« Je ne veux pas vous laisser dans l`ignorance de ceux qui se sont
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« Je ne veux pas vous laisser dans l`ignorance de ceux qui se sont
« Je ne veux pas vous laisser dans l’ignorance de ceux qui se sont endormis dans la mort » (lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens 5) Le texte que vous avez choisi, je l’ai reçu comme une invitation d’Eric à partager ce qui le faisait vivre. Il ne s’en privait d’ailleurs pas. Ne restons pas dans l’ignorance de ce pour quoi nous sommes faits. Nous venons d’entendre ce passage de l’évangile de St Luc (Luc 24, 13-35), le récit d’un chemin de deux disciples. Nous avons dans ce déplacement de Jérusalem à Emmaüs un pèlerinage. Nous pouvons y voir un élément important de la vie d’Eric, le pèlerinage à Cotignac…. Sans parler de la route avec les scouts, qui était le lieu de ressourcement, d’approfondissement, de murissement de sa Foi, lieu d’émerveillement. Comme tu me le disais, Aurélia, au retour de Cotignac, toute la famille en recevait quelque chose, disponibilité, attention…au moins pour le mois qui suivait… Certains percevaient qu’il y avait quelque chose qui le dynamisait. Comme d’ailleurs les disciples dans la finale du passage de l’Evangile que nous avons entendu, qui retournent à Jérusalem alors que le jour baisse…. Qu’est-ce qui anime ses disciples ? Dans un regard journalistique c’est assez incompréhensible. Ces disciples avaient quitté pas mal de chose. Ils avaient suivi un certain Jésus et tout semblait s’écrouler. « Nous espérions qu’il serait le libérateur d’Israël » Et qu’est-ce qui arrive, il meurt… tout s’écroule. Comme peut-être pour nous aujourd’hui. Et nous pouvons être ébranlés comme Cleophas et l’autre disciple. Comment ne pas l’être devant la mort…. Ce sentiment révèle en creux que nous sommes faits pour plus. Il y a comme inscrit en nous la trace que nous sommes faits pour l’infini. Pour l’absolu. Eric nous le dévoilait par certains aspects Sa radicalité… qui à certain moment était fatigante … difficile de le suivre…. Cette expérience que font ces deux disciples lorsque Jésus leur explique en partant de l’écriture, Eric l’avait vécu de manière intense ses derniers mois. … la retraite au désert en référence à ces 40 jours en chambre stérile. Cet accueil de la Parole m’a toujours marqué lors de nos rencontres. Il partageait la Parole qui le portait. Curieusement, cet isolement a été l’occasion de renouer avec de multiples personnes. Quelques fois émerveillé de découvrir au cœur même de son épreuve un chemin de compagnonnage, …ceux qui se trouvaient en proximité …des soignants ou visiteurs et même ceux qu’il ne rejoignait que par les mails ou sa prière. Il voulait toujours plus, il n’a peut être pas tout accompli. Tout du moins, il n’a peut être pas pu le manifester à tous mais ce désir de compagnonnage d’amitié avec tous était inscrit comme un nouvel horizon de sa vie, une détermination à avancer sur ce chemin comme le seul véritable chemin de Vie. « Reste avec nous le soir approche » Ce sont les disciples qui retiennent Jésus. On pourrait croire que c’est eux qui offrent quelques choses et c’est l’inverse qui se produit. C’est Jésus qui prend le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. C’est lui qui donne, bien au-delà de ce que nous donnons. Nous y reconnaissons pour les chrétiens le signe de l’eucharistie que nous allons revivre dans quelques instant. C’est aussi cela qu’Eric nous lègue comme secret de son dynamisme. Un autre se donne à nous pour que nous puissions aussi nous donner. Il m’a donné à voir le sens d’une vie eucharistique. Vie reçue pour être donnée. Ce qui allait aussi avec un regard de Foi sur le ministère du sacerdoce. Frappé de l’accueil qu’il me faisait comme prêtre, et sa reconnaissance du ministère des prêtres au delà des options pastorales des uns ou des autres. Qu’il ne partageait pas forcément… L’eucharistie n’était pas un à coté, mais le cœur. Comme dans l’Evangile où l’évangéliste le traduit par notre cœur « n’était-il pas tout brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route » C’est bien ici que nous sommes conduits. Et pourtant il disparut à leur regard. Mais il devient présent en eux. Nous sommes conduits au cœur …ce lieu de la personne qui est le lieu même de la rencontre avec ce Dieu d’amour. Le lieu de la miséricorde. Lieu de la fragilité …aimer, c’est tout donner et se donner soi même…s’offrir sans attendre de retour. Eric n’était pas un héros, mais il essayait jour après jour qu’un autre le hisse à ce niveau. C’est ce qu’il a fait en s’en remettant à la miséricorde de Dieu. Il ne s’était pas trompé en choisissant le Bienheureux Jean Paul II comme guide …père pour sa Foi. Il a été un guide dans sa vie et dans sa mort. Jean Paul II nous invitait à la suite de Jésus à avoir confiance. N’ayez pas peur. Une invitation à la foi. Eric nous invite à prendre nous aussi ce chemin de la foi… chemin de la confiance. C’est un véritable chemin d’accomplissement. Père Patrick Frenay