Fiche à consulter.

Transcription

Fiche à consulter.
Paire de statuettes, un homme et une femme
Chine, Dynastie des Han de l’Ouest (206 av JC à 220 ap JC)
Terre cuite à traces de polychromie
(Certainement du Shaanxi)
Appelées communément stickman ou stickwoman (stick = bâton), ces
statuettes sexuées ont une allure très statique et sont emblématiques des
productions de Mingqis (substituts funéraires) pendant la dynastie des Han.
Les bras qui étaient en bois et donc en une matière périssable sont
manquants. Ils s’articulaient en haut du tronc dans des orifices circulaires
(voir la reconstitution au musée Han Yang Ling à gauche). Ces personnages
étaient habillés de vêtements en tissus, certainement en soie pour les
personnages féminins. Ces statuettes sont surnommées également Yangling
figures en référence au mausolée, tombeau de Jingdi (province du Shaanxi),
quatrième empereur des Han, où beaucoup d’entre elles ont été découvertes
lors de fouilles en mai 1990 (voir photographies).
Toutes les photographies proviennent du
Musée du mausolée Han Yang Ling en
Chine.
Statuettes rituelles, elles devaient assister ou protéger les défunts dans l’audelà. Les figures masculines sont souvent des lanciers, des fantassins, des
archers, aussi des serviteurs. Elles étaient accompagnées dans les tombes de
vaisselles rituelles, d’animaux en terre cuite (chiens, chevaux, cochons,
poules, chèvres etc.), de chars, d’objets en bronze, en jade. Ces
Mingqis étaient produits en série à l’aide de moules bivalves, cependant, les
visages représentaient selon la tradition des personnes existantes (d’où des
traits différents d’une pièce à l’autre). Des fouilles archéologiques ont fait
resurgir de terre de véritables petits régiments bien alignés. La gangue de
terre qui les entourait a révélé les empreintes de lamelles d’armures, de
tuniques en tissus et de bandes molletières.
Les visages ovales sont ici très harmonieux, très doux. Les pommettes sont
saillantes. Les chevelures séparées par une raie au milieu sont coiffées en
arrière. Le sérieux des visages, leur intériorité, les sourires discrets, les corps
droits comme des i, les regards concentrés, renforcent davantage ces
impressions d’ordre et de discipline indispensables pour servir le défunt. On
notera que les stickwomen complètement nues sont extrêmement rares et
figuraient des servantes ou des courtisanes. Celle-ci dévoile un léger
embryon de poitrine, une grâce presque enfantine.
A
droite,
reconstitution
d’un vêtement sur
une
statuette
féminine
au
Musée
du
Shaanxi.
L'absence des bras bien loin de donner une impression de manque ou
d'inachèvement confère au contraire une sobriété, une élégance, une pureté à
ces pièces que ne sont pas sans rappeler certaines œuvres de l’art
contemporain. Les lignes sont fluides, les silhouettes élancées, pas de
rupture. L’apport des Han dans la statuaire est justement ce goût prononcé
pour le graphisme.
On se réfèrera à la pièce MA5141 du musée Guimet et aux pièces similaires
MC10034, MC10040, MC2002-5 du musée Cernuschi à Paris.
Pièces accompagnées d’un Test de Thermoluminescence qui mesure la date
de cuisson de l’argile.