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Aventures en vrac : 2,95€/kg De toutes les aventures que je vais vous raconter, si tant est que vous soyez disposés à les entendre, à les lire devrais-je dire, ou les apprendre par quelque moyen de communication que ce soit, et en imaginant que celles de mon élection sauront satisfaire votre curiosité, puisqu’après tout, en choisir parmi l’immense catalogue de toutes ces aventures dont je dispose, que j’ai évidement triées par ordre alphabétique bien que l’ordre chronologique puisse sembler plus adéquat dans une configuration semblable à celle précédemment décrite et que je suis sur le point de narrer relève déjà d’une aventure à part entière, sachez qu’aucune ne saurait vous laisser indifférent. Aventure, aventure, je dois avouer qu’il est un peu présomptueux de ma part d’attribuer le terme à ce que je vais vous conter, parce que l’aventure ça fait quand même un peu rêver c’est vrai, c’est épique et plein de guerriers une aventure, ou bien sensuelle et torride, ou ça donne des frissons, de peur, d’adrénaline, de suspens quoi !Bref dois-je vraiment les appeler comme tel, ne sont-ce pas après tout que de vulgaires faits-divers justes bons à couvrir les unes des polaroïds ? Encore faudrait-il que mon être soit l’objet d’attention journalistique, répondrez-vous très justement. Mais c’est que j’ai peur de vous décevoir si j’annonce aventure et que je conte fait-divers. Vous comprenez mon dilemme ? Bien sur il n’a rien de Cornélien, et soyez surs que Rodrigue eut préféré un dilemme de cette trempe, et il est bien plus difficile de devoir choisir entre un fondant au chocolat avec son cœur coulant au caramel au beurre salé laissé précisément 9 minutes au four à 210° ou thermostat 7, parce qu’il existe un lien très simple entre le thermostat et la température qui consiste a multiplier le thermostat par 30 pour avoir la température ou diviser la température par 30 pour obtenir le thermostat équivalent, ce qui a mon sens est nettement plus difficile, mais ne voulant présupposer de rien je laisse libre a chacun l’élection de son mode de calcul, ou un crumble au pommes et fruits rouges façon « gouter dominical chez mamie » dont elle seule détient le secret du croquant parfait lorsque le choix du dessert se présente. Heureux celui qui peut choisir en de telles circonstances de ne pas choisir et d’engloutir tour à tour ou simultanément si la capacité d’ouverture buccale le permet, les deux mets savoureux précédemment évoqués. Je m’égare semble t’il. De toutes les aventures que je vous raconte, prenez surtout le plus grand soin de n’en répéter aucune, non pas que le secret les gardent, ni que je sois à ce point pudique, parce que c’est vrai si c’était le cas je ne serais pas là à vous offrir mes aventures en pâture. Vous savez qu’on dit que les récits d’aventures nourrissent l’imaginaire, ce n’est pas si idiot de parler de pâture, bon j’accorde que la référence est assez bovine, loin de moi l’idée et plus loin encore le fantasme de raconter mes aventures à des bovidés, et je ne voudrais surtout pas faire preuve de discrimination, ni paraitre hautaine mais je considère que mes aventures, MES aventures méritent mieux qu’un public ruminant : je retire l’offre de pâture. Je disais donc qu’il serait raisonnable de ne pas dévoiler le contenu de ce récit, je comprends parfaitement que l’envie vous titille déjà d’aller parler de mon histoire au nord est et au sud ouest, de la souffler aux vents dominants pour qu’ils l’emmènent loin avec eux, mais voyez, à vous je fais confiance, on se connait bien maintenant, ça doit faire un vingtaine de lignes que vous êtes dans ma tête et un vingtaine de lignes que je vois vos petits yeux brillants collés sur l’écran, d’ailleurs c’est pas bon de regarder d’aussi près, je vous conseil de prendre un peu de distance, et ce à tout point de vue. Et puis c’est sans compter que vous aller sans doute un peu déformer mes propos, oh sans mauvaises intentions j’en conviens, mais un détail qui saute, une virgule qu’on transforme en point, une parenthèse oubliée, un souffle court, une envie de faire pipi et c’est fichu ! On perd le sens général, on oublie le pourquoi du comment déjà on en est arrivé là, on tourne, on vire, on chavire et on raconte des pseudos aventures qui n’en sont pas ! Attention de ne pas tomber dans ce piège là amis lecteurs … C’est pour cette raison très simple que je préfère raconter moi-même mes aventures, au moins, je suis sur qu’elles tombent entre de bonnes oreilles et qu’elles ne seront pas déformées pour informer. De toutes les aventures que je vous ai racontées j’espère que vous garderez un souvenir, je n’ose le qualifier de bon, mais appréciez néanmoins l’honneur qu’il vous a été fait de pénétrer pour quelques temps dans le très fin fond des pensées et informations très personnelles de ma personne : mon système de classification de l’information cérébrale, mon gout pour le théâtre classique et les desserts, surtout ceux de ma mamie, mon aversion bovine, aussi aurez-vous peut-être noté que mon cerveau est un vaste fourbi où un militaire ne trouverait même pas ses chaussettes, et Dieu sait que de mettre des rangers sans chaussettes ne doit pas être très agréable, je me réfère en premier lieu à la formation d’ampoules dues au frottement de la chaussure rigide contre la peau souple du pied qui peut se révéler très douloureux et pour le moins assez inconfortable ; problème aisément remédiable par ajout d’un pansement aussi efficace en prévention qu’en guérison dont la marque, que je ne peux citer pour des raisons évidentes de droit à l’image, commence par Com et se termine par peed ; et dans un second temps à l’odeur provoquée par l’activité intense du militaire dans sa mission de défense de la nation produisant un échauffement de la paroi plantaire se traduisant par une odeur nauséabonde. Il reste cependant un tas d’aventures dont je n’ai pas parlé, mais je n’en ferais rien parce que le moins faux dans cette histoire c’est qu’à moi il n’arrive jamais rien, ni fait-divers ni aventure, rien, et parce que la parole est d’argent mais le silence d’or, ou bien je me tais ou alors je m’évanouie dans les ténèbres.