aux opposants congolais : ni la france, ni la chaise - (DAC)

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aux opposants congolais : ni la france, ni la chaise - (DAC)
AUX OPPOSANTS CONGOLAIS : NI LA FRANCE, NI LA CHAISE VIDE… AGISSONS !
Écrit par Vivien Romain MANANGOU
Mardi, 28 Octobre 2014 15:11 - Mis à jour Mardi, 28 Octobre 2014 15:20
Les burkinabés le savent désormais ? Il ne suffit pas de dire qu’un président-sortant est un
dictateur pour obtenir l’assentiment ou l’appui de la communauté internationale. Il s’agit plutôt
d’un piège qui conduit le novice à l’inertie, attendant l’appui des puissants, oubliant que la seule
chose qui compte dans les rapports entres Etats sont les intérêts.
Nous sommes en réalité au début d’un processus de décomposition des systèmes politiques
africains, dans lequel, le rôle du peuple est beaucoup plus important que celui des « partenaires
internationaux ‘’, plus soucieux de réaliser un profit affairiste que de soulager des peuples sous
le joug de la mauvaise gouvernance depuis des lustres.
A cet égard, à en croire la radio Africa n°1 ( http://www.africa1.com/spip.php?article48805 ),
citant l'African Press Organisation (APO) et le site Burkinabè (
http://www.lefaso.net/spip.php?article61386
), la sortie du Quai d’Orsay en réponse à celle du Gouvernement Burkinabè annonçant
l’examen d’un projet de loi, visant la révision de l’article 37 du texte fondamental pour faire
sauter la clause limitative du nombre de mandat présidentiel est assez édifiante et mérite qu’on
s’y attarde quelques minutes.
La France aurait fait le choix de la stabilité et non des principes
Ceux qui rêvaient encore d’un appui de la France pour véritablement empêcher le processus en
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cours doivent se mordre les doigts à la suite de la ‘’déclaration du Quai d’Orsay’’. Il ressortirait
de cette intervention que la France aurait fait le choix de la pédagogie au lieu de recourir à la
contrainte. En effet, dans cette déclaration digne d’une tragédie grecque : le porte-parole du
Ministère français des affaires étrangères rappelle que la France est : « attachée au respect
des principes définis par l’Union africaine sur les changements constitutionnels visant à
permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir ». On a bien le sentiment qu’en pointant le
respect de la Charte africaine, la France veut se dédouaner de toute responsabilité, en incitant
les africains à s’entendre sur des éventuelles modifications constitutionnelles sous l’égide de
l’Union africaine.
Il s’agirait d’une trahison pour deux raisons principalement : en premier lieu, la Charte de
l’Union n’est pas le texte le plus adapté pour contraindre au respect des institutions. En effet,
comme tous les instruments issus d’un consentement entre les Etats, elle fait une synthèse
molle entre des principes contradictoires. Dans ce sens, le point g de l’article 3 qui pose les
objectifs de la Charte, dispose que la Charte vise à : «promouvoir les principes et les institutions
démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ». Dans le même sens, le
point de l’article 4, concernant les principes prévoit la « Condamnation et rejet des
changements anticonstitutionnels de gouvernement ». Il est donc clair que le processus actuel
de déconstitutionnalisation des clauses limitatives de mandats présidentiels porte atteinte à la
Charte. Mais en même temps, le point g du même article 4 pose le principe d’une «
Non-ingérence d’un Etat membre dans les affaires intérieures d'un autre Etat membre »,
comment dès lors empêcher les Burkinabès ou les congolais de violer leurs textes
fondamentaux ? Par ailleurs, la Charte se limite à une condamnation et un rejet, cette
expression ne semble pas dissuader les tenants des révisions constitutionnelles opportunistes.
En second lieu, la Commission africaine, chargée de faire respecter la Charte semble avoir
choisie le côté du syndicat des chefs d’Etats. En effet, dans un entretien sur RFI, la présidente
Dlamini-Zuma s’est montrée plus que coopérative avec les principes. A la question de savoir si
au bout de 20 ans, un chef d’Etat doit partir ou non, celle-ci a déclaré à RFI (Radio France
internationale) qu’en Allemagne par exemple, « la Constitution ne fixe aucune limitation au
nombre de mandats du chancelier. C’est le peuple qui décide. Je ne crois pas que la
Constitution allemande soit méprisable parce que le chancelier peut faire trois ou quatre
mandats. Le jour où les Allemands ne seront plus d’accord avec ces dispositions, ils la
changeront ». C’est dans ce contexte que la France fait le choix de recourir à la Charte de
l’union… une fuite en avant dans la mesure où, elle pouvait recourir à d’autres moyens de
contrainte et notamment sur le portefeuille, les visas et surtout la dissuasion militaire. Au lieu de
cela, c’est clairement le choix de la stabilité qui est fait au détriment des principes.
L’opposition au Burkina Faso, bien plus crédible qu’au Congo, parvient à faire des grandes
manifestations, à rallier le peuple à sa cause. Par ailleurs, elle a été rejointe par de nombreux
cadres du parti présidentiel renforçant sa crédibilité et pouvant donc mener une bataille
politique populaire contre le projet gouvernemental. A cet égard, l’ordre à la désobéissance
civile qu’elle a lancée sera un texte pour juger de sa capacité à mobiliser la population autour
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du rejet du président du Faso après plus de vingt ans aux affaires d’Etat.
- L’entre-soi : nous nous réunissons entre nous, une opposition élitiste, coupée de sa base
populaire, incapable de répondre aux aspirations profondes du peuple congolais. L’entre-soi est
valable tant au pays que dans la Diaspora. A titre d’illustration, combien des congolais, qui
bossent de façon effrénée en France pour pouvoir envoyer, parfois le tiers de leur revenu au
Congo, savent ce que sont les assises ? dans le même sens, comment expliquer l’absence
d’engouement populaire pour les dirigeants de l’opposition locale, notamment les historiques ?
le tribalisme, l’intellectualisme, le refus de changement générationnel sont autant d’éléments qui
conduisent à l’entre-soi.
- Ôte-toi de là que je m’y mette : nous nous complaisons dans la critique facile, l’absence
d’affrontement programmatique avec le pouvoir, le refus du débat. Disons-le, quel dirigeant de
l’opposition sur la base d’un programme sérieux est capable aujourd’hui de gouverner et de
faire mieux que le pouvoir actuel ? en réalité, nous demandons l’alternance comme s’il
s’agissait d’une simple formalité naturelle. Le fameux ‘’c’est notre tour’’ exprime parfaitement
l’état d’esprit de certains opposants. L’échec patent et incontestable du pouvoir devrait conduire
le peuple congolais à se tourner massivement vers l’opposition. Or, au lieu de cela, le peuple
abandonne la politique, se détourne, n’y croit plus et balance… « tous les mêmes ». Le taux
élevé d’abstention ne s’adresse pas qu’au pouvoir, il concerne en premier chef aussi
l’opposition. En voulant simplement la place du PCT sans démontrer en quoi elle ferait mieux,
l’opposition se ringardise et devient partisan du Ôte-toi de là que je m’y mette, c’est un peu
court pour faire un programme politique de gouvernance.
- Le passéisme intellectuel, il est temps d’arrêter de faire appel au passé pour construire
l’avenir. Disons-le une fois pour toute, la référence à la mort de Ngouabi, à la conférence
nationale et autres… ne peut permettre de mobiliser une population essentiellement jeune,
souvent préoccupée par le chômage, la santé et l’absence de formation professionnelle…
l’opposition se saisit essentiellement des questions institutionnelles, mais les congolais
attendent-ils simplement le changement de la Constitution ? Ils veulent surtout savoir si la
gouvernance de l’opposition permettra de créer des emplois et comment. Nous nous
contentons de contester le recensement, alors qu’en même temps, nous ne disons rien sur le
chômage massif des jeunes. Nous réclamons mordicus une Conel indépendante, quid de
l’amélioration du système de santé congolais ? Mon propos n’est pas de dire qu’il faille
délaissée les questions institutionnelles, bien au contraire, elles sont à la base de la
démocratie. Mais, elles donnent aussi l’impression que nous voulons le pouvoir pour nous.
Alors que les questions sociales répondent mieux aux attentes de nos populations.
Proposons un paquet institutionnel dans lequel figurera un nouveau statut pour la Conel, un
nouveau recensement, un statut de l’opposition et des autres contre-pouvoirs (presse, syndicat,
associations), une certification des résultats électoraux par la communauté internationale, un
nouveau rapport entre les pouvoirs politique, militaire et judiciaire. Proposons la
contractualisation des rapports sociaux en donnant par exemple un statut au travail informel ;
militant pour la mise en place d’une véritable sécurité sociale pour tous les congolais ; une
allocation pour les jeunes et les personnes âgées sans retraites ; veillant au respect de
l’obligation scolaire constitutionnelle jusqu’à seize ans…
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Que reste-il aux opposants ?
La situation ne semble pas la même dans les différents cas :
Quant à l’opposition congolaise, il est triste de constater qu’elle est minée par trois maux
principalement :
Construire cette opposition audacieuse, courageuse et ambitieuse
Opposant aujourd’hui, en responsabilité demain, tel doit être l’ambition de tous. Nous ne
pouvons demeurer éternellement dans l’opposition – car comment mettre en place nos idées et
ainsi améliorer la vie de nos concitoyens en étant éternellement dans l’opposition ? La question
semble futile, mais en réalité elle est d’une pertinence irréfutable au vue de notre attitude
vis-à-vis de la chose publique. La radicalité doit être mise au service des congolais, non pas
pour flatter son propre égo.
L’heure est donc venue de se rassembler et de privilégier le dialogue : nous devons être
ouverts au dialogue, mais intransigeant sur les respects des principes. La politique de la chaise
vide, du dos rond, conforte le pouvoir dans sa volonté d’isoler l’opposition sur la scène nationale
et internationale. La démocratie est toujours plus forte que l’intimidation, posant nos idées sur la
table - disons-le haut et fort, la question essentielle n’est pas la modification de la
Constitution-toujours possible – dès lors que le peuple consente. Le vrai débat concerne le
blocage du système politique au profit du seul PCT.
Ouvrons le débat pour faire gagner notre Congo, alors, les générations futures se rappelleront
de cette opposition qui posa les bases d’un nouveau Congo uni, démocratique et prospère.
QUE VIVE LE DEBAT
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