Evaluation de la politique nationale de lutte contre l`infection dans
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Evaluation de la politique nationale de lutte contre l`infection dans
INT J TUBERC LUNG DIS 16(1):82–89 © 2012 The Union Evaluation de la politique nationale de lutte contre l’infection dans les hôpitaux de prise en charge de la tuberculose multirésistante en Afrique du Sud J. E. Farley,* C. Tudor,* M. Mphahlele,† K. Franz,* N. A. Perrin,‡ S. Dorman,§ M. Van der Walt† * School of Nursing, Johns Hopkins University, Baltimore, Maryland, USA ; † South African Medical Research Council, Cape Town, South Africa ; ‡ Center for Health Research, Kaiser Permanente Northwest, Portland, Oregon, § School of Medicine, Johns Hopkins University, Baltimore, Maryland, USA RÉSUMÉ C O N T E X T E : L’importance des mesures de lutte contre l’infection (IC) dans les contextes de soins de santé où se trouvent des patients infectés par Mycobacterium tuberculosis a été soulignée par plusieurs mini-épidémies récentes liées aux soins de santé en Afrique du Sud. O B J E C T I V E : Mener une évaluation opérationnelle de l’IC dans les contextes à tuberculose (TB) résistante aux médicaments au niveau national. M É T H O D E S : Étude descriptive transversale menée entre juin et septembre 2009 dans tous les services de TB multirésistante et ultra-résistante (TB-MR/XR) en Afrique du Sud. On a complété les interviews structurées avec les informateurs-clé par l’observation des pratiques effectives d’IC. On a demandé aux travailleurs des soins de santé (HCW) de compléter un questionnaire anonyme sur leurs connaissances, attitudes et pratiques (KAP). On a utilisé une modélisation à niveaux multiples pour prendre en considération les relations entre le centre et les variables de niveau des HCW. R É S U LTAT S : On a recruté 24 services de TB-MR/XR (100%). Il y a eu des variations importantes entre services en ce qui concerne l’infrastructure du service et l’adhésion du personnel aux recommandations d’IC. Des interviews avec les informateurs-clé n’ont pas concordé avec l’observation directe des pratiques dans l’ensemble des contextes. Au total, 409 HCW ont été recrutés pour l’évaluation KAP. Des niveaux plus élevés de formation clinique sont en association avec une meilleure connaissance de l’IC (P < 0,001), avec des attitudes plus appropriées (P < 0,001), et une diminution du temps passé avec les patients qui toussent (P < 0,001). Les pratiques d’IC ont été médiocres dans toutes les disciplines. C O N C L U S I O N : Ces observations démontrent une nécessité nette d’amélioration et de standardisation de l’infrastructure IC dans les contextes à TB résistante aux médicaments en Afrique du Sud. M O T S - C L É S : TB-MR ; TB-XR ; lutte contre l’infection ; Afrique du Sud LA TUBERCULOSE (TB) atteint chaque année des millions de personnes et représente ainsi un fardeau mondial. La menace croissante représentée par la TB multirésistante (TB-MR) et la TB ultrarésistante (TB-XR) donne un nouveau caractère d’urgence à ce problème. L’Afrique du Sud est le pays qui a l’incidence mondiale la plus élevée de co-infection de la TB et du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). L’Afrique du Sud se situe parmi les trois premiers pays ayant la plus forte prévalence de TB à germes résistants.1 Comme dans de nombreux pays, les patients sud-africains atteints d’une TB à germes résistants sont admis dans des services hospitaliers pour la mise en route du traitement de la TB-MR et de la TB-XR, où ils sont hospitalisés pendant la phase intensive. S’il est vrai que ce système facilite une approche standardisée du traitement, il a pour inconvénient de concentrer sur un site unique les patients présentant une résistance aux médicaments antituberculeux. Plusieurs études ont montré dans un tel système une transmission de la TB-MR ou de la TBXR entre les patients eux même ainsi qu’une transmission au personnel de santé (PS).2–5 Plusieurs études menées dans les pays à revenu élevé ont montré qu’un programme de lutte contre de l’infection (CI) bien conçu et bien mené réduit le risque de transmission de la TB.6–12 Cependant il serait difficile de mettre en œuvre les techniques de CI des pays à revenu élevés dans les pays à revenu faible et intermédiaire. En effet le PS exerce dans ces pays avec une formation limitée en CI. 3,13–15 Par ailleurs les mesures administratives, les mesures environnementales Auteur pour correspondance : Jason E. Farley, Johns Hopkins University School of Nursing, Room 450, 525 N Wolfe Street, Baltimore, MD 21205, USA. Tel: (+1) 410 502 7563. Fax: (+1) 410 955 7733. e-mail: [email protected] [Traduction de l’article : « A national infection control evaluation of drug-resistant tuberculosis hospitals in South Africa » Int J Tuberc Lung Dis 2012; 16(1): 82–89. http://dx.doi.org/10.5588/ijtld.10.0791] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease et le materiel de protection du personnel (MPE) sont le plus souvent inadéquats.16,17 En dehors des exercices de modélisation mathématique basés sur des interventions menées dans les pays disposant de bonne ressources en santé,18 les évaluations de l’impact des mesures de CI sont rares dans les pays à ressources limitées. En Afrique du Sud, des directives nationales et provinciales de CI ont été adaptées afin de mettre en œuvre des mesures de CI ;19 cependant, aucune évaluation nationale de ces mesures ainsi que l’identification des défis opérationnels du CI dans les services de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR n’a pas été réalisée. Les différences entre les services de prise en charge demeurent peu connues notamment en termes de niveau d’infrastructures de la disponibilité d’un agent de CI et d’impact sur la connaissance, les attitudes et les pratiques (CAP). Afin de combler ce vide, nous avons évalué les mesures administratives, les mesures environnementales et le matériel de protection du personnel pour le CI à travers la connaissance, les attitudes et les pratiques, dans les neuf provinces de l’Afrique du Sud. PARTICIPANTS ET MÉTHODES Type d’étude Il s’agit d’une étude transversale qui a été menée de Juin à Septembre 2009. L’ensemble des 24 structures de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR étaient éligibles. Les structures incluses dans cette étude ont été sélectionné après des discussions avec chacune des Directions provinciales de la Santé. Un premier contact téléphonique a été effectué ou un courriel a été envoyé pour présenter l’étude. Ensuite une lettre a été envoyée à chaque structure pour planifier la visite. Des interviews ont été menés avec les personnes clés qui ont dirigé l’équipe dans le cadre du programme de lutte contre la TB au niveau de chaque structure : personnel administratif, médecins, infirmiers, personnel ayant des activités de santé au travail ou personnel chargé du CI. A la fin des interviews, l’équipe de recherche a inspecté les services afin d’évaluer les infrastructures de CI. Chaque structure a décrit a montré le fonctionnement de son processus d’admission, les méthodes de traitement, le recueil des crachats, la planification des sorties et les différentes étapes de la conduite du CI. Au cours du processus, l’équipe de recherche a observé les comportements de CI de chaque PS au sein de chaque structure. L’évaluation de l’infrastructure du CI a été réalisée en premier au cours de l’interview des personnes clés. Plus tard, les discordances ont été explorées grâce aux réponses écrites ou par l’évaluation des politiques/procédures sur lesquels reposaient leurs déclarations. Finalement, pour que l’infrastructure soit considérée par l’équipe comme existante, il fallait que chaque item de l’interview soit présent et mis en pratique dans les mesures administratives, présent et opérationnel dans les me- sures environnementales, puis présent et utilisé comme materiel de protection du personnel au cours de la visite des services de chaque structure. Contexte de l’étude et échantillonnage Tous les 24 services de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR du pays ont été invités à participer à cette étude. Chaque province ainsi que les services de TB-MR et de TB-XR ont donné leur accord écrit pour la visite du service. Dans chaque structure, nous avons interrogé un PS au cours de nos visites. L’évaluation de la CAP a été réalisée dans chaque structure grâce à un questionnaire individuel anonyme. Le PS était défini comme une personne ayant eu une formation médicale, un infirmier ou toute personne intervenant dans le domaine de la santé et qui était présente au cours de notre visite. Le PS devait savoir lire et comprendre le Zulu, le Xhosa, l’Afrikaans ou l’Anglais. Instruments de collecte des données Il n’existe aucun outil standard de collecte des données pour l’évaluation de la CAP dans le cadre du CI dans les structures de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR. Nous avons élaboré un questionnaire composé de 83 items pour évaluer le CI. Ce questionnaire a été élaboré en nous basant sur les directives et les recommandations du « Centers for Disease Control and Prevention » (CDC),20 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),21–23 du Ministère de la Santé d’Afrique du Sud,24 ainsi que sur des données de la littérature. Ce questionnaire explorait l’infrastructure administrative, environnementale et le matériel de protection du personnel. Un autoquestionnaire a été également élaboré afin d’évaluer les connaissances du PS sur le CI. Cet autoquestionnaire comprenait 73 items répartis comme suit : 10 items pour la connaissance, 25 items pour les attitudes, 4 items pour la pratique ; les 34 items restants ont recueilli des informations sur les caractéristiques démographiques, la formation et les perceptions de l’infrastructure du CI et ont comporté deux questions ouvertes. Les 10 questions portant sur la connaissance ont été divisées en questions à choix multiple (9 questions) et une question où il fallait répondre par vrai ou par faux. Les questions à choix multiple se présentaient sous forme de «sélectionnez la réponse correcte» ou «sélectionnez toutes les réponses applicables». Nous avons utilisé les règles suivantes pour coter les questions «sélectionnez toutes les réponses applicables» : si l’ensemble des sélections des participants était correct, mais si il/elle n’avait pas sélectionné la totalité des réponses correctes, la question était cotée comme correcte. Si toutefois, un participant avait sélectionné une réponse incorrecte dans la liste de choix, la question était cotée comme incorrecte. Nous avons ensuite classifié les attitudes en deux possibilités, appropriées ou inappropriées et le nombre d’attitudes appropriées a été calculé pour chaque PS. Lutte contre l’infection TB-MR/XR en Afrique du Sud Le questionnaire d’évaluation du CI ainsi que l’autoquestionnaire ont été revus par l’Unité de Recherche et d’Intervention sur l’épidémiologie de la Tuberculose de l’Afrique du Sud [Tuberculosis Epidemiology and Intervention Research Unit of the South African Medical Research Council (MRC)] et par un groupe d’experts en contrôle de l’infection de la TB. Le contenu et la pertinence des questions ont été discuté. Une étude pilote de la version anglaise des outils a été conduite auprès de six PS un hôpital de prise en charge de la TB-MR en Afrique du Sud. Les outils ont été donc revus de manière appropriée en se basant sur les résultats de cette étude. La traduction de l’outil a été réalisée par un service externe de traduction. La rétro-traduction et la revue de chaque traduction ont été réalisées en collaboration avec des personnes ayant pour langue maternelle les langues de traduction. Analyse statistique On a utilisé des statistiques descriptives pour décrire les services et les PS. Puisque les PS sont regroupés au sein des structures, les modèles hiérarchiques de régression (HLM 6.0, Scientific Software International, Lincolnwood, IL, USA, 2004) ont été utilisés pour étudier les relations entre les connaissances et les attitudes des PS et les pratiques de CI (collecte des crachats dans les salles, temps passé avec les patients tousseurs, durée d’utilisation d’un masque respiratoire, formation en matière de protocole respiratoire/ d’hygiène de la toux dans les salles) ainsi qu’avec la formation des travailleurs de soin de santé ([TSS] formation clinique, et formation antérieure en CI) ainsi qu’avec les variables concernant le niveau du service (existe-t-il un plan de CI, attribue-t-on 50% ou davantage du temps des infirmières à des obligations de CI, dépistage annuel de la TB, précautions prises au cours du recueil des crachats). Dans ce modèle, les connaissances, les attitudes et les pratiques de CI ont constitué les variables dépendantes. Les modèles hiérarchiques utilisent des erreurs standard robustes, ce qui rend compte du fait que les réponses provenant des PS dans un service peuvent être corrélées. Chacune des variables de prédiction a été testée dans des modèles séparés vu que le nombre de services était trop faible pour permettre d’utiliser des modèles à variables multiples. En outre, nous nous sommes intéressés à la relation de chacun des facteurs avec les variables dépendantes et non à la seule association pour chacun des facteurs (après contrôle pour les autres variables). Révision éthique et approbation L’étude a été revue et approuvée par le Comité d’Ethique du MRC, par le comité provincial de recherche de chacune des neuf provinces d’Afrique du Sud et par l’Institutional Review Board de la Johns Hopkins University. 3 RÉSULTATS Evaluation de l’infrastructure du CI au niveau des services L’ensemble des 24 services (100%) a été inclus dans l’étude. Les types de services évalués comportent 7 (29%) hôpitaux spécialisés en TB comportant des salles de TB-MR, 8 (33%) hôpitaux de district avec des salles spécialisées pour TB-MR, 8 (33%) services TB-MR avec des salles de TB-XR et 1 (4%) hôpital non spécialisé en TB qui abritait une salle de TB-MR. L’infrastructure d’un service a été évaluée pour déterminer les paramètres clés de CI disponibles dans l’ensemble du service et spécifiquement dans les salles pour TB à germes résistants aux médicaments (Tableau 1). Au niveau du service, 9 services (38%) disposaient d’un agent de CI à temps plein, 10 services (41%) disposaient d’une personne chargée de la supervision du CI mais ayant aussi d’autres responsabilités primaires et chez 5 (21%), il n’y avait aucun agent de CI au moment de la visite. Les interviews avec les agents de CI ont identifié que la majorité d’entre eux (17/19, 89%) ressentaient qu’ils n’avaient pas d’autorité pour influencer les modifications nécessaires à la protection des PS contre la TB. Une formation annuelle en CI était disponible à tous les niveaux du personnel dans neuf services (38%) et un plan écrit pour réduire la transmission de la TB chez les patients et chez les TSS présents dans 13 services (54%). Un comité de prévention et de lutte contre l’infection existait également dans 19 services (79,2%). Sur l’ensemble des TSS ayant fait l’objet de l’enquête, 78% (n = 350) affirmaient que leur service avait une infirmière de médecine du travail, alors que 63% (n = 275) affirmaient qu’ils bénéficiaient d’un dépistage annuel des symptômes de TB ; douze services (50%) menaient un dépistage annuel des symptômes de TB chez les PS. La mise en œuvre des mesures administratives était le plus souvent médiocre dans la majorité des services. Bien que tous les services disposaient d’indications pour éduquer les patients et les PS concernant l’hygiène de la toux, six seulement (25%) fournissaient des masques faciaux chirurgicaux et des poubelles pour les tissus et les déchets des patients. Une séparation physique des patients à bacilloscopie positive et des patients n’étant pas sous traitement (c’est à dire le regroupement en cohortes) était réalisée dans sept services (29%). L’expectoration était induite et/ ou prélevée dans presque toutes les salles. Deux salles seulement (8%) bénéficiaient d’une infrastructure facilitant une collecte appropriée, la première, une cabine mobile pour le recueil des crachats et l’autre, une zone extérieure pour recueil des crachats. La visite dans les salles par les membres de la famille est une pratique courante, deux services seulement (8%) mettant en œuvre une politique exigeant que les visites se fassent exclusivement à l’extérieur. 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 1 Infrastructure basique du CI au niveau des services dans les hôpitaux d’Afrique du Sud disposant de salles pour la prise en charge de la TB due à des germes résistants aux médicaments, juin–septembre 2009 Niveau du service Infrastructure de CI dans une salle pour TB résistante aux médicaments Infrastructure du CI* Administrative‡ Type de Agent Formation Plan service/ CI temps TSS écrit Service hôpital¶ plein CITB CITB Dépistage annuel sympt. TSS − − − − + − − + + − − + − − + + − − − + + + − − − − − − + − + + + − − + − − − + − + + + + + − + A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X TB TB Autre DR-TB District TB DR-TB DR-TB District Autre District DR-TB DR-TB District District Autre DR-TB District DR-TB District TB District TB DR-TB − − − − − − − + − − − + + − + + + + − + − + − − − − + − + − − + − − + + + + + + + − + + + − − − VCT Hygiène Recueil Visite offert toux Cohorte crachats famille Environmentale† EPP§ aux dans patients dans dans # TSS MV Fans NV UVGI MP salle BAAR+ salle salle N-95 Util** + + − − − + + − − − − + + + + + − + + + + + + + + − + − − + + − − − − − − − − − + + + − − − + − − − + − − + − − − − − + − − + + − + − − + − − − − + + + + + − − − + − + + + − + + + + + + − + − + + + − + + + − + + + − − − − − − − − − + + + + − − − − + − − − + − − − − − − − − + − − − − − − − − − − + − − + − − − − − − + + − + − − − − + − − − + + + − − − − − − + − − + − − − − − − − + + − − − − + − − − − − − − + − − − − − − − − − − − − − − − − − − − + − − − − − − − − − − − − − − + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + − − + − − − − − − + − − − − − − − − − + − − − − − * + = L’infrastructure est présente et signalée par les informateurs-clé au cours des interviews structurées. † + = Le système environnemental est présent et opérationnel le jour de la visite. ‡ + = Une politique ou procédure écrite sur le problème administratif ET une revue parallèle des pratiques notées dans la revue des observations. § EPP = Equipement protecteur présent. ¶ TB = Hôpital spécialisé en TB comportant des salles DR-TB ; District = hôpital de district avec salles TB/DR-TB ; Autre = hôpital spécialisé avec une salle DR-TB ; DR-TB = présence d’un service spécialisé en TB résistante aux médicaments. # Cohorte = séparation physique ; BAAR + = frottis positif pour les bacilles acido-résistants. ** Util = tout le personnel porte un N-95 dans la salle. CI = contrôle d’infection ; TB = tuberculose ; EPP = équipement de protection du personnel ; TSS = travailleur de soins de santé ; CITB = contrôle de l’infection pour la TB ; VCT = accompagnement et test volontaires ; MV = ventilation mécanique/système d’extraction ; fans = ventilateur à ailettes ou rotatif ; NV = ventilation naturelle ; UVGI = irradiation germicide aux UV (en haut de la pièce) ; MP = plan d’entretien pour infrastructure environnementale ; DR-TB = TB à germes résistants aux médicaments. La majorité des services (67%) utilisent au maximum le potentiel de ventilation naturelle grâce à l’ouverture des portes et des fenêtres mais sans mécanisme de contrôle directionnel du débit aérien ; parmi ceux-ci, cinq seulement (31%) possédaient ou utilisaient des ventilateurs mobiles pour améliorer le mixage de l’air. Un système opérationnel de ventilation mécanique ou d’extraction existait dans huit services (33%). Nous avons noté l’utilisation d’une irradiation germicide aux ultra-violets (UV) dans 14 services (58%). Dans deux services (8%), nous avons noté l’existence d’un plan de nettoyage, de suivi et d’entretien pour ces interventions environnementales (à la fois les UV et la ventilation mécanique). Un équipement de protection du personnel était disponible de manière uniforme dans tous les services. Un service utilisait un masque respiratoire de qualité discutable et après investigation complémentaire, il s’avérait que ce masque était un respirateur N-95.25 Dans 21 services (88%) les PS à tous les niveaux de formation pénétraient dans les salles de TB comportant des patients à germes résistants aux médicaments sans respirateur N-95. Dans aucun service le test d’adaptation nécessaire à l’utilisation de ces respirateurs n’était disponible. De plus, lorsque les visites se produisaient dans les salles, aucun service ne mettait à disposition des visiteurs des respirateurs N-95. Les pratiques de CI observées directement n’étaient pas conformes aux pratiques signalées par les personnes clés interrogées dans l’ensemble des 24 services (100%). Un exemple principal de ce fait a été la collecte des échantillons de crachats en salle. Toutes les personnes clés avaient signalé que les échantillons de crachats étaient prélevés en dehors des salles et pourtant au moins un PS dans chaque service a signalé que les échantillons de crachats étaient recueillis à l’intérieur des salles en dépit des règlements s’opposant à cette pratique. Caractéristiques démographiques des TSS participant à l’enquête CAP Au total, l’évaluation CAP a enrôlé 499 PS. Le nombre moyen de participants a été de 20,8 par service. La majorité de l’échantillon (83,0%) était de sexe féminin et Lutte contre l’infection TB-MR/XR en Afrique du Sud Tableau 2 Caractéristiques démographiques du personnel de santé dans les services de TB-MR et de TB-XR en Afrique du Sud, juin–septembre 2009 (n = 499) Variable démographique Fréquence Age (n = 414) Age, années, moyenne ± DS [extrêmes] 41,9 ± 10,9 [21–66] Sexe Féminin 395/475 Niveau de formation en soins de santé Médecin/agent médical 42/443 Infirmière diplômée 176/443 Infirmière engagée 125/443 Assistant infirmier 85/443 Autre* 15/443 Années dans la position actuelle (n = 431) Années, moyenne ± DS [extrêmes] 8,5 ± 9,3 [0–42] Formation continuau cours des 12 derniers mois Formation au contrôle de l’infection spécifique à un moment quelconque % 83,2 9,5 39,7 28,2 19,2 3,4 130/419 31,0 145/440 33,0 * Différents types d’agent de santé, y compris les techniciens radiologistes, les travailleurs sociaux, les audiologistes et les physiothérapeutes. TB-MR= TB multirésistante ; TB-XR = TB ultrarésistante ; TB = tuberculose ; DS = déviation standard. avait un âge moyen de 41,9 ans. La majorité des personnes ayant répondu était des infirmières (39,7%) ; le nombre moyen d’années d’expérience en TB chez les participants a été de 8,5 années (Tableau 2). En dépit de nombreuses années d’expérience, 289 TSS (69,0%) n’ont signalé aucune formation continue en cours au cours des 12 mois précédents en matière de soins aux patients TB et une minorité (33,0%) ont signalé avoir bénéficié d’un certain niveau de formation en CI spécifique au service depuis l’arrivée à leur poste actuel. Connaissance Pour l’évaluation des connaissances, le nombre moyen de réponses correctes a été de 3,1 (extrêmes 0–9 ; Tableau 3) ; il y a eu une association entre un niveau plus élevé de formation clinique et les scores de connaissance en CI (P < 0,001). La participation à une formation en CI spécifique au service au cours des 12 mois précédents est associée avec des scores de connaissance significativement plus élevés (P = 0,003). Toutefois, aucune association significative n’a été retrouvée entre une meilleure connaissance parmi les PS participants et le fait de disposer d’un plan de CI pour le service, une durée de travail > 50% de l’infirmière de CI, une formation annuelle en matière de TB et la prise de précautions lorsque l’on assiste à la collecte des crachats (Tableau 4). Attitudes Elles varient considérablement selon les participants (Tableau 3). Etonnamment, 26,8% (n = 113) des participants sont d’accord avec le fait qu’il est acceptable de recueillir les échantillons de crachats dans les salles ; 32,2% (n = 148) ont signalé ne pas porter un 5 respirateur N-95, bien que 94,1% étaient d’accord sur le fait que le port d’un respirateur devrait être obligatoire ; 20,9% (n = 95) du personnel étaient d’accord sur le fait qu’ils fermaient les fenêtres la nuit ; 37,5% (n = 174) pensaient qu’ils fallait autoriser les visiteurs à pénétrer dans les salles ; et 41,5% (n = 188) étaient d’accord sur le fait qu’une motivation financière améliorerait leurs pratiques personnelles de CI. Un niveau plus élevé de formation clinique (c’està-dire le médecin et une infirmière diplômée) est en association avec des attitudes plus appropriées en matière de CI (P < 0,001). Les PS participant à des formations de CI spécifiques au service au cours des 12 mois précédents, le fait que le service dispose d’un plan de CI, la mise au travail pendant plus de 50% d’une infirmière CI, la formation TB annuelle et la prise de précautions au moment de la collecte des crachats sont associées à des attitudes plus appropriées parmi les PS participants (Tableau 4). Pratiques de contrôle de l’infection Les enquêtes au sujet des pratiques de contrôle de l’infection en rapport avec les soins des patients TB se sont limitées à quatre zones principales (Tableau 5) : 59% (n = 245) des participants ont signalé prélever les échantillons de crachats à l’intérieur de la salle ; 63% (n = 278) ont signalé passer au moins la moitié de leur journée clinique en contact direct avec des patients tousseurs ; et 72,0% (n = 322) ont signalé porter un masque respiratoire pendant au moins 50% de leur journée. La majorité (68,1%) des TSS ont signalé une formation exceptionnelle concernant le protocole respiratoire et l’hygiène de la toux dans les salles comme méthode permettant de limiter la transmission de la maladie. Aucune des variables testées n’a été en relation avec la collecte des crachats à l’intérieur des salles. Un niveau plus élevé de formation clinique (c’est-àdire médecin ou infirmière diplômée) est en association avec une durée plus courte du séjour auprès de patients tousseurs (P < 0,001) et une moindre formation des patients concernant le comportement respiratoire (P = 0,001). La participation des PS aux formations de CI spécifiques aux services était associée à une diminution du temps passé avec des patients tousseurs (P = 0,047) alors que la prise de précautions des PS quand ils assistent à la collecte des crachats était associée à une moins bonne formation des patients au protocole respiratoire (P = 0,005 ; Tableau 4). DISCUSSION A notre connaissance, il s’agit de la première étude à évaluer l’infrastructure nationale du CI dans les centres de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR en Afrique du Sud. Les résultats montrent la nécessité d’améliorer l’infrastructure du contrôle de l’infection dans les services de TB à germes résistants sur l’ensemble du territoire. L’infrastructure de CI varie considérablement d’un service à l’autre, certains services 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 3 Connaissance et attitudes des travailleurs de soins de santé en matière de contrôle de l’infection TB ; résultats de l’enquête (n = 499) en Afrique du Sud, juin–septembre 2009 Questions de connaissance (choix multiple et vrai/faux) 1 Lesquels parmi les suivants sont les effets indésirables de l’exposition aux rayons UV ? (Sélectionnez tout ce qui est applicable) 2 Quelle est la raison principale pour laquelle un travailleur de soins de santé développe une maladie TB (sélectionnez en une) 3 Lesquels parmi les suivants sont des symptômes de TB (sélectionnez tout ce qui est applicable) 4 Pendant combien de temps un patient atteint de TB doit-il être considéré comme contagieux ? 5 Comment un travailleur de soins de santé peut-il diminuer les risques de développer une TB dans un hôpital ou dans une policlinique pour patients ambulatoires ? 6 Quelles sont les parties du programme de contrôle de l’infection visant à prévenir la transmission de la TB dans les services de soins de santé 7 Sélectionnez les exemples de mesures environnementales de contrôle visant à la réduction de la transmission de la TB dans des contextes de soins de santé 8 Sélectionnez les exemples de mesures administratives de contrôle visant à réduire la transmission de la TB dans les contextes de soins de santé 9 Quelle est la différence entre une infection TB et une maladie TB ? 10 Vrai/faux : TB-XR est une maladie évitable par les travailleurs de soins de santé Questions en matière d’attitude (accord ou désaccord) 1 Il faudrait que les travailleurs de soins de santé portent des masques respiratoires lorsqu’ils soignent des patients atteints de TB à germes résistants aux médicaments 2 Les masques respiratoires ne protègent pas contre la TB-MR et la TB-XR même s’ils sont portés tout le temps 3 Je ne porte pas de masque respiratoire parce que mes patients n’aiment pas me le voir porter 4 C’est correct de prélever un échantillon de crachats dans la salle s’il fait froid et s’il pleut à l’extérieur 5 La plupart des infirmières et des médecins ont déjà été infectés par la TB et les mesures de prévention ne sont pas nécessaires 6 Mes pratiques de contrôle de l’infection se sont fortement améliorées depuis que j’ai été formé en matière de TB-XR 7 Je suis très soucieux concernant l’infection par la TB à germes résistants aux médicaments 8 Il m’arrive de ne pas porter un masque respiratoire même quand je sais qu’il faudrait le faire 9 Notre hôpital dispose d’une politique solide de contrôle de l’infection 10 Je ferme les fenêtres la nuit à cause de l’air froid qui rendait les patients plus malades 11 Il ne faudrait pas permettre aux patients atteints de TB-MR ou de TB-XR de recevoir des visiteurs dans la salle 12 Si un travailleur de soins de santé voit apparaître des symptômes de TB, il/elle doit être infecté par le VIH 13 Un travailleur de soins de santé doit minimiser la crainte de son patient en ne portant pas un masque respiratoire 14 L’équipement protecteur respiratoire utilisé correctement interfère avec mon travail 15 Mon hôpital est soucieux de ma santé et de ma sécurité 16 Je crois que je comprends bien la politique de contrôle de l’infection dans ma salle 17 Les travailleurs de soins de santé positifs pour le VIH ne devraient pas travailler dans les salles de TB à germes résistants aux médicaments 18 Si je vois apparaître des symptômes de TB, je ne le dirai à personne au travail car je pourrais être licencié 19 Il est correct de placer un patient infecté par le VIH dans la même chambre qu’un patient atteint de TB à germes résistants aux médicaments 20 Mon hôpital fournit un équipement et des finances pour limiter mon exposition à la TB 21 Ma salle n’a fréquemment pas les équipements nécessaires dont j’ai besoin pour me protéger 22 Je peux éteindre les ventilateurs s’ils deviennent trop bruyants ou s’ils provoquent la circulation d’air froid 23 J’ai été formé correctement par mon service concernant les mesures de contrôle de l’infection 24 Je suivrais probablement de plus près les précautions de contrôle de l’infection si j’avais un incitant financier à le faire 25 Les masques respiratoires ne vous protègent pas contre la TB-MR et la TB-XR Fréquence (% de réponses correctes) 13/309 (4,2) 113/466 (24,3) 63/486 (13,0) 120/433 (27,7) 88/479 (18,4) 302/457 (66,1) 58/420 (13,8) 160/430 (37,2) 331/451 (73,4) 277/457 (60,6) Fréquence (% de réponses correctes) 434/461 (94,1) 163/455 (41,4) 17/453 (3,9) 113/459 (26,8) 36/462 (8,2) 349/462 (75,5) 360/453 (79,5) 148/459 (32,2) 298/452 (65,9) 93/446 (20,9) 174/464 (37,5) 27/468 (5,8) 50/458 (10,9) 48/432 (11,1) 237/462 (51,3) 357/456 (78,3) 285/456 (62,5) 11/463 (2,4) 88/452 (19,5) 317/458 (69,2) 149/450 (33,1) 52/450 (11,6) 228/450 (50,7) 188/453 (41,5) 111/450 (24,7) * Pour le calcul du dénominateur de chaque question, les personnes répondant ‘pas d’opinion’ ont été retirées. Pour cette raison, le dénominateur total peut différer d’une question à l’autre. TB = tuberculose ; UV = ultraviolet ; TB-MR = TB multirésistante ; TB-XR = TB ultrarésistante ; VIH = virus de l’immunodéficience humaine. Lutte contre l’infection TB-MR/XR en Afrique du Sud 7 Tableau 4 Coefficients de régression pour les facteurs en association avec la connaissance, les attitudes et les pratiques de lutte contre de l’infection chez les travailleurs de soins de santé (n = 499) dans les salles de TB-MR et de TB-XR en Afrique du Sud, juin–septembre 2009 Niveau de formation clinique du TSS PS participant à une formation CI spécifique au service Le service possède un plan CI Le service dispose d’une infirmière CI ⩾50% du temps Le service organise chaque année un dépistage TB Le service veille à la prise de précautions par le TSS lorsqu’il aide à la collecte des crachats Connaissance Attitudes 0,605 P < 0,001 0,760 P = 0,003 −0,237 P = 0,216 −0,162 P = 0,376 −0,057 P = 0,759 −0,081 P = 0,683 0,578 P < 0,001 0,429 P = 0,085 −0,120 P = 0,691 0,038 P = 0,898 −0,041 P = 0,891 −0,248 P = 0,470 Collecte des crachats en salle Temps passé auprès de patients tousseurs 0,284 P = 0,567 4,087 P = 0,311 0,512 P = 0,428 0,637 P = 0,367 −0,626 P = 0,395 −0,396 P < 0,001 −0,448 P = 0,047 0,694 P = 0,333 0,098 P = 0,695 0,442 P = 0,083 0,102 P = 0,704 −0,007 P = 0,983 Formation Temps où protocole un masque respiratoire/ respiratoire hygiène de la toux est porté dans les salles −0,001 P = 0,996 20,067 P = 0,261 0,479 P = 0,285 0,315 P = 0,505 −0,495 P = 0,350 −0,093 P = 0,811 −0,326 P = 0,001 −0,122 P = 0,500 0,010 P = 0,956 0,244 P = 0,137 0,238 P = 0,146 −0,381 P = 0,005 TB-MR = TB multirésistante ; TB-XR = TB ultrarésistante ; PS = personnel de santé ; CI = contrôle de l’infection ; TB = tuberculose. Tableau 5 Pratiques de lutte contre l’infection TB signalées par les travailleurs de soins de santé dans les salles TB-MR et TB-XR en Afrique du Sud, juin–septembre 2009 1 Quelle proportion de vos collectes de crachats se produit dans la salle ? (n = 413) 2 Quelle proportion de votre poste/journée passez-vous dans une chambre/salle avec des patients tousseurs ? (n = 441) 3 Quelle est la proportion de votre poste/journée de soins pour patient TB où vous portez un masque respiratoire ? (n = 448) 4 A quel pourcentage de vos patients enseignez-vous les protocoles respiratoires et l’hygiène de la toux (n = 454) Jamais n (%) 10% n (%) 25% n (%) 50% n (%) 75% n (%) Presque toujours n (%) Non applicable n (%) 124 (30,0) 68 (16,5) 22 (5,3) 33 (8,0) 37 (9,0) 85 (20,6) 44 (10,7) 21 (4,8) 79 (17,9) 51 (11,6) 51 (11,6) 76 (17,2) 151 (34,2) 12 (2,7) 48 (10,7) 49 (10,9) 28 (6,3) 53 (11,8) 91 (20,3) 178 (39,7) 1 (0,2) 28 (6,2) 25 (5,5) 10 (2,2) 26 (5,7) 56 (12,3) 309 (68,1) 0 TB = tuberculose ; TB-MR = TB multirésistante ; TB-XR = TB ultrarésistante. n’ayant presqu’aucun CI alors que d’autres bénéficient d’un programme de prévention fonctionnant complètement. En général, l’absence d’attention aux pratiques de CI est particulièrement inquiétante car les recherches dans ce domaine ont montré l’existence d’une transmission entre patients.2,4 Une analyse récente des admissions hospitalières pour les patients TB-MR et TB-XR a identifié la transmission de souches résistantes aux médicaments aux PS assurant les soins dans tous les contextes de soins de santé.2,5 Ces données suggèrent la nécessité d’une amélioration complète du système de santé en matière de CI puisque nos observations identifient un environnement favorisant la transmission de la TB. Le système de santé d’Afrique du Sud a fait une tentative significative d’amélioration de l’éducation en CI et de formation des PS dans ces services, puisque 66% des participants à l’enquête ont signalé bénéficier d’une formation de contrôle de l’infection ; toutefois la majorité n’avait pas reçu une formation conti- nue sur les soins des patients atteints de TB. Alors que la présente étude ne s’intéresse pas à la sélection d’un régime TB-MR et TB-XR comme moyen de réduction de la contagiosité, les données émergent sur le fait que la clé principale du contrôle de l’infection TB est constituée par la sélection d’un traitement antituberculeux approprié ainsi que les modèles de soins réduisant la durée de séjour hospitalier.19,26 Pour arriver à une amélioration du contrôle de l’infection, nous devons informer les PS sur les techniques limitant la contagiosité, y compris des modèles alternatifs aux soins des patients à l’intérieur de l’hôpital ainsi que des régimes de traitement efficients entraînant un raccourcissement de la durée de contagiosité. Comme déjà décrit dans la littérature,15 un niveau plus élevé de formation clinique est en association avec une meilleure connaissance du CI et avec des attitudes plus appropriées. Un niveau plus élevé de formation clinique est aussi en association avec la réduction de la durée du temps passé avec les patients 8 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease tousseurs et de ce fait, une réduction théorique ou perçue du risque, ce qui pourrait expliquer le fait que les patients soient moins informés sur les protocoles respiratoires. En outre, nos données indiquent que le fait de bénéficier d’un plan de CI spécifique au service n’est pas associé à une meilleure connaissance du CI, ni à des attitudes ou pratiques plus appropriées parmi les participants. Ceci peut être dû aux membres du personnel clinique à un niveau plus bas qui passent un temps plus important dans les salles, sont moins susceptibles de bénéficier d’une formation du CI et sont moins informés concernant les plans de CI spécifiques au service. Ces observations suggèrent que la cible de l’éducation en matière de CI devrait se situer sur les individus ayant une formation clinique insuffisante et qui, selon nos observations, passent la plus grande partie de leur journée dans des situations à risque. Alors que nous croyons que l’éducation et la formation sont une composante-clé d’un solide programme de CI, nous avons observé un manque d’association entre la présence d’une infirmière dont les fonctions professionnelles comportent le CI et la connaissance globale du CI dans les services de traitement. Alors que cette observation est l’inverse des données provenant d’environnements de soins de santé bien financés qui démontrent qu’une connaissance meilleure est en association avec la formation au sein du service par les infirmières de CI,27 ce fait n’est pas surprenant dans cette situation. Nous pensons qu’il est possible qu’il soit en relation avec une préparation académique et théorique relativement médiocre des infirmières du CI. De plus les infirmières en charge du CI ont signalé un pouvoir institutionnel insuffisant pour organiser la formation obligatoire ou pour influencer les modifications institutionnelles. Le fait de donner aux infirmières le pouvoir d’influencer les modifications de pratique est mis en association avec des progrès majeurs des pratiques de CI dans tous les contextes de soins de santé28 et constitue une stratégie importante pour améliorer la sécurité des patients et des TSS en Afrique du Sud. Cette analyse a identifié que l’observation directe des pratiques de CI ne coïncide pas avec les pratiques signalées par les personnes clés. Des études de pratiques des PS dans les soins aux patients TB aux Etats-Unis avaient également identifié que l’adhésion à une politique de contrôle de l’infection tuberculeuse peut ne pas être observée dans la pratique.29,30 Quand les hôpitaux préparent des audits des programmes de CI, les évaluations du CI doivent inclure une observation directe des pratiques au pied du lit afin d’éviter la transmission due aux soins de santé et afin de garantir une concordance entre la politique et la pratique. Vu les risques résultant du fait de ne pas respecter de telles directives, un PS qui n’y adhère pas fait courir un risque à la fois à lui/elle-même et au système de soins de santé. Des stratégies s’imposent pour disséminer et former les PS concernant les plans de CI dans les services et pour évaluer en routine l’adhésion afin de s’assurer que les directives et les documents de politique sont bien respectés. Notre étude comporte plusieurs limites liées aux défis de la recherche opérationnelle dans un contexte dynamique de soins de santé. Premièrement, bien que nous ayons enrôlé l’ensemble des 24 hôpitaux (100%) comportant des salles de prise en charge de la TBMR et de la TB-XR, beaucoup de patients sont hospitalisés dans d’autres contextes de soins de santé pendant qu’ils attendent leur admission sur ces sites. Nous sommes incapables d’évaluer ces autres sites puisqu’ils n’étaient pas connus par l’équipe de recherche. Il est toutefois probable qu’une infrastructure ou des ressources de CI supplémentaires n’existent pas dans ces sites et nous sommes convaincus que notre évaluation reflète avec précision les pratiques de CI pour les patients dans l’ensemble du pays. Bien que nous disposions d’un large échantillon de PS, l’absence de signification pour les variables au niveau des services peut être la conséquence d’une faible puissance statistique dû au nombre relativement faible de services. Une autre limitation possible de cette étude résulte de son caractère transversal. Nous sommes capables de rapporter ce qui a été observé au cours de l’évaluation du CI le jour de la visite sur le site. Il pourrait y avoir des différences saisonnières ou des différences entre les équipes de jour et de nuit ou les équipes de week-end. Toutefois, comme il existait des similitudes d’infrastructure et de pratiques généralement médiocres en matière de CI d’un site à l’autre, ceci n’aurait probablement pas modifié nos conclusions. Il est important de noter que les structures incluses dans notre étude ont des infrastructures de CI bien financées par comparaison aux autres services où la TB à germes résistants aux médicaments est initialement diagnostiquée. La standardisation de l’infrastructure de CI à l’ensemble des services est un défi actuel significatif pour le système de soins de santé, mais une formation et une application appropriées de la politique et des procédures de CI sont essentielles pour veiller à ce que chaque PS et chaque patient bénéficient des mêmes chances de prévention de l’infection. Même dans des contextes à ressources suffisantes, l’adhésion aux pratiques de CI est souvent limitée et l’application doit être suivie à la fois par des professionnels du CI appartenant au système de santé et par les agences externes réglementaires. En Afrique du Sud, des comités de suivis du CI utilisant une méthode standardisée pour l’évaluation de l’infrastructure et de l’adhésion des PS à la politique et aux procédures du CI sont recommandés. CONCLUSION Dans la première évaluation nationale de la mise en œuvre et des défis opérationnels du CI dans les services Lutte contre l’infection TB-MR/XR en Afrique du Sud de prise en charge de la TB-MR et de la TB-XR, nous avons identifié la nécessité de standardiser à l’ensemble des services les ressources disponibles. Nous avons observé que les PS ayant le niveau le plus élevé de formation clinique ont de bonnes connaissances du CI ainsi que de meilleures attitudes à l’égard des pratiques de CI, mais que leurs pratiques personnelles du CI n’étaient pas différentes. Des recherches ultérieures s’imposent pour déterminer l’impact des améliorations en matière de CI sur la prévention des cas de maladie active et sur une amélioration plus aisée des résultats globaux du traitement de la TB-MR et de la TB-XR. Remerciements Cette étude a bénéficié d’un soutien partiel du Fogarty International Center at the National Institutes of Health (bourse numéro 5R25TW007506). L’équipe de l’étude a reçu une bourse du Western Cape Department of Heath, Cape Town, Afrique du Sud pour soutenir ce travail. Références 1 World Health Organization. Global tuberculosis control: surveillance, planning, financing. WHO report 2008. WHO/HTM/ TB/2008.393. Geneva, Switzerland: WHO, 2008. 2 Gandhi N R, Moll A, Sturm A W, et al. Extensively drug-resistant tuberculosis as a cause of death in patients co-infected with tuberculosis and HIV in a rural area of South Africa. Lancet 2006; 368: 1575–1580. 3 Jarand J, Shean K, O’Donnell M, et al. Extensively drug-resistant tuberculosis (XDR-TB) among health care workers in South Africa. Trop Med Int Health 2010; 15: 1179–1184. 4 Andrews J R, Gandhi N R, Moodley P, et al. Exogenous reinfection as a cause of multidrug-resistant and extensively drug-resistant tuberculosis in rural South Africa. J Infect Dis 2008; 198: 1582–1589. 5 O’Donnell M R, Jarand J, Loveday M, et al. 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