L`Avenir - 27 octobre 2015

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L`Avenir - 27 octobre 2015
CÔTÉ MAG
MARDI 27 OCTOBRE 2015
R OMAN
T H É ÂT R E
★★★✩✩
Elle a 13 ans et lui 43 : l’histoire
transgressive de Nathalie Rheims
Adolescente, la fille de
Maurice Rheims est éprise
d’un comédien plus âgé.
Elle s’en souvient dans
« Place Colette », en
course pour l’Interallié.
Michel PAQUOT
E
lle a 13 ans,
lui trente de
plus. Cette
jeune adoles­
cente sort de trois ans d’im­
m o b i l i s a t i o n dans un cor­
set. Elle discute avec ce comédien célèbre un soir d’été dans la villa de ses parents à Saint­Florent, en Corse, où elle s’ennuie. Elle en tombe amoureuse. Au point d’al­
ler le voir jouer dans L’Aiglon à Ajaccio, à l’autre bout de l’île. Au point, revenue à Paris, de se ren­
dre dans sa loge à la fin d’une re­
présentation de Cyrano de Berge­
rac. Au point d’encore y retourner,
de harceler celui qui l’appelle « petite fille », et finalement de le faire craquer. Et au point de suivre
elle­même des cours de théâtre et
de faire ses premiers pas sur scène
aux côtés de Maria Casarès.
L’histoire est véridique et se
passe au début des années 1970. Elle, c’est Nathalie Rheims, fille du célèbre commissaire­priseur « J’ai un perpétuel besoin de reconnaissance,
sans doute lié à mon histoire familiale », confie
Nathalie Rheims, auteure de dix-sept livres.
devenu académicien français, un Dom Juan « qui ne pensait qu’à sé­
duire toutes les femmes », et d’une mère qui quittera son mari deux ans plus tard. Et sœur de Bettina qui deviendra une photographe célèbre. Elle est « conseillée » par une copine de classe plus délurée
qu’elle, fille de réalisateurs de films pornos.
Lui, Pierre dans le roman, est so­
S ORTI ES
JEU V I DÉO
L
e magicien le plus célèbre de
la planète, Harry Potter, an­
nonce son grand retour dans
de nouvelles aventures. J.K. Row­
ling a, en effet, confirmé qu’une pièce de théâtre, en deux parties,
sera montée sur les planches du Palace Theatre de Londres l’été prochain. Écrite par Jack Thorne,
John Thiffany et J.K. Rowling, Harry Potter and the cursed child (Harry Potter et l’enfant maudit) se
déroulera 19 ans après le dernier
tome des aventures du jeune sor­
cier, Harry Potter et les reliques de la mort, sorti en 2007.
L’histoire évoquera les rapports
entre Harry Potter, employé sur­
mené au ministère de la Magie et
son plus jeune fils, Albus qui lutte contre un héritage familial qu’il n’a pas souhaité. Les places seront mises en vente dès ce mer­
credi 28 octobre à 11 h GMT (12 h en Belgique). Le prix des places est annoncé entre 20 £ et 130 £. Autant savoir ! ■
ciétaire à la Comédie française. Et
s’il met du temps avant de répon­
dre aux avances de cette Lolita obstinée, il finit par y prendre goût.
Place Colette – nom de la place où
se situe la Comédie française – ra­
conte cette relation extrêmement
transgressive, forcément scanda­
leuse, du point de vue de l’instiga­ > Nathalie Rheims, « Place Colette »,
trice du délit. Après leur première
Éditions Léo Sheer, 350 p., 20 €.
le buzz. Voici les premières
images de l’affiche de la pièce.
TÉ LÉ
La phrase maladroite de Pujadas sur les autistes
★★★★✩
Wasteland 2 :
retour sur les terres dévastées
W
La suite
de Harry Potter
sur scène en 2016
rencontre, le quadragénaire l’avait déjà oubliée et ne l’aurait pas relancée. Mais les choses s’in­
versent et lorsque la narratrice, qui a trouvé sa voie théâtrale, le quitte sans regret, c’est lui qui s’en
trouve marri.
Si Nathalie Rheims a écrit sur
son frère mort à 33 ans à travers une évocation du comédien Char­
les Denner (L’Un pour l’autre), sur sa relation avec un homme marié
(Journal intime), sur son père (Les
fleurs du silence) et sa mère (Laisser
les cendres s’envoler), et même sur Claude Berri, qui fut son compa­
gnon (Claude), elle avait cons­
cience d’aborder ici un sujet « cas­
se­gueule ».
« Ce roman vrai, où je réinterprète
des souvenirs pour les rendre roma­
nesques et leur donner une forme lit­
téraire, est un pari », commente­t­
elle.
« Pour la première fois, je me con­
fronte à l’écriture de la sexualité qui > www.harrypottertheplay.com
est, pour moi, la chose la plus difficile
à faire. J’attendais d’être assez solide
comme écrivain. L’idée n’était pas de donner le point de vue d’une femme de 56 ans mais de retrouver l’adoles­
cente que j’étais et d’ainsi restituer les
événements tels que je crois les avoir vécus. Car, autour de la trame qui a
bien eu lieu, il y a une sorte de flou. Peut­être ai­je effacé de ma mémoire certaines choses vraies et en ai­je ra­
conté d’autres que je crois vraies et qui ne le sont pas. La mémoire est en
effet extrêmement subjective. » ■
J.K. Rowling s’y entend pour créer
asteland 2 dé­
bute 15 ans
après les événe­
ments du premier opus, publié en 1988 sur PC. Vous êtes à la tête d’une escouade de Rangers du désert qui a pour but de restaurer
l’ordre et la justice sur les terres dévastées de l’Arizona, si toutefois
vous arrivez à survivre au man­
que d’eau, à la chaleur intense et aux zones radioactives sinistrées. Pour ne rien arranger, des gangs armés, des survivants fanatiques, des sectes sans pitiés, et des créa­
tures mutantes rodent sur les ter­
res mal famées. L’action évolue en
3D isométrique à l’ancienne et les
Rangers devront aider les survi­
vants dans leurs tâches quoti­
diennes. Vous pouvez créer entiè­
rement votre équipe, ou bien utiliser des personnages déjà exis­
tants. Bien sûr, chacun
d’entre eux dispose de
compétences (7 généra­
les et 29 particulières) à
développer en fonction
de vos points d’attributs.
Elles pourront ainsi amé­
liorer votre maniement des ar­
mes, vous permettre de donner des coups de points, de déjouer des pièges, ou encore apporter de
nouveaux comportements lors des conversations. Résolument old school, le titre d’inXile Enter­
tainment offre une véritable li­
berté d’approche de l’aventure et une progression délicieusement narrée. En revanche, gros bémol du côté de l’adaptation console, avec une prise en main bien peu confortable à la manette, et une note qui chutera donc à trois étoi­
les sur PS4 et Xbox One. ■ N.P.
> Deep Silver, 40 €.
●
Benoît ROBAYE
« Nous l’avons entendue, nous ne
sommes pas autistes. » Cette phrase
de David Pujadas, prononcée par le présentateur du JT de France 2 en marge de la déprogrammation
de son émission Des paroles et des actes à la suite de l’annulation de la
venue de Marine Le Pen, n’est pas bien passée chez SOS Autisme France.
La présidente de l’association a
envoyé une lettre ouverte au pré­
sentateur, intitulée Des Paroles (malheureuses) et des Actes (répara­
teurs). Olivia Cattan y dénonce « des propos jugés irrespectueux et préjudiciables par de nombreuses fa­
milles et personnes autistes ».
Et Olivia Cattan d’estimer, plus
généralement, que le mot « autiste », depuis des années, est « employé à tort et à travers, deve­
nant peu à peu une insulte ».
Citant plusieurs exemples de dé­
rapages dans le chef d’hommes politiques, la présidente de SOS Autisme revient sur la sortie de Pujadas et s’interroge : « Que vouliez­vous signifier au juste ? Que vous n’étiez pas sourd mais alors là vous mélange­
riez deux handicaps bien différents ou plu­
tôt pensiez­vous à ‘défi­
cient mental’? Si c’est le cas, savez­
vous Monsieur Pujadas que l’autisme
n’est pas une déficience mentale ? »
« […] Ce n’est pas à vous, grand jour­
naliste qui a fait de grandes écoles, que je vais apprendre à quel point les
mots sont importants. C’est à vous qui
présentez le journal télévisé quotidien­
nement de donner l’exemple d’une sé­
mantique irréprochable pour que ce mot ne soit pas employé à tort et à tra­
vers, que ce mot ne soit pas utilisé pour insulter l’autre, que ce mot ne soit pas le symbole de clichés et de pré­
jugés. » Olivia Cattan estime enfin
que lorsque Pujadas utilise de la sorte le mot autiste, il condamne « ces 600 000 personnes autistes à être comme le dit Josef Shovanec ‘en­
Christophe RUSSEIL/FTV
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fermés dans leurs peti­
tes boîtes’sans espoir
d’intégration à l’école
ou ailleurs ».
Contactée par no­
tre rédaction, la pré­
sidente de SOS
Autisme France a in­
diqué qu’elle n’avait
pas obtenu les moin­
dres excuses de Pujadas ou de France Télévisions. L’association pourrait porter l’affaire devant le CSA, pour propos discriminatoi­
res. « David Pujadas n’a visiblement
‘pas le temps’de nous répondre… Mais nous, on n’a pas autre chose à faire. En tant qu’association, on est là
pour lutter contre la discrimination. On a contacté France Télévisions, on n’a pas eu de réaction non plus et on a
cru comprendre qu’il n’y en aurait pas. C’est choquant, d’autant plus de la part du service public, qui a un de­
voir et un rôle à jouer. Ce serait dom­
mage que la présidente de France Té­
lévisions ne réponde pas alors qu’il s’agit de droits des personnes ayant
un handicap. » ■