Mamie chez les Touaregs

Mamie chez les Touaregs
3 – Mamie chez les Touaregs
Nous sommes en 1918. Ton grand père et moi avions été invités à un
diner officiel, sous la tente des hommes en bleu, dans le cadre de la
signature des traités de pacification des zones désertiques et pour
l’établissement de zones de commerce et de transport des
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marchandises sécurisées. Nous arrivons donc sous cette immense
tente dressée dans les premiers sables du désert. Ton grand père a
revêtu son costume d’apparat militaire pour l’occasion, sans le
sabre, puisqu’il s’agit d’une visite protocolaire, mais courtoise. Il
fait une chaleur écrasante. Nous sommes surpris de l’incroyable
fraîcheur qui règne sous la tente. Un repas est dressé sur un tapis
central. L’homme en bleu nous accueille. Il est voilé d’un drap bleu.
Ses yeux sont également d’un bleu intense. Il nous invite à prendre
place sur d’épais coussins en cuir. Il descend son voile sur ses
épaules, et laisse apparaître un visage noble, un visage fier, plein
d’intelligence, non dénué d’une certaine finesse, presque d'une
tendresse. Il parle un français avec une grande aisance démontrant
une grande érudition. Il lance quelques ordres à des serviteurs en
tamashec, leur langue habituelle et s’excuse de ne pas avoir utilisé le
français. Puis il nous est apporté le « plat de l’amitié »… il s’agit
d’un plat préparé avec des yeux de mouton. Je t’avouerai qu’il m’a
été très difficile d’avaler la première bouchée, mais le protocole
devait être respecté, je devais être à la hauteur de l’événement, être
aux côtés de mon mari, et faire bonne figure devant l’honneur qui
nous était fait. Cette rencontre ne m’a pas laissée insensible au
charme de cet homme, si grand, si beau et souriant. En le voyant, on
comprend mieux le nom d’ Imageren qui leur est donné et qui
signifie « hommes libres ». Ce peuple a des coutumes des plus
raffinées, une façon de vivre qui ne semble pas en adéquation avec le
milieu pourtant si hostile dans lequel ils évoluent. Mais
qu’adviendra-t-il de ces peuples, maintenant que nous y mettons nos
règles. La paix est une chose, mais trouveront-ils un nouvel équilibre
dans ce nouveau contexte qui va s’imposer à eux ? Quel est le
devenir de ces tribus nomades qui très souvent vivaient de rançonner
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les caravanes de commerçants ? … mais après tout, que faisons nous
avec nos péages d’autoroutes, sinon rançonner aussi le commerce et
la libre circulation ?
Après un thé servi d’un immense samovar brillant de mille feux, il
nous raccompagne, et remonte son voile bleu. Cet homme a marqué
mon esprit à tel point qu’il semble être un rêve, une apparition,
encore après tout ce temps…
4/5
Publication certifiée par De Plume en Plume le 29-11-2014 :
https://www.de-plume-en-plume.fr/
En savoir plus sur l'auteur : czerny31
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