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COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION
DES PORTES DE L’EURE
LA MARE À JOUY - 27 120 DOUAINS
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
1. DIAGNOSTIC
FÉVRIER 2007
AGENCE FOLLÉA-GAUTIER
BIOTOPE
Paysagistes DPLG – urbanistes
Milieux naturels
100, avenue Henri Ginoux
92 120 Montrouge
3, rue Lespagnol
75980 Paris cedex 20
CHARTE PAYSAGÈRE ET ÉCOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION
DES PORTES DE L’EURE
Etude commanditée par :
COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
La mare à Jouy - 27 120 DOUAINS
Tél. : 02 32 53 50 03
fax : 02 32 53 30 45
email : [email protected].
Réalisée par :
AGENCE BERTRAND FOLLEA - CLAIRE GAUTIER (mandataire)
Paysagistes DPLG - urbanistes
100, avenue Henri Ginoux - 92 120 Montrouge
tél : 01 47 35 71 33
fax : 01 47 35 61 16
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Faune, flore, milieux naturels
Agence Nord/Ile-de-France
3, rue Lespagnol - 75980 Paris cedex 20
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fax : 01 40 09 16 74
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
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PREMIERE PARTIE : DIAGNOSTIC DES PAYSAGES DE LA CAPE
9
PRESENTATION DES PAYSAGES DE LA CAPE
10
1. LES FONDEMENTS DES PAYSAGES DE LA CAPE
2 LES HUIT UNITÉS DE PAYSAGE DE LA CAPE
3. LES VALEURS PAYSAGÈRES CLÉS DU TERRITOIRE DE LA CAPE
10
14
20
LES PAYSAGES DE LA CAPE : OPPORTUNITÉS, RISQUES ET DYNAMIQUES D’EVOLUTION
26
1. LES PAYSAGES AGRICOLES ET FORESTIERS
2. LES PAYSAGES BÂTIS
3. LES PAYSAGES DE L’EAU
4. LES PAYSAGES DES RESEAUX DE CIRCULATION
26
42
56
64
RECENCEMENT DES PROJETS ET REFLEXIONS EN COURS
AYANT UNE INCIDENCE POTENTIELLE SUR LES PAYSAGES
72
SECONDE PARTIE : DIAGNOSTIC DES MILIEUX NATURELS DE LA CAPE
75
1. LES ESPACES NATURELS REMARQUABLES DE LA CAPE
76
2. LES ESPACES AGRICOLES
79
3. LES MASSIFS FORESTIERS
81
4. LES PATURES ET VERGERS
85
5. LES COTEAUX SECS
86
6. LES RIVIERES, LES ETANGS ET LEURS BERGES
89
7. LES AGGLOMERATIONS URBAINES
91
8. SYNTHESE DES ELEMENTS PATRIMONIAUX
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SYNTHESE DU DIAGNOSTIC PAYSAGER ET ECOLOGIQUE
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Les communes de la CAPE
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INTRODUCTION
laissant parfois le sentiment d’un processus incontrôlable dans
sa globalité. Les acteurs du paysage sont en effet nombreux :
les communes, qui sont responsables en matière d’urbanisme,
la Communauté d’agglomération, dotée entre autres des
compétences « aménagement de l’espace communautaire » et
« transports », la Région et le Département, qui investissent dans
des équipements, des infrastructures et des aménagements,
l’Etat, qui légifère et qui réglemente, mais aussi les agriculteurs,
les propriétaires forestiers, les chasseurs et les pêcheurs, les
naturalistes et les randonneurs, les services en charge des
routes, de l’eau, des espaces publics, de l’entretien et jusqu’à
l’habitant, qui dépose son permis de construire, qui refait sa
façade, repeint ses volets ou change sa clôture.
« Les Portes de l’Eure » : un territoire dont le nom évoque
un seuil. La communauté d’agglomération est en effet localisée
sur le flanc Ouest d’une limite départementale et régionale,
d’où elle revendique un caractère à la fois rural et normand,
à proximité de la mégalopole francilienne. Cette proximité,
renforcée par la desserte assurée par le train et l’autoroute,
engendre une évolution rapide des paysages et des milieux
naturels du territoire.
Le territoire de la CAPE a longtemps été prisé par les
« parisiens » pour leurs résidences secondaires, en quête d’un
bâti traditionnel authentique, de vastes étendues agricoles,
forestières et de sites bucoliques, que l’on trouve notamment au
bord des cours d’eau. Plus récemment, de nouvelles populations,
en quête de « grand air » et de logements aux prix plus accessibles
qu’au centre de l’Ile-de-France, sont venues s’implanter sur le
territoire de la CAPE : la communauté d’agglomération voit
ainsi sa population croître significativement chaque année et ses
paysages urbains se transformer rapidement, notamment dans
la périphérie des villages.
La Charte paysagère et écologique s’inscrit dans l’axe 4
du projet d’agglomération des Portes de l’Eure, « Préserver et
redécouvrir la richesse environnementale et patrimoniale de
l’agglomération », dans sa première orientation « Définir une
stratégie environnementale ». Son objet est de rassembler tous
ces acteurs et de recentrer l’attention de chacun sur la qualité
du développement, de remettre la question du paysage et du
patrimoine naturel au cœur des préoccupations communes,
de développer un projet partagé pour améliorer sans cesse
l’environnement quotidien de la CAPE et le préserver. La charte
a ainsi vocation à nourrir les politiques d’aménagement, mais
aussi les pratiques de chacun des acteurs co-responsables de la
qualité du territoire de la Communauté d’agglomération.
Parallèlement au développement de l’habitat, des zones
d’activités économiques apparaissent et se développent,
particulièrement aux abords des grands axes routiers, tandis
que des sites industriels implantés de longue date sur les rives
de Seine sont aujourd’hui fermés.
L’agriculture, quant à elle, a depuis longtemps entrepris
sa « révolution » : elle gère ici, de façon intensive, de vastes
exploitations où peu de traces subsistent d’une agriculture
autrefois moins spécialisée et tournée vers un marché plus local.
Elle délaisse par ailleurs les espaces qui offrent une moindre
rentabilité (coteaux raides et calcaires...).
Signée entre les acteurs, elle aura force morale ; son
application réglementaire s’opérera de façon indirecte, par une
intégration de ses dispositions au SCOT en cours d’élaboration.
Sa dimension opérationnelle sera renforcée si les acteurs
conditionnent in fine leurs aides financières au respect des
principes de la charte. Enfin, sa dimension pédagogique est
essentielle pour faciliter son appropriation et son application
par les différents acteurs de l’aménagement concernés.
Ainsi, par petites touches ou à l’occasion d’opérations
d’aménagement plus conséquentes, les espaces naturels et
les paysages de la CAPE se renouvellent et se transforment,
se valorisant ici tandis que là ils se banalisent ou se dégradent,
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PREMIERE PARTIE
DIAGNOSTIC
DES PAYSAGES
DE LA CAPE
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A. PRESENTATION DES PAYSAGES DE LA CAPE
1.
LES
FONDEMENTS
PAYSAGES DE LA CAPE
DES
Le territoire de la CAPE est constitué d’un vaste plateau
entaillé par les vallées de la Seine, de l’Eure et de l’Epte, qui
départagent ainsi le plateau d’Evreux et Saint-André, au Sud,
celui de Madrie, au centre, et le plateau du Vexin, à l’extrême
Nord du territoire.
Vallées et plateaux montrent des paysages contrastés à
bien des égards : lisses, horizontaux et essentiellement ouverts
sur les plateaux, plus accidentés, fermés et complexes dans
les vallées. L’ensemble constitue une mosaïque paysagère
relativement simple, émaillée des ensembles paysagers plus
restreints et discrets des petites vallées affluentes à la Seine et
à l’Eure.
L’agriculture participe à différencier les paysages de vallées
et de plateaux : si ces derniers sont voués aux grandes cultures,
sur un parcellaire très dilaté, coteaux et fonds de vallées montrent
une occupation des sols agricoles plus diversifiée (cultures,
prairies et parfois vergers), sur un parcellaire généralement plus
resserré, notamment sur les coteaux.
De grands massifs forestiers viennent s’implanter sur les
marges des plateaux, recouvrant une partie des pentes des
vallées adjacentes : forêts de Vernon et de Bizy autour de la
vallée de la Seine, forêts de Pacy, de Merey, bois d’Hécourt, de
Vaux, etc., autour de la vallée de l’Eure. Ces grands massifs sont
complétés un peu partout par de petits bois, qu’on trouve sur
les plateaux, sur les pentes ou dans les fonds de vallée.
Les formes urbaines traditionnelles montrent une
adaptation aux conditions offertes par les sites d’accueil des
villages : habitat groupé en «villages tas» sur les plateaux et
généralement en «villages rues» dans les vallées, particulièrement
là où ces sites sont calés entre des coteaux en pente forte et un
fond de vallée inondable (situation courante dans les vallées de
l’Epte et de l’Eure).
L’habitat dispersé est rare, seules quelques fermes isolées
ponctuant ça et là l’étendue des plateaux : si nous sommes bien
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en Normandie, nous ne sommes en effet pas en pays de bocage
mais dans un secteur de « campagne » ou encore d’openfield,
aux paysages traditionnellement dépourvus de haies. Ce constat
n’est exact que sur les plateaux, car des secteurs bocagers
sont visibles sur le territoire, comme sur les coteaux de la rive
gauche de la Seine (dans le secteur de Saint-Pierre-d’Autils) ou
dans la petite vallée du Saint-Ouen, dont le ruisseau se jette
dans le fleuve : la Seine semble ainsi avoir constitué un vecteur
« d’incursion bocagère » en pays d’openfield, qui est aussi lisible
dans l’urbanisme des secteurs concernés, l’habitat y étant plus
dispersé.
Historiquement, la vallée de la Seine a longtemps été un
axe de déplacement privilégié : à proximité du fleuve, navigable,
elle est empruntée par la RN15 et la voie ferrée qui relient
Paris à Rouen. Cette particularité y a favorisé le développement
urbain de Vernon. Au-delà du territoire de la CAPE, la vallée
de la Seine est un territoire de développement, qui, de Paris
à Rouen, a fortement cristallisé l’urbanisation résidentielle et
d’activités. Vernon, associée aux communes voisines implantées
en rive gauche de la Seine, forme aujourd’hui un ensemble urbain
presque continu et qui tranche vis-à-vis des villes et villages du
reste du territoire, au caractère plus rural.
La vallée de l’Eure est également un site où l’urbanisation
s’affirme plus fortement que sur les plateaux. Pacy-sur-Eure
s’y est développé aux abords du pont où la route nationale
13 franchissait autrefois l’Eure (avant qu’elle soit déviée, il y a
quelques années). Parallèle et relativement proche de la Seine,
la vallée de l’Eure n’accueille pas d’axe de déplacement majeur
sur l’ensemble de son linéaire : elle est néanmoins intersectée
par la voie ferrée Paris - Cherbourg et, on l’a dit, par la RN13.
L’autoroute A13, pour sa part, ignore les vallées et les
villes : elle traverse le plateau de Madrie à découvert, assurant
une desserte à distance des pôles urbains via ses différents
échangeurs.
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vallon de
Saint-Ouen
vallée de
l’Eure
Pacy-surEure
plateau
d’Evreux et
Saint-André
plateau de
Madrie
vallée de
la Seine
Vernon
plateau du
Vexin
vallée de Gasny
l’Epte
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Bloc diagramme schématique du territoire de la CAPE
(données : IGN et NASA)
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Un épais socle crayeux, profondément entaillé par les vallées
Le sous-sol du territoire de la CAPE est principalement
constitué d’un épais socle crayeux comportant des bancs de
silex et datant du crétacé. Ce socle est, dans beaucoup de
secteurs de la CAPE, recouvert d’autres formations géologiques
(alluvions, colluvions, dépots d’origine éolienne...) qui diversifient
la nature des sols et les paysages qu’ils supportent, en influant
sur la végétation naturelle, les pratiques agricoles et forestières,
ou encore sur l’aspect du bâti traditionnel.
Affleurement de pierre de Vernon : un calcaire autrefois
recherché pour la construction (ancienne carrière à Vernonnet)
la craie, visible sur les flancs de la vallée de l’Eure, entre
Ménilles et Cocherel.
La craie : des affleurements essentiellement situés
sur les coteaux
Le socle crayeux affleure sur le flanc des grandes vallées,
dans les secteurs où les pentes sont raides et n’ont pas été
recouvertes de colluvions . Certains vallons affluents à ces
grandes vallées sont totalement englobés par la craie, ce qui
en fait de petites « vallées sèches » où les eaux de pluie et
de ruissellement s’infiltrent aisément (à l’image du vallon de
Boisset). La craie, associée à des pentes fortes, a donné jour
à ces pelouses rases piquées de genévriers et à ces forêts
«maigres» de chênes pubescents visibles sur certains secteurs
de coteaux, paysages aux accents méridionaux atypiques et
attrayants dans le contexte régional, particulièrement riches sur
un plan écologique.
La craie locale est hétérogène : généralement tendre, elle
prend localement la forme d’un calcaire dolomitique plus dur, la
pierre de Vernon : très blanche, elle a été utilisée pour bâtir de
nombreux édifices prestigieux de Haute-Normandie. Elle faisait
autrefois l’objet d’une large exploitation en rive droite de la Seine,
en face de la ville de Vernon. D’anciennes carrières de calcaire
restent également visibles sur les flancs des vallées de l’Eure et
de l’Epte. A Ménilles, on exploitait autrefois la « grouette », une
pierre calcaire et plate qui a la particularité d’avoir un côté droit.
On la reconnaît dans les constructions à cette forme particulière
et sa teinte plus sombre que celle de la craie.
Les plateaux :
hétérogènes.
des
formations
superficielles
Sur les plateaux, la craie sous-jacente est recouverte de
substrats géologiques hétérogènes, datant des ères tertiaire et
quaternaire : sables de Lozère, dépôts caillouteux de calcaire
grossier, limons « soufflés » du quaternaire, argiles à silex, etc.
A l’Ouest de la vallée de l’Eure, sur le plateau de Saint
André et d’Evreux, les sols sont généralement constitués
d’argiles à silex, issues de la décalcification de la craie à l’ère
tertiaire. Ces argiles sont présentes bien au-delà du territoire de
la CAPE, couvrant une bonne part du plateau du Neubourg, du
Pays d’Ouche, du Lieuvin, et jusqu’aux confins du Perche et du
Pays d’Auge. Elles sont aujourd’hui recouvertes de limons sur les
marges de la vallée de l’Eure.
La surface du plateau de Madrie se partage essentiellement
entre dépôts tertiaires caillouteux de calcaire, sables argileux de
Lozère, limons d’épaisseur variable et même alluvions anciennes
et « perchées » de la Seine, qui recouvrent par exemple une
part importante du plateau à l’emplacement de la forêt de Bizy.
Les sables de Lozère, moins fertiles que les limons, supportent
volontiers des boisements (une ancienne carrière de sable est
visible dans le bois de Mercey)
Les fonds de vallées : des alluvions localement
exploitées
Les rivières, et plus particulièrement la Seine, ont donné
naissance à d’importants dépôts alluvionnaires qui recouvrent
la craie dans le fond et parfois sur les flancs des vallées, là où les
pentes sont douces. Les alluvions les plus récentes occupent le
lit majeur des cours d’eaux.
Ces alluvions ont été largement exploitées dans la vallée
de l’Eure, particulièrement dans le secteur de Breuilpont où se
trouvent d’anciennes gravières, devenues des plans d’eau dont
certains sont de grande taille.
12
Une diversité
traditionnel.
géologique
lisible
dans
le
bâti
La diversité géologique du territoire s’affiche dans le bâti
traditionnel. Le calcaire reste dominant et prend un aspect
différent selon les secteurs (variation dans la teinte, du blanc au
gris jaune - forme des moellons plus ou moins aplatie). Le silex
est également employé, associé à la craie et à la brique, ainsi que
la terre crue associée à la pierre ou au bois.
La belle diversité des matériaux de construction
naturels locaux, visibles sur le bâti ancien : calcaires
clairs, “grouette” de forme plate, silex, terre crue,
brique et pans de bois.
En haut et à droite, le château des Tourelles,
un exemple d’édifice remarquable construit en
pierre de Vernon, un calcaire “noble”, robuste et
lumineux.
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2.
LES HUIT UNITÉS DE PAYSAGE DE LA CAPE
On dénombre huit unités de paysage sur le territoire de
la CAPE, représentées sur la carte ci-contre. Chacune d’elle
montre des caractéristiques paysagères homogènes :
Les plateaux
Les grandes vallées
-
La vallée de la Seine
-
La vallée de l’Eure
-
La vallée de l’Epte
-
Le plateau d’Evreux et Saint-André, au Sud de la vallée de
l’Eure
-
Le plateau de Madrie, entre Seine et Eure
-
Le vallon de Saint-Ouen
-
Le plateau du Vexin, aux franges Nord-est du territoire
-
Le vallon « sec » de Boisset (ou Val David)
Les petites vallées
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PLATEAU DU VEXIN
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PLATEAU DE MADRIE
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PLATEAU D’EVREUX
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a) Les plateaux
Deux vastes plateaux s’étirent sur le territoire de la CAPE :
le plateau d’Evreux et de Saint-André, au Sud de la vallée de
l’Eure et le plateau de Madrie entre Seine et Eure. Un fragment
du plateau du Vexin occupe les marges Nord du territoire. Tous
montrent des paysages d’openfield, principalement constituées
de vastes étendues agricoles dégagées où les haies, les arbres
et les prairies sont quasiment absents. La taille importante des
parcelles agricoles, la rareté des chemins et des points de repère
leur donne localement une image presque « abstraite », tant les
paysages y sont simples et nus.
Paysage d’étendues agricoles dénudées et ponctuées de petits
bois, près de Caillouët-Orgeville.
Bois et des forêts occupent également des surfaces
conséquentes sur les plateaux, essentiellement autour des
vallées où ils viennent envelopper la marge des plateaux et le
sommet des pentes (implantation caractéristique des forêts
dans le département de l’Eure autour de la Seine, de l’Eure,
mais aussi de la Risle, de l’Andelle et de l’Iton). Leur surface
varie sensiblement : petits bois isolés ou agglutinés, mais aussi
massifs plus importants (forêts de Vernon et de Bizy de part et
d’autre de la Seine, forêts de Pacy et de Merey de part et d’autre
de l’Eure).
Si le grand public associe généralement la Normandie à ses
paysages vallonnés et bocagers (ceux du pays d’Auge bénéficiant
sans doute de la plus forte notoriété), les plateaux du territoire
de la CAPE nous montrent ainsi un autre visage, assez peu
différent de celui des grands plateaux du centre et de l’Est du
bassin parisien et donc moins directement identifié comme
« normand ». Ces paysages « traditionnellement découverts »
(on verra plus loin que l’évolution des pratiques agricoles
au 20ème siècle dément partiellement cette affirmation) se
rattachent en effet aux grands ensembles paysagers d’openfield
du Nord et de l’Est de la France (Beauce, Brie, Champagne,
Picardie, Artois, etc.) et à ceux plus proches des Vexin français
et normand.
L’habitat traditionnel est concentré dans les villages
et quelques grosses fermes isolées ponctuent les étendues
cultivées. Beaucoup de ces villages ont trouvé appui sur des
lisières forestières et ont cherché la proximité d’un petit vallon
offrant un accès aisé à la vallée la plus proche. Certains sont
implantés au coeur des plateaux et à découvert, à l’exemple
de Douains, de Saint-Vincent-des-Bois ou encore de Caillouet
(commune de Caillouet-Orgeville).
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Villiers-en-Désœuvre, sur le plateau de Madrie : un exemple de
village de plateau.
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b) Les grandes vallées
Trois vallées principales marquent les paysages du territoire
de la CAPE de leur empreinte, découpées dans les plateaux : la
vallée de la Seine, la vallée de l’Eure et la vallée de l’Epte
La vallée de la Seine
La Seine parcourt le territoire de la CAPE en une
vallée ample et profonde, dans un secteur où son tracé est
approximativement rectiligne, entre les séquences de larges
méandres présentes à l’amont et à l’aval. La vallée montre
un profil dissymétrique, caractérisé par des coteaux raides et
essentiellement boisés en rive droite, plus doux en rive gauche
du fleuve où ils accueillent bois à leur sommet et urbanisation et
cultures en contrebas. A Vernon et à Saint-Marcel, l’espace de la
vallée est particulièrement large en rive gauche.
De petits vallons étroits et profonds incisent localement
les flancs de la vallée, constituant des «mondes à part», à l’image
du Val d’Aconville, qui offre des paysages intimistes.
Vernon (la ville la plus peuplée du département après
Evreux) et les communes voisines, implantées dans la vallée,
en rive gauche du fleuve, forment un ensemble urbain presque
continu : cet ensemble tranche vis-à-vis des villes et villages
La vallée de la Seine vue depuis les coteaux de la rive gauche :
un cadre géographique remarquable accueillant l’agglomération
de Vernon.
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du reste du territoire, au caractère rural affirmé. De Paris à
Rouen, la vallée de la Seine est en effet un territoire singulier,
en ce sens qu’il a fortement cristallisé l’urbanisation résidentielle
et d’activités : en Ile-de-France, la vallée de la Seine est le
support d’un continuum urbain de Paris à Mantes-la Jolie. En
Haute-Normandie, si des séquences plus naturelles viennent
encadrer le fil du fleuve, la Seine reste un vecteur d’urbanisation
partiellement fort de Vernon à Rouen, accueillant de nombreuses
villes de plus de 5000 habitants.
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La vallée de l’Eure
Cette vallée est d’une échelle comparable à celle de la
Seine mais montre un visage sensiblement différent : l’Eure y
est en effet beaucoup plus discrète que la Seine dans sa propre
vallée et l’urbanisation moins prégnante dans les paysages dès
qu’on s’écarte de Pacy-sur-Eure.
Les coteaux de la vallée se partagent entre boisements,
prairies «sèches» et cultures, ces dernières occupant les
versants en pentes douce. Des vallons festonnent et entaillent
les coteaux, offrant des paysages plus resserrés et intimistes.
Les nombreux villages de la vallée sont généralement
organisés de façon linéaire : villages-rues étirés autour d’une ou
plusieurs voies.
Le fond de vallée montre des paysages très différents
selon les secteurs, où dominent alternativement les étangs
d’anciennes gravières, les prairies, les bois, les cultures ou
encore l’urbanisation, comme autour de Pacy-sur-Eure.
La vallée de l’Eure vue depuis les hauteurs de Cocherel : un
ample fond plat encadré par des coteaux coiffés de bois et de
forêts.
La vallée de l’Epte
C’est la troisième vallée importante du secteur. L’Epte
parcourt plus au Nord le Vexin, une courte séquence débordant
sur le territoire de la CAPE, à proximité de sa confluence avec la
Seine. La vallée prend alors un profil dissymétrique, marqué par
de hauts coteaux en rive droite et par une crête insérée entre
Seine et Epte (située dans les Yvelines) : cette dernière s’affaisse
progressivement vers le Sud à l’intérieur du méandre de Seine
qui précède le site de confluence.
En rive droite, sur le territoire de la CAPE, l’urbanisation
s’étire sur une bande étroite entre un coteau raide et le fond de
vallée inondable. A Gasny ces pentes s’adoucissent et libèrent
un espace plus large, investi en partie par l’urbanisation.
Le fond de la vallée, très plat, est occupé par des prairies
et des boisements.
Quelques courts vallons entaillent le coteau de la rive
droite et sont parcourus par de petites routes et des chemins
qui montent sur le plateau du Vexin. Une « vallée sèche » plus
importante se dessine au Nord, sur la commune de Gasny : elle
accueille le hameau du Mesnil-Milon.
La vallée de l’Epte, dans le secteur de Giverny : un contraste
marqué entre le fond de vallée, horizontal et humide, et les
hauts coteaux “secs” qui dominent la rive droite de la rivière.
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c) Les petites vallées
Le vallon de Saint-Ouen
Ce petite vallée se distingue des autres vallons affluents à la
Seine par sa taille plus généreuse. Seule sa partie amont se situe
sur le territoire de la CAPE.
Il montre un profil en V et est parcouru par le petit
ruisseau de Saint-Ouen. Ses paysages sont relativement riches
et complexes, associant prairies dans ses parties basses, cultures
sur le haut des pentes, restes de vergers, petits bosquets, villages
et hameaux.
L’ambiance très verte et “normande” du vallon de Saint-Ouen,
arboré et accueillant de larges surfaces de prairies pâturées
(dans le secteur de la Chapelle-Réanville).
Le vallon « sec » de Boisset (ou Val David)
Contrairement au précédent, dont les paysages verdoyants
révèlent la capacité des sols à retenir l’eau, le vallon « sec » de
Boisset est une petite vallée sèche aux sols calcaires, sans eau
visible en surface.
Affluent à la vallée de l’Eure et marqué par le passage de
la voie ferrée d’Evreux, il montre des paysages de coteaux aux
formes souples et galbées. De rares groupes de maisons y sont
installés, les villages se positionnant sur les marges du plateau de
part de d’autre de la vallée.
L’ambiance plus sèche du vallon de Boisset, aux sols calcaires
et drainants : ici au niveau de la RD141(visible au centre de la
photo).
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3. LES VALEURS PAYSAGÈRES CLÉS DU TERRITOIRE DE LA CAPE
En synthèse, quatre « valeurs paysagères clés » fondent la
qualité et le caractère des paysages de la CAPE : le bâti, les
coteaux et les pentes, l’eau et la forêt. Il s’agit de valeurs
culturelles, fondées sur leur reconnaissance partagée par les
habitants du territoire et par ses visiteurs.
Les peintres qui sont passés ou qui ont résidé ici sont
nombreux : Claude Monet mais aussi Pierre Bonnard et William
Turner et d’autres, moins célèbres. Ils n’ont pas manqué de
représenter quelques uns de ces motifs paysagers remarquables,
notamment la Seine et l’Epte, les coteaux qui les dominent
ou encore la vieille ville de Vernon, tournée vers le fleuve.
Ils nous révèlent avec éclat toute la valeur de ces paysages,
qu’on retrouve dans d’autres secteurs moins représentés
picturalement, à l’exemple de la vallée de l’Eure.
Pierre Bonnard (1867 - 1947)
La vallée de la Seine et le chemin de fer entre Giverny et
Vernon.
Vernonnet.
William Turner (1775 - 1851)
La vallée de la Seine.
la Seine à Vernon.
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Claude Monet (1840-1926)
Giverny et la vallée de l’Epte.
Vernon et la Seine.
Les coteaux de la vallée de l’Epte à Giverny.
La vallée de l’Epte.
l’Epte.
Promenade sur l’Epte.
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La valeur paysagère du bâti : une forme urbaine
typée des villages, une architecture vernaculaire de qualité,
le patrimoine des châteaux et des églises…
Les communs du château et l’église de Ménilles.
Un exemple de rue de village : un bâti traditionnel à la fois
simple et attractif (à la Chapelle-Réanville).
La collégiale de Vernon et les maisons à pans de bois de la vieille
ville.
Le Moulin des Chennevières à Giverny.
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La valeur paysagère des coteaux et
les pentes : des paysages riches et complexes où
s’imbriquent bois, haies, cultures, villages, affleurements
de roches calcaires, etc.
Un coteau bocager remarquable
de la vallée de la Seine (à SaintPierre-d’Autils).
Prés, cultures, bois et petits
vergers sur les flancs du Val
d’Aconville.
paysage de coteaux calcaires et
“secs” à Jouy-sur-Eure.
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La valeur paysagère de l’eau : des paysages
attractifs autour de la Seine et des principales rivières, le
patrimoine associé des moulins et des lavoirs, les mares et
les étangs, etc.
A Vernon, la Seine dans la lumière douce du petit matin.
L’Eure, d’allure “sauvage” à l’aval du moulin de Chambines.
Ambiance bucolique des rives de l’Epte, à Giverny.
Une ancienne gravière aux rives reconquises par la végétation naturelle, à HardencourtCocherel.
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La valeur paysagère des forêts : des paysages
de qualité, contrepoint essentiel aux grands paysages
découverts des plateaux.
La vaste étendue forestière du Bois d’Hécourt.
Un chemin invitant à la promenade à Caillouët-Orgeville.
Un sous-bois de grand chênes.
Boisements de coteaux, dominant la vallée de l’Eure à Chambray.
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B. LES PAYSAGES DE LA CAPE : OPPORTUNITÉS,
RISQUES ET DYNAMIQUES D’EVOLUTION
1. LES PAYSAGES AGRICOLES ET FORESTIERS
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CARTE DIAGNOSTIC : LES PAYSAGES AGRICOLES ET FORESTIERS
VERNON
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
PACY-SUR-EURE
LEGENDE :
Secteur aux paysages agricoles
de plateau «simplifiés» par
l’agriculture intensive
Transition village / espace
agricole «simplifiée» par l’agriculture intensive
Paysage de coteau remarquable
Paysage de coteau en friche
Paysage de fond de vallée remarquable
Paysage de fond de vallée refermé
par les boisements ou la végétation
acompagnant les étangs
Paysage de fond de vallée urbanisé
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LES PAYSAGES AGRICOLES ET FORESTIERS
L’agriculture est une force de production économique
essentielle du territoire de la CAPE. Elle y est aussi la première
« productrice de paysages », de part l’étendue des surfaces
qu’elle entretient, qui sont aussi des éléments de cadre de vie et
d’attractivité touristique.
Les enjeux liés aux paysages agricoles sont différents selon
que l’on se trouve sur les plateaux ou dans les vallées.
a) Des paysages agricoles simplifiés par
la mécanisation, la spécialisation et les
remembrements.
Les dernières décennies ont vu l’agriculture «s’intensifier»
sur le territoire : les plateaux ont été particulièrement
concernés par ce changement profond des pratiques agricoles.
Ils montrent aujourd’hui bien peu de nuances : constitués de
vastes étendues cultivées, ils sont en effet caractérisés par un
parcellaire de grande dimension, par la faible diversité des
cultures (essentiellement céréales et colza) et par la rareté des
arbres et l’absence de haies. Les horizons y sont soit totalement
ouverts, soit en appui sur des lisières forestières. Les villages et
les fermes isolées y constituent les seuls éléments de repères
visuels, avec quelques arbres isolés.
La valeur des étendues cultivées des plateaux est ainsi
essentiellement productive : elles n’offrent en effet que peu
d’usages aux habitants et aux touristes (les chemins y étant
rares), et leurs paysages restent relativement banals dans
le contexte interrégional. Les transitions paysagères entre
les espaces cultivés et les villages ou les espaces boisés sont
caractérisées par la présence de très grandes parcelles cultivées
au plus près des habitations et des forêts. En lisière de village, cet
état de fait compromet la capacité des espaces agricoles à être
aussi des lieux de promenade et de détente pour les riverains
(via les réseaux de chemins).
Les vallées ont également vu leur paysages se transformer
avec l’intensification de l’agriculture, mais plus localement, les
pentes fortes et les terrains humides présentant une certaine
résistance au changement des pratiques culturales.
La taille considérable de certaines parcelles cultivées, si elle facilite leur exploitation, n’est guère favorable à la qualité paysagère des
plateaux (ici une vue prise sur le plateau de Madrie, à proximité de Saint-Chéron - commune de Breuilpont).
Beaucoup de lisières de villages font face à des étendues cultivées aux paysages monotones et qui n’ont que peu d’usages à offrir aux
riverains, les chemins y étant rares (ici à Sainte-Colombe-près-Vernon).
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Des paysages agricoles qui ont fortement évolué
depuis cinquante ans.
Alors que rien sur le terrain ne laisserait supposer que
cette situation est relativement récente, l’analyse de cartes
et de photographies aériennes anciennes permet de mettre
en lumière les mutations profondes des paysages de plateau
qui ont accompagnées « l’industrialisation » des pratiques
agricoles. Que ce soit sur les cartes d’état major du 19ème siècle
ou sur des photos aériennes de l’IGN des années 1950, on y
constate en effet la présence de très nombreux prés - vergers,
particulièrement sur le pourtour des villages et à proximité
immédiate des forêts. Ces prés - vergers, presque tous disparus,
permettent d’imaginer des transitions paysagères autrefois
beaucoup plus attrayantes : les vergers constituaient le « liant »
entre les paysages cultivés et boisés, cultivés et habités.
Un petit pré-verger dans le Val d’Aconville : un élément de
paysage attrayant, autrefois courant mais devenu rare sur le
territoire de la CAPE.
D’autre part et antérieurement aux remembrements, les
parcelles, plus petites et cultivées de plantes plus diversifiées,
montraient sans doute des paysages moins monotones
qu’aujourd’hui sur les plateaux.
Les pages qui suivent présentent une analyse de l’évolution
des paysages agricoles et urbains de trois secteurs de la CAPE,
établie sur la base de séries de photos aériennes de l’IGN prises
en 1950 et 2000.
Lisière forestière sur le plateau de Madrie : une situation où les espaces découverts étaient autrefois plantés de vergers en avant des
espaces boisés, sans doute au bénéfice de l’attrait des paysages.
Extrait de la Carte d’état major (vers 1834) - secteur de Jouysur-Eure / Hardencourt-Cocherel : une illustration de la forte
présence des vergers à cette époque, ici sur les coteaux et
dans le fond de la vallée de l’Eure.
Document IGN
On rappellera également que les surfaces
agricoles ont été sensiblement réduites sur
la dernière période, 800Ha ayant étant été
consommés par l’urbanisation nouvelle et les
infrastructures entre 1979 et 2000.
Vergers
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Document IGN
Vues aériennes de Houlbec-Cocherel
1950
Les dynamiques
d’évolution visibles
sur les photos aériennes :
- extension sensible de
l’urbanisation sur les
pré-vergers, les parcelles cultivées et dans les
boisements ;
- disparition de nombreuses parcelles de
vergers ;
- «simplification» et dilatation du parcellaire
agricole ;
Document IGN
- «simplification» des
paysages des lisières
urbaines et boisées ;
- faible extension des
massifs boisés.
2000
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Schémas d’évolution de l’urbanisation, des vergers et des secteurs boisés à
Houlbec-Cocherel
Ferme La Poterie
Parcelles de vergers
imbriquées dans
l’urbanisation du village.
Ferme des Bois
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
Lisière de village
riche et complexe, composée de pré-vergers, de
boisements et de parcelles cultivées
Houlbec-Cocherel
Nombreux vergers imbriqués dans les petits bois
Légende
Espaces boisés
Prés - vergers
1950
Espaces urbanisés
“Urbanisation forestière”
Ferme La Poterie
Lotissement implanté
dans le boisement
forestier
Ferme des Bois
Lisière du village directement en contact avec le
boisement
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
Lisières du village faisant
face aux grandes cultures
Houlbec-Cocherel
Disparition des vergers
insérés entre les bois,
boisés ou remplacés
par des cultures
2000
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Document IGN
Vues aériennes de Villez-sous-Bailleul
1950
Les dynamiques
d’évolution visibles
sur les photos aériennes :
- disparition de nombreuses parcelles de
vergers ;
- «simplification» et dilatation du parcellaire
agricole ;
- «simplification» des
paysages des lisières
urbaines et boisées ;
- extension mesurée de
l’urbanisation ;
Document IGN
- faible extension des
massifs boisés.
2000
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Schémas d’évolution de l’urbanisation, des vergers et des secteurs
boisés à Villez-sous-Bailleul
Le Bray
n
-
n
llo
Villez-sous-Bailleul
t
eS
e
Ou
Paysage de lisière du
village complexe, associant vergers,cultures
et bois
d
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
Va
Froc de Launay
Nombreuses parcelles
de vergers encadrant
le village sur le versant
nord
Légende
Réanville
Espaces boisés
1950
Prés - vergers
Espaces urbanisés
Le Bray
n
-
Villez-sous-Bailleul
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
n
llo
a
V
t
eS
e
Ou
d
Faible extension des
boisements dans le
vallon
Lisières du village faisant face aux grandes
cultures ou aux bois
Froc de Launay
Forte raréfaction des
vergers, remplacés par
des cultures sur le versant nord de la vallée
Réanville
2000
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Document IGN
Vues aériennes du Plessis-Hébert
1950
Les dynamiques
d’évolution visibles
sur les photos aériennes :
- disparition de nombreuses parcelles de
vergers ;
- «simplification» et dilatation du parcellaire
agricole ;
- «simplification» des
paysages des lisières
urbaines et boisées ;
- extension de l’urbanisation ;
Document IGN
- stabilité des massifs
boisés.
2000
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Schémas d’évolution de l’urbanisation, des vergers et des secteurs boisés au
Plessis-Hébert
Le Plessis-Hébert
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
Parcelles de vergers
imbriquées aux cultures,
en lisière de village et
des bois
Vallo
n
de B
Les Courtils
oiss
et
Légende
Les Prévanches
Espaces boisés
1950
Prés - vergers
Espaces urbanisés
Le Plessis-Hébert
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
Très forte raréfaction des
prés-vergers, remplacés
par des cultures ou conquis par l’urbanisation
Lisières urbaines et de
bois en contact direct
avec de grandes parcelles cultivées
Vallo
n
de B
oiss
Les Courtils
et
Les Prévanches
2000
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Des paysages qui continuent d’évoluer sous l’effet de la PAC
De nouveaux paysages sont apparus récemment sous l’effet de la mise en place des « jachères PAC » : en l’absence de cours d’eau
sur les plateaux, ces jachères prennent des formes diverses, par exemple :
-
de « jachères fleuries » implantées au bord des routes, souvent à proximité de l’entrée des villages, et qui viennent animer et
colorer les étendues agricoles
-
de bandes enherbées, particulièrement en bordure de forêt, qui enrichissent les paysages de lisière. Elles ont également un intérêt
environnemental.
Exemple de jachère fleurie, plantée de cosmos et localisée
à l’entrée du village du Cormier : un atout paysager évident,
doublé d’un intérêt écologique.
A Sainte-Colombe-près-Vernon, un exemple de bande enherbée
“PAC” située en lisière de boisement : une transition paysagère
et écologique intéressante, même si sa largeur reste faible.
b) Les coteaux et les pentes : des
« paysages refuges » pour la diversité
paysagère, localement fragilisés par la
déprise agricole et l’urbanisation
Les coteaux des vallées sont plus ouverts à la diversité
paysagère que les plateaux : plus forte variété des modes
d’exploitation des sols, (cultures, prairies et bosquets), présence
de structures bocagères (haies et arbres isolés) et de reliquats
de vergers dans certains secteurs (notamment dans la vallée de
la Seine), affleurements ponctuels de roches calcaires, (naturels
ou liés à d’anciens sites d’extraction), etc.
Sur le plateau de Madrie, le pli discret du vallon de Morenne
(sur la commune de Chaignes) : un site dont la valeur tient à ses
quelques prairies et haies arborées, dans un contexte de plateau
où les grandes parcelles cultivées sont omniprésentes.
A Saint-Pierre-d’Autils, vergers et prairies dominent le village,
implanté en pied de coteau : un paysage particulièrement
attractif.
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Les paysages de coteaux sont soumis à trois dynamiques
d’évolution principales :
-
la déprise des zones de prairies « sèches » sur les pentes
fortes, conduisant à leur fermeture par enfrichement
spontané et, à terme, à une simplification des paysages
de pentes. Toutes les vallées sont concernées par cette
dynamique
-
« l’intensification » de l’agriculture sur les pentes plus
douces et aux sols fertiles, qui concerne essentiellement
les coteaux de la vallée de l’Eure et qui y a simplifié les
paysages, composé de très grandes parcelles dénudées
dans les secteurs concernés.
-
la conquête progressive des coteaux de la vallée de la
Seine par l’urbanisation, en rive gauche, autour de Vernon.
La vallée de l’Eure est également concernée par cette
dynamique mais de façon plus ponctuelle (à Pacy-sur-Eure,
Bueil, Ménilles…).
Conquête des coteaux de Seine par l’urbanisation, à Vernon.
A Neuilly-sur-Eure, un coteau calcaire dont les parties en
pente raide s’enfrichent progressivement, par abandon de leur
gestion.
Conquête des coteaux de l’Eure par l’urbanisation, à Menilles,
aux abords du château.
Dans le secteur de Cocherel, une séquence de coteaux en pente douce et caractérisés par de très grandes parcelles cultivées : un
découpage parcellaire qui tend à gommer la perception du relief.
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c) Le fond des grandes vallées : de larges secteurs autrefois gérés par l’agriculture
et où l’urbanisation, les gravières et les boisements referment progressivement les
paysages.
Les vallées principales du territoire de la CAPE sont
caractérisées par leur large fond plat, traditionnellement partagé
entre prairies et cultures. Dans les secteurs où celles-ci sont
encore présentes, les paysages de vallée bénéficient de larges
ouvertures visuelles.
Un paysage remarquable composé de prairies arborées de
fond de vallée, en avant de coteaux arborés (vallée de l’Eure à
Menilles).
Un secteur cultivé du fond de la vallée de la Seine (la GrandeIle à Giverny), qui maintient des larges ouvertures visuelles sur
les coteaux de la rive gauche du fleuve.
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Ces paysages de fond vallée ont fortement évolué
depuis quelques décennies, sous l’effet de trois dynamiques
principales :
-
de larges séquences de la vallée de l’Eure sont aujourd’hui
occupées par d’anciennes gravières : les haies qui enclosent
généralement leurs parcelles les rendent très peu visibles
depuis les chemins et les routes et leurs rives sont le plus
souvent inaccessibles au public.
Une haie de thuyas
délimitant la parcelle d’un
étang (à Breuilpont) :
une situation courante
dans la vallée de l’Eure,
bien peu favorable à la
qualité paysagère !
-
L’urbanisation conquiert progressivement le fond de vallée
de la Seine, et plus localement, celui de la vallée de l’Eure.
Urbanisation récente de fond de vallée : à gauche dans le vallée de la Seine (à Saint-Marcel), à droite dans la vallée de l’Eure (à
Fains).
-
Les boisements s’étendent progressivement dans le fond
de vallée de l’Epte (et plus localement de l’Eure), en place
d’anciennes prairies, participant à y refermer les paysages.
La vallée de l’Epte est
particulièrement concernée par la
fermeture de ses paysages par des
boisements plantés ou spontanés :
ici une vue prise depuis le coteau
de Giverny, où les bois bordant
la rivière forment désormais un
“rempart” végétal.
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d) Des paysages forestiers de qualité
mais un accès au public limité
Bois et forêts sont très présents sur l’ensemble du
territoire et offrent des paysages forestiers de qualité, visibles
notamment depuis les routes qui les traversent.
Mais ces espaces boisés restent globalement peu
accessibles, de part leur statut essentiellement privé. Des
itinéraires de randonnée (GR2 et GR26) permettent toutefois
de traverser certains massifs forestiers importants et en partie
privés (forêts de Vernon, Bizy et Pacy).
Les paysages forestiers visibles depuis les espaces publics
y suggèrent la prédominance des feuillus : les plantations
monospécifiques de résineux sont en effet très minoritaires dans
les ensembles boisés de la CAPE, et généralement implantées
en cœur de massif (dans les forêts de Bizy et de Merey), ce qui
les rend discrètes dans les paysages. Seuls de petits bois de pins
sont visibles ça et là sur les coteaux calcaires, sans qu’ils portent
atteinte à la qualité paysagère des sites concernés.
Les peupleraies sont traditionnellement implantées en
fond de vallée et concernent essentiellement les vallées de
l’Epte et de l’Eure, où l’on trouve également de nombreux bois
constitués d’essences indigènes (anciennes prairies enfrichées
de longue date).
Les paysages forestiers sont particulièrement précieux sur les
plateaux, où ils font contrepoint aux étendues dénudées des
espaces agricoles (ici “la Chênaie” à Boisset-les-Prévanches).
Les espaces boisés, majoritairement privés, sont trop rarement
traversés par des chemins publics (ici le GR2 à Giverny).
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Les plantations de conifères sont relativement rares : ci-dessous
un exemple visible au sommet du coteau de Neuilly-sur-Eure.
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LES PAYSAGES AGRICOLES ET FORESTIERS : LE CONSTAT
Les principales forces
Les principales faiblesses
Les tendances
Les risques
Un
territoire
largement Une agriculture intensive, - Regroupement
de - Attrait faible des paysages
agricoles de plateau
agricole, au bénéfice du cadre notamment sur les plateaux,
parcelles à l’occasion des
de vie
qui gère des paysages
remembrements (tendance - Perte de qualité progressive
« simplifiés »
achevée ?)
des paysages de coteaux et
de fond de vallée
- Forte
raréfaction
des
vergers, autrefois très
présents
- Enfrichement et boisement
progressif des coteaux secs
et de certains fonds de
vallée (Epte)
- Apparition de « jachères
PAC » depuis quelques
années
- Consommation d’espaces
agricoles par l’urbanisation
nouvelle
Les espaces boisés : des Des
bois
et
forêts
surfaces conséquentes et des essentiellement privés et
paysages attractifs
rarement
accessibles
au
public
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Un élément de cadre de vie
et d’attractivité touristique
insuffisamment exploité
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2. LES PAYSAGES BÂTIS
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CARTE DIAGNOSTIC : LES PAYSAGES BÂTIS
VERNON
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
PACY-SUR-EURE
LEGENDE :
Urbanisation «linéaire» pénalisante
pour la qualité des paysages
Urbanisation «dispersée» pénalisante
pour la qualité des paysages
Zone d’activité à l’image de faible
qualité
Paysage de coteau fragilisé
par l’urbanisation
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–
Linéaire d’entrée de ville
de forte qualité
Linéaire d’entrée de ville
de faible qualité
Points noirs (site dégradé,
bâtiment agricole, industriel...)
à l’image pénalisante
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Elément de patrimoine bâti
remarquable
Ensemble urbain remarquable
Village aux nombreux espaces publics végétalisés
(sols enherbés)
Urbanisation forestière
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LES PAYSAGES BÂTIS
Les paysages bâtis de la CAPE montrent généralement
de belles qualités, notamment dans le centre des villes et
des villages, ou aux abords des édifices « de caractère » qui
ponctuent le territoire. Cependant, l’urbanisation récente et les
aménagements ont localement affaibli la qualité de ces paysages
bâtis.
Les abords de l’église de Vaux-sur-Eure : un exemple de
paysage villageois qui a conservé un caractère rural attachant.
La rue principale de Pacy-sur-Eure : un paysage urbain animé,
aux volumes bâtis homogènes.
A Vernon, grands immeubles de logements collectifs bordés de
jardins familiaux : de nombreux quartiers de logements sociaux
de la ville ont bénéficié de réhabilitations de qualité de leurs
espaces publics.
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a) Dans les villes et villages, une « greffe » souvent délicate des extensions urbaines
récentes avec les tissus bâtis plus anciens.
Soumis à un rythme de développement urbain modéré
mais sensible durant les dernières décennies, les paysages bâtis
des villages ont été fragilisés par l’apparition de bâti nouveau,
notamment à cause :
-
de la rupture dans le mode d’implantation des constructions
dans leur parcelle (bâti traditionnellement perpendiculaire
à la rue et en appui sur celle-ci) ;
-
de l’hétérogénéité et la perte de qualité dans le traitement
des limites de parcelles (clôtures et murs en matériaux
industriels, haies constituées de conifères) ;
-
de la standardisation des matériaux de construction et de
l’architecture.
Les villes sont également concernées, davantage par des
opérations de lotissement importantes (qui restent rares dans
les villages).
Un vis-à-vis entre maisons traditionnelles et récentes,qui révèle
le bouleversement intervenu durant les dernières décennies
dans les pratiques constructives et dans l’aménagement des
parcelles et de leurs limites (ici à Saint-Vincent-des-Bois).
Une lisière de village où des maisons récentes s’imposent dans
le paysage urbain, proposant une image décousue et dépourvue
d’un caractère local (à Douains).
La plupart des opérations de lotissement récentes ont fait naître des paysages urbains standardisés, sans lien avec les spécificités
architecturales et urbaines locales, qui font le charme de tissus bâtis traditionnels du territoire de la CAPE. Ci-dessous deux exemples :
à gauche à Vernon (sur le coteau des Douers), à droite à Breuilpont.
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b) Les espaces publics des villages : parfois banalisés par des aménagements trop
« urbains » ou « routiers ».
Les espaces publics villageois ont généralement conservé
leur caractère rural, où l’herbe et l’arbre tiennent un rôle
important. Certains villages (comme Houlbec-Cocherel et
le Cormier) bénéficient même de la présence de véritables
« prairies urbaines » en centre-bourg, qui agrémentent
agréablement leur cadre de vie. De plus, dans de nombreux
villages (par exemple Giverny et Fontaine-sous-Jouy), les rues
sont jardinées par les particuliers le long de leur habitation,
sur l’espace public, participant à valoriser l’image des rues
concernées.
Dans le bourg de Caillouët, une petite rue dont les trottoirs
enherbés et sans bordures renforcent une ambiance champêtre
et de qualité.
Au Cormier, un vaste “pré-verger public” au bord duquel prend
place la mairie : une image rurale, forte et attractive.
A Giverny, des espaces publics jardinés par les riverains en
limite de leurs propriétés : un bénéfice évident pour l’image de
la commune.
A Douains, une petite place verte encadrée de tilleuls : un
aménagement simple et bien adapté à un contexte villageois.
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Mais la qualité des espaces publics villageois a parfois
été affaiblie par des aménagements qui les ont banalisés :
minéralisation excessive des sols, aménagements faits au
bénéfice principal de la voiture, etc.
Trois exemples d’espaces publics de centre-bourg souffrant d’un caractère “routier” : des sols
entièrement minéralisés, des trottoirs étroits autour d’aménagements essentiellement dédiés
à la circulation et au stationnement des véhicules : à Fains (en haut à gauche), à Chambray
(en haut à droite) et à Vaux-sur-Eure (ci-dessous).
Un espace public sans attrait et aux usages peu lisibles, face à
la gare et à l’école de Breuilpont.
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c) Les extensions urbaines : des logiques d’implantation pas toujours favorables à la
qualité urbaine et paysagère.
Les villages de la CAPE sont caractérisés par un habitat
groupé en «villages tas» (forme urbaine prise par la plupart
des villages des plateaux) et «villages rues» (forme prise par la
majorité des villages des vallées, notamment de celles de l’Eure
et de l’Epte). Pacy-sur-Eure et Vernon, de part leur importance,
ont une structure urbaine plus complexe.
Sous l’effet de la croissance urbaine des dernières
décennies, certains secteurs ont été soumis à des logiques
d’urbanisation linéaire, très étirées le long de routes parcourant
les vallées (RN15, RD5, RD836, RD71, RD527...), et plus
rarement le long de petites routes de plateau : ces formes
urbaines exagérément longues sont défavorables à la qualité
de vie (confusion rue / route dans le traitement des espaces
publics, limitation de vitesse rarement respectée sur les linéaires
urbains les plus longs, usages piétonniers fragilisés, éloignement
du centre-bourg) et à celle des paysages, tout en induisant
des surcoûts, notamment au niveau des réseaux. On observe
jusqu’à un « raboutement » entre les parties urbanisées de
certains villages, qui compromet la perception des « espaces de
respiration » (intervalles non bâtis) entre secteurs urbanisés.
Cette urbanisation linéaire peut également être constituée
de bâtiments d’activités, comme autour de la RN15, de SaintJust à Vernon.
Urbanisation linéaire de pied de coteau, étirée le long de la RD5
entre Giverny et Vernonnet.
Urbanisation linéaire de plateau, à Rouvray.
Urbanisation linéaire d’activités autour de la RN15 (au second plan), vue depuis les coteaux de Saint- Just.
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D’autres secteurs sont soumis à des logiques d’extension
« éparpillées » qui fragilisent la qualité paysagère des transitions
entre urbanisation et espaces naturels. Là encore les fonds de
vallées sont particulièrement concernés, par exemple à Gasny,
à Saint-Marcel, à Saint-Just, à Fains, mais aussi sur certains
secteurs de coteau (par exemple à Villez-sous-Bailleul)
Deux secteurs de fond de vallée caractérisés par un “éparpillement” de l’urbanisation :
ci-dessus entre Fains et Gadencourt, ci-dessous à Gasny.
“Eparpillement” urbain sur les coteaux du val de Saint-Ouen, à Villez-sous-Bailleul : le caractère très arboré du coteau atténue
cependant les effets de cet éparpillement sur la qualité des paysages du site..
On note d’autre part la présence de « lotissements forestiers »,
une typologie urbaine originale, généralement dissociée des villages
(sauf à Houlbec-Cocherel qui possède un quartier de ce type
directement adjacent au village) : discrets, ces quartiers interrogent
essentiellement au sujet de leur distance aux centre-bourgs et des
implications sociologiques de cette distance.
A Saint-Chéron, l’ambiance
atypique d’un «lotissement
forestier» : une typologie urbaine
discrète dans les paysages.
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d) Les zones d’activités et les hangars agricoles : une qualité architecturale et
paysagère souvent faible.
L’image des zones d’activités est rarement attractive et
leur logique d’implantation n’est pas toujours pertinente sur
un plan paysager, notamment dans les fonds de vallée. Certains
bâtiments d’activités et leurs abords constituent de véritables
« points noirs » paysagers qui entachent des sites sensibles. Des
friches d’activités sont également visibles, surtout en bord de
Seine (anciennes fonderies et caserne à Vernon, « friche BP »
à Saint-Pierre-d’Autils). Certaines font l’objet de réflexions ou
d’actions de requalification
A Breuilpont, une zone artisanale aux constructions hétérogènes
(volumes bâtis et couleur) et sans traitement paysager des
limites de parcelles et des espaces publics.
A Saint-Aquilin-de-Pacy, un exemple de supermarché à l’image
peu flatteuse, classiquement installé en entrée de ville et
accompagné de son “cortège publicitaire”.
Les bâtiments agricoles récents peuvent également être
problématiques pour les paysages, lorsque leur implantation,
leurs volumes et leurs couleurs sont inadaptés.
Deux exemples de “points-noirs” paysagers constitués par des bâtiments d’activités et leurs abords : à gauche dans la vallée de L’Eure,
à proximité d’un pont franchissant la rivière, à droite à Gasny.
La friche de l’ancienne fonderie de Vernon : un site stratégique
en bord de Seine que la commune souhaite reconquérir.
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Exemples de hangars agricoles dévalorisant un site d’intérêt (au
Plessis-Hébert).
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e) Des entrées de villages, de villes et d’agglomérations de qualité inégale.
La qualité du traitement paysager des entrées de villes et
villages est très inégale sur le territoire : parfois remarquable,
plus souvent « neutre », cette qualité est localement fragilisée
par l’image médiocre de zones d’activités. Les panneaux
publicitaires participent également, dans certaines communes,
à la dévalorisation des entrées de ville.
Deux exemples de traitement d’entrée de ville de qualité : en
haut à Pacy-sur-Eure (par la RD181), ci-dessous à Giverny (par
la RD5).
A Pacy-sur-Eure, une séquence d’entrée de ville marquée par
des publicités et la grande largeur des emprises réservées aux
véhicules (ancienne RN13).
A Gasny, un exemple d’entrée de ville au traitement qualitatif
perfectible (par la RD5).
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La RN15 au Nord-ouest de l’agglomération vernonnaise : une
entrée de ville marqué par une urbanisation linéaire d’activités.
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f) Le patrimoine architectural (et
les jardins qui lui sont associés) :
généralement bien mis en valeur, mais
un « petit patrimoine » ponctuellement
fragilisé
La CAPE bénéficie de la présence d’un patrimoine
architectural d’intérêt sur son territoire, qu’il s’agisse de
bâtiments remarquables (châteaux, édifices religieux, maisons
de ville à pans de bois…), ou du petit patrimoine rural. Le bâti
traditionnel bénéficie d’une belle qualité, liée notamment à ses
matériaux de constructions locaux et à son homogénéité dans
les ensembles villageois. Certains édifices sont accompagnés
de jardins qui renforcent leur intérêt. Les berges des rivières
accueillent quant à elles le patrimoine particulier des moulins,
des lavoirs et de ponts, qui participe fortement à leur attrait.
Le front de Seine de Vernon dans le secteur de la collégiale.
Le patrimoine architectural constitue une des clés de la
fréquentation touristique du territoire : on citera prioritairement
la Collégiale de Vernon, le site des Tourelles, les châteaux de
Bizy, de Boisset ainsi que celui de Saint-Just pour ces jardins,
sans oublier la maison et le jardin de Claude Monet, site le plus
visité de la CAPE et dont la fréquentation bénéficie de l’immense
notoriété du peintre.
Ce patrimoine est, le plus généralement, bien entretenu et
mis en valeur, mais quelques problèmes se posent malgré tout :
-
Les constructions en terre crue (granges et murs de
clôture) sont plus souvent en mauvais état et on remarque
ça et là des bâtiments d’intérêt proches de la ruine.
-
Des éléments de petit patrimoine bâti (quelques lavoirs,
calvaires…) restent insuffisamment mis en valeur.
Le château de Boisset et sa perspective.
Exemple de construction en terre crue et pans de bois en
mauvais état (à Neuilly-sur-Eure).
Le château de Saint- Just et ses jardins.
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g) Les réseaux aériens et les mats hertziens : une densité et une implantation
localement dommageables à la qualité paysagère
Si les réseaux ont été enfouis dans certaines communes,
ils s’imposent encore dans de nombreux paysages, urbains ou
naturels. Là où leur densité est excessive, ils peuvent porter
atteinte à la qualité paysagère et urbaine.
Sur la commune de Villegats, deux exemples de sites où les réseaux aériens posent un problème paysager, l’un dans la campagne et
l’autre dans le bourg.
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h) Vernon et les communes de la vallée de la Seine : une agglomération à la conquête
progressive de la rive gauche du fleuve.
Autour de Vernon, sur la rive gauche de la Seine, on
observe la constitution progressive d’une tache urbaine
continue. Au Nord de la ville, deux logiques d’urbanisation sont
en concurrence : résidentielle et « verte » sur les coteaux, plus
dense et ouverte aux activités dans la plaine, notamment autour
de la RN15.
L’urbanisation du secteur engendre un enclavement et une
raréfaction progressive des espaces ouverts (vergers, prés et
champs cultivés).
Les relations entre les quartiers et la Seine sont
généralement ténues (Vernon faisant à ce titre exception) :
rareté des routes et chemins assurant leur liaison, effet de
coupure provoqué par les zones d’activités, la RN15 et la voie
ferrée, faible qualité paysagère du chemin de halage…
Des friches d’activités marquent localement les paysages,
dont certaines font l’objet de réflexions ou d’actions de
requalification (anciennes caserne et fonderie de Vernon,
« friche BP » à Saint-Pierre-d’Autils…).
Les rives de la Seine : mises en valeur et aisément accessibles
à Vernon, beaucoup moins dans les autres communes de la
vallée.
A Saint- Just et Saint-Marcel, deux logiques d’urbanisation distinctes : résidentielle et aérée sur les coteaux, principalement composée
d’habitat collectif et d’activités dans la plaine.
A Saint- Just, exemple d’espaces agricoles progressivement enclavés et fragilisés par l’urbanisation.
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LES PAYSAGES BATIS : LE CONSTAT
Les principales forces
Les principales faiblesses
Les tendances
Les risques
Des tissus bâtis anciens de Des extensions urbaines qui Des villes et villages qui Un affaiblissement progressif
qualité dans les villes et fragilisent le caractère et s’étendent à un rythme de la qualité du cadre de vie
villages
l’attrait de nombreux villages modéré mais sensible
villageois et urbain
-
Des zones d’activités
à l’image souvent peu
attractive ; des logiques
d’implantation
pouvant
fragiliser la qualité de
paysages sensibles
-
Des entrées de ville de
qualité inégale
Une implantation de nouvelles La fragilisation de la qualité du
zones d’activités à proximité cadre de vie et de l’attractivité
des grands axes routiers (A13, touristique du territoire
RN15...)
Une banalisation et une perte
de convivialité des espaces
publics de certains villages
Des espaces publics « ruraux » Des aménagements opérés
dans les villages, sobres et au bénéfice de la voiture
attrayants.
qui ont localement dénaturé
Des avenues aux perspectives des espaces publics autrefois
conviviaux
remarquables à Vernon
Vernon : une ville dans un site Une agglomération urbaine
de vallée attractif
étalée sur la rive gauche
de la Seine et des quartiers
périphériques très éloignés du
centre de l’agglomération
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Une
consommation
progressive des espaces
agricoles de la rive gauche du
fleuve par l’urbanisation
A terme, une possible
consommation totale des
espaces agricoles de la rive
gauche et la constitution d’une
tache urbaine continue longue
de près de 10km
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3. LES PAYSAGES DE L’EAU
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CARTE DIAGNOSTIC : LES PAYSAGES DE L’EAU
VERNON
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LEGENDE :
Linéaire de berge de rivière
accessible au public :
ponts
Linéaire de berge de rivière
inaccessible au public :
chemins et routes
accédant aux berges
et aux ponts
élément patrimonial
lié à l’eau
à l’image attractive
à l’image attractive
îles
mare de village ou
du plateau agricole
à l’image perfectible
à l’image perfectible
étangs
espace public
lié à l’eau
à l’image pénalisante
à l’image pénalisante
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LES PAYSAGES DE L’EAU
L’eau constitue un des grands atouts des paysages de la
CAPE : fleuve, rivières, étangs et mares ponctuent son territoire
et constituent des éléments d’attractivité forts. Ils y introduisent
une dimension pittoresque et bucolique, que les peintres ont su
magnifiquement traduire aux abords de la Seine et de l’Epte.
Les rivières, espaces autrefois presque strictement
« utilitaires » (pêche, moulins et lavoirs, batellerie sur la Seine
et usines sur ses berges), sont perçues aujourd’hui comme des
espaces dont la vocation d’agrément est essentielle, nourrissant
des attentes fortes parmi la population et les touristes.
Le potentiel des sites liés à l’eau n’est cependant pas
toujours exploité.
L’Eure à Pacy.
L’Epte à Giverny.
La Seine vue depuis Saint-Pierre-d’Autils.
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a) Des cours d’eau attractifs mais souffrant de problèmes d’accessibilité et d’image.
Si l’on profite largement de la présence de la Seine à
Vernon, grâce à d’importants linéaires d’espaces publics, les
cours d’eau restent aujourd’hui discrets dans de nombreux
autres secteurs.
La Seine
La partie centrale de la commune de Vernon est en
prise directe avec le fleuve, grâce à ses aménagements publics
généreux en surfaces (large promenade arborée en rive gauche
et site des Tourelles en rive droite).
Le fleuve bénéficie de la présence des chemins de halage
(en rive gauche) et de contre-halage (en rive droite), qui
assurent, en théorie, la continuité du caractère public des berges
du fleuve. Mais cette particularité ne suffit pas pour assurer, dans
la réalité, la continuité des usages et la qualité de l’image des
abords du fleuve. En effet :
-
le chemin de halage présente une discontinuité (au Nord
de la station d’épuration de Saint-Marcel) et ses abords
offrent une image
peu
attractive
dans les secteurs
industriels
ainsi
qu’aux
abords
de
quelques
dépôts sauvages
de matériaux. De
plus, la végétation
des berges forme
un « écran » qui
masque le fleuve
dans de nombreux
secteurs ;
-
la continuité du chemin de contre-halage n’est pas
toujours assurée (chemin absent, très étroit, ou
encombré de végétation dans certains secteurs). Si
l’image des secteurs parcourus est généralement bonne,
elle est localement plus faible (le long de petits bras de
Seine très envasés, aux abords de la station d’épuration
et des équipements sportifs situés à l’amont du site des
Tourelles…).
–
Le chemin de halage : des problèmes d’image
dans les secteurs industriels et une végétation qui
bloque trop souvent les vues sur le fleuve.
Les îles de la Seine, espaces singuliers et par nature
attractifs, restent très peu accessibles au public et les « petits
bras » qui les accompagnent souffrent d’un déficit d’entretien.
Le petit bras de Seine qui longe la Grande Ile : colonisé par la
végétation, par manque d’entretien.
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Large promenade publique et arborée, en rive gauche de la
Seine, à Vernon.
L’île Saint- Jean à Vernon : des paysages remarquables,
mais un espace qui reste inaccessible au public.
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L’Epte et de l’Eure
L’Epte et l’Eure bénéficient de la présence d’un important
patrimoine bâti lié à l’eau : moulins, lavoirs, ouvrages des biefs…
Au fil des deux rivières, les chemins publics sont rares et les rives
ont un caractère essentiellement privé (parcelles agricoles, bois
et jardins privés). Certaines sections de sentiers publics restent
inaccessibles, suite à une aliénation de leur parcours par des
propriétaires privés (par exemple à Sainte-Geneviève-lès-Gasny).
Les quelques sites publics aménagés sur les berges sont souvent
difficiles à localiser pour les « non-initiés » et souffrent d’une
certaine confidentialité. Les ponts, qui sont des lieux privilégiés de
découverte de l’eau, sont assez rarement associés à des espaces
publics au bord de l’eau (même si des exemples existent, par
exemple près des ponts de Cocherel et de Rouvray).
L’Eure est ouverte à la pratique du canoë, qui permet de découvrir
ses paysages depuis le plan d’eau et d’accéder aux secteurs
démunis de sentiers sur leurs berges. Deux problèmes se posent
pour les usagers des canoës, qui sont l’objet de réflexions à la
CAPE :
-
le manque d’aires publiques leur permettant de « faire une
pause » sur les rives de la rivière, ce qui provoque des conflits
d’usages important quand certains prennent pied sur des
jardins privés ;
-
des problèmes de sécurité aux conséquences parfois
dramatiques au niveau des ouvrages de retenue.
Bief et ancien moulin à Breuilpont.
L’Epte : une belle rivière aux berges trop peu accessibles au
public (ici à Gasny).
Jardins privés sur les berges de l’Eure, à Merey (ci-dessus) :
une situation courante autour de la rivière...
... et promenade publique à Ménilles (ci-dessous), l’une des
rares séquences de berges qui soit accessible à tous.
Bande enherbée “PAC” au contact de l’Eure, à Chambray : une interface
étroite mais néanmoins précieuse entre cultures et rivière. L’absence
d’arbres en rive gauche reste néanmoins regrettable sur ce site
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b) Les plans d’eau de la vallée de l’Eure : trop souvent confidentiels et souffrant
d’aménagements ou d’une gestion inadaptés
Les anciennes gravières de la vallée de l’Eure représentent
des surfaces d’eau conséquentes et montrent pour certaines
des paysages remarquables. Ce sont des espaces privés et au
caractère confidentiel, du fait du traitement des limites de leurs
parcelles : beaucoup d’entre elles sont en effet implantées sur
des terrains cernés de haies de thuyas et autres conifères, dont
l’image est bien peu adaptée à un contexte de zones humides.
Ces haies opaques bloquent les vues sur les étangs. Les clôtures
et grillages qui les accompagnent le plus souvent renforcent la
perception de lieux exclus, y compris visuellement, de l’espace
public.
D’autre part le traitement paysager des berges d’étangs
n’est pas toujours adapté : si beaucoup montrent une végétation
arborée typique des zones humides de fond de vallée, d’autres
sont plantés d’espèces horticoles et voient leur berges tondues
régulièrement à ras, ce qui leur donne un image banale et
dessert leur potentialités écologiques. De plus, la raideur des
profils de berges interdit le développement d’une végétation
herbacée spontanée, particulièrement de roselières, là encore
au détriment de la qualité paysagère et environnementale de
ces plans d’eau.
Les étangs de la vallée de l’Eure : des
paysages récents nés d’anciennes carrières
d’extraction, parfois dotés de belles qualités
(ici à Breuilpont).
Beaucoup de plans d’eau montrent des paysages bien peu attractifs sur leurs abords - ci-dessous deux exemples visibles à Breuilpont :
à gauche un étang qui semble à l’état d’abandon, à droite un autre bordant une route et masqué par une haie de thuyas.
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c) Les mares : de petits paysages aquatiques pour les plateaux, à la qualité paysagère
inégale.
Les mares sont d’intéressants éléments d’animation pour
les villages et les espaces cultivés des plateaux. Elles ont perdu
une grande partie de leur valeur d’usage (pour le bétail, etc.)
mais gardent un intérêt paysager et environnemental certain.
Certaines bénéficient d’une image naturelle et attractive,
intéressante quand ces mares s’insèrent dans un contexte
villageois lui-même attrayant.
D’autres souffrent d’aménagements inadaptés à leur
qualité paysagère et écologique : minéralisation excessive des
sols sur leurs abords, aménagements de berges verticaux sur
l’intégralité de leur périmètre, présence de clôtures ou de
constructions d’aspect discutable sur leurs abords directs.
Une jolie mare à l’ambiance végétale et naturelle, dans le
hameau de la Houssaye (commune du Cormier).
Au Cormier, une mare aux berges verticales (équipées
de palplanches de bois) et où aucune végétation ne
peut se développer, au détriment de son image.
A Orgeville, un mare insérée dans un carcan de sols en
enrobé, qui durcissent fortement son image.
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LES PAYSAGES DE L’EAU : LE CONSTAT
Les principales forces
Les principales faiblesses
Les tendances
Les risques
Une présence de l’eau sous
des formes diverses dans les
paysages : fleuve et rivières,
étangs et mares
La Seine : des séquences de berges attractives à Vernon
-
Des séquences de berges Un projet de Voie verte, levier
peu attrayantes dans de de reconquête de la qualité
nombreux autres secteurs des berges de Seine sur la rive
Une gestion inadaptée droite
des berges accompagnant
certaines sections du
chemin de halage
L’Eure et l’Epte : des cours Des rivières relativement
d’eau ponctués de sites discrètes depuis l’espace
remarquables
public et dont les rives sont
rarement
accessibles
au
public
Les étangs de la vallée de l’Eure : des surfaces d’eau
conséquentes
-
–
Un projet de Voie verte,
levier possible de reconquête
de l’accessibilité aux rives de
l’Epte
Des plans d’eau essentiel- Une dégradation progressive La « dormance » de sites au
lement
privés
et de l’image de certains étangs, potentiel important
« confidentiels »
depuis en état d’abandon
l’espace public
Un traitement des limites
et une gestion des berges
souvent inadaptés
Les mares : petites mais Des aménagements qui ont
précieuses pour les paysages « durci » l’image de certaines
des plateaux
mares
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Des processus d’urbanisation
à venir qui pourraient
rester « indifférents » à la
proximité de la Seine, si
ces abords n’étaient pas
systématiquement mis en
valeur dans l’agglomération
vernonnaise (en rive gauche
du fleuve)
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La banalisation progressive
de sites d’intérêt paysager et
écologique
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4. LES PAYSAGES DES RESEAUX DE CIRCULATION
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CARTE DIAGNOSTIC : LES PAYSAGES DES RESEAUX DE CIRCULATION
VERNON
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
PACY-SUR-EURE
LEGENDE :
Les routes
routes
séquence de paysages de
moindre qualité autour d’une
route importante
paysages visibles depuis l’A13 : image
«neutre» du territoire, sans paysages
marquants
traverse de bourg caractérisée par des conflits trafic / vie
locale
Itinéraire routier important et au traitement paysager de qualité (RD181)
projet de mise à 2x2 voies de
la RN13
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Les voies ferrées
voies ferrées
séquence de paysages de
moindre qualité autour
d’une voie ferrée
Les circulations douces
Secteurs où les circulations
douces sont rares
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LES PAYSAGES DES RESEAUX DE CIRCULATION
Les paysages des routes : des problématiques paysagères et urbaines diverses selon
les itinéraires.
Les routes sont des axes de perception privilégiés des
paysages de la CAPE, de part leur fréquentation. Nombreuses,
elles renvoient à des problématiques variées. Les principaux
axes sont diagnostiqués ci-dessous.
L’A13
Cet axe majeur traverse le territoire par le plateau de
Madrie, en proposant une image de la CAPE rurale et «neutre»,
d’où n’émerge aucun événement géographique ou urbain
dans les paysages visibles depuis l’axe. La zone d’activités
« Normandie Parc », en cours de développement, constituera
sans doute un élément de repère marquant pour les usagers de
l’autoroute : la qualité de son image est ainsi un enjeu important
à l’échelle de la CAPE.
L’A13, un axe majeur qui offre à ses usagers des paysages ruraux
mais peu marquants du territoire de la CAPE.
La RN13
Egalement très fréquentée, la RN13 apparaît plus en prise
avec les paysages locaux que l’autoroute. Elle donne davantage
à voir sa diversité géographique (en traversant la vallée de
l’Eure) et ses ensembles urbains (Pacy-sur-Eure et de nombreux
villages). Elle bénéficie sur certaines séquences d’alignements
d’arbres remarquables (autrefois présents sur l’ensemble de
son itinéraire). Quelques « points noirs » paysagers liés à des
activités sont néanmoins visibles sur ses abords (dans le secteur
de Chaignes et de Caillouet-Orgeville).
Le projet de mise à 2x2 voies de la RN13 pose question sur
un plan paysager :
-
l’effet de coupure, déjà fort, de la route, sera à priori
renforcé entre chaque rive de la route : les liaisons entre
certains villages ou hameaux pourraient être rendues plus
complexes et les itinéraires empruntés par les engins
agricoles rallongés ;
-
des échangeurs (avec leurs ouvrages et leurs terrassements)
vont apparaître ; des éléments techniques à caractère
autoroutier pourraient équiper la route (glissières de
sécurité, clôtures, bassins de rétention…)
-
les terrassements de la route seront repris dans les secteurs
où elle est en remblais ou en déblais (dans la traversée de
la vallée de l’Eure) ;
-
des friches d’activités pourraient apparaître à son contact
(pour cause de desserte supprimée) ;
Les plantations d’alignements de la RN13 (entre Chaignes et
Aigleville) : remarquables mais pas présentes sur l’ensemble de
l’itinéraire. Qu’en restera-t-il une fois la route mise à 2x2 voies
?
Un point noir paysager au bord de
la RN13 (à Caillouët-Orgeville).
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la RN15
Cet itinéraire de vallée, complémentaire à l’A13 et
qui traverse l’agglomération de Vernon, supporte un trafic
relativement soutenu. Les paysages offerts aux usagers sont
localement entachés par l’urbanisation linéaire d’activités, au
Nord-ouest de Vernon et plus localement au Sud-est de la ville.
La RN15 : des paysages fragilisés par les linéaires d’activités.
La RN181
Elle constitue, avec la RN13, un itinéraire d’accès majeur au
territoire de la CAPE depuis l’A13. Elle bénéficie d’un traitement
paysager de qualité (larges emprises vertes intégrant de jeunes
arbres d’alignement et des haies bocagères), qui valorise les
deux villes qu’elle relie : Vernon et Pacy-sur-Eure
La RN181 : un traitement paysager de qualité, qui s’embellira
encore avec la croissance des jeunes arbres.
la RD836
Elle parcours la vallée de l’Eure en rive droite de la rivière,
où elle traverse de nombreux villages et la ville de Pacy-surEure. Elle supporte un trafic relativement soutenu et souffre
d’un gabarit étroit en secteur urbanisé, qui induit des conflits
d’usages entre route et riverains (trottoirs très étroits…)
La RD836 à Breuipont : des trottoirs très étroits et occupés en
partie par des voitures - une situation fréquente dans les bourgs
de la vallée de l’Eure traversés par cette route.
La RD5
Elle parcourt les vallées de la Seine et de l’Epte, en rive
droite et en position de pied de coteau. Ses paysages sont
marqués par l’urbanisation linéaire d’habitat qui caractérise
ces deux vallées en rive droite. Si Giverny a remarquablement
aménagé sa traverse, d’autres communes souffrent d’une
cohabitation plus délicate avec la route, particulièrement SainteGeneviève-lès-Gasny autour de la mairie.
La RD5 à Sainte-Geneviève-lès-Gasny, accaparant l’espace
public devant la mairie.
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Les paysages des voies ferrées : des abords pas toujours attractifs.
Deux voies ferrées sont porteuses d’enjeux paysagers
pour la CAPE : la voie ferrée Paris / Rouen et le chemin de fer
touristique de la vallée de l’Eure
-
La voie ferrée Paris – Le Havre parcourt la vallée de la Seine
et offre ponctuellement des vues sur le fleuve et la vallée.
Elle traverse également l’agglomération de Vernon, où elle
jouxte par endroit des zones d’activités peu attractives, au
détriment de l’image générale des communes concernées
La voie ferrée Paris – Le Havre : des abords industriels dans certains secteurs, qui n’offrent pas une image très valorisante des communes
traversées.
-
Le chemin de fer de la vallée de l’Eure est porteur d’enjeux
d’image spécifiques, de part sa vocation touristique : s’il
bénéficie de belles vues sur la vallée, il reste ponctuellement
dévalorisé par son contexte rapproché, où sont visibles ça
et là des bâtiments techniques ou d’activités en mauvais
état ou des arrières d’habitation pas toujours attractifs.
La gare de Pacy : une collection de matériels ferroviaires anciens
et colorés.
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–
Les paysages offerts par l’itinéraire ferroviaire de la vallée de
l’Eure restent ponctuellement marqués par des édicules et des
clôtures sans attrait.
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Les circulations douces : des itinéraires de randonnée concentrés aux abords des
vallées - des pistes cyclables encore rares.
A ce jour, les itinéraires de randonnées concernent
essentiellement les coteaux, qui offrent des parcours diversifiés
et de beaux panoramas sur les vallées. Les parcours sont plus
rares en bordure de rivière (voir le diagnostic des paysages de
l’eau) et sur les plateaux où les chemins agricoles ne sont pas
toujours attractifs (itinéraires « de plein vent » parcourant des
étendues monotones et sans arbres d’ombrage).
Des projets devraient tempérer ce constat, la CAPE
travaillant à la création prochaine de trois itinéraires de
randonnée sur les plateaux, ainsi qu’à la création de la voie verte
Vernon – Gasny, dans le cadre du schéma régional « véloroutes
et voies vertes ».
On constate d’autre part :
-
l’existence de circulations douces « urbaines », dont
certaines ont été récemment aménagées, par exemple à
Vernon ou à Giverny (le long de la RD5) ;
-
la rareté des itinéraires « de proximité » en périphérie des
villages, accessibles aux riverains pour leurs loisirs ou leurs
déplacements rapprochés ;
-
la rareté des pistes cyclables, notamment au bord des
rivières ou assurant la liaison depuis les villages vers Vernon
et Pacy-sur-Eure.
Le GR2 sur les coteaux de Seine.
Circulation douce urbaine à Vernon.
Sente piétonne longeant la RD5, à Giverny.
Cyclistes dans la campagne : des itinéraires rares sur les
plateaux, dans un contexte paysager souvent monotone.
Le chemin de halage de la Seine à Saint- Just, où la Seine s’efface
derrière la végétation des berges.
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LES RESEAUX DE CIRCULATION : LE CONSTAT
Les principales forces
Les principales faiblesses
Les tendances
Les risques
De grands itinéraires routiers Des problèmes d’image et
au traitement paysager de des conflits d’usage riverains
qualité souvent bonne
/ trafic le long de certains
itinéraires
-
Une image globale du
territoire «brouillée» par
séquences de paysages
routiers peu attractifs
-
Une perte d’attractivité
des bourgs traversés par
un trafic soutenu
Deux voies ferrées parcourant Des problèmes d’image dans Un
vieillissement
des
des paysages de vallée
certains secteurs
installations proches des voies
ferrées
Des réseaux de circulations douces en partie constitués
Des
itinéraires
de randonnée concentrés sur
et autour des coteaux
-
Un déficit de pistes
cyclables,
notamment au bord des rivières ou
assurant la liaison depuis
les villages vers Vernon et
Pacy-sur-Eure
-
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–
Des projets de création à
court terme d’itinéraires
de randonnée sur les
plateaux
Le projet de Voie verte
Seine - Epte
Un déficit d’itinéraires
piétonniers au bord de
l’Eure et de l’Epte
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RECENCEMENT DES PROJETS ET REFLEXIONS EN COURS
AYANT UNE INCIDENCE POTENTIELLE SUR LES PAYSAGES
Liste non exhaustive basée sur les entretiens réalisés par les bureaux d’études et les fiches communales rédigées par la CAPE
Espaces naturels
•
Requalification de la friche de l’ancienne fonderie - Vernon
•
Ouverture au public du terrain du Château d’Orgeville Caillouet-Orgeville
•
Création de logements sue le site de l’ancienne caserne Fieshi
- Vernon / CAPE
•
Souhait d’ouverture au public des bois communaux - Croisy-surEure
•
Création d’une zone d’activités commerciales à Saint-Just
(10,5ha) - CAPE
•
Protection et valorisation des sources dans la forêt (24ha) Fontaine-sous-Jouy
•
Extension de la décheterie du SETOM à Mercey(50ha)
comprenant défrichement de la forêt et création d’une voie
donnant sur la RD 64 - SETOM
•
Réhabilitation de l’ancien site BP - Saint-Pierre-d’Autils
•
Création d’un parc éolien sur le plateau (?) - Villez-sous-Bailleul
•
Extension de la zone commerciale de l’Intermarché - Gasny
•
Extension de la ZA Nord-est - Gasny
•
Création d’une ZA sur l’entrée ouest (1 entreprise), SainteGeneviève-lès-Gasny
•
Extension urbaine mixte (habitat et ZA) reliant le Nord de
Sainte-Geneviève-lès-Gasny à Gasny - Sainte-Geneviève-lèsGasny
•
Création d’un pôle multi-services à Gasny - CAPE
•
Délocalisation d’une entreprise de transports - Saint-Vincent-desBois
Projets portant sur l’ensemble du territoire de la CAPE :
•
Incitation à la création de jachères fleuries - CAPE
•
Incitation à la valorisation des mares - CAPE
•
Incitation à la plantation et l’entretien des haies - CAPE
Cours d’eau
•
Réaménagement de la base nautique et de la halte fluviale de
Vernonet - CAPE - contrat d’agglomération 2003-06
•
Aménagement de haltes nautiques et des franchissements
de barrages sur l’Eure (à l’aval de Ménilles) - CAPE - contrat
d’agglomération 2003-06
Circulations douces
•
Aménagement de la Voie verte départementale Gasny-Gaillon,
(Vernon, Giverny, Sainte-Geneviève-lès-Gasny, Gasny), inscrite
dans le Schéma départemental des véloroutes et voies vertes de
l’Eure - CAPE
•
Création d’un itinéraire touristique la vallée Bance / Chambray
- CAPE
•
Création d’un itinéraire touristique la vallée du Saint-Ouen / La
Chapelle-Réanville / Villez-sous-Bailleuil / Mercey - CAPE
Projets portant sur l’ensemble du territoire de la CAPE :
•
Développement d’une offre en immobilier industriel locatif (site
Normandie-Parc privilégié) - CAPE / Contrat d’agglomération
2003-06
Habitat
•
Rénovation du quartier d’habitat social des Boutardes à Vernon
- ANRU
•
Création d’un itinéraire touristique : le hameau de Chanu /
plateau de Madrie / Villiers-en-Désoeuvre / Saint-Chéron - CAPE
•
Extension du «lotissement forestier» au Nord - Breuilpont
•
Valorisation du chemin de fer touristique de la vallée de l’Eure
- CAPE
•
Création d’une zone d’urbanisation (10ha) au Boisset-Hennequin
- Saint-Vincent-des-Bois
•
Valorisation des chemins communaux - Croisy-sur-Eure
Projets portant sur l’ensemble du territoire de la CAPE :
•
Valorisation et protection des chemins communaux - Fontaine
sous Jouy
•
Extensions urbaines prévues dans les documents d’urbanisme
•
Souhait d’aménagement de la voie romaine en piste cyclable - Le
Plessis-Hébert
•
Réhabilitation du bâti existant: OPAH en cours ou programmées?
Tourisme
•
Souhait de valorisation du chemin reliant Rouvray à Pacy-surEure - Rouvray
•
Projet de complexe touristique en forêt (châlets) - 4ha Houlbec-Cocherel
•
Souhait de valorisation du chemin de bord de Seine de SaintPierre-d’Autils à Vernon - Saint-Pierre-d’Autils
•
Requalification du silo de la gare en pôle touristique, Pacy-surEure
•
Souhait de valorisation des chemins agricoles pour la promenade
- Villiers-en-Désoeuvre
•
Extension du camping des Fosses rouges, Saint-Marcel
•
Aménagement d’un espace d’accueil lié à la future Voie Verte de
la vallée de l’Epte - Gasny
Souhait d’aménagement d’une aire pour camping-car - SainteGeneviève-lès-Gasny
Projets portant sur l’ensemble du territoire de la CAPE :
•
Inventaire et développement d’un réseau de chemins de
promenade et randonnée sur le territoire - CAPE
•
•
Développement du réseau d’itinéraires de randonnée pédestre
- Conseil général de l’Eure
Espaces publics
•
Enfouissement de réseaux et de création de parking aux abords
de la mairie - Boisset-les-Prévanches
Routes
•
Mise à 2x2 voiesde la RN 13 - DDE de l’Eure
•
Souhait d’aménagement d’un parking proche de l’église - Neuilly
•
Réaménagement de la RD 58 en centre ville - Breuilpont
•
•
Réaménagement de la voie principale (ralentisseurs),
enfouissement des réseaux - Saint-Vincent des Bois
Création d’espace public proche de l’église, démolition d’habitat
ancien - Pacy-sur-Eure
•
Création d’un parking paysager, délocalisation de l’école - Pacysur-Eure
•
Aménagement de stationnement devant la mairie et la mare de
Boisset Hennequin - Saint-Vincent-des-Bois
Zones d’activités et équipements
•
Aménagement du Normandie Parc - CAPE
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CARTE DES PROJETS ET REFLEXIONS EN COURS
AYANT UNE INCIDENCE POTENTIELLE SUR LES PAYSAGES
(Reprenant partiellement la liste ci-contre par souci de lisibilité)
VERNON
3
Agence Folléa-Gautier - paysagistes - urbanistes
PACY-SUR-EURE
LEGENDE - les projets liés aux :
Espaces naturels
Circulations douces ou
touristiques
Activités
Tourisme
Cours d’eau :
parcours canoë
Chemin existants
Habitat
Espaces publics
Cours d’eau :
Haltes nautiques
Routes
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
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SECONDE PARTIE
DIAGNOSTIC
DES MILIEUX NATURELS
DE LA CAPE
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
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Le territoire de la CAPE est riche d’une diversité d’écosystèmes et d’espèces banals en milieu agricole, dans les agglomérations et les
forêts du plateau, ou remarquables sur les coteaux secs boisés ou prairiaux.
Ce diagnostic écologique a pour but d’identifier, de localiser ce patrimoine, et d’évaluer sa dynamique d’évolution et les besoins
d’actions, qui seront développés dans les chapitres ultérieurs de la charte paysagère et environnementale.
Il est basé sur les inventaires des espaces naturels (sites Natura 2000, ZNIEFF de type I), sur des visites de repérage et sur la
consultation de personnes ressources, que nous remercions :
-
DIREN Haute-Normandie : Mme Christine Le Neveu et M. David Pfeiffer ;
-
Conservatoire des sites naturels de Haute Normandie : Mme Carine Douville et M. Vochelet ;
-
Centre régional de la propriété forestière : Mme Audrey Debreyne ;
-
Conseil général de l’Eure, service des Espaces naturels sensibles : Mme Stéphanie Robinet ;
-
Conseil supérieur de la pêche : M. Jean-Maxence Ditche ;
-
Conservatoire botanique de Bailleul, antenne Haute-Normandie : M. Housset.
1.LES ESPACES NATURELS
REMARQUABLES DE LA CAPE
Sites Natura 2000 du territoire des Portes de l’Eure
Le territoire de la CAPE possède un patrimoine naturel
riche. De nombreux espaces naturels remarquables ont été
inscrits à l’inventaire des ZNIEFF de Haute-Normandie. Trois
sites Natura 2000 ont été désignés du fait de la présence
d’habitats (principalement pelouses et forêts calcicoles sur
coteaux) et d’espèces (chauves-souris) d’intérêt européen, au
titre de la directive « Habitats ».
Les espaces naturels les plus remarquables des Portes de
l’Eure peuvent être classés en :
-
coteaux secs de l’Eure, du vallon sec de Boisset et de la rive
droite de la Seine, occupés par des pelouses sèches, des
broussailles et boisements calcicoles, dont la chênaie
pubescente (exceptionnelle en Haute-Normandie), des
bordures de parcelles cultivées à plantes messicoles
remarquables ;
-
prairies inondables et boisements alluviaux des vallées de
l’Epte et de l’Eure ;
-
grottes d’origine artificielle occupées par les chauves-souris.
Nom du site
Numéro
Habitats sur la CAPE
La Vallée de l’Epte
FR2300152
Pelouses calcicoles des coteaux de
Giverny
Extension sur le fond de vallée
inondable de l’Epte, en cours
d’instruction
La Vallée de l’Eure
FR2300128
Pelouses calcicoles des coteaux de la
vallée de l’Eure
Habitats forestiers calcicoles des
coteaux de la vallée de l’Eure
Les Grottes du Mont
Roberge
FR2300152
Ancienne carrière de pierre de
Vernon, utilisée par de nombreuses
espèces de chauves-souris comme
refuge hivernal
L’ensemble des habitats naturels ou plus anthropisés et
dégradés du territoire des Portes de l’Eure est décrit dans les
chapitres ci-dessous.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
76
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
ZNIEFF de type I du territoire des Portes de l’Eure
Nom du site
Vallée de la Seine et ses abords
1 Le ois des Merderelles
Numéro
Habitats sur la CAPE
510.0000
Secteur inondable boisé de la vallée de l’Epte avec éléments relictuels de forêts
alluviales
Ile de la Seine, partiellement sur le territoire de la CAPE
Coteaux secs calcaires de Giverny, Sainte-Geneviève–lès-Gasny et Vernon, avec
pelouses sèches, broussailles et lisières forestières
Ensemble de coteaux secs avec pelouses sèches, broussailles, lisières et habitats
forestiers variés, partiellement sur le territoire de la CAPE
2
3
L'le Emient
Les coteaux de Giverny
543.0000
521.0001
4
Le Grand Val d'Aconville
641.0001
Vallée de l’Eure
5 Les Hauts Champs
6 La Fontaine, Le Homme
7 Les Prés, les Maladreries
8 La Foret de Pacy
727.0000
721.0011
721.0019
721.0013
9 Le Bois d'Hécourt
10 Le Bois du Château
11 Le Bois des Plaisirs, le Bois de Vaux, la Vallée Coqueline
12 Les Perruches
13 Les coteaux de Menilles
14 Les Traquecins
15 Les Grandes Côtes
16 Menilles
Vallon sec de Boisset
17 Le four à chaux
18 Les Courtils
19 La Côte des Fourneaux, la Garenne
20 La Côte Saint-Denis
21 La vallée de L'hopital, la Côte de Ruvigny
22 La Côte Froide
23 La Vallée Bocquet
24 La Côte de la Roche, la Fosse au Renard
25 La Côte Bigot
26 Les Blanchères
27 Le Bois du Moulin, la Côte des Fremilleux
28 Les Vignes Grégoire
29 Les Vignes Grégoire
30 La Marnière aux Huas
31 La Grande Vallée
32 Les Moulins de Merey
ZNIEFF de type II du territoire des Portes de l’Eure
Nom du site
La Côte Saint-Michel, le Vallon du Mesnil-Milon
724.0000
726.0000
721.0012
721.0014
721.0015
721.0020
721.0021
721.0024
Grotte
Numéro
521
Habitats sur la CAPE
Boisement de plateau et coteaux secs avec pelouses, broussailles ou bois calcicole de
Giverny
Ensemble bocager de pâtures, vergers et bosquets frais, parcouru par le ruisseau de
Saint-Ouen (Partiellement dans le territoire de la CAPE)
Habitats forestiers et coteau du vallon d’Aconville
Fond de vallée de l’Eure, coteaux secs de l’Eure avec cultures, pelouses, broussailles et
bois calcicoles, et forêt de Pacy (partiellement dans le territoire de la CAPE)
Coteaux du vallon sec de Boisset avec cultures, pelouses, broussailles et bois calcicoles
651
La Forêt de Bizy
La vallée de l'Eure d'Acquigny à Menilles, la basse vallée de l'Iton
641
721
Le Bois de Garennes, la Forêt de Merey, le Val David
722
–
Coteau avec cultures, pelouses sèches, broussailles et bois calcicole
722.0007
722.0001
722.0002
722.0003
722.0004
722.0005
722.0006
722.0008
722.0009
722.0010
722.0012
722.0013
722.0014
722.0015
722.0016
722.0017
Le Vallon de Saint-Ouen
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
Prairies humides de la vallée de l’Eure
Boisement alluvial marqué par de nombreuses sources
Boisement inondable en vallée de l’Eure
Secteur naturel de la forêt de Pacy avec groupements remarquables de Chênaie
pubescente et autres habitats forestiers
Habitats forestiers calcicoles ou non, dont la Chênaie pubescente
Habitats forestiers calcicoles ou non, dont la Chênaie pubescente
Coteau avec cultures, pelouses sèches, broussailles et bois calcicole
PAYSAGISTES – URBANISTES
77
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
DIAGNOSTIC ECOLOGIQUE : LES INVENTAIRES DES ESPACES NATURELS REMARQUABLES
2
La Côte Saint-Michel,
le Vallon du Mesnil-Milon
Le Vallon de Saint-Ouen
Les Grottes du Mont Roberge
La vallée de l'Eure d'Acquigny à Menilles,
la basse vallée de l'Iton
3
16
La Vallée de l'Epte
6
14
La Forêt de Bizy
12
1
4
15
7
13
La Vallée de l'Eure
La vallée de l'Eure d'Acquigny à Menilles,
la basse vallée de l'Iton
11
8
30
21
29
28
24
5
18
9
26
27
20
22
19
10
Le Bois de Garennes,
la Forêt de Merey,
le Val David
31
32
17
25
23
0m
LEGENDE :
1250 m
2500 m
Sources : DIREN Haute-Normandie.
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Agence Folléa-Gautier, 2007.
Zone de Conservation Spéciale
(site Natura 2000 Directive "Habitats")
Extension en cours d'instruction du périmètre
de la Zone de Conservation Spéciale "Vallée de l'Epte"
13
Zone Naturelle d'Interêt Ecologique, Faunistique et Floristique de type I (actuellement en cours de réactualisation)
(secteurs de superficie en général limitée, caractérisés par leur intérêt biologique remarquable)
Zone Naturelle d'Interêt Ecologique, Faunistique et Floristique de type II
(grands ensembles naturels riches et peu modifiés, ou qui offrent des potentialités biologiques importantes).
Limites de la Communeauté d'Agglomération des Portes de l'Eure
78
N

CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
2.LES ESPACES AGRICOLES
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
L’agriculture intensive de type « grandes cultures » occupe
la majorité des surfaces de plateau et du fond des vallées de la
Seine, de l’Eure et de l’Epte, ainsi que certains des coteaux les
moins abrupts.
Il s’agit d’une agriculture peu accueillante pour la faune et la
flore sauvages, qui sont limitées par l’utilisation systématique et
intensive (au sens des exigences des espèces sauvages) d’engrais,
d’herbicides et d’insecticides. De ce fait, il s’agit d’un milieu
pauvre et peu diversifié.
Cette pauvreté est encore accentuée par les
remembrements, qui ont conduit à des parcelles de très grandes
dimensions, où la proportion de « lisières » plus accueillantes est
faible.
Le Plateau de Madries à Mercey
Ces éléments de diversité sont nombreux et variés. Ils
concourent tous de façon différente à la biodiversité de l’espace
agricole :
Il faut mentionner néanmoins la présence de jachères
imposées par la Politique agricole commune, et souligner l’effort
d’une certaine diversité, par le biais des jachères « fleuries », issu
d’une concertation entre les agriculteurs et la CAPE.
-
villages du plateau. Espaces de faible naturalité, ils
hébergent néanmoins une certaine diversité faunistique, en
particulier d’oiseaux qui y trouvent des sites de nidification
dans les bâtiments et les jardins ;
-
vergers et haies résiduels. Ce sont les éléments qui ont le
plus souffert de l’intensification de l’agriculture et des
remembrements. Ceux qui restent sont souvent en lisière
des villages. Leur intérêt est avant tout pour les oiseaux ;
-
bosquets et lisières de boisements. Leur végétation est
beaucoup plus naturelle. Ils jouent à la fois un rôle d’habitat
proprement dit et de refuge des espèces qui fréquentent et
exploitent le milieu agricole. Ils accueillent à la fois les
oiseaux, les mammifères et certains insectes ;
-
bords de chemins et bords enherbés de routes et
autoroutes, surtout intéressants pour les oiseaux et les
petits mammifères.
Bande enherbée en lisière de la forêt de Pacy à Douains
c)FLORE
On retrouve plusieurs cortèges végétaux :
-
la flore spontanée des champs cultivés de façon intensive,
extrêmement pauvre et peu abondante, mais qui joue un
rôle dans l’alimentation de la Perdrix grise. En bordure des
coteaux calcaires secs de l’Eure, on trouve localement des
espèces messicoles2 très menacées, comme le Lin de Léon,
mais ce cortège de messicoles patrimoniales est
exceptionnel sur le territoire de la CAPE, comme dans tout
le nord de la France ;
-
la flore des friches et jachères, apparentée à la précédente,
mais plus diversifiée et plus accueillante pour l’ensemble de
la faune, du fait de l’absence de traitements insecticides. Les
surfaces assez importantes des jachères PAC permettent à
cette capacité d’accueil de la faune de s’exprimer ;
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
Compte tenu de la pauvreté des cultures intensives, les
éléments de diversité en milieu agricole sont déterminants pour :
-
la présence d’une certaine diversité d’espèces végétales et
animales sauvages ;
-
former des corridors biologiques1 facilitant la traversée du
plateau.
2
Les plantes messicoles sont les espèces végétales sauvages
compagnes des plantes cultivées, comme le Bleuet ou le Coquelicot. Alors
que les agriculteurs parlent de mauvaises herbes ou d’aventices, les
écologues parlent de messicoles pour les cortèges de mauvaises herbes qui
étaient spécifiquement adaptés à certaines cultures (céréales, lin, cultures
sarclées, etc.) et certains types de sols avant l’industrialisation de
l’agriculture. De nombreuses espèces messicoles ont pratiquement disparu
avec l’emploi systématique des herbicides, et parce qu’elles ne se sont pas
adaptées aux niveaux de fertilité actuellement permis par les engrais de
synthèse et les variétés naines des céréales à paille.
1
Les corridors biologiques sont des couloirs de déplacement de la
faune ou de la flore. Ils permettent les échanges de géniteurs entre
populations proches et la colonisation ou la recolonisation de sites
favorables à l’espèce. Ils sont spécifiques à chaque espèce et à chaque
situation : les bosquets du Plateau de Madries constituent des refuges et
des haltes pour les grands mammifères à affinité forestière ; le cours de
l’Eure constituait un couloir de déplacement pour les géniteurs des
poissons migrateurs frayant en tête de bassin et grossissant en mer.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
79
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
-
la flore des bords des routes et chemins, qui s’apparente à
une végétation de prairies très appauvries ;
-
la flore des lisières, mosaïque d’espèces de prairies et de
forêts. Les labours et traitements venant souvent en
bordure même du couvert forestier, cette végétation est le
plus souvent banale, voire dégradée par eutrophisation3.
Ceci se traduit par le développement de l’ormaie rudérale4,
riche en Ortie, érables et Robinier au dépend de la chênaie
ou de la hêtraie.
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
Avant l’intensification et l’industrialisation de l’agriculture,
l’espace agricole présentait une complexité et une richesse
écologique au moins équivalente aux autres espaces « naturels »
que sont les forêts ou les zones humides.
Ce patrimoine naturel a depuis été très fortement dégradé.
En fait, compte tenu de la taille des parcelles actuelles, de la
rareté des vergers et des haies, et de la quasi-disparition de
l’élevage, on peut penser que la dégradation a atteint son
maximum et que l’état de conservation écologique de l’espace
agricole est à son point le plus bas.
L’espace agricole a atteint un état très appauvri mais
relativement stable. Les derniers éléments de diversification,
petits bosquets de plateau et dernières prairies, ne sont plus
susceptibles de disparaître. Avec le durcissement de la
réglementation européenne sur la maîtrise des pollutions
agricoles et sur le maintien des prairies, il est même possible que
son état de conservation écologique s’améliore, sans toutefois
retrouver le bon état antérieur.
f)ENJEUX DE CONSERVATION A
L’ECHELLE DU TERRITOIRE
Les enjeux à l’échelle du territoire de la CAPE sont les
suivants :
L’espace agricole entourant la Ferme de Court-Côte
à La Chapelle-Réanville
-
conserver les quelques sites de coteaux secs (vallon sec de
Boisset) où est encore présent un cortège remarquable de
plantes messicoles menacées ;
-
assurer la pérennité des nombreux bosquets présents sur le
plateau agricole ;
-
améliorer la qualité et la naturalité des milieux annexes
(friches, jachères PAC, derniers vergers et haies, villages).
d)FAUNE
La faune caractéristique des espaces cultivés est peu
diversifiée. Les éléments de diversité notés plus haut sont
responsables de la présence de la plupart des espèces.
Parmi les oiseaux des parcelles agricoles nichant au sol, on
peut citer la Perdrix grise, en voie de raréfaction du fait de
l’agrandissement des parcelles, l’Alouette des champs et un
rapace : le Busard Saint-Martin.
L’espace agricole est également un lieu d’alimentation
important pour plusieurs espèces d’oiseaux hivernant en France,
qu’il s’agisse d’individus locaux ou en provenance de l’est et du
nord de l’Europe. On peut citer le Vanneau huppé, le Pluvier
doré, la Corneille noire et le Corbeau freux.
Les nombreux bosquets et les friches permettent la
présence d’une certaine diversité de mammifères terrestres
communs, comme le Renard, le Chevreuil ou les petits rongeurs,
qui peuvent exploiter l’espace agricole pour leur alimentation. En
revanche, celui-ci est relativement défavorable aux insectes et
autres invertébrés (hormis les parasites des cultures, qui peuvent
jouer un rôle dans l’alimentation des oiseaux). Il est de ce fait peu
fréquenté par les chauves-souris.
Friche en bordure de village à Gournay
3
L’eutrophisation est l’enrichissement excessif du sol ou de l’eau
résultant d’épandages ou de dépôts de matières fertilisantes organiques
(fumiers, déchets verts, boues, vases) ou minérales (engrais agricoles).
Dans les milieux naturels, elle conduit à la banalisation, à l’apauvrissement
ou à la disparition des cortèges végétaux et animaux naturels préexistants.
La présence de nappes d’orties dans les prairies et en lisière de forêt ou
celle d’algues filamenteuses
dans les cours d’eau sont des indices
d’eutrophisation.
4
Rudéral : se dit d’une plante qui croît dans les décombres. Par
extension, les écologues utilisent ce terme pour les conditions de sol
modifiées par la proximité d’habitations humaines ou de bâtiments
d’élevage, qui se traduit par des dépôts d’urine et de déchets organiques
divers. Les conditions rudérales sont des conditions d’eutrophisation
particulières.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
80
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
3.LES MASSIFS FORESTIERS
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
Les milieux boisés couvrent environ 20 % du territoire de
la CAPE. Ils représentent donc un milieu déterminant du
territoire, tant du point de vue écologique que paysager.
Ils se répartissent en :
-
grands massifs, souvent sur les plateaux ou en bordure de
coteau : forêts de Bizy, de Vernon, de Pacy, de Merey, bois
d’Hécourt et de Breuilpont. Il s’agit de vastes propriétés
forestières gérées comme telles (Plan simple de gestion)
pour la production de revenus forestiers (bois d’œuvre,
chasse). Elles représentent la majeure partie des surfaces
boisées de la CAPE. Il s’agit le plus souvent de futaies ou
taillis sous futaies de feuillus (principalement Chêne sessile).
Seule la forêt de Bizy présente des surfaces conséquentes
de résineux ;
-
bosquets et petites propriétés boisées sur le plateau
agricole et sur les coteaux. La propriété est très morcelée
(de quelques ares à quelques hectares). Très nombreux,
ces bosquets constituent rarement une source de revenu
notable pour leur propriétaire. De ce fait, ils font rarement
l’objet d’investissements en gestion forestière. Il s’agit soit
de taillis anciens destinés dans le passé à la production de
bois de chauffage, soit de boisements spontanés de
structure hétérogène, qui se sont développés sur les
coteaux après la disparition de l’élevage qui les maintenait
ouverts. Beaucoup de ces bosquets sont dans un état de
relatif abandon, et de ce fait présentent un intérêt
économique limité à la seule production de bois de
chauffage, actuellement rarement récolté.
Une parcelle du Bois d’Hécourt après une coupe d’éclaircie
c)FLORE
Les forêts et bosquets de la CAPE appartiennent
principalement aux quatre habitats suivants :
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
-
la Chênaie pubescente, dominée par le Chêne pubescent et
ses hybrides avec le Chêne sessile, qui se développe sur les
coteaux calcaires les plus arides et ensoleillés au sud de la
vallée de l’Eure. Cet habitat thermophile calcicole est ici en
limite septentrionale de son aire de répartition et est
exceptionnel pour la Haute-Normandie. Il présente des
cortèges faunistiques et floristiques particulièrement
diversifiés et riches en espèces rares dans le nord de la
France, dont la Cigale de montagne ;
-
la hêtraie calcaricole, sur les coteaux boisés depuis
longtemps. Cet habitat est d’intérêt européen, et a souvent
été intégré au site Natura 2000 « La vallée de l’Eure ». En
strate herbacée, on trouve plusieurs orchidées, dont les
céphalantères ;
-
la Tiliaie-érablaie de ravin, qui se développe sur les pentes
des vallons encaissés dans les coteaux calcaires, en situation
fraîche et ombragée (exposition nord). Cet habitat,
toujours très ponctuel, est également d’intérêt européen
prioritaire et souvent intégré au site Natura 2000 ‘La vallée
de l’Eure ».
-
la Chênaie sessile acidophile, sur les sols de plateaux, qui
sont en général trop secs pour accueillir la Hêtraie
acidophile à Houx. Cet habitat est très largement
représenté dans le nord de la France, et présente donc un
cortège d’espèces assez communes, mais accueille une
faune forestière caractéristique et diversifiée, en fonction
des faciès de peuplement imposés par la gestion sylvicole ;
-
l’Ormaie
rudérale
sur
sols
nitratés,
présente
particulièrement en lisière en milieu agricole. Elle est
souvent colonisée par le Robinier faux-acacia et l’Erable
Les habitats forestiers hébergent des cortèges végétaux et
animaux qui leurs sont propres. Des éléments de diversité
peuvent permettre la présence d’habitats particuliers et
d’espèces supplémentaires.
On peut citer :
-
les mares, fossés et milieux humides intraforestiers, qui
permettent en particulier la reproduction des amphibiens ;
-
les clairières et allées intraforestières enherbées, où
espèces prairiales et espèces des sous-bois clairs et lisières
cohabitent. Parmi les plus intéressantes, citons les pelouses
calcicoles relictuelles sur les coteaux secs ;
-
les coupes forestières, qui hébergent une flore particulière,
aimant l’humidité et le soleil, pendant quelques années
avant la repousse des arbres. Elles peuvent héberger un
oiseau rare : l’Engoulevent d’Europe.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
81
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
DIAGNOSTIC ECOLOGIQUE : LES MASSIFS FORESTIERS ET BOSQUETS
LEGENDE :
0m
1250 m
2500 m
N

Sources : Corine Land Cover, 2000
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Agence Folléa-Gautier, 2007.
Habitat forestier reconnu d'intérêt écologique
(classé à l'inventaire des ZNIEFF I ou intégré au réseau Natura 2000)
Forêt de feuillus
Plantations de conifères
Grillon des bois
http://micologia.net
Salamandre
www.batraciens-reptiles.com
Pic mar
Limodore
wwwlb.aub.edu.lb
82
Chevreuil
www.naturfoto-cz.de
Vulcain
www.oiseaux.net
www.interet-general.info
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
sycomore. Etat de dégradation des habitats forestiers plus
naturels, elle présente en général une flore assez banale.
climatiques qui redéfiniront l’ensemble des habitats du nord de la
France, on peut considérer que leur état est globalement stable à
l’échelle de chaque massif.
d)FAUNE
La situation est différente pour les bosquets de plateau et
de coteau.
La faune forestière est bien représentée sur le territoire de
la CAPE :
-
tous les mammifères terrestres forestiers sont présents, y
compris les trois gros gibiers : Chevreuil, Sanglier et Cerf.
Ce dernier est présent dans les forêts de Vernon et de
Merey. Sur le territoire de la CAPE, il est contraint dans ses
déplacements par plusieurs barrières : la Seine, le coteau
urbanisé de Vernon, l’autoroute A13 ;
-
plusieurs espèces de chauves-souris y trouvent refuge et
alimentation, au cœur des massifs ou en lisière ;
-
les principales espèces d’oiseaux forestiers de la région sont
présentes, y compris celles sensibles au dérangement. On
peut citer en particulier le Pic mar, le Pic noir et la Bondrée
apivore. Il s’agit de cortèges d’oiseaux en général en bon
état de conservation au niveau du nord de la France. Citons
également le Loriot et le Grosbec casse-noyaux,
inégalement répartis en Haute-Normandie, et dont l’est de
l’Eure est un des bastions ;
-
grâce aux mares, ornières et fossés, les amphibiens
forestiers sont bien représentés dans les grands massifs sur
le plateau : Crapaud commun, Grenouille agile, Salamandre
tachetée, Triton palmé, Triton ponctué, Triton alpestre ;
-
Les bosquets en milieu agricole subissent une
eutrophisation progressive par leurs lisières, qui dégrade
l’ensemble de leur flore et de leur faune. Leur état de
conservation est donc globalement dégradé. Ceci est regrettable,
mais ils sont surtout importants par leur rôle de refuge et de
corridor biologique en milieu agricole. Ils restent parfaitement
fonctionnels de ce point de vue tant qu’ils ne sont pas déboisés et
convertis à l’agriculture, ce qui ne semble pas être la dynamique
actuelle.
Les boisements des coteaux sont difficilement exploitables
du fait de leur pente (dangerosité, difficulté d’accès pour
l’exportation des bois). A côté d’habitats en bon état de
conservation, on observe des broussailles âgées peu
caractéristiques et évoluant lentement vers les habitats forestiers,
et des taillis très sombres qui, sans éclaircies et gestion forestière
appropriée, ont peu de chance d’évoluer vers des futaies à la
structure et au sous-bois diversifiés. L’état de conservation est
donc hétérogène et l’évolution spontanée par vieillissement vers
les habitats d’intérêt européen forestiers à forte biodiversité peut
être bloquée.
f)ENJEUX DE CONSERVATION A
L’ECHELLE DU TERRITOIRE
enfin, le relatif abandon des petits bosquets et des parcelles
boisées des coteaux est favorable aux populations
d’insectes des arbres âgés et du bois mort, qui sont
menacés à l’échelle européenne. Mais nous ne disposons
pas de données sur la qualité des cortèges véritablement
présents.
Les enjeux à l’échelle du territoire de la CAPE sont les
suivants :
-
conservation des quelques sites d’habitats forestiers
remarquables pour la haute Normandie : Chênaie
pubescente, Tiliaie-Erablaie de ravin et la Hêtraie calcicole
des coteaux. Les surfaces concernées sont faibles. La
première prend une importance toute particulière dans le
contexte de réchauffement climatique en tant que réservoir
d’espèces adaptées aux milieux plus chauds et plus secs.
-
conservation des bosquets en milieu agricole, pour leur rôle
en tant qu’élément de diversité écologique et paysager ;
-
accompagnement de la dynamique naturelle des
boisements sur coteau, pour dépasser les blocages et
accélérer l’installation d’un bon état de conservation en
termes de naturalité et diversité des cortèges végétaux et
animaux ;
-
conservation des grands massifs forestiers des plateaux et
des éléments de diversité intraforestiers qu’ils abritent. Elle
dépendra de la volonté de leurs propriétaires.
Vue de la futaie de feuillus du Bois d’Hécourt
Chênaie à Chêne sessile sur sol acide
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
L’état de conservation écologique des différents habitats
forestiers est globalement bon. Des réserves peuvent être
formulées pour les lisières des bosquets de plateau en milieu
agricole, qui subissent les pollutions agricoles et l’envahissement
par des espèces exotiques comme le Robinier.
Les grands massifs forestiers font l’objet d’une conduite en
futaie, sur la base d’un plan simple de gestion. L’enrésinement
n’étant plus à l’ordre du jour, et dans l’attente des changements
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
83
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
4.LES PATURES ET VERGERS
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
Les vergers de pommiers et les prairies de la CAPE étaient
traditionnellement associés à l’élevage bovin ou ovin, à l’instar du
reste de la Normandie. Ils n’ont subsisté que là où des sols lourds
et pentus ont rendu la conversion en terres labourées difficile,
disparaissant en particulier des abords des villages du plateau.
Ils subsistent dans les secteurs où a survécu une forme
d’élevage :
-
sur le coteau de Saint-Pierre-d’Autils, entre Vernon et le
Goulet,
-
dans le vallon du ruisseau de Saint-Ouen,
-
localement dans le fond de vallée de l’Eure, en particulier à
Neuilly et près de Pacy-sur-Eure.
Le Vallon du Ruisseau de Saint-Ouen entre Villez-sous-Bailleul et Saint-Pierrede-Bailleul
c)FLORE
Il s’agit principalement d’élevage bovin allaitant, qui a
remplacé l’élevage laitier, mais on peut observer des élevages de
loisir de chevaux, ânes ou quelques moutons.
La flore est banale du fait du pâturage et de la richesse des
sols. Les éventuelles espèces remarquables restent confinées aux
éléments de diversité que sont les berges de ruisseaux, les haies,
les lisières de boisements et les coteaux calcaires secs adjacents.
d)FAUNE
Cet habitat est très favorable à de nombreuses espèces
d’oiseaux de bocage, qui exploitent les milieux ouverts, mais
nichent dans les arbres. Les espèces communes sont toutes
présentes, mais les espèces emblématiques de ce cortège sont
menacées, voire absentes de certains secteurs, car elles nichent
dans les cavités des vieux pommiers (qui disparaissent). Il s’agit de
la Chouette chevêche, du Torcol fourmilier, du Moineau friquet
et du Rougequeue à front blanc.
Les prairies, vergers et fragments de bocage sont un habitat
particulièrement favorable à de nombreuses espèces de chauvessouris, communes ou rares. Elles y trouvent une forte biomasse
d’insectes au sol ou dans les haies.
Prairies de la vallée de l’Eure à Neuilly
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
Ces éléments de prairies sont agrémentés de vieux
pommiers de haute tige, de haies, de parcelles de céréales, de
maraîchages, et de ruisseaux et fossés humides. L’ensemble
constitue un type de bocage complexe et diversifié, témoin de la
richesse passée des espaces agricoles. Grâce à l’association des
prairies et des éléments ligneux et à l’absence de traitements
insecticides, il possède un fort potentiel d’accueil de la faune et
de la flore banals des milieux ouverts.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
84
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
f)ENJEUX DE CONSERVATION A
L’ECHELLE DU TERRITOIRE
Les enjeux de conservation des prairies et vergers à
l’échelle du territoire sont les suivants :
Progression de l’urbanisation sur les prés-vergers à Saint-Just
-
protéger de la destruction et de la fragmentation et
conserver l’intégrité des quelques grands espaces cohérents
de prairies pâturées plantées ou non d’arbres fruitiers, avec
leurs éléments de diversité écologique (haies, ruisseaux,
mares, arbres isolés, lisières forestières, etc.) : coteau de
Saint-Pierre-d’Autils et de Vernon, vallon du ruisseau de
Saint-Ouen, fond de vallée de l’Eure ;
-
conserver les derniers vergers de haute tige en périphérie
des villages ;
-
assurer le renouvellement des arbres fruitiers de haute tige,
tant pour leur intérêt écologique (insectes, avifaune), que
pour la conservation des variétés fruitières locales.
Il faut à la fois passer par une protection réglementaire
(SCOT, PLU, etc.) et redonner des usages à ces espaces qui leur
donneront un sens dans notre société moderne urbaine.
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
Les prairies, vergers et résidus de bocage sont
extrêmement menacés sur le territoire de la CAPE, et ce depuis
plusieurs décennies. La plupart des surfaces a disparu, en
particulier sur le plateau. Les éléments restants ne sont qu’une
petite partie de ceux existant après-guerre.
Les causes de ce fort déclin des surfaces et de l’état général
de conservation des éléments restants sont multiples :
-
disparition progressive de l’élevage, conduisant à la vente
des pâtures (coteau de Vernon) ou à leur conversion en
champs de grandes cultures (plateau) ;
-
perte de l’intérêt économique du cidre, qui représentait
une part importante du revenu des parcelles enherbées. Sur
les espaces restants, ceci conduit à un vieillissement des
pommiers de haute tige qui ne sont plus remplacés et
finissent par disparaître. Outre la perte de variétés locales
de pommes et autres fruits, qui font partie du patrimoine
du terroir, on observe aussi une diminution des possibilités
de nidification des oiseaux rares cités plus haut ;
-
Le Vallon du Ruisseau de Saint-Ouen entre Villez-sous-Bailleul et Saint-Pierrede-Bailleul
pression de l’urbanisation, en particulier dans le fond de
vallée de l’Eure et sur le coteau de Vernon.
Les effets des deux premières causes sont déjà largement
réalisés. De fait, les dernières directives européennes imposent
de conserver globalement les surfaces en prairies permanentes,
ce qui devrait protéger les derniers éléments résiduels de la
disparition totale. Aucune dégradation supplémentaire n’est donc
à attendre de ce point de vue.
En revanche, la pression de l’urbanisation sur ces espaces
reste notable, du fait de la proximité de Paris. Avec la mise en
place de tontes fréquentes et un fort dérangement de la faune, la
transformation d’une pâture à pommiers en jardin pavillonnaire
s’accompagne d’une forte perte de biodiversité.
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
85
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
5.LES COTEAUX SECS
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
-
les nombreux fonds de carrières et fronts de taille, qui
peuvent héberger des cortèges végétaux particuliers, mais
sont en général fortement dégradés ;
-
les bordures des terres labourées des coteaux les plus secs,
où sont présentes plusieurs plantes messicoles
extrêmement menacées dans le nord de la France. Ce
cortège remarquable est particulièrement bien conservé
sur les pentes sèches labourées du vallon sec de Boisset
Le territoire de la CAPE est marqué par les vallées de la
Seine et de l’Eure, bordées de coteaux hauts et abrupts. Le
substrat calcaire dur, le sol peu épais et les très fortes pentes ont
historiquement restreint leur utilisation au seul pâturage,
principalement ovin. Avec la quasi-disparition de l’élevage, ils ont
perdu leur vocation historique il y a plusieurs dizaines d’années,
et sont actuellement le plus souvent abandonnés et
embroussaillés. La forte pente les a protégés dans une certaine
mesure de l’urbanisation, malgré une pression importante en
particulier sur la rive droite de la Seine (Vernon, Giverny).
L’ensemble de ces habitats forme une mosaïque
remarquablement diversifiée, riche en espèces rares, menacées
ou localisées dans le nord de la France. Dans le contexte actuel
de réchauffement climatique, il constitue un réservoir
indispensable pour les espèces de climats chauds et secs qui
devront pouvoir coloniser le territoire dans les décennies à venir.
Des cortèges animaux et végétaux remarquables de
diversité s’y sont installés, en fonction de l’exposition, de la pente
et de l’épaisseur du sol. Ils sont menacés au niveau européen par
l’abandon des pratiques d’élevage traditionnelles. C’est pourquoi
la plupart des coteaux secs des vallées de la Seine et de l’Eure ont
été intégrés au réseau Natura 2000 et inscrits à l’inventaire des
ZNIEFF de Haute-Normandie.
La flore caractéristique des pelouses calcicoles est très
diversifiée ; Elle est dominée par les graminées et les
légumineuses, mais de nombreuses autres familles de plantes sont
présentes, avec des floraisons souvent très colorées. C’est le cas
des orchidées, particulièrement abondantes et visibles sur
certaines pelouses.
c)FLORE
La flore des fonds de carrière et fronts de taille en est une
variante, adaptée aux sols les plus minces et les plus secs.
A ce cortège s’ajoute celui des fruticées, les fourrés à
Prunellier, Aubépine, Cornouiller sanguin, Viorne mancienne,
églantiers.
Le vallon sec de Boisset héberge sur ses pentes labourées
un cortège remarquablement diversifié de plantes messicoles des
sols calcaires secs, avec des plantes rares, voire exceptionnelles
comme le Lin de Léon ou l’Adonis d’automne.
Il convient de mentionner l’envahissement des coteaux de
Giverny par l’Ailante du Japon. Cet arbre exotique est capable
d’une croissance rapide, produit rapidement beaucoup de graines
et rejette abondamment de souche, ce qui le rend difficile à
éradiquer. Il constitue des peuplements très denses, cause de
dégradation des habitats de coteaux secs à Giverny et Vernon.
Pelouse sèche en cours d’embroussaillement
à Saint-Aquilin-de-Pacy
Parmi les coteaux les plus remarquables des Portes de
l’Eure du point de vue de leur patrimoine faunistique et
floristique, on peut citer :
-
le coteau de Giverny ;
-
les coteaux de la rive droite de l’Eure entre Ménilles et
Chambray (la Côte Blanche, la Côte aux Brebis, Les
Perruches, etc.) ;
-
les coteaux du vallon sec de Boisset, entre Le PlessisHébert et Merey, en rive gauche de l’Eure.
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
Pelouse sèche de la Côte Sainte-Catherine en cours d’embroussaillement à
Vernonnet
Les pelouses sèches des coteaux calcaires présentent en
elles-mêmes une forte diversité tant animale que végétale, qui en
a fait un habitat d’intérêt européen.
d)FAUNE
A celle-ci s’ajoutent :
-
les faciès d’embroussaillement ouvert ou fermé ;
-
les prés-bois et les lisières avec les boisements calcicoles
secs des coteaux ;
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
Les coteaux secs ouverts sont le domaine de nombreux
insectes, parfois d’affinité méditerranéenne : criquets, sauterelles,
papillons, etc. L’association d’une végétation herbacée diversifiée
et de fourrés leur est particulièrement favorable.
PAYSAGISTES – URBANISTES
86
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
DIAGNOSTIC ECOLOGIQUE : LES COTEAUX A PELOUSES SECHES ET BROUSSAILLES REMARQUABLES
La Vallée de l'Eure
Lézard vert
Ophrys bourdon
Rosier rouillé
Demi-deuil
0m
700 m
1400 m
Sources : DIREN Haute-Normandie.
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Agence Folléa-Gautier, 2007.
Astragale de Montpellier
LEGENDE :
Pelouse sèche, éventuellement envahie par
le Brachypode penné et piquetée de Genévriers
et d'arbustes
Espace dégradé par un fort embroussaillement,
demandant des actions de débroussaillage pour
retrouver son patrimoine végétal et animal
remarquable
1000 m
Sources : DIREN Haute-Normandie.
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Agence Folléa-Gautier, 2007.
www.plant-identification.co.uk
http://ftp.funet.fi

Nous avons ajouté les milieux ouverts du Grand Val d'Aconville,
exclus de Natura 2000 car situés en dehors des deux vallées.
500 m
http://ispb.univ-lyon1.fr
N
Nous avons cartgraphié ici les coteaux à végétation non
forestière, ouverte ou embroussaillée, intégrés aux sites
Natura 2000 "la vallée de l'Epte" (coteau de Giverny) et
"la vallé de l'Eure" (qui comprend le vallon sec de Boisset).
0m
www.hlasek.com
N

Le coteau de Giverny
et le Grand Val d'Aconville
87
http://flower.onego.ru
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
On y trouve donc une faune d’insectivores variée, dont
beaucoup d’oiseaux recherchant les milieux buissonnants pour
nicher. Les chauves-souris sont également présentes, tant en
chasse que dans les anciennes carrières souterraines et autres
cavités où elles hibernent. Les carrières du Mont Roberge ont été
intégrées au réseau Natura 2000 régional pour les chauves-souris
qui s’y réfugient en hiver : Grand Murin, Petit Rhinolophe, Grand
Rhinolophe, Murin à oreilles échancrées, Murin à moustaches,
Murin de Daubenton, etc.
Les coteaux secs sont l’habitat de la CAPE le plus riche en
reptiles. Ils y trouvent une abondance de proies (insectes et petits
mammifères), de la chaleur et de nombreux abris. Citons le
Lézard vert, la Coronelle lisse, la Vipère péliade et le Lézard des
murailles.
Enfin, les broussailles denses des coteaux peuvent
constituer un refuge diurne pour le Sanglier et le Chevreuil.
-
dépôts de déchets verts, d’encombrants, de déchets divers.
Les fonds de carrières en sont systématiquement victimes,
mais tout site abandonné et toute pente abrupte sont
susceptibles de recevoir des déchets ;
-
extension de l’urbanisation. Les pentes fortes des coteaux
se prêtent mal à la construction d’habitations, mais certains
fonds de carrière ont été bâtis. De plus, de nombreuses
agglomérations se sont étendues historiquement au pied
des coteaux (vallée de l’Eure, Vernonnet), ou plus
récemment à leur sommet ou en milieu de pente pas trop
forte (Giverny) pour bénéficier de la vue. Leurs jardins ont
tendance à s’étendre sur les pentes, ce qui en modifie la
végétation ;
-
éventuellement feux de camp, motocross, etc.
-
historiquement, certains coteaux ont été boisés de résineux
pour tenter de leur trouver une nouvelle vocation
économique. Ces essais sont en général des échecs qui ne
se renouvelleront pas.
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
Dans l’ensemble, les coteaux sont abandonnés et ne font
l’objet d’aucune gestion. Ils évoluent donc vers les boisements de
Chênaie ou de Hêtraie calcicoles selon l’exposition, après un
stade de fruticée. Compte tenu de la pauvreté et de l’aridité du
substrat, cette évolution s’étend sur plusieurs décennies.
Certains coteaux sont en cours de restauration par le
Conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie, et sont
gérés par débroussaillage et pâturage ovin extensif.
On trouve donc tous les stades sur les coteaux de la CAPE,
chacun globalement en bon état de conservation du point de vue
de la qualité et de la diversité des cortèges floristiques. Certains
stades sont naturellement plus pauvres (fruticées sombres
fermées). Cette mosaïque fine de stades d’évolution différents est
très favorable au maintien global de la diversité faunistique et
floristique des coteaux secs.
Néanmoins, l’habitat le plus menacé et le plus patrimonial
étant celui de pelouse sèche pâturée, les autres stades de la
dynamique sont considérés comme des états de dégradation de
celui-ci. C’est aussi le cas du point de vue paysager. Dans cette
optique, on peut dire que les coteaux en bon état de
conservation représentent une proportion faible des coteaux de
la CAPE. Le reste est considéré comme dégradé.
Pelouse sèche et lande à genévrier gérée par pâturage extensif
à Saint-Aquilin-de-Pacy
f)ENJEUX DE CONSERVATION A
L’ECHELLE DU TERRITOIRE
Les coteaux secs concentrent une part importante des
espèces de faune et de flore rares et menacées présentes sur le
territoire de la CAPE. Leur classement au réseau Natura 2000 et
leur inscription à l’inventaire des ZNIEFF en sont la consécration.
Ils restent néanmoins extrêmement menacés par leur abandon.
Les enjeux à l’échelle du territoire sont les suivants :
Urbanisation d’un fond de carrière du coteau de l’Eure à Merey
Les coteaux étant abandonnés pour la plupart, l’évolution
vers les broussailles continue et, sauf pour les sites gérés par le
Conservatoire, leur dégradation se poursuit. Ils doivent aussi
subir certaines dérives d’usages :
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
88
-
préserver les coteaux secs de l’extension de l’urbanisation ;
-
préserver les coteaux secs ouverts de l’embroussaillement ;
-
restaurer les coteaux secs partiellement embroussaillés ;
-
éliminer l’Ailante du Japon du coteau de Vernonet et
Giverny.
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
remarquable zone de sources
marécageux de Fontaine-sous-Jouy.
6.LES RIVIERES ET ETANGS
ET LEURS BERGES
et
de
boisements
c)FLORE
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
Les cours de l’Epte et de l’Eure hébergent des herbiers
aquatiques à Renoncule aquatique et à callitriches.
Localement, les bras secondaires de la Seine permettent
d’observer le Nénuphar jaune.
Le territoire de la CAPE est marqué par les vallées de la
Seine, de l’Epte et de l’Eure, où se côtoient le fleuve, les rivières,
mais aussi leurs berges boisées ou arborées, les espaces
inondables, les fossés et bras secondaires.
Les berges arborées correspondent à des formes dégradées
de forêts alluviales naturelles, la dégradation étant imputable au
sylviculteur (plantation de peupliers hybrides, travaux d’entretien
du sous-bois), des faibles surfaces (linéaires le long des berges) et
d’une eutrophisation excessive due à la mauvaise qualité des eaux
de la Seine. Elles sont dominées par l’Aulne, le Frêne commun, le
Saule blanc et l’Orme champêtre.
La vallée de la Seine est marquée par la présence de bras
secondaires et d’îles de grandes dimensions.
La vallée de l’Eure a fait l’objet d’une intense activité
d’extraction de matériaux alluvionnaires qui a laissé de très
nombreux plans d’eau, maintenant privatisés et reconvertis en
plans d’eau d’agrément. Leurs berges sont soit gérées de façon
très horticole et peu naturelle, soit laissées à l’abandon, avec
croissance de saules et peupliers de grande taille.
Le lit majeur de la vallée de l’Epte est planté de peupleraies.
Source en milieu forestier alluvial aux Boissinnettes
à Fontaine-sous-Jouy
A Fontaine-sous-Jouy, les sources permettent la présence
de l’Aulnaie-frênaie, avec un cortège herbacé caractéristique et
remarquable.
Les berges et les herbiers aquatiques de l’Eure à Merey et Lorey
Enfin, les étangs de la vallée de l’Eure sont relativement
dépourvus d’herbiers aquatiques ou de roselières, ce qui doit
être attribué à une gestion inadaptée des berges et des poissons.
En effet, la présence de quelques très gros poissons conduit à la
disparition des herbiers et des possibilités de frai.
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
Les cours de l’Eure et de l’Epte présentent des herbiers
aquatiques et une qualité de substrat favorables à la faune et à la
flore aquatique. Mais les éléments de diversité sur les berges et
dans l’ensemble du lit majeur contribuent de façon importante à
la richesse des cortèges :
-
-
d)FAUNE
Ces habitats sont caractérisés par une faune totalement
différente de celle du reste du territoire de la CAPE. Les cours
d’eau et étangs font l’objet d’empoissonnements réguliers. Dans
le cas des cours d’eau, ceux-ci ont en fait peu de répercussion sur
les cortèges de poissons.
bras morts. Ils permettent le frai des poissons et offrent un
refuge à une faune et une flore aquatiques qui ne peuvent
se développer sur le cours principal de la Seine du fait du
dérangement, de l’artificialisation des berges, du batillage et
de la mauvaise qualité de l’eau. Localement, ils peuvent
offrir aux poissons des substrats de ponte différents, ce qui
augmente le nombre d’espèces présentes localement. Les
plus remarquables sont le Bras de Ma Campagne et le Bras
de Saint-Jean.
L’Epte est une rivière de l’aval de la zone à Truite, où on
trouve surtout les espèces compagnes de la Truite que sont le
Chabot, le Vairon et la Loche franche. A noter la présence en
petit nombre de la Lamproie de Planer, poisson d’intérêt
européen. Du fait de la relative proximité avec l’estuaire de la
Seine, l’Anguille est présente.
boisements alluviaux. Il s’agit d’éléments relictuels peu
caractéristiques des vastes forêts alluviales qui existaient
avant le développement de l’agriculture. Ils sont présents le
plus souvent sous forme de linéaires le long des berges. Les
peupleraies de la vallée de l’Epte constituent des formes
dégradées, où on peut trouver une partie du cortège de
sous-bois. On peut rapprocher de ces boisements la
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
L’Eure est une rivière de la zone à Barbeau, avec un
cortège de poissons très diversifié, mais fortement dominé par
les cyprinidés d’eau courante : Chevaine, Ablette, Goujon,
Gardon et Spirlin. Peut-être est-ce dû aux rempoissonnements
effectués par les pêcheurs à la ligne. Le Barbeau est très peu
présent. Le courant et le fond caillouteux permettent la présence
PAYSAGISTES – URBANISTES
89
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
du Chabot. Notons la présence de la Bouvière, d’intérêt
européen et indicatrice de la présence de moules d’eau douce.
confortement des berges (rectifications, enrochements, etc.), les
seuils (moulins) et par l’agriculture.
Dans la Seine, le cortège de poissons est appauvri, surtout
du fait de la mauvaise qualité des berges et du faible nombre de
frayères disponibles. On trouve, en petites quantités, l’Anguille et
les cyprinidés les moins exigeants : Gardon, Chevaine et Ablette.
De ce fait, ces milieux n’accueillent actuellement qu’une
fraction de la faune et de la flore qu’on pourrait trouver dans des
conditions plus naturelles.
La vallée de la Seine est fortement dégradée par la
mauvaise qualité de l’eau, le batillage, l’industrialisation du lit
majeur et les travaux de confortement des berges. La situation a
désormais atteint une certaine stabilité, avec un état de
conservation mauvais.
Les plans d’eau de l’Eure présentent les cortèges les plus
dégradés, dominés par quelques espèces souvent introduites
(Carpe, Perche soleil), avec de faibles capacités de frai. Ils sont
dominés par les poissons les plus gros.
Le cours de l’Epte et de l’Eure est dans un meilleur état de
conservation du point de vue de la faune et de la flore. Il pourrait
être amélioré du point de vue de la qualité de l’eau
(eutrophisation par les rejets urbains et les fertilisants agricoles,
pollution par les produits phytosanitaires).
Mentionnons sur l’Eure la présence de nombreux seuils,
souvent associés à d’anciens moulins. Ils limitent fortement les
déplacements des poissons de l’aval vers l’amont, ce qui nuit tout
particulièrement aux poissons migrateurs (Anguille, Truite de
mer, aloses) qui ont pratiquement disparu des rivières
européennes au cours du dernier siècle. La politique actuelle est
à la restauration de la transparence migratoire pour ces espèces,
ce qui imposera d’effacer ou d’aménager de nombreux obstacles.
L’état de conservation des étangs de l’Eure est très
mauvais, du fait de la gestion inadaptée des berges et des
cortèges de poissons.
Etang du Lac Guéry à Breuilpont
Les cours d’eau permettent la présence d’oiseaux
aquatiques communs en période de nidification (Martin-pêcheur,
Poule d’eau, Canard colvert) et en période de migration ou
d’hivernage (Grand Cormoran, Chevalier guignette, Aigrette
garzette). Plusieurs espèces d’anatidés domestiques ou échappés
d’élevage sont présentes sur la Seine : Cygne tuberculé, formes
domestiques du Canard colvert, Bernache du Canada.
Comparée à la surface totale en eau, l’avifaune aquatique
est peu abondante sur les étangs de l’Eure. Ceci doit être attribué
à l’absence d’herbiers végétaux et de petits poissons. Les étangs
servent de refuge tranquille plus que de site d’alimentation.
Mentionnons la présence d’une colonie d’Hirondelle de
rivage dans la zone industrielle de Pacy-sur-Eure, sur un site de
nidification artificiel (tas de sable).
Gestion peu naturelle des berges d’un plan d’eau de carrière
à Breuilpont
Le Héron cendré peut être observé s’alimentant sur
l’ensemble des milieux humides, y compris au bord des mares du
plateau, mais aucune colonie de reproduction n’est connue sur la
CAPE.
Enfin, les milieux humides sont riches en insectes, dont les
éphémères et les libellules. Les berges des cours d’eau et les
boisements alluviaux sont donc fréquentées par les chauvessouris forestières et « aquatiques », comme la Sérotine
commune, la Noctule commune ou le Murin de Daubenton.
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
Les milieux humides recueillent une grande partie de la
pollution urbaine et agricole par le biais des eaux de
ruissellement, des eaux usées partiellement traitées, et de la
nappe phréatique.
Le cours et les berges des rivières et des fleuves sont
souvent fortement marqués par l’urbanisation, les travaux de
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
90
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
d’incendie, rouissage du lin ou de l’osier, lavage du linge,
abreuvoir, etc.),
mais sont maintenant tombées en
désuétude ;
7.LES
AGGLOMERATIONS
URBAINES
-
jardins des particuliers : relativement tranquilles, ils
associent milieux ouverts et éléments arbustifs ou arborés,
recherchés par de nombreux oiseaux communs ;
-
grands et petits bâtiments : l’architecture ancienne offre aux
oiseaux et chauves-souris de nombreuses cavités, ce qui les
rend indispensables pour ces espèces ;
-
parcs arborés et alignements d’arbres urbains : les oiseaux,
chauves-souris et insectes saproxylophages y trouvent de
nombreuses cavités, contrairement aux forêts d’intérêt
sylvicole, où les arbres âgés ou blessés sont abattus ;
-
friches industrielles et terrains vagues : parfois de grande
superficie et préservés des insecticides, ils peuvent
héberger pendant quelques mois à quelques années une
flore diversifiée et des oiseaux nichant au sol ou dans les
arbustes bas. Ils peuvent également servir de site
d’alimentation pour les oiseaux nichant dans les jardins
alentour.
Coteau boisé et pelouse sèche envahie par le Genévrier
en bordure d’agglomération à Merey
c)FLORE
a)DESCRIPTION ET
LOCALISATION
En milieu urbain, la flore est en général peu diversifiée et
composée d’espèces banales. Les habitats les plus diversifiés sont
les friches et terrains vagues, qui peuvent être colonisés
rapidement par de très nombreuses espèces pionnières à graines
transportées par le vent.
Quatre grands types d’agglomérations urbaines sont
présents sur le territoire de la CAPE :
-
les grandes agglomérations anciennes au tissu urbain serré,
pauvre en jardins et éléments végétaux, et comportant de
grands bâtiments anciens en pierre, riches en cavités. Les
cœurs historiques de Vernon et de Pacy-sur-Eure
appartiennent à cette catégorie, de même que les centres
historiques de certains villages comme Gasny ou
Breuilpont ;
-
les villages traditionnels assez serrés avec des bâtiments en
pierre riches en cavités pour la faune, associés à des jardins
ou vergers résiduels et à de nombreux éléments de
diversité. Ce type d’agglomération est présent tant sur le
plateau que le long de l’Eure ;
-
les lotissements récents, aux bâtiments peu accueillants
pour la faune et aux jardins souvent très artificialisés
(gazons tondus, essences horticoles exotiques, etc.). Ils
côtoient les autres types d’agglomérations sur tout le
territoire de la CAPE : coteaux, fond de vallée de l’Eure,
extensions récentes des villages et des villes, etc.
-
les zones industrielles, caractérisées par de grands
bâtiments à toit plat, associés ou non à des dépendances
vertes peu fréquentées (pelouses, friches, terrains vagues,
etc.). Ces espaces sont naturellement peu accueillants pour
la faune et la flore sauvages, mais peuvent localement
apporter un refuge tranquille ou un site de nidification à
certaines espèces aux exigences particulières (colonie
d’Hirondelle de rivage dans un tas de sable à Pacy-sur-Eure
par exemple).
Dans tous les milieux, la flore des espaces urbanisés est
fortement marquée par les espèces exotiques de toutes origines :
plantes horticoles, envahissantes, etc.
Les éléments potentiellement les plus naturels sont les
parcs des châteaux et les berges des rivières et pièces d’eau, si la
gestion laisse la place, au moins localement, à la flore sauvage.
Un verger résiduel, élément de diversité écologique
à Saint-Chéron
d)FAUNE
b)ELEMENTS DE DIVERSITE
ECOLOGIQUE
Outre les oiseaux de bocage les plus communs, qui
trouvent dans les jardins un habitat de substitution aux haies et
prairies, on trouve en milieu urbain des espèces nichant dans les
cavités de rochers, qu’elles ne trouvent que dans les bâtiments
dans le nord de la France. Les grands bâtiments historiques de
Vernon accueillent en particulier le Choucas, le Faucon crécerelle
et le Pigeon biset. Des colonies de nidification d’Hirondelle des
Ils sont nombreux et divers, et conditionnent la présence
de la faune et de la flore sauvages en milieu urbain, comme en
milieu agricole :
-
mares de village, particulièrement sur le plateau. Elles
avaient de nombreux usages traditionnels (eau en cas
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
91
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
DIAGNOSTIC ECOLOGIQUE : LES PATURES ET VERGERS
http://orientalbirdimages.org
22
Rougequeue à front blanc
http://natuurbeleving.scene24.net
11
www.blueskybirds.co.uk
Chouette chevêche
Moineau friquet
LEGENDE :
0m
11
0m
N
Sources : Corine Land Cover, 2000
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Agence Folléa-Gautier, 2007.
Parcellaire complexe
(pâtures et vergers liés aux habitations)
Pâture
1250 m 2500 m

22
100 m
200 m
N
Sources : Corine Land Cover, 2000
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Photographie aérienne, IGN.

Exemple 1 : Ensemble
complexe de prairies de la
vallée de l'Eure, de jardins et
de vergers de village résiduels
à Saint-Aquilin-de-Pacy
0m
50 m
100 m
N
92
Sources : Corine Land Cover, 2000
Cartographie : BIOTOPE, 2007.
Fond : Photographie aérienne, IGN.

Exemple 2 :
prés-vergers cernés par
les constructions récentes
à Saint-Pierre d'Autils
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
fenêtres, d’Hirondelle rustique et de Martinet sont également
présentes. Le Rougequeue noir fréquente tous les villages.
Certains clochers de villages abritent un nid de Chouette effraie,
qui se nourrit dans les espaces agricoles et prairiaux alentour.
Citons la corbeautière de Corbeau freux de Vernon, qui se
nourrit dans l’espace agricole.
Parmi les mammifères anthropophiles présents dans les
villes et/ou les villages, on peut citer la Souris domestique, le Rat
surmulot, la Fouine, le Lérot et une chauve-souris : la Pipistrelle
commune.
e)DYNAMIQUE D’EVOLUTION ET
ETAT DE CONSERVATION
L’intérêt écologique du milieu urbain en tant que lieu de vie
de la faune et de la flore et en tant qu’élément de diversité en
milieu agricole continue globalement de régresser.
Développement d’une urbanisation aux jardins peu naturels
au pied des pelouses sèches de la Côte Sainte-Catherine
à Vernonnet
Cette dynamique négative est liée à l’évolution de nos
modes de vie qui s’éloignent toujours plus du contact avec la
terre : les jardins potagers reculent au profit des pelouses
horticoles, on n’accepte plus les oiseaux ou les chauves-souris
dans les murs, sous les gouttières et dans les greniers, on n’élève
plus d’animaux de basse-cour, toute la voirie est revêtue, les
massifs fleuris et espaces verts sont souvent traités aux
insecticides.
f)ENJEUX DE CONSERVATION A
L’ECHELLE DU TERRITOIRE
Les enjeux de conservation à l’échelle du territoire de la
CAPE sont les suivants :
Le summum de cette évolution a été la disparition des
vergers liés aux villages du plateau, qui ont été soit lotis soit
convertis en espace agricole. Les villages du plateau restent
néanmoins un élément de diversité majeur de l’espace agricole.
-
limiter l’extension de l’urbanisation sur les prairies
permanentes, les vergers traditionnels, les coteaux secs ;
-
conserver les capacités des bâtiments anciens à accueillir la
faune (oiseaux, chauves-souris) ;
L’urbanisation actuelle conduit à des jardins et bâtiments
assez peu accueillants pour la faune et la flore sauvage. Elle
constitue une certaine amélioration lorsqu’ils prennent la place de
parcelles agricoles conduites de façon intensive, et elles-mêmes
encore plus pauvres. En revanche, elle constitue une cause
majeure de dégradation lorsqu’elle se produit aux dépens
d’habitats naturels riches, comme les pâtures à pommiers, le fond
des vallées de l’Eure, les coteaux secs ou les milieux forestiers.
-
améliorer l’intérêt écologique des dépendances vertes des
zones industrielles, des friches industrielles et des terrains
vagues ;
-
améliorer l’intérêt écologique des jardins publics, espaces
verts et jardins pavillonnaires, par une modification de la
gestion courante et en limitant l’utilisation des essences
exotiques ;
-
conserver et restaurer les mares de village et les vergers
restants sur le plateau agricole ;
-
conserver les vieux arbres d’alignement et les vieux arbres
dans les parcs.
Une mare de village aux berges arborées
à Saint-Vincent-des-Bois
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
–
PAYSAGISTES – URBANISTES
93
B IOT O PE – M I L I E U X N A T U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
8.SYNTHESE DES ELEMENTS PATRIMONIAUX
Synthèse des éléments patrimoniaux des Portes de l’Eure
Milieux naturels
Etat de conservation
Patrimoine d’intérêt européen
Pelouses sèches peu embroussaillées
Bon pour ce qui reste
Menacé par l’abandon et les broussailles
Hêtraie calcicole des coteaux
Assez bon lorsque l’habitat est assez âgé et a pu évoluer vers la futaie plutôt que de rester bloqué sous la
forme d’un taillis sombre abandonné
Tiliaie-érablaie calcicole de ravin
Bon
Habitat naturellement protégé des dégradations par les fortes pentes
Carrières souterraines à chauves-souris
Bon
Patrimoine d’intérêt régional
Pelouses sèches embroussaillées
Faciès de dégradation
Tendance à la poursuite du boisement
Chênaie pubescente
Bon
Cortèges de plantes messicoles du vallon sec de Boisset
Bon, le dernier ensemble encore fonctionnel de Haute-Normandie (voire du nord-ouest de la France) pour
ce cortège de par la qualité, le nombre et la proximité des sites qui l’hébergent
L’Eure et l’Epte
Bon du point de vue des cortèges faunistiques et floristiques
Patrimoine d’intérêt local
Grands massifs forestiers
Bon, stable - localement grandes plantations de résineux
Pâtures et vergers
Bon à moyen pour ce qui reste
Grande importance des éléments de diversité (vieux arbres, haies, ruisseaux)
La Seine et ses berges
Dégradé
Etangs de la vallée de l’Eure
Dégradé
Mauvaise gestion des berges et des peuplements piscicoles
Fortes potentialités de restauration écologique
Patrimoine d’intérêt faible
Grandes cultures
Très artificialisé
Lisières
Dégradé
Bosquets en milieu agricole
Moyen
Intérêt comme éléments de diversification et corridor biologique en milieu agricole
Carrières à ciel ouvert
Dégradé (déchets, bâtiments)
Agglomérations des plateaux agricoles
Très artificialisé
Intérêt comme élément de diversification écologique en en milieu agricole
Agglomérations des coteaux et fonds de vallées
Très artificialisé
Fort impact sur le patrimoine naturel
AG E N CE F OL LE A - G A UT IE R
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PAYSAGISTES – URBANISTES
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95
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES POR TES DE L’EURE
SYNTHESE DU DIAGNOSTIC
Un territoire riche de ses éléments
remarquables de patrimoine naturel
et paysager.
La CAPE bénéficie de la présence sur son territoire de milieux
naturels remarquables et de paysages de qualité. Ils sont
particulièrement précieux car ils témoignent de la rencontre
entre des hommes et leur territoire, de l’écriture patiente d’une
« partition » qui a permis à l’homme et à la nature de cohabiter
ici depuis des siècles, démontrant leur capacité à évoluer
conjointement en harmonie, à leur bénéfice réciproque.
captivé les peintres ; celle de l’Eure et de l’Epte, où se
sont accrochés beaucoup de villages, leurs moulins,
leurs lavoirs et leurs ponts, et autour desquelles
subsistent, dans certains secteurs, de belles étendues
de prairies arborées.
Leur valeur tient non seulement à leurs qualités intrinsèques,
qui justifient à elles seules d’agir pour leur préservation et leur
valorisation, mais aussi à leurs complémentarités, notamment
celle qu’on constate très souvent entre leur intérêt écologique
et leur attrait paysager.
Les plateaux restent des espaces aux qualités paysagères et
écologiques globalement moins remarquables que les vallées :
cela ne signifie pas qu’ils en sont démunis, mais qu’elles s’y
concentrent dans des espaces plus restreints. On citera plus
particulièrement leurs villages, qui comme dans les vallées
intègrent des ensembles bâtis traditionnels de belle facture
(que la grande période des résidences secondaires a révélé aux
yeux de tous), et qui bénéficient d’atouts qui leur sont propres :
des espaces publics restés plus souvent ruraux et « verts », qui
prennent parfois la forme de « prairies urbaines » arborées,
la présence presque systématique de mares et le caractère
généralement plus aéré de leurs tissus bâtis dont profite
l’espace des jardins. Ces spécificités renforcent non seulement
leur attrait paysager mais aussi leur valeur écologique : dans le
contexte particulier des plateaux et de leur agriculture intensive
(évoquée plus loin), les villages sont en effet devenus, presque
paradoxalement, des « espaces refuges » pour une certaine
diversité écologique.
Les vallées sont des espaces où se concentrent singulièrement
la diversité et la qualité des milieux naturels et des paysages.
Elles bénéficient d’un cadre géographique souvent majestueux
(vallées de la Seine, de l’Epte et l’Eure), parfois plus intimiste
(Val David, vallon du Saint-Ouen, Val d’Aconville…). Dans
chacune, coteaux et fonds de vallée, deux catégories d’espaces
très différents, sont en vis-à-vis :
-
-
Les coteaux offrent de prendre de la hauteur (ce dont
profitent les randonneurs) et proposent une mosaïque
paysagère et écologique particulièrement riche à
l’échelle du territoire. Ce sont d’abord des coteaux
« secs », portés par les flancs crayeux des vallées de
l’Epte, de l’Eure, de la rive droite de la Seine ou encore
du Val David (ou vallon de Boisset) : avec les pelouses
sèches et boisements calcicoles d’intérêt européen,
les plantes messicoles des sols calcaires secs et les
pâtures arborées de fort intérêt pour les oiseaux,
les coteaux calcaires et les pentes sont sans doute
le fleuron écologique du territoire de la CAPE.
Ce sont aussi les coteaux « verts » et bocagers de la
rive gauche de la Seine (à Saint-Pierre-d’Autils) ou du
vallon de Saint-Ouen, d’allure plus normande et qui
accueillent prés, ruisseaux, haies et parfois vergers : il
s’agit de secteurs riches du point de vue de la faune,
et surtout des oiseaux. Y sont inféodées certaines
espèces qui sont devenues rares dans le nord de la
France.
Les fonds de vallées sont les espaces de l’humide et
de l’eau, celle de la Seine bien sûr, qui a permis le
développement de Vernon et dont la lumière a tant
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
–
Mais n’oublions pas une qualité essentielle du territoire de la
Cape, que rend manifeste son imposant et proche voisin, la
mégalopole francilienne : celles d’offrir de grands espaces et de
larges horizons, de permettre de s’extraire aisément du trafic
automobile et de parcourir des sites calmes et bucoliques, où
tout un chacun peut venir se ressourcer. C’est un mode de vie
enviable et envié par beaucoup qui est ici offert, et qui motive
sans doute le choix d’une grande part des nouveaux résidents de
venir s’y installer.
Ainsi, tous ce qui fait aujourd’hui la qualité des paysages et
des milieux naturels du territoire de la CAPE mérite d’être
attentivement préservé et valorisé. Il en va non seulement des
grands équilibres naturels, dont on mesure aujourd’hui combien
ils peuvent être à la merci de l’activité humaine, mais aussi de la
qualité d’un cadre de vie et d’accueil, qui conditionne en grande
partie le « bien vivre » des générations actuelles et futures
installées sur le territoire.
BIOTOPE
PAY S A G I S T E S – U R B A N I S T E S
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M I L I E U X N AT U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
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Un territoire qui se transforme à
un rythme sensible
Au cours des deux derniers siècles et particulièrement des
dernières décennies, de nombreux facteurs sont venus accélérer
très sensiblement les évolutions du territoire de la CAPE, y
remettant en question des équilibres ancestraux :
-
-
-
-
-
« révolution » des transports avec la création des
voies ferrées au 19ème siècle et, plus tardivement,
la démocratisation de l’automobile et la création
de l’autoroute A13, qui ont induit un nouveau
dynamisme urbain, y compris dans les petits villages,
tout en favorisant les échanges économiques à grande
distance et du même coup la spécialisation de certaines
activités (production de céréales et d’oléagineux pour
l’agriculture, etc.) ;
« révolution » agricole qui, dans les cinquante dernières
années, a vu les paysages agricoles être profondément
transformés à l’occasion des remembrements
et de l’intensification des pratiques culturales
(particulièrement sur les plateaux) ou au contraire
par déprise de certains secteurs (coteaux calcaires et
pentus) et par recul de certaines productions (vergers,
élevage et prairies associés) ; parallèlement à ses
évolutions propres, l’agriculture a vu ses surfaces de
production se réduire dans des proportions sensibles,
800Ha ayant étant été consommés par l’urbanisation
nouvelle et les infrastructures entre 1979 et 2000 ;
« révolution » industrielle conduisant à la création
d’usines et de bâtiments d’activités, d’abord en bord
de Seine puis à proximité des grands axes routiers
(RN15, RN13, A13…) ; associée au développement
des transports, elle a également bouleversé les
pratiques du secteur du bâtiment : les constructions,
autrefois édifiées en pierre calcaire, en silex, en terre
crue et en bois, le sont aujourd’hui avec des matériaux
fabriqués ailleurs en grande série et diffusés à très
large échelle, sans qu’ils témoignent d’un quelconque
caractère local ;
« révolution » commerciale initiée dans les années
1960, plus particulièrement visible autour de Vernon,
qui a extrait une part sensible du commerce des
centres villes (et fragilisé ces derniers) pour l’implanter
dans les périphéries urbaines au sein de nouveaux
paysages urbains standardisés ;
« révolution » des modes de vie avec l’allongement
progressif des parcours domicile – travail (en 1999,
plus de 40% des actifs habitant la CAPE partaient
travailler à l’extérieur du territoire) et l’implication
moindre des habitants dans une vie sociale de
proximité ; avec la vogue des résidences secondaires
et sa population non résidente porteuse d’attentes
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
–
PAY S A G I S T E S – U R B A N I S T E S
97
nouvelles au sujet du bâti traditionnel et du cadre de
vie ; avec le développement du tourisme, qui conduit
des visiteurs du monde entier à venir visiter chaque
année la maison et le jardin de Claude Monet.
Sous l’action de dynamiques si nombreuses et parfois si
radicales, les milieux naturels et les paysages, bâtis ou non
bâtis, ont ainsi considérablement évolué, sans qu’ils aient
toujours été pris en compte dans leur dimension qualitative
par les acteurs à l’initiative ces différentes transformations.
A l’évidence, ces évolutions sont toujours d’actualité : si la
grande période des remembrements agricoles est achevée,
si les vergers ont disparus de la majeure partie du territoire
et si l’extraction de matériaux a cessé dans le fond de la
vallée de l’Eure, le territoire est bel et bien en mouvement :
-
les dynamiques urbaines restent vives : extensions
en cours ou programmées des villages et des villes
(par exemple dans le secteur des Douers à Vernon),
créations ou extension de zones d’activités (Normandie
Parc, village d’entreprises commerciales de Saint-Just,
déchetterie de Mercey…), renouvellement urbain
(Caserne Fieschi et quartier des Boutardes à Vernon,
silo et gare de Pacy-sur-Eure…) ;
-
l’enfrichement des coteaux « secs » progresse sur les
flancs des vallées de la CAPE, même si des actions de
gestion ont été initiées, par exemple à Giverny ;
-
des « jachères PAC » sont apparues dans les paysages
agricoles, en bordure de rivière, de forêt ou encore à
l’entrée de certains villages de plateau ;
-
des projets routiers sont à l’étude, notamment la mise
à 2x2 voies de la RN13 ;
-
des réflexions sont en cours au sujet de l’implantation
éventuelle de parcs éoliens ;
-
des aménagements de circulations douces (dont le
projet de voie verte Seine-Epte, d’intérêt régional) et
d’espaces publics (entre autres à Pacy-sur-Eure et à
Neuilly) sont programmés ;
-
etc.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, mais elle suffit
pour démontrer la nécessité d’adopter une vision dynamique
du territoire, de ses milieux naturels et de ses paysages :
la Charte, dans la suite de l’étude, fera des propositions
anticipant les évolutions en cours ou prévisibles, afin de les
accompagner qualitativement ou encore pour les stopper,
quand cela est souhaitable. Elle devra également initier de
nouvelles dynamiques, visant notamment à la reconquête de
la qualité environnementale et/ou paysagère.
BIOTOPE
–
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES POR TES DE L’EURE
Répondre à un risque majeur : la
banalisation des paysages et des
milieux naturels
Le diagnostic met en évidence un risque prépondérant pour
les paysages et les milieux naturels de la CAPE : la banalisation.
Ce risque concerne non seulement les paysages et les milieux
naturels « ordinaires » du territoire, mais également des sites
plus remarquables. Il concerne tout autant les espaces à
caractère naturel que les secteurs bâtis.
Les coteaux et les pentes
Fleuron écologique de la CAPE, les coteaux secs s’embroussaillent
du fait de leur déprise, et tendent à perdre leur patrimoine
naturel remarquable, lié aux pelouses rases entretenues par
pâturage. Cet embroussaillement lent mais inexorable, en
l’absence de gestion, conduit également à une simplification
des paysages, qui perdent leurs caractéristiques originales et se
fondent avec les lisières forestières.
Plus généralement, les paysages de coteau sont soumis à des
dynamiques qui fragilisent leur image ou leur intérêt écologique et
qui les banalisent : extensions urbaines conséquentes (coteaux
en rive gauche de la Seine, plus localement en rive droite de
l’Eure et au pied des coteaux de l’Epte) ou implantées sur des
sites sensibles (coteaux bocagers ou « secs » remarquables),
intensification de l’agriculture dans certains secteurs en pente
douce (vallée de l’Eure), etc.
Les principaux espaces à réhabiliter :
-
-
la maîtrise des dynamiques d’urbanisation sur les
coteaux, qui doit permettre d’y tempérer le rythme
de développement urbain, d’y maintenir un équilibre
entre espaces bâtis et non bâtis et d’y développer
un urbanisme spécifique, adapté aux pentes et à la
particularité de quartiers visibles de loin.
Les principaux enjeux concernant les fonds de vallée :
-
le maintien de l’ouverture des paysages et plus
particulièrement des secteurs de prairies ;
-
la réhabilitation paysagère et écologique des étangs
de la vallée de l’Eure ;
-
la reconquête du caractère public des bords de l’eau ;
la valorisation paysagère et écologique des interfaces
eau – terre ;
-
la maîtrise des processus d’urbanisation, en fonction
des contraintes d’inondabilité mais aussi sur un
plan qualitatif, selon des critères paysagers et
environnementaux.
Les principaux espaces à préserver :
-
les grandes prairies des vallées de l’Eure et de
l’Epte ;
-
les sites bâtis liés à l’eau : site des Tourelles, moulins,
etc.
Les principaux espaces à mettre en valeur :
Les principaux espaces à préserver :
-
les secteurs de coteaux remembrés de la vallée de
l’Eure.
Ces multiples dynamiques d’évolution tendent à « brouiller »
l’image des fonds de vallée en morcelant l’occupation de leurs
sols (vallées de la Seine et de l’Eure) et en y rendant les bords
de l’eau trop peu visibles ou accessibles (vallées de l’Eure et de
l’Epte). Là encore, le caractère particulier de ces sites en est,
peu à peu, banalisé.
la préservation de l’aspect bocager et varié des pentes
et vallons « frais », où sont associées forte qualité
paysagère et grande richesse de la faune ;
la valorisation paysagère des coteaux où sont visibles
de très grandes parcelles cultivées (dans certains
secteurs de la vallée de l’Eure) ;
-
Les fonds de vallée sont des sites sensibles et soumis à des
dynamiques différentes selon les secteurs : urbanisation
(qui y prend localement une forme éparpillée ou très étirée
le long des routes) et déprise industrielle (sur les bords de
Seine), retournement ou boisement des secteurs en prairies,
« privatisation » des berges de rivières par des jardins
d’habitations, dégradation de la qualité paysagère des chemins
longeant la Seine et envasement de ses petits bras, stagnation
ou dégradation de l’image et des milieux des étangs de la vallée
de l’Eure, etc.
la maintien et la reconquête de l’ouverture des
milieux sur les coteaux secs tant pour leur patrimoine
naturel que pour leur contribution au cadre de vie et
au potentiel touristique des Portes de l’Eure ;
-
les secteurs en friche des coteaux calcaires des
coteaux calcaires des vallées de l’Eure de l’Epte, de
la Seine, du vallon de Boisset (ou Val David) et du Val
d’Aconville ;
Les fonds de vallée
Les principaux enjeux concernant les coteaux:
-
-
les pelouses et labours « secs » des coteaux calcaires
des vallées de l’Eure de l’Epte, de la Seine, du vallon de
Boisset (ou Val David) et du Grand Val d’Aconville ;
-
les chemins de halage de la Seine ;
-
les berges de l’Epte et de l’Eure ;
-
les îles et les petits bras de la Seine ;
les routes, rues et chemins conduisant aux berges des
cours d’eau.
-
les coteaux frais et bocagers de la Seine (à SaintPierre-d’Autils) et du vallon de Saint-Ouen ;
-
-
les vallons affluents à la vallée de l’Eure.
Les principaux espaces à réhabiliter :
Les principaux espaces à mettre en valeur :
-
les espaces non bâtis des coteaux de Seine à SaintMarcel et Saint-Just.
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
–
-
le fond de la vallée de la Seine autour de la RN15, de
Vernon à Saint-Pierre-d’Autils ;
-
les secteurs industriels (en activités ou en friche) en
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avec les lotissements forestiers, et par une certaine dégradation
des lisières, en particulier sur le plateau de Madrie.
bord de Seine ;
-
les anciennes gravières de la vallée de l’Eure ;
-
les berges de l’Eure dans certains secteurs cultivés
(labours au ras des berges).
Les principaux enjeux concernant les paysages forestiers :
-
l’ouverture plus grande des massifs boisés au public ;
-
La préservation des bosquets en milieu agricole ;
-
Le maintien de la naturalité des peuplements face
au risque d’extension du Robinier et de l’Ailante
(particulièrement sur les lisières) et, localement, à la
présence de plantations de résineux.
Les espaces agricoles des plateaux
Ces espaces ont perdu une bonne partie de leur intérêt
environnemental avec les remembrements, l’intensification
de l’agriculture et la quasi-disparition des prairies et des
vergers. Les lisières de villages et de forêts, où l’on trouvait
autrefois de nombreux prés – vergers imbriqués aux cultures,
sont particulièrement concernées par cette banalisation de
l’espace des plateaux. Les récentes « jachères PAC » participent
néanmoins à redonner un visage moins monotone aux plateaux,
sur des surfaces qui restent réduites.
Les principaux enjeux concernant les paysages agricoles de
plateau :
Les principaux espaces à préserver :
-
les grands massifs forestiers (forêts de Bizy, de
Vernon, de Pacy, de Merey, etc.) ;
-
les petits bois du plateau de Madrie ;
-
les chênaies pubescentes des coteaux secs de la vallée
de l’Eure.
-
les lotissements forestiers (maintien à long terme du
couvert arboré)
Les principaux espaces à mettre en valeur :
la reconquête paysagère et écologique des étendues
dénudées et constituées de très grandes parcelles
cultivées ;
-
-
la re-création « d’espace tampons » entre cultures et
villages ou forêts, permettant d’enrichir les paysages
de lisières boisées ou bâties et d’améliorer leurs
fonctionnalités écologiques ;
-
-
la création de réseaux de circulations douces sur les
plateaux, qui va de pair avec le renforcement de leur
qualité paysagère ;
-
la valorisation des mares (dans et hors des villages) ;
-
le maintien de bosquets nombreux sur le plateau.
-
Les principaux espaces à préserver :
-
les rares vergers et prairies qui subsistent à la
périphérie des villages et à la naissance des vallons.
Les principaux espaces à mettre en valeur :
-
les chemins agricoles et leurs abords (dans une
optique randonnée / continuités écologiques) ;
-
les abords des routes bordés de très grandes parcelles
cultivés.
-
les mares
Les principaux espaces à réhabiliter :
-
les espaces agricoles au contact direct des villages,
des forêts et des mares ;
-
les espaces agricoles supports de continuités
écologiques potentielles.
Les principaux espaces à réhabiliter :
les secteurs boisés conquis par le robinier ou
l’ailante ;
Les espaces urbains
La banalisation progressive des espaces urbains de la CAPE est
une réalité tangible, qui naît de son relatif dynamisme et qui
concerne tout autant ses villages que ses villes. C’est avant tout
une perte des singularités locales qui est observable, à la fois sur le
bâti récent (d’habitat ou d’activités), au traitement architectural
le plus souvent standardisé, et dans les espaces publics, dont
beaucoup ont « subi » des aménagements fonctionnels orientés
vers l’usage de la voiture qui ont affaibli non seulement leurs
qualités esthétiques mais aussi leur capacité à être des espaces
de convivialité et de sociabilité.
Dans l’agglomération de Vernon (agglomération est ici employé
au sens urbanistique, il s’agit donc uniquement des communes
de la vallée de la Seine), la problématique paysagère dominante
est le déficit de liaisons et de cohérence entre des quartiers aux
typologies urbaines très hétérogènes : vieille ville, villages et
hameaux des coteaux, faubourgs, nappes pavillonnaires, grands
ensembles sociaux, friches, zones industrielles et d’activités, etc.
Des actions sont en cours pour répondre à cet enjeu majeur :
programmes de rénovation urbaine de l’ANRU (concernant les
quartiers des Boutardes, des Blanchères et des Valmeux), projet
de renouvellement urbain de l’ancienne caserne Fieschi, etc.
Les principaux enjeux concernant les paysages urbains :
Les espaces forestiers
Ce sont sans doute les espaces qui ont le moins évolué au
cours de la dernière période. Bois et forêts ont pourtant subi
l’influence des espaces qui leurs sont mitoyens : espaces cultivés
ou urbanisés. Ceci se traduit par l’extension de l’urbain en forêt,
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
tous les massifs boisés, en matière d’accessibilité au
public.
–
PAY S A G I S T E S – U R B A N I S T E S
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-
la « réinvention », sur la base de l’existant, d’une
singularité locale pour les constructions neuves, les
clôtures, etc. ;
-
la maîtrise du traitement qualitatif des futures zones
d’activités et la réhabilitation paysagère des zones
existantes à l’image trop faible ;
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–
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CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES POR TES DE L’EURE
-
-
la valorisation des espaces publics urbains et
villageois, selon des critères liés prioritairement au
cadre de vie (plutôt qu’aux seuls usages motorisés) et
la préservation des espaces publics bénéficiant d’une
image rurale, que l’on trouve encore dans beaucoup
de villages ;
la maîtrise des processus d’urbanisation linéaire le
long des routes
-
la réhabilitation paysagère des entrées de ville
aujourd’hui banales et parfois médiocres ;
-
l’identification, la préservation et la valorisation du
patrimoine bâti, qu’il soit remarquable ou simplement
vernaculaire ;
-
le renforcement des liens et de la cohérence entre
les différents quartiers de l’agglomération de Vernon
(communes de la vallée de la Seine).
Les principaux espaces à préserver :
-
les ensembles bâtis patrimoniaux : vieux quartiers
de Vernon et de Pacy-sur-Eure, centres anciens des
villages ;
-
les édifices remarquables ou renommés : églises,
châteaux et jardins associés, maison et jardin de
Claude Monet… ;
-
le petit patrimoine : lavoirs, granges à pans de bois,
etc. ;
-
les espaces publics « ruraux » de certains villages (voir
la carte diagnostic des paysages bâtis) ;
-
les « espaces de respiration » non bâtis aux abords des
routes, dans les secteurs soumis à des dynamiques
d’urbanisation linéaire (RD836, RN15, RD5, RD67…
).
Les réseaux de déplacement
Les routes renvoient à des problématiques paysagères très
diverses: conflit trafic / riverains dans les traversées de certains
bourgs, présence de « points-noirs » paysagers aux abords de
certains itinéraires et de paysages d’entrées de villes de faible
qualité, « neutralité » de l’image du territoire visible depuis
l’A13.
Les voies ferrées rencontrent plus systématiquement des
problèmes liés à l’image vieillissante de certains secteurs situés
à leurs abords.
Quant aux réseaux de circulations douces, ils sont caractérisés
par une forte proportion d’itinéraires circulant sur les coteaux
et leurs abords, un déficit de chemins publics et de qualité le
long des rivières (surtout le long de l’Eure et de l’Epte) et sur
les plateaux. De plus, leur vocation est principalement orientée
vers la randonnée et assez peu vers les déplacements locaux
(état embryonnaire d’un réseau de pistes cyclables reliant villes
et villages…).
Les principaux enjeux concernant les réseaux de déplacement :
Les principaux espaces à mettre en valeur :
-
les zones pavillonnaires en périphérie des villes et
villages ;
-
les quartiers d’habitat social de Vernon et de Pacysur-Eure ;
-
les zones d’activités existantes (à Vernon, Pacysur-Eure, Gasny, Saint-Marcel, Saint-Just, Douains,
Breuilpont, etc.) ;
-
les espaces publics villageois
excessivement « routier » ;
-
les mares des villages de plateau
au
-
la reconquête de la qualité des paysages routiers là où
elle aujourd’hui trop faible (entrées de villes et abords
de zones d’activités) et là où existent des conflits
d’usages (essentiellement dans les bourgs des vallée
de l’Eure et de l’Epte) ;
-
la reconquête de la qualité des paysages ferroviaires ;
-
le développement d’un réseau de circulations douces
développé sur l’ensemble du territoire (notamment
au bord des cours d’eau et en secteur urbanisé) et
multifonctionnel (randonnée mais aussi déplacements
domicile – travail, accès aux centres-villes et à la gare
de Vernon) ;
-
Le maintien des possibilités de déplacement pour
les mammifères terrestres, sur un territoire déjà
fragmenté par la Seine et l’autoroute A13 et sans
doute prochainement par la RN13 mise à 2x2 voies.
Les principaux espaces à préserver :
-
Les principaux espaces à mettre en valeur :
traitement
Les principaux espaces à réhabiliter :
-
les paysages visibles depuis l’A13, la RN13 et la RD5 ;
-
les paysages visibles depuis le chemin de fer touristique
de la vallée de l’Eure ;
-
les traverses de villages par la RD836 ;
-
les petites routes de plateau ;
les chemins agricoles et forestiers.
-
les entrées de ville : RN15 autour de Vernon, ancienne
RN13 autour de Pacy-sur-Eure, etc. ;
-
les «points noirs » paysagers constitués par certains
bâtiments d’activités et leurs abords directs ;
-
les routes constituant des coupures de continuités
écologiques majeures.
-
-
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
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les paysages visibles depuis la RD181.
Les principaux espaces à réhabiliter :
les «points noirs » paysagers constitués par certains
bâtiments d’activités et leurs abords directs,
notamment autour de la RN13 et la voie ferrée Paris
– le Havre.
BIOTOPE
PAY S A G I S T E S – U R B A N I S T E S
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M I L I E U X N AT U R E L S
CHARTE PAYSAGÈRE ET ECOLOGIQUE
DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DES PORTES DE L’EURE
Une perspective : concilier modernité et dynamisme avec l’affirmation
d’une singularité territoriale, la qualité du cadre de vie et celle des espaces
naturels ?
Le diagnostic de la Charte paysagère et écologique vient
confirmer l’importance et l’urgence à répondre aux enjeux
paysagers et environnementaux identifiés dans le « Projet
d’agglomération des Portes de l’Eure ». Ce dernier fait
notamment les constats suivants :
-
Réinsuffler de la valeur paysagère et écologique
là où elle est aujourd’hui trop faible (secteurs
agricoles gérés de façon intensive, secteurs bâtis
à l’urbanisme ou aux espaces publics inadaptés,
anciennes gravières de la vallée de l’Eure, etc.).
•
Un cadre de vie de grande qualité, quoique sous
pression
-
Introduire de la valeur paysagère et écologique
à l’occasion de tout projet d’aménagement ou
de gestion, dès lors qu’il a des implications pour les
paysages ou les milieux naturels. Cet axe d’action
doit, en outre, permettre de réaffirmer un « caractère
local » pour tous les aménagements contemporains
et de contrecarrer les processus de banalisation à
l’œuvre depuis plusieurs décennies.
•
Une périurbanisation qui s’affirme
Le territoire de la CAPE bénéficie en effet d’un important
patrimoine naturel et paysager, dont la pérennité pourrait
être compromise à plus ou moins long terme sous l’effet des
dynamiques d’évolution à l’œuvre sur le territoire, dynamiques
dont les plus anciennes (par exemple touchant aux pratiques
agricoles ou à l’urbanisation) ont déjà sensiblement entamé la
qualité de nombreux sites.
La charte paysagère et écologique aura prochainement à préciser
les orientations de la politique de la CAPE au sujet des paysages
et des milieux naturels. Quelle pourrait être l’esprit général de
cette politique ? Parmi, les grandes orientations stratégiques
affichées dans le Projet d’agglomération, deux retiennent ici
particulièrement l’attention :
-
Anticiper et gérer les usages de l’espace pour
préserver l’identité du territoire
-
Préserver et redécouvrir la richesse environnementale
et patrimoniale de l’agglomération
Dans la suite de l’étude, ces axes de réflexion devront se
traduire par l’énoncé d’orientations spécifiques à la Charte,
dont chacune fera l’objet de déclinaisons :
-
sous forme de « fiches actions » thématiques,
proposant des principes pour agir, identifiant les
acteurs et les sites concernés ainsi que les principaux
outils existants, qu’ils soient financiers, réglementaires,
pédagogiques ou autres, outils susceptibles de faciliter
la mise en œuvre les actions opérationnelles ;
-
sous forme de plans-guides, qui déclineront plus
précisément les principes d’actions sur les trois
« sites-clés » qui ont été identifiés dans le diagnostic :
Vernon et la rive gauche de la vallée de la Seine ; Pacysur-Eure et ses environs ; le plateau de Madrie dans le
secteur parcouru par l’A13.
Ces deux orientations insistent à la fois sur l’importance
de l’existant, dont il s’agit de préserver les richesses et les
potentialités, et sur l’anticipation qui doit permettre de lutter
contre la banalisation et de préserver ce qui fait du territoire de
la CAPE un espace unique et singulier.
Ainsi, trois axes de réflexion pourraient être privilégiés pour la
charte :
-
Préserver ce qui a aujourd’hui une valeur
paysagère et écologique reconnue (coteaux
« secs » ou bocagers, prairies de fond de vallée,
ensembles bâtis, édifices et espaces publics
remarquables, grands massifs boisés, etc.). Pour
autant, préserver ne signifie pas figer : à titre
d’exemples, les coteaux secs montrent aujourd’hui
la nécessité d’actions de gestion énergiques, si l’on
souhaite préserver et amplifier leur valeur ; la qualité
des forêts rend regrettable leur faible ouverture au
public…
AGENCE FOLLÉA- GAUTIER
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PAY S A G I S T E S – U R B A N I S T E S
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Ils devront également alimenter le SCOT, aujourd’hui en
cours d’élaboration :
-
en proposant l’intégration au PADD d’orientations
spécifiquement dédiées à la préservation, la
valorisation et la restauration des paysages et de
milieux naturels ;
-
en cartographiant la « charpente paysagère et
naturelle » de la CAPE, où figureront notamment les
espaces et les continuités clés de son territoire.
BIOTOPE
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M I L I E U X N AT U R E L S

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