memoires vivantes du canton memoires vivantes du canton de
Transcription
memoires vivantes du canton memoires vivantes du canton de
MEMOIRES VIVANTES DU CANTON DE QUARRE LES TOMBES Association régie par la loi du 1er Juillet 1901 Mairie 89630 Saint-Germain-des-Champs Tel : 0386342333 – Fax : 0386345808 Site Internet : http://www.memoiresvivantes.org http://mémoiresvivantes.free.fr N° SIREN : 481 199 164 – N° SIRET : 481 199 164 00015 N° 20 – Automne 2006 Edito Votre conseil d’administration était représenté par trois de ses membres aux « Entretiens de Bibracte » du 15 septembre 2006 dont le thème était « Le patrimoine immatériel : de la collecte à la restitution. » Les liens qu’une telle manifestation permet de créer ou enrichir avec de nombreux partenaires sont précieux pour la vie de notre association. Par ces activités passées et projets d’avenir, par ces réalisations et objectifs, « Mémoires Vivantes du Canton de Quarré les Tombes » était tout à fait à sa place et reconnue dans ce colloque. Nous avons en effet le souci, sans sombrer dans une nostalgie passéiste mais avec la volonté de construire un avenir pour notre territoire en continuité avec la richesse de notre passé, de conserver et transmettre notre histoire, nos savoir faire, nos valeurs. Le colloque a insisté sur cette problématique particulière de la transmission du patrimoine immatériel, c’est à dire de ce patrimoine spécifique qui n’a pas de consistance physique : Il est généralement occulté dans la notion de patrimoine. Il n’est pas tangible, abordable par le toucher. Il a un caractère éminemment fragile et mouvant. Dans le même temps il est constitutif de notre mémoire collective. Il est actif dans la mesure où il est porté par une communauté qui reconstruit son passé pour se projeter dans l’avenir. Il est intrinsèquement menacé puisque la documentation, par son aspect statique, porte en elle le risque de faire perdre la dynamique, de détacher la culture de la vie en la figeant. L’UNESCO a voulu faire prendre conscience que cette diversité culturelle est en danger et a donc décidé dans la convention du 10 juillet 2006 de privilégier ce capital. S’appuyer sur le passé pour construire le devenir, ne pas maintenir son regard dans le passéisme tout en s’appuyant sur notre histoire. Conduire à la fois un travail d’histoire et un travail de deuil. C’est tout le pari que nous avons voulu engager avec vous et poursuivons à « Mémoires Vivantes ». Le vice-président. Michel Millet. LES ACTIVITES DE L’ASSOCIATION. L’AGENDA 21 juillet : Conseil d’administration 28 juillet : Rencontre au Conseil Régional : Plan bocage 25 août : Rencontre au Parc du Morvan : Leader + 22 septembre : Conseil d’administration 20 octobre : Préparation avec le Parc du Morvan Alain Houdaile 23 octobre : Rencontre avec la Fondation du Patrimoine 25 octobre : Réunion de travail : gestion. 28 octobre : Réunion de travail de la section généalogie 30 octobre : Installation de panneaux signalétiques « Sentiers de la mémoire » et défrichage du chemin conduisant à la roche Sainte Diétrine. 03 novembre : Conseil d’administration ACTIONS EN COURS Finalisation du livre sur les Croix du Canton Rédaction du livre sur les traditions, les légendes, le patois…. Travail sur un livre souvenir d’un enfant de l’Assistance Publique. Préparation d’une journée piéchage et d’une journée barrière Diverses recherches d’histoire locale en chantier : Lac du Crescent, ferme de Railly, … Etude réalisée sur Jean Marie Bonneau, grammairien …. A NOTER : Le 25 novembre vous êtes tous conviés à une journée consacrée à la commémoration d’Alain Houdaille. Sous la présidence de Monsieur le Président du Parc du Morvan et de Mémoires Vivantes. Avec la participation du Conseil régional, du Conseil général, du député Déroulement : 14 h : Plantation d’un chêne en bordure de la Pénétrante du Morvan (Villiers-Nonains) Mairie de St Brancher : Prise de parole des personnalités présentes et vin d’honneur. 15 h 30 : Conférence débat au foyer communal de Saint Germain des Champs avec le Parc du Morvan Présentation des actions de Mémoires vivantes Débat sur la richesse patrimoniale locale, la sauvegarde et les moyens accordés. En souvenir de notre président décédé et parce que notre association n’est riche que de l’implication de ses membres vous participerez nombreux. Merci ! CONNAITRE L’ORIGINE DES LIEUX DITS ET DES NOMS DE FAMILLE LA TOPONYMIE DES LIEUX. (Source : E. Campagnac) Dans ce numéro, comme annoncé, nous étudions la taille et la forme des parcelles, souvent désignées à l’aide d’adjectifs. Grand. Nous trouvons le Grand Buisson à Bussières, StBrancher et St Léger, les Grands Buissons à Chastellux et St-Germain, le Grand Champ à Chastellux, Quarré, StBrancher, St Germain et St Léger, les Grands Champs dans les sept communes sauf Beauvilliers, le Grand Pré à Beauvilliers, Quarré, St-Germain st St Léger, Les Grands Prés à Bussières, Chastellux, Quarré, St Germain et DSt Léger, la Grande Pâture dans les sept communes sauf Chastellux qui partage toutefois les Grandes Pâtures (au pluriel) avec Quarré et St Léger. Pour le reste, on trouvera à Quarré le Grand Champ de la Belle Place, le Grand Clos, le Grand Cloiseau, les Grands Champs des Brizards et le Grand Themoy, à St Léger la Grande Come et l’Huche Grand et à St Germain le Grand Josselain. Petit. Chastellux, St Germain et St Léger se partagent le Petit Champs alors que les Petits Champs sont relevés à Chastellux et Quarré. Le Petit Pré existe à Quarré, St Brancher, St Germain et St Léger et les Petits Prés à Chastellux, Quarré et St Léger. St Brancher possède le Petit Champ Vieux, Quarré le Petit Cloiseau et le Petit Clos ainsi que la Petite Pâture et St Germain le Petit Josselain. Remarquons les Prés Nains à St Brancher. Long. On retrouve cet adjectif dans le Champ Long à St Germain, les Champs Longs à Quarré et les Prés Longs à St Brancher. L’Houche Tige de Bussières rappelle la forme de la parcelle. Le Courtois de Chastellux fait référence à un terrain de petite taille. St Léger. Les Carillons de Chastellux sont des sous dérivés de Carre. Le Quartier est dérivé de quart, du latin quartus et fait référence soit à un terrain en forme de coin, ou désigne un terrain résultant d’un démembrement (suite d’un héritage par exemple). Quarré et St Germain ont les Quartiers. Le Pré des Quartiers et le Ru des Quartiers sont recensés à Quarré et le Petit Quartier à St Léger. Les Prés du Quartelot, diminutif de quartier, sont sur la commune de St Léger. Dans notre prochain numéro, nous évoquerons la Corne, la Fasse, la Queue, la Raie, la Hate.. ETYMOLOGIE DES NOMS DE FAMILLE (Source : M.T. Morlet) BLANCHERI est la forme corse de Blanchier qui a désigné autrefois le mégissier (en région occitane). BONIN, BONNOT figurent parmi les nombreux diminutifs de Bon qui avait le sens de brave. BRESSAN est un nom pouvant être originaire de la Bresse ou d’un domaine gallo-romain portant un nom d’homme (Briccius). BROCQUET peut être un dérivé de Broc (du grec brochis = cruche, pot muni d’un goulot) qui a donné des surnoms de métiers ; peut aussi venir de Broche (de broccum = objet pointu), brocquet étant alors un diminutif attribué à une personne fabriquant ces objets. CASELLI : on peut se risquer sur une forme italianisée dérivée de Casa, désignant en occitan la maison. CHANIAT : pourrait être dérivé de Chagne ou Chaigne, variété régionale de chêne. Rond et Carré. CHIPPAUX : dérivé de l’ancien français chipe, chiffon, surnom de chiffonnier. Pour exprimer la forme des terrains, relevons les Bouchons Ronds et le Buisson Rond à St Léger, les Champs Rond à Quarré et la Côte Ronde à St Germain. COIGNET : vient de Cognet ou Coigniet, en ancien français un coin pour fendre, d’où surnom donné au bûcheron. La commune de Quarré, à elle seule, va bizarrement regrouper le Carré, le Carré des Isles, le Champ Carré, les Champs Carrés, la Hate Carrée, le Pré Carré et les Prés Carrés. Il y a également les diminutifs ou les dérivés de carré avec Les Carreaux à Quarré et le Champ Carreau à St Germain, le Caron à Quarré et le Carron à Chastellux (le caron étant dérivé de carre, petit champ carré ou parcelle en forme de coin ou d’angle). La Hate des Monts Carts se rencontre à Quarré et le Petit Quart à Précision : l’origine du nom du quartier de Villiers Nonains « Creux d’Airain » vient de « Crot » (ou creux) d’arène, ancienne carrière de granit émietté. Par ailleurs, Bousson, hameau de Quarré, vient de Bossons, nom donné aux pionniers qui défrichaient les contrées. Le bosson était le nom de l’outil et le Bousson, le terrain défriché. DEFENDONS NOTRE PATOIS : CAUSERIE MORVANDIOTE LA SAINT COUECHOT C’étot eune vraie féte coume on en vouai pu aujd’heu. Le jor qu’on tuot l’couéchot, on f’sot v’nir ein vouéjin ou bin ein pairent pou nous aider. La mére évot déjà épluché les ougnons la vouéille pou fére l’boudingn’. On mettot au miyeu d’lai cor trouai ou quate pieux d’aicacia pou pouvouér allonger l’couéchot eune fouais qu’o s’rot tué. L’échelle étot drossée conte le touait des couéchots On aitrapot l’couéchot pou eune patte d’aiquand eune longe et peu on l’tirot dehors. Ai deux ou trouais, on l’vorsot par terre en l’tenant pou les éreilles et peu lai queue et peu on l’coinçot d’aiquand un g’nou pendant qu’on l’saignot et qu’on récupérot l’sang pou fére l’boudingn’. La mére battot l’sang dans la bassine pou pas l’laisser cai-ller. Le couéchot étot allongé su les pieux. L’moment étot v’nu d’gratter l’cringn’ du couéchot pou l’vendre aipré pou fére des blaireaux ai raser ou des pinceaux. On j’tot su l’couéchot quéques forchies de péille et peu on y mettot l’feu. Ca sentot la couenne et peu les pouais breulés. On le r’tornot pou l’breuler d’l’aute couté. Eine fouais les darniéres flammes éteintes, on j’tot quéques siaux d’iau d’ssus et peu on coumençot ai gratter lai pieau d’aiquand une bouéte de sardines qu’on évot transporcée d’pointes. Encoué un coup d’iau pou bin qu’ot souait prope et peu on l’dressot su l’échelle aipré y aivouair aittaicher les pattes. Co a c’moment lai que l’père me d’mandot mon coutiau. C’étot pas pou fendre le couéchot ! C’étot pou y mette dans l’trou d’balle. L’pére dijot : tu l’récuper‘ré pu tair. C’étot eune tradition. D’aiquand un grou coutiau bin aigujé, on ouvrot la panse du couéchot pou l’vider et peu fére le tri dans les bouéyots qu’servint é fére l’boudingn’ ou bin les andouilles qu’on f’sot sécher dans lai cuisine. On récupérot étout l’mou qu’on gonflot et peu qu’on aicrochot aipré eune pointe. C’étot l’moment d’récupérer l’coutiau d’poche aipré l’aivouér bin lavé. L’mou, l’cœur et peu l’fouais servint é fére la couérée qu’on m’jot l’souair. Aiprè aivouére bin lavé les bouéyots , c’étot la mére que prenot l’relais pour fére l’boudingn’. On enfilot l’sang d’aiquand ein entounoir et peu on f’sot glisser d’aiquand les douais. Ca f’sot des fouais plusieurs métes de boudingn’. On l’fesot queure dans eune ou deux bassines remplies d’iau et peu d’foin. Les hon-mes évint l’temps d’bouair la goutte avant d’décoper l’couéchot. On prenot soin d’enl’ver les argots avant d’coper les pattes que servint é fére des pieds panés ou du froumaige de téte. Le couéchot étot p’tiot ai p’tiot décopé : les jambons, les cotes, la téte, les rôtis. Les invités qu’évint aider évint dret ai lou pairt qu’o rem’nint chez eux. Daiquand l’laird, on f’sot les beursaudes qu’on f’sot fondre dans lai pouaile. Et peu on f’sot étou les pâtés, les riblettes, qu’on aipeule étout les grattons dans d’autes régions. Un bon bout du couéchot pairtot dans l’salouair qu’étot étou préparé daiquand d’lai saumure. Les deux jambons, épré un temps passé dans l’salouair étint pendus dans la ch’minée pou les fére sécher avant d’les m’ger la saison suivante. Le midi, on m’jot des grillades, le boudingn’, quéques cotelettes. Le souair toute lai famille étot réunie autor d’lai tabe pou miger lai couérée. Les fommes évint bin entendu préparer étout les galettes. Le lendemaingn’, o yévot toujou des restes. C’étot l’lendemaingn’ de saint couéchot, coume on d’jot. Co paireil pou les noces. C’étot des fouais bin meilleur que lai vouéille. Tout ça, çot du temps passé. Aujd’heu, on peut pu tué l’couéchot coume dans l’temps. Tout o réglementé. Mâ ça pourrot bin r’venir ! TRADUCTION C’était une vraie fête comme en n’en voit plus aujourd’hui. Le jour où on tuait le cochon, on faisait venir un voisin ou un parent pour aider. La mère avait déjà épluché les oignons la veille pour faire le boudin. On mettait au milieu de la cour trois ou quatre pieux d’acacia pour allonger le cochon une fois tué. L’échelle était dressée contre le toit à cochons. On attrapait le cochon par une patte avec une longe et puis on le tirait dehors. A deux ou trois, on le renversait par terre en le tenant par les oreilles et puis la queue et on le coinçait avec un genou pendant qu’on le saignait et qu’on récupérait le sang pour faire le boudin. La mère battait le sang dans la bassine pour ne pas qu’il caille. Le cochon était allongé sur les pieux. Le moment était venu de gratter le crin qui était ensuite vendu pour faire des blaireaux à raser ou des pinceaux. On jetait sur le cochon de la paille à laquelle on mettait le feu. Cela sentait la couenne et les poils brûlés. On le retournait pour le brûler de l’autre côté. Dès les dernières flammes éteintes, on jetait quelques seaux d’eau dessus et on commençait à gratter la peau avec une boîte de sardines qu’on avait transpercée avec des pointes. Encore un coup d’eau pour qu’il soit bien propre et puis on le dressait sur l’échelle après lui avoir attaché les pattes. C’est à ce moment là que mon père me demandait mon couteau. Ce n’était pas pour fendre le cochon ! C’était pour lui mettre dans le derrière. Mon père disait : « Tu le récupéreras plus tard ». C’était une tradition. Avec un gros couteau bien aiguisé, on ouvrait la panse du cochon pour le vider et puis faire le tri dans les boyaux destinés à faire le boudin ou les andouilles qu’on faisait sécher dans la cuisine. On récupérait aussi le mou qu’on gonflait et puis qu’on accrochait à une pointe. C’était le moment de récupérer le couteau de poche après l’avoir bien nettoyé. Le mou, le cœur et puis le foie servaient à faire la « couérée » (ragout des abats) qu’on mangeait le soir. Après avoir bien nettoyé les boyaux, la mère prenait le relais pour faire le boudin. On enfilait le sang avec un entonnoir et puis on le faisant glisser avec les doigts. Cela faisait parfois plusieurs mètres de boudin. On le faisait cuire dans une ou deux bassines remplies d’eau et de foin. Les hommes avaient le temps de boire la goutte (eau de vie) avant de découper le cochon. On prenait le soin d’enlever les ergots avant de couper les pattes qui servaient à faire des pieds panés ou du fromage de tête. Le cochon était petit à petit découpé : les jambons, les côtes, la tête, les rôtis. Les invités qui avaient aider avait droit à leur part qu’ils remmenait chez eux. Avec le lard, on faisait des «beursaudes » qu’on faisait fondre dans la poêle. Et puis on faisait aussi les pâtés, les « riblettes » qu’on appelle aussi les grattons dans d’autres régions. Un bon bout du cochon partait dans le saloir qui avait été préparé avec de la saumur. Les deux jambons, après un temps passé dans le saloir, étaient pendus dans la cheminée pour les faire sécher avant de les manger la saison suivante. Le midi, on mangeait les grillades, le boudin, quelques côtelettes. Le soir, toute la famille était réunie autour de la table pour manger la « couérée ». Les femmes avaient bien entendu préparer aussi les galettes. Le lendemain, il y avait toujours des restes. C’était le lendemain de la saint cochon comme on disait. C’était pareil pour les repas de noces. C’était des fois bien meilleur que la veille ! Tout cela, ce sont des souvenirs. Aujourd’hui, on ne peut plus tuer le cochon comme autrefois. Tout est réglementé. Mais cela pourrait bien revenir . VOUS RETROUVEREZ RUBRIQUE PATRIMOINE PROCHAIN NUMERO LA AU ARTS POPULAIRES : FAIRE VIVRE NOS TRADITIONS LES NOCES Les invitations à la noce obéissent à des formes strictes déterminées par l’usage. A Quarré les Tombes, la veille, il y a bal : cette soirée se nomme « les cordes ». L’heure de la cérémonie venue, la sortie de la future mariée du domicile paternel était quelquefois le sujet d’une scène particulière. Quand le fiancé est étranger au pays, le cortège est souvent accompagné d’une escorte de jeunes gens étrangers à la noce, échelonnés de chaque côté en ligne, fusil au bras. On les appelait autrefois les billardiers : ils tiraient en l’air avec leurs armes à la porte de la Mairie, à celle de l’Eglise, et, au retour de la cérémonie, devant l’habitation de la mariée. Plus tard, on a appelé ce rituel « tirer le pigeon ». La billarde n’est formée qu’en considération de la somme qui leur sera versée. Cette tradition est ancienne et trouve son origine sous l’Ancien Régime, dans les droits que percevaient jadis les seigneurs lors du mariage de leurs vassaux. C’est le principe féodal transformé en coutume populaire. La jeune mariée a aussi les honneurs. Ainsi, dans nos villages du canton, les jeunes gens, au sortir de la messe, marquaient les demoiselles. Ils leur offraient de longs rubans qu’elles attachaient à leur ceinture et les laissant pendre au côté. La mariée recevait aussi des rubans du marié. Ce dernier lui mettait à sa boutonnière un bouquet artificiel auquel était fixé un énorme ruban qui tombait presque jusqu’à terre. On déchirait parfois le voile de la mariée et c’est à qui s’en appropriait les lambeaux pour s’en décorer. Les invités ne manquaient jamais d’apporter, quelques jours avant la noce, des provisions de bouche de toute nature : beurre, œufs, volailles. Ces préliminaires accomplis, la noce pouvait se mettre à table. Le dîner était souvent agrémenté de petits épisodes qui augmentaient encore la joie de la fête. C’est d’abord la cérémonie de la jarretière. A un certain moment du repas, un enfant, parfois même le garçon d’honneur, se glissait furtivement sous la table, puis tout à coup surgissait à côté de la mariée, montrant triomphalement un long ruban tricolore qu’il était censé avoir pris à la jambe de la mariée. Le ruban, ou mieux la prétendue jarretière était tantôt distribuée gratuitement, par morceaux, aux invités, qui s’en paraient, tantôt mise aux enchères. On l’adjugeait au plus offrant et on partageait ensuite entre les invités. Selon les pays, le produit de l’adjudication était aussi pour les mariés, ou pour les jeunes gens d’honneur, ou bien encore pour les cuisinières. La première journée de noce se terminait toujours par un bal. Autrefois, on s’adonnait également à des chansons fortement égrillardes, tels que la Calibourdine, la Muse en flute et souvent à la danse du balai. Prochain numéro : la nuit de noces. SOUVENIRS…SOUVENIRS ! LE PROJET DE LAC DE BUSSIERES Marie-François-Eugène Belgrand (1810-1878) était un polytechnicien hydrologue-géologue. Travaillant pour la ville d’Avallon il avait élaboré un projet de réservoir d’eau sur la commune de Bussières pour faciliter la navigation de la Basse-Yonne et de la Seine et irriguer les prairies comprises entre le Serein et le Cousin. La digue, située sous la ferme de l’Ermitage, aurait eu une hauteur de 20 m pour une longueur de 133 m. La surface inondée était d’environ 126 hectares, traversée par la Romanée, le ruisseau de Grandvau et le ru de Joux. La capacité totale de la retenue aurait été de 10.500.000 m3, sur un bassin versant collecté de 9.700 hectares. Les ingénieurs Rozat et Chanoine avaient également travaillé sur ce projet, dont Gabriel Valtat, Maire de Bussières, avait tenté de réactiver la réalisation en 1993, dans des buts touristiques. Un projet de barrage était également prévu à Cussy les Forges. 6 COMMUNICATION : … UN CHALLENGE PERMANENT POUR NOTRE ASSOCIATION … La communication de Mémoires Vivantes passe actuellement par deux organes principaux : • Le bulletin d’information aux adhérents • Le site Internet Le bulletin d’information Notre publication sera publiée à une fréquence trimestrielle, elle suivra le rythme des saisons. Nous nous fixons comme objectif d’augmenter progressivement la pagination. Notre but est à la fois de pouvoir continuer les rubriques existantes qui vous sont familières et aussi de pouvoir créer de nouvelles rubriques autour du patrimoine matériel et immatériel, culturel, historique, naturel et traditionnel de notre canton. Nous prévoyons aussi de continuer à associer à chaque numéro un dossier pour approfondir des thèmes particuliers. Nous en avons déjà plusieurs en chantier : Le lac du Crescent, La Ferme de Railly, la singulière histoire du grammairien Jean Marie Bonneau natif du canton, les prêtres du canton réfractaires pendant la Révolution, l’inventaire après décès d’une ferme du canton au 19ème siècle, la justice sous l’ancien régime, l’histoire de la statue de Vauban de Saint Léger … Enfin certains numéros hors séries pourront venir enrichir nos publications. Pour ce faire nous avons souhaité créer un Comité de Rédaction composé actuellement des membres du Conseil d’Administration. Si vous souhaitez écrire des articles sur des thèmes qui vous sont chers ou plus simplement nous suggérez des idées et documents rentrant dans le spectre de notre bulletins vous y serez les bienvenus … N’hésitez pas à nous contacter. Contact : Dominique Goichon 46 route de Rouvray 89630 Bussières email : dominique.goichonwanadoo.fr Le Site Internet – www.memoiresvivantes.org Internet devient maintenant un moyen de communication incontournable offrant de nouvelles possibilités illimitées pour diffuser l’information. Ainsi pour permettre de partager le matériel documentaire de l’association Mémoires Vivantes, Alain Houdaille avait décidé de créer un site Internet qui fut construit par Laurence Robert. Il représente à ce jour une véritable mine d’information sur le canton et sur les communes qui le constituent. Nous avons décidé de faire vivre ce site en : créant une boutique pour diffuser nos livres et produits mettant à jour régulièrement les informations diffusées par le site constituant et diffusant une collection de cartes postales anciennes du canton Ainsi si vous possédez des cartes postales anciennes et que vous souhaitez les faire partager, n’hésitez pas à nous les apportez. Nous les enregistrerons et nous pourrons ainsi enrichir notre collection (elles vous seront bien évidemment restituées instantanément) Là encore votre aide nous sera précieuse. N’hésitez pas nous communiquer idéess, remarques remarques,, informations ou documents à diffus diffuser idée er sur le site. D’une certain certainee manière, il fait partie intégrante du patrimoine de notre canton. A nous de le faire vivre !!! Contacts : Dominique Goichon email : dominique.goichonwanadoo.fr Laurence Robert [email protected] 7 NOTRE CHRONIQUE VILLAGEOISE MARCEL GAUDIN DE SAINT-GERMAIN DES CHAMPS PREMIER GARDIEN DE LA FLAMME SUR LA TOMBE DU SOLDAT INCONNU Marcel Gaudin, poilu de la guerre 14-18, était originaire de Saint-Germain des Champs où il était cultivateur. Cette commune peut être fier de compter parmi ses enfants le premier gardien en poste chargé de veiller à l’entretien de la flamme sur la tombe du soldat inconnu de l’Arc de Triomphe à Paris. Marcel Gaudin a raconté les circonstances de sa désignation à ce poste d’honneur à Marcel Rigal, journaliste au Bourguignon. Cet entretien, dont voici un passage, est également paru en 1926 dans «l’Avenir du Tonnerrois ».Marcel GAUDIN, grand blessé de guerre, était médaillé militaire et croix de guerre. (Sources : Arch. Priv Jean Gaudin)° « « Je suis né à Saint Germain des Champs. J’étais cultivateur et je n’avais jamais quitté ce joli coin avallonnais quand, comme conscrit de la classe 1913, je fus appelé sous les drapeaux au 59ème régiment d’artillerie montée, alors en garnison à Vincennes. Je comptais huit mois de service quand la guerre se déclencha. Je partis aussitôt au front avec mon régiment. Bientôt, j’étais nommé brigadier. En novembre 1915, à Aix Noulette, au cours d’un violent bombardement ennemi, un obus tomba sur ma pièce. Huit de mes camarades furent tués sur le coup : je m’en tirais avec la cuisse gauche fracassée. inconnu, d’enlever les fleurs fanées et de disposer sur la dalle sacrée les gerbes apportées. En principe, mon service s’étend de dix heures à 7 heures du soir. Je suis ici en plein courant d’air, mais j’en ai supporté d’autres… ». Marcel Gaudin était reconnaissable à son uniforme bleu foncé, dont la tunique portait, au col, l’insigne de la flamme et ces dates « 1914 » et « 1918 ». Son bras gauche s’ornait d’un « Arc de Triomphe » brodé. Son képi portait les mêmes insignes que sa tunique, en guise d’écussons. Un traitement assez long, des soins habiles m’ont évité une amputation. Grâce aux fils d’argent qui relient désormais ma hanche à mon fémur gauche raccourci de huit centimètres, je puis me tenir sur mes deux pieds mais je marche avec une grande difficulté. Réformé, rendu à la vie civile, je ne pouvais songer à retourner à Saint Germain des Champs pour y gagner ma vie. J’entrais alors comme maître vérificateur aux usines Salmson à Billancourt. Il y a quelques mois, je pris, place d’Italie, un petit commerce mais mon impotence jointe à ma fatigue ne me permit point de l’exploiter comme il convenait. J’étais fort ennuyé car je suis marié et père de deux enfants. J’appris alors que l’association « La Flamme », qui a pour but de ranimer chaque jour à 6 heures du soir, la flamme sous l’Arc de Triomphe, avait décidé de désigner un gardien rémunéré à la Tombe du Soldat inconnu. Je postulai pour cet emploi qui me fut accordé. Je ne suis pas un fonctionnaire, mais le représentant officiel de l’association « La Flamme » également chargé de recevoir les délégations venant rendre hommage au Soldat Marcel Gaudin, premier gardien de la flamme Pour l’anecdote, il existe une confrérie spirituelle « Fraternité des gardiens de la flamme », qui n’a rien à voir avec « La Flamme », évoquée par Marcel Gaudin, mais qui s’inspire de l’apôtre St-Germain ! Prochain numéro : Marcel Gaudin (suite), sa rencontre avec le roi de Yougoslavie ; 8