a plan to follow summer around the world » : friedrich
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a plan to follow summer around the world » : friedrich
« A PLAN TO FOLLOW SUMMER AROUND THE WORLD » : FRIEDRICH KUNATH AU CREDAC by infernolaredaction, inferno-magazine.com Friedrich Kunath : A Plan to Follow Summer Around the World / Commissariat: Claire Le Restif / Crédac, Centre d’art contemporain d’Ivry / Du 17 janvier au 23 mars 2014. « Un plan pour suivre l’été autour du monde » (A Plan to Follow Summer Around the World): ce rêve de gosse, ou lubie adolescente, c’est le nom de l’exposition du Credac -la première en France- consacrée à l’artiste Friedrich Kunath. « Un grand gamin…très lucide et très intelligent », dit de ce quadragénaire la directrice du Crédac. Claire Le Restif propose, au sein du superbe bâtiment de la manufacture des œillets d’Ivry, un foisonnant parcours en trois actes, « comme au théâtre » dit-elle. On découvre la « salle du Voyage » (Travel room), puis « la ménagerie » (Animal Zoo Room), avant de conclure avec les couchers de soleil(Sunset Room): trois thèmes obsessionnels de Friedrich Kunath, qui traversent son œuvre depuis une dizaine d’années. De nombreux médiums sont convoqués. Des installations grandeur nature, telles que « Nous sommes nulle part mais c’est maintenant » (We are nowhere and it’s now), réalisé insitu. Le public frôle de vieilles valises, récoltées par l’équipe du Crédac à Vitry: entassées là tristement, elle prennent un peu plus loin un poétique envol. Des vidéos: celle d’un homme qui saute de ville en ville, atterrissant comme par magie dans un nouveau lieu au rythme des changements de plan; celle, aussi, d’un bonhomme de neige errant à travers le désert californien de Zabriskie Point. Des propositions qui disent le revers du voyage fantasmé: la dérive, le sentiment de perte. Européen né en ex Allemagne de l’Est, vivant aujourd’hui à Los Angeles, l’artiste explore les notions de départ, de déracinement, autant que leurs pendants: le retour, la douceur du foyer. « Deux: c’est le bon chiffre pour parler de Friedrich Kunath », analyse Claire Le Restif. « A la fois sombre et drôle, ironique et exprimant une certaine naïveté, il porte un regard tragicomique sur notre société… ». Une dualité aussi présente dans la sculpture « what a difference it makes when it doesn’t make any difference anymore » (on regretterait presque les usités « untitled 1″…!). Deux loutres se tenant tendrement par la main font office de serre-livre géant, ou plutôt de serredisque: leurs pieds humains, évoquant « Le modèle rouge », de Magritte, entourent l’album « People » de Barbra Streisand. Un regard moqueur et amusé sur l’anthropomorphisme cher à la société californienne. Les loutres se tiennent par la patte simplement pour éviter de dériver quand elles dorment, nous apprend l’artiste…: moins une leçon de morale que le constat du caractère grotesque de la projection de nos sentiments sur les animaux. A l’instar de Magritte ou Barbra Streisand, les citations à la culture américaine et à l’histoire de l’art (notamment allemande) sont légion chez Friedrich Kunath, qui revendique parmi ses phares Albrecht Dürer et le néerlandais Bas Jan Ader. Autre source de références de l’artiste: son histoire intime. Evoquant un cabinet de curiosité contemporain, de valeur purement sentimentale, plusieurs des œuvres présentées incorporent des objets du quotidien, babioles parfois vintage: brin de blé, pêche, mocassins ou la balle de tennis. Dernière salle, autre paradoxe: l’image du coucher de soleil, largement déclinée. « Friedrich Junath s’intéresse à la manipulation des icônes. Il réutilise tous les clichés, tels que les couchers de soleil, jouant ainsi sur la naïveté et l’envie de bonheur des spectateurs ou des consommateurs ». Une vision distanciée, ironique, d’un american way of life fantasmé; celui d’un Eden heureux et ensoleillé vanté par les agences de voyage et les publicités. Veut-on vraiment encore poursuivre l’été toute l’année ? Christelle Granja Jusqu’au 23 mars 2014. http://www.credac.fr/v2/fr/friedrich-kunath