Fiche Le Guen OK (Page 1)

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Fiche Le Guen OK (Page 1)
La maladie sud-américaine
des feuilles de l’hévéa
Des clefs pour la combattre
L
a maladie sud-américaine des feuilles de l’hévéa,
causée par le champignon Microcyclus ulei, provoque
chez les cultivars sensibles des défoliations répétées
qui affaiblissent considérablement les arbres et peuvent
entraîner leur mort en quelques mois. Limitée jusqu’à présent
à l’Amérique latine, où elle constitue depuis un siècle un frein
puissant à l’essor de la culture de l’hévéa, son introduction
accidentelle dans les grandes zones hévéicoles d’Asie
du Sud-Est et en Afrique représenterait une catastrophe pour les
millions de petits planteurs qui vivent de cette activité.
Après 10 ans d’étude en conditions naturelles et
contrôlées, 14 clones à la fois tolérants et haut
producteurs ont été sélectionnés dans l’État
de Bahia, au Brésil. L’évaluation de ce matériel,
à travers un réseau international d’essais à
grande échelle, s’inscrit dans une approche
dynamique de création variétale.
Ce travail est une des composantes d’une approche intégrée de méthodes de lutte durables
combinant des technologies de pointe et des
techniques agronomiques plus traditionnelles.
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Vincent Le Guen / Marc Seguin
CIRAD
TA 80 / 03
34398 Montpellier Cedex 5
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© V. Le Guen
Des clones tolérants
et haut producteurs pour lutter
contre la maladie
Parcelle fortement défoliée par le SALB.
Toutes s’appuient sur une approche en épidémiologie, la recherche de zones d’esquive – caractérisées par un été long et très sec où le cycle biologique du champignon est interrompu –, l’analyse
génétique de la résistance des hévéas et l’étude
de la diversité génétique du champignon par des
marqueurs moléculaires.
Le recours à de telles variétés est indispensable
pour :
■ Accroître les superficies cultivées en Amérique
latine, tout en développant des systèmes de
culture agroforestiers.
■ Sécuriser la production dans les régions
productrices traditionnelles d’Afrique et d’Asie.
Ces deux conditions sont nécessaires pour
pérenniser une filière de production qui fera face
à une demande sans cesse croissante dans les
décennies à venir.
Centre
de coopération
internationale
en recherche
agronomique
pour le
développement
Département
Cultures
pérennes
Bd de la Lironde,
TA 80 / PS3,
34398 Montpellier
Cedex 5, France
Des résistances naturelles durables
Bien que décrite depuis le début du vingtième
siècle, cette maladie, souvent désignée par son
sigle anglais SALB (South American Leaf Blight),
est encore imparfaitement connue. Le Cirad a
mené pendant vingt ans des travaux sur les facteurs de résistance de l’hévéa, la description du
cycle biologique du champignon et la variabilité
de son pouvoir pathogène. Actuellement, des
études épidémiologiques visent à caractériser les
facteurs favorisant l’installation et la rapidité
d’extension de la maladie, ainsi que le polymorphisme génétique de l’inoculum. Leurs domaines d’application sont :
- la mise au point de modèles épidémiologiques
prédictifs à la suite de l’introduction accidentelle
du SALB dans une zone indemne ;
- l’aide à une utilisation raisonnée de pesticides ;
- l’assistance aux programmes de sélection de
variétés génétiquement résistantes.
Des prospections effectuées en Amazonie, aire
d’origine et de diversification de l’hévéa, ont
permis de détecter des arbres résistants au SALB.
L’observation des clones issus de ces arbres de
prospection a permis de déceler chez certains
d’entre eux des résistances efficaces à long terme
– plus de vingt ans – vis-à-vis de toutes les races
géographiques connues de Microcyclus ulei.
Toutefois, ces clones montrent généralement une
productivité en caoutchouc insuffisante, qu’il
convient de corriger par hybridation avec des
cultivars asiatiques haut producteurs.
© V. Le Guen
© V. Le Guen
Mieux connaître le parasite
Sporulation
conidienne sur
folioles infectées
artificiellement
par M. ulei.
© V. Le Guen
Capteur de spores pour l’étude épidémiologique
dans une parcelle d'hévéas.
La sélection assistée par marqueurs
Chez les cultivars durablement résistants au
SALB, ce caractère de résistance est généralement sous le contrôle de plusieurs gènes que
l’on souhaite intégrer par croisement au génome
d’un cultivar haut producteur. Le Cirad s’emploie
donc à identifier des marqueurs moléculaires qui
signalent la présence de ces gènes de résistance,
afin de pouvoir piloter plus rapidement et plus
efficacement les schémas d’amélioration génétique. Un de ces gènes de résistance, dont l’efficacité a été vérifiée en conditions réelles en
Guyane, a déjà été identifié sur le chromosome
g13. La localisation sur la carte génétique de
l’hévéa d’autres gènes responsables de la résistance durable observée chez un cultivar d’une
plantation Michelin, au Brésil, est en cours.
Forme sexuée
de M. ulei
sur la face
supérieure
d'une foliole.
La lutte contre le SALB à l’aide de fongicides est
techniquement possible sur des arbres jeunes et
des superficies limitées. Mais cette méthode est
onéreuse et agressive vis-à-vis de l’environnement. C’est pourquoi le Cirad s’est engagé,
depuis plus de dix ans, dans un programme de
sélection et de création de variétés possédant à
la fois une résistance durable au SALB et une
bonne productivité en caoutchouc. Ces travaux
sont effectués en partenariat étroit avec le groupe
Michelin qui possède deux plantations d’hévéas
au Brésil, dont une dans l’Etat de Bahia, en zone
fortement infestée par Microcyclus ulei.
© M. Seguin
La voie de la résistance génétique
Groupe Michelin, France et Brésil
IRRDB (International Rubber Research
and Development Board), Malaisie
Université d’Ilhéus, Brésil
CEPEC (Centro de Pesquisas do Cacau), Brésil
Exemple de marquage moléculaire utilisé
pour la cartographie de gènes de résistance à M. ulei.
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