Chapitre 13 - Musée canadien de l`histoire
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Chapitre 13 - Musée canadien de l`histoire
C h a p i t re Les sciences Objectif Connaître l’écriture, l’astronomie, les mathématiques et la médecine des anciens Égyptiens ainsi que leur calendrier. Mystèr e Alors que dans une grande partie du monde les hommes vivaient encore d’une façon primitive, les Égyptiens de l’antiquité inventaient l’écriture et faisaient progresser les sciences. Qu’est-ce qui a favorisé l’avancement des connaissances dans la vallée du Nil? Discussion et activités de r echerche 1. Les hiéroglyphes égyptiens ont été qualifiés de plus belle écriture au monde. En quoi sont-ils si différents des formes d’écritures mod e rn e s ? 2. Qui savait écrire dans l’Égypte ancienne? Quels instruments utilisaientils dans leur travail? 3. Comment les anciens Égyptiens fabriquaient-ils du papier partir des tiges de papyrus? 4. Pourquoi était-il important pour les gens que leurs noms soient inscrits en hiéroglyphes sur leurs tombes? 5. Nommez les mois et les saisons du calendrier égyptien. 6. Pourquoi le calendrier égyptien était-il erroné en ce qui a trait au cycle annuel de la rotation de la terre? 7. Comment utilisait-on les étoiles pour déterminer l’orientation des pyramides et des temples? 8. Comment les anciens Égyptiens alignaient-ils les pyramides avec les quatre points cardinaux terrestres? 9. Sur quoi était basé le système numérique des Égyptiens de l’antiquité? M y s t è res de l’Égypte — Guide pédago g i q u e 13 10. Comment les Égyptiens écrivaient-ils les nombres? Pouvez-vous expliquer comment ils les additionnaient et les multipliaient? 11. Comment les Égyptiens mesuraient-ils les longueurs? Connaissez-vous un autre système de mesure où le corps humain sert de base aux mesures? 12. À quoi les anciens Égyptiens attribuaient-ils les maladies? 13. Outre qu’ils leur prescrivaient des médicaments, comment les médecins soignaient-ils leurs patients? Croyezvous que ces moyens avaient un effet bénéfique sur les malades? Expliquez pourquoi? 14. Quel test utilisaient les femmes pour savoir si elles étaient enceintes? 15. D’où vient le symbole moderne pour les ordonnances? Activités créatives 1. Utilisez la Feuille d’activité 31 pour vous documenter sur les hiéroglyphes. 2. Utilisez la Feuille d’activité 32 pour faire un cartouche. 3. Utilisez la Feuille d’activité 33 pour écrire les nombres comme le faisaient les anciens Égyptiens. Autr es activités de r echerche 1. Cherchez à en savoir plus sur les trois types de symboles hiéroglyphiques : les phonogrammes, les logogrammes et les déterminatifs. 2. Découvrez comment Jean-François Champollion a découvert les secrets des hiéroglyphes en étudiant la pierre de Rosette et d’autres documents. 102 FEUILLE D’INFORMATION : Les sciences Écritur e — Hiér oglyphes Le mot « hiéroglyphe » signifie littéralement « sculpture sacrée ». Les Égyptiens utilisèrent les h i é roglyphes pour des inscriptions sculptées ou peintes sur les murs des temples. On retrouve aussi cette écriture picturale sur des tombes, des papyrus, des planches de bois recouvertes de stuc, des tessons de poteries et des fragments de calcaire. La langue ancienne était écrite par des scribes qui devaient suivre un long apprentissage avant de maîtriser l’art de l’écriture. Le matériel du scribe consistait en une palette de pierre ou de bois contenant deux pains d’encre, généralement rouge et noire, un sac de cuir ou un pot rempli d’eau et un jeu de brosses de roseau. Formule (écrite en hiéroglyphes) pour unir le baï (âme) d’un défunt à sa momie. Dessin : Catherine Fitzpatrick Pour réaliser le support d’écriture semblable à du Photo : Harry Foster (MCC S98 3518) papier, on enlevait l’extérieur des tiges de papyrus et on découpait l’intérieur en minces bandes. On trempait celles-ci dans l’eau et on les battait pour déchiqueter et aplatir les fibres. Ensuite, on les disposait en couches verticales et horizontales pour produire une feuille, que l’ont battait à son tour pour bien souder les bandes. On plaçait des poids sur les feuilles tandis qu’elles séchaient. Lorsqu’elles étaient sèches, on les enroulait et les entreposait en attendant de les utiliser. Les hiéroglyphes sont une forme originale d’écrit u re dont découlent toutes les autres. Deux f o rmes nouvelles d’écriture furent qualifiées de hiératique et de démotique. L’ é c r i t u re hiératique était une forme simplifiée des hiéroglyphes utilisée à des fins administratives et d’affaires, et pour des textes littéraires, scientifiques et religieux. Le mot « démotique », qui en grec signifie « populaire », désigne l’écriture employée pour les besoins de la vie de tous les jours. Au cours du IIIe siècle apr. J.-C., les hiéroglyphes furent graduellement supplantés par l’écriture copte, dérivée des caractères grecs. Le dernier texte en hiéroglyphes fut écrit au temple de Philae en 450 apr. J.-C. La langue égyptienne parlée fut remplacée par l’arabe au Moyen Âge. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les hiéroglyphes égyptiens furent déchiffrés. Plusieurs personnes tentaient de le faire lorsque Jean-François Texte hiéroglyphique du Livre des morts Photo : Harry Foster (MCC S98 3572) 103 Champollion, un brillant jeune Français, perça le secret de cette écriture ancienne. Après que Thomas Young eut réussi à déchiffrer le texte en démotique, Champollion utilisa ce texte pour découvrir le code en comparant les textes écrits sur la pierre de Rosette en trois écritures : hiéroglyphique, démotique et grecque. Elle enregistrait un décret émis à Memphis (près du Caire) le 27 mars de l’an 196 av. J.-C. En 1828, il publia le célèbre Précis qui marqua la première véritable avancée dans ce domaine. Les hiéroglyphes sont disposés en colonnes ou en lignes horizontales. Ils se lisent généralement de droite à gauche – mais parfois de gauche à droite – et de haut en bas. Le lecteur peut déterminer l’orientation en regardant les figures animales et humaines – elles sont tournées vers le début du texte. Exemple : si la figure est tournée vers la droite, il faut lire le texte de droite à gauche. On attribuait aux mots et aux noms écrits en hiéroglyphes des pouvoirs magiques. C’est pour cette raison qu’on inscrivait des textes funéraires et le nom des défunts sur les sarcophages et les murs des tombes. Le nom écrit en hiéroglyphes exprimait l’identité de la personne. S’il était effacé, l’identité de la personne était perdue, ainsi que tout moyen de survie dans l’au-delà. Les noms de pharaons tels que Toutankhamon et la reine Hatshepsout, par exemple, ont été enlevés des murs des temples par leurs successeurs. Calendrier Le calendrier égyptien était basé sur une année de 365 jours constitué de douze mois et de trois saisons. Il a été inventé sous la III e dynastie au cours de la période où Djoser construisait les premières pyramides. Chaque mois comportait trois semaines de dix jours, soit 30 jours en tout. Les cinq derniers jours de l’année correspondaient aux anniversaires de naissance de cinq divinités : Osiris, Isis, Horus, Seth et Nephthys. Comme chez les Égyptiens il n’y avait pas d’années bissextiles, leur calendrier s’écartait progressivement des saisons. Cela signifiait qu’à un moment donné les mois d’été tombaient en fait en hiver. Ce n’est que tous les 1460 ans que leur année civile coïncidait avec l’année solaire et les saisons. Les trois saisons correspondaient au cycle du Nil et de l’agriculture. Le premier de l’an tombait le 19 juillet (selon le calendrier julien) et marquait le début de la première saison, akhet. C’était l’époque de la crue du Nil. La saison suivante, pendant laquelle les cultures commençaient à sortir de la terre, était appelée peret et débutait le 16 novembre. La dernière saison, chémou, commençait le 17 mars, au moment des récoltes. Les cinq derniers jours de l’année, correspondant à l’anniversaire de naissance des divinités, allaient du 14 au 18 juillet, et ces jours étaient considérés comme néfastes et dangereux. Le zodiaque de Dendérah à 36 décans, les constellations qui permettaient aux Égyptiens de savoir l’heure la nuit. Chaque décan apparaissait à l’horizon pendant une dizaine de jours. En observant la position du décan, les prêtres pouvaient déterminer l’heure. MCC S97 10807 104 Il existait aussi un calendrier religieux indiquant les fêtes et cérémonies associées à des divinit és et des temples particuliers. Ce calendrier était basé sur un mois de 29 jours et demi; il était donc plus conforme aux phases de l’agriculture et au cycle astronomique des étoiles. Astronomie À l’instar de nombreux peuples de l’Antiquité, les Égyptiens étudièrent le ciel nocturne, se servant des étoiles pour faire des mesures afin d’aligner parfaitement leurs pyramides et leurs temples solaires sur les quatre points cardinaux de la terre. O b s e rvant la Grande Ourse et Orion à l’aide d’un instru m e n t appelé merkhet (semblable à un astrolabe), des prêtres-astronomes traçaient les fondations des édifices avec une précision stupéfiante. La grande pyramide de Gizeh en La pyramide de Khéphren, la deuxième en importance à Gizeh est un exemple. Cette construction MCC ECD98-033 #99 remarquable couvre une superficie de plus de cinq hectares et est faite d’environ 6,5 millions de blocs de calcaire. Ses quatre faces sont orientées avec précision sur le nord, l’est, le sud et l’ouest, l’erreur étant de moins d’un demi-degré. Elles sont en outre de longueur pratiquement identique, la différence entre un côté et l’autre étant de moins de 20 cm (8 po). Les Égyptiens croyaient que les dieux vivaient dans le Douat, le royaume d’Osiris. Ce dernier est situé dans la région du ciel où Orion et Sirius s’élèvent héliaquement juste avant le soleil à l’aube du solstice d’été. Certains égyptologues ont laissé entendre que le site de Gizeh, avec ses trois grandes pyramides, le Sphinx et le Nil, pourrait être une image du Douat. Les trois pyramides représenteraient les trois étoiles de la ceinture d’Orion, le Sphinx correspondrait à la constellation du Lion et le Nil à la Voie lactée. Le concept de création sur la terre d’un paysage sacré re p roduisant le ciel nocturne n’est pas rare dans d’autres culture s anciennes. En édifiant des pyramides, des temples et des tombes alignés sur des étoiles et les points cardinaux de la terre, les Anciens vénéraient leurs dieux, faisant descendre l’énergie divine sur la terre, ce qui empêchait le monde de sombrer dans le chaos. La salle d’Osiris dans le Douat (le pays des dieux) Photo : Harry Foster (MCC S98 3575) Mathématiques Les Égyptiens ne disposaient pas d’un symbole pour le zéro, mais ils calculaient des nombres basés sur la décimale et la répétition (nombres basés sur la puissance 10). Les nombres s’écrivaient généralement de gauche à droite, à partir du plus haut dénominateur. Par exemple, dans le nombre 2525, le premier nombre à gauche serait 2000, puis 500, 20 et 5, comme suit : yy 105 Les signes suivants servaient à représenter des nombres dans le système décimal : 1 10 100 1000 10 000 100 000 1 000 000 (signifie souvent « plus que ce que je peux compter ») y J Z } Les Égyptiens n’élaborèrent pas de formules mathématiques abstraites. Ils se contentaient d’additionner et soustraire. Pour multiplier et diviser, ils consultaient des tables de multiplication par duplication donnant le multiplicateur et le multiplicande. Par exemple, pour multiplier 9 par 5, on doublait et redoublait le multiplicateur comme suit : Multiplicateur Multiplicande 1 x 15 = 15 2 x 15 = 30 4 x 15 = 60 8 x 15 = 120 16 x 15 = 240 Dès qu’on avait atteint un multiplicateur au moins égal à la moitié du multiplicateur désiré, il n’était plus nécessaire de doubler. Par exemple, pour arriver à la bonne réponse pour 9 x 15, on consultait la table (8 x 15 = 120 plus 1 x 15 = 15) pour arriver à 135 (120 + 15). La division se faisait par le processus inverse. Les Égyptiens connaissaient les fractions et utilisaient des signes spéciaux pour deux tiers, trois quarts, quatre cinquièmes et cinq sixièmes. Ils avaient également des connaissances de base en géométrie, par exemple le fait que la superficie d’un rectangle est égale à sa longueur multipliée par sa largeur, et ils pouvaient calculer la surface d’un cercle à partir de son diamètre. 106 Piliers et statues colossaux du temple de Karnak MCC ECD98-018 #16 Statues géantes d’Osiris dans la cour de Ramsès III, temple de Karnak MCC ECD98-021 #51 Dans la construction des pyramides, de la salle hypostyle de Karnak, avec ses gigantesques piliers et ses statues colossales, et des nombreux temples et palais de tout le pays, les architectes et les ingénieurs utilisaient leurs connaissances des mathématiques pour dresser plans et devis. Pour calculer la longueur, ils utilisaient la coudée, qui correspondait à la longueur de l’avant-bras, du coude à l’extrémité du pouce (environ 52,5 cm ou 20,6 po). La coudée était subdivisée en sept « mains », chacune étant donc d’une longueur d’un septième de coudée. La coudée courte qui mesure 45 cm (17,7 po) était aussi utilisée. Médecine Les médecins de l’Égypte ancienne alliaient formules magiques et médicaments. Si une personne tombait malade, la maladie était attribuée à la colère des dieux ou à un esprit mauvais qui avait pénétré dans le corps. Pour guérir les malades, on faisait venir à la fois des prêtres et des médecins, qui mettaient en commun leurs pouvoirs et leur savoir pour régler le problème. Au Ve siècle av. J.-C., les médecins égyptiens avaient chacun leur spécialisation. La plupart étaient des hommes, et il existait en leur sein une hérarchie. Au sommet se trouvaient les Grands médecins de Haute- et BasseÉgypte, suivis du médecin en chef du pays. Venaient ensuite les surintendants et les inspecteurs des médecins, le chef des médecins et, tout en bas, les médecins eux-mêmes. Tout au long de la période pharaonique, les postes les plus recherchés furent ceux de la cour royale. Ces médecins veillaient à la santé du pharaon, de sa famille et des membres de la cour. Les Égyptiens pratiquaient la momification, mais les médecins ne connaissaient pas le fonctionnement interne du corps. Ils ignoraient que le cerveau était lié à la pensée, le cœur étant considéré comme le centre de la raison. Ils croyaient également que le sang, l’urine, les excréments et le sperme circulaient constamment dans l’organisme. Les femmes pratiquaient la contraception à l’aide de préparations à base de miel et de natron, qu’elles s’injectaient dans le vagin. Les Égyptiens ont également conçu le tout premier test de grossesse connu. Les femmes humectaient chaque jour un Crochets pour extraire le cerveau et autres instruments de momification Photo : Steven Darby (MCC S97 10830) 107 échantillon d’orge et d’amidonnier (une sorte de blé) avec leur urine. Si l’orge poussait, cela signifiait que l’enfant serait un garçon; si l’amidonnier poussait, ce serait une fille. Si aucun des deux ne poussait, c’est que la femme n’était pas enceinte. L’efficacité de ce test a été confirmée par la science moderne. L’urine des femmes qui ne sont pas enceintes empêche l’orge de pousser. Les remèdes et médicaments pour divers problèmes de santé – blessures, maux de ventre, irritations de la peau, os fracturés, et bien d’autres encore – étaient consignés sur des feuilles de papyrus. Certains médicaments donnaient indéniablement de bons résultats, alors que d’autres ne devaient avoir qu’un effet purement psychologique. On croit que le symbole moderne des ordonnances tire son origine de l’« œil d’Horus ». Au II e siècle, un médecin grec nommé Galien adopta le premier ce symbole pour impressionner ses patients. Graduellement, le symbole évolua pour devenir celui que nous employons aujourd’hui. Ce n’est là qu’une partie du riche legs des anciens Égyptiens. Isis allaitant son fils Horus Photo : Musée royal de l’Ontario MCC ECD98-040 #46 108