DES ARTS DE CHALON. Clairs-obscurs par Jo Vargas

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DES ARTS DE CHALON. Clairs-obscurs par Jo Vargas
EXPOSITION. - JUSQU’AU 14 DÉCEMBRE À L’ARC AU CREUSOT ET À L’ESPACE
DES ARTS DE CHALON.
Clairs-obscurs par Jo Vargas
le 10/10/2014 à 05:00 | Meriem Souissi Vu 92 fois
La peinture est un émerveillement mais aussi une bataille parfois pour Jo Vargas. Photo M.S.
Une palette qui va du noir au blanc, une inspiration qui passe par les
maîtres classiques et la littérature. Jo Vargas patine sa toile.
Jumelle dizygote de Fred, Jo pour Joëlle est celle qui a inventé le pseudonyme adopté ensuite par l’archéologue
pour signer ses “rompols”.
Jo est l’artiste du duo, peintre par amour presque fusionnel avec la peinture rencontrée gamine dans les musées. «
J’avais un goût de chiotte à l’époque, je m’émerveillais devant Le Sacre de Napoléon par David et ce petit pan
d’hermine retroussé sur le manteau de Joséphine. Cela me provoquait un effet magique en regardant cette
représentation plane de la réalité ».
Aujourd’hui encore, Jo Vargas reste éblouie par les toiles de Titien ou Delacroix. Peintre, elle l’est dans toutes les
fibres de son être. Peintre encore, même si elle a parfois songé à arrêter la course du pinceau sur la toile blanche.
« On est en perpétuel état d’échec, avec l’âge on devient de plus en plus humble » explique-t-elle dans un large
sourire.
Brune longiligne aux yeux cernés de mauve, elle est vêtue à l’unisson de ses toiles. Un noir au blanc qui ne
l’éloigne pas de sa palette habituelle nourrie de clairs-obscurs et de touches qui se superposent et se répètent au
fil des toiles, de grands formats de préférence et par série, de préférence aussi. « Je pense en superposition, je
travaille au fur et à mesure sans savoir ce qui va advenir. Et sur les grands formats, il faut y aller : donner. Quand
un truc est raté et qu’il faut le récupérer, c’est là que l’on apprend beaucoup. Je m’énerve alors, je suis en nage.
Il se joue une vraie bagarre avec l’œuvre parfois pour un détail microscopique ».
Jo Vargas a été son propre maître, apprivoisant l’huile, la matière, découvrant les glacis, la manière des maîtres
anciens pour éclairer ou assourdir. Son travail n’est pas classique, bien au contraire, elle réussit le lien entre le
dessin et la peinture, elle qui pourtant avoue ne pas réaliser de dessins préparatoires mais penser, écrire, décrire
le tableau à venir pour ensuite parvenir à le « faire tenir debout ».
Elle sait la peinture ingrate, angoissante, elle connaît aussi l’angoisse sans peindre. « Très jeune, j’avais le plaisir
de peindre, en vieillissant je l’ai perdu. C’est vulgaire toutes ses angoisses, ses interrogations qui disent sans cesse,
je vais rater. On passe son temps à essayer de faire beau »_Sourire.
Beau un terme qui aujourd’hui hérisse le poil et pourtant clef du travail des peintres classiques. Jo Vargas constate
« finalement, je cherche une forme de beauté ».
On dit Jo Vargas romantique, peut-être son goût pour la littérature de ces années-là ? Son appétit pour Delacroix,
sa révérence pour Géricault et Le Radeau de la Méduse copié presqu’à son insu sur une toile recouverte ensuite
d’une densité de taches. Jo Vargas aime les citations en littérature : Baudelaire, Hugo reviennent souvent dans sa
bouche. Elle aime aussi les citations artistiques. Sur ses toiles, un œil avisé reconnaîtra sans peine Delacroix,
Dostoïevski et Virginia Woolf dont elle s’est abondamment nourrie. Son œuvre littéraire, son journal aussi et la
musique abreuvent son travail d’atelier sans oublier un air d’opéra écouté en boucle pour s’empêcher de réfléchir
« la musique me concentre sur la sensation » et lui permet de se mettre en condition pour peindre et de citer
Bacon : « il faut exciter le système émotif par tous les moyens ». Elle s’abstient pourtant d’user des mêmes
substances que le peintre anglais. « Peindre bourrée, c’est jamais une bonne idée, surtout quand tu vois le résultat
le lendemain matin, » s’amuse-t-elle.
On pourrait la croire torturée mais finalement elle est certainement très lucide, courant après une peinture qui se
dérobe, n’imaginant plus jouer sa vie artistique à chaque coup de pinceau.
Le Creusot à L’Arc, du mardi au vendredi de 13 h 30 à 19 heures et le samedi de 14 h 30 à 18 heures et les
dimanches, 19 octobre, 23 novembre et 7 décembre de 16 à 18 heures. Entrée libre. Visites guidées : dimanches 19
octobre, 23 novembre et 7 décembre à 15 heures : 3 € et gratuit – 12 ans.
Chalon, EDA, du lundi au vendredi de 9 à 12 heures et de 14 à 19 heures et les samedis 11, 18 octobre, 8 et 22
novembre de 17 à 20 heures. Entrée libre. Visites guidées samedis 18 octobre et 8 novembre à 14 h 30 : 3 € et
gratuit – 12 ans.
« La peinture donne envie de peindre, cela marche un peu comme l’appétit mais il faut que j’aie décidé de peindre
».