De la musique intérieure au partage des cultures

Transcription

De la musique intérieure au partage des cultures
témoignage
De la musique intérieure au partage des cultures
Les représentations que je me faisais de l’Afrique ont toujours
été chargées de rythmes, de danses et de couleurs. Je m’y suis
rendue et n’ai pas été déçue. J’ai perçu la musique intérieure des
Africains comme étant source d’énergie et de communication. Je
me suis imprégnée du rythme qui s’en dégageait et nous avons
échangé.
O
n m’avait prévenue qu’en
Afrique, il fallait savoir prendre
son temps. Je m’y étais préparée
mais j’ignorais que l’expérience allait démarrer avant le départ. A Zaventem, on m’annonce une grève de
Royal Air Maroc pour minimum 48
heures. Les Togolais rentrant au
pays sont déçus et énervés. Je suis
déçue
mais
je
reste
calme.
L’échange culturel commence.
On se retrouve deux jours plus tard
pour s’envoler vers Lomé, capitale
du Togo… On reparle du temps, sujet de préoccupation universel. Dès
notre arrivée au village, nous avons
été accueillis au son des djembés et
des chants. Ce cadeau que quelques
villageois et volontaires togolais
nous offraient venait du plus profond d’eux-mêmes. Leurs corps
ruisselants et leurs yeux clos en témoignaient. Ils m’ont profondément
touchée. Dès ce moment, nous
étions dans l’échange.
Je savais que cette parenthèse dans
ma vie allait être riche grâce à
toutes les différences qui se présentaient à moi. Nous avons vécu avec
des volontaires togolais prêts à
nous donner de leur temps et de
leur énergie afin de nous faire découvrir leur culture. Je leur en serai
toujours reconnaissante. Grâce à
eux, j’ai pu tester mes limites en dehors de mes points de repère tels la
vie en vase clos, le rythme de vie,
l’image véhiculée par les Européens,
les croyances, l’éducation...
C’est dans le petit village de Nyivé
que j’ai été confrontée à toutes ces
différences qui m’ont sans cesse
renvoyée à ma propre culture. Les 3
semaines de chantier laissent le
temps à l’observation, à l’imprégnation et aux réactions.
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Le SCIlophone - n°45
Autour du rythme
Au chant du coq (5 heures du matin !), la journée commence pour
les villageois. Ils se rendent aux
champs avec leurs machettes pour
chercher le manioc, l’igname, les
bananes, les tomates… Au village,
on vit principalement de l’agriculture. Les déplacements ont l’air de
se faire sur un rythme musical. Il
n’est pas rare d’entendre les
femmes chanter, chargées de leur
récolte sur la tête. La gestion du
temps serait-elle liée au rythme des
tam-tams ?
la propreté dans le village. Nous
avons été accueillis, écoutés. Chacun s’est exprimé… Il n’y a pas
grand-chose à leur apprendre ! Mais
il faudra encore du temps pour que
change leur rapport au corps.
Avec les enfants, nous avons également rénové la bibliothèque : grand
nettoyage, coup de peinture et classement des livres. Les enfants, impressionnants de volonté et de
courage, nous ont accompagnés
dans toutes nos activités. Qu’ils
dessinent ou qu’ils ramassent des
pierres, qu’ils dansent ou qu’ils
fassent la lessive, qu’ils aillent aux
champs ou qu’ils jouent au ballon,
c’est toujours avec le sourire. Tout
a l’air léger pour eux, même les bassins emplis de pierres qu’ils portent
sur la tête ! Ils ont l’air heureux…
Serait-ce grâce à leur musique intérieure ?
Notre groupe était
composé de 21
volontaires : dix
Togolais, une Italienne, deux Allemandes,
trois
Français, un Anglais, un Espagnol
et trois Belges. Le
chantier
était
pluridisciplinaire.
Chaque
matin,
nous nous rendions à l’école
pour
faire
de
l’animation culturelle avec les enLes enfants contribuent à la rénovation de la bibliothèque en y apporfants. Nous leur
tant des cailloux, Ph. Véronique Baldewyns
avons
proposé
différents ateliers tels la danse, le Notre séjour s’est clôturé par la prédessin, le sport et le théâtre. Le peu sentation aux villageois d’un specde matériel mis à notre disposition tacle illustrant le fruit de notre
nous a parfois obligés à faire preuve chantier. La dernière note a été
d’imagination
en
utilisant
les comme la première, tout en rythmes
moyens du bord. Une réelle consta- et en couleurs. Et moi, je suis renttation : à tout problème, il y a une rée imprégnée d’une « nouvelle musique », complémentaire à la
solution !
mienne.
Notre programme prévoyait également des échanges avec les familles
à propos du SIDA, de l’hygiène et de
Véronique Baldewyns