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MEMOIRES VIVANTES DU CANTON
DE QUARRE LES TOMBES
Association régie par la loi du 1er Juillet 1901
Mairie 89630 Saint-Germain-des-Champs
Tel : 0386342333 – Fax : 0386345808
Site Internet : http://www.memoiresvivantes.org
http://mémoiresvivantes.free.fr
N° SIREN : 481 199 164 – N° SIRET : 481 199 164 00015
N° 20 – Automne 2006
Edito
Votre conseil d’administration était représenté par trois de ses membres aux « Entretiens de Bibracte » du
15 septembre 2006 dont le thème était « Le patrimoine immatériel : de la collecte à la restitution. »
Les liens qu’une telle manifestation permet de créer ou enrichir avec de nombreux partenaires sont
précieux pour la vie de notre association.
Par ces activités passées et projets d’avenir, par ces réalisations et objectifs, « Mémoires Vivantes du
Canton de Quarré les Tombes » était tout à fait à sa place et reconnue dans ce colloque.
Nous avons en effet le souci, sans sombrer dans une nostalgie passéiste mais avec la volonté de construire
un avenir pour notre territoire en continuité avec la richesse de notre passé, de conserver et transmettre
notre histoire, nos savoir faire, nos valeurs.
Le colloque a insisté sur cette problématique particulière de la transmission du patrimoine immatériel, c’est
à dire de ce patrimoine spécifique qui n’a pas de consistance physique :
Il est généralement occulté dans la notion de patrimoine.
Il n’est pas tangible, abordable par le toucher.
Il a un caractère éminemment fragile et mouvant. Dans le même temps il est constitutif de notre
mémoire collective.
Il est actif dans la mesure où il est porté par une communauté qui reconstruit son passé pour se
projeter dans l’avenir.
Il est intrinsèquement menacé puisque la documentation, par son aspect statique, porte en elle le
risque de faire perdre la dynamique, de détacher la culture de la vie en la figeant.
L’UNESCO a voulu faire prendre conscience que cette diversité culturelle est en danger et a donc décidé
dans la convention du 10 juillet 2006 de privilégier ce capital.
S’appuyer sur le passé pour construire le devenir, ne pas maintenir son regard dans le passéisme tout en
s’appuyant sur notre histoire. Conduire à la fois un travail d’histoire et un travail de deuil. C’est tout le pari
que nous avons voulu engager avec vous et poursuivons à « Mémoires Vivantes ».
Le vice-président.
Michel Millet.
LES ACTIVITES DE L’ASSOCIATION.
L’AGENDA
21 juillet : Conseil d’administration
28 juillet : Rencontre au Conseil Régional : Plan bocage
25 août : Rencontre au Parc du Morvan : Leader +
22 septembre : Conseil d’administration
20 octobre : Préparation avec le Parc du Morvan Alain Houdaile
23 octobre : Rencontre avec la Fondation du Patrimoine
25 octobre : Réunion de travail : gestion.
28 octobre : Réunion de travail de la section généalogie
30 octobre : Installation de panneaux signalétiques « Sentiers de la mémoire » et défrichage
du chemin conduisant à la roche Sainte Diétrine.
03 novembre : Conseil d’administration
ACTIONS EN COURS
Finalisation du livre sur les Croix du Canton
Rédaction du livre sur les traditions, les légendes, le patois….
Travail sur un livre souvenir d’un enfant de l’Assistance Publique.
Préparation d’une journée piéchage et d’une journée barrière
Diverses recherches d’histoire locale en chantier : Lac du Crescent, ferme de
Railly, …
Etude réalisée sur Jean Marie Bonneau, grammairien
….
A NOTER :
Le 25 novembre vous êtes tous conviés à une journée
consacrée à la commémoration d’Alain Houdaille.
Sous la présidence de Monsieur le Président du Parc du Morvan et de Mémoires Vivantes. Avec
la participation du Conseil régional, du Conseil général, du député
Déroulement :
14 h : Plantation d’un chêne en bordure de la Pénétrante du Morvan (Villiers-Nonains)
Mairie de St Brancher : Prise de parole des personnalités présentes et vin d’honneur.
15 h 30 : Conférence débat au foyer communal de Saint Germain des Champs avec le Parc du
Morvan
Présentation des actions de Mémoires vivantes
Débat sur la richesse patrimoniale locale, la sauvegarde et les moyens accordés.
En souvenir de notre président décédé et parce que notre association n’est riche que de
l’implication de ses membres vous participerez nombreux. Merci !
CONNAITRE L’ORIGINE DES LIEUX DITS ET DES NOMS DE FAMILLE
LA TOPONYMIE DES LIEUX.
(Source : E. Campagnac)
Dans ce numéro, comme annoncé, nous étudions la taille
et la forme des parcelles, souvent désignées à l’aide
d’adjectifs.
Grand.
Nous trouvons le Grand Buisson à Bussières, StBrancher et St Léger, les Grands Buissons à Chastellux
et St-Germain, le Grand Champ à Chastellux, Quarré, StBrancher, St Germain et St Léger, les Grands Champs
dans les sept communes sauf Beauvilliers, le Grand Pré
à Beauvilliers, Quarré, St-Germain st St Léger, Les
Grands Prés à Bussières, Chastellux, Quarré, St
Germain et DSt Léger, la Grande Pâture dans les sept
communes sauf Chastellux qui partage toutefois les
Grandes Pâtures (au pluriel) avec Quarré et St Léger.
Pour le reste, on trouvera à Quarré le Grand Champ de
la Belle Place, le Grand Clos, le Grand Cloiseau, les
Grands Champs des Brizards et le Grand Themoy, à St
Léger la Grande Come et l’Huche Grand et à St Germain
le Grand Josselain.
Petit.
Chastellux, St Germain et St Léger se partagent le Petit
Champs alors que les Petits Champs sont relevés à
Chastellux et Quarré. Le Petit Pré existe à Quarré, St
Brancher, St Germain et St Léger et les Petits Prés à
Chastellux, Quarré et St Léger. St Brancher possède le
Petit Champ Vieux, Quarré le Petit Cloiseau et le Petit
Clos ainsi que la Petite Pâture et St Germain le Petit
Josselain. Remarquons les Prés Nains à St Brancher.
Long.
On retrouve cet adjectif dans le Champ Long à St
Germain, les Champs Longs à Quarré et les Prés Longs
à St Brancher. L’Houche Tige de Bussières rappelle la
forme de la parcelle. Le Courtois de Chastellux fait
référence à un terrain de petite taille.
St Léger. Les Carillons de Chastellux sont des sous
dérivés de Carre.
Le Quartier est dérivé de quart, du latin quartus et fait
référence soit à un terrain en forme de coin, ou désigne
un terrain résultant d’un démembrement (suite d’un
héritage par exemple). Quarré et St Germain ont les
Quartiers. Le Pré des Quartiers et le Ru des Quartiers
sont recensés à Quarré et le Petit Quartier à St Léger.
Les Prés du Quartelot, diminutif de quartier, sont sur la
commune de St Léger.
Dans notre prochain numéro, nous évoquerons la Corne,
la Fasse, la Queue, la Raie, la Hate..
ETYMOLOGIE DES NOMS DE FAMILLE
(Source : M.T. Morlet)
BLANCHERI est la forme corse de Blanchier qui a
désigné autrefois le mégissier (en région occitane).
BONIN, BONNOT figurent parmi les nombreux diminutifs
de Bon qui avait le sens de brave.
BRESSAN est un nom pouvant être originaire de la
Bresse ou d’un domaine gallo-romain portant un nom
d’homme (Briccius).
BROCQUET peut être un dérivé de Broc (du grec
brochis = cruche, pot muni d’un goulot) qui a donné des
surnoms de métiers ; peut aussi venir de Broche (de
broccum = objet pointu), brocquet étant alors un diminutif
attribué à une personne fabriquant ces objets.
CASELLI : on peut se risquer sur une forme italianisée
dérivée de Casa, désignant en occitan la maison.
CHANIAT : pourrait être dérivé de Chagne ou Chaigne,
variété régionale de chêne.
Rond et Carré.
CHIPPAUX : dérivé de l’ancien français chipe, chiffon,
surnom de chiffonnier.
Pour exprimer la forme des terrains, relevons les
Bouchons Ronds et le Buisson Rond à St Léger, les
Champs Rond à Quarré et la Côte Ronde à St Germain.
COIGNET : vient de Cognet ou Coigniet, en ancien
français un coin pour fendre, d’où surnom donné au
bûcheron.
La commune de Quarré, à elle seule, va bizarrement
regrouper le Carré, le Carré des Isles, le Champ Carré,
les Champs Carrés, la Hate Carrée, le Pré Carré et les
Prés Carrés. Il y a également les diminutifs ou les dérivés
de carré avec Les Carreaux à Quarré et le Champ
Carreau à St Germain, le Caron à Quarré et le Carron à
Chastellux (le caron étant dérivé de carre, petit champ
carré ou parcelle en forme de coin ou d’angle). La Hate
des Monts Carts se rencontre à Quarré et le Petit Quart à
Précision : l’origine du nom du quartier de Villiers
Nonains « Creux d’Airain » vient de « Crot » (ou
creux) d’arène, ancienne carrière de granit émietté.
Par ailleurs, Bousson, hameau de Quarré, vient de
Bossons, nom donné aux pionniers qui défrichaient
les contrées. Le bosson était le nom de l’outil et le
Bousson, le terrain défriché.
DEFENDONS NOTRE PATOIS : CAUSERIE MORVANDIOTE
LA SAINT COUECHOT
C’étot eune vraie féte coume on en vouai pu
aujd’heu. Le jor qu’on tuot l’couéchot, on f’sot
v’nir ein vouéjin ou bin ein pairent pou nous
aider.
La mére évot déjà épluché les ougnons la
vouéille pou fére l’boudingn’. On mettot au
miyeu d’lai cor trouai ou quate pieux d’aicacia
pou pouvouér allonger l’couéchot eune fouais
qu’o s’rot tué. L’échelle étot drossée conte le
touait des couéchots
On aitrapot l’couéchot pou eune patte
d’aiquand eune longe et peu on l’tirot dehors.
Ai deux ou trouais, on l’vorsot par terre en
l’tenant pou les éreilles et peu lai queue et peu
on l’coinçot d’aiquand un g’nou pendant qu’on
l’saignot et qu’on récupérot l’sang pou fére
l’boudingn’. La mére battot l’sang dans la
bassine pou pas l’laisser cai-ller.
Le couéchot étot allongé su les pieux.
L’moment étot v’nu d’gratter l’cringn’ du
couéchot pou l’vendre aipré pou fére des
blaireaux ai raser ou des pinceaux.
On j’tot su l’couéchot quéques forchies de
péille et peu on y mettot l’feu. Ca sentot la
couenne et peu les pouais breulés. On le
r’tornot pou l’breuler d’l’aute couté. Eine fouais
les darniéres flammes éteintes, on j’tot
quéques siaux d’iau d’ssus et peu on
coumençot ai gratter lai pieau d’aiquand une
bouéte de sardines qu’on évot transporcée
d’pointes. Encoué un coup d’iau pou bin qu’ot
souait prope et peu on l’dressot su l’échelle
aipré y aivouair aittaicher les pattes.
Co a c’moment lai que l’père me d’mandot
mon coutiau. C’étot pas pou fendre le
couéchot ! C’étot pou y mette dans l’trou
d’balle. L’pére dijot : tu l’récuper‘ré pu tair.
C’étot eune tradition.
D’aiquand un grou coutiau bin aigujé, on
ouvrot la panse du couéchot pou l’vider et peu
fére le tri dans les bouéyots qu’servint é fére
l’boudingn’ ou bin les andouilles qu’on f’sot
sécher dans lai cuisine. On récupérot étout
l’mou qu’on gonflot et peu qu’on aicrochot
aipré eune pointe.
C’étot l’moment d’récupérer l’coutiau d’poche
aipré l’aivouér bin lavé. L’mou, l’cœur et peu
l’fouais servint é fére la couérée qu’on m’jot
l’souair.
Aiprè aivouére bin lavé les bouéyots , c’étot la
mére que prenot l’relais pour fére l’boudingn’.
On enfilot l’sang d’aiquand ein entounoir et peu
on f’sot glisser d’aiquand les douais. Ca f’sot
des fouais plusieurs métes de boudingn’. On
l’fesot queure dans eune ou deux bassines
remplies d’iau et peu d’foin.
Les hon-mes évint l’temps d’bouair la goutte
avant d’décoper l’couéchot.
On prenot soin d’enl’ver les argots avant
d’coper les pattes que servint é fére des pieds
panés ou du froumaige de téte.
Le couéchot étot p’tiot ai p’tiot décopé : les
jambons, les cotes, la téte, les rôtis. Les invités
qu’évint aider évint dret ai lou pairt qu’o
rem’nint chez eux. Daiquand l’laird, on f’sot les
beursaudes qu’on f’sot fondre dans lai pouaile.
Et peu on f’sot étou les pâtés, les riblettes,
qu’on aipeule étout les grattons dans d’autes
régions.
Un bon bout du couéchot pairtot dans l’salouair
qu’étot étou préparé daiquand d’lai saumure.
Les deux jambons, épré un temps passé dans
l’salouair étint pendus dans la ch’minée pou
les fére sécher avant d’les m’ger la saison
suivante.
Le midi, on m’jot des grillades, le boudingn’,
quéques cotelettes. Le souair toute lai famille
étot réunie autor d’lai tabe pou miger lai
couérée. Les fommes évint bin entendu
préparer étout les galettes.
Le lendemaingn’, o yévot toujou des restes.
C’étot l’lendemaingn’ de saint couéchot,
coume on d’jot. Co paireil pou les noces.
C’étot des fouais bin meilleur que lai vouéille.
Tout ça, çot du temps passé. Aujd’heu, on peut
pu tué l’couéchot coume dans l’temps. Tout o
réglementé.
Mâ ça pourrot bin r’venir !
TRADUCTION
C’était une vraie fête comme en n’en voit plus
aujourd’hui. Le jour où on tuait le cochon, on
faisait venir un voisin ou un parent pour aider.
La mère avait déjà épluché les oignons la
veille pour faire le boudin. On mettait au milieu
de la cour trois ou quatre pieux d’acacia pour
allonger le cochon une fois tué. L’échelle était
dressée contre le toit à cochons.
On attrapait le cochon par une patte avec une
longe et puis on le tirait dehors. A deux ou
trois, on le renversait par terre en le tenant par
les oreilles et puis la queue et on le coinçait
avec un genou pendant qu’on le saignait et
qu’on récupérait le sang pour faire le boudin.
La mère battait le sang dans la bassine pour
ne pas qu’il caille.
Le cochon était allongé sur les pieux. Le
moment était venu de gratter le crin qui était
ensuite vendu pour faire des blaireaux à raser
ou des pinceaux.
On jetait sur le cochon de la paille à laquelle
on mettait le feu. Cela sentait la couenne et les
poils brûlés. On le retournait pour le brûler de
l’autre côté. Dès les dernières flammes
éteintes, on jetait quelques seaux d’eau
dessus et on commençait à gratter la peau
avec une boîte de sardines qu’on avait
transpercée avec des pointes. Encore un coup
d’eau pour qu’il soit bien propre et puis on le
dressait sur l’échelle après lui avoir attaché les
pattes.
C’est à ce moment là que mon père me
demandait mon couteau. Ce n’était pas pour
fendre le cochon ! C’était pour lui mettre dans
le derrière. Mon père disait : « Tu le
récupéreras plus tard ». C’était une tradition.
Avec un gros couteau bien aiguisé, on ouvrait
la panse du cochon pour le vider et puis faire
le tri dans les boyaux destinés à faire le boudin
ou les andouilles qu’on faisait sécher dans la
cuisine. On récupérait aussi le mou qu’on
gonflait et puis qu’on accrochait à une pointe.
C’était le moment de récupérer le couteau de
poche après l’avoir bien nettoyé. Le mou, le
cœur et puis le foie servaient à faire la
« couérée » (ragout des abats) qu’on mangeait
le soir.
Après avoir bien nettoyé les boyaux, la mère
prenait le relais pour faire le boudin. On enfilait
le sang avec un entonnoir et puis on le faisant
glisser avec les doigts. Cela faisait parfois
plusieurs mètres de boudin. On le faisait cuire
dans une ou deux bassines remplies d’eau et
de foin.
Les hommes avaient le temps de boire la
goutte (eau de vie) avant de découper le
cochon.
On prenait le soin d’enlever les ergots avant de
couper les pattes qui servaient à faire des
pieds panés ou du fromage de tête.
Le cochon était petit à petit découpé : les
jambons, les côtes, la tête, les rôtis. Les invités
qui avaient aider avait droit à leur part qu’ils
remmenait chez eux. Avec le lard, on faisait
des «beursaudes » qu’on faisait fondre dans la
poêle. Et puis on faisait aussi les pâtés, les
« riblettes » qu’on appelle aussi les grattons
dans d’autres régions.
Un bon bout du cochon partait dans le saloir
qui avait été préparé avec de la saumur. Les
deux jambons, après un temps passé dans le
saloir, étaient pendus dans la cheminée pour
les faire sécher avant de les manger la saison
suivante.
Le midi, on mangeait les grillades, le boudin,
quelques côtelettes. Le soir, toute la famille
était réunie autour de la table pour manger la
« couérée ». Les femmes avaient bien entendu
préparer aussi les galettes.
Le lendemain, il y avait toujours des restes.
C’était le lendemain de la saint cochon comme
on disait. C’était pareil pour les repas de
noces.
C’était des fois bien
meilleur que la
veille !
Tout cela, ce sont
des
souvenirs.
Aujourd’hui, on ne
peut plus tuer le
cochon
comme
autrefois. Tout est
réglementé.
Mais cela pourrait
bien revenir .
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ARTS POPULAIRES : FAIRE VIVRE NOS TRADITIONS
LES NOCES
Les invitations à la noce obéissent à des formes strictes déterminées par l’usage. A Quarré les Tombes, la
veille, il y a bal : cette soirée se nomme « les cordes ». L’heure de la cérémonie venue, la sortie de la future
mariée du domicile paternel était quelquefois le sujet d’une scène particulière.
Quand le fiancé est étranger au pays, le cortège est souvent accompagné d’une escorte de jeunes gens
étrangers à la noce, échelonnés de chaque côté en ligne, fusil au bras. On les appelait autrefois les
billardiers : ils tiraient en l’air avec leurs armes à la porte de la Mairie, à celle de l’Eglise, et, au retour de la
cérémonie, devant l’habitation de la mariée. Plus tard, on a appelé ce rituel « tirer le pigeon ». La billarde
n’est formée qu’en considération de la somme qui leur sera versée. Cette tradition est ancienne et trouve
son origine sous l’Ancien Régime, dans les droits que percevaient jadis les seigneurs lors du mariage de leurs
vassaux. C’est le principe féodal transformé en coutume populaire.
La jeune mariée a aussi les honneurs. Ainsi, dans nos villages du canton, les jeunes gens, au sortir de la
messe, marquaient les demoiselles. Ils leur offraient de longs rubans qu’elles attachaient à leur ceinture et
les laissant pendre au côté. La mariée recevait aussi des rubans du marié. Ce dernier lui mettait à sa
boutonnière un bouquet artificiel auquel était fixé un énorme ruban qui tombait presque jusqu’à terre. On
déchirait parfois le voile de la mariée et c’est à qui s’en appropriait les lambeaux pour s’en décorer. Les
invités ne manquaient jamais d’apporter, quelques jours avant la noce, des provisions de bouche de toute
nature : beurre, œufs, volailles.
Ces préliminaires accomplis, la noce pouvait se mettre à table. Le dîner était souvent agrémenté de petits
épisodes qui augmentaient encore la joie de la fête. C’est d’abord la cérémonie de la jarretière. A un
certain moment du repas, un enfant, parfois même le garçon d’honneur, se glissait furtivement sous la table,
puis tout à coup surgissait à côté de la mariée, montrant triomphalement un long ruban tricolore qu’il était
censé avoir pris à la jambe de la mariée. Le ruban, ou mieux la prétendue jarretière était tantôt distribuée
gratuitement, par morceaux, aux invités, qui s’en paraient, tantôt mise aux enchères. On l’adjugeait au plus
offrant et on partageait ensuite entre les invités. Selon les pays, le produit de l’adjudication était aussi
pour les mariés, ou pour les jeunes gens d’honneur, ou bien encore pour les cuisinières.
La première journée de noce se terminait toujours par un bal. Autrefois, on s’adonnait également à des
chansons fortement égrillardes, tels que la Calibourdine, la Muse en flute et souvent à la danse du balai.
Prochain numéro : la nuit de noces.
SOUVENIRS…SOUVENIRS !
LE PROJET DE LAC DE BUSSIERES
Marie-François-Eugène Belgrand (1810-1878) était un polytechnicien hydrologue-géologue. Travaillant pour
la ville d’Avallon il avait élaboré un projet de réservoir d’eau sur la commune de Bussières pour faciliter la
navigation de la Basse-Yonne et de la Seine et irriguer les prairies comprises entre le Serein et le Cousin. La
digue, située sous la ferme de l’Ermitage, aurait eu une hauteur de 20 m pour une longueur de 133 m. La
surface inondée était d’environ 126 hectares, traversée par la Romanée, le ruisseau de Grandvau et le ru de
Joux. La capacité totale de la retenue aurait été de 10.500.000 m3, sur un bassin versant collecté de 9.700
hectares.
Les ingénieurs Rozat et Chanoine avaient également travaillé sur ce projet, dont Gabriel Valtat,
Maire de Bussières, avait tenté de réactiver la réalisation en 1993, dans des buts touristiques.
Un projet de barrage était également prévu à Cussy les Forges.
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COMMUNICATION :
… UN CHALLENGE PERMANENT POUR NOTRE ASSOCIATION …
La communication de Mémoires Vivantes passe actuellement par deux organes
principaux :
• Le bulletin d’information aux adhérents
• Le site Internet
Le bulletin d’information
Notre publication sera publiée à une fréquence trimestrielle, elle suivra le rythme des saisons.
Nous nous fixons comme objectif d’augmenter progressivement la pagination. Notre but est à la fois de
pouvoir continuer les rubriques existantes qui vous sont familières et aussi de pouvoir créer de nouvelles
rubriques autour du patrimoine matériel et immatériel, culturel, historique, naturel et traditionnel de notre
canton.
Nous prévoyons aussi de continuer à associer à chaque numéro un dossier pour approfondir des thèmes
particuliers. Nous en avons déjà plusieurs en chantier : Le lac du Crescent, La Ferme de Railly, la singulière
histoire du grammairien Jean Marie Bonneau natif du canton, les prêtres du canton réfractaires pendant la
Révolution, l’inventaire après décès d’une ferme du canton au 19ème siècle, la justice sous l’ancien régime,
l’histoire de la statue de Vauban de Saint Léger …
Enfin certains numéros hors séries pourront venir enrichir nos publications.
Pour ce faire nous avons souhaité créer un Comité de Rédaction composé actuellement des membres du
Conseil d’Administration. Si vous souhaitez écrire des articles sur des thèmes qui vous sont chers ou plus
simplement nous suggérez des idées et documents rentrant dans le spectre de notre bulletins vous y serez
les bienvenus … N’hésitez pas à nous contacter.
Contact :
Dominique Goichon
46 route de Rouvray
89630 Bussières
email : dominique.goichonwanadoo.fr
Le Site Internet – www.memoiresvivantes.org
Internet devient maintenant un moyen de communication incontournable offrant de nouvelles possibilités
illimitées pour diffuser l’information.
Ainsi pour permettre de partager le matériel documentaire de l’association Mémoires Vivantes, Alain
Houdaille avait décidé de créer un site Internet qui fut construit par Laurence Robert. Il représente à ce
jour une véritable mine d’information sur le canton et sur les communes qui le constituent.
Nous avons décidé de faire vivre ce site en :
créant une boutique pour diffuser nos livres et produits
mettant à jour régulièrement les informations diffusées par le site
constituant et diffusant une collection de cartes postales anciennes du canton
Ainsi si vous possédez des cartes postales anciennes et que vous souhaitez les faire partager,
n’hésitez pas à nous les apportez. Nous les enregistrerons et nous pourrons ainsi enrichir notre
collection (elles vous seront bien évidemment restituées instantanément)
Là encore votre aide nous sera précieuse. N’hésitez pas nous communiquer
idéess, remarques
remarques,, informations ou documents à diffus
diffuser
idée
er sur le site.
D’une certain
certainee manière, il fait partie intégrante du patrimoine de notre
canton. A nous de le faire vivre !!!
Contacts :
Dominique Goichon
email : dominique.goichonwanadoo.fr
Laurence Robert
[email protected]
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NOTRE CHRONIQUE VILLAGEOISE
MARCEL GAUDIN DE SAINT-GERMAIN DES CHAMPS
PREMIER GARDIEN DE LA FLAMME SUR LA TOMBE DU SOLDAT INCONNU
Marcel Gaudin, poilu de la guerre 14-18, était originaire de Saint-Germain des Champs où il était
cultivateur. Cette commune peut être fier de compter parmi ses enfants le premier gardien en poste
chargé de veiller à l’entretien de la flamme sur la tombe du soldat inconnu de l’Arc de Triomphe à
Paris. Marcel Gaudin a raconté les circonstances de sa désignation à ce poste d’honneur à Marcel
Rigal, journaliste au Bourguignon. Cet entretien, dont voici un passage, est également paru en 1926
dans «l’Avenir du Tonnerrois ».Marcel GAUDIN, grand blessé de guerre, était médaillé militaire et
croix de guerre. (Sources : Arch. Priv Jean Gaudin)°
« « Je suis né à Saint Germain des Champs.
J’étais cultivateur et je n’avais jamais quitté ce
joli coin avallonnais quand, comme conscrit de
la classe 1913, je fus appelé sous les
drapeaux au 59ème régiment d’artillerie montée,
alors en garnison à Vincennes.
Je comptais huit mois de service quand la
guerre se déclencha. Je partis aussitôt au front
avec mon régiment. Bientôt, j’étais nommé
brigadier. En novembre 1915, à Aix Noulette,
au cours d’un violent bombardement ennemi,
un obus tomba sur ma pièce. Huit de mes
camarades furent tués sur le coup : je m’en
tirais avec la cuisse gauche fracassée.
inconnu, d’enlever les fleurs fanées et de
disposer sur la dalle sacrée les gerbes
apportées.
En principe, mon service s’étend de dix heures
à 7 heures du soir. Je suis ici en plein courant
d’air, mais j’en ai supporté d’autres… ».
Marcel Gaudin était reconnaissable à son
uniforme bleu foncé, dont la tunique portait, au
col, l’insigne de la flamme et ces dates
« 1914 » et « 1918 ». Son bras gauche s’ornait
d’un « Arc de Triomphe » brodé. Son képi
portait les mêmes insignes que sa tunique, en
guise d’écussons.
Un traitement assez long, des soins habiles
m’ont évité une amputation. Grâce aux fils
d’argent qui relient désormais ma hanche à
mon fémur gauche raccourci de huit
centimètres, je puis me tenir sur mes deux
pieds mais je marche avec une grande
difficulté.
Réformé, rendu à la vie civile, je ne pouvais
songer à retourner à Saint Germain des
Champs pour y gagner ma vie. J’entrais alors
comme maître vérificateur aux usines Salmson
à Billancourt. Il y a quelques mois, je pris,
place d’Italie, un petit commerce mais mon
impotence jointe à ma fatigue ne me permit
point de l’exploiter comme il convenait.
J’étais fort ennuyé car je suis marié et père de
deux enfants. J’appris alors que l’association
« La Flamme », qui a pour but de ranimer
chaque jour à 6 heures du soir, la flamme sous
l’Arc de Triomphe, avait décidé de désigner un
gardien rémunéré à la Tombe du Soldat
inconnu. Je postulai pour cet emploi qui me fut
accordé.
Je ne suis pas un fonctionnaire, mais le
représentant officiel de l’association « La
Flamme » également chargé de recevoir les
délégations venant rendre hommage au Soldat
Marcel Gaudin, premier gardien de la flamme
Pour l’anecdote, il existe une confrérie
spirituelle « Fraternité des gardiens de la
flamme », qui n’a rien à voir avec « La
Flamme », évoquée par Marcel Gaudin, mais
qui s’inspire de l’apôtre St-Germain !
Prochain numéro : Marcel Gaudin (suite), sa
rencontre avec le roi de Yougoslavie ;
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