24Heures du 03.11.2012
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24Heures du 03.11.2012
13 24 heures | Samedi-dimanche 3-4 novembre 2012 Vaud Débat Les protestants entrent en matière sur la bénédiction des couples pacsés ne croit pas à ce risque de scission. «D’abord parce qu’on est Vaudois, mais aussi parce que la décision de 2008 n’a pas provoqué de grands départs.» L’ancien médecin cantonal a rappelé que «la science a montré que l’homosexualité, dans la plupart des cas, n’est pas un choix». Jean-Paul Cavin (Jorat) se demande s’il ne vaudrait pas mieux renoncer à légiférer et laisser chaque pasteur «décider en conscience». Une proposition à laquelle s’oppose vivement Xavier Paillard, pasteur du Conseil synodal: «Je suis effaré! Vous imaginez les discussions que le pasteur aura avec son conseil de paroisse? Nous devons prendre une décision d’Eglise.» Les délégués de l’EERV ont accepté hier de discuter d’un rite de reconnaissance des unions gay. Décision aujourd’hui Isabelle Biolley Texte Philippe Maeder Photos Il a fallu près de trois heures de débat aux 92 délégués du Synode (parlement) de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), hier après-midi à Saint-Sulpice, pour accepter d’entrer en matière sur une éventuelle bénédiction des couples de même sexe liés par un partenariat enregistré. Une proposition qui émane du Conseil synodal (exécutif) et qui s’inscrit dans le prolongement du Synode de 2008 au cours duquel l’EERV a décidé «d’accueillir sans discrimination» les homosexuels. Au cours des débats d’hier, on a pu mesurer la portée que revêt la bénédiction des couples de même sexe au sein de l’EERV au luxe de précautions prises par Nathanaël Petermann, rapporteur PUBLICITÉ A une large majorité, les délégués du parlement de l’EERV acceptent de discuter d’une bénédiction des couples homosexuels. de la commission, pour introduire la discussion. Mais alors que l’abondance de courriers de lecteurs et de messages électroniques échangés ces dernières semaines pouvait augurer un débat houleux, les discussions d’hier ont été d’une grande tenue. Aucun délégué n’a véritablement exprimé le rejet d’une bénédiction des couples pacsés. Nombreux sont en revanche ceux qui ont demandé de reporter la décision et demandé au Conseil synodal de peaufiner le projet. Michel Henry (Riviera) regrette ainsi que le projet ne différencie pas suffisamment le rite du ma- riage de cette bénédiction. L’ancien conseiller d’Etat CharlesHenri Rochat préférerait lui aussi que le dossier soit retravaillé. Il suggère que l’on étudie «une bénédiction individuelle et simultanée des deux partenaires». Olivier Leuenberger insiste, lui, sur le fait qu’il n’existe pas de mariage chrétien: l’Eglise réformée bénit une union établie civilement. Elle devrait pouvoir, selon lui, le faire pour un partenariat enregistré de deux personnes du même sexe. «Décider en conscience» Le pasteur d’Yverdon, Nicolas Monnier, craint pour l’unité de l’EERV. «On a totalement sous-estimé la révolution que représenterait la mise en place de cette cérémonie dans notre Eglise. Il est irresponsable de prendre cette décision aujourd’hui.» Jean Martin Jean-Paul Cavin laïc Il y a parfois des situations qui ne peuvent pas être réglementées. Nous pourrions laisser un pasteur décider en conscience. Nicolas Monnier pasteur On a totalement sous-estimé la révolution que représenterait la mise en place de cette cérémonie dans notre Eglise. Il faut travailler en profondeur sur ce point dans nos paroisses. Le principe et la forme La majorité a jugé indispensable d’en discuter dès aujourd’hui, par 55 voix contre 31 et 1 abstention. Le débat se poursuit donc ce matin. Il portera dans un premier temps sur le principe d’un tel acte liturgique, puis sur sa forme. Rappelons qu’en Suisse une dizaine d’Eglises protestantes cantonales sont favorables à ce rite, dont deux seulement en terres romandes: Fribourg et Jura. L’Eglise de Berne-Soleure-Jura a accepté en 1999 déjà la possibilité de «célébrations en situation de vie particulière» qui concernent notamment les homosexuels. Le conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse s’est engagé, lui, en 2005, en faveur de cette bénédiction. Retrouvez la décision du Synode sur decision.24heures.ch Jean Martin ancien médecin cantonal Je ne crois pas au risque de scission. D’abord parce qu’on est Vaudois, mais aussi parce que la décision de 2008 d’accueillir sans discrimination les homosexuels n’a pas provoqué de grands départs. Michel Henry laïc De nombreuses personnes ne peuvent pas se résoudre à une bénédiction et disent qu’elles ne s’identifieraient plus à notre Eglise. Elles ont droit à la même intégration que les homosexuels que nous voulons accueillir sans discrimination. Prévenu d’attouchements sur une fillette, il chinoise sur l’interrogatoire Dialogue difficile au Tribunal de Lausanne avec un accusé s’exprimant en cantonais qui revient sur ses aveux en invoquant un interrogatoire subi en langue mandarin Les faits reprochés ne sont pas reluisants. Ce cuisinier chinois hongkongais d’une quarantaine d’années est accusé d’attouchements sur une fillette confiée à son épouse maman de jour à Lausanne, où elle passait parfois la nuit. Cela aurait duré plus d’un an, de 2007 à 2009, avant que l’enfant, alors âgée de 10 ans, ne se confie à sa mère en culpabilisant de ne pas l’avoir dit plus tôt. L’accusé ne parle que chinois et anglais. C’est dans cette langue qu’il communiquait avec les parents de la petite, dont le père est une personnalité anglophone gravitant dans les hautes sphères de l’économie internationale. C’est en anglais aussi que le cuisinier s’exprimait avec son avocat, mais c’est en chinois qu’il a été interrogé par la police qui l’a interpellé. Et en chinois aussi qu’il s’explique devant le tribunal correctionnel par l’intermédiaire d’une interprète parlant le cantonais. – Vous reconnaissez les faits? demande le juge. L’interprète traduit. VL6 Contrôle qualité – Non. Il conteste la totalité de ce dont on l’accuse. – Vous aviez pourtant admis devant la police tout ce qui vous est reproché! Traduisez… – Il dit que non. Il dit qu’il a mal compris les questions parce que le traducteur de la police parlait mandarin et que sa langue à lui, c’est le cantonais. Un ange passe. – Pourtant, c’est vous-même qui décrivez ces gestes déplacés et ces attouchements, insiste le juge. «Il dit avoir avoué en comprenant mal les questions, car le traducteur parlait mandarin et lui cantonais» L’avocat intervient. – Vous savez très bien que ce sont les policiers qui dictent les réponses. – Sauf que cela correspond à ce qu’a dit la fillette, souligne le magistrat, qui s’adresse une nouvelle fois à l’accusé. Longue traduction. – Il reconnaît juste l’avoir très rapidement embrassée sur la bouche le jour, que c’est elle qui le voulait et que cela le gênait. L’avocat des parents soupire. – Donc tout le monde a mal compris, alors qu’il a dit ne parler que mandarin avec ses collègues au restaurant. Le prévenu admet qu’au resto chinois où il travaille le chef et les collègues communiquent en mandarin, et que tous les Chinois comprennent cette langue. Mais que l’utilisation de certains termes juridiques ou comme bouche, langue, fesse, sexe, diffère. Le président pose alors la question censée déstabiliser l’accusé en pareil cas. – Cela veut dire que l’enfant ment? – Je ne comprends rien à cette histoire, répond le Chinois. Une pédopsychiatre vient attester que «la réaction de la fillette va dans le sens de la crédibilité». Très digne, le père raconte son bouleversement lorsqu’il a eu connaissance de l’affaire, intervenue à un moment où son couple traversait une période difficile. – La semaine dernière, ma fille est devenue toute blanche après que nous avons regardé ensemble le film Nemo, parce que c’était en voyant ce film chez les Chinois qu’elle a subi des attouchements qui lui faisaient mal. La Cour correctionnelle tranchera. Accusé d’actes d’ordre sexuel avec des enfants, l’époux de la maman de jour risque jusqu’à 5 ans de prison. Georges-Marie Bécherraz