Catégorisation et conceptualisation: homogénéité ou
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Catégorisation et conceptualisation: homogénéité ou
Catégorisation et conceptualisation: homogénéité ou hétérogénéité des processus? Elisabeth Pacherie Plan de l'exposé ► Préambules: Terminologie Fonctions des concepts Desiderata pour une théorie des concepts ► Approches philosophiques traditionnelles Images Définitions ► La théorie des prototypes ► Effets de typicalité Théorie des prototypes Limitations Approches maximalistes Théories et domaines ► Questions en débat Les concepts forment-ils une classe homogène? Terminologie ► ► ► ► Concepts: entités cognitives, représentations ou structures de connaissance, permettant de penser à des propriétés ou catégories. Catégorie: classes de choses ayant zéro membres ou plus; par ex. la classe des cercles carrés ou la classe des chats. Propriété: ce en vertu de quoi des choses forment une classe cohésive; par ex. la félinité. NB: Certains philosophes considèrent que les concepts représentent des propriétés plutôt que des catégories parce que l'on peut avoir des concepts distincts correspondant à des propriétés distinctes de la même classe; par exemple la classe des triangles est la même que la classe des trilatéraux mais on peut les distinguer conceptuellement. Fonctions des concepts Les concepts sont des entités théoriques censées remplir un certain nombre de fonctions cognitives: ►Contenu intentionnel: Dénoter des catégories ou propriétés. ►Contenu cognitif: Stocker de l'information ou des connaissances sur la catégorie qu'ils dénotent, en particulier sur les propriétés possédées par les membres de la catégorie. ►Catégorisation: identification catégorielle (ex. je détermine que Félix est un chat parce qu'il a les propriétés associées au concept de chat) et production catégorielle (ex. les chats ontils des ailes?). ►Composition: pouvoir se combiner, ex. chat malicieux ►Inférence: Servir au raisonnement déductif (chat, donc animal), probabiliste (oiseau, donc probablement capable de voler) ou inductif (Ralph et Rex sont des Rottweiler, ils sont vicieux, donc les Rottweiler sont vicieux). ► Langage et communication: pour qu'il y ait communication réussie entre deux personnes, il faut qu'elles associent aux mots qu'elles utilisent des concepts identiques ou similaires. Théorie des concepts: desiderata ► Portée - Une théorie doit avoir une portée suffisamment large pour rendre compte de la grande diversité des concepts que nous pouvons posséder: Du sensoriel à l'abstrait (rouge, douleur, électron, nombre) Espèces naturelles (cheval, fougère) Artefacts (marteau, stylo, ordinateur) Espèces sociales (démocratie, parrain). ► Fonctions - Elle doit permettre de rendre compte de l'ensemble des rôles joués par les concepts: Contenu intentionnel Contenu cognitif Catégorisation Raisonnement Langage et Communication ► Acquisition et partage - Elle doit permettre d'expliquer: Acquisition ontogénétique: Comment les concepts peuvent être acquis par un individu, lorsqu'ils ne sont pas innés. Acquisition phylogénétique: comment des êtres peuvent avoir acquis des capacités conceptuelles. Comment les concepts peuvent être partagés par plusieurs individus. Approches philosophiques traditionnelles Deux grandes approches: ► Images: les concepts sont des images mentales dérivées de la perception (Hume, Berkeley) ► Définitions: les concepts représentent les catégories sous la forme d'une définition qui énonce les conditions nécessaires et suffisantes pour en être membre. Une approche si répandue historiquement qu'on l'appelle souvent l'approche classique (Platon, Descartes, Kant, Frege, etc.) ► Aujourd'hui, l'imagisme est largement considéré comme une cause perdue. L'approche définitionnelle ou descriptiviste garde une minorité de défenseurs, mais la plupart des théories des concepts qui ont été développées au cours des trente dernière année la récusent. Imagisme: thèses ► ► ► Les concepts (idées) sont dérivées d'états perceptifs conscients (impressions). Ils en sont la trace mnésique qui, quoi que moins vive que l'original, peut servir à représenter l'objet qui a causé l'impression sensorielle ou bien la catégorie à laquelle appartient cet objet. On peut aussi former des concepts sur la base de nos états mentaux (par exemple, on peut former le concept de colère sur la base de l'état émotionnel éprouvé lorsque nous sommes en colère). On peut combiner les concepts en combinant leurs images. Par ex., selon Hume, le concept de montagne d'or est formé en combinant une image de montagne et une image d'or. Imagisme: avantages ► Acquisition ontogénétique: Propose une théorie de l'acquisition ontogénétique des concepts: qui est économique puisqu'elle s'appuie sur deux types de ressources cognitives que l'on des raisons indépendantes de postuler (perception et mémoire) qui évite un recours massif à l'innéisme puisque presque tous les concepts sont acquis. ► ► Acquisition phylogénétique: Propose pour les mêmes raisons une explication parcimonieuse de l'acquisition phylogénétique Catégorisation: Peut être utilisée pour expliquer certaines formes de catégorisation. L'identification catégorielle implique souvent la reconnaissance d'objet rencontrés dans la perception. L'imagisme simplifie cette tâche en soutenant que les concepts sont qualitativement semblables aux percepts et donc que la catégorisation peut se faire par comparaison directe entre les deux. Imagisme: Limitations ► ► ► Portée restreinte: il est très improbable qu'il puisse y avoir une image correspondant à chacun des concepts que nous possédons, en particulier les concepts qui désignent des entités non-perceptibles (vertu, nombre premier, vérité, etc.) Catégorisation: les théories imagistes prédisent des performances optimales de catégorisation à un niveau d'abstraction trop bas. Si on ne peut former une image d'un triangle sans le représenter comme scalène, isocèle ou équilatéral, il devrait être plus facile et plus rapide de catégoriser une figure à ce niveau de spécificité plutôt que simplement comme un triangle, ce qui n'est pas le cas. Partage et communication: si mes concepts sont constitués par les images des objets que j'ai rencontrés, il ne seront pas les mêmes que les vôtres puisque vous n'avez pas eu exactement les mêmes expériences. Imagisme: Limitations ► Contenu intentionnel: Selon l'imagisme un concept représente un objet ou une catégorie en vertu d'une relation de ressemblance. Ambigüité: toute image ressemble à beaucoup de choses. Une image qui ressemble à un chien ressemble aussi à un loup et donc devrait référer à la fois aux chiens et aux loups, mais le concept de chien n'est pas le concept de loup. Symétrie: si X ressemble à Y, Y ressemble à X, mais alors qui dénote quoi? Différence monde mental/ monde externe: le monde mental et le monde externe pourraient être si radicalement différent que parler de ressemblance entre les deux soit dénué de sens (Descartes). Le même problème peut être soulevé par un matérialiste: en quel sens parler de ressemblance entre états cérébraux et monde externe? Imagisme: Limitations ► Compositionalité: Il n'y a pas de manière systématique de former des images complexes à partir d'images plus simples ou de décomposer une image complexe en images plus simples. Carnivore Plante ??? ??? ??? Plante carnivore Approches définitionnelles ► Les concepts représentent les catégories sous la forme d'une définition qui énonce les conditions nécessaires et suffisantes pour en être membre. Mère: parent de sexe féminin. Nombre pair: entier naturel divisible par deux sans reste. Connaissance: croyance vraie justifiée. ► Pour éviter la régression à l'infini ou la circularité, toutes les définitions doivent être construites à partir d'une base de concepts eux-mêmes non-définis ou primitifs. Deux options: Les concepts primitifs sont perceptifs (empirisme, positivisme logique): sense-data; observables. Les concepts primitifs ne sont pas nécessairement perceptifs (sémantique lexicale): mort, cause. Définitions: avantages Contenu intentionnel: au lieu d'en appeler à la notion problématique de ressemblance pour expliquer comment les concepts peuvent connoter des catégories et les membres de ces catégories, l'approche définitionnelle en appelle à la notion de satisfaction. Un concept dénote les objets qui satisfont les conditions contenues dans sa définition. ► Composition intentionnelle: les concepts composés héritent leur dénotation de celle de leurs élements en fonction de certaines règles de composition. Par ex. la dénotation de cygne noir est l'intersection de la dénotation de cygne et de la dénotation de noir. ► Contenu cognitif: deux concepts peuvent avoir la même dénotation mais un contenu cognitif différent correspondant à une définition différente (triangle, trilatère) ► Partage et communication: pour que deux personnes partagent un concept, il faut qu'elles connaissent toutes deux les propriétés qui définissent la catégorie mais il n'est pas nécessaire qu'elles associent les mêmes propriétés non-définitoires aux membres de la catégorie. ► Définitions: limitations ► Identification des primitives définitionnelles: ► L'approche définitionnelle suppose la validité de la distinction analytique/synthétique, distinction attaquée par Quine. Portée: ► ► Il n'est pas possible de définir tous les concepts en termes de primitives perceptives (problème de l'imagisme). Lorsque l'on cherche à décomposer les concepts en traits définitoires, les traits qu'on obtient paraissent souvent au moins aussi complexes que les concepts qu'ils sont censés définir. Célibataire: adulte non marié Marié: qui a contracté devant une autorité civile ou religieuse une union avec une autre personne les engageant l'une envers l'autre à des obligations de fidélité et d'assistance mutuelle. Contrat, autorité, civil, religieux, obligation, assistance, fidélité ???? très difficile de trouver des concepts qui ont des définitions plausibles Il n'y pas toujours de conditions qui doivent être nécessairement satisfaites par tous les membres d'une catégorie (exemple des jeux de Wittgenstein) Catégorisation: l'approche définitionnelle ne rend pas compte des effets de typicalité. Théorie des prototypes ► ► ► ► L'approche définitionnelle, qui garde des défenseurs parmi les philosophes, a été très critiquée par les psychologues. Toute une batterie de résultats expérimentaux ont conduit psychologues du développement et psychologues cognitifs à la conclusion que les définitions n'avaient pas de réalité psychologique. Des études sur la catégorisation ont montré que les sujets groupent souvent les objets ensemble sur la base de jugements de similitude. Ces travaux ont conduit au développement dans les années 1970 de la théorie des prototypes (Eleanor Rosch et coll.) Effets de typicalité: les couleurs ► ► Les premiers travaux de Rosch ont porté sur la classification des couleurs. Ils s'inspiraient des recherches anthropologiques faites par Berlin et Kay sur les noms de couleurs dans différentes cultures. Berlin et Kay s'intéressaient aux noms de couleurs élémentaires, définis par les principes suivants: Le nom de couleur doit consister en un seul morphème, par exemple "vert" ou "rouge", plutôt que plusieurs, "vert bouteille" ou "rouge brique". ll doit être commun et connu de tous, comme "jaune" par opposition à "safran". La couleur à laquelle le mot faire référence ne doit pas être contenue dans une autre couleur: par exemple "écarlate" est contenu dans "rouge". Effets de typicalité: les couleurs ► L'étude des noms de couleurs élémentaires dans différentes langues et cultures a permis de dégager les généralisations suivantes: Les noms de couleurs élémentaires nomment les catégories fondamentales de couleurs, dont les membres centraux sont les mêmes universellement. Par exemple, le rouge focal est toujours donné comme le meilleur ou le plus pur exemplaire. Quoique les humains puissent conceptuellement différencier toutes ces catégories de couleurs, toutes les langues ne font pas ces différences. De nombreuses langues ont moins de noms de catégories de couleurs élémentaires, ces noms recouvrent alors l'union de plusieurs catégories de base, ex. bleu + vert. Les catégories de couleurs auxquelles des noms de couleurs élémentaires sont attachés sont équivalentes au noir, blanc, rouge, jaune, vert, bleu, brun, violet, rose, orange et gris du français. Effets de typicalité: les couleurs ► Les langues forment une hiérarchie en fonction du nombres de noms de couleurs qu'elles ont et cette hiérarchie respecte certaines règles: 2 noms: Noir (froid: noir, bleu, vert, gris), blanc (chaud: blanc, jaune, orange, rouge). 3 noms: rouge 4 à 6 noms: jaune, vert, bleu 7 noms brun 8 à 11 noms: violet, rose, orange, gris. • Effets de typicalité: les couleurs C'est la découverte des couleurs focales qui a permis de mettre en évidence ces régularités. ► Si on demande simplement aux gens de découper le spectre des couleurs en portions correspondant aux noms de couleurs élémentaires, les frontières varient largement d'un individu et d'une culture à l'autre. ► Mais si on leur demande de donner le meilleur exemple d'un nom de couleur élémentaire à partir d'une palette d'échantillons, il y a une convergence massive des individus et des cultures. ► Dans les cultures qui ont un nom pour la couleur bleu, c'est le même échantillon de bleu qui est jugé le meilleur par tout le monde. Quand une langue a un seul mot pour désigner le bleu et le vert, appelons le "vleu", le meilleur exemple de vleu n'est pas le turquoise qui est l'intermédiaire entre le bleu et le vert, ce sera soit le bleu focal soit le vert focal. L'existence de couleurs focales montre qu'une catégorie de couleur n'est pas uniforme: il y a des verts qui sont considérés comme de meilleurs exemplaires de la catégorie vert que d'autres. Les catégories ont donc des membres centraux qui sont les mêmes d'une culture à l'autre. ► En revanche, il n'y a pas de principe général qui fixe les limites d'une catégorie. ► Effets de typicalité: généralisation Rosch ses études à d'autres catégories, où elle a retrouvé les mêmes phénomènes de typicalité ou centralité. Ainsi les sujets jugent que: Chien est un exemplaire plus typique de la catégorie animal que tortue; Fusil est un exemplaire plus typique de la catégorie arme que couteau; Chêne est un exemplaire plus typique d'arbre que figuier; Eau est un exemplaire de boisson plus typique que grenadine. ► Ces phénomènes de typicalité peuvent être mis en évidence expérimentalement de plusieurs façons: Temps de catégorisation: il est plus court pour les exemplaires jugés plus typiques. Erreurs de catégorisation: elles sont moins nombreuses pour les exemplaires jugés plus typiques Ordre d'apprentissage: les noms des exemplaires les plus typiques sont appris en premier. Ordre de production: lorsque l'on demande à des sujets de citer des noms d'exemplaires d'une catégorie, les exemplaires les plus typiques sont cités en premier. Points de référence cognitive: les exemplaires plus typiques sont plus facilement choisis comme points de référence cognitive. ► La théorie des prototypes ► ► Pour rendre compte de ces données, Rosch a proposé que la catégorisation était gouvernée par deux principes. Principe d'économie cognitive: trouver un équilibre entre deux tendances opposées. Tendance à utiliser les catégories de manière à maximiser la quantité d'informations qu'elles nous donnent: conduit a former le plus grand nombre de catégories possibles, puisqu'une catégorie plus spécifique contiendra plus d'informations sur ses membres. Tendance à réduire la quantité d'information que nous avons à traiter pour la rendre cognitivement utilisable: un organisme a avantage à ne pas faire de différence entre des objets quand ces différences sont sans pertinence pour ce qu'il veut faire. Le degré de finesse de nos catégories est le résultat d'un compromis entre ces deux tendances. ► Principe d'exploitation de la structure du monde perçu: Certaines combinaisons d'attributs ont tendance à être rencontrées plus fréquemment dans le monde que d'autres (ex., les créatures ailées ont aussi tendance à avoir des plumes plutôt que de la fourrure). En formant nos catégories nous exploitons cette structure corrélationnelle. La théorie des prototypes ► Ces principes nous conduisent à avoir des concepts qui sont organisés selon deux dimensions: La dimension verticale faire référence au niveau d'inclusion d'une catégorie, au degré de généralité de celle-ci. (meuble est une catégorie plus inclusive que chaise). La dimension horizontale concerne la distinction entre les concepts qui sont placés au même niveau d'inclusion (ex chat et chien). Dimension verticale ►Nos catégories ordinaires sont généralement organisées selon trois niveaux d'inclusion: le niveau surordonné, le niveau de base, et le niveau subordonné (animal, chien, caniche; instrument de musique, guitare, guitare basse). ►Le niveau de base est le niveau cognitivement le plus important: niveau le plus élevé auquel les membres d'une catégorie ont une forme générale semblable; niveau le plus élevé auquel une unique image mentale peut résumer la catégorie; niveau le plus élevé auquel des actions motrices semblables sont utilisées par les sujets dans leurs interactions avec les membres de la catégorie; niveau où les gens identifient le plus rapidement l'appartenance catégorielle; correspondent à ce niveau de catégorisation les noms qui sont les plus couramment utilisés pour désigner les membres de la catégorie; premier niveau nommé et compris par les enfants; premier niveau à entrer dans le lexique d'une langue; niveau où les noms sont les plus courts; niveau auquel les mots sont utilisés dans les contextes neutres; niveau auquel la plus grande partie de nos connaissances sont représentées et attachées. Dimension verticale ► Le niveau de base est ainsi fondamental sous quatre aspects: ► Perception: forme perçue générale, image mentale unique, identification rapide; ► Fonction: programme moteur général; ► Communication: mots les plus courts les plus couramment utilisés, les premiers appris; ► Organisation des connaissances: la plupart des attributs des membres d'une catégorie sont stockés à ce niveau. ► Il y a toutefois des différences selon les individus en fonction de leur degré de connaissance d'un domaine. Plus grande est notre expertise d'un domaine, plus spécifique le niveau de base de catégorisation Dimension horizontale ► ► ► ► ► ► Quand on considère des catégories de même niveau, on constate que certains membres d'une catégorie sont jugés plus typiques que d'autres. Les membres les plus typiques ont plus d'attributs en commun avec les autres membres de la catégorie que les membres moins typiques et moins d'attributs en commun avec des membres d'autres catégories. La théorie des prototypes fait donc l'hypothèse que les membres d'une catégorie ne sont pas tous égaux et que les concepts possèdent une structure interne qui favorise les membres typiques par rapport aux moins typiques. Les concepts ne seraient pas représentés mentalement par un ensemble de propriétés nécessaires et suffisantes mais sous la forme d'un prototype, entité abstraite qui combine les propriétés typiques de la catégorie. Parallèlement, la théorie des prototypes ne conçoit plus la catégorisation comme un processus de vérification de conditions nécessaires et suffisantes mais comme une procédure d'appariement: on décide de ranger un objet dans une catégorie en fonction de son degré de similitude avec le prototype. On peut alors expliquer certains exemplaires sont jugés comme étant de meilleurs représentants d'une catégorie que d'autres. Théories des prototypes: avantages ► ► ► ► Catégorisation: rend compte des effets de typicalité mis en évidence dans les études sur la catégorisation Portée: à la différence des images mentales et des définitions, les prototypes sont faciles Toutes sortes de catégories donnent lieu à des effets de typicalité (oiseau, chaise, art, science, introverti, objets à sauver en cas d'incendie, etc.) Raisonnement inductif ou probabiliste Acquisition: propose une explication plausible. Si l'observation de membres d'une catégorie suffit rarement à découvrir une définition de la catégorie, elle permet d'abstraire un prototype qui exploite traits saillants et fréquences statistiques. Théories des prototypes: limitations Contenu intentionnel: En concevant la catégorisation comme un processus d'appariement, la théorie des prototypes est amenée à assimiler appartenance catégorielle et représentativité et à faire de l'appartenance une question de degré. ► Or, les deux notions doivent être distinguées. Même des catégories aussi bien définies que celle des nombres impairs donnent lieu à des phénomènes de typicalité. Mais ce n'est pas parce que 1261 est jugé moins typique de la catégorie que 3 ou 7, que 1261 est moins impair que 3 ou 7. ► Cela suggère que les phénomènes de typicalité ne sont pas sont le reflet direct de la structure conceptuelle mais plutôt des effets superficiels pouvant avoir des sources diverses. ► Compositionnalité cognitive: le contenu cognitif (prototype) d'un concept complexe n'est pas toujours le résultat de la combinaison des prototypes des concepts constituants. Les poissons de compagnie sont typiquement des poissons aux couleurs vives vivant en aquarium, mais ces propriétés ne font partie ni du prototype de poisson, ni de celui d'animal de compagnie. ► Théories des prototypes: limitations ► ► ► ► ► Défaut de contraintes: la théorie des prototypes n'explique pas ce qui fait qu'un trait est ou non pertinent et ne nous dit pas comment définir la similitude. Les relations de similitude entre un groupe d'entités dépendent dans une large mesure de l'importance, du poids, que l'on accorde aux attributs individuels. La similitude entre deux entités peut donc apparaître arbitrairement grande ou petite selon ce que l'on décide de considérer comme des propriétés pertinentes. Ainsi, si la propriété "être rayé" avait un poids suffisant, le zèbre pourrait être jugé plus semblable à un tigre qu'à un cheval. En outre, la similitude varie avec les contextes et les propriétés qui apparaissent pertinentes dans ces contextes. Dire qu'une catégorie regroupe des objets sur la base de propriétés partagées revient à faire une pétition de principe, si l'on n'a pas de critères indépendants pour décider quelles propriétés sont pertinentes dans quels contextes. Théories des prototypes: limitations ► ► ► ► Défaut de structure: une représentation des concepts sous forme d'une liste de traits ne permet pas de rendre compte pleinement des relations intra-conceptuelles et interconceptuelles. Les concepts ne sont pas simplement des sommes de propriétés. Un oiseau n'est pas un assemblage quelconque de plumes, d'ailes et de bec. Pour qu'une entité soit véritablement un oiseau, il faut que ces propriétés s'ordonnent en une "structure d'oiseau". Pour définir ce qu'est une telle structure, il faut faire intervenir des propriétés relationnelles et de ne pas se cantonner à des listes d'attributs. Les représentations conceptuelles invoquées par la théorie des prototypes sont également trop appauvries pour rendre compte des relations entre concepts. Ces relations ne se réduisent pas à des relations hiérarchiques d'inclusion, elles comprennent aussi des liens causaux ou explicatifs sur lesquels la théorie des prototypes reste muette. Maximalisme ► ► ► Ces critiques de la théorie des prototypes ont conduit a renverser la problématique et à considérer que les effets de typicalité ne reflètent pas la structure profonde de l'organisation des catégories (le prototype), mais sont des effets superficiels pouvant avoir des sources différentes. Depuis le milieu des années 1980, la recherche s'est donc réorientée vers l'identification de ces sources et de principes plus riches de structuration des concepts que la simple notion de similitude. Plusieurs approches ont été développées, qui ne sont pas nécessairement incompatibles, mais qui éclairent des aspects différents de ces structures sous-jacentes. L'approche dite théorie de la théorie ou théorie des domaines conceptuels conçoit les concepts comme des mini-théories de la catégorie. Elle postule également que les concepts se rangent dans un certain nombre de grands domaines ontologiques qui ont des règles d'organisation spécifique. Maximalisme: thèses ► ► Information relationnelle: les concepts encodent de l'information sur les relations structurelles, causales, fonctionnelles entre traits ou propriétés associées à un concepts. Nos croyances sur ces relations explicatives influent sur la catégorisation. Par exemple, les sujets jugent qu'être courbé est un trait également typique des bananes et des boomerangs, pourtant ils n'accordent pas le même poids à ce trait dans les deux cas et estiment qu'un objet droit a beaucoup plus de chance d'être une banane qu'un boomerang. Cet effet peut être expliqué par les croyances des sujets sur la structure relationnelle. Ils pensent que la curvature explique une autre propriété importante des boomerangs (le retour à l'envoyeur) et donc qu'elle est obligatoire pour les boomerangs. En revanche, dans le cas des bananes la curvature n'a pas de lien explicatif évident avec d'autres traits. ► Ces croyances expliquent aussi le choix des traits représentés dans les concepts: parmi la myriade de propriétés que possèdent les objets, nous choisissons celles qui sont rendues saillantes par nos intérêts et connaissances et qui forment un tout cohérent interdépendant. Expériences de Keil ► ► ► ► On présente à des enfants répartis en trois groupes d'âge (4 ans, 7 ans, 9 ans) des histoires mettant en scènes des transformations opérées par des "docteurs" sur des artefacts, des animaux ou des plantes pour leur donner l'apparence d'autres entités. On leur demande ensuite si à leurs yeux, le changement d'apparence correspond à un changement d'identité. Tous les enfants considèrent qu'une opération effectuée sur un artefact pour le transformer en un autre artefact constitue un changement d'identité: une cafetière transformée en mangeoire à oiseaux n'est plus une cafetière mais une mangeoire à oiseaux Tous les enfants considèrent que l'identité n'est pas changée lorsque la transformation proposée est celle d'un animal en plante ou artefact, ou celle d'un artefact en animal: quelques transformations qu'ils subissent, un jouet ne saurait devenir un chien véritable et un porc-épic ne sera jamais un cactus. Lorsqu'il s'agit de la transformation d'un animal en un autre animal ou d'une plante en une autre plante, on observe d'importants changements selon l'âge. Les plus jeunes considèrent que la transformation constitue un changement d'identité (un cheval sur lequel on peint des rayures n'est plus un cheval mais un zèbre) mais les enfants les plus âgés refusent de considérer ces transformations comme des changements d'identité. Maximalisme: thèses ► Propriétés cachées: les concepts encodent prioritairement les informations sur les traits inobservables ou cachés. Avoir l'apparence superficielle d'un animal ou une plante ne suffit pas pour en être une, il y a une présomption d'essence cachée (essentialisme psychologique). ► Domaines ontologiques: Les concepts se répartissent en domaines correspondant souvent à de grandes catégories ontologiques. Chaque domaine est gouverné par un ensemble propre de croyances centrales qui déterminent les modes de structuration des concepts du domaine. L'essence associée à un concept dépend de son domaine. Dans le cas des espèces naturelles, les changement d'apparence n'altèrent pas l'appartenance catégorielle qui dépend de propriétés cachées. Dans le cas des artefacts, ils l'altèrent s'ils altèrent la fonction qui est souvent liée à des propriétés observables. ► Changements conceptuels: nos croyances centrales sur les domaines évoluent avec le temps et nos concepts sont de moins en moins fondés sur des propriétés observables superficielles. Les plus jeunes enfants ne sont encore sensibles qu'aux grandes distinctions ontologiques entre plantes, animaux et artefacts, mais leurs distinctions s'affinent avec le temps (différentes espèces animales). Maximalisme: thèses ► Les jugements de catégorisation de sont pas uniformes à travers les domaines ontologiques mais varient d'un domaine à l'autre et dépendent des croyances sur les propriétés essentielles, qui dépendent à leur tour des catégories ontologiques et nos croyances, susceptibles d'évoluer, sur ces catégories. ► Cela ne veut pas dire que les traits superficiels ne jouent aucun rôle dans la catégorisation. En l'absence d'information accessible sur les propriétés cachées, ils peuvent servir de procédures d'identification à valeur heuristique. Maximalisme: avantages ► Catégorisation: Les croyances sur les relations explicatives et les essences cachées influent sur la sélection des traits, leur corrélation et le poids qui leur est accordé, ce qui influe à son tour sur la catégorisation. ► Portée large: les connaissances d'arrière-plan sur les domaines, les relations entre traits et les essences peuvent influer sur n'importe quel jugement conceptuel. ► Compositionalité: la théorie peut contribuer à une théorie de la compositionalité en expliquant comment certains traits émergent quand des concepts sont combinés. Par ex., diplômé d'Harvard et charpentier: non matérialiste. Maximalisme: limitations ► ► ► Contenu intentionnel: Comment une théorie fait-elle référence à des catégories? Qu'est-ce qui fait qu'une théorie des tigres porte sur les tigres. Ici, la relation de référence ne peut être pensée comme une relation de satisfaction. Les mini-théories associées à une catégorie ne spécifient pas toujours les conditions nécessaires et suffisantes pour l'appartenance à la catégorie et souvent elles contiennent des informations fausses. Compositionnalité cognitive : comment de larges ensembles de connaissances se combinent-ils compositionnellement? Partage et communication: Il est très improbable que deux personnes aient exactement les mêmes théories des catégories qu'elles représentent. Si les concepts sont des théories il est donc très improbable que deux personnes partagent jamais les mêmes concepts. En outre, il est difficile de trouver des principes permettant de distinguer les croyances qui appartiennent à une théorie donnée de celles qui n'y appartiennent pas. Homogénéité ou hétérogénéité des concepts? ► Chacune des théories que nous venons de passer en revue a certains avantages mais aucune n'a une portée complètement générale et ne rend compte de manière satisfaisante de l'ensemble des fonctions associées aux concepts. ► Est-ce à dire qu'on n'a pas encore trouvé la bonne théorie des concepts? Ou bien faut-il plutôt renoncer à l'idée selon laquelle les concepts forment une classe homogène et font tous intervenir les mêmes structures représentationnelles et les mêmes processus d'acquisition et d'exploitation? L'hypothèse d'homogénéité Processus de raisonnement déductif Processus de raisonnement inductif Hypothèses par défaut, conclusions hâtives, etc. Structure de connaissances Processus de combinaison Processus de catégorisation Effets de typicalité Accessibilité inférentielle, etc. Processus D'acquisition Ordre, facilité d'acquisition, etc. Héritage de propriétés Trois formes d'hétérogénéité ► ► ► Des concepts différents pour des types différents de catégories, par ex. catégories biologiques ordinaires et catégories d'artefacts. Des concepts différents pour différents types de processus: les structures de connaissances utilisées pour la catégorisation n'ont pas grand-chose en commun avec celles qui sont utilisées pour l'induction ou pour la combinaison des concepts. Plusieurs concepts par catégorie: par exemple, nous avons plusieurs concepts de chiens (prototypes, exemplaires, mini-théories) qui peuvent tous être exploités par les processus cognitifs supérieurs. Hétérogénéité 1 Processus de Raisonnement Inductif Processus de Raisonnement Déductif Processus de Raisonnement Inductif Structure de connaissance Processus de Raisonnement Déductif Structure de connaissance Processus Processus de combinatoires catégorisation Processus de catégorisation Processus d'acquisition Espèces naturelles Processus combinatoires Processus d'acquisition Artefacts Hétérogénéité 2 Processus de raisonnement inductif Processus de raisonnement déductif Structures de Connaissances Processus de catégorisation Processus combinatoires Processus d'acquisition Hétérogénéité 3 Processus de Processus de raisonnement raisonnement Processus de Processus de déductif inductif raisonnement raisonnement Processus de Processus de déductif inductif raisonnement raisonnement déductif inductif Structure de connaissances Structure de connaissances Structure de connaissances Processus Processus de combinatoires catégorisation Processus Processus de combinatoires catégorisation Processus Processus de Processus combinatoires catégorisation d'acquisition Processus d'acquisition Processus d'acquisition Concepts de chien Pourquoi vouloir l'homogénéïté? ► La tâche centrale de la psychologie cognitive et des sciences cognitives est de formuler des généralisations inductives sur les structures de connaissance utilisées par défaut par nos processus cognitifs supérieurs. ► Les concepts ne sont des entités théoriques utiles que s'ils permettent la formulation de ces généralisations inductives, ce qui ne peut être le cas que s'ils forment une classe homogène ► Présupposé contestable: qu'il existe des modes d'utilisation par défaut dans nos systèmes cognitifs supérieurs. La pensée conceptuelle est située La pensée conceptuelle n'est pas moins située que le reste de nos activités cognitives. Les facteurs situationnels sont source d'hétérogénéité. ► Contraintes écologiques: les contraintes que l'environnement impose à tout agent fini qui interagit avec lui. ► Dépendance vis-à-vis de la tâche et du but: les contraintes liés au but que l'agent poursuit. ► Contraintes sociales: les contraintes imposées par le fait que nous sommes des êtres sociaux qui ont besoin de communiquer et de partager de l'information. ► Accepter l'hétérogénéité ne veut pas dire renoncer à une théorie des concepts, mais concevoir autrement sa tâche. ► Une théorie des concepts n'aurait pas pour but d'identifier et de caractériser les structures de connaissances utilisées par défaut dans la cognition supérieure mais de nous permettre de comprendre comment, dans une situation donnée, les contraintes écologiques, les contraintes liées à la tâche et les contraintes sociales déterminent quelles structures de connaissances sont utilisées par nos processus cognitifs supérieurs. ► Contraintes écologiques Processus de Processus de raisonnement raisonnement Processus de Processus de déductif inductif raisonnement raisonnement Processus de Processus de déductif inductif raisonnement raisonnement déductif inductif Contraintes Structure de Contraintes liées à la tâche connaissances sociales Structure de et au but connaissances Structure de connaissances Processus Processus de combinatoires catégorisation Processus Processus de combinatoires catégorisation Processus Processus de Processus combinatoires catégorisation d'acquisition Processus d'acquisition Processus d'acquisition Quelques références ► ► ► ► ► ► ► Jesse Prinz, 2004. Furnishing the Mind. MIT Press. Gregory Murphy, 2002. The Big Book of Concepts. MIT Press. Eric Margolis & Stephen Laurence (Eds.), 1999. Concepts: Core Readings. MIT Press. Christopher Peacocke, 1995. A Study of Concepts. MIT Press. Jerry Fodor, 1998. Concepts: Where Cognitive Science Went Wrong. MIT Press. Danièle Dubois (Ed.), 1997. Catégorisation et cognition. Paris, Kimé. Thèses et articles d'Edouard Machery et de Benjamin Sylvand dans les Archives de l'Institut Jean Nicod: http://jeannicod.ccsd.cnrs.fr/