Avril

Transcription

Avril
Bob Ruud, Principal : [email protected]
La Lettre du Principal
Réflexions
par Bob Ruud
Avril 2013
Un point Montessori : test, un, deux, trois…
Il existe des conceptions erronées quant à la méthode Montessori. Pas tant dans notre entourage immédiat que dans
le reste du monde. Quelques-uns pensent que Montessori est un concept religieux. J’ai également entendu dire que
dans les écoles Montessori les enfants font uniquement ce qu’ils veulent. Et aussi que dans les écoles Montessori il
n’y a pas d’évaluations, voire que les enseignants y sont fermement opposés.
Qu’ils le veuillent ou non, les gens recueillent des preuves en permanence puis recourent à un raisonnement
logique pour tirer des conclusions à partir des preuves accumulées. Les gens déduisent donc sans doute que parce
que de nombreuses écoles Montessori sont installées dans les sous-sols d’églises, elles doivent être des écoles
religieuses affiliées à l’église. Peut-être que certaines personnes vont même jusqu’au syllogisme que tous les
Italiens sont catholiques, et comme Maria Montessori était italienne, il en résulte que…
Des personnes visitent une école, et voient les enfants assis à des pupitres individuels, remplissant en silence des
fiches, ou assis lors d’une leçon et captant passivement des informations, tous dans la même classe, tous au même
niveau, tous du même âge, assis dans la même direction, attentifs à l’enseignant(e) qui se trouve au centre de tout.
Certains doivent penser : voilà qui est bien ; c’est très organisé. D’autres ont peut-être un vague sentiment que tout
cela n’est pas aussi positif qu’on pourrait le penser…
Puis ces personnes visitent une autre école où les enfants sont en petits groupes à des petites tables ou à même le
sol, et parlent tout en manipulant des objets. Elles se demandent où se trouve l’enseignante – et la voilà elle aussi à
même le sol, à peine visible, parlant à voix basse à deux élèves et manipulant des objets sur un tapis. La plupart
pensent : c’est vraiment différent, et très chouette. D’autres se disent : « Eh bien, ces enfants font vraiment ce
qu’ils veulent ».
Les Montessoriens sont parfois accusés – parfois à juste titre, de répondre à des questions pratiques par des
platitudes. Dans le pire des cas, une conversation peut se dérouler ainsi :
Parent :
Et comment mon enfant progresse-t-il en mathématiques?
M. Platitude :
Eh bien, Jimmy possède un sens émergent de la numérosité, ce qui constitue une étape du
long processus de normalisation du développement.
Et comme nous ne faisons pas passer de tests traditionnels à moins d’y être forcés par les autorités chargées de
l’éducation, nous pouvons effectivement être considérés comme étant opposés au concept d’évaluation. Et voici
comment je contourne « l’étiquette » que l’on nous attribue [ce qui me vaudra peut-être d’être taxé de M.
Platitude] : cela dépend de ce que vous entendez par « évaluation ».
Si nous définissons l’évaluation comme étant le diagnostic du niveau de compétence d’un individu, les
Montessoriens ne s’y opposeront nullement. Et je peux affirmer avec conviction que nous ne sommes pas contre un
tel diagnostic. Au contraire. En fait, la structure fondamentale des présentations, ou leçons, dans l’éducation
Montessori, de la Maison des Enfants jusqu’au primaire et au-delà, consiste en trois parties, dont une est un tel
diagnostic. La raison de son importance est que nous croyons que le travail indépendant est essentiel au
développement. Et les enfants ne peuvent pas travailler seuls et réussir à moins d’avoir les compétences dont ils ont
besoin. Donc lorsque nous leur enseignons une nouvelle compétence, avant de les lâcher dans le monde, nous
établissons un diagnostic pour déterminer si oui ou non leur compétence est suffisamment établie pour leur
permettre de travailler seuls. En quelque sorte, nous les évaluons, lors de chaque leçon.
Nous croyons aussi qu’un portfolio du travail de l’enfant, ainsi que les observations d’un enseignant minutieux,
sont les preuves les plus fiables du niveau atteint par un enfant et de ses progrès (où il en était comparé à où il en
est maintenant).
Cela dit, au niveau élémentaire, nous sommes soumis à des tests externes, et plus nous montons dans les classes,
plus les tests deviennent importants. Nous nous y soumettons avec le sourire, puisque nous vivons dans le monde
réel – et non pas un monde féérique. Nous examinons le contenu des tests (ou ce qui s’en rapproche le plus, si c’est
tout ce que nous sommes autorisés à faire). Nous étudions le type de test. Nous prenons note du temps imparti et
nous planifions la préparation des tests. Nous simulons l’expérience traditionnelle de l’évaluation pour les enfants.
Nous leur enseignons tout ce que nous savons à propos des tests même si nous ne ferions pas ce genre de test si
nous n’en avions pas le devoir. La réussite de nos élèves lors de ces tests est une mesure importante de notre
réussite. Nous voulons qu’ils réussissent. Donc nous nous préparons, et nous les préparons.
Et nous essayons de le faire sans compromettre nos principes Montessori, ce qui peut ressembler à une opposition à
l’évaluation. Il n’en est rien. Les évaluateurs traditionnels cherchent à obtenir de l’information sur les
connaissances et les compétences d’un enfant. Nous effectuons cette même recherche lors de toutes les leçons que
nous donnons. Et de plus nous leur fournissons également leurs outils de recherche. Parce que nous y sommes
obligés, c’est vrai, mais aussi parce que nous avons le devoir de préparer nos élèves à réussir toutes les tâches
qu’ils entreprennent, y compris à effectuer des tests traditionnels.
Avez-vous envie de parler davantage de ceci ? Alors, venez assister à ma conférence le 22 avril à 19 heures : test,
un, deux, trois…
Mais où ai-je déjà entendu cela ?
Souvenez-vous de John Dewey qui affirmait que : « L’éducation n’est pas une préparation à la vie; l’éducation est
la vie elle-même. » Nous devons aller à l’école … ou vivre une vie – ou serait-ce le contraire, je ne sais plus !
Bob