france, : • je t`ai me . moi non plus

MARS 13
Mensuel
PASSAGE DU CHEVAL BLANC
75011 PARIS - 01 43 14 33 44
Surface approx. (cm²) : 1739
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:
FRANCE,
•J E T'AI M E .
MOI NON PLUS
Toujours populaire à l'étranger, la culture électronique psychédélique reste mal viie
dans le village gaulois. La faute au « bon goût »?
HADRA
3801365300524/XVP/AHN/2
Eléments de recherche : HADRA TRANCE FESTIVAL : festival pluri-disciplinaire (musiciens, vidéastes, performers, plasticiens) du 30/08 au
02/09/12 à Lans-en-Vercors (38), toutes citations
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^^H Boom O^ora VuuV Hadra chez
nous les festivals nance ou d inspiration
psytrance européens nen finissent plus
d attirer chaque annee un public de
plus en plus nombreux Une tendance
qui semble ne pas laisser indiffèrent un
public français repondant de plus en
plus present maîs visiblement sans prise
sur les décideurs hexagonaux Comment
des lors expliquer que le genre france /
psytrance reste aussi ostracise en France
par les tenants de la scene electronique
(programmateurs de grands festivals
de clubs et autres) alors que sa presence
reste rayonnante dans la majorité des
grands pays qui nous entourent 2
La rave et le club
Un peu d histoire tout d abord Le genre
musical electronique s est tout de suite
construit sur un antagonisme culturel
D un cote la rave dc I autre le club En
schématisant la techno / france face a la
house A I origine en Europe les genres
techno et france étaient intimement
liés Une grande majorité d artistes
électroniques ont a la fin des annees 80 /
début des annees 90 dans le sillage d un
Emmanuel Top par exemple fait leurs
gammes dans une interpénétration
évidente de ces deux genres les sonorités
acides faisant le lien entre les boucles
technoides et les nappes france Les
plateaux de toutes les raves de I epoque
réunissaient ostensiblement les deux
styles (sans oublier le hardcore ') dans une
vision manifeste du genre electronique
Une nouvelle generation d amateurs
de musiques électroniques arrivait
désormais imperméable a la nature
profondement integrationniste du genre
a I origine Les frontieres étaient dressées
et les des en quelque sorte pipes
La trance, tu l'aimes
ou tu la quittes
La culture electronique française a
alors continue a se bâtir sur un suppose
bon gout faisant fi de certaines racines
du genre French touch Dart Punk
clubbmg branche et sélect
On
préférait montrer patte blanche plutôt
qu agiter les fameux gants blancs La
culture elei ironique multiple par nature
tomme elle I est encore a I etranger
bénéficiait a différents acteurs (sous
forme de subventions d autorisations
festivalières etc) et donnait Ic la d un
certain contormisme cosy celui du son
minimal techno allemand notamment
refusant tout ce qui n entrait pas dans ce
mamstream stylistique
I a france comme la scene free party dans
un autie legistie a pâti de cet ostracisme
qui s est dresse sur ses barrières comme
un coq sur ses ergots Au delà du son
psytrance-trop acide il cst vrai pour etre
compatible avec la mauvaise coke et le
MUMA rance pullulant en soiree - tous
les courants du style ont donc ete raves
de la carte de I Hexagone En France
on flippe toujours de la grosse trame
hollandaise (façon Armin van Buuren ou
Tiesto) comme on a ignore totalement
en son temps la trance anglaise ouverte
et fantasque d un Paul Oakenfold ou
d un Sasha On vénère le son made in
Germany maîs on oublie les pionniers
techno / trance des labels Eye Q ou
Harthouse comme Koxbox ou Sven
Vath alors que ce dernier par exemple
est toujours booke a I ondres Ibi7a ou
ailleurs Funeste constat
Le mouton noir
C est bien connu la France a toujours
raison contre les autres Si un grand
nombre de clubs de gros festivals
internationaux - Glade en Angleterre
Fusion en Allemagne KaZantip en
Ukraine le Burnmg Man aux Ftats Unis
G est ensuite que les choses se sont gâtées
La montee du business a engendre une
matrice electronique plus politiquement
Lorrecte I e phénomène n est d ailleurs
pas spécifiquement français A Ibiza
les raves france se sont réfugiées dans le
nord de I ile tandis que le sud et le centre
s ouvraient au clubbmg mercantiliste
Dans I Hexagone les genres électroniques
se sont progressivement cloisonnes
Tandis que les raves ou les festivals
pionniers comme Borealis disparaissaient
sous le coup des interdictions (ou des
compromis) le genre psytrance - comme
le genre hardcore hardtek - créait
désormais ses propres rassemblements
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ou la récente fête d'éclipsé totale en
Australie (voire le fiashback dans le Trax
I fi2, ND1.R) - créent une programmation
la plus éclectique possihle, et donc
forcément ouverte à la ferveur puissante
et mentale de la psytrance, un tel écho
semble impossible en France, où la
référence absolue semble davantage le
Sonar Barcelonais (surtout depuis que
tous les programmateurs français y ont
débarqué au début dcs années 2000).
Interrogés sur le pourquoi du comment,
les passeurs électroniques hexagonaux
font la sourde oreille (silence radio du
Rex Club) ou plaide l'ignorance. « Je n'ai
rien contre la france, au contraire, c'est
une musique et un public que je respecte
et que j'aime énormément, revendique
Gildas Rioualen, programmateur du
respectable et respecté Astropolis. Nous
n'en programmons pas tout simplement
parce que nous en écoutons très peu. C'est
aussi le cas pour d'autres styles comme
la house anglaise par exemple. J'avoue
aussi que je n'ai plus une grosse culture en
Irance car j'en écoute peu aujourd'hui. C'est
certainement la raison pour laquelle il n'y a
pas de scène france à Astropolis. »
La trance aurait-elle donc en France
l'image d'une musique « has been » ?
« Bien avant le N.A.M.E., de 92 à 96, nous
avons organisé plusieurs soirées trance
dans un lieu underground, explique
ainsi Thierry Gapeau du festival nordiste
NA.M.E. On avait rencontre Goa Gil, vers
1988 à Goa et on était tombés dedans. J'ai
moi-même longtemps mae de la trance
Goa et de la trance. Maintenant, pourquoi
le N.A.M.E. n'en programme pas ? J'avoue
que je n'aime plus du tout ça. Je pense que
les sons n'ont pas beaucoup évolué. Le peu
que j'écoute, c'est un peu affligeant comme
son, non ? »
Techno des villes,
techno des champs
Vincent Carry des Nuits Sonores expose
lui des considérations sociologiques
pour expliquer l'absence de la trance
dans le festival lyonnais de référence.
« // me semble surtout qu'elle n'est pas
cutturellement connectée au projet urbain
des Nuits Sonores. À savoir montrer
une partie des cultures électroniques
et indépendantes au cœur de lu ville...
II me semble que les esthétiques trance
se sont davantage retrouvées dans des
rassemblements plus massifs, notamment
en plein air, à la campagne ouen périphérie
des villes. »
Techno des villes et techno des champs en
quelque sorte... Dans le pré électronique
du pays du camembert, la trance auraitelle donc le rôle du mouton noir V Une
idée curieuse quand on voit comment
les sons trance continuent de faire
vibrer les villes de Londres, de Berlin,
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d'Amsterdam, de Sao Paulo, de Tokyo,
de Lisbonne. Les préjugés ont la vie
dure comme le pense Driss Bouayad
de Hadra, une des structures trance les
plus actives en France : « Je crois qu'il y a
une grande méconnaissance artistique de
ce mouvement car il a beaucoup évolué
ces dernières années. La plupart des
organisateurs ne se sont jamais penchés
dessus pour écouter ce qui se faisait de
nouveau. Ils sont restés, scotchés aux années
1995 avec Hallucinogen, etc. Ils ont sans
doute aussi une crainte du public que
ça draine, lis se trompent royalement làdessus. C'est un mouvement où se côtoient
tous les milieux sociaux, avec un côté
toujours très convivial. D'ailleurs, le public
lui-même ne comprend pas pourquoi,
dans les gros festivals
électro, où tous les styles
sont soi-disant représentés,
on ne retrouve pas des
artistes psytrance. Si on a
pu parfois retrouver de la
« LA TRANCE,
psytrance dans certains
C'EST UNE NICHE,
évènements comme les
AVEC L'IMAGE
Nuits Sonores, dans le cadre
des circuits électroniques,
DE MECS LIN
c'est plus grâce à un
PEU À L'OUEST.
échange particulier avec
ÇA RESTE UNE
la structure lyonnaise
Elektro System que grâce à
CULTURE EN
un véritable partenariat.
MARGE,
Notre dossier a été refoulé à
À
PROPOS DE
plusieurs reprises. »
Hybrida-sons
Bien sûr, on peut ne pas
aimer la psytrance. On
«q™
peut aussi
dire qu'elle est
moins passionnante qu'il
LAQUELLE
ON NOURRIT
TOUT UN TAS
DE FANTASMES
ET CLICHE,) »
y a quinze ans, ce qui est sans doute vrai.
Mais cela n'empêche pas de lui laisser la
place qui est la sienne dans une culture
électronique de plus en plus galvaudée,
aseptisée, commercialisée, et qui finit
par manquer aujourd'hui cruellement
d'authenticité.
Pas assez hype
Matthieu Meyer du Glazart, un des
rares lieux parisiens à en programmer
régulièrement, va dans ce sens. « Pour
moi, le fait que la psytrance soit si peu
considérée dans le paysage des musiques
électroniques en France provient forcément
d'une certaine forme de hype. Hy a un vrai
public pour la trance. Quand je vois le
nombre de gens qui viennent aux soirées
fl Glazart, c'est impressionnant. Ce clivage
passe à mon sens d'abord par les médias.
La trance, c'est une niche, avec l'image
de mecs un peu à l'ouest. Pour beaucoup
de gens qui n'y connaissent la plupart du
temps pas grand-chose, ce sont juste des
hippies qui font une musique perchée qui
est la même depuis 1996. Comme toute
niche, ça reste une culture en marge, sousreprésentée, et donc à propos de laquelle on
nourrit tout un tas de fantasmes et clichés.
Je ne nie pas que certains ont un fond de
vérité, mais quand j'ai découvert les soirées
trance, j'y ai vu une faune assez incroyable.
Quand tu vois le club complètement
retourné, méconnaissable, avec de la déco
du sol au plafond, c'est impressionnant !
Les mecs bossent dur pour que, du début
à la fin, tu sois vraiment ailleurs et ça
marche '.Les soirées trance sont remplies de
gens qui viennent faire la fête, c'est hyper
fédérateur, les gens ont le sourire et ne sont
pas là pour se montrer ou pour dire "j'y
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étais". Je respecte ça car ce^^^^^^^^^fqui manque dans beaucoup de
soirées électroniques. Si ça s^B^^^^^^ÇÎen France et pas ailleurs, comme
en Angleterre ou en Allemagne, c'est sans doute parce que notre culture des
musiques électroniques, même si elle est importante, n'est pas aussi liée à une
culture de club et de fête que dans d'autres pays. »
Pourtant aujourd'hui, tous les voyants musicaux semblent au vert pour
accompagner un brassage stylistique qui s'impose comme une évidence.
Si la nu-électro s'est développée sur un mélange d'électro et de rock, on
assiste depuis quelque temps à un phénomène d'hybridation des genres
trance et techno (voire dubstep). Programmes lors d'une des dernières
soirées StereOrganic organisées par Rémy Otezuka - lui-même artiste / DJ
à la croisée de ces chemins et premier à reconnaître qu'il est « très difficile
maintenant de proposer plusieurs styles de musique sur un même événement
électronique en France » -, les sets d'artistes comme Aphid Moon et de labels
comme Nano Records en témoignent. Plus largement, des écuries comme
KromePressings (fondé par Dado, ex-membre deTranswavc, et Dino Psaras),
lono ou Iboga, des artistes comme Commercial Hippies, Absolum ou Perfect
Stranger le montrent aussi.
Précurseurs de ce rapprochement, les Suédois de Minilogue continuent
de pousser leur son minimal trance d'origine avec leur projet séminal Son
Kite. Ils ont enfanté toute une lignée de successeurs prolixes (Midimal, Peter
Didjital) qui ont désormais « pignon sur floor » sur toutes les scelles de la
planète. Autant de bonnes raisons, de remettre les écouteurs et de laisser
tomber les œillères nombrilistes du coq gaulois.
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