Le dimanche 25 janvier, 15h-30 à 17h 30 Le samedi 7 février, 16h
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Le dimanche 25 janvier, 15h-30 à 17h 30 Le samedi 7 février, 16h
RÉSUMÉS DES CONFÉRENCES-PROJECTIONS 2015 Le dimanche 25 janvier, 15h-30 à 17h 30 « Le Cheval et le Pouvoir. L’animal qui a changé le cours de l’Histoire du Moyen-Orient ancien » Par Danièle MICHAUX, Dr. en égyptologie et assyriologie. Le cheval, la plus noble conquête de l’homme, a une longue histoire qui remonte à un million d’années. Ses premières images rupestres (30.000 à 10.000) révèlent deux morphologies distinctes, bréviligne et longiligne. La domestication du bréviligne, de la taille d’un poney, au 4e millénaire a familiarisé l’homme avec la puissance potentielle dont la nature a doté cet ongulé d’un doigt unique, qui a fait de lui un coureur remarquable, et objet de convoitise des rois à partir du deuxième millénaire. La relation homme-cheval devient une science, tant pour son entrainement (traité d’hippologie hittite de Kikkuli) que pour ses soins (traité hippiatrique d’Ougarit). L’entraînement hittite pour la chasse au lion et pour le char de guerre se fait avec un rituel dédié à des dieux-chevaux, parmi lesquels Pikhassi, dont dériveraient le nom et le mythe grec de Pégase. Son utilisation attelée pour le transport a accéléré non seulement les échanges commerciaux, mais également la diplomatie. À travers tout le Moyen-Orient, une nouvelle caste de nobles, ‘envoyés royaux’, ‘maîtres de chevaux’, ‘cavaliers’ et ‘conducteurs de char’ font et défont les ententes entre les chancelleries. Les grandes puissances se disputaient alors l’hégémonie politique sur les petits états, intermédiaires obligés du commerce, entre autres, des chevaux. L’accélération de l’Histoire au premier millénaire av. n. ère, est mue par une quête toujours accrue pour ces ‘machines de guerre’, butin de premier choix avec leur maître, gardé vivant. Car, le cheval n’est utile qu’avec celui qui a gagné sa confiance. Les tablettes de la cour néo-assyrienne comptabilisent l’arrivée plus de 1000 chevaux par jour pour alimenter l’écurie royale du premier empire mondial, s’étendant de la Perse à l’Égypte au 7e siècle av. n. ère. La race longiligne égyptienne, plus grande, rapide et docile, donc très convoitée, a dû peser sur les objectifs de conquête. Outil de pouvoir, le cheval a ainsi accéléré, puis changé, le cours de l’Histoire. Le samedi 7 février, 16h-17h30 « La représentation des Étrangers dans les collections égyptiennes du musée du Louvre » Par Aminata Sackho-Autissier, Prof. au Louvre. L’Égypte ne vit pas isolée dans le monde méditerranéen. Elle a eu des contacts militaires ou commerciaux avec ses voisins lointains (Hittites, Mitanni, Mésopotamie), ou proches (Nubie, Libye, Syro-Palestine), qui l’ont parfois dominée. À l’ouest (Libye), les contacts commerciaux (Ancien Empire) ou Mechouech, poussés par la famine, deviennent conflictuels sous le Nouvel Empire. La 22e dynastie, « libyenne », contrôle le Delta, puis le pouvoir libyen disparaît sous la 26e dynastie. Au sud, (Nubie), le pays de Kouch, sous contrôle égyptien au Moyen Empire jusqu’à Kerma (3e cataracte), devient un royaume indépendant reconquis au Nouvel Empire (forteresses, temples). Après la 20e dynastie, à nouveau indépendant, le royaume s’organise autour de Napata, puis de Méroé. Au 8e siècle, la 25e dynastie, « kouchite », dirige l’Égypte avant de réintégrer son fief d’origine. En Méditerranée, dès le Moyen Empire, l’Égypte a des relations avec les Égéens (Keftious), composés des Minoens (Crête) et des Mycéniens (Grèce, Asie Mineure) : contacts commerciaux (poterie égéenne en Égypte, influence égyptienne dans les tombes de Mycènes et de Crête, inspiration crétoise à Tell el-Daba’a ou dans les tombes thébaines). Au 7e siècle av. J.-C., des Grecs établissent des colonies dans le Delta (Naucratis, Daphnae). L’île de Chypre (Alasia) a servi d’intermédiaire. Ses premiers contacts datent de la fin de la 2e période intermédiaire (céramique de Tell elYaoudieh). Chypre sera conquise par les Saïtes, puis par les Ptolémées. À l’ouest, la SyroPalestine constitue la zone pivot de la diplomatie pharaonique. Au sud, le pays de Canaan est divisé en divers royaumes (Israël, Juda). Le pharaon Chéchonq Ier (22e dynastie) lance un raid sur Israël, et au 7e siècle l’Égypte domine le royaume de Juda. Sur le littoral du Liban, les Phéniciennes établissent des cités indépendantes vivant du commerce maritime. En expansion, elles seront incorporées à l’Assyrie à partir du 8e siècle. Le dimanche 14 juin, 16h-30 à 18h « La ville méroïtique de Naga au Soudan » Par Dietrich WILDUNG, conservateur en chef du musée égyptologique de Berlin, en retraite, et directeur des fouilles allemandes de Naga. La civilisation de Méroé est la première grande culture de l’Afrique Noire, succédané du double repli des souverains Kouchites, rois d’Égypte sous la 25e dynastie, lorsqu’ils furent boutés hors d’Égypte par les Néo-Assyriens en -664. Après une première capitale à Napata (4e cataracte du Nil), ils en fondent une seconde à Méroé (6e cataracte) dans le Butana soudanais, sous la menace de l’invasion perse par Cambyse en -525. Naga, ancienne Tolkete, est l’un des deux grands centres de la steppe, au sud de Meroé, l’autre étant Moussawarat. Le Roi Natakamani et la reine Amanitore s’y sont attachés au tournant de notre ère. Grands bâtisseurs, ils ont laissé à la postérité une cité de plus de 50 ha, dont il reste un vaste complexe de palais et bâtiments administratifs et 5 temples, plus que dans tout autre ville méroïtique, ce qui en révèle l’importance religieuse. Les reliefs du Temple du Lion sont parmi les plus représentatifs de l’art méroïtique, alors à son apogée à l’époque romaine. L’architecture et la décoration de ces temples témoignent d’un phénomène multiculturel, alliant des traits spécifiquement africano-méroïtiques, à des concepts égyptiens et des représentations de style gréco-romain, un exemple de syncrétisme religieux et sociétal unique, et en somme une sorte ‘d’abrégé architectural mondial’. L’étonnant Kiosque romain de Naga, sur l’allée processionnelle du Temple du Lion en est le cas le plus fameux. Il s’inscrit dans la tradition et l’emplacement des kiosques pharaoniques, mais son architecture évoque fortement un modèle impérial romain, avec ses chapiteaux corinthiens, fenêtre à voussures et frises végétales, sans compter son autel à un dieu soleil ; représenté avec une couronne rayonnante qui trahit une influence très hellénisante de Zeus Hélios/Jupiter Sol. Cependant, le grand dieu méroïtique Apedemak est omniprésent sous divers forme d’un dieu à triple tête de lion, avec ou non un corps de serpent émergeant d’une acante, plante à symbole mystique. Le samedi 17 octobre, 16h-17h30 « La collection égyptienne d’Orléans » Par Danièle MICHAUX. La collection égyptienne du Musée Historique et Archéologique de l’Orléanais, actuellement dans les réserves de l’Hôtel Cabu, comprend plus de mille artefacts, datés du prédynastique et l’époque gréco-romaine. Avant les dégâts de juin 1940, le musée y consacrait une Salle égyptienne, sujet de fierté pour la culture orléanaise, soucieuse du devoir de mémoire. Or, le musée restauré n’est réservé, de nos jours, qu’à la culture régionale, ce qui prive la collection de sa finalité voulue par l’abbé Desnoyers, conservateur du musée de 1877 à 1902, et Jules Baillet, égyptologue orléanais. Les rarissimes visites d’égyptologues pour n’examiner que les pièces afférentes à leur spécialité ne corrigent pas, hélas, l’éclipse imméritée des petits vases sculptés dans l’albâtre, il y a 5000 ans, des statuettes cultuelles du Nouvel Empire, des céramiques, d’une caisse entière d’ostraca, inscrits en hiératiques, coptes et grecs, des tissus brodés coptes provenant d’Antinoé et récemment restaurés, avec, autrefois, des momies. Ses 121 cônes funéraires, rapportés d’Égypte, entre 1887 et 1889, par Jules Baillet, nommé à la mission archéologique du Caire, on tôt jouit de la renommée de seconde collection mondiale après celle de Guizèh (175 cônes), dont Georges Daressy fait état dans son Recueil des cônes funéraire de 1893. Il y exprime aussi sa reconnaissance à l’égyptologue Auguste Baillet, père de Jules pour sa transcription des cônes d’Orléans. Certaines acquisitions pour lui et pour le musée de l’abbé Desnoyers, ont dû se faire lors de ses relevés des graffiti grecs de la nécropole, objet de sa thèse. Les cônes portent les noms et titres des défunts. Ils provenaient des façades des Tombes des Nobles, entre la Vallée des Rois et la Vallée des Reines (rive ouest de Louxor). Depuis 1979, ces chapelles peintes de scènes uniques au monde, sont classées au patrimoine mondial, garant de leur restauration. Pour compenser les pertes de la guerre, Jules lègue au musée quelques 600 pièces en 1953. Souhaitons qu’à l’avenir la ville d’Orléans lui trouve la place qu’elle mérite, au moins en mémoire de ces personnalités locales généreuses. Le samedi 28 novembre, 16h-17h30 « Recherches récentes en Haute-Mésopotamie : les fouilles de Bash Tapa et la question de l’urbanisation du "triangle assyrien" aux IIIe et IIe mil. av. J-C Par Raphaël ANGEVIN, DRAC, Orléans Le développement récent des recherches archéologiques dans la province autonome du Kurdistan d’Irak a entraîné un profond renouvellement des connaissances sur l’éclosion du phénomène urbain en Mésopotamie du nord, au cours du décisif IVe millénaire, et la formation de l’empire assyrien dans la seconde moitié du IIe millénaire. La première campagne de fouille sur le site de Bash Tapa, engagée en 2013 sous la direction de Lionel Marti et Christophe Nicolle (UMR 7192, CNRS/Collège de France) s’inscrit pleinement dans cette dynamique. À travers la découverte d'une séquence continue d’occupation du début du IIIe millénaire (période dite de Ninive 5) jusqu’au début du Ier millénaire (fin de la période médio-assyrienne), elle éclaire le développement d’un centre régional dans la plaine d’Erbil dont la place dans le système territorial assyrien se doit logiquement d’être discutée. Cette conférence se propose de livrer les premiers résultats de ces investigations, combinant prospection à vaste échelle et évaluations stratigraphiques, sur un site qui se présente désormais comme l’une des références incontournables pour saisir, dans la longue durée, les évolutions politiques et culturelles à l’œuvre dans cette région au cours de l'âge du Bronze. Ils impliquent de puissants mouvements de « fabrique » identitaire à l’origine, sans doute, des équilibres qui se font jour au cœur du monde mésopotamien à l’aube du Ier millénaire.