pessah 518 - Hevrat pinto

Transcription

pessah 518 - Hevrat pinto
PESSA’H EST UN BOND EN AVANT DANS LE SERVICE DE HACHEM
S
pessah
518
26 Avril 2008
21 nissan 5768
Publication
HEVRAT PINTO
Sous l’égide de
Rabbi David Hanania
Pinto Chlita
11, rue du plateau
75019 PARIS
Tel: 01 42 08 25 40
Tel: 01 48 03 53 89
Fax 01 42 06 00 33
Dédié à la mémoire de
Esther Bachar Bat Avraham
Les gens de la ville ont le
devoir de le faire vivre
Il y a un certain sujet qui fait trébucher beaucoup de gens, à cause de
nos nombreuses fautes, par exemple
quand il y a dans la ville des gens
dont on sait qu’ils sont pauvres, il
faut leur donner de la tsedaka. Il est
arrivé que quelqu’un dise du mal d’eux,
qu’ils n’étaient pas vraiment pauvres,
mais faisaient semblant pour tromper
les gens.
D’après la Torah, c’est une grande
faute, car cela fait vraiment partie
d’accepter du lachon hara. La Torah ordonne de ne pas croire du lachon hara
mais de seulement se méfier, et dans
ce cas on ne doit pas se dispenser de
donner à ce pauvre, car il est toujours
considéré comme pauvre, puisqu’il l’a
été pendant longtemps, et les gens de
la ville sont obligés de l’aider à vivre.
Il faut simplement prendre en considération ce que dit celui qui raconte,
et bien vérifier. Tant qu’on ne sait pas
clairement ce qu’il en est, on n’a pas
le droit de se dispenser du devoir de
la tsedaka. Les Sages ont appliqué à
ce genre de cas le verset « ne vole pas
le pauvre, car il est pauvre. »
(par Rabbi David Hanania Pinto Chlita)
ervir Hachem exige de l’homme de
grands efforts spirituels, de l’enthousiasme et de l’empressement dans la
pratique des mitsvot. Nous devons
apprendre ce merveilleux principe
de ce que dit Rachi, qui explique ainsi le nom du
« korban Pessa’h » :
« Le sacrifice s’appelle Pessa’h parce que Hachem a sauté (passa’h) par-dessus les maisons
des bnei Israël entre les maisons des Egyptiens
et est passé d’une maison égyptienne à une autre
maison égyptienne, alors que le ben Israël qui
habitait entre les deux était sauvé, et vous, faites
tout ce qui le concerne pour l’amour du ciel. Autre
explication : c’est l’idée de sauter, en souvenir de
son nom qui est Pessa’h. »
Le Maharchal écrit que les deux explications de
Rachi n’en font qu’une (et qu’il ne faut pas lire
« autre explication ») : et vous, faites tout ce qui
le concerne par amour du ciel d’une façon qui
implique le fait de sauter. C’est-à-dire que dans
le service de Hachem, il est interdit que l’homme
ait du repos, comme nous l’apprenons à propos de
notre père Ya’akov, le plus grand des Patriarches
: « Ya’akov a voulu s’installer paisiblement, il
a été assailli par le malheur concernant Yossef.
» Cela signifie que si quelqu’un veut s’installer
dans la tranquillité, un malheur vient l’assaillir,
car il ne faut pas s’installer tranquillement dans le
service de Hachem mais tout faire avec un grand
enthousiasme comme en sautant.
Si quelqu’un se repose de son étude de la Torah et de l’accomplissement des mitsvot, il peut
réparer cela pendant Pessa’h, en « sautant » avec
empressement. Mais il faut se rappeler qu’on ne
doit pas agir précipitamment, car la précipitation
risque d’entraîner la faute. Il faut tout faire avec
entrain, se lever le matin, prier, faire les mitsvot,
et étudier la Torah.
Sentir une amélioration
Nous voyons ce genre de choses tous les jours.
Il ne suffit pas d’écouter des cours de Torah, il
faut aussi agir, pratiquer, et tout faire avec empressement, car « l’essentiel n’est pas l’étude
mais l’action » (Avot 1, 17). Certes, beaucoup
de gens aiment écouter un cours de Torah, mais
ce n’est pas l’essentiel. L’homme doit sentir une
amélioration dans son corps, et si le cours n’a
provoqué aucune amélioration, à quoi sert de
l’avoir écouté ?
De plus, le saut auquel il est fait allusion ici nous
enseigne un autre principe important. En effet,
l’homme doit s’élever graduellement et ne pas
sauter d’un seul coup, car les Sages ont dit dans
le traité Yoma (80a) « en essayant de trop attraper
on n’attrape rien ». Si on veut attraper beaucoup,
il ne restera même pas un peu dans la main. Ici,
nous apprenons une façon de vivre le service de
Hachem valable pour toutes les générations.
L’homme doit marcher lentement pour traverser
les difficultés de ce monde-ci, les éliminer et les
surmonter. Mais quand il les atteint, il doit immédiatement sauter d’un seul coup par-dessus.
Comme quelqu’un qui veut sauter, et qui va au
début lentement, puis ensuite saute tout à coup.
Il en va de même dans le service de Hachem,
on se prépare lentement et ensuite on saute, on
bondit par-dessus tous les obstacles et on les
surmonte.
Petit à petit
C’est une mise en garde pour tout homme quel
qu’il soit. Celui qui est tout le temps plongé dans
les vanités de ce monde ne peut pas s’en passer
d’un seul coup, car on ne peut pas devenir tsadik
du jour au lendemain. Pour être tsadik, il faut aller
lentement, et ensuite seulement sauter, alors on
peut y arriver.
C’est ce qui se passe à Pessa’h, et du monde
matériel on peut apprendre une leçon pour le
spirituel. Avant la fête de Pessa’h, nous agissons
avec lenteur, nous nettoyons petit à petit, on ne
fait pas tout le dernier jour avant la fête. C’est ce
qui se passe aussi sans le monde spirituel : avant
Pessa’h, on doit habituer ses forces à se restreindre quant aux vanités de ce monde, et alors à
Pessa’h on peut vraiment sentir un changement,
et ensuite on entre dans l’étude de la Torah.
Il lui est promis qu’il ne fautera pas
C’est pourquoi le Saint béni soit-Il nous a donné
la fête de Pessa’h, pour nous séparer des vanités
de ce monde. Ainsi, nous arriverons à sauter pardessus les obstacles. Il est vrai que nous nous y
préparons avant la fête, car auparavant on annule
le ‘hamets, qui représente comme on le sait les
fautes de l’homme. Le saint Ari fait allusion à
cette idée quand il dit que quiconque se garde
de la moindre trace de ‘hamets à Pessa’h, il lui
est promis qu’il ne fautera pas pendant toute
l’année !
Mais pour connaître clairement la nature de
Pessa’h, il faut auparavant éliminer et annuler
le ‘hamets, c’est-à-dire se préparer avant la fête,
et ensuite on arrive à Pessa’h en sautant pardessus les vanités de ce monde, et on connaît
un renouvellement dans le service de Hachem.
Nous apprenons cette idée merveilleuse du mot
même de « Pessa’h », qui veut dire un saut pardessus les vanités de ce monde, et l’entrée dans
la spiritualité et le service de Hachem.
le secret de la foi
De nombreuses couronnes ont été attachées à la notion de
matsa, on lui attribue une abondance de qualités et de « segoulot
», depuis les semailles du blé au nom de la matsa de la mitsva
jusqu’à la consommation de la matsa la nuit du séder et le déroulement des sept jours de la fête. Le saint Zohar appelle la
matsa (dans la parachat Tetsavé, 183a) le « pain de la guérison
et le secret de la foi ». Le livre « Maor VaChémech » dit que
manger la matsa constitue une guérison, une guérison de l’âme
pour tout juif, afin que la consommation de ‘hamets ne lui fasse
aucun mal pendant toute l’année, comme à l’époque de nos pères qui vivaient dans le désert et mangeaient la manne. Il écrit
: « La sagesse de Hachem a décrété que la consommation de la
matsa pendant sept jours suffirait à défendre chaque juif des
maladies de l’âme provoquées par la consommation de ‘hamets
pendant toute l’année.
Un remède merveilleux
De nombreuses histoires sont passées de génération en génération sur la valeur thérapeutique de la matsa, un remède qui
donne une nouvelle vie aux malades qui n’avaient plus d’espoir
de guérison.
Entre beaucoup d’autres, nous avons choisi de citer le témoignage
émouvant de Rabbi Aharon First de Bnei Brak, un témoignage
personnel de l’époque terrible des années de l’Holocauste. Voici
ce qu’il raconte :
Mildorf, Allemagne, à la veille de Pessa’h 5708
Qui pouvait rêver de matsot dans le camp de Mildorf ?
A cette époque terrible, quand j’étais hospitalisé dans l’« hôpital
» du camp, la faim nous accompagnait constamment. Même les
malades de l’hôpital ne recevaient que des portions de nourriture
minuscules, et même l’eau était en très petite quantité. Beaucoup
des malades rendaient l’âme à la fois à cause de la maladie et de
la faim.
Alors que j’étais encore hospitalisé, en danger de mort, Pessa’h
approchait.
Nous n’osions même pas rêver de matsot, nous espérions
quelques miettes de ‘hamets pour continuer à vivre. Ma maladie
s’aggravait, j’étais couché sans forces, les yeux fermés.
« C’est la veille de Pessa’h aujourd’hui », me dit une voix connue
près de moi. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu le saint Admor de Klausenbourg qui se penchait sur mon lit. Il voulait m’enseigner à tenir
bon et me transmettre certains moyens d’éviter le ‘hamets à Pessa’h.
J’ai crié vers lui : « Au contraire, si seulement je pouvais avoir un
morceau de ‘hamets à manger ! »
Le Admor, qui s’était glissé en secret dans la cabane qui servait
d’hôpital, dut passer son chemin de peur que les Nazis ne le remarquent, mais il réussit à me promettre : « Aharon, mon cher, malgré
tout, sois fort ! Ne te laisse pas aller, et Hachem te sauvera ! »
Après avoir été surpris par cette visite éclair, je me suis dit : «
Comment le Admor, qui lui-même est plongé dans un océan de
souffrances qui l’assaillent dans cette vallée de larmes, n’a-t-il pas
d’autre souci en ce moment que de ne pas risquer de manger du
‘hamets à Pessa’h ?
Au bout de quelques heures, le Admor se glissa de nouveau dans
la cabane « hôpital ». Après avoir bien vérifié qu’il n’était pas suivi,
il s’approcha de moi, sortit avec précaution de son vêtement un
morceau de matsa et me le donna, puis il s’en alla rapidement.
Je tenais le morceau de matsa dans mes mains amaigries avec
des larmes qui coulaient des yeux, avec encore dans les oreilles
les quelques paroles que m’avait dites le Admor : « Voici la matsa
de la guérison. »
Et effectivement, ce morceau de « matsa de la guérison » fut un
merveilleux remède pour ma maladie. Après que je l’ai mangé, il
y eut une amélioration de mon état. De jour en jour, je me sentais
plus fort, au point de pouvoir marcher sur mes jambes comme un
homme ordinaire.
Au bout de moins d’un mois, nous avons été libérés du camp
avec ce qui restait des autres juifs.
La bénédiction du Rabbi
La force des sages d’Israël est tellement grande que par leur
bénédiction, même le maror peut devenir un aliment de guérison,
comme on le raconte sur un des juifs de Dinow qui était tombé
malade d’une maladie des poumons fatale, si bien qu’il était parti
consulter les plus grands médecins de Vienne. Les médecins qui
l’examinèrent lui annoncèrent qu’il n’y avait pas de remède à sa
maladie, parce que le poumon avait été repoussé de côté, s’était
rempli d’eau qu’il était impossible d’enlever, et que cette eau allait
provoquer une décomposition, il valait donc mieux qu’il rentre
chez lui plutôt que de mourir à l’étranger.
L’homme partit le cœur brisé, et en chemin il passa par la ville
de Zanz. Il se dit : Comme le saint Rabbi, auteur de « Divrei ‘Haïm
», est connu comme décisionnaire, je vais lui demander que faire
pour la nuit du séder qui s’approche, étant donné que les médecins
m’ont interdit de manger un « kazayit » de maror ; est-ce que je
pourrai en manger moins que ce qui est prescrit, et est-ce que je
pourrai dire dessus la bénédiction ?
Le Rabbi écouta la question et lui dit : « Il est écrit que le maror
est un aliment de guérison, vous pourrez donc en manger un «
kazayit » et guérir »…
Une fois que le juif fut sorti de chez le Rabbi, il se souvint que celui-ci s’était trompé ! Dans le Zohar, il n’est pas dit que le maror est
un aliment de guérison, c’est dit uniquement à propos de la matsa.
Le Rabbi s’était donc certainement trompé. Il n’y pensa plus.
Quand arriva la nuit du séder, le malade prit une toute petite
quantité de maror et la mangea, mais il se mit immédiatement
à tousser et cela lui fit perdre le peu de forces qui lui restaient.
Il se mit à crier et dit « Si ma fin est déjà arrivée, que je mérite
au moins d’accomplir la mitsva selon la halakha. » Il prit un «
kazayit » entier de maror et le mangea. Après qu’il eut mangé
le maror, sa toux s’aggrava et tout son corps était terriblement
secoué.
Sa famille courut chercher le médecin, mais lui aussi était attablé
au séder, c’est pourquoi il tarda à arriver chez le malade. Quand il
arriva, il trouva le malade endormi. Il dit à la famille que le sommeil
était bon pour lui et le laissa dormir.
Effectivement, il dormit jusqu’au lendemain matin tard, et quand
le médecin vint lui rendre visite, il fut stupéfait : il était en parfaite
santé !
Il s’avéra que la force de la toux avait poussé le poumon à revenir
à sa place et que le liquide s’était épanché au dehors. Le maror
avait donc été pour lui un « aliment de guérison », avec une grande
exactitude, comme l’avait dit le saint Rabbi.
Une segoula de protection
Dans les pays orientaux, les juifs avaient l’habitude de mettre
dans leurs poches pendant toute l’année un petit morceau du
afikoman, et il disaient que c’était une segoula de protection et de
réussite pour toutes les maladies, et en particulier de protection
contre les tempêtes en mer et tous les dangers des chemins. Car
la foi dans la valeur de la mitsva de matsa a le mérite de protéger
celui qui porte de la matsa dans sa poche.
erouvei tavchilin » sur le mur de la synagogue), et ainsi elle restait suspendue toute l’année jusqu’à ce qu’on la change l’année
suivante. Les juifs de Pologne croyaient que par le mérite du «
pain de la foi », ils seraient sauvés de toutes sortes de mauvais
décrets dont ils avaient l’habitude à certaines époques de la part
des propriétaires terriens non-juifs qui les exploitaient et les
persécutaient sans cesse.
Contre le mauvais œil
Cette coutume a une origine ancienne dans le sidour ancien «
Raphaël Ben Sim’hon, dans son livre « Le judaïsme du MaBeit HaChoeva », où il est écrit que la matsa de l’afikoman de
ghreb », raconte que la coutume des juifs du Maghreb était
la nuit du séder est une segoula pour être sauvé des voleurs, car
qu’à la fin du repas de la nuit du séder, après que la famille ait
le mot « matsa » signifie « dispute », et pour ainsi dire la matsa
terminé de lire la Haggada et le livre de « Chir HaChirim », la
se dresse contre ceux qui vous attaquent.
mère rassemblait les restes de matsa de la table et les cachait
Dans certaines communautés, on faisait très attention à met- dans l’armoire des vêtements de la maison. Après la fête, elle les
tre un petit morceau de matsa dans son porte-monnaie, et on faisait sortir de l’armoire, les roulait en boule avec de grandes
croyait qu’il y aurait une bénédiction sur le porte-monnaie qui précautions jusqu’à ce qu’ils prennent la forme d’une petite
se gonflerait et serait rempli de pièces à ras bord, naturellement matsa, et ensuite elle y faisait un trou et y enfilait un long fil. Elle
grâce à la matsa.
mettait cette petite matsa ronde comme un collier autour du cou
Dans les villages polonais, on suspendait la matsa à Isrou ‘Hag de chacun des habitants de la maison comme une segoula contre
de Pessa’h à la poutre du plafond de la synagogue (comme on le mauvais œil, afin qu’il n’ait pas de prise sur ses enfants, ou
a la coutume dans certaines communautés de suspendre les « autres choses mauvaises.
HISTOIRE VECUE
Le streimel qui a rendu cacher le repas de la fête
L’histoire suivante est arrivée il y a une centaine d’années, à
Jérusalem. Dans les murs de la vieille ville, des familles et des
communautés habitaient ensemble, Achkénazim et Sépharadim,
‘hassidim et mitnagdim, et chaque communauté était séparée, ce
qui s’exprimait dans les détails de la prière, dans les coutumes, et
naturellement dans les mariages, si bien qu’il était exceptionnel de
trouver un chidoukh entre les ‘hassidim et les mitnagdim.
Mais curieusement, cela se produisit, et une ‘houpa fut organisée pour le début du mois de Nissan, le marié étant d’une famille
de mitnagdim et la mariée d’une famille de ‘hassidim. Un grand
conflit entre les deux familles s’éleva dès le Chabat qui précédait le
mariage. Il avait pour objet le « streimel » que le père de la mariée
avait acheté au marié : devait-il déjà le porter pour le Chabat où il
montait à la Torah (qui, dans la coutume des Achkénazim, est le
Chabat qui précède le mariage), ou ne devait-il le porter qu’à partir
du moment du mariage ?
Le père de la mariée, qui était, comme nous l’avons dit, d’une
famille de ‘hassidim, estimait fermement que le nouveau marié
devait s’en tenir aux coutumes de ses ancêtres et porter le grand
streimel dès le Chabat précédant le mariage. C’est ce qu’il fit.
La nuit du séder, le jeune couple était invité chez le père de la
mariée. On apporta sur la table une soupe, et tout à coup le marié
aperçut un grain de blé qui flottait tranquillement dans son assiette…
Un grain de blé dans une assiette de soupe, à la table du séder
? Comment ce blé était-il arrivé là ? s’étonna le marié à haute
voix…
Son beau-père fut obligé d’avaler sa salive et rougit de honte. En
vérité, comment ce grain de blé était-il arrivé à la table du séder ?
Et que fallait-il faire maintenant avec toute la nourriture de la fête
? Est-ce que toute la cuisine était treife ? Mais toutes ces questions
étaient insignifiantes en regard du fait que tout cela se passait sous
les yeux de son gendre le « mitnagued »…
Bon, passe encore pour la discussion humiliante sur le streimel,
se disait le beau-père, mais maintenant, où allons-nous cacher notre
honte ? Un grain de blé dans l’assiette de soupe de mon gendre le
« mitnagued » la nuit du séder, quel désastre !
Le beau-père se leva immédiatement et sortit de la maison pour se
rendre chez le Rav de Jérusalem, le gaon Rabbi Chemouël Salant,
qui trouverait certainement une solution quant au repas de la fête.
Celui-ci était en plein milieu de l’histoire de la sortie d’Egypte avec
sa grande famille autour de la table, et les coups frappés à la porte
intriguèrent tous les assistants, qui montrèrent un grand intérêt pour
la triste histoire du beau-père.
Le Rav écouta la question et ordonna au beau-père de rentrer
immédiatement à la maison et de lui amener le streimel de tous
ceux qui étaient attablés chez lui…
Le beau-père ne posa pas de questions sur les ordres du Rav,
il courut immédiatement chez lui, ramassa tous les streimels, y
compris naturellement celui du jeune marié, et retourna chez le
Rav Salant pour entendre ce qu’il avait à dire.
Rav Chemouël Salant reçut les streimels des mains du beau-père,
les examina brièvement, et prit immédiatement en main le streimel
neuf qui se trouvait parmi eux. Le Rav s’éloigna de la table du séder
et commença à le secouer, de haut en bas et de bas en haut.
Et, stupeur ! Un autre grain de blé tomba par terre…
Apparemment, les grains de blé qui se trouvaient dans le streimel
du marié étaient ceux qu’on a l’habitude de lancer sur le marié pendant le Chabat où il monte à la Torah, et le grain qui avait trouvé sa
place dans l’assiette de soupe n’avait pas du tout cuit avec la soupe,
mais pendant le séder il était tombé et avait glissé dans l’assiette du
marié. En pratique, dit le Rav de Jérusalem, il fallait jeter l’assiette
de soupe, mais toute la marmite et ce qu’elle contenait était cacher
pour Pessa’h, tout ce qu’il y a de plus cacher, à la grande joie du
beau-père et de sa famille.
LEs paroles des sages
Ne manifester aucune légèreté
Rav Tsadka ‘Houtsin zatsal avait l’habitude de sortir de Bagdad vers
les villages éloignés pour s’occuper de la moisson du blé pour la « matsa
chemoura » afin que la surveillance porte sur les moindres détails.
Une certaine année, une fois que le travail fut terminé avec beaucoup
de fatigue, on mit les sacs de blé sur des ânes et on prit la route pour
rentrer à Bagdad.
Et voici qu’en chemin, le ciel s’obscurcit de lourds nuages…
Les prisonniers mangèrent le ‘hamets les yeux fermés, comme si c’était
la matsa la plus précieuse du monde. Il est facile d’imaginer comment le
Saint béni soit-Il les a regardés du Ciel à ce moment-là, et S’est émerveillé
de Ses enfants en disant : « Mes enfants M’ont vaincu ! Mes enfants
M’ont vaincu ! Certes, Je leur ai pris la possibilité d’accomplir la mitsva
de manger de la matsa, mais ils accomplissent une mitsva encore plus
grande, la mitsva de « Vé’Haï bahem ».
L’échelon le plus élevé
Le petit groupe se fit beaucoup de souci : qu’est-ce qu’il va se passer
Le tsadik Rabbi Issakhar Dov de Belz avait envoyé son petit-fils ouvrir
s’il pleut, et que les sacs soient mouillés ? Tout le blé deviendra « ‘hamets la porte quand on arriva à « Chefokh ‘hamatkha ». L’enfant revint et lui dit
» et tout ce travail aura été pour rien…
qu’il n’avait pas vu le prophète Eliahou, et demanda à son grand-père si lui
Le Rav Tsadka entendit qu’ils se faisaient du souci. Il leva les yeux et l’avait vu. Le grand-père ne répondit rien. L’enfant continua à demander
vit les sombres nuages… alors il étendit les mains vers le Ciel et se mit s’il y avait des gens qui méritent de le voir. Le tsadik lui répondit :
à prier :
« Il y a effectivement ici des juifs qui voient le prophète Eliahou, mais
« Hachem notre D., puisse Ta volonté être que s’il est décrété que la quand on ne le voit pas et qu’on croit pourtant, c’est un niveau encore
pluie doive tomber maintenant, il tombe une pluie violente au point que plus élevé. »
la selle de s’âne soit complètement trempée ! »
Il expliqua que dans Chir Hachirim, il est dit « Regarde du haut de la
On s’étonna. Est-ce que c’est cela la prière d’un tsadik ?
Il leur expliqua tranquillement : « Ecoutez-moi, mes amis, je n’ai
certainement pas voulu apporter une malédiction par cette prière. Mais
s’il tombe une pluie légère, de simples gouttes, nous pourrons trouver
une façon de permettre le blé que nous avons peiné pour moissonner.
C’est pourquoi j’ai demandé au Maître du monde que s’il doit y avoir un
décret qu’il tombe de la pluie maintenant, Il nous fasse tomber une pluie
très abondante, afin qu’il ne nous reste aucun doute dans le cœur sur la
cacherout du blé, afin que nous ne manifestions aucune légèreté dans la
cacherout des matsot de la mitsva »…
foi », ce qui signifie que quand viendra le Machia’h, « croire » n’aura
plus aucune signification, puisque alors tout le monde verra de ses yeux,
et la gloire de Hachem se dévoilera sur toute la terre.
Alors, le peuple d’Israël chantera ce chant, sur le grand mérite qu’il a
eu à l’époque de l’exil de pouvoir croire en Hachem, et il aura la nostalgie
de l’époque où il avait encore la possibilité de croire…
Qui est comme Ton peuple Israël !
La veille de Pessa’h après minuit. Dans les rues de Berditchov, on
sentait les derniers préparatifs de la fête qui approchait. Les maisons des
Avant que le tsadik ait fini de parler, les nuages se dispersèrent, le ciel
redevint bleu, et le soleil se mit à briller pour le Rav Tsadka ‘Houtsin et juifs étaient propres, lavées et frottées. La paix de la fête qui s’approchait
commençait à descendre sur les maisons juives.
ses amis…
Le saint Rav Lévi Yitz’hak de Berditchov sortit dans la rue et appela
A chaque soir de Pessa’h, Rabbi Tsvi Elimélekh de Dinow avait l’ha- un non-juif, pour lui dire :
bitude, avant de commencer le séder, de sortir voir comment les gens
« Voici une pièce, apporte-moi un peu de tabac de fabrication étranordinaires passaient leur séder.
gère. »
Une fois, le tsadik passa auprès de la maison d’un homme simple pour
Ce tabac était interdit au commerce par les autorités. Le non-juif prit la
écouter les voix qui sortaient de chez lui. Quand l’homme arriva à « La
pièce,
et au bout d’un certain temps revint apporter le tabac au tsadik, bien
Torah a parlé en fonction de quatre fils, l’un sage, l’un méchant… » il se
mit à crier à haute voix à chaque fois qu’il arrivait au mot « e’had » (l’un), caché pour qu’on ne le voie pas, car il savait que quiconque transgresse la
en soulignant ce mot, parce qu’il croyait dans son innocence qu’il fallait loi et fait un commerce interdit risque une amende très lourde.
crier le mot « e’had » comme dans la lecture du Chema…
Le Rav le remercia, puis s’adressa à son serviteur en lui disant :
Quand le Rabbi racontait cette histoire, il disait avec émerveillement:
« Voici une pièce, apporte-moi du pain de chez un juif. Paie-le largement
« Ce juif simple a fait des quatre fils, même le plus méchant d’entre pour un morceau de pain ! »
eux, une prière sainte comme le Chema… »
Celui-ci regarda le tsadik sans comprendre : où allait-il maintenant trouver du pain ? Est-ce qu’il restait du ‘hamets dans une maison juive ?
Nous sommes obligés de manger du ‘hamets !
Mais on ne pose pas de questions au Rabbi.
A l’époque de l’Holocauste, un groupe de juifs de l’un des camps
décida d’organiser un « séder de Pessa’h » en remplaçant la matsa par
Le serviteur se mit à faire la tournée des maisons en demandant du pain,
une tranche de pain. Les prisonniers se rassemblèrent secrètement et se mais naturellement il n’en trouva pas, dans aucune maison juive. Il revint
mirent à réciter la Haggada de mémoire, en racontant la sortie d’Egypte
les mains vides vers le Rabbi et lui dit :
et ses miracles.
« Rabbi, c’est la veille de Pessa’h aujourd’hui, et il est impossible de
En arrivant à « motsi matsa », ils prirent en main le pain, et avant de
le manger ils dirent la prière qui avait été composée spécialement pour trouver du ‘hamets. Je n’ai trouvé de pain dans aucune maison juive ! »
Une prière aussi sainte que la lecture du Chema
l’occasion : « Maître du monde ! Il est révélé devant Toi que nous voulons de tout notre cœur accomplir la mitsva de manger de la matsa. Mais
nous n’avons pas de matsa ici. Non seulement Tu ne nous donnes pas la
possibilité d’accomplir la mitsva de manger de la matsa, mais Tu nous
obliges aussi à manger du ‘hamets, sinon nous allons mourir de faim.
Mais même si nous ne pouvons pas accomplir la mitsva de manger de la
matsa, nous allons accomplir une mitsva encore plus grande : de vivre
par les mitsvot. C’est pourquoi nous sommes prêts à accomplir la mitsva
positive de « Ve’haï bahem », de vivre par les mitsvot. Béni sois-Tu…
Qui fais sortir le pain de la terre ! »
Rabbi Lévi Yitz’hak leva les yeux au ciel et dit avec émotion:
« Maître du monde, qui est comme Ton peuple Israël ! L’empereur
interdit de faire commerce du tabac de provenance étrangère, il a nommé
des milliers d’inspecteurs et de contrôleurs, il a établi de lourdes amendes,
et pourtant il se vend d’énormes quantités de ce tabac interdit. Alors que
Toi, Tu as écrit dans Ta Torah « On ne verra pas chez toi de ‘hamets », Tu
n’as placé aucun inspecteur ni contrôleur, et on ne peut pas trouver dans
une maison juive même un petit morceau de ‘hamets !

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