A New York, des stylistes turcs dévoilent leur mode sans

Transcription

A New York, des stylistes turcs dévoilent leur mode sans
Date : 15 SEPT 16
Page de l'article : p.55-56
Périodicité : Quotidien
Page 1/2
A New York, des stylistes turcs dévoilent leur mode sans
contraintes
Déjeunes stylistes stambouNotes ont présente conjointement lundi soir leurs collections dans le cadre de
la Fashion Week de New York, proposant une mode sans contraintes bien que conçue dans une Turquie
où le port du voile monte en puissance.
Erol Albayrak - printemps-été 2017 - N.HUNT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
C'était la première fois en plus de 70 ans de Semaine de la mode new-yorkaise que des créateurs turcs y
défilaient, s'est félicitée Nilùfer Satorius après la présentation commune qu'elle a grandement contribué à
mettre sur pied.
Diplômée de la prestigieuse Ecole supérieure des arts et techniques de la mode (Esmod) de Paris, la
jeune femme a créé sa marque éponyme il y a dix ans et vit à Newyork.
Bien qu'Istanbul ait sa propre Fashion Week depuis 2009, la styliste attend beaucoup de ce coup de
projecteur offert par la scène new-yorkaise. « C'est un début pour nous », veut-elle croire. « Nous
voulons revenir en février. Si tout va bien, nous pourrons faire venir d'autres marques. »
Les quatre autres designers ayant défilé à ses côtés sont, eux, tous basés à Istanbul. Et, à l'exception
d'Erol Albayrak, ils viennent d'entrer dans le monde de la mode. Pour le trio de 113 Studio, c'était même
le tout premier défilé, tous pays confondus.
A l'instar de leurs aînés, tels Bora Aksu qui défile à Londres et dont les pièces sont en vente chez
Harrods, tous aspirent à se mêler au grand concert de la mode, qui ne connaît pas de frontières.
Sur le plan des matières, ils tirent résolument partie de la qualité de la confection et de l'artisanat turcs,
renommés dans le monde entier.
Gizem Ogan Yazgan, grande prétresse de House of Ogan, utilise notamment beaucoup le cuir, retourné
et aux teintes pastel pour des robes, des jupes, des pantalons ou des shorts.
« Nous avons une histoire riche qui remonte loin, avec des joailliers et des tanneurs », explique-t-elle. «
Tous droits réservés à l'éditeur
ESMOD 4372209400506
Date : 15 SEPT 16
Page de l'article : p.55-56
Périodicité : Quotidien
Page 2/2
Je veux utiliser cet héritage et lui donner une touche de modernité pour créer des modèles nouveaux
pour le monde entier. »
Influence du voile
Ces jeunes gens ne font pas une mode turque mais une mode de son époque, susceptible de parler à
tous.
S'ils sont assez réticents à en parler, ils disent néanmoins s'affranchir de l'influence grandissante de
l'islam dans l'espace public en Turquie, symbolisée notamment par le port grandissant du voile.
Pays laïque depuis près de cent ans, la Turquie a de nouveau autorisé ces dernières années le voile
dans les universités (2008), les administrations (2013) et les lycées (2014).
Les robes fendues très haut de House of Ogan ou celles brodées et transparentes d'Erol Albayrak
témoignent malgré tout d'une liberté d'expression totale.
« Personne ne fait pression sur personne. Nous ne ressentons pas ça », assure Nihan Topaloglu,
créatrice de L'Atelier Caché.
« La pression, nous l'avons en permanence », estime au contraire Gùlfem Erdavran, membre du trio
derrière Studio 113. « Nous essayons de ne pas y penser et de nous préoccuper d'être créatifs mais les
gens nous le rappellent en permanence », dit la jeune femme.
Une musulmane peut-elle porter les vêtements d'un de ces créateurs ? « C'est son choix, la façon dont
elle veut s'habiller. Ce n'est pas un problème », affirme Nilùfer Satorius. « Nous créons pour inspirer les
gens », renchérit Gùlfem Erdavran, pour « les amener à porter nos vêtements sans se préoccuper du
reste ».
©2016 Agence France-Presse
Tous droits réservés à l'éditeur
ESMOD 4372209400506