La famille, le plus beau des cadeaux

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La famille, le plus beau des cadeaux
Horizons 54
Mercredi 18 Décembre 2013
2
1 MMN
AUTOMOBILE
encore aujourd’hui
La Sovab roule les mécaniques
Une F1 Red Bull de 2013 à moteur Renault est exposée à la Sovab.
ENVIRONNEMENT
Chlore à la gare
de triage de Woippy :
l’attente du préfet
Fin 2012, le préfet de Moselle signifiait aux
communes situées près de la gare qu’il ne validerait
plus leurs permis de construire. Depuis, plus rien.
Photos Fred LECOCQ
Le contraste est saisissant. Un moteur de Renault Master accueille
le visiteur au bâtiment X de la Sovab. Un gros moteur quatre cylindres
diesel. À l’intérieur, un autre moteur, petit et d’aspect cubique.
Véritable pièce d’orfèvrerie, ce "moulin" badgé Renault Sport est doté
de huit cylindres et auréolé de multiples titres de champion du monde
de Formule 1. Du genre qui développe 750 ch à 18 000 tours/minute.
Un rythme infernal, retiendra simplement le néophyte. À côté, la
machine d’enfer dans lequel il prend place : la Red Bull Infiniti,
championne du monde en titre constructeur avec Sebastian Vettel et
Mark Webber.
Débarqué hier matin dans les locaux de la Sovab à Batilly, ce
show-car, comme on dit dans le jargon, est encore visible ce mercredi
de 10h à 14h. D’abord en direction du personnel de l’usine, cette expo
hors du commun est aussi ouverte à celles et ceux qui désirent
toucher du doigt l’univers de la F1 autrement que par télé interposée.
Et hier, la bête de course a produit son effet ! Ce sont les femmes qui
en parlent le plus. Les gars de l’usine restant simplement admiratifs,
claquant quelques clichés à l’aide de leur smartphone.
Juliette, apprentie à la Sovab, arbore un large sourire. « Je ne
l’imaginais pas aussi longue ! Si plate ! Je suis une fan, mais je n’avais
pas encore approché une F1 en vrai ! » Juliette avoue à demi-mot
qu’elle succombe plutôt au blond finlandais Kimi Raikkonen qu’au
jeune allemand Sebastian Vettel, mais elle ne boude pas son plaisir
derrière ses grandes lunettes. Jésabel, elle, est scotchée par la taille du
cockpit. « Comment ils font pour s’y glisser ? Et le pilote, il met où ses
jambes ? » En l’air ! La forme creusée du nez, bénéfique au flux
aérodynamique, oblige le pilote à positionner ses pieds plus haut que
son postérieur…
C’est la quatrième apparition d’une F1 au sein de l’usine de Batilly.
Avec un point d’orgue : la venue de Jarno Trulli en 2005, alors pilote
de l’écurie Renault. Certes, impossible, hier, d’approcher de trop près
ce fleuron de 2013, mais cela rappelle aux collaborateurs de la Sovab
la suprématie mondiale de la marque au losange en tant que
motoriste. Toujours bon pour souder les équipes.
Un V8 Renault, champion du monde
de Formule 1 à maintes reprises.
O. C.
MOTS DE MÔMES
à l’école jacques-prévert de briey
La famille, le plus beau des cadeaux
Que représente Noël ? Dans la série Mots de mômes, nous avons posé la question à des élèves de l’école Prévert, à Briey.
Dans leur quarté gagnant, la famille, les cadeaux, le repas et… la prière. Morceaux choisis.
B
ranchez-les sur Noël et, telles
de petites guirlandes, leurs yeux
s’illuminent d’un coup d’un
seul. Pour autant, aussi étonnant que
cela puisse paraître, la perspective
des cadeaux passe derrière la joie de
fêter en famille. La première à le
confirmer n’est autre que Camille :
« Comme l’année dernière, je retrouverai tous mes cousins chez mon
grand-père et ma grand-mère. C’est
une grande fête et, en même temps,
c’est la naissance de Jésus… Et puis,
ça rappelle aussi un homme que l’on
appelait le père Noël ! »
« L’important c’est d’être
ensemble »
La gare de triage de Woippy est l’une des plus importantes
du territoire. Depuis fin 2012, elle fait l’objet d’une attention
particulière des autorités préfectorales suite à la publication
d’une étude de Réseau ferré de France qui pointe des risques liés
au transport de chlore.
Photo archives RL/Maury GOLINI
es courriers s’amassent sur le
LDepuis
bureau de Xavier Jochum.
décembre 2012, cet avocat messin tient une correspondance soutenue avec la préfecture de la Moselle autour d’un
sujet explosif : le transit de chargements de chlore sur les voies
de la gare de triage de Woippy,
l’une des plus importantes de
France. Au cœur de ces échanges
épistolaires, qu’il entretient pour
le compte des sept communes
qu’il défend, la décision du préfet
de la Moselle d’élargir le périmètre de sécurité autour du site
SNCF.
En novembre 2012, une étude
de danger de Réseau ferré de
France (RFF) alerte le représentant de l’État sur le risque létal
que fait peser sur près de 22 500
habitants de Woippy, Plesnois,
Norroy-le-Veneur, Semécourt,
Maizières-lès-Metz, Fèves et La
Maxe, la circulation et la manipulation de wagons de chlore en
gare de Woippy.
Gèle de l’urbanisation
Aussitôt, le préfet informe les
maires des communes alentours
que ses services ne valideront
plus, jusqu’à nouvel ordre, les
permis de construire dans un
rayon de 2,6 km autour du nœud
ferroviaire. La mesure de précaution est hardie. La population
suffoque. Les élus toussent.
Pour eux, la directive préfectorale équivaut à geler l’urbanisation dans leurs localités. Ils ripostent en assignant la SNCF devant
le tribunal de grande instance de
Metz pour réclamer l’interdiction
du chlore en gare de Woippy. En
mars 2013, la juridiction se
déclare incompétente pour juger
l’affaire. Dans le même temps, le
préfet convoque un comité de
pilotage de la gare de triage pour
lui signifier, qu’en avril, le périmètre serait ramené à 700 mètres.
L’été passe et rien ne se passe.
« En septembre, indique l’avocat
des communes, la préfecture
nous a fait savoir qu’elle avait
adressé un projet d’arrêté à l’Établissement public de sécurité ferroviaire, puis, en novembre, que
ce projet d’arrêté était à l’instruction au ministère de l’Écologie…
Même réponse en décembre. »
Une année s’est écoulée et les
maires commencent à s’impatienter. « Le comité de pilotage
n’a été réuni qu’une seule fois,
peste Claude Neveu, adjoint à
Norroy-le-Veneur et porte-parole
de ses collègues. En attendant,
aucune mesure n’est prise, ni
dans un sens, ni dans l’autre. Et
les maires sont obligés de passer
outre les recommandations du
préfet pour délivrer des permis de
construire dans la zone délimitée,
à leurs risques et périls ! »
Interrogée par nos soins, la préfecture assure finalement qu’un
« premier arrêté sera pris en janvier », puis « un second au cours
du premier semestre ». Ce dernier
sera « nourri d’une étude européenne en cours sur la sécurité
ferroviaire ».
Si la procédure n’est pas plus
rapide, c’est que le dossier subit
donc un examen approfondi au
ministère des Transports : « On
attend le retour sur le projet
d’arrêté qui doit prescrire des
mesures sur la manipulation des
wagons, afin de renforcer les
garanties de sécurité », rapporte
Olivier Ducray, secrétaire générale de la préfecture.
« C’est une fête que l’on passe en
famille et pour moi c’est important,
vu que je crois à la naissance de
Jésus », insiste Luna.
Et ce père Noël, parlons-en. Y
croient-ils encore, ces jeunes élèves
de l’école Prévert à Briey ? « Je me suis
bien dit à un moment qu’il n’existait
pas », annonce Jules. D’ailleurs, du
haut de ses 10 ans, le gamin en est
persuadé : « Avant le père Noël était
vert, c’est Coca-Cola qui l’a habillé
en rouge… Noël, c’est une fête commerciale. On offre plusieurs cadeaux
et comme il faut bien les acheter dans
les magasins, ça leur fait des sous.
Moi, je trouve ça dommage, pour les
petits qui y croient encore, que, dans
les publicités, on parle plus des magasins que du père Noël… »
Camille renchérit : « Quand on n’y
croit plus, Noël n’a plus d’intérêt.
Mais ça reste quand même magique… » Un brin déçue d’avoir perdu
ses illusions de petite fille, Anaëlle
temporise : « C’est sûr, c’est un jour
important, mais pas très drôle si toute
la famille n’est pas là, car l’important
c’est d’être ensemble… » Même son
de cloche de la part de Samuel :
« Mais on invite aussi des proches qui
ne sont pas forcément de la famille.
Et, des fois, on prie, même si je n’y
crois pas… »
Élèves en CM1 et CM2 à l’école Jacques-Prévert de Briey, ces six mômes ont leurs mots à dire sur Noël.
Une chose est sûre, ils sont impatients d’y être et de se retrouver en famille. Photo René BYCH
Et une liste de cadeaux, ont-ils fait
une liste ? « Non », répond Camille
qui, toutefois, rêve de recevoir « un
poisson en boîte (sic) ».
Kevin, lui, tout en espérant recevoir un pistolet Nerf, ne tombe pas
dans l’euphorie. « Noël, c’est juste un
sapin, c’est pas mon truc… » Puis le
voilà tout aussi impatient que les
autres à l’idée non seulement d’être
en vacances, mais aussi d’arriver au
fameux soir. « J’ai calculé le nombre
Quant à Samuel, dont la maman
est sud-africaine, il confirme que la
table de fête sera bien garnie de
poisson, de poulet et de sushis…
M.-O. C.
Par mots et merveilles
Lancée le 11 septembre, notre rubrique Mots de mômes fait
une pause durant les fêtes. En attendant la rentrée, retour sur
quelques-unes des perles récoltées sur les bancs des écoles…
11 septembre : reconnaissance
Les élèves de Lubey sont les premiers à livrer
leurs Môts de mômes. Le thème abordé ce jour-là
s’imposait de lui-même : la rentrée des classes.
Moment attendu à en croire Charles : « Je commençais à m’ennuyer. » Et les instituteurs dans tout ça ?
Les élèves reconnaissent leur mérite : « Le soir, ça
doit être dur pour eux, note Tamara. Ils ont les
cahiers à corriger. Ils doivent se coucher tard. »
18 septembre : compassion
Mots de mômes à Waville.
Photo Fred LECOCQ
Textes : Thierry FEDRIGO.
« Ça me rend triste […] Quand l’eau sera partie il
faudra reconstruire des maisons plus solides. » De
Brandon, élève à l’école Albert-Ier de Longwy. De
terribles inondations ont frappé le Colorado, aux
Etats-Unis.
2 octobre : portable
Un arrêté en janvier
Dans les méandres de l’administration, il appartiendra à la
Direction générale de la prévention des risques de donner son feu
vert en bout de course. « Si tout va bien, le nouveau périmètre
devrait être réduit à 700 mètres, sachant que le préfet doit prescrire
des mesures contraignantes à la SNCF », explique Olivier Ducray,
qui précise : « Nous réunirons le comité de pilotage fin janvier pour
en parler. »
L’État devrait, en effet, demander à la SNCF et RFF de revoir leurs
procédures et, notamment, la technique d’assemblage des trains de
matières sensibles, tel le chlore. Ce qui inquiète aujourd’hui, c’est
que les wagons sont accrochés entre eux en utilisant la simple
gravité. Placés dans une pente, aiguillés automatiquement, ils vont
seuls s’agripper les uns aux autres. Même si elle est éprouvée, cette
technique provoque des télescopages et pourrait générer des avaries.
C’est, en tout cas, ce que redoute Claude Neveu : « C’est aussi
aux opérateurs de prendre leurs dispositions pour limiter et canaliser
le risque. Je ne peux accepter que la SNCF et RFF exigent ainsi une
extension de périmètre sans se soucier de leur propre fonctionnement. » Terminus, tout le monde descend !
de jours qu’il reste. J’ai hâte de découvrir le plus gros chocolat de mon
calendrier de l’Avent », plaisante
Jules.
Camille, elle, se lèche les babines
en pensant à son assiette de saumon.
L’objet est entré dans le quotidien de chacun, et
aussi dans celui des enfants : et même s’ils n’ont
pas encore de téléphone portable attitré, les
gamins maîtrisent l’outil ! « Ben oui, on sait écrire
des SMS, indique Souad, élève à l’école JacquesPrévert de Briey. On abrège les mots… mais des
fois, on comprend plus rien. »
9 octobre : rythme
« Aller à l’école le mercredi, ça laisse plus beaucoup de temps pour se reposer. » Un tacle de plus
contre la réforme des rythmes scolaires. Aïcha et
ses copains de l’école Albert-Iehlen de MontSaint-Martin ne sont pas franchement pour le
passage à la semaine de quatre jours et demi.
6 novembre : souvenir
Mots de mômes à l’école de Longuyon.
Photo Etienne JAMINET
« S’ils n’avaient pas été là, on serait allemand
aujourd’hui. » Ou l’hommage rendu par Emilie, de
Dommary-Baroncourt, aux soldats français.
Pour la jeune fille et ses camarades de classe,
l’utilité de célébrer l’armistice du 11-Novembre ne
fait aucun doute. « On rend hommage à ceux qui
sont morts en combattant pour notre pays », précise Anaïs, du haut de ses 9 ans.
13 novembre : divertissement
A l’heure où les ventes de jeux vidéo explosent,
à l’heure où les consoles et autres tablettes sont
devenues des objets, la jeunesse reste néanmoins
fidèle aux jeux plus classiques. C’est en tout cas ce
que laissent penser les mots des mômes de l’école
de Waville. « Les jeux de société sont quand même
plus instructifs ! » commente Laura. « Et puis sur
un écran on est seul », rajoute sa copine Laura.
20 novembre : courage
L’évasion de Francis Collomp, otage français, a
beau s’être déroulée au Nigéria, elle n’a pas
échappé aux élèves de Langevin-Wallon à Longuyon. « Il a fait preuve de beaucoup de sangfroid. » Mattéo est admiratif. « Moi, comme je suis
petit et agile, j’aurais essayé de me faufiler pour
m’échapper. »
27 novembre : solidarité
« Donner, c’est faire preuve de noblesse. » Signé
Léa-Sarah. Elève à l’école Jean-Zay de Piennes, la
petite mesure l’importance des Restos du cœur.
Comme le dit Justine, « aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui n’ont plus assez d’argent pour
bien se nourrir ».
11 décembre : hommage
« Il a fait quarante ans de prison parce qu’il
voulait que les Noirs et les Blancs soient ensemble. » Bon, le chiffre n’est pas exact, il s’agit en
réalité de vingt-sept ans de prison, mais l’erreur
n’enlève rien à l’admiration portée par Esteban et
ses copains de l’école Paul-Langevin de Villerupt
à Nelson Mandela.
C. B.