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Les chemins
d’une grande dame...
Comme le lierre se cramponne à la pierre pour monter toujours plus
haut, ainsi notre Sr Marie-Louise mord dans la vie, année après année,
jusqu’à ses cent-cinq ans presqu’atteints, en toute lucidité.
Début d’un long chemin:
Marie-Louise voit le jour à Lefaivre, Ontario, le 13 avril 1901. Son
père, Samuel Chartrand et sa mère Émilie Parisien dit Léger, sont de
modestes fermiers qui ont à coeur l’éducation chrétienne de leurs onze
enfants.
Chemin d’apprentissage:
Marie-Louise nous dira: «c’est sur les genoux de ma mère que j’ai
appris à prier et à aimer Dieu» Voilà sûrement la meilleure école!
Cependant pour apprendre à lire et à écrire, elle fréquente l’école
primaire et le pensionnat des Filles de la Sagesse de son village. C’est
donc dans ce climat familial, puis au contact de ces religieuses que
Marie-Louise entend l’appel du Seigneur.
Chemin du «viens, suis-moi»:
Jeune fille de 16 ans, Marie-Louise frappe à la porte du Noviciat de la
Sagesse. L’appel du Seigneur se concrétise , elle fait sa première
profession alors qu’elle n’a pas encore 18 ans.
Marie-Louise Chartrand
(Sr Thomas du St-Esprit)
1901-2006
Chemin de l’inconnu:
La petite fille de Lefaivre est désignée pour aller oeuvrer aux États-Unis
et elle y demeurera cinquante ans. Elle part donc pour Port Jefferson,
Hôpital St-Charles, qui, en ce moment a pour patients des enfants
atteints de la «polio». Elle demeure alors à l’hôpital-même, sept jours
par semaine, douze mois par année, année après année...
Notre jeune éducatrice se dévoue corps et âme auprès de ces pauvres
enfants malades qu’elle chérit de tout son coeur. Durant 30 ans, elle
enseigne, parachève ses études, «monte» des gardes de surveillance, au
dortoir, au réfectoire, sur la cour de récréation et même au bain au bord
de la mer. Marie-Louise n’est jamais à bout de courage et de vaillance.
Elle prend l’initiative de se faire mendiante à la porte de l’église à la
messe dominicale: «La charité pour l’amour du bon Dieu... pour
l’oeuvre des «enfants-polio»...
Chemin de l’éducatrice:
Marie-Louise est une éducatrice née, débordante de zèle, de santé,
d’initiative. Elle possède un grand coeur et aussi un faible pour ces
enfants aux misères sans nombre: handicapés, orphelins, abandonnés,
etc... c’est la Mère Teresa avant son temps. Tous ces petits, devenus
adultes, la porteront à jamais dans leur coeur, voire même après 50 et 60
ans, lui gardant et lui prouvant attachement et reconnaissance par des
lettres, cadeaux, visites... On nous dit que même ces dernières années,
il lui arrivait de recevoir, durant le temps de Noël, de magnifiques
gâteaux aux fruits, par la poste... s’il- vous- plaît!
Chemin du retour au Canada:
Après ces cinquante années d’activités intenses et généreuses, MarieLouise rentre dans son pays natal. Elle a 68 ans et sa santé est assez
bonne. Elle donne cours, une fois encore, à son grand coeur et à sa
débrouillardise doublés de sa riche expérience: enseignante de cours
privés, réceptionniste, service auprès des personnes âgées, etc. Même,
à sa «soit-disant» retraite, elle se porte constamment à mille services
auprès des soeurs malades, vaillance à la main, joie au coeur... imitant
Marie-Louise Trichet, dira-t-elle.
Chemin de foi et d’amour pour son Dieu:
Marie-Louise est une femme de foi profonde et d’ardente piété. Sa
«marque de commerce»: confions tout aux mains de Dieu. Chapelet en
main, elle «courtise» assidûment la Vierge-Marie et les mystères de la
vie de la Sagesse incarnée... tout au long de ses journées.
Chemin de joie et de vie incarnée:
Marie-Louise porte le monde et ses grands problèmes dans sa prière.
Elle demeure bien informée sur la politique et le courant universel des
événements. Elle lit attentivement les journaux tous les matins et sait
faire ses critiques en temps et lieux. Elle demeure cependant, sereine et
remplie d’espérance face à cet univers qui semble ne pas toujours
tourner rond. Marie-Louise est joyeuse, elle aime la vie malgré ses
petites infirmités de «centenaire». Elle dira un jour: «dites donc à
Anizette (la supérieure provinciale d’alors) que je me sens plus fatiguée,
je crois que je prends un coup de vieux!» (à 100 ans, pensez donc!)
Elle aime les divertissements, «ça garde le coeur jeune» dira-t-elle. Elle
chérit tout spécialement les jeux de cartes... et puis, surtout... elle aime
bien gagner..
.
Chemin de centenaire:
En 2001, elle a 100 ans. On organise une belle fête à cette occasion et
une centaine de soeurs viennent festoyer avec elle. Sa famille,
nombreux neveux et nièces, lui organisent une magnifique rencontre
pour souligner l’événement. À chacune de ces fêtes, notre Sr MarieLouise prend la parole, sans papier, sans note, dit spontanément à tous,
sa joie, son affection, sa reconnaissance, rien de ne l’arrête... Dans la
suite, plus d’une fois les médias viennent interviewer cette religieuse de
100 ans et plus, comme on interviewe les personnes célèbres. MarieLouise a la réponse lucide, semble à l’aise devant les caméras et parle
en toute simplicité, c’est à croire qu’elle s’y complet...
Chemin secret vers son Seigneur:
Puis un soir... comme les autres soirs Marie-Louise se met au lit, ferme
les yeux pour une nuit de silence et de paix. Mais ses yeux ne
s’ouvriront plus à la lumière du soleil... son coeur ne palpitera plus au
rythme de la vie douce et paisible du Pavillon Notre-Dame...
Oui, son chemin terrestre vient de se terminer. Ses yeux s’ouvrent à la
lumière de la splendide vie du face à face... tout doucement, sans mot
dire... notre Marie-Louise entre dans son Chemin de gloire !
Nous vous redisons notre gratitude, notre affection, vous faisant signe
de la main de ne pas nous oublier sur nos chemins raboteux... Au revoir!
Merci! Oui, vous êtes et demeurez à nos yeux:
UNE GRANDE DAME !...
Marthe Jutras, fdls
* merci à toutes les collaboratrices... particulièrement à ses quatre nièces Filles de la Sagesse:
Alice, Lucille, Marie-Anna et Odette