sa 1ière Ardéchoise en 3 jours

Transcription

sa 1ière Ardéchoise en 3 jours
Tout comme l’Ardéchoise était ma première expérience d’une cyclo, je me lance également dans une
première expérience de compte-rendu. Il tente de refléter mon état d’esprit aux différents moments
de ces trois jours, je vous prie de m’excuser par avance si vous le trouvez trop égocentré et
également pour les fautes d’orthographe.
Il est 4h du matin en ce jeudi 16 juin. J’ai les yeux grands ouverts et une sorte de boule au ventre.
Impossible de retrouver le sommeil. C’est le jour J, celui qui occupe mes pensées depuis quelques
mois. Le réveil est programmé 20mn plus tard mais qu’à cela ne tienne, je me lève tant pis. La nuit a
été courte et ponctuée de beaux orages, un présage sur ce qui nous attend ? J’essaye d’avaler un
petit déjeuner mais je n’ai pas vraiment faim, il est tôt et mon ventre est noué.
Cette Ardéchoise j’y pense depuis mon inscription au mois de Décembre. Cela fait un et demi que je
« roule » sérieusement et voilà que je me lance dans cette épreuve en trois jours. Au début quand
j’ai reçu le mail du TAC proposant à ses adhérents de participer au format 3 jours de cette cyclo l’idée
de participer m’a rendu enthousiaste voire même excité puis comme souvent chez moi le doute est
venu. J’ai alors questionné quelques collègues du club à base de « dis, toi tu y va aux trois jours de
l’Ardéchoise ? » ou encore «tu penses que je suis capable de le faire si je m’inscris ? » Bref zéro
confiance en ma capacité de faire ces trois jours. J’avais même abandonné l’idée de participer (la
date limite pour déclarer son intention de participer étant passée) lorsqu’au détour d’une sortie TAC,
à la fin du mois de Décembre Hubert, qui fait partie des gens que j’avais questionnés, aborde le
sujet. Nous parlons un peu, lui ne participe pas sur trois jours et lorsqu’il me demande si je participe
ou non, je lui réponds que non car je ne me sens pas capable de rouler trois jours de suite sur une
longue distance. Hubert me rappelle alors notre stage à Ancelle l’année dernière et me motive à
participer. J’ai envie mais mon manque de confiance me bloque, « oui mais Ancelle c’était des plus
petites distances », « je n’ai jamais roulé autant en si peu de temps » etc… Hubert prend alors les
devants en allant voir François qui était également présent à cette sortie (logique) et lui parle de
l’Ardéchoise et en lui demandant il est encore possible de s’inscrire. Bien que la date fixée dans le
mail du club soit dépassée, la réponse est positive, je n’ai plus trop le choix (et au final ce n’est pas
plus mal). Me voilà engagé !
Voilà à quoi je pense en essayant d’avaler mon petit dej’. Rien ne passe, tant pis je prends les biscuits
dans ma poche je les mangerais plus tard. Ce matin je dois retrouver François avec qui nous
covoiturons pour aller à St Félicien. Pour ne pas changer les bonnes habitudes nous nous donnons
rendez-vous sur le parking de l’hippodrome. Nous voilà donc partis sur l’autoroute du soleil, nous
parlons de tout et de rien, mais quand même surtout de vélo (et de météo…) Il fait encore nuit et sur
l’autoroute la pluie se met à tomber : mauvais présage. La météo pour les jours à venir n’est pas
terrible du tout et certainement pas digne d’un mois de Juin. Plus nous avançons vers le village de
départ plus la pluie s’intensifie et plus ma confiance diminue (un prof de maths parlerait
d’inversement proportionnel mais nous ne sommes pas là pour ça !) François me rassure tout de
même en me disant que selon la météo la pluie devrait s’arrêter aux alentours de 8h. Je souhaite de
tout cœur qu’il ait raison !
Nous arrivons à St Félicien vers 6h45, François trouve une place à l’entrée du village à côté de la
voiture de Thierry (qui est déjà en tenue). A peine arrivés que nous retrouvons déjà un compagnon
de route. D’un coup tout s’accélère, déchargement des vélos, retrait des dossards, retour à la voiture
pour se mettre en tenue, transport des bagages au lieu de départ et nous voilà en selle prêts à partir.
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La pluie continue de tomber et le ciel n’est pas des plus engageants. Nous retrouvons René, Jean-Luc,
Denis, Hervé et Gilles au dépôt des bagages puis un peu plus loin sur la ligne de départ Henri et Alain.
Un esprit de fête règne dans le village qui est tout décoré aux couleurs jaunes et violettes de
l’Ardéchoise, il y pas mal de vélos (bizarre tout de même…) mais aussi des musiciens, quelques
spectateurs ou accompagnateurs et beaucoup de gens de l’organisation. L’ambiance est sereine chez
mes camarades, cela me permet de calmer un peu mon appréhension, de toute façon à ce stade
impossible de reculer ! Quelques mètres avant de passer la ligne de départ de notre parcours « La
châtaigne Ardéchoise » on nous distribue des brioches. Cette fois si je mange sans hésiter, pas
question de faire une fringale! (Si je savais ce qui nous attendait par la suite je n’aurais pas eu cette
inquiétude…!)
Notre petit groupe de Tacmen est alors lancé pour ces trois jours. Nous tranquillement sur les routes
d’Ardèche. La pluie s’est arrêtée et les coupes vents tiennent chaud, ils sautent uns à uns de nos dos.
A peine 8km (et un bon petit coup de cul), que nous apercevons déjà le premier ravitaillement.
Comme nous sommes bien élevés (et pas du tout gourmands), nous nous arrêtons pour boire un
petit café, certains se laissent aller à gouter des cerises, personnellement je m’abstiens pas envie de
prendre mal au ventre tout de suite !
La matinée se poursuit à un bon rythme : environ un ravitaillement tous les dix km (tous les villages
en fait). Du fromage, du saucisson, de la caillette et même de la crème de marrons à certains
endroits. Nous sommes soignés ! Et que dire de l’ambiance ? Chaque ravitaillement est plein de gens
du coin (enfin je suppose je ne leur ai pas demandé) et il y règne une ambiance de fête vraiment
sympa. Parmi les spectateurs il y beaucoup d’enfants. Vêtus couleurs de l’Ardéchoise, nous leur
tapons dans la main en passant, ils crient, nous applaudissent et quand nous nous arrêtons certains
nous font signer leur tee-shirt. On finit par se prendre pour des pros ! Il y a également des musiciens,
des danseurs bref je me répète mais c’est vraiment la fête.
Le point noir de ces trois jours arrive rapidement, dans cette première demi-journée Thierry casse un
rayon et faute de pouvoir réparer est contraint de nous abandonner. Il repart sur St Félicien, nous
poursuivrons donc notre route à neuf...
On ne nous a pas menti, les routes d’Ardèche ne sont pas plates : ou bien nous montons ou bien
nous descendons, nous n’avons que très peu (pour ne pas dire pas) de portions de plat. Nous
enchainons donc les kilomètres et les cols. Nous trouvons un ravitaillement à la fin de chaque
montée, ça fait du bien ! Notamment lorsque nous arrivons au col de la Faye vers 13h. Pour la
première fois depuis notre départ nous arrivons au-delà des 1000 mètres d’altitude. Nous sommes à
peu près à mi-parcours (90km) et malgré tous ces ravitaillements la faim se fait ressentir. A cet
endroit une association humanitaire propose d’acheter des sandwichs ou des pâtes et des boissons,
c’est parfait, nous nous arrêtons donc un moment. J’opte pour ma part pour une assiette de pâtes et
un Coca, certains dont je tairai le nom se laissent tenter par une petite bière ! Pas question de
digestion et encore moins de sieste nous nous remettons assez vite en route. Cela tombe bien car il
fait un peu frais là-haut !
Pour le moment la pluie annoncée n’est pas au rendez-vous et c’est tant mieux, je garde quand
même mon coupe-vent dans les descentes, sympa le mois de juin cette année... Dans le milieu de
l’après-midi le soleil sort franchement et nous avons même bien chaud lorsque nous nous arrêtons à
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Privas. Une fois encore il y a du monde et une bonne ambiance. Nous faisons une photo de groupe
avec des enfants sur les escaliers de l’église et profitons un moment de ce soleil qui nous fait du bien
avant de nous remettre en route.
Nous avons parcourus environ 150km et je commence à sentir la fatigue, il nous reste une trentaine
de bornes avant d’arriver à notre hébergement. Dans ces trente derniers kilomètres il nous faut
passer le col du Benas qui est la dernière ascension du jour. Les cols ne sont pas très durs mais assez
longs et leur accumulation fait un peu mal aux jambes. Ce dernier fait un peu moins de 10km pour
une pente moyenne de 5%. Avec la fatigue, ce col s’annonce long… Je l’attaque en douceur et en me
répétant que c’est facile que ça va aller. J’ai lu quelque part que l’auto suggestion fonctionnait bien
alors pourquoi pas essayer ! Je ne cherche même pas à suivre le train des cracks (pas besoin de citer
les noms vous les aurez deviné je pense). Je monte donc tranquillement à mon rythme accompagné
je crois par Denis, Gilles et Alain. Selon Strava il m’aura fallu un peu moins de 40mn pour franchir ces
10 derniers km d’effort et j’avoue ne pas avoir été mécontent de voir arriver le sommet.
La haut mes jambes font mal, je ne pense pas être le seul et François nous réconforte en nous
annonçant qu’il ne reste que 15km (et en descente) avant d’arriver à Lussas notre ville étape : ça sent
l’écurie !
Arrivés à Lussas nous trouvons, je vous le donne en mille, un énième ravitaillement (je ne vous les ai
pas tous cités sinon on croira que nous n’avons fait que manger). Certains ravitaillements ont leur
propre thème, nous avons eu le thème du Pérou en haut du col de la Faye et ici le thème est le
Moulin Rouge. Nous sommes accueillis par des danseuses de French Cancan visiblement ravies de
voir des jeunes (et beaux) hommes. Nous n’échappons pas à une photo de groupe en compagnie de
ces dames.
Après cette pause épique, nous sommes enfin arrivés au camping où nous nous avons été accueillis
par une charmante demoiselle qui nous a indiqué nos bungalows. Cette dernière ne faisait pas partie
de l’équipe de French Cancan des fois la vie est mal faite... J’ai partagé un bungalow avec René, Gilles
et Hervé. Après que chacun ait pris sa douche nous nous sommes retrouvés pour boire une bière en
terrasse pour faire le point sur l’étape du lendemain. Henri avait apporté des fromages, encore une
fois nous n’avons pas mal vécu ! Vu le temps que nous avions le matin, personne n’aurait parié un
euro sur le fait que nous aurions cette journée (au final sans pluie hormis les tous premiers
kilomètres) et encore moins que nous la terminerions en terrasse et en plein soleil !
L’avantage qu’on eut nos hôtes pendant ces deux jours, c’est qu’après une journée de vélo on ne
traine pas trop le soir ! Nous ne nous sommes pas attardés à l’apéro ni au repas, la fatigue aidant
j’étais au lit avant 22h et je ne pense pas être le seul. Fatigué mais content, prêt à repartir le
lendemain.
Le rendez-vous du petit déjeuner était prévu à 7h le vendredi c’est donc naturellement que pas mal
d’entre nous y étaient avant l’heure (le Tac quoi !) Nous n’étions pas les seuls cyclistes du camping et
la salle de restauration était déjà bien pleine quand je suis arrivé. Aujourd’hui il est prévu de faire
deux groupes : François, Henri et René qui partent pour faire le parcours entier et les autres qui ont
prévu de couper un peu. Nous prévoyons de partir tous ensemble et de nous séparer un peu plus
tard.
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Nous partons un peu avant 8h et repassons par le centre de Lussas où nos amies de la veille sont déjà
présentes et saluent notre passage comme il se doit. Quelle santé !
En début de parcours alors que nous remettons tranquillement nos muscles en mouvement, Hervé
impose un rythme élevé : ça repart fort ! J’essaye de suivre René qui est dans la roue d’Hervé et
lorsque je me retourne je m’aperçois que nous ne sommes plus que trois. Tout le groupe se reforme
au niveau de Vals les Bains, mais ce n’est qu’éphémère tout ce petit monde se re-sépare dès les
premiers mètres de la montée de Genestelle. Les cadors partent devant, je crois que nous ne les
reverrons plus de la journée. Hervé est un peu à la peine à l’arrière, nous formons un groupe avec
Jean-Luc, Gilles, Alain, Denis et moi. La montée est régulière mais assez longue (encore une dizaine
de km) et peu à peu nous perdons du monde. Après quelques kilomètres de montée nous nous
retrouvons à trois : Alain, Denis et moi. Cette montée est longue mais nous la passons
tranquillement, nous discutons pour faire passer le temps. Nous nous imaginons même ce que nous
trouverons au ravitaillement du col (nous avons pris les bonnes habitudes de la veille !) Le
ravitaillement ne proposait « que » du liquide. Tant pis je mange une barre et me dis que j’ai bien fait
d’en laisser dans mon maillot. En effet vu ce que nous avons eu la veille je m’étais posé la question
de savoir si je ne m’allégerai pas un peu, j’ai eu du nez ! Gilles et Jean-Luc sont arrivés peu après nous
mais pas de traces d’Hervé…
Nous décidons de repartir à une allure modérée pour qu’il nous rattrape en chemin. Nous faisons la
descente tranquillement, ce qui vu mes qualités de descendeur ne me gêne pas du tout, et ce qui
nous permet également d’admirer les paysages. Nous voyons apparaitre dans cette descente le
village d’Antraigue-sur-Volane qui est perché sur une colline et que je trouve particulièrement beau.
Nous traversons ce village et partons attaquer le col d’Aizac. Hervé n’étant toujours pas revenu nous
mettons pied à terre pour l’attendre. 5minutes, 10minutes, au bout d’un quart d’heure nous
commençons à nous inquiéter. Après quelques micmacs téléphoniques on finit par arriver à joindre
Hervé qui nous dit s’être perdu et qu’il se trouve à Vals les Bains. Regards étonnés, cela fait bien une
heure que nous y sommes passés. Nous ne saurons jamais comment il a fait son compte. Ne nous
voilà officiellement plus 5 pour terminer la sortie : Jean-Luc, Gilles, Alain, Denis et moi. Nous n’en
sommes qu’à 35km, ça promet…
La montée se passe sans encombre et nous continuons notre route jusqu’au village de Burzet où
nous attend le col de la Baricaude. La montée s’annonce longue (quasiment 13km à 5%) nous
montons donc au train. Quand nous voyons que quelqu’un a du mal à s’accrocher nous ralentissons
afin de rester tous ensemble. Sans monter comme des fous nous doublons quand même un bon
nombre de cyclistes et surtout (comble de l’orgueil) d’une manière générale sur l’ensemble des cols
nous ne nous faisons que très rarement doubler.
Arrivés au dernier kilomètre Gilles accélère un peu et même franchement a la vue de ce qu’il croyait
être le dernier virage. Nous le reprenons avec Alain et accélérons à notre tour, ayant attaqué trop tôt
il ne peut pas nous suivre. Alain me regarde avec un petit sourire et lance à son tour une attaque, je
sens que j’ai des jambes, je fais tomber deux trois dents et j’accélère. Je le reprends et le distance il
ne reviendra pas avant la pancarte. Je suis arrivé le premier de notre groupe mais je me dis tout de
suite que j’ai fait le con. Mon cœur est bien monté et cette accélération m’a bien fait mal aux pattes,
j’ai peur de le payer plus tard. Ah l’égo…
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Nous sommes à un peu plus de 1200m, ça caille. Tout le monde met le coupe-vent et va pour repartir
seulement il y a un doute sur la direction à prendre. Doute très vite dissipé par Jean-Luc qui a
l’itinéraire de la sortie avec lui. Il est formel nous nous sommes trompé de route. Nous avons monté
ce col pour rien… C’est comme ça au TAC, quand ce n’est pas assez difficile on se rajoute des cols.
J’en rigole après coup mais c’est à ce moment que je crois avoir eu le moral le plus bas. Après avoir
monté plus de 12km nous repartons en sens inverse. Le moral dans les chaussettes allié à mon
amour des descentes je perds vite de vue mes collègues. J’ai froid, je me fais peur dans les virages
bref rien ne va. Arrivé en bas (enfin) je ne suis pas le seul à être gelé et pour nous remettre de notre
mésaventure nous décidons de déjeuner dans un restaurant dans le village de Burzet. Le restaurateur
doit faire son beurre aujourd’hui : son restaurant est rempli de cyclistes. Alain se fait chambrer
quand il commande un Perrier citron, du coup, qu’à cela ne tienne, ce sera un pot de rosé ! Ce petit
moment passé autour d’un plat de pâtes me fait du bien, j’ai toujours froid mais il me remet le
cerveau dans le bon sens, je suis remotivé pour l’après-midi.
Après cette pause nous repartons donc, revenant encore quelques kilomètres sur nos pas (ou nos
roues vu les circonstances) bien décidés à reprendre le bon itinéraire et à ne plus le lâcher. Le
parcours à ce moment-là est plutôt roulant et me permet de me réchauffer complètement. Nous
traversons le village de Jaujac et devons attaquer « LE » col du jour qui fait 23km. Vers le village de La
Souche nous trouvons un ravitaillement, idéal avant cette grande montée. Un coca, une barre de
céréales bref ça fait du bien. Nous discutons un peu avec les personnes tenant ce ravitaillement et je
ne sais plus exactement comment nous en sommes arrivés là, mais de fil en aiguille nous nous
apercevons que nous nous sommes (encore) trompé de chemin. « eh bien oui il fallait tourner à
gauche en sortant de Jaujac et pas à droite » ou l’inverse… On nous dit alors que nous avons deux
solutions pour rejoindre Pradelles, notre destination du jour. Soit nous revenons sur nos pas pour
aller chercher le fameux col de 23km, soit nous continuons tout droit et passons par le col de la Croix
de Bozon qui ne fait « que » 13km. La question qui nous intéresse le plus est combien de kilomètre
nous reste-t-il avant Pradelles. Selon les locaux, une cinquantaine si nous revenons en arrière et une
trentaine si nous continuons tout droit. Nous avons à ce moment-là une centaine de km et décidons
d’opter pour la deuxième option. Alain me disant, et à juste titre mais je ne le savais pas encore, que
les 30km annoncés seraient certainement plus proches des 40 voire des 50.
Après avoir pris la pose pour une photo avec les enfants nous repartons donc en direction de la Croix
de Bozon. Je me sens bien dans cette montée mais Jean-Luc nous lache assez vite. Gilles reste à ses
côtés pour l’accompagner. Nous faisons donc la montée à trois : Alain, Denis et moi. Comme les
montées précédentes nous montons au train mais Denis connait quelques coups de moins
bien. Nous adaptons notre rythme et le motivons à rester avec nous. Cela fonctionne, nous arrivons
ensemble au sommet. Une vraie équipe !
La dernière montée du jour est l’enchainement du col de Bez et du col du pendu (charmant petit
nom). Je ne me rappelle plus exactement de ces montées, hormis il me semble, que c’était un peu
plus désordonné que les précédentes. Je crois me souvenir que nous avons fait une bonne partie de
la montée à 4 ou 5. Je me rappelle surtout la fin, où sentant le sommet arriver je me met au niveau
d’Alain et commence à accélérer histoire de jouer un peu. Il me regarde en souriant et me dit qu’il ne
peut plus accélérer. Tant pis…
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Arrivés au sommet nous prenons quelques minutes pour souffler et surprise nous voyons arriver
François, suivit d’Henri et René. Sans le faire exprès (de toute façons nous n’y serions jamais arrivé vu
les aléas de la journée) nous revoilà au complet, à l’exception d’Hervé. Eux aussi se sont perdus ils
ont une quarantaine de kilomètres et 400m de dénivelé de plus que nous. Ou bien nous nous
sommes trop arrêtés ou bien ils ont vraiment roulé fort… Pour ménager nos égos nous dirons que
c’est un peu des deux !
Pour rejoindre notre hébergement du soir nous devons quitter le parcours et aller en direction de
Pradelles. Pour cela nous devons parcourir une vingtaine de kilomètres sur la N102. C’est un faux plat
légèrement montant qui se terminera plus loin par un faux plat descendant. Pourquoi je parle du
profil de la route ? Nous sommes au TAC je vous le rappelle et rouler cool n’existe pas, même après
plus de cent kilomètres ! Comme dans la vallée d’Azergues : à fond sur les pédales et tant pis si ça
pique ! René prend l’initiative et impose un sacré rythme. Avec tous ces kilomètres dans les pattes ça
commence à tirer mais je sais que par expérience si je n’accroche pas les roues je suis mort. Je râle
(encore) mais je m’accroche. Je ne suis pas le seul à être fatigué, au bout de quelques kilomètres
René se retrouve tout seul devant, le rythme du groupe baisse un peu mais pas pour longtemps. Le
faux plat s’inverse et devient descendant et Alain prend l’idée d’aller chercher René. Pour rester poli,
je ne raconterai pas ce que j’ai pensé à ce moment. Au final Alain nous décroche assez vite mais nous
gardons un bon rythme jusqu’à ce que François nous annonce la bonne nouvelle, l’auberge est en
vue. Nous sommes arrivés ouf. Pendant ce temps-là je vois qu’au loin Alain a repris René et les deux
ont l’air de faire la course. Au moment de tourner pour l’auberge René continue tout droit ! Il est
lancé et ne semble plus vouloir s’arrêter ! Après quelques minutes sur le parking de l’auberge nous le
voyons finalement arriver. Ce sera d’ailleurs un sujet de plaisanterie le soir au diner entre Alain qui
dit avoir repris René et René qui répond « tu rigoles je me suis retourné je t’attendais !»
Ce soir nous dormons à l’auberge « Les légendes » (le destin que voulez-vous). Il s’agit d’un bar audessus duquel il y a des chambres type dortoir, les lits s’annoncent très confort ! Comme la veille
l’organisation est super, les sacs sont déjà la devant la porte des chambres. En ouvrant la porte je
vois qu’Hervé est arrivé, il regarde le tour de Suisse une bière à la main. Je me laisse tomber sur le
premier lit que je trouve, je suis vraiment fatigué ! Ce soir je partagerai la chambre avec les mêmes
copains qu’hier : Hervé, Gilles et René.
Claire-Sophie et Babeth, qui font l’Ardéchoise en deux jours nous ont également rejoint. Comme la
veille nous nous retrouvons tous après la douche autour d’un verre. Ces moments de convivialité
sont vraiment sympas (hormis le fait que Babeth ne m’ai pas reconnu… je dois être trop discret ou
trop peu présent aux sorties du dimanche !) On discute de tout et de rien, j’apprends un peu à
connaitre les personnes avec qui je roule depuis deux ans. On en oublie le mal de jambes !
Le bar/auberge où nous sommes est tenu par un fan de motos (dont j’ai malheureusement oublié le
nom, désolé pour lui) et la déco est très rock ! Quelques Harley et pièces détachées de moto,
quelques « cadavres » de bouteille de Jack Daniel’s ou encore une vierge jouant de la guitare
électrique constituent la déco de cet endroit atypique mais vraiment chaleureux. Comme dans un
pub Irlandais (ou Anglais mais je préfère l’Irlande) il fait assez sombre, le sol est en moquette et nous
buvons notre verre confortablement installés dans une banquette. J’adore !
Le repas qui nous est servi est également excellent et je mange plus que de raison (entrée, plat,
fromage et dessert…) et sur les coups de 21h je sens arriver le coup de barre, je plonge carrément du
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nez. Je décide alors d’aller me coucher en me disant que je ne vais pas faire un pli. Je ne sais pas si la
fatigue y est pour quelque chose mais je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit… Du coup sur les
coups de 6h40 je me lève, les gars aussi sont réveillés. Au final il semble que personne n’ait
réellement bien dormi…
Au petit déjeuner nous retrouvons bien l’esprit biker de notre hôte. Du bon vieux rock nous
accompagne en fond sonore, le réveil est assez agréable ! La météo par contre ne semble pas de
notre côté, le ciel est gris et nous promet la pluie…
François qui envisageait de faire le parcours le plus long se résout, faute de camarades pour
l’accompagner, à faire le même trajet que nous qui ne « fait que » 130km environ.
Les vélos à peine sortis, la pluie se met à tomber. La journée s’annonce longue d’autant plus que, je
ne sais pas si la météo y est pour quelque chose, mais ce matin je n’ai pas une envie débordante de
rouler… Nous quittons donc Pradelles et la Haute-Loire sous la pluie. Au bout de quelques minutes
j’ai déjà les pieds trempés et avec l’altitude il fait un peu froid. De plus les 20 premiers kilomètres ne
sont quasiment que de la descente : je claque des dents… Moi qui n’aime déjà pas bien ça, la pluie et
le froid ne me font pas vraiment changer d’avis.
Comme l’ensemble de mes camarades, j’en suis sûr, je suis ravi de voir arriver le col du béage. Cette
première montée me permet de me réchauffer un peu. Dans la montée nous rattrapons les filles qui
étaient parties un moment avant nous le matin. Le premier ravitaillement arrive et il nous est
proposé de la soupe chaude. Pour la première fois de ma vie je crois avoir apprécié ça ! Nous tentons
de nous réchauffer mais en vain.
Au moment de repartir nous croisons les filles, on se fait un peu chambrer « ah mais vous n’en êtes
que la ? » Je n’ai pas eu l’impression de trainer pourtant mais bon… ! Les conditions météos font que
notre petit groupe est assez désordonné et nous montons le mont Gerbier chacun de notre côté. Ça
part fort dès le début de la cote, les costauds sont vite devant. Nous avons dû récupérer un des
parcours de l’épreuve du jour car il y a de plus en plus de cyclistes et j’en reprends pas mal dans cette
montée. C’est assez grisant je dois dire, du coup j’appuie plus fort sur les pédales pour tenter de
reprendre Alain que j’ai en point de mire. Je réussi à rattraper René mais pas Alain… Au sommet nous
nous retrouvons tous et faisons une photo de groupe avec le Mont Gerbier en arrière-plan. La photo
doit être sympa, d’ailleurs j’en profite pour passer une annonce, si quelqu’un l’a et veut bien me la
transmettre c’est avec plaisir !
Avant de repartir certains de mes camarades profitent de la présence de la voiture Mavic pour
vérifier la pression de leurs pneus.
La pluie s’est arrêtée et c’est tant mieux, car nous attaquons une descente d’environ 20km. Nous y
allons tranquillement et je sens les degrés remonter au fur de notre descente. Dans les derniers
kilomètres je ressens même un peu de chaleur, un sentiment que j’avais oublié depuis notre départ
ce matin. A l’arrivée de cette descente nous trouvons un énième ravitaillement. Comparé à ceux que
nous avons pu avoir les jours précédents, ce dernier me semble immense. En y repensant après coup,
ce ravitaillement est simplement proportionnel au nombre de cyclos qui y sont ou qui vont s’y
arrêter. Je m’aperçois vraiment pour la première fois que nous sommes un sacré paquet. J’avais
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pourtant bien vu le nombre d’inscrits (plus de 16 000) sur un panneau d’affichage à St Félicien le jour
du départ, mais jusqu’à présent ce grand nombre ne s’était pas du tout remarqué.
Fini les routes pour nous seuls comme nous avons pu le connaitre les deux jours précédents, nous
repartons au milieu d’une foule de cyclistes. Cette foule s’intensifie nettement lorsque nous montons
le col de Clavière. Comme la veille accompagné d’Alain, Gilles et Denis nous essayons de former un
groupe pour faire la montée ensemble. Nous nous calons à un rythme et essayons de le maintenir
durant cette montée. Gilles nous rappelle à l’ordre quand nous allons trop vite « pas plus de 16 les
gars ! ». Il n’a pas tort de calmer nos ardeurs, la montée est assez longue (environ 17km). Nous
doublons malgré tout un bon paquet de cyclistes. Je m’amuse à regarder les maillots des différents
clubs afin de voir d’où vient ce beau monde. Parmi les destinations « lointaines » que je peux repérer
sur les maillots, je note des Bretons, des Vendéens, des Normands mais également des Anglais et des
Néerlandais et des Belges. Une fois encore je me rends compte de la popularité de cette course.
Toutes ces réflexions me font presque oublier la longueur de la montée. Il ne pleut plus, je suis
quasiment sec : la galère du début de journée est (presque) déjà oubliée. Après être passés par St
Agrève et le col de Freydaparet nous arrivons à Rochepaule (par un col également, on est là pour
monter ne l’oublions pas !). Il y a un ravitaillement où il y a tellement de monde que nous sommes
quasiment obligé de mettre pied à terre. Du coup nous nous arrêtons pour déguster (encore)
quelques produits régionaux. Nous venons de parcourir une centaine de kilomètres et je sens
vraiment arriver l’écurie, pour la première fois je commence à être pressé d’arriver. Comme si je
sentais que la fin ne serait pas la meilleure partie de ces trois jours.
Quand nous arrivons dans le dernier col, le col de Lalouvesc, nous trouvons encore plus de monde
qu’auparavant. On m’avait prévenu : ce dernier col est commun à tous les différents parcours de
l’Ardéchoise forcément ça fait du monde (même si je pense que la météo aura découragée quelques
personnes parmi les inscrits). Notre petit groupe de 4 se reforme, c’est devenu naturel ! Nous avons
chaud avec nos coupe-vent nous décidons de nous arrêter pour les enlever. C’est peut être ça qui
nous a porté la guigne… La pluie se remet à tomber à peine 10mn après cet arrêt. Il pleut même fort,
nous nous arrêtons de nouveau pour remettre le coupe-vent.
La pluie ne nous quittera plus contrairement au plaisir de rouler. Ce dernier col est assez atypique du
fait du monde présent. Les vélos prennent l’ensemble de la largeur de la chaussée et il est difficile de
doubler. Il faut se mettre à gauche de la route pour doubler tout en laissant passer ceux qui jouent le
chrono ce n’est très marrant. Notre petit groupe de 4 est encore formé mais cette fois plus question
de rouler de front nous sommes en file indienne et essayons de nous frayer un chemin dans cette
foule. C’est assez galère mais tellement nouveau pour moi que je le prends finalement comme une
nouvelle expérience dans ma (jeune) vie de cycliste.
A quelques centaines de mètres du sommet Hervé nous rattrape. Je n’en ai pas encore vraiment
parlé mais Hervé m’aura vraiment impressionné durant ces trois jours. Quel courage, quel mental ! A
peine remis de sa sale chute en Espagne il nous aura accompagnés sans se plaindre, parfois en
serrant les dents mais toujours avec bonne humeur. Il a souffert le premier jour, je le revois encore
arriver complètement rincé en haut du dernier col. Il aura fait son propre parcours le second jour
mais aura fait ces 130 bornes et le voir nous rattraper comme ça dans le dernier col me rend plus
qu’heureux et admiratif. Je ne te l’ai peut-être pas dit mais franchement « chapeau Hervé !! »
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En haut de ce col il reste un peu plus de 20km pour rallier Saint Félicien. Ce seront les pires
kilomètres de ces trois jours : en descente ou faux plat descendant accompagné de la pluie. Je suis
très vite gelé. Les autres qui sentent venir l’arrivée accélèrent, je les perds très vite. Je me retrouve
avec Denis avec qui nous faisons une descente tranquille et sécure. Cette descente me parait
interminable, je n’ai qu’une envie : arriver. A quelques km de St Félicien il y a un dernier
ravitaillement. Denis me demande si je veux m’arrêter, je ne préfère pas je veux en finir au plus vite.
Lui est gelé et s’arrête : je terminerai tout seul.
Je fais bien d’être prudent : les pompiers sont en train de s’occuper d’une personne qui a du chuter
assez lourdement. Le peu de confiance qui me restait disparait complétement à cette vision. Les
panneaux annonçant l’arrivée défilent : 10km, 5km et enfin j’aperçois le village. La route remonte
légèrement, je donne tout dans la dernière cote, ça réchauffe c’est vraiment trop bon ! Enfin je vois
la ligne d’arrivée, je n’ai pas fait la course à proprement parler mais passer cette ligne me procure un
immense sentiment de satisfaction.
Je souffle un grand coup et lache mon guidon. Ça y est je l’ai fait ! Malgré ce sentiment
d’accomplissement, je ne m’attarde pas sur la ligne, de toute façon je suis seul. Je me dirige
rapidement vers l’endroit où sont stockés les bagages. On est en plein air, il fait froid, il y a du monde
autour mais qu’à cela ne tienne je me sèche et me change sur le parking. Je suis tellement congelé et
fatigué que de toutes façons mon cerveau n’a plus la lucidité de comprendre quoi que ce soit. Une
fois au sec je retrouve François à la voiture. Je croise mes compagnons de route et leur indiquer où
retrouver les bagages. Nous chargeons les vélos dans le coffre et retournons rendre nos puces. Sur le
chemin nous retrouvons deux connaissances : Denis et la pluie qui s’était arrêtée un peu avant mon
arrivée à St Félicien. Je me serai bien abstenu de retrouver cette dernière mais c’était visiblement le
thème de la journée.
Les puces rendues nous allons prendre notre repas. Le champ où est située la zone repas est
détrempé par la pluie. Il est difficile de trouver une place sous les tonnelles mais nous y arrivons
malgré tout. Nous croisons Sébastien qui a fait la course en solo, lui aussi est bien gelé. Apeine le
repas terminé nous buvons un café et repartons en direction de la voiture. Nous nous arrêtons au
passage au pied du podium pour voir la remise de la coupe à John Gadret qui a gagné sur le parcours
de 176km mais nous ne nous attardons pas. De toute façon avec ce temps il n’y a pas grand-chose à
voir…
Pendant le retour vers Lyon je ressens vraiment la fatigue de ces trois jours. Mes yeux piquent, mes
jambes me rappellent que j’ai parcouru quelques kilomètres du coup je ne suis pas très bavard…
Pardon François je n’ai pas dû être une super compagnie.
Au final, au moment où je termine ce compte rendu quelques jours après l’Ardéchoise je ne retiens
que du positif de ces trois jours : les quelques moments galère que j’ai pu connaitre surtout le
dernier jour ont vite été oubliés pour ne laisser place qu’aux bons souvenirs. J’ai passé des supers
moments avec les collègues du TAC (sur le vélo mais aussi les soirs après les sorties), j’ai vu des
paysages magnifiques et je me suis prouvé que j’étais capable d’enchainer trois grosses sorties (sur
les trois jours environ 460km et un peu plus de 8 000m de dénivelé). On va peut-être croire que j’en
fais trop mais pour moi c’est vraiment important de souligner la gentillesse de mes camarades du
TAC avec qui j’ai partagé ces trois jours. Des encouragements, de la bienveillance, de la rigolade :
vraiment une bonne ambiance qui justifie largement la réputation conviviale de notre club !
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Enfin comment terminer ce compte-rendu sans mentionner l’organisation et l’ensemble des
bénévoles de l’Ardéchoise qui eux aussi ont été supers. Souriants et accueillants à chaque
ravitaillement. Sans eux les trois jours n’auraient pas été les mêmes. Les hébergements étaient nickel
et le transport des bagages très bien organisé. Si c’était à refaire je le referai (mais cette fois sans
hésiter c’est certain !) Rendez-vous l’année prochaine ?
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