L`interdiction et la limitation de certaines armes de guerre au

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L`interdiction et la limitation de certaines armes de guerre au
Revue des Questions Scientifiques, 2015, 186 (3) : 201-204
L’interdiction et la limitation de certaines
armes de guerre au carrefour de l’histoire, du
droit et de l’éthique
Le mercredi 22 octobre 2014, L’Association des Anciens de la Faculté de droit
de Namur (ADANam) a organisé une conférence portant sur le thème de l’interdiction et de la limitation de certaines armes de guerre au carrefour de l’histoire, du droit et de l’éthique. Quatre orateurs y étaient présents qui ont éclairé
ce thème à partir de leurs disciplines et des résultats de leurs recherches. Le
lecteur trouvera, dans ce numéro de la Revue des Questions Scientifiques, les
textes de trois des quatre conférences1 et une contribution originale qui les
complète adéquatement, par des informations intéressantes et actuelles.
Par son « Petit panorama de la maîtrise des armements à travers l’histoire »,
Mathias ANDRÉ, historien, assistant à la Faculté de droit de l’UNamur, nous
livre des clefs permettant de mieux comprendre les racines lointaines et plus
récentes de la problématique traitée. Si la question de la maîtrise ou du contrôle
des armements s’est principalement posée à l’aune des grands conflits du
xxe siècle, période caractérisée par un perfectionnement sans précédent des
armes de guerre, force est cependant de constater que les premières manifestations concrètes de cette préoccupation coïncident en fait avec le développement
et la formalisation d’un droit de la guerre moderne au cours de la seconde
moitié du 19ème siècle. Plus en amont encore de l’histoire, les temps modernes,
1.
Lors de la conférence, le Professeur Carl Ceulemans, de l’École Royale Militaire, a
présenté un exposé intitulé : « L’éthique et la guerre des drones : la théorie de la guerre
juste est-elle encore pertinente ? » Partant du constat qu’une manière d’évaluer l’usage
des drones armés, d’un point de vue éthique, est de faire appel à la « théorie de la guerre
juste », il a soulevé la question suivante. Une théorie dont l’origine remonte jusqu’à
l’Antiquité est-elle suffisamment sensible à toutes les difficultés spécifiques auxquelles
l’usage présent de drones armés nous confronte ? L’exposé oral y a répondu de manière
profonde, stimulante et éclairante.
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le Moyen Âge, voire l’Antiquité, attestent déjà épisodiquement d’une volonté
précoce de limiter les méthodes et moyens de combat en temps de guerre...
Nathalie COLETTE-BASECQZ, chargée de cours à la Faculté de droit
de l’UNamur et avocate au barreau du Brabant wallon, nous propose un regard
juridique, dans un exposé portant sur « Le choix des moyens et méthodes de
guerre : les limites imposées par le droit international humanitaire ». Le droit
international humanitaire permet de dégager, parmi les actes de guerre, plusieurs formes de « l’humainement inacceptable ». Sont ainsi interdits les moyens
et méthodes de guerre qui portent atteinte aux personnes et biens spécialement
protégés, de même que ceux qui, bien que dirigés contre des combattants, produisent des effets traumatiques excessifs ou indiscriminés.
Dans un exposé intitulé, « Les robots, les hommes et la paix. Esquisse
d’une évaluation éthique de la robotique contemporaine », Dominique LAMBERT, professeur au Département de Philosophie de la Faculté de Philosophie
et Lettres de l’UNamur, quitte le domaine juridique, pour entrer dans celui de
l’éthique. La question qu’il se pose est au premier abord paradoxale, « Un robot
peut-il être moral ? » Dans le domaine de la sécurité, de la défense, comme dans
celui de la finance, une autonomie de plus en plus grande est conférée aux systèmes robotisés. Récemment, des recherches ont été menées pour tenter de
conférer aux robots des capacités de « décision » ou de « jugement ». Que penser
de ce projet de constitution de « Moral machines » ? La réponse à cette question
s’éclaire en rencontrant les objections logiques et philosophiques qui se dressent
contre ce projet de fabrication de robots censés disposer de capacités éthiques.
Enfin, dans sa contribution, « Où en sont les capacités robotiques militaires », Marie-des-Neiges Ruffo, doctorante en philosophie (Paris-Sorbonne et
Université de Namur), membre du GERER (Groupe Européen de Recherches en
Ethique et Renseignement) et qui a participé activement aux débats de la conférence de l’ADANam, nous permet de prendre conscience de l’ampleur et du
niveau des moyens robotisés dont peuvent disposer aujourd’hui certaines armées et leurs services de renseignement. Ce panorama montre l’urgence et
l’importance des questions juridiques et éthiques posées par les robots de sécurité, de renseignement ou de défense.
Ces différents articles visent à offrir au lecteur un certain nombre d’outils
conceptuels leur permettant de comprendre, en les situant dans une perspective historique, les enjeux juridiques, anthropologiques et éthiques de l’emploi
de moyens robotisés dans les conflits d’aujourd’hui et de demain.
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Les auteurs
Historien de formation, Mathias André
travaille depuis trois ans à l’Université de
Namur comme assistant du professeur Bruno
Colson dont il encadre le cours d’Histoire
constitutionnelle et régimes politiques au sein
de la Faculté de droit. Ses recherches portent
principalement sur les penseurs militaires
novateurs de l’entre-deux-guerres et il entame
actuellement une thèse de doctorat consacrée
au général belge Raoul Van Overstraeten.
Nathalie Colette-Basecqz est chargée de
cours à la faculté de droit de l’Université de
Namur. Elle enseigne le droit pénal, le droit de
la procédure pénale et le droit humanitaire pénal.
Elle est membre du centre de recherche « Vulnérabilités & Sociétés ».
Elle est aussi avocate au Barreau du Brabant
wallon
Dominique Lambert est docteur en physique
et en philosophie. Professeur à l’Université de
Namur et membre de l’Académie royale de
Belgique (Classe des sciences), ses recherches
portent sur l’histoire et la philosophie des
sciences, mais également sur l’éthique de la
robotique, dans les domaines de la sécurité et
de la défense
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Marie-des-Neiges Ruffo est doctorante en
philosophie en co-tutelle internationale de
thèse auprès des professeurs Dominique Lambert et Jean-Michel Besnier, respectivement de
l’Université de Namur et de l’Université ParisSorbonne (Paris IV). Ses recherches en éthique
portent sur les questions de défense et de sécurité, ainsi que sur les nouvelles technologies et la
protection de la vie privée. Membre du GERER
(Groupe Européen de Recherches en Ethique et
Renseignement), elle est titulaire d’un Master I
et II en philosophie de la Sorbonne (Paris IV) et d’un Bachelor en philosophie
de l’Université de Namur (FUNDP).

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