif a fait de l'innovation sociale son principal axe stratégique. Les fondations de l'économie sociale se sont regroupées avec l'État et de la Caisse des Dépôts pour créer un programme Jeun’Ess, qui comportera des dimensions d'innovation sociale. ► Les entreprises sociales, initiatives à forme privée (associative, coopérative, Sarl…) à finalité sociale ou environnementale, est un secteur émergent qui repose souvent sur des innovations sociales tant sur le produit, le service, le processus de production ou de distribution ou de financement (commerce équitable, produits bio, circuits courts, logiciels libres, façon d'associer les usagers, traitement des déchets, maisons écologiques, coopératives d'habitat...). Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) met l'accent sur la nécessité de créer un environnement favorable à l'innovation sociale d’une part en ouvrant les outils existants en faveur de l’innovation (centrés sur l’innovation technologique : crédit impôt recherche, avance remboursable Oséo…) d’autre part en instaurant de nouveaux outils spécifiques. ► Les collectivités territoriales sont de plus en plus engagées dans l'innovation sociale, parce qu'elles sont au contact direct des besoins des populations, parce qu'elles financent les associations, parce qu'elles sont de plus en plus placées sous contraintes pour assurer au meilleur rapport qualité/prix des services publics, en associant les usagers et en recherchant une forme de performance globale. L'innovation sociale est, en France comme à l'étranger, de plus en plus une innovation sociale territoriale. Les Régions, les Départements, les CCAS sont actifs. La Région Languedoc-Roussillon met en place pépinières, incubateurs, écoles d'entrepreneuriat d'économie sociale, salons d'affaires de l'économie sociale et solidaire, avec l'innovation sociale comme fil rouge. La Région Aquitaine a lancé un appel à projets et inscrit l'innovation sociale dans sa stratégie régionale d'innovation (SRI). Partout des actions sectorielles d'innovation sociale sont soutenues par les collectivités territoriales dans l'insertion, la culture, le développement local, le tourisme… Source: http://www.internetactu.net/2009/02/13/linnovation-socialepour-nous-sortir-de-la-crise/ Marjorie Jouen et Stéphane Vincent Sa mission exacte demeure mystérieuse, mais il existe bel et bien. Un “bureau de l’innovation sociale ” est en cours de création à la Maison Blanche. Est-ce le signe que, pour sortir de cette crise dont la gravité signe l’échec du système actuel, Barack Obama compte s’appuyer sur ceux qui inventent de nouvelles façons de travailler et d’agir dans la société ? Sous l’appellation un peu fourre-tout d’”innovation sociale”, se rencontrent depuis longtemps des mouvements issus de traditions très différentes. Leur point commun: prôner l’innovation “par les gens, pour les gens”. On y croise pèle-mêle des mouvements philanthropiques et des entrepreneurs sociaux à l’anglo-saxonne, comme Ashoka , des acteurs du développement local qui promeuvent une démarche participative, telle Adels (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) en France, des associations qui restaurent un lien direct entre les producteurs et les consommateurs, comme les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), mais aussi des sociétés et des think-tanks qui mobilisent l’innovation comme technique d’ingénierie sociale, à l’image de la Young Foundation au Royaume-Uni. Ces mouvements, qui trouvent parfois dans l’Internet un formidable champ d’expérimentation et de déploiement, constituent une dynamique qui, sortant des schémas d’action et de pensée traditionnels, pourraient apporter des réponses valables à la crise et constituer des solutions pragmatiques aux problèmes quotidiens des citoyens. [...]Mais, surtout, Barack Obama avait promis de poser les bases d’une véritable politique publique de l’innovation sociale, en créant un fonds d’investissement destiné à soutenir les initiatives locales innovantes et leur diffusion, et en mettant en place une structure destinée à les accompagner. Il répondait ainsi aux vœux notamment exprimés par le Center for american progress , un think thank proche des Démocrates. [...] Les innovateurs sociaux ont longtemps été cantonnés dans le rôle de pompiers dans le domaine du social, alors qu’ils peuvent concevoir des réponses en amont, et à des défis plus larges, comme l’économie ou l’environnement, ou plus simples, relevant de la vie quotidienne. La crise, que les économistes peinent à penser, pourrait bien accélérer cette tendance. La création du nouveau bureau à la Maison Blanche constitue un signal fort, tout comme, de ce coté-ci de l’Atlantique, l’appel lancé par José Manuel Barroso , Président de la Commission Européenne, aux experts en innovation sociale, le 20 janvier dernier. Lors de cette rencontre bruxelloise, le Président de la Commission a déclaré que “la crise financière et économique a encore accru l’importance de la créativité et de l’innovation en général, et de l’innovation sociale en particulier”. Depuis 2000 déjà, l’Europe soutient des expérimentations sociales, dans le cadre du programme Equal . En Italie, le Ministère de la Fonction publique est également celui de l’innovation. Dans le sud de l’Angleterre, le Comté du Kent s’est doté d’un laboratoire d’innovation sociale , tout comme le ministère danois des Finances . L’Espagne n’est pas en reste: le Pays Basque lance une “Silicon Valley de l’innovation sociale “, et la Région Estremadure finance depuis 4 ans une agence de 35 personnes chargée de déployer une “société de l’imagination “, misant sur le changement et la mobilisation des jeunes pour favoriser son développement. A Londres, Bruxelles et Milan, des designers imaginent de nouvelles façons de répondre à des problèmes d’intérêt général. Trois pistes pour l’innovation sociale à la française La France est depuis longtemps un terreau fécond en matière d’innovation sociale. Il y a chez nous une longue pratique, souvent portée à bout de bras par les associations, les acteurs du développement local, de l’entrepreneuriat social, ainsi qu’une myriade d’activistes disséminés un peu partout dans la société, y compris dans l’administration. Mais leurs efforts sont clairsemés, et leurs enseignements largement ignorés des grandes structures, des institutions et des procédures publiques. Or il y a là une occasion de transformation majeure pour les acteurs publics. Comment leur faire franchir un cap ? Sans être forcément les seules, trois orientations sont possibles. Elles concernent successivement les élus, les fonctionnaires et les acteurs de l’innovation sociale : Nos élus doivent davantage intégrer l’innovation sociale au sein des grandes politiques publiques. Aujourd’hui, les politiques d’innovation misent essentiellement sur la technologie, sans forcément bien prendre en compte son implication sociale majeure. Alors que l’économie solidaire produit les modèles de développement parmi les plus robustes et les plus efficaces, elle reste souvent le parent pauvre des politiques publiques. Or la culture et les méthodes propres à l’innovation sociale peuvent apporter un profond renouveau à l’ensemble des politiques et de la puissance publique, améliorer le service rendu et, pourquoi pas, réconcilier les citoyens avec leurs gouvernants. L’administration doit se professionnaliser dans ce domaine. Il y a dans l’innovation sociale une alternative intéressante à la culture de l’audit et du contrôle financier qui sclérose les grandes institutions. Seule l’innovation “dirigée par l’usager” peut faire tomber durablement les frontières administratives et transformer les modes d’intervention publique, en renversant la logique de production de l’aval vers l’amont. Plus axée sur le qualitatif et le “sensible”, elle mobilise des techniques de pointe, requiert des profils nouveaux et créatifs, où l’on rencontre aussi bien les pionniers des think-tanks de Stanford, de Milan ou de Londres, que des fonctionnaires ingénieux : une nouvelle génération de designers, de sociologues, d’artistes, d’ingénieurs sociaux et numériques qui cherchent des réponses pragmatiques aux grands problèmes de société et du quotidien -éducation, pauvreté, exclusion, délinquance, pollution, isolement … Tous les acteurs de l’innovation sociale doivent travailler en réseau. Pour atteindre un seuil critique, il faut que les efforts des innovateurs de tous types, sociaux et numériques, ceux du secteur public et des entreprises privées, les anciens et les nouveaux, ceux de l’urbain et du rural, les chercheurs aussi bien que les praticiens de terrain et les animateurs associatifs, puissent converger. Pour y parvenir, il faut faciliter l’échange des pratiques les plus innovantes dans le cadre de réseaux pluridisciplinaires, en faisant sauter les barrières obsolètes entre ceux qui conçoivent et ceux qui appliquent. Il faut aider à la création de lieux, physiques ou virtuels, où les innovations puissent acquérir une visibilité maximale, leurs résultats soient validés et que ces méthodes puissent se généraliser. Il faut redonner à l’expérimentation sociale ses lettres de noblesse pour en faire un outil neutre de production de connaissance et de modernisation. L’innovation sociale ne prétend pas être la panacée, mais, certainement, elle nous redonnera l’envie et l’élan du changement collectif, seule voie possible pour sortir grandis de cette crise. Marjorie Jouen est conseillère à Notre Europe , laboratoire de pensée dédié à l’unité Européenne, fondé par Jacques Delors. Stéphane Vincent dirige la 27e Région , laboratoire d’innovation publique soutenu par les Régions. Exemple d'une innovation sociale Source : De Muro Pasqualeet al., « Organisations de la société civile, innovation sociale et gouvernance de la lutte contre la pauvreté dans le Tiers-Monde », Mondes en développement, 2007/3 n° 139, p. 25-42. DOI : 10.3917/med.139.0025 LA MISE EN RÉSEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN : LE CAS "ROMEMONDE" Les analyses et l’expérience du réseau "Rome-Monde" présentées dans cet article soulignent la pertinence d’une approche en termes d’innovation sociale croisant une problématique de gouvernance et une analyse des dynamiques à l’oeuvre dans l’émergence et la structuration institutionnelle et spatiale des réseaux de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans les pays du Sud. Cette approche fait ainsi ressortir une série d’enseignements originaux au niveau des multiples dimensions d’innovation sociale engendrées par les initiatives et les actions des OSC impliquées dans ces processus. Elle suggère également que les différentes expériences locales sont mobilisables pour constituer une base d’apprentissages croisés intra et inter-organisationnels, offrant ainsi un éclairage précieux non seulement sur les possibilités de démarches innovantes, mais aussi sur les pièges, risques et erreurs qui guettent les initiateurs et les intervenants dans le domaine de l’action sociale locale. Le cas du Comité municipal de Rome montre ainsi que, malgré des difficultés persistantes, la démarche de rassemblement et de coordination des OSC engagées dans des actions décentralisées de coopération internationale pour le développement a d’ores et déjà produit des résultats innovants multiples : - Le réseau organisé autour du Comité a une structure non hiérarchique ouverte qui favorise son développement continu et la construction de nouveaux liens avec d’autres réseaux ou organisations. - Le réseau a relancé le débat au sein de la société civile romaine sur le rôle de la ville dans la coopération internationale et sur la possibilité d’élaborer de nouveaux modèles de coopération territoriale (décentralisée) avec le Sud. De nouvelles opportunités de discussion publique ouverte ont vu le jour et se sont traduites par un examen critique des approches traditionnelles du développement. Enfin, la participation des associations a été facilitée et renforcée. - Le réseau a permis de créer un nouvel "agent collectif" (le Comité) qui est ainsi devenu une référence institutionnelle et politique pour le gouvernement municipal. Par suite, les politiques de coopération internationale ne relèvent plus seulement des décisions des autorités municipales. De ce point de vue, un certain progrès a été réalisé dans le sens d’un basculement progressif du gouvernement local vers une gouvernance locale. - Les partenaires du réseau partagent un ensemble de valeurs fondamentales basées sur une approche du développement par les droits humains, avec une focalisation sur les besoins de base et les biens communs (comme l’eau potable) et la coopération directe horizontale (local à local ou communauté à communauté) entre le Nord et le Sud. - Le réseau offre une forte capacité pour catalyser et mobiliser des ressources humaines et financières disponibles sur le territoire romain, et pour canaliser de manière concrète et ciblée ces ressources vers des projets et des initiatives aux niveaux local et international. En définitive, en dépit d’une construction et d’un fonctionnement laborieux du réseau, on observe une accumulation importante de capital social ainsi qu’une dynamique d’innovation diversifiée. Les questions qui se posent aujourd’hui ont trait à l’échelle d’action du réseau en dynamique : dans quelle mesure les bénéfices tirés des ressources locales mobilisées pourront-ils avoir une portée à l’échelle globale ? Le réseau sera-t-il capable de devenir réellement "global" ? De fait, les réponses qui pourront être apportées à ces questions conditionnent de manière cruciale la crédibilité et la pérennité de ce réseau dans les années à venir. Cet exemple est particulièrement intéressant en traitant de l’innovation sociale par une nouvelle approche des relations entre acteurs, par une nouvelle gouvernance concernant la lutte contre la pauvreté dans les pays du « Sud » parmi l’ensemble des acteurs de l’aire métropolitaine de Rome Innovation sociale et innovation technologique Source : Dandurand Louise, « Réflexion autour du concept d'innovation sociale, approche historique et comparative », Revue française d'administration publique, 2005/3 no115, p. 377-382. DOI : 10.3917/rfap.115.0377 Si un écart subsiste sur les plans conceptuel et opérationnel, de par leur processus, innovation sociale et innovation technologique présentent néanmoins des similarités à plusieurs égards. En fait, on les conçoit de plus en plus comme étant toutes deux complémentaires, tant par nature que par nécessité ; même si elles continuent de se différencier, à la marge, par leurs lieux de genèse et d’application. Convenons qu’il existe d’importantes similitudes entre innovation technologique et innovation sociale. Premièrement, toute innovation implique un processus non linéaire qui fait appel à l’engagement de plusieurs acteurs dans une démarche de résolution de problèmes, corollaire de l’existence d’une pression externe. Deuxièmement, la démarche conduit à la définition d’une approche, à la conception d’un produit ou d’un service nouveau ou alternatif, en rupture avec l’état actuel des choses. Et finalement, pour que la solution nouvelle au problème devienne innovation, elle doit faire l’objet d’une diffusion et surtout trouver utilisateur ou promoteur. Sur le plan de la complémentarité, on ne peut plus sous-estimer le poids des impératifs de nature sociale, psychosociale, organisationnelle, économique, politique etc., dans la mise en forme des innovations technologiques. Or, l’appréhension et la prise en compte des variables d’implantation et d’adéquation, et surtout leur agencement original, peuvent être en soi une innovation « non-technologique ». Les exemples sont nombreux et nous disposons de plus en plus de données empiriques, notamment sur le rapport entre les sommes investies en technologies et les coûts de gestion du changement au niveau organisationnel. Je lisais récemment un entretien d’un chercheur du Massachusetts Institute of Technology 8, dans lequel il estime que pour chaque dollar investi dans l’acquisition de technologies, les entreprises doivent s’attendre à consacrer quelque neuf dollars au développement de leur capital organisationnel. Là où innovation sociale et innovation technologique se distinguent, c’est dans leur milieu d’origine. L’innovation technologique découle très largement de l’action menée en matière de recherche et développement industriel ou de la recherche académique dans le domaine de la santé, des sciences naturelles et du génie. L’innovation sociale émerge plus souvent d’initiatives citoyennes et, en amont ou en aval, des retombées de la recherche en sciences sociales et humaines, voire en arts et en lettres. Les deux types d’innovation se distinguent également par leur lieu premier d’implantation. L’innovation pour le secteur privé continue d’être d’abord, mais pas exclusivement, technologique, puisqu’il s’agit très souvent de produits commercialisables ou de procédés industriels. À l’opposé, l’innovation pour le secteur public et le secteur tertiaire demeure surtout, mais non de façon exclusive, sociale, puisqu’il s’agit avant tout de services (interventions, approches, pratiques).