mieux vivrependant lecancer

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mieux vivrependant lecancer
rosemagazine . fr
psycho
GRATUIT • ROSEMAGAZINE.FR
ANNONCER
LA MALADIE
À SES PROCHES
lingerie
Chic ! les
dessous
s’adaptent
sain & bon
LES RECETTES
GOURMANDES
dE DUCASSE
N°1 AUTOMNE & HIVER 2O11/2O12
4O pages pour
N°1
automne
& hiver
2O11/2O12
Chouchouter
sa peau
pendant
la chimio
SOINS DE SUPPORT
Onco-esthétique
aides sociales
MIEUX
VIVRE PENDANT
LE CANCER
1OOO MERCIS
4
ROSE MAGAZINE
ÉDITO
CÉLINE LIS-RAOUX
Directrice
de la rédaction
C’est une histoire de naissances.
écouter les femmes décrire
l’annonce de « leur » cancer
me fait toujours penser
aux mères racontant
« leur » accouchement.
Pas une maman qui n’ait une
anecdote sur les signes avantcoureurs, l’anesthésiste qui
n’arrive pas, la délivrance…
L’accouchement n’est pas
qu’affaire de chairs.
Le cancer n’est pas
qu’affaire de mort.
C’est aussi une histoire.
Une histoire qui nous entraîne
vers de douloureux territoires
que l’on pensait ne jamais
devoir traverser. Une histoire
qu’on aimerait savoir lire,
comprendre, accompagner.
Mais tout nous manque,
l’abécédaire, le dictionnaire,
la simple force de tourner
les pages aussi, parfois.
Une histoire où nous devons,
pied à pied,
C’
comme compétentes. Pouvoir
emprunter. Pouvoir se dire
« guéries » quand la société
nous définit, à vie, comme
« femmes à risque ».
Rose est une rédaction
de femmes à risque qui ont
décidé de prendre un risque
supplémentaire : donner
naissance à un magazine.
Un magazine qui vous
aidera à comprendre l’histoire.
Connaître l’ennemi. Recevoir
les conseils des médecins,
d’autres femmes. Découvrir
les traitements qui allégeront
la douleur. Apprendre à vous
maquiller, vous habiller,
vous coiffer.
Potasser vos droits.
Le rose est une jolie couleur.
Ce n’est pas celle de la douleur.
Rose est la couleur de la féminité.
Mais ne vous y trompez pas.
D’abord, dans Rose,
il y a Ose.
défendre notre place
de vivantes.
Défendre le corps contre
les métastases, notre féminité
contre les coups de boutoir
des traitements, notre séduction
malgré les cheveux qui tombent.
Défendre nos couples minés par
la peur. Défendre nos enfants.
Nous battre pour être reconnues
Delphine Jouandeau
Merci à Anne Méaux d’avoir été notre bonne fée, d’avoir
tout.DE.suite.compris.notre.projet,.puis.de.l’avoir.soutenu
tout au long de sa réalisation, avec enthousiasme et
générosité. Merci à Françoise Laborde, amie fidèle et
conseillère avisée. Merci au groupe Lagardère qui nous a
gracieusement hébergéS, A mis à notre disposition le nec
plus ultra du matériel informatique et nous a offert son
expertise en matière DE CONSEIL ET d’internet. Merci à Julien
Balkany pour sa disponibilité et son appui. Merci à Isabelle
Ealet & Philippe Altuzarra pour leur précieux soutien
personnel. Merci à Kate Barry d’avoir consacré un de
ses week-ends à réaliser bénévolement notre photo de
couverture. Merci à Yulan Oba, mannequin en rémission
d’un cancer,venue du Portugal par amitié pour devenir
notre visage de Une. Merci au Dr Louis Mauriac d’avoir
relu avec minutie l’ensemble du journal, intervenant
toujours avec une grande gentillesse. Merci à Claire
Compagnon & Françoise Pinto pour leurs conseils.
Merci au groupe Geodis Calberson qui a mis à notre
disposition 6 semi-remorques pour nous distribuer dans
les vingt centres d’Unicancer. Merci au groupe La poste
de nous distribuer gracieusement dans les hôpitaux
de la FHF. Merci AU Royal Monceau Raffles Paris D’avoir
accueilli notre soirée de lancement et spécialement à
Laurent André d’avoir pavoisé de Rose le menu du
restaurant Il Carpaccio. Merci à Any d’Avray, qui a joué
avec sérieux son rôle de « relookeuse ». Merci à Hélène
Darroze, d’avoir réalisé notre déjeuner de presse. MERCI
au champagne Roederer et ENFIN, Merci aux agences de
RP Comm santé et la Vie en Rose.
ROSE MAGAZINE
5
L’ÉQUIPE ROSE
CLOTILDE
VIDAL
GRAPHISTE
CÉLINE
DUFRANC
RÉDACTRICE
EN CHEF
ADJOINTE
SANTÉ
BÉATRICE
LORANT
RÉDACTRICE
EN CHEF
YULAN
OBA
MODÈLE
CÉLINE
DUPRÉ
DIRECTRICE
DE LA
COMMUNICATION
ANNE-SOPHIE
DOUET
REPORTER
MARIE-CLAIRE
BENSAADA
SECRÉTAIRE
DE RÉDACTION
FRANÇOIS
GAULON
ILLUSTRATEUR
NATHALIE
CROQUET
STYLISTE
CÉLINE
LIS-RAOUX
DIRECTRICE
DE LA
RÉDACTION
Ari Rossner
PIERRE
LEIRITZ
DIRECTEUR
ARTISTIQUE
MAGAZINE
6
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
7
343
manifeste
DEs
CANCÉREUSES
Pourquoi ce manifeste ?
Parce que, durant la rédaction de ce magazine, nous avons rencontré de nombreuses
artistes, chefs d’entreprise, femmes publiques touchées par le cancer. Elles nous ont
parlé, conseillé, certaines encouragées. Mais la majorité d’entre elles a refusé d’ap‑
paraître dans nos pages. Peur de ne plus être assurées et de devoir renoncer à un tour‑
nage pour les unes, crainte de perdre leur poste pour d’autres…
343, c’est le nombre de « salopes » signataires du manifeste lancé en 1971 par le
Nouvel Observateur : des femmes libres y brisaient la loi du silence et déclaraient avoir
eu recours, illégalement, à l’avortement.
343 (et plus), c’est le nombre des femmes, certaines encore combattantes, d’autres déjà
victorieuses, qui se mobilisent pour demander que le cancer cesse d’être cette mala‑
die infamante, aussi handicapante socialement qu’elle est éprouvante physiquement.
Qui réclament des réponses sociales à un problème qui dépasse aujourd’hui le seul
aspect médical. Qui veulent, elles aussi aujourd’hui, briser la loi du silence.
Merci aux femmes debout dont les noms suivent (p. 10)
8
ROSE MAGAZINE
Nous sommes des millions de femmes malades, en rémission ou guéries.
Nous sommes des millions à avoir connu la douleur de traitements épuisants,
le découragement, la peur de la mort, la solitude et parfois l’abandon.
Nous sommes des survivantes et avons le droit de ne pas être considérées
comme des sous-citoyennes.
Nous réclamons
1
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3
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5
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7
8
le droit de mener une vie sociale normale,
pendant et après la maladie ;
la création d’un statut de malade chronique différent
de celui d’adulte handicapé, qui ne nous concerne pas ;
le droit d’assurer notre santé à des prix décents ;
le droit de conserver dans nos entreprises les mêmes
chances de promotion et d’évolution qu’avant la maladie ;
le droit d’emprunter de l’argent à une banque
autrement qu’à des taux prohibitifs ;
des mesures rapides et significatives pour aider les mères isolées
et en situation de fragilité professionnelle, ainsi que les femmes en situation
de précarité. Pour elles, nous demandons un accompagnement approprié
dans le parcours de soins, des aides à domicile durant les séances de chimiothérapie, des aides ménagères dans les semaines qui suivent les traitements ;
la création d’un programme cohérent et efficace dédié aux femmes malades
de cancer, un programme qui soit autre chose que ce bricolage fait d’aides approximatives et inégalement
réparties selon les départements, la compétence et la disponibilité des professionnels de l’aide sociale.
Enfin, nous réclamons que les malades hommes
bénéficient des mêmes droits que nous.
Il nous faut, à présent, des réponses
politiques concrètes, une mobilisation
autre que compassionnelle afin que
chacun puisse vivre sa vie au-delà du cancer.
ROSE MAGAZINE
9
MANIFESTE
DES 343 CANCÉREUSES
Régine Albert, 43.ans, agent administratif,
Loriol-du-Comtat / Tasnime Alibay, 39 ans,
Helen Jagers, 47 ans, bénévole d’association, Saint-Leu-la-Forêt / Maryse Khoriaty, 46 ans, directrice artis‑
admi­
nistratrice centrale d’achats, Malakoff
/ Jocelyne Alin, 54 ans, cadre fonction‑
tique, Paris / Estelle Lagarde, 38 ans, architecte et artiste photographe, Paris / Martine Lambert, 52 ans, infir‑
Annie Barrois,
mière, Avranches / Dominique Lamilhau, 47 ans, Carcassonne / Marie-Dominique Larrebat, 47 ans, assistante
Bars, 43 ans, psychologue scolaire, Cour‑
de direction, Le Bouscat / Patricia Laye, 52 ans, secrétaire, Marseille / Estelle Lecointe, 36 ans, présidente d’En‑
palay / Sabrina Baudoin, 31 ans, sans emploi, Mauguio / Jennifer Bentorcha, 55 ans, infirmière, Maisons-Al‑
semble contre le GIST, Liffré / Olivia Lemaire, 35 ans, assistante commerciale, Montpellier / Nathalie Leprince,
fort / Morganne Bello, 40 ans, créatrice de bijoux, Paris / Françoise Bettevy, 62 ans, retraitée, Pleurtuit / Chris‑
52 ans, responsable administration des ventes, Château-Thierry / Aurèle Letricot, 41 ans, assistante qualifiée
tine Beyries, 54 ans, mère au foyer, Tartas / Beate Bartès, 55 ans, traductrice et fondatrice de vivresansthyroïde.
de conservation, Penne / Cécile Le Ven, 39 ans, sans emploi, Biarritz / Céline Lis-Raoux, 40 ans, journaliste,
net, Léguevin / Blanche Beer-Gabel, 58 ans, docteur en chirurgie dentaire, Paris / Hélène Bénardeau, 41 ans,
Paris / Marie Lombard, 35 ans, infirmière-anesthésiste, Chaux-du-Dombief / Isabelle Loumeau, 40 ans, ingé‑
professeur d’espagnol, Le Fresne-sur-Loire / Ingrid Blavec, 42 ans, cadre, Montrouge / Viviane de Bouti‑
nieur en informatique, Lyon / Yvette de Luca, 56 ans, Marseille / Ester Lynne, 39 ans, auto
gny, 63 ans, attachée de presse, Paris / Véronique Braud, 55 ans, employée de maison, Nantes / Anne-
entrepreneur, Paris / Muriel Malandain, 49 ans, aide-soignante, Le Havre /Odile Mallet-
Marie Brossard, 74 ans, Herrlisheim / Martine Carret, 46 ans, journaliste, Pontoise / Sandrine Casper, 43 ans,
Warrin, consultante en communication, Paris / Catherine Malhouitre, 49 ans, directrice
Créhange / Nathalie Catalano, 39 ans, enseignante, Toulouse / Catherine Cerisey, 48 ans, créatrice de blog,
artistique, Poissy / Anne Matalon, 52 ans, créatrice d’association, Paris / Sylvie Mertz,
Levallois-Perret / Nathalie Chabanne, 38 ans, Lyon / Céline Chambrier, 38 ans, aide-soignante, Bordeaux /
48 ans, directrice d’une école de musique et chanteuse, Metz
naire, Créteil
/ ÉLODIe aTTIAS,
CADRe, Paris /
63 ans, mère au foyer, Loudéac / Nathalie
Christiane Chapel, 70 ans, chef d’entreprise, Paris / Julianne Charles, 19 ans, en arrêt maladie, Estrées-Saint-De‑
MOQUAY-KLEIN, ARTISTE, Phoenix /
nis / Catherine Chavanne, 62 ans, retraitée, Blagnac / Françoise
Collard, 58 ans, employée
culinaire, Le Cannet / Laetitia Nicolas, 33 ans, sans emploi, Mortcerf / Elisabeth Noël, 41 ans, conserva‑
de banque, Saint-Nicolas-de-Port / Atika Comlar, 50 ans, res‑
ponsable administrative,
trice de bibliothèques, Villeurbanne / Yulan Oba, 42 ans, mannequin, Paris / Jeanne Orient, 59 ans, auteur,
Courbevoie / Frédérique Corre Montagu, 46 ans, auteur et tra‑
ductrice, Fontenilles / Cé‑
Paris / Martine Orlando, 45 ans, assistante de direction, Marseille / Fara Ovoarivelo, 40 ans, agent d’accueil,
Mandres-les-Roses / Isa‑
cation, Nice / Soline Perrain Canto, 31 ans, attachée de presse, Paris / Véronique Perret, 46 ans, bibliothécaire,
belle Dellu, 47 ans, architecte, Bordeaux / Jans Daniele, 55 ans, employée administrative, Liège / Sylvie Darri‑
Challex / Faby Perier, auteur-interprète, Clichy / Sylvie Pierre, 47 ans, responsable de magasin, Marseille /
go, 52 ans, assistante de gestion, Annecy-le-Vieux / Colette Davarend, 49 ans, intendante bateaux de croisières,
Nathalie Pierre-Jean, 41 ans, coordinatrice régulation des vols, Morsang-sur-Orge / Catherine Preljocaj, 51 ans,
Dinard / Marie-Hélène Dihuidy, 64 ans, radiologue, Bordeaux / Nicole
Dominique,
auteur et consultante, Paris / Mireille Raboteau, 41 ans, assistante administrative, Petit-Mars / Elisabeth Rampon-
57 ans, adjointe administrative, Quimper / Noëlle Dorso, 47 ans, conseil‑
lère technique
petite enfance, Vannes / Céline Dufranc, 43 ans, journaliste, Paris / Ber‑
nadette Dupré,
66 ans, retraitée, Bordeaux / Marie Duriot, 39 ans, consultante en ressources
humaines,
Laurence Delavet, 45 ans, assistante de direction,
Bordeaux / Françoise Durrieu, 47 ans, médecin, Bordeaux/
ANNIE
ERNAUX,
écrivain, Paris / Heidi Favier, 38 ans, assistante judiciaire, Bordeaux / Martine Federbe, 57 ans,
commerçante, Valenciennes / Sylvie Fradin, 41 ans, chargée de cours, Vaux-en-Bugey / Anne-Laurence Fitère,
45 ans, journaliste, Paris / Marie-Line Foucher, 37 ans, cadre hospitalier adjoint, Varennes-sur-Seine / Patricia
Garrivier, 46 ans, gestionnaire santé, Valence / Delphine Germain, 40 ans, secrétaire médicale, Armentières /
Isabelle Gillard, 48 ans, enseignante, Châtillon / Elisabeth Gonzales, 46 ans, hôtesse de caisse, Solesmes / Chris‑
tine Gosse, 62 ans, employée de santé, Sigy-en-Bray / Valérie Goyer de Sennecourt-Larrieu, 47 ans, secrétaire,
Bordeaux / Doris Gullung, 50 ans, aide-soignante, Colmar / Valérie Hinaux-Delaplace, 43 ans, créatrice
d’entreprise, Senlis / Christiane Hoogue, 67 ans, Lembras / Juliette Ibiame, 30 ans, mère au foyer, Paris /
Guillemette Jacob, 37 ans, directrice marketing, Paris / Brigitte Jacob, 69 ans, retraitée, Saint-étienne,
ROSE MAGAZINE
John Foley/OPALE/Jennifer Stevens/JLPPA/Louis Monier/Rue des Archives/Villard/SIPA/DR
Franconville / Annick Parent, 58 ans, psychologue clinicienne, Paris / Loredana Parsan, 32 ans, assistante d’édu‑
Paris /
/ Mireille
Paule Neyrat, 67 ans, diététicienne et auteur
Darc, actrice,
cile Courrier, 45 ans, infirmière, Longjumeau
10
/ ROTRAUT..
Montuclard, 46 ans, chercheuse, Région parisienne / Alicia Rebenaque, 49 ans, commerciale, Barcelone /
Maïté Rheims, 61 ans, retraitée, Mulhouse / Fabienne Rubert, 56 ans, directrice de communication, Paris /
Anne Savigny, 30 ans, assistante administrative, Paris / Monique Sauvanet, 59 ans, retraitée, Ploermel /
Michèle Scalbert, 60 ans, psychologue, Lyon / Delphine Schon, 40 ans, en arrêt maladie, Maignelay / Anne
Schweig­hofer, 45 ans, chef de mission, Saint-Rémy-de-Provence / Catherine Stéphant, 47 ans, professeur des
écoles, Chartres / Vallée Stoffler, artiste pluridisciplinaire, 47 ans, Fontenay-sous-Bois / Danièle Tirabochi,
61 ans, retraitée, Bourg-les-Valence / Florence Tirault, consultante en res­sources humaines,
48 ans, Nay / Delphine Toro, 34 ans, mère au foyer, Saint-Georges-sur-Moulon / Nadine
Tretout, 55 ans, animatrice territoriale, Brest / Anne-Sophie Tuszynski, 40 ans, consul‑
tante en recrutement, Antony / MARYSE VAILLANT,
& AUTEUR, AZANO /
PSYCHOLOGUE
Luana Vartic, 44 ans, juriste, Paris / Laurence Vallée,
46 ans, aide-soignante, Saint-Vincent-de-Tyrosse / Catherine Vergnolle, 55 ans, journaliste, Sèvres / Corinne
Van Loey, 66 ans, psychologue, Paris / Juliette Villa, 51 ans, commerçante, Champigny-sur-Marne /
ROSE MAGAZINE
11
SOMMAIRE
5. Édito
8
manifeste des 343
cancéreuses
47
Micro-trottoir
à bordeaux
13. Sommaire
18
12
ROSE MAGAZINE
26. Rose News
3O
ROSE POWER
33. Rose Buzz
35. Prévention
36
52
INTERVIEW
MAUD FONTENOY
de I
à XVI
LEXIQUE du cancer
marseille, des MOTS
CONTRE LE MAL
44. Guide du dépistage
Delphine Jouandeau
Malhouitre/Nathalie Kaïd/Fred Pierre-François/Nadia Ben Challal/Thierry David/Laurent Villeret/François Gaulon
ROSE FAMILY
ROSE MAGAZINE
13
SOMMAIRE
FACE AUX
AUTRES
60. Les mots pour le dire
66. Le bêtisier
70. Les aidants
BEAUTÉ
98. L’onco-esthétique
entre à l’hôpital
106
avant-après
114. Interview dermato
116. Soin & maquillage
118. Interview
Morganne Bello
81
SOULAGER
90. Cultiver son corps
92. Interview
Véronique Jannot
121
FOCUS SEIN
122. Mastectomie
126. Chirurgie mammaire
14
ROSE MAGAZINE
Getty Images/Pierre-Emmanuel Rastoin/Louison Coulom/Ari Rossner/Plainpicture/DR
59
97
ROSE MAGAZINE
15
SOMMAIRE
130
Mode
131
138
167. La vie en Rose
168
ÉVASION
automne-hiver
foulards &
chapeaux
149
SOCIAL
150. La reprise du travail
154. Connaître ses droits
158. 50 adresses
178. Lectures
186
cahier gourmand
198. Grenade défensive
201. Répertoire
202. La petite flamme
16
ROSE MAGAZINE
Getty Images/DR/Marianne Maury-Kaufmann
141. Lingerie
ROSE MAGAZINE
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ROSEFAMILY
“
LE JOUR OÙ j’ai appris
que j’avais un cancer
”
Le jour où la terre a tremblé, c’est lorsque le médecin m’a annoncé que la biopsie
était positive. Positive ? Ça sonnait bien, non ? Mais, à sa mine défaite, j’ai compris
que j’avais un cancer. Je me suis tournée vers mon mari et je lui ai pris la main. J’ai
pensé à nos quatre enfants qui attendaient à la maison ; à ma sœur, à mon frère et surtout à mon papa. Mon pauvre papa... Maman nous avait quittés trois semaines plus
tôt, emportée par un cancer, le quatrième. Aujourd’hui, après un an de traitement, je
suis officiellement « en rémission ». Mais, moi, je sais que j’ai gagné. Heidi, 37 ans
PHOTOS NATHALIE KAÏD
18
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
19
ROSEFAMILY
”
La terre a tremblé le jour où ma mère a évoqué, pour la première fois, l’ablation
de son sein. J’ai été frappé de stupeur, incapable de réagir ni d’accepter une telle
injustice. Je ne me souviens pas de ce que j’ai pu lui répondre, les mots n’avaient
aucun sens… Les seins, c’est à la fois la beauté des femmes, l’amour, l’enfant qu’ils
nourrissent. Lorsque ma mère a subi cette amputation, j’étais si bouleversé que
j’ai nié la réalité. Refusé de l’admettre. J’ai dû me faire aider par un psychiatre pour
surmonter ce traumatisme. Loïc, 44 ans avec Bernadette, 66 ans
Nathalie Kaïd
“
LE JOUR OÙ ma mère
a subi une ablation
20
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
21
ROSEFAMILY
”
Le jour où la terre a tremblé, c’est quand maman a reçu une lettre du laboratoire.
Elle nous a dit que ses « marqueurs » étaient négatifs. Elle a beaucoup pleuré.
Papa aussi. Mais, cette fois, c’était de bonheur. Ça voulait dire qu’elle était guérie.
Gabriel, 10 ans et Ulysse, 5 ans
Nathalie Kaïd
“
le jour où maman a dit
qu’elle é tait guérie !
ROSE MAGAZINE
23
ROSEFAMILY
”
La terre a tremblé deux fois. La première, c’était il y a treize ans, quand on m’a
annoncé un cancer des ganglions lymphatiques. J’avais trente ans. Le sol s’est dérobé
sous mes pieds : plus que la peur de mourir, j’ai craint de ne jamais devenir mère.
Alors, quand, sept ans plus tard, j’ai appris que j’attendais un enfant, la terre entière
a tremblé de joie ! Je me suis autorisée à vivre, et non plus à survivre. Mon « miracle »
s’appelle Paul-Loup. à présent, je me sens vraiment guérie et, chaque jour qui passe,
je savoure mon bonheur. Céline, 43 ans avec Paul-Loup, 5 ans
Nathalie Kaïd
“
LE JOUR OÙ J’AI su QUE
J’ATTENDAIS UN ENFANT
24
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
25
ROSENEWS
0 800 027 639
Allô Martine ?
La pionnière de la
cosmétique verte répond en direct, les
lundis matin*, à toutes les questions capillaires que vous vous posez : existe-t-il
des produits qui empêchent la chute, des
compléments alimentaires qui limitent
les dégâts, des plantes qui accélèrent la
repousse ? Martine a ouvert en 2007 un
corner à l’institut Gustave-Roussy. On
y trouve shampooing à la pêche pour
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douces 100 % végétales.
Le Salon vert, 28, rue Vignon, Paris IXe.
*Entre 10 h 30 et 12 h 30.
Un étrange canoë à tête de dragon, un équipage de femmes touchées par le cancer du sein :
voilà les Dragon Ladies, pagayant deux fois par
semaine sur le canal de Reims. Popularisée par
une émission de Thalassa, leur équipe fait des
émules : une bande de dragonnes rouennaises
vient de se lancer dans la course.
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26
ROSE MAGAZINE
Les petits carrés de verdure fleurissent dans les
hôpitaux. Jardin potager ou atelier de jardinage à
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Bergonié de Bordeaux pour « checker » ses mails
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05 56 33 33 33 – bergonie.org
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pour une année de sport à prix doux. Il vous
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femmes « mastectomisées », cela donne un modèle confortable (housse intérieure pour glisser
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Pierre Barthe / DR
mammo
Sport
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Gustave-Roussy
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un piano à queue.
De quoi patienter sur
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29
ROSEPOWER
anne-sophie douet
et céline dufranc
FRANÇOISE
MONTENAY
Si elle n’avait pas été présidente de Chanel, Françoise
Montenay aurait aimé être jardinière ! à défaut de cultiver des roses, elle fait fleurir des sourires sur le visage des
femmes malades. En 1990, Françoise Montenay s’engage
au CEW, une association de managers des métiers de la
beauté. Au cours d’un conseil d’administration, l’une
des adhérentes, visiteuse à l’institut Gustave-Roussy,
rapporte le dernier souhait d’une patiente : « Je voudrais
mourir belle. » Un choc et une évidence pour toutes :
c’est à l’hôpital qu’elles donneront du sens à leur métier,
là où les femmes en ont le plus besoin. C’est ainsi qu’une
esthéticienne fait son entrée à l’IGR. Vingt ans plus tard,
elles sont vingt-cinq à adoucir la vie des patientes. Mais
madame LES présidentes (ainsi l’appelle son mari) ne se
repose pas sur ses lauriers. Ses projets pour 2012 ? Toujours plus. « Plus de centres. Plus de soins gratuits pour
des patientes toujours plus nombreuses. »
cew.asso.fr
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ROSE MAGAZINE
Anne-Laurence
Fitère
catherine
MALHOUITRE
Fred Pierre-François / DR
Elles ont toutes
eu une idée
de génie. Et la
volonté de
la voir aboutir.
Tous les jours,
ces pionnières
se préoccupent
d’embellir
le quotidien
des malades.
Anne-Laurence Fitère n’est pas de celles qui renoncent
aisément : sa première confrontation avec la maladie
date de 2004 quand, jeune journaliste, on lui diagnostique une tumeur dans le sein. Simple « accident de parcours ». Anne-Laurence se soigne. Et reprend le cours
de sa vie. En 2008, récidive. « J’ai alors compris que le
cancer allait accompagner le reste de mon existence. »
Autant connaître l’ennemi. Avec Claire Aubé, une collègue touchée par le fléau, Anne-Laurence crée le site
« La Maison du cancer » : dans « le bureau », on traite
des problèmes sociaux. Dans « la cuisine », on parle de
nutrition. Dans « la chambre », de sexualité. Au « salon »,
on « chatte ». « Nous voulions créer un site rigoureux et
non anxiogène, apporter une information de qualité aux
malades et à leurs proches. Mais surtout faire tomber les
tabous. » Et ils sont nombreux : maladie « honteuse »,
discrimination à l’embauche, taux exorbitants des crédits, précarité financière. Pousser la porte de cette maison est un acte militant. Ne vous en privez pas.
lamaisonducancer.com
Une pièce de lingerie peut-elle devenir un manifeste
politique ? Oui. Prenez souti1, le soutien-gorge imaginé
par Catherine Malhouitre, femme volontaire que deux
cancers successifs n’ont pas fait plier. Une reconstruction ? Elle n’en ressent guère le besoin. Mais Catherine
expérimente vite l’inconfort de sa situation : « Après
l’intervention, toute opérée contrôle ses mouvements.
Quand elle se penche, elle dévoile soit sa cicatrice, soit
sa prothèse. » Catherine se rapproche alors d’une des
dernières corsetières parisiennes, Louise Feuillère, qui
conçoit une pièce soutenant le sein unique tout en dissimulant les cicatrices sous une bande qui ne baille pas.
Bien plus qu’un morceau de dentelle blanche ou noire,
Souti1 exprime la liberté. Liberté de s’afficher comme
amazone, de faire du sport, de jeter les prothèses aux
orties. Liberté de définir sa féminité à son gré. 195 €.
souti1.com
ROSE MAGAZINE
31
ROSEBUZZ
CATHERINE CERISEY
appli
E-LADY
Jusqu’à 2 000 internautes par jour
se connectent à son blog ! Pourtant,
Catherine Cerisey, joli minois et
tignasse rousse, n’est pas la dernière
it-girl en vogue ! Rescapée de deux
tumeurs, elle a créé, il y a deux ans,
« Après mon cancer du sein », l’un
des blogs les plus lus sur la maladie. Elle y raconte ses « dix-huit
mois d’enfer » puis sa rechute et y
consigne aussi « tout ce qui existe
d’intéressant, de drôle et d’utile »
sur le sujet. Précis, informé et parfois amusant, débordant de petites infos futées, ce cybermag est
un excellent compromis entre le
sérieux des infos et la convivialité
des posts. Une application iPhone
pour gérer les effets secondaires
du traitement ; un best of des idées
reçues sur les rapports entre santé et
alimentation ; le compte-rendu d’un
colloque sur les relations patientsmédecins... Rien ne lui échappe.
catherinecerisey.wordpress.com
Suzette
Delaloge
32
ROSE MAGAZINE
et d’un infirmier coordinateur, à mieux faire face à
l’annonce. »
En six ans, 9 000 femmes ont bénéficié de ce dispositif original. Depuis septembre 2010, une deuxième
journée, le mardi, est dédiée aux cas plus spécifiques
relevant d’une certaine urgence (tumeurs de grande
taille ou inflammatoires, femmes enceintes). La prise
en charge a fait des émules, puisque de nombreux
établissements du groupe Unicancer (exclusivement
consacré à la lutte contre le cancer et rassemblant
vingt centres en France) proposent depuis des diagnostics rapides pour accélérer la prise en charge du
patient. La généralisation de ce dispositif fait partie
des objectifs principaux du groupe, à l’horizon 2012.
Institut Gustave-Roussy : 01 42 11 64 33
unicancer.fr
Fourmi
futée
Fred Pierre-François / DR
à quarante-deux ans, le Dr Suzette Delaloge n’est pas
seulement responsable du service clinique de patho­logie
mammaire à l’institut Gustave-Roussy de Villejuif. En
2004, elle a créé le premier dispositif de « diagnostic en
un jour » des cancers du sein. Une immense avancée
pour les malades. Car avec cette formule, inspirée du
modèle anglais, fini les deux ou trois semaines d’angoisse et d’attente traversées chaque année par celles
à qui une anomalie a été détectée sur mammo­graphie.
Chaque lundi matin, une quarantaine de femmes
peuvent ainsi voir différents médecins (chirurgiens,
radiologues, onco­logues) et passer plusieurs examens
(mammographie, échographie, cytoponction) en un
seul lieu et en une seule journée. « Celles qui présentent
une lésion bénigne seront rassurées dans la journée,
tandis que celles à qui on détecte un cancer trouveront
rapidement une réponse thérapeutique. Le choix du
traitement suit l’analyse cytologique, ce qui aide les
femmes, entourées de bénévoles des “ Blouses Roses ”
« Fourmi Santé », le
petit site qui monte,
répond à vos questions budget. Tout sur votre
« reste à charge » après remboursement, sur les tarifs des spécialistes, leur « secteur » et même
leur géolocalisation. Un véritable
GPS de la santé.
fourmisante.com
Miss Lolo
vous parle
Un petit sein tout rose vous
parle ? Ne vous inquiétez
pas, il ne s’agit pas d’une
blague inspirée d’un film de
Woody Allen, mais d’une
application gratuite (et rigolote)
pour iPhone. Créée par une
association malaisienne, la Breast
Cancer Welfare (BCWA) et
baptisée « Check Me », cette
« appli » vous permet de procéder
vous-même à la palpation de
vos seins. Chaque mois, Miss
B, gentil avatar rose (en forme
de sein, donc) se manifeste sur
votre téléphone. Une voix – vous
avez le choix entre la petite fille,
I CHEMO
Il arrive souvent que plusieurs semaines s’écoulent entre deux chimiothérapies et nous oublions de noter
les effets secondaires des traitements.
Pas simple, ensuite, pour notre oncologue, de nous proposer des solutions appropriées ! Le laboratoire
MSD-Chibret vient de créer une
appli pratique qui aide les femmes à
tenir le « journal » de leur chimio : on
entre le nom de la molécule ingérée, les médecines complémentaires
éventuelles, on choisit jour par jour
les effets secondaires subis… Et on
peut, durant la visite, retracer précisément le vécu médical et les événements des semaines précédentes.
iChemoDiary en téléchargement
gratuit sur iTunes
la grand-mère distinguée et la
gentille maman – vous rappelle
qu’il est temps et détaille les
gestes simples qui permettent un
auto-examen efficace.
« So cute »… mais uniquement en
anglais pour le moment.
applicationiphone.com/appstore/
style-de-vie/ 400450713/checkme/
Olivier Moravik/DR
ROSEPOWER
ROSE MAGAZINE
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36. des mots contre le mal
Au cœur des quartiers Nord de Marseille, une cancérologue,
une élue et des associations éduquent les femmes au dépistage.
44. les sept gestes qui sauvent
Autopalpation, examen des grains de beauté...
Sept gestes essentiels pour préserver sa santé.
47. MICRO-TROTTOIR à bordeaux
Votre dernier rendez-vous pour une mammographie,
un frottis, une radio, une échographie... c’était quand ?
52. « Le cancer ? Une vague à surmonter »
Opérée d’un cancer de l’utérus deux jours avant son tour du
monde, Maud Fontenoy ne badine plus avec sa santé.
55. la recherche avance
évaluation du risque de récidive d’un cancer du sein,
vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon...
Plainpicture
prévention
ROSE MAGAZINE
3
reportage à marseille
Des mots
contre le mal
Dans les quartiers Nord, l’éducation au dépistage
se fait au plus près des femmes, dans les salons
de beauté, les associations, les cercles d’amies...
Avec la parole des unes pour, demain, sauver
la vie des autres. texte céline lis-raoux. photos nadia ben challal.
reportage à marseille
Le temps d’un masque, d’une couleur...
les femmes se confient. Sophie Kardous
(à gauche), fondatrice d’Hygia.
Cité du Malpassé
Neuf heures du matin et l’air se
poudre déjà de chaleur.
Le Dr Carole Tarpin, oncologue
au centre de cancérologie PaoliCalmettes de Marseille, rajuste ses
lunettes noires et observe quelques
instants le parking désert entre les
barres pierreuses.
Le silence est blanc. Le ciel est
blanc. L’herbe fanée est blanche,
les quelques voitures abandonnées
sont blanches.
Ce matin, tôt, a soufflé l’harmattan et les rues sont givrées de sable
fin, un sucre amer venu du Sahara.
C
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ROSE MAGAZINE
Carole se hâte ; ses bras nus
craignent le soleil. Elle se faufile
dans la cité, une envolée d’escaliers de guingois et, en haut, une
terrasse, un arbre miraculeux
enraciné entre les dalles, de
l’ombre verte et, déjà, une cigale.
Sous les frondaisons, Sophie Kardous papote avec Soraya, autour
d’un café. Carole les rejoint et partage le breuvage très fort, très sucré.
Au fond, une porte ouverte. Dans
l’encadrement, une femme abandonne sa chevelure rougie de henné
aux mains de la coiffeuse. L’air est
saturé du parfum crémeux des pro-
duits de beauté, un peu de musique
jazzy, beaucoup de douceur…
Nous sommes à Hygia, salon de
beauté solidaire, un lieu réservé
aux femmes au cœur d’une cité où
les hommes font à ce point la loi
que même les matamores de Marseille hésitent à s’y frotter, la nuit
tombée. Une réputation qui n’a
pas l’air d’inquiéter « Doc Carole »
plus que cela.
Le jeune médecin défie, chaque
jour, un adversaire bien plus
impres­
sionnant : le cancer. Elle
le traque, le débusque, l’empoisonne. Elle le poursuit aussi ici,
Nadia Ben Challal
Le Dr Tarpin (à gauche) rencontre
les habitantes du Malpassé autour
d’un café.
jusqu’au cœur des quartiers Nord,
jusque dans les cabines de soins.
Cancer et institut de beauté. Deux
termes apparemment antinomiques. « Au contraire, le salon est
le lieu rêvé pour faire de la prévention !, se défend Sophie Kardous.
Dans le xive arrondissement de
Marseille, les femmes se font très
rarement dépister. Elles ne voient
un médecin qu’au moment de leur
grossesse ou quand elles sont déjà
malades et qu’elles souffrent le
martyre. Mais, là, c’est déjà trop
tard. Les jeunes, en majorité mères
célibataires, se débattent avec le
quotidien, les enfants, le boulot.
Leur santé devient vite le cadet
de leurs soucis… Quant aux plus
âgées, pour elles, le terme “gyné-
cologue” est synonyme de vie
sexuelle – et elles jugent que cela
ne les concerne plus ! »
Le salon est un lieu de répit,
d’écoute et de discrétion dans la
cité : une couleur, une manucure,
un masque de beauté, ça laisse le
temps de parler, baisser la garde,
confier ses douleurs. « Nous parlons de santé dès que nous le
pouvons. Pour Octobre Rose, nous
organisons du covoiturage jusqu’au cabinet de radiologie. Mais
nos clientes fantasment beaucoup :
elles ont peur d’avoir mal, les plus
jeunes craignent que leurs seins
ne soient écrasés et ne tombent
comme des gants de toilette ! Les
plus âgées qui reçoivent le courrier
du dépistage organisé le mettent
direct à la poubelle tout simplement
parce qu’elles tremblent qu’on leur
trouve “quelque chose”. Elles préfèrent jouer les autruches. »
« Mais il faut arrêter ces c... !,
s’énerve Carole. On guérit un
cancer sur deux et plus de 80 %
des cancers du sein. Encore fautil les détecter à temps ! » élisabeth,
qui a rendez-vous, s’est mêlée à la
conversation, et acquiesce : « Oui,
c’est vrai. Regardez Lynette, dans
les Desperate Housewives, elle a
eu un cancer et elle s’en est sortie !
Bon, c’est une série télé, mais je
sais qu’il y a plein de copines que
ça a fait réfléchir. » Carole s’est
isolée pour parler avec Soraya.
élisabeth et Sophie plaisantent,
une autre cliente venue du •••
ROSE MAGAZINE
39
reportage à marseille
Mme Zohra et mme Halima,
des piliers de l’association Shebba.
Sur le port de l’Estaque, durant une journée
consacrée à la prévention.
Cité de la Busserine
Mais, déjà, Carole change de
barre ; direction la Busserine et
l’association Shebba. Shebba
signifie « belle jeune fille » en
arabe. Peu de jeunes filles dans le
hall encombré de packs de lait (des
colis de l’aide alimentaire), mais
Fatima, une quadragénaire survoltée. Dans la salle des palabres, les
femmes s’inquiètent de notre arri-
vée, de la présence éventuelle d’un
homme. Mais non, juste mademoiselle le « docteur du cancer ».
Ça tombe bien, Leila, qui passait
par hasard, s’inquiète. Sa fille de
dix-neuf ans a trois grosses boules
qui ont « poussé » sous le sein.
« Mais il faut qu’elle coure me voir
à l’hôpital, dès demain ! », insiste
le médecin. « Elle doit y aller, la
petite, c’est dangereux à son âge,
ça va vite la maladie ! », renchérit
madame Zohra, beau visage ridé
sous des voiles multicolores. Ses
deux amies, Mme Halima et Mme
Yamina, acquiescent. « Moi, je file
à la mammo chaque fois que je
reçois le papier du dépistage. Je sais
la chance qu’on a d’être suivies,
en France ! », reprend Zohra. Une
sonnerie de téléphone pétarade.
La septuagénaire sort un iPhone
dernière génération de sous ses
voiles. Il est midi. Dehors, le ciel
vire métallique.
Port de l’Estaque
Le Dr Tarpin reprend la voiture
et se dirige vers l’Estaque. Ruelles
équilibristes, vieilles maisons colorées, au-dessous, le port, la grande
bleue et, au loin, la silhouette
meringuée de Notre-Dame-de-laGarde. On trouve Marie-Hélène
« Lynette, dans Desperate Housewives,
40
ROSE MAGAZINE
Nadia Ben Challal
quartier voisin les rejoint pour
le café et rit à gorge déployée.
à l’ombre de l’unique arbre du
Malpassé, la cigale chantante a de
la concurrence !
et Aliette sur une terrasse bleue
accrochée à une maison décrépie. Un petit morceau de mer au
loin. Des chaises en plastique, des
gobelets avec du jus d’orange,
une femme très voilée, une jeune
beauté aux cheveux blonds Marilyn et à la silhouette de sirène…
Tout le monde a sa place ici. Et
le cancer, on en parle sans tabous.
Farida, la secrétaire générale de
l’association Solidarité féminine
de Riaux, est morte d’un cancer
du poumon. Alors promouvoir le
dépistage, la nouvelle présidente
prend cela comme une mission
personnelle. « Ce n’est pas simple.
Dans le quartier, les filles ont leur
premier gamin à dix-huit ans et
après elles ne voient plus un gynécologue avant quarante ans. On
encourage les femmes, on organise
des minibus pour la mammo, mais
il y en a beaucoup qui ont telle-
ment la trouille qu’elles préfèrent
ne pas y aller », se désole MarieHélène. « Moi, j’en parlais beaucoup avec mes clientes parce
qu’avant de prendre ma retraite
j’avais une boutique de prêt-àporter, renchérit Aliette. Je me
souviens d’une femme qui avait
une grosseur au sein et qui ne
voulait surtout pas “savoir” : la
peur de se faire quitter par son
mari, de traumatiser ses enfants,
inquiéter sa famille… Ce sont les
jeunes filles qu’il faut éduquer à la
prévention. »
Le lendemain, justement, c’est la
grande journée autour de la prévention sur le port de l’Estaque.
Marie-Hélène et Aliette installent
leur stand entre la toile des pompiers et celle du club de ping-pong.
Des adolescentes viennent se renseigner, inquiètes. La veille, elles
ont entendu à la télévision que
le vaccin contre le col de l’utérus
avait provoqué de graves séquelles
chez deux jeunes filles. Premières gouttes de pluie, épaisses
et tièdes. Tout le monde court se
réfugier au café au bord de l’eau :
Azna, Sarah, Marjorie, Malou,
Saliba, Marie-Hélène, Dominique, Pilar… Malou, amère,
raconte son sein perdu et son mari
parti dans la foulée. Dominique
détaille sa semaine d’angoisses
après la biopsie d’une « boule »
– avérée bénigne. Les plus jeunes
écoutent d’une oreille distraite.
Une tumeur du sein leur paraît un
risque bien lointain. En revanche,
le papillomavirus les concerne,
leurs médecins scolaires leur en
ont parlé – Saliba s’est d’ailleurs
fait vacciner l’été de ses seize ans.
Maintenant, avec cette histoire de
fille paralysée après le vaccin, elle
« flippe à mort ».
•••
a eu un cancer, et elle s’en est sortie »
ROSE MAGAZINE
41
reportage à marseille
« Le dépistage pour toutes »
est le leitmotiv de Nora Preziosi,
adjointe au maire.
Le cancer du col de l’utérus et
les modalités de son dépistage
occupent, cet après-midi, les
conversations des femmes à la
cité du Vieux-Moulin. Dans un
appartement prêté par l’association d’alphabétisation du quartier,
un groupe de femmes se retrouve
et grignote des biscuits en attendant « Nora ». Nora, c’est Mme
Preziosi, l’adjointe au maire de
Marseille déléguée à l’action familiale et aux droits des femmes. « Le
dépistage pour toutes » est le leitmotiv de cette élue atypique, née
dans les quartiers les plus durs de
la ville. Un combat en hommage à
sa sœur, emportée par un cancer à
l’âge de trente-cinq ans.
Une entreprise de longue haleine,
car, si le dépistage du cancer du
sein commence à entrer dans les
mœurs, en revanche, le frottis,
la visite chez le gynécologue génèrent encore bien des fantasmes,
l’interdiction des maris, l’opprobre de la famille. « Moi, je me
suis engueulée avec mon frère »,
rigole Amina, jeune membre de
la vaste communauté comorienne
de Marseille. « Je suis arrivée il n’y
a pas très longtemps et j’ai voulu
aller chez un gyné. Mon frère est
venu me pourrir en me disant qu’il
ne fallait pas que j’aille ouvrir
les jambes devant je ne sais qui !
N’importe quoi. Vous savez quoi ?
Les hommes sont jaloux ! Moi,
dans le Coran, je n’ai lu nulle part
que le prophète interdisait aux
femmes d’aller faire un frottis
gynécologique. Bref, je l’ai envoyé
bouler, mon frère. On est en France,
non ? » Nora Preziosi, arrivée pendant la conversation, claque la bise
à toutes et renchérit : « T’as raison,
ma chérie, on est en France. Et
d’ailleurs, l’image de la France, ce
n’est pas une belle femme avec un
sein à l’air ? » éclat de rire généralisé. Nora « tient » son auditoire,
raconte l’imam appelé en renfort
à l’hôpital de la Timone (le plus
grand hôpital de Marseille) pour
expliquer aux femmes que, si c’est
pour leur santé, elles ne doivent
pas craindre de se dévoiler. Une
préoccupation de chaque instant
pour cette fille d’Algériens, mariée
« L’image de la France, ce n’est pas
42
ROSE MAGAZINE
Nadia Ben Challal
Cité du Vieux-Moulin
Les Comoriennes de Marseille,
actives et engagées.
avec un Corse et vivant à Marseille,
« un résumé de la Méditerranée » !
La Méditerranée que défend Nora
Presiozi, c’est celle de la diversité
culturelle, comme du temps de
son enfance ; « sur les parkings,
dans les cages d’escalier, ça causait
français, arabe, italien, espagnol…
Il y avait aussi des Sénégalais, des
Comoriens, c’était gai, mélangé,
on n’était pas malheureux ». La
Méditerranée, c’est surtout une
société où la femme est au centre
de la famille, une femme forte,
présente, volubile. Pas une femme
qui tremble devant l’homme tout-
puissant. Madame l’adjointe au
maire s’inquiète de l’arrivée dans
les cités marseillaises, en provenance directe du bled, de toutes
jeunes femmes effacées, presque
transparentes. « Les hommes vont
choisir des gamines voilées, dans
la campagne la plus paumée. Ils
les ramènent en France. Elles sont
totalement soumises : exploitées par
leurs maris, leurs belles-familles,
elles n’ont aucun autre droit sinon
de faire des enfants et de travailler d’arrache-pied. Comment les
amener à s’occuper de leur santé, à
respecter leur propre corps ? »
Car l’enjeu du dépistage ici est
politique autant que médical.
Une femme qui s’inquiète de sa
santé est une femme qui défend
ses droits dont celui, inaliénable, à
disposer de son corps. Une femme
qui prend le temps de s’occuper
d’elle. Une femme qui ne renonce
pas devant l’accumulation des difficultés d’un quotidien souvent
amer. Le dépistage, c’est, avant
tout, comme le martèlent Nora
Preziosi et le Dr Carole Tarpin,
Sophie Kardous, Marie-Hélène et
Aliette, « une affaire de respect de
céline lis-raoux
soi-même ».
u ne belle femme avec un sein à l’air ? »
ROSE MAGAZINE
43
GUIDE DU DÉPISTAGE
Les sept gestes
qui sau vent
De l’autopalpation au frottis,
en passant par l’échographie,
les armes de détection massive
sont nombreuses et indolores.
Face au cancer, soyez agressive !
Dans le cadre du dépistage individuel, à partir de quarante ans,
n’hésitez pas à faire pratiquer un
examen radio tous les deux ans,
couplé à une échographie dite « de
référence » qui servira de base de
comparaison pour la suivante.
Dans le cadre du dépistage organisé, rendez-vous entre cinquante
et soixante-quatorze ans, tous les
deux ans également. En cas d’antécédent familial de premier degré
(mère, fille, sœur ayant eu un cancer du sein), si une anomalie génétique est avérée (mutation des gènes
BRCA1 ou BRCA2), un dépistage
annuel des seins et des ovaires est
recommandé.
Coût : dépistage organisé gratuit,
dépistage individuel remboursé sur
prescription.
SEIN
la santé au
bout des doigts
a
Avec près de 50 000 nouveaux cas
(+ 2 % par an), le cancer du sein
touche, en France, une femme sur
huit. Détecté à un stade précoce, il
guérit dans plus de 80 % des cas.
Une excellente raison pour ne pas
négliger le dépistage, qu’il soit organisé ou individuel.
Le premier geste préventif reste
l’autopalpation, que l’on peut
commencer dès l’âge de vingt-cinq
ans, chaque mois, à la fin des règles
44
ROSE MAGAZINE
(voir encadré). Mais cette bonne
habitude ne doit en aucun cas se
substituer à un examen régulier
chez son gynécologue.
L’arme absolue contre le cancer
du sein demeure la mammographie, une radiographie spécialisée
qui peut détecter des anomalies
que l’on ne perçoit pas à l’autopalpation. Contrairement aux idées
reçues, il n’existe pas d’âge minimal pour réaliser une première
mammographie, et il est possible
de déceler une tumeur aussi sur un
sein jeune.
Louison Coulom
céline dufranc
1. Debout devant le miroir,
les deux bras le long du corps ou
les mains placées sur les hanches,
observez vos seins de face puis
de profil. Recommencez l’inspection
en levant les bras au-dessus
de la tête. Pressez doucement
le mamelon et vérifiez qu’il n’y a
pas d’écoulement de liquide.
OVAIRE
invisible
péril
La localisation même des ovaires
rend difficile le dépistage précoce
de ce cancer qui touche pas moins
de 4 500 nouvelles femmes chaque
année. De plus, les signes qu’il
provoque sont souvent négligés
ou mis trop rapidement sur le
compte de l’âge : pesanteur dans
le bas-ventre, gonflements, fréquentes envies d’uriner… Tous
ces symptômes doivent vous inquiéter s’ils perdurent plus d’un
mois et vous conduire à consulter. Votre médecin vous prescrira
alors une échographie.
Coût : entre 23 et 28 €, tarif d’une
consultation chez votre gynécologue (sauf dépassement d’honoraires).
“La mammographie
peut aussi détecter des tumeurs
sur un sein jeune”
2. Avec les trois doigts bien à plat,
parcourez votre sein de la partie
externe à la partie interne et vice
versa, en sentant la glande rouler
sous vos doigts.
3. Parcourez votre
sein par des
mouvements
circulaires.
4. Parcourez votre sein de
bas en haut et vice versa.
Vérifiez également la
zone entre le sein et
l’aisselle. À la moindre
anomalie, changement
de consistance
ou en cas de doute,
n’hésitez pas à consulter
votre médecin.
ROSE MAGAZINE
45
GUIDE DU DÉPISTAGE
FROTTIS
RÉGULIERS
Le cancer du col de l’utérus, causé
par un virus appelé papillomavirus
humain (ou HPV), le plus souvent
transmis lors de rapports sexuels,
touche 3 000 femmes chaque année.
90 % de ces cancers pourraient être
évités grâce à un frottis régulier. Un
geste simple, rapide et non douloureux : à l’aide d’une petite spatule,
le gynécologue prélève des cellules
à la surface du col de l’utérus, puis
adresse ce prélèvement à un laboratoire pour lecture et interprétation.
Mieux vaut débuter le dépistage
jeune, à partir de vingt-cinq ans et
jusqu’à soixante-cinq ans (le cancer
du col se développe lentement, en
environ douze ans). Les deux premiers frottis doivent être réalisés à
un an d’intervalle, puis renouvelés
tous les trois ans. Si le cancer du col
de l’utérus se dépiste, il se prévient
aussi, depuis quelques années : un
vaccin protège contre le risque
d’infection par le virus HPV. On le
conseille aux jeunes filles qui n’ont
pas eu de rapports sexuels ou, au
plus tard, dans l’année suivant le
début de leur vie sexuelle.
Coût : 15,40 € pris en charge à
70 % par l’assurance maladie ;
entre 23 et 28 €, dans le cadre
d’une consultation chez votre
gynécologue (sauf dépassement
d’honoraire).
POUMON
NE PAS FUMER
85 % des cancers du poumon sont
dus à la cigarette et ne pas fumer
demeure la meilleure façon de s’en
protéger. Une précaution d’autant
46
ROSE MAGAZINE
plus nécessaire que le cancer du
poumon, longtemps exempt de
symptôme, reste difficile à diagnostiquer précocement. Si vous
avez été exposée à l’amiante ou à
d’autres agents chimiques cancérogènes ou si vous êtes fumeuse, en
présence d’une toux persistante et
anormale, votre médecin traitant
pourra vous prescrire une radiographie ou un scanner thoracique.
Coût : 23 € la consultation chez
votre médecin traitant.
PEAU
SCRUTEZ VOS
GRAINS DE BEAUTÉ
Les cancers de la peau détiennent le
triste record de la plus importante
progression depuis vingt ans (+ 5 à
7 % par an). Pour limiter ce risque,
évitez les expositions prolongées
au soleil, scrutez vos grains de
beauté et consultez régulièrement
un dermatologue.
L’auto-examen visuel de vos grains
de beauté, essentiel à réaliser dès
l’enfance et surtout si vous avez
une peau claire, doit suivre la règle
de « l’ABCDE ». Si l’un d’entre eux
VOTRE DERNIER
RENDEZ-VOUS
dépistage,
C’ÉTAIT
QUAND ?
présente une Asymétrie, des Bords
irréguliers, une Couleur non homogène (un mélange de marron, noir,
rouge ou blanc), un Diamètre en
augmentation, une Évolution de
forme de taille ou de couleur, il faut
prendre un rendez-vous immédiat
avec votre médecin spécialiste.
Coût : entre 23 et 44 €, tarif d’une
consultation chez un dermatologue (sauf dépassement d’honoraires). Un dépistage gratuit est
organisé chaque année au mois
de mai. Pour connaître la prochaine date, consultez le site www.syndicatdermatos.org
PROPOS RECUEILLIS
PAR SANDRINE DUCLOS
PHOTOS THIERRY DAVID
côlon
TEST À RÉALISER
CHEZ SOI
Le cancer colorectal se développe
lentement, le plus souvent à partir de petites lésions nommées
« polypes » qui apparaissent sur la
paroi de l’intestin. Le test Hemoccult, à réaliser simplement chez
vous, permet de détecter des traces
de sang dans les selles. Si une telle
présence est identifiée, une coloscopie permettant de visualiser
l’intérieur de l’intestin vous sera
prescrite pour en déterminer l’origine. On peut ainsi déceler très tôt
la présence de polypes et les retirer
avant qu’ils n’évoluent en cancer.
Coût : gratuit. Le test est à renouveler tous les deux ans, entre cinquante et soixante-quatorze ans.
Votre caisse d’assurance maladie
vous adressera une invitation à
vous rendre chez votre médecin traitant qui vous remettra
l’Hemoc­cult dans une enveloppe.
Louison Coulom
UTÉRUS
MICRO-TROTTOIR BORDEAUX
Sandrine, 40 ans, historienne de l’art
« Il y a deux semaines, une mammographie. Je
suis hyper­attentive car, il y a un an, j’ai senti une
boule dans le sein gauche. L’échographie a révélé
un hamartome bénin. Une semaine plus tard, la
mammo a confirmé le diagnostic. Je savais bien
que je n’avais rien de grave, mais cette semaine
a été la plus longue de ma vie ! Pendant l’examen, je suis tombée dans les pommes, tellement
j’avais peur du résultat. Mais je m’améliore : ma
dernière mammo, je l’ai faite sans m’évanouir !
La prochaine, ce sera dans deux ans, sans faute. »
ROSE MAGAZINE
47
MICRO-TROTTOIR BORDEAUX
48
ROSE MAGAZINE
Barbara, 34 ans, conseiller
financier
« Visite chez le dermatologue il
y a six mois et une mammographie il y a un an. Je fais partie des
groupes “à risque” : ma sœur aînée
a eu un cancer du sein il y a trois
ans, l’année de ses trente-six ans.
Avant ça, je n’y pensais jamais,
mais, depuis, je suis sérieuse, c’est
frottis régulier et autopalpation
attentive tous les mois. Je surveille
aussi ma peau de blonde, criblée
de grains de beauté. »
Annick, 66 ans, sans profession
« J’ai fait une mammographie il
y a un an. Je suis très régulière
dans les dépistages. Je n’oublie
jamais les frottis : tous les deux
ans, depuis que j’ai quarante-cinq
ans. La première fois, c’est mon
gynécologue qui m’en a parlé,
mais j’y étais déjà sensibilisée par
la lecture de la presse féminine. Je
me dis que, s’il y a quelque chose,
mieux vaut le détecter tôt et se
donner le maximum de chances
de guérir. J’ai beaucoup d’amies
qui font l’autruche, et se disent
que ça n’arrive qu’aux autres. Je
trouve cela irresponsable. »
Thierry David
Evelyne, 57 ans, profession
libérale
« Mammographie, en janvier dernier. Ça fait longtemps que je me
fais dépister. Précisément depuis
qu’à trente ans, en vacances, j’ai
palpé une boule dans mon sein.
Sur le coup, pas de panique. à
la fin de l’été, je suis allée voir
mon gynécologue, qui m’a prescrit une mammographie avec un
radiologue précis. Le radiologue
n’était pas là, je suis allée chez un
autre qui n’a rien trouvé. Retour
chez le gynéco qui a insisté pour
que j’aille me refaire un cliché
avec son radiologue. Finalement,
j’ai décroché un rendez-vous et
bingo ! La boule se trouvait bien
là. Rien de grave, mais la leçon est
qu’il faut bien choisir son radiologue et ne pas hésiter à demander un deuxième avis. »
Isabelle, 49 ans, hôtesse d’accueil
« J’ai déjà réalisé plusieurs radios des poumons, non à cause d’une toux
ou d’un râle particulier, mais par précaution. Je suis fumeuse. Et mon
père, qui ne fumait pourtant que très occasionnellement, est mort du
cancer du fumeur. Sinon, je fais du sport, je fais attention à ce que
mange… Le dépistage des cancers fait, pour moi, partie de l’entretien
général du corps. »
ROSE MAGAZINE
49
MICRO-TROTTOIR BORDEAUX
Valérie, 44 ans, professeur
« Je suis la maman d’élisabeth.
Au départ, j’avais des doutes sur
ce vaccin, surtout après ces histoires d’effets secondaires. Mais
quand notre généraliste a posé la
question à ma fille, je ne suis pas
intervenue. Je crois qu’elle a pris
la bonne décision. En ce qui me
concerne, mes derniers dépistages
remontent à septembre 2010, un
frottis et une mammographie. »
50
ROSE MAGAZINE
Thierry David
élisabeth, 15 ans, lycéenne
« Le dépistage, pas encore, mais
la prévention, à fond ! Dans
quelques jours, je vais me faire
vacciner contre le papillomavirus.
J’en ai entendu parler dans les
magazines, et à la télé. On en discute aussi avec les copines. Mon
médecin m’a expliqué comment
ça allait se passer ; mon angoisse
principale était de savoir où on
allait me vacciner, parce que je
pensais que, comme elle évite le
cancer du col de l’utérus, cette
piqûre se faisait dans le ventre.
Mais, en fait, non ! »
MAUD FONTENOY
“le cancer ?
une vague à
surmonter !”
D
Depuis qu’elle est maman, c’est à
Marseille, au plus près de « son »
élément, la mer, que Maud a choisi
d’amarrer sa nouvelle vie. Celle
qui traversa les océans en solitaire et sans assistance continue,
contre vents et marées, à mener
des combats essentiels. Préserver
la planète, protéger les enfants
et… la santé des femmes. Maud
Fontenoy parle, sans tabou, d’un
cancer qui aurait pu ruiner sa vie,
ses aventures, ses espérances. Mais
qu’elle a surmonté sans chavirer.
« On m’a diagnostiqué un cancer
du col de l’utérus en 2006. Trois
52
ROSE MAGAZINE
jours avant le départ pour le tour
du monde que je préparais depuis
dix-huit mois. J’ai eu très peur.
Depuis l’âge de quinze ans, je
rêvais d’avoir un enfant ; j’allais
devoir y renoncer juste parce que
j’avais laissé passer un peu trop
de temps depuis mon dernier frottis ? Impensable ! »
à quelques jours de lever l’ancre
pour une odyssée hypermédiatisée, Maud se fait opérer à La Réunion, dans le plus grand secret.
« Impossible de renoncer, tout
était prêt. Le bateau, l’équipe, les
enfants des écoles qui devaient
Pool AFP/SIPA
Elle a traversé deux océans à la rame.
Bouclé un tour du monde en solitaire.
S’est battue contre les Quarantièmes
rugissants. A vaincu un cancer
à vingt-neuf ans. Et fait un enfant
dans la foulée. La navigatrice ne craint
ni les défis, ni les tempêtes... CÉLINE DUFRANC
suivre mon périple. J’ai choisi de
ne rien dire car les partenaires
financiers m’auraient lâchée s’ils
l’avaient appris. » À peine sortie
de l’hôpital, encore sous le coup
de l’anesthésie générale, la jeune
femme se prête au jeu d’une séance
photos sur le bateau. Et malgré les
mises en garde du chirurgien sur le
risque d’hémorragie, elle prend le
départ. « Cela a été un peu difficile,
les premiers jours, à cause des saignements. Mais j’ai pris ce cancer
comme une étape de ma vie. Une
vague à surmonter. Rien de plus.
J’ai fait ce qu’il y avait à faire.
“Renoncer
à mes rêves
parce que
j’avais trop
tardé entre
deux frottis ?
Impensable !”
Pour ne pas subir, il faut agir. Se
confronter aux choses. Prendre des
risques. Faire barrage à la peur et
aux émotions négatives. »
Ce qui l’a aidée à tenir, seule sur
son bateau cinq mois durant ?
Une volonté farouche de boucler
ce tour du monde, bien sûr, mais
surtout l’espoir ! « Celui d’avoir
un jour un enfant. Au plus fort des
tempêtes, quand la peur de mourir
me hantait, voilà ce qui m’a bien
des fois reliée à la vie. » Le rêve,
elle le réalisera deux ans plus tard.
Mahé naît le 30 juin 2008. « Par
césarienne, parce que mon col •••
ROSE MAGAZINE
53
MAUD FONTENOY
LA RECHERCHE
AVANCE
DE l’espoir
POUR les malades
avait été raccourci par l’opération
que j’avais subie. Mon fils est ma
plus belle victoire. » Désormais,
pour ne pas faillir à son rôle de
mère, Maud ne badine plus avec sa
santé.
E
Entre 10 et 25 % de femmes soignées pour un cancer du
sein sont, aujourd’hui, victimes d’une récidive. Actuellement,
deux indicateurs permettent de savoir si le traitement initial a
été efficace. Le premier, dit « pathologique », consiste, après la
chimiothérapie et avant la chirurgie, à prélever des cellules afin
de dépister la présence de cellules tumorales et observer leur
aspect. Le second indicateur s’intéresse au système immunitaire
de la patiente. Ces deux éléments ne permettent pas, à eux seuls,
de déterminer le risque de rechute. L’équipe du Dr Ghiringhelli,
à Dijon, a eu l’idée de les combiner de façon rétrospective à
partir de l’analyse d’archives de suivis de malades. Résultat : en
« couplant » les scores « pathologique » et « immunologique », il
serait possible d’obtenir un outil prédictif. Les patientes probablement guéries suivraient alors une surveillance minime ;
celles à risque élevé bénéficieraient d’un suivi accru ; pour les
patientes intermédiaires, une surveillance classique. « L’utilisation de ce score "PathImm" doit être évaluée chez des patientes
en traitement afin d’être validée », précise Grégoire Mignot, de
l’équipe du Dr Ghiringhelli (unité Inserm 866), et de permettre
de vivre plus sereinement les suites de l’opération du sein.
La peur ne doit pas
être une excuse
Impossible
de zapper
la case
dépistage !
54
ROSE MAGAZINE
faisait la classe à son équipage de
moussaillons, sur le pont du bateau. L’arrivée sur la terre ferme
à seize ans, le temps de passer
son bac et de ressentir, à nouveau,
l’appel du grand large. L’abandon,
sans regret, de son emploi dans
une agence immobilière, pour
devenir l’incroyable navigatrice
que l’on sait.
Convaincue que la mer fortifie
l’âme et la santé, Maud pousse ces
petits patients à « aller au bout de
leurs rêves. à ne pas renoncer. Je
leur répète de ne laisser personne
leur dire que c’est impossible. En
cela, la mer est un merveilleux
défi, qui leur donne confiance en
eux. Sur un bateau, on ne peut
pas rester les bras croisés ! Tout le
monde travaille ! Et après l’effort,
le réconfort : le spectacle des dauphins et des baleines les passionne !
L’espace d’un moment, ils pensent
à autre chose, et se sentent comme
tous les enfants de leur âge. Juste
des enfants ». écrite en lettres
géantes sur la voile de son bateau,
cette phrase inspirée de SaintExupéry : « Fais de ta vie un rêve
et d’un rêve une réalité. »
céline dufranc
À lire : Mon Bébé écolo et Ma Maison écolo,
éd. du Chêne,
et Le Sel de la vie , J’ai Lu.
Pour signer la charte pour
la protection des océans:
maudfontenoyfondation.com
chimio pendant
la grossesse
Laurent Villeret/Picture Tank
« Depuis cette expérience, impossible de “zapper” la case prévention
et dépistage. La peur ou le manque
de temps ne doivent pas être une
excuse pour remettre son frottis à
plus tard ! Nous avons l’immense
chance en France de pouvoir éviter
ce type de cancer, grâce au vaccin
et à un examen régulier. Ce qui
est loin d’être le cas dans tous les
pays que j’ai pu traverser ! Alors ne
négligeons pas cette opportunité et,
surtout, cessons de nous plaindre.
Il y a des maladies, hélas, pour
lesquelles il n’existe ni vaccin, ni
remède ! »
Pour partager un peu de sa contagieuse soif de vie et de bonheur,
Maud Fontenoy embarque régulièrement sur son monocoque des
enfants malades de cancer. Elle
leur raconte la planète, les océans.
Et la navigatrice raconte bien !
Son enfance sur une goélette ; la
famille qui traversait les mers ; elle,
fillette, et ses deux frères, vivant
nus toute l’année, se nourrissant
de poulpes, poissons-perroquets
ou langoustes… Sa maman qui
Soutenus par l’ARC, des
chercheurs travaillent à améliorer
le quotidien et les chances
de guérison des patients. sarah laîné
Environ mille femmes enceintes
sont touchées chaque année par
un cancer. Pour augmenter leurs
chances de guérison, le réseau Calg
(Cancers associés à la grossesse) centralise les données sur l’efficacité et la
relative innocuité pour le fœtus des
thérapeutiques utilisées », explique
Paul Berveiller, gynécologue et doctorant à l’Inserm. Certaines chimiothérapies ont prouvé leur efficacité
et leur relative sécurité pour le bébé.
En 2010, l’ARC
a financé près de
450 projets pour
un montant
de 31 millions
d’euros
Ultrasons focalisés
Actuellement, seuls 10 à 20 % des
patients atteints de métastases au
foie peuvent bénéficier d’un traitement chirurgical, les atteintes
étant souvent trop nombreuses
ou mal localisées. L’équipe du
Pr Rivoire, chirurgien au centre
Léon-Bérard de Lyon, a mis au
point une nouvelle technique de
destruction par ultrasons focalisés. Si elle est validée et étendue
(probablement courant 2013),
cette technique pourra doubler le
nombre de patients opérables.
Vaccin
thérapeutique
Afin de lutter contre le cancer du
poumon, le plus meurtrier dans le
monde, des chercheurs tentent de
mettre au point un vaccin thérapeutique. « Comme les cellules tumorales déjouent les défenses naturelles
de l’organisme, le but d’un tel vaccin
est d’induire une réponse antitumorale spécifique », explique Fathia
Mami-Chouaib, chercheuse à l’institut Gustave-Roussy. Son équipe,
subventionnée par l’ARC depuis
dix ans, a identifié des antigènes
liés à certains cancers du poumon,
justement reconnus par le système
immunitaire. Des études précliniques prometteuses sont en cours
et permettront peut-être de développer un vaccin curatif, en complément de la chimiothérapie.
arc-cancer.net
ROSE MAGAZINE
55
II. bien préparer son pARCOURS DE SOINS
IV. QU’est-ce qu’un cancer ?
VI. qu’est-ce que la RADIOTHéRAPIE ?
VIII. qu’est-ce quE L’oncoCHIRURGIE ?
X. qu’est-ce que la CHIMIOTHéRAPIE ?
XII. Qu’est-ce qu’un eSSAI CLINIQUE ?
XIV. qu’est-ce qu’une THéRAPIE CIBLée ?
XVI. qu’est-ce quE L’hormonothérapie ?
LEXI
QUE
céline dufranc
dr louis mauriac
ILLUSTRATIONS FRANÇOIS GAULON
DU CANCER
bien préparer SON
Parcours de
Soins
une prise en charge
de qualité
Tout malade peut choisir où il désire être soigné : centre hospitalier universitaire, centre
de lutte contre le cancer, hôpital privé… Le
médecin qui a posé votre diagnostic a dû vous
proposer un lieu ; cela ne vous empêche pas
de vous informer sur l’établissement recommandé, en demandant notamment combien de
patients sont traités pour la même pathologie
que la vôtre. Tout comme vous choisirez votre
centre de soins, vous pouvez également choisir votre chirurgien, votre radiothérapeute ou
votre oncologue. Une relation de confiance
avec l’équipe médicale est essentielle. Savoir quels sont LES
établissements autorisés
à TRAITER un cancer
Actuellement, vous avez l’assurance d’être prise
en charge dans un établissement autorisé à pratiquer la cancérologie. Un centre de soins doit
justifier d’une activité minimale annuelle de
30 interventions pour la chirurgie des cancers
du sein, digestifs, urologiques et thoraciques, et
20 interventions pour la chirurgie des cancers
gynécologiques, ORL et maxillo-faciaux. En
matière de radiothérapie, les centres devront
traiter au moins 600 patients par an, tandis
qu’en chimiothérapie le seuil minimal est fixé
à 80 patients. Pour connaître la liste des 881
établissements : http://www.e-cancer.fr/soins/
offre-de-soins-hospitaliere-en-cancerologie/
cartographie
II
ROSE MAGAZINE
On vous propose un traitement. Vous souhaitez y réfléchir et recueillir un second avis ?
C’est légitime. Votre prise en charge a déjà été
décidée durant une réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP), mais, si vous en faites
la demande, votre dossier pourra être transmis
à la personne de votre choix. Assurez-vous, si
vous désirez recevoir l’avis d’une autre équipe,
que deux ou trois semaines de délai supplémentaire ne compromettront pas la qualité de votre
prise en charge.
L’organisation des soins en France promet une
prise en charge optimale. Vous êtes en droit :
x
 de bénéficier du dispositif d’annonce ; une
« infirmière d’annonce » cernera vos besoins et
vous proposera une palette de soins dans différents domaines (psychologique, physique,
social) ;
x
 de bénéficier d’une concertation pluridisciplinaire, qui garantit que le traitement proposé est
bien le fruit d’une réflexion entre plusieurs professionnels de santé (oncologue, médecin spécialiste
d’organe, chirurgien, radiothérapeute) ;
COMPRENDRE CE QUE
DIT MON MÉDECIN
x
 de recevoir un programme personnalisé
de soins (PPS), qui détaille les traitements proposés et leur calendrier. Il comporte également
un volet social afin de repérer vos difficultés
et proposer un accompagnement. Ce PPS sera
relayé, une fois la phase des traitements terminée, par le « programme personnalisé de l’aprèscancer » ;
Ne vous affolez pas si vous ne comprenez pas le
jargon médical ! En cancéro, la « perf » n’a rien à
voir avec une performance sportive. Le « protocole » ne fait pas référence aux bonnes manières
mais à un document médical planifiant vos
traitements. Être branchée ne signifie pas être
à la mode mais sous « perf » (perfusion, donc).
Les « marqueurs » ne sont pas des stylos, mais
des substances produites par les cellules cancéreuses. Pour vous y retrouver dans le monde
étrange de l’oncologie : Le Cancer pour les nuls,
éd. First, Cancer, toutes vos questions, toutes les
réponses, éd. Marabout, ainsi que les brochures
de l’ARC et de la Ligue contre le cancer à télécharger sur arc-cancer.net et ligue-cancer.net.
x
 d’être informée des référentiels de bonne
pratique clinique, qui indiquent le meilleur
traitement pour une maladie donnée, à un stade
donné ;
x
 d’avoir accès à des soins « de support »
(c’est-à-dire la prise en charge de la douleur, le
suivi nutritionnel, psychologique, l’accès aux
services sociaux et à différents types d’activité,
de la sophrologie à l’auriculothérapie en passant par le yoga) ;
x
 d’avoir accès aux traitements innovants et
aux essais cliniques, en fonction de votre situation.
François Gaulon/DR
Choisir l’endroit
où je vais être soignée
un double avis
Pr Véronique
Trillet-Lenoir
Chef du service d’oncologie
médicale aux Hospices civils
de Lyon, présidente du Conseil
national de cancérologie.
Dr CHRISTINE BARA
Directrice des soins et de la vie
des malades à l’Institut national
du cancer.
ROSE MAGAZINE
III
QU’EST-CE QU’UN
CANCER ?
Comment cela arrive ?
L’histoire de chaque cancer est différente. Il
peut évoluer sur de nombreuses années et, à
un moment donné, se développer rapidement.
Pour commencer, la multiplication de la cellule
à l’origine du cancer donne naissance à un amas
de cellules qui comprime ses voisines, jusqu’à les
détruire. Tant qu’elles restent confinées dans le
tissu où elles sont nées, le cancer est dit in situ. Si
de nouvelles mutations leur permettent d’envahir le tissu environnant, on parle de cancer infiltrant. Quand les cellules cancéreuses se glissent
dans la circulation sanguine ou lymphatique,
elles peuvent se disséminer dans d’autres parties
de l’organisme, parfois très loin de la tumeur
d’origine. On parle alors de métastases.
Où la maladie trouve-t-elle
son origine ?
La maladie est due à plusieurs facteurs. C’est un
« accident » causé par des anomalies qui naissent
sous l’influence de facteurs cancérigènes, comme
par exemple une irradiation, le soleil, les hormones, des substances chimiques présentes dans
les aliments, dans l’air et la cigarette… Dans
5 à 8 % des cas, une prédisposition génétique
IV
ROSE MAGAZINE
Est-ce que le cancer « s’attrape » ?
altère la mécanique normale des cellules et les
empêche de fonctionner harmonieusement (c’est
notamment le cas du cancer du sein et des gènes
BCRA1 et BCRA2).
Non, les cancers ne « s’attrapent » pas, à l’exception de celui du col de l’utérus, causé par la transmission du virus HPV, et de certains cancers du
foie, causés par les virus B et C de l’hépatite, ou
de l’estomac, causés par une bactérie.
Comment parvient-on
au diagnostic ?
Ce n’est jamais facile car de nombreux signes
peuvent annoncer un cancer et, à l’inverse, il peut
être totalement silencieux, sans aucun symptôme.
Il est donc conseillé de consulter dès qu’une
anomalie apparaît (boule dans un sein, grain de
beauté qui change d’aspect, troubles digestifs,
urinaires…). Le médecin dispose d’examens divers : analyses de sang ou d’urines pour rechercher des substances liées à la présence d’une tumeur, mammographie (radiographie des seins),
échographie (examen par faisceau d’ultrasons),
scanner (examen par émission d’un faisceau de
rayons X), IRM (imagerie par résonance magnétique), endoscopie (pour explorer les cavités du
corps à l’aide d’une sonde)… La seule certitude
de diagnostic est la mise en évidence de cellules
cancéreuses au microscope après prélèvement
sur la lésion.
Le stress peut-il provoquer
un cancer ?
Comment détermine-t-on
la gravité du cancer ?
Peut-on guérir d’un cancer ?
Une fois le diagnostic posé, un système de gradation médicale permet d’évaluer le stade de la
maladie en fonction de la taille de la tumeur, de
l’extension ou pas aux ganglions et de la présence
ou non de métastases. Actuellement, on étudie
de plus en plus le comportement biologique de
la tumeur, sa « carte d’identité », en regardant
notamment si l’on est en présence de récepteurs
(œstrogènes, progestérone, HER2 pour le cancer du sein) ou de néovaisseaux, ce qui permettra
un traitement personnalisé.
Non. Jusqu’à présent, les études scientifiques
n’ont pas retrouvé de lien entre stress et survenue
d’un cancer. En revanche, le stress n’améliore pas
la combativité pour lutter contre la maladie ou
gérer au mieux les traitements.
à quoi sont dues les rechutes ?
Parfois, les traitements ne parviennent pas à
tuer la dernière cellule cancéreuse, restée « en
sommeil » et qui va se réveiller. C’est totalement
imprévisible. Une fois le traitement terminé, il
faut se tenir à une surveillance très rigoureuse
(examens cliniques, radios…) afin de dépister
d’éventuelles rechutes : d’abord tous les trois
mois, puis une fois par an, puis tous les deux
ans...
François Gaulon/DR
Dr Orlane Clouet. C’est une maladie née
d’une anomalie, un dysfonctionnement qui
touche certaines cellules de notre organisme.
Celles-ci se multiplient de manière anarchique
et prolifèrent, d’abord localement, créant une
tumeur, puis dans le tissu avoisinant et enfin,
parfois, à distance. Presque tous les tissus de
notre organisme peuvent être affectés par ce
dérèglement dont les causes, les évolutions et
les conséquences sont très diverses. On parle
« des » cancers et non « du » cancer car il en
existe plus d’une centaine, tous différents selon
l’organe qui les abrite, le type de cellules impliquées, le degré d’évolution de la maladie et le
profil de la personne qui en est atteinte.
Le mot de guérison est employé avec prudence,
on lui préfère la notion un peu barbare de
« taux de survie relative à cinq ans ». Les statisticiens estiment en effet qu’un patient ayant eu
un cancer a des chances élevées d’être « guéri »
lorsque, cinq ans après le diagnostic, il retrouve
la même espérance de vie que l’ensemble de la
population d’âge et de sexe équivalents n’ayant
pas eu de cancer. Mais prononcer le terme « guérison », pour certains cancers de bon pronostic,
reste important car cela permet à la patiente de
se reconstruire.
Dr ORLANE CLOUET
Oncologue à l’hôpital
de Saint-Germain-en-Laye,
à Poissy.
ROSE MAGAZINE
V
QU’EST-CE QUe la
RADIOTHÉRAPIE ?
Comment ça marche ?
Vous êtes isolée dans une salle, la partie du
corps à traiter est dénudée. Des rayons X,
des électrons ou plus rarement des protons
sont émis par un appareil à accélérateur de
particules vers la zone à traiter. Les cellules
cancéreuses, ne sachant pas réparer les lésions causées par la radiothérapie, meurent
– alors que les cellules saines ont la capacité
de se réparer.
Est-ce douloureux ?
Non. Le patient ne sent rien durant le traitement.
La radiothérapie est-elle fréquente
dans le traitement de cancers ?
Oui, on y a recours dans 70 % des cas. C’est
un traitement local soit exclusif, soit qui vient
en complément de la chirurgie. L’usage de
la radiothérapie fait baisser de 70 à 80 % le
taux de récidive locale dans le cancer du sein,
par exemple.
À quel moment du traitement
propose-t-on la radiothérapie ?
C’est variable. Elle peut vous être prescrite
comme traitement curatif (pour détruire la
tumeur lorsque celle-ci n’est pas opérable),
comme traitement adjuvant (pour détruire
la maladie microscopique – non détectable),
comme traitement palliatif (pour atténuer la
douleur).
VI
ROSE MAGAZINE
Ils sont variables selon les patients, le volume
du tissu irradié, la localisation de la tumeur et
la dose de rayons administrés. Ils peuvent être
immédiats ou survenir tardivement. Certains
ne ressentiront aucun effet secondaire alors
que, chez d’autres, une rougeur plus ou moins
intense de la peau traitée pourra apparaître au
bout de trois ou quatre semaines. Les autres
effets secondaires varient en fonction de la
zone irradiée : maux de tête ou vomissements
et perte de cheveux si l’on cible le crâne, difficultés à avaler pour la gorge et le cou, douleurs de l’œsophage s’il s’agit du thorax, nausées, diarrhées ou douleurs abdominales pour
l’abdomen.
Comment être sûr que les rayons
ciblent le « bon endroit » ?
Grâce au centrage, qui définit la zone à irradier.
Une fois la patiente installée sur une table, le
radiothérapeute délimite les faisceaux d’irradiation, c’est-à-dire les zones par lesquelles les
rayons vont pénétrer, en dessinant des points de
tatouage sur votre peau. Ensuite, on réalise des
radiographies ainsi que des relevés de contour
sur une feuille de papier (radiothérapie 2D) ou
par coupes avec le scanner (radiothérapie 3D).
Comment détermine-t-on la dose
de rayons ?
Y a-t-il des solutions efficaces
contre ces effets secondaires ?
Grâce à la dosimétrie, les médecins radiothérapeutes et les physiciens déterminent exactement
la dose totale qui est nécessaire dans la région
à traiter. L’administration des rayons est effectuée à une dose fractionnée et identique, chaque
jour, pour laisser le temps aux cellules saines de
se réparer entre deux séances.
Avant tout, il ne faut rien appliquer sans avis
médical. Pour protéger la peau, évitez le soleil
ou le port de tissu synthétique sur la zone traitée
ainsi que parfums, déodorants ou cosmétiques.
En cas d’irradiation de la bouche, votre dentiste
vous conseillera le port de gouttières fluorées
et des bains de bouche fluorés. En fonction des
symptômes, on pourra adapter votre régime
alimentaire (éviter les mets acides, épicés ainsi
que l’alcool et le tabac, faire des repas légers et
fractionnés) et vous prescrire des antiacides, des
médicaments pour éviter de vomir ou des antidiarrhéiques.
Combien faut-il de séances
pour un traitement complet ?
En règle générale, le traitement dure de cinq à
sept semaines à raison de quatre à cinq séances
par semaine (de deux à trois minutes chacune).
Le nombre de séances peut être beaucoup plus
restreint si la radiothérapie est condensée (de
fortes doses en une semaine). La date précise de
fin de traitement ne peut être donnée à l’avance :
elle dépend de la réaction de chacune.
Ce traitement ne rend-il pas le
patient « radioactif » ?
Non ! La radiothérapie ne rend pas radioactif.
Seule la zone malade est irradiée, les rayons traversent le corps mais ne restent pas à l’intérieur.
Il n’y a donc pas de danger pour l’entourage.
Qu’est-ce que la curiethérapie ?
François Gaulon/DR
Dr Céline Bourgier. C’est un traitement locorégional du cancer qui vise à détruire les cellules malades en envoyant des rayonnements
ionisants sur la tumeur, tout en préservant les
cellules saines.
Quels sont les effets secondaires
de la radiothérapie ?
C’est une radiothérapie par voie interne consistant à implanter, durant trois à cinq jours, une
source radioactive (sous forme de billes, de
grains ou de fils) directement dans la zone à
traiter (utérus, bouche, lèvre, sein). Pendant la
période de traitement, le patient est isolé dans
une chambre protégée par des parois de plomb.
La source étant retirée lorsque l’on quitte l’hôpital, plus aucune radioactivité n’est libérée.
Dr CÉLINE BOURGIER
Chef du service de
radiothérapie à l’institut
Gustave-Roussy de Villejuif.
ROSE MAGAZINE
VII
qu’est-ce que
L’oncochirurgie ?
Quel intérêt pour le patient ?
La chirurgie permet d’enlever la tumeur et
de reconstruire en même temps, par exemple
pour la chirurgie du sein, mais aussi de préserver les fonctions d’un organe, comme dans
le cancer colorectal en reconnectant l’intestin
avec l’anus, ce qui est évite aux patients d’avoir
une poche sur le ventre.
Une opération
suffit-elle à nous guérir ?
Oui pour certains cancers diagnostiqués précocement ou pour des lésions précancéreuses
comme un polype du côlon, une tumeur de la
peau, un cancer débutant du sein…
Pourquoi associe-t-on parfois
la chirurgie à d’autres traitements ?
En cas de tumeur trop volumineuse, on prescrit d’abord une chimiothérapie, pour réduire
la taille de la tumeur et permettre une ablation
moins agressive, voire la conservation de l’organe. On peut également associer la chirurgie
VIII
ROSE MAGAZINE
La radiothérapie
peropératoire
à de la radiothérapie, pour détruire les foyers
cancéreux disséminés dans l’organe, ou à une
chimiothérapie, pour éviter le risque de récidive et de métastases.
Quels ont été les progrès récents ?
Aujourd’hui, on essaie au maximum de
conserver l’organe ; la chirurgie devient un
geste intégré dans la dynamique des soins.
Jadis, la mastectomie totale (ablation du sein)
était courante ; aujourd’hui, dans 70 % des cas,
on se contente d’extraire la tumeur (tumorectomie). Pour certains cancers, on bénéficie de
la technique du ganglion sentinelle (premier
relais ganglionnaire qui draine la tumeur), repéré par coloration et radioactivité puis retiré
au début de l’opération. S’il est sain, ce qui
reste le cas le plus fréquent pour des cancers
précoces, on conserve les ganglions et on évite
le curage axillaire (ablation des ganglions sous
les aisselles) qui entraîne un risque de « gros
bras » et de limitation des mouvements de
l’épaule.
Autre progrès, la cœlioscopie, une chirurgie mini-invasive qui permet d’opérer par de
petits orifices guidés par une caméra. Enfin, la
radiothérapie peropératoire offre la possibilité
d’installer tout de suite, dans la cavité ménagée
par la tumorectomie, un appareil délivrant des
rayons (voir encadré), ce qui épargne au patient
des séances de radiothérapie postopératoire.
Dr Françoise Soffray
Chirurgien gynécologueobstétricienne
à la clinique Saint-Martin
de Pessac.
François Gaulon/DR
Dr Françoise Soffray. Quatre personnes
sur cinq atteintes de cancer ont recours à la
chirurgie, l’option la plus simple pour retirer
la tumeur ou l’organe atteint et les ganglions
lymphatiques voisins. On enlève également,
le plus souvent, une marge de tissu sain autour de la tumeur (de quelques millimètres à
quelques centimètres), pour ne laisser localement aucune cellule cancéreuse et diminuer le
risque de récidive. Dans certains cas, l’organe
ou le curage sont immédiatement analysés
au microscope pour savoir si les limites de
l’échantillon ou les ganglions sont sains. Si ce
n’est pas le cas, l’opération devra être étendue.
Dr Hubert Crouet
Chirurgien gynécologue
au centre François-Baclesse
de Caen.
Proposée depuis 2009, cette nouvelle approche
thérapeutique contre le risque de récidive du
cancer du sein permet d’effectuer chez certaines
patientes un traitement de radiothérapie en une
seule fois, en même temps que la chirurgie.
Plutôt que d’irradier l’ensemble du sein pendant plusieurs semaines, la radiothérapie peropératoire consiste à cibler le site de la tumeur
juste après son ablation. Dans la pratique, les
chirurgiens ôtent la tumeur puis irradient la
cavité laissée par celle-ci, grâce à un accélérateur
d’électrons. Une seule séance est nécessaire.
Dispensée dans quatre centres en France, cette
radiothérapie peropératoire n’est aujourd’hui
réservée qu’à certaines patientes, âgées de plus
de 60 ans et ayant un cancer du sein de «bon
pronostic». Problème : la technique aujourd’hui
employée ne permet d’avoir accès qu’à une zone
limitée à quelques centimètres de profondeur.
Pour accéder à des profondeurs plus impor­
tantes, les machines actuelles deviendraient
trop encombrantes au regard des dimensions
des salles d’opération.
« En collaboration avec des collègues italiens et
ceux du plateau de Saclay, nous avons montré
qu’il est possible de produire une source d’électrons par laser ayant des caractéristiques très
semblables, mais permettant d’utiliser de plus
hautes énergies avec un encombrement réduit »,
explique Sandrine Dobosz Dufrénoy, chercheuse au Commissariat à l’énergie atomique et
aux énergies alternatives (CEA). Des recherches
prometteuses, financées par l’Association pour
la Recherche sur le Cancer (ARC) et qui pourraient aboutir à une alternative potentiellement plus compacte et moins onéreuse que les
machines traditionnelles. sarah lainé
ROSE MAGAZINE
IX
QU’EST-CE QUe la
CHIMIOTHÉRAPIE ?
Quand y a-t-on recours ?
Elle est proposée soit avant une chirurgie –
chimiothérapie néo-adjuvante – afin de diminuer la taille de la tumeur et faciliter l’opération,
soit après une chirurgie – chimiothérapie adjuvante – pour diminuer les risques que le cancer
ne revienne localement ou à distance, soit pour
traiter des métastases.
Est-ce un traitement sur mesure ?
Oui, car les médicaments utilisés sont choisis en
fonction de votre type de tumeur, de sa localisation, du stade de développement des cellules
cancéreuses et de votre état général. Votre proto­
cole de chimiothérapie pourra comporter un ou
plusieurs médicaments, ayant des actions différentes sur le cycle cellulaire. Ces médicaments
sont issus de végétaux ou produits par synthèse.
Quand plusieurs protocoles sont possibles, ils
vous sont expliqués, et le choix est fait avec vous.
Combien de temps cela dure-t-il ?
La durée de la cure est très variable. Le rythme
des administrations dépend du protocole proposé et de la raison pour laquelle elle est administrée. En prévention du risque de récidive métastatique, un traitement dure en moyenne quatre à
six mois (une cure toutes les trois semaines pour
laisser le temps à l’organisme de récupérer).
Dans certains protocoles, les chimiothérapies
peuvent s’administrer toutes les semaines. La
durée n’est pas proportionnelle à la gravité de la
maladie.
X
ROSE MAGAZINE
Quelles précautions sont à prendre
avant le traitement ?
Comment lutter contre ces effets
indésirables ?
Une prise de sang vous renseignera sur le taux
de globules blancs, rouges et de plaquettes mais
aussi sur le fonctionnement d’organes essentiels
pour le métabolisme, comme le foie et le rein.
Parfois, une échographie, une radiographie des
poumons, une échographie ou une scintigraphie
cardiaque sera réalisée avant votre première cure.
Il est important d’agir de manière préventive et
d’aborder le sujet avec votre équipe, qui propo­
sera une prise en charge spécifique. D’abord,
pensez à consulter un dentiste. Il établira un
bilan global et il vous prescrira des bains de
bouche afin d’éviter les aphtes et les mucites.
Pour limiter la chute des cheveux, qui n’est pas
systématique, le casque réfrigérant est efficace à
condition qu’il soit changé régulièrement (environ toutes les vingt minutes). Pour se préparer à
la chute, sachez qu’elle survient une quinzaine
de jours après le début du traitement et qu’elle
peut concerner les cils, les sourcils et les poils.
Contre les nausées et les vomissements, on dispose de médicaments prescrits avant la perfusion,
voire d’anxiolytiques si vous êtes angois­sée. On
parvient ainsi à soulager 80 % des patients. On
peut prévenir la constipation et la diarrhée grâce
à des règles diététiques et à des médicaments.
Contre la fatigue et les modifications de la formule sanguine, il existe des facteurs de croissance, sortes d’hormones de la moelle osseuse
qui l’aident à se reproduire plus vite.
Comment sont administrés
les médicaments de chimiothérapie ?
La plupart des médicaments se présentent sous
forme liquide injectée dans les veines. La perfusion peut durer de trente minutes à trois heures,
durant lesquelles vous serez installée dans un
fauteuil ou dans un lit. Pour préserver vos veines,
on pourra vous implanter sous anesthésie locale,
dans une veine du cou ou du haut du thorax, un
cathéter, ou chambre d’injection implantable.
75 % des chimiothérapies sont administrées en
hôpital de jour, ce qui permet de rentrer ensuite
chez soi. Selon les médicaments, elles peuvent
aussi être prises sous forme de comprimés, à
domi­cile, sous la surveillance d’une infirmière,
ou, plus rarement, par injection intramusculaire.
Les médecines complémentaires
aident-elles à mieux
supporter ce traitement ?
Pourquoi ce traitement provoquet-il des effets secondaires ?
Parce qu’il ne sait pas faire la différence entre
une « bonne » et une « mauvaise» cellule. Les
produits, très actifs, agissent sur les cellules cancéreuses mais également sur celles, normales, de
la peau, des cheveux, de la moelle osseuse. D’où
la perte des cheveux, les nausées… Ces effets
secondaires existent, mais ne sont pas systématiques (tout dépend du médicament et de la
tolérance de chacune), et surtout restent temporaires.
François Gaulon/DR
Dr Florian Scotté. C’est un traitement médicamenteux dont l’objectif est de détruire les
cellules cancéreuses. Selon les molécules utilisées, elle peut empêcher la division cellulaire ou
bloquer la croissance des cellules.
Oui, mais en aucun cas elles ne remplacent
les traitements conventionnels. L’acupuncture,
l’auriculothérapie, l’homéopathie, la sophrologie, l’hypnose, la réflexologie plantaire agissent
efficacement contre les nausées, certains types
de douleurs, l’anxiété, la fatigue... Ces thérapies
existent dans de nombreux services pour vous
aider à mieux supporter les symptômes de la
maladie et les effets secondaires des traitements.
Dr FLORIAN SCOTTé
Oncologue à l’Hôpital
européen Georges-Pompidou,
à Paris.
ROSE MAGAZINE
XI
QU’EST-CE QU’un
ESSAI CLINIQUE ?
si elle est supportée chez l’homme. On administre de toutes petites doses, que l’on augmente
progressivement selon les réactions des patients.
Ces essais de phase « une » s’adressent à des
malades auxquels on n’a pas d’autre traitement
actif à proposer.
Tout le monde peut-il participer
à un essai ?
 En phase 2, une fois la dose optimale déter­
minée, les médecins évaluent l’efficacité du
traitement et observent les bons et les mauvais effets de cette molécule. L’équipe délimite
les cas de cancers où le traitement « répond » :
pour pérenniser un essai, il faut que 50 % des
malades répondent bien et que l’on observe une
régression de la maladie d’au moins 50 %. Le
nombre de malades nécessaires pour que l’essai
soit probant est calculé au préalable par des
statisticiens.
En participant à un essai,
a-t-on un meilleur traitement ?
Un médecin que l’on appelle « investigateur
de l’essai ». Il propose au patient de participer
à l’essai, lui fournit les explications nécessaires
et le suit durant toute la durée de l’étude. Au
cours de l’essai, le patient sera entouré d’une
équipe disponible pour l’informer, l’écouter,
répondre à ses questions.
 En phase 3, lorsqu’un traitement a apporté des bénéfices confirmés, on détermine s’il
est plus efficace, mieux toléré que les traitements standard. Cette comparaison s’effectue
lors d’un essai randomisé, c’est-à-dire que les
patients sont tirés au sort par ordinateur. On
constitue deux groupes auxquels on administre
soit le traitement de référence, soit la nouvelle
molécule, et l’on observe les résultats. Ces essais
nécessitent l’inclusion d’un grand nombre de
malades (plusieurs milliers) pour vérifier qu’il
existe une différence réelle entre les traitements.
Comment se déroule un essai ?
Que se passe-t-il ensuite ?
En France, tout participant à un essai clinique
est protégé par la loi Huriet-Sérusclat de 1998,
qui assure au maximum les droits des patients.
Par exemple, l’obligation de recueillir un
consentement libre, écrit et éclairé du patient,
l’existence d’un délai de réflexion avant qu’il ne
soit inclus dans l’essai, la possibilité de pouvoir
s’en retirer à tout moment, d’être indemnisé en
cas de dommage, d’être informé des résultats.
La Ligue contre le cancer a, en 1998, mis en
place un comité de patients pour la recherche
clinique : il s’agit d’un groupe d’une cinquantaine de patients ou proches ayant vécu l’expérience d’un cancer. Ils relisent, critiquent et
commentent les essais cliniques de cancérologie.
à quoi servent-ils ?
Encadrés par des règles scientifiques, éthiques
et réglementaires, ils permettent d’évaluer de
nouveaux médicaments ou associations de
médicaments, de nouvelles façons de les administrer, ainsi que des techniques novatrices de
traitement (chirurgie, radiothérapie…) ou de
diagnostic (test biologique).
Qui est à l’initiative
d’un essai clinique ?
C’est le « promoteur » de la recherche, le plus
souvent un laboratoire pharmaceutique, mais il
peut s’agir aussi d’une personne morale, comme
une université, une institution de recherche,
privée ou publique, la fédération des centres de
lutte contre le cancer, l’Inserm...
Qui mène l’essai clinique ?
En trois phases. Il faut trois à dix ans avant que
les résultats ne soient publiés et qu’une molécule n’obtienne l’autorisation de mise sur le
marché.
x
 En phase 1, on en évalue la tolérance. Les
chercheurs ont déjà prouvé l’efficience d’une
molécule sur un animal, il faut donc observer
XII
ROSE MAGAZINE
Non. Chaque essai répond à un objectif précis,
c’est pourquoi on proposera à certains malades
de participer, en fonction, par exemple, du type
ou de la taille de leur tumeur.
x
Cela permet d’avoir accès aux traitements les
plus innovants et ne constitue jamais une perte
de chance par rapport au standard. Si vous refusez de participer à l’essai clinique qui vous est
proposé, cette décision sera sans conséquences
sur la prise en charge de votre maladie, ni sur
la qualité des soins qui vous seront prodigués.
Qu’est-ce qui garantit
que l’on ne servira pas de « cobaye » ?
x
Si les résultats de ces essais sont en faveur du
nouveau traitement, on constitue un dossier
d’enregistrement qui sera soumis aux autorités
de santé afin qu’elles délivrent l’autorisation de
mise sur le marché (AMM). Ensuite, on étudie la pharmacovigilance, c’est-à-dire les effets
secon­daires du traitement qui n’auraient pas été
mis en évidence. C’est l’essai de phase « quatre ».
François Gaulon/DR
Dr Françoise May-Lévin. C’est une étude
scientifique destinée à évaluer l’innocuité et
l’efficacité d’une méthode diagnostique ou d’un
traitement.
POUR EN SAVOIR PLUS
notre-recherche-clinique.fr, site du Centre national
de gestion des essais de produits de santé.
Dr FRANçOISE MAY-LéVIN
Cancérologue, conseiller
médical à la Ligue contre le
cancer, ancien chef de service
à l’institut Gustave-Roussy.
ROSE MAGAZINE
XIII
QU’EST-CE QU’UNE
THÉRAPIE
CIBLÉE ?
Dr Joseph Gligorov. Une thérapie ciblée est
un médicament « sélectif » qui s’attaque aux
cellules cancéreuses en repérant chez elles une
cible précise (récepteur, gène ou protéine) et en
épargnant au maximum les cellules saines.
Quels sont les mécanismes
d’action ?
Ils sont divers, mais on peut distinguer deux
approches. L’une consiste à « cibler » la cellule
cancéreuse, l’autre tout ce qui aide la cellule à
survivre et assure son « ravitaillement ». Ainsi,
on distingue des cibles cellulaires cancéreuses
qui sont soit des récepteurs (à la surface ou non
des cellules), soit des constituants de la cellule
impliqués dans les mécanismes de prolifération
ou de résistance aux défenses de l’organisme
contre ces cellules. On distingue également
des cibles de l’environnement des cellules cancéreuses, visant à modifier « l’écologie » de la
tumeur et entraîner sa destruction en rendant le
milieu où elle prolifère impropre à sa survie. Au
gré des découvertes, de nouvelles cibles sont
identifiées et des thérapies développées.
Quelles sont les thérapies ciblées
utilisées actuellement ?
Il y a deux grandes familles de médicaments. La
première famille regroupe des anticorps spécifiques, dits « anticorps monoclonaux », dirigés
contre une « cible » qui peut être un récepteur à
la surface des cellules. L’anticorps monoclonal
va se fixer sur le récepteur et freiner la multiplication des cellules tumorales. Ainsi, le trastuzumab (Herceptin®) est un anticorps monoclonal
anti-récepteur HER2 utilisé avec une grande efficacité dans certaines formes de cancers du sein
plus agressifs. Il s’adresse à environ 20 % des patientes, qui présentent une surexpression de ces
récepteurs (HER2) sur leurs cellules cancéreuses.
XIV
ROSE MAGAZINE
Sont-elles moins toxiques
que les chimiothérapies classiques ?
Chez les femmes opérées, il permet de réduire
de moitié le risque de rechute, et pour celles qui
ont des métastases, il prolonge et améliore la vie.
D’autre cancers (digestifs, ORL ou lymphomes)
bénéficient également des avancées des anticorps
monoclonaux. La cible peut être aussi une molécule qui se fixe sur certains récepteurs, empêchant ainsi leur stimulation. Cette approche est
utilisée pour « asphyxier » les tumeurs en empêchant la formation des vaisseaux tumoraux qui
alimentent les cellules cancéreuses en oxygène,
sucre... Le bevacizumab (Avastin®) est un traitement de ce type dit « antiangiogénique » dont
la cible est commune à différents cancers (colon,
poumon, sein, ovaire ou rein) puisqu’il vise l’environnement tumoral.
La seconde famille est constituée de petites molécules « inhibitrices » qui entrent dans la cellule et
agissent comme un « grain de sable » empêchant
un rouage de tourner. Elles ont des propriétés
inhibitrices vis-à-vis des « tyrosines kinases » (enzymes), ce qui a révolutionné la prise en charge
de certains cancers. Ainsi, depuis la fin des années
1990, grâce à l’imatinib (Glivec®), de nombreux
patients atteints de leucémie myéloïde peuvent
vivre avec une maladie devenue chronique alors
qu’auparavant cette affection était presque toujours mortelle. Ces petites molécules peuvent
également cibler d’autres récepteurs, expliquant
que l’on ait aussi des médicaments anti-HER2
(lapatinib ou Tyverb®) ou antiangiogéniques qui
ciblent les récepteurs sur les vaisseaux tumoraux.
Dr Joseph gligorov
Oncologue à l’Hôpital Tenon
à Paris.
Elles exposent moins au risque de nausée,
vomissement, alopécie, mais elles ne sont pas
dénuées de toxicité. Si les cibles sont présentes
dans la tumeur, elle peuvent également l’être
dans des organes sains et ceci explique que
les toxicités sont variables d’un médicament à
l’autre (éruptions cutanées, diarrhées, effets secondaires cardiaques, neurologiques imposant
une surveillance). Les effets positifs sont bien
supérieurs aux négatifs. Les traitements permettent de contrôler la maladie et améliorent
durée et qualité de vie. On peut les administrer plus longtemps que les chimiothérapies et
adapter leur rythme en fonction des toxicités.
A-t-on bien accès à ces thérapies ?
Oui lorsque les médicaments ont reçu une
autorisation de mise sur le marché. Vingt-huit
plateformes hospitalières de génétique moléculaire du cancer ont été créées par l’Inca pour
réaliser des tests molléculaires et permettre aux
malades d’accéder à un traitement personnalisé.
De nombreuses thérapies ciblées sont en cours
de développement clinique et des équipes proposent à leurs patients de participer à des essais
pour bénéficier bien avant l’AMM d’une véritable innovation thérapeutique.
Demain, existera-t-il une thérapie
capable de cibler chaque tumeur ?
Les thérapies ciblées modifient nos concepts de
traitement avec l’accès à une médecine personnalisée. La liste des médicaments ne cesse de s’accroître, avec une dizaine de molécules prescrites
et des centaines en cours de développement, qui
permettront de traiter un plus grand nombre de
cancers. Dans quelques années, chaque patient
aura son traitement « sur mesure », décidé en
fonction de la carte d’identité génétique de sa tumeur. Ces traitements permettront à de plus en
plus de personnes de mieux vivre avec la maladie
et ouvriront, dans certains cas, de nouvelles perspectives de guérison.
ROSE MAGAZINE
XV
QU’EST-CE QUe
l’hormonothérapie ?
Dr Louis Mauriac. C’est un traitement médi­
camenteux du cancer du sein prescrit dans le
cas de tumeurs hormonodépendantes (70 % des
cas) afin de bloquer l’action des œstrogènes sti­
mulant les cellules cancéreuses. Le médicament
se fixe sur les récepteurs hormonaux, prend la
place des hormones et les empêche d’agir.
(hormonothérapie palliative), pour contrôler la
maladie et prolonger la durée de vie, jusqu’à une
dizaine d’années chez certaines. En dernier lieu,
à titre préventif (une étude américaine montre
qu’en prescrivant une molécule de la famille des
antiaromatases à des femmes saines, on rédui­
sait le risque de cancer du sein de 65 %).* Comment sait-on que l’on souffre
d’un cancer « hormono-sensible » ?
Quels sont les effets secondaires ?
Quels sont les divers traitements ?
Il existe trois formes d’hormonothérapie, qui
ont des mécanismes d’action différents. La pre­
mière vise à supprimer l’activité ovarienne chez
des femmes non ménopausées, soit en bloquant
cette activité par des injections d’agonistes de
la LH/RH (hormone du cerveau), comme le
Decapeptyl®, le Zoladex®... soit en enlevant ou
irradiant les ovaires. La seconde va bloquer le
récepteur aux œstrogènes par voie orale (tamo­
xifène) ou par voie intramusculaire (fulvestrant)
avec des anti-œstrogènes. La troisième vise à
bloquer l’enzyme (aromatase) qui maintient,
chez les femmes ménopausées, une faible sécré­
tion d’œstrogènes (Arimidex®, Femara®...).
60. les mots pour le dire
Le terme « cancer » est certes difficile à entendre. Mais aussi à lancer.
Que dire à ses proches, ses enfants ? Que taire ? Témoignages et conseils.
66. Le bêtisier du cancer
Florilège des petites phrases bêtes et marrantes comme autant de perles
(d’humour) noires. Parce que mieux vaut en rire...
70. Avec la malade, une relation à double sens
Mari, enfants, proches sont tous chamboulés par la maladie. Mais prompts
à aider, soutenir, rassurer. Quel rôle jouent ces « aidants » ? Quelle « bonne
distance » instaurer avec eux ? Enquête.
20 à 30 % de femmes refusent
ou interrompent leur traitement
Il faut bien peser le ratio bénéfice/risque : s’il y
a risque métastatique, l’hormonothérapie offre
une chance de guérison supplémentaire. Dans
des cas moins graves, on peut transiger sur la
durée : passer de cinq à trois ans, même si cela
représente une perte de chances de 1 à 2 %.
face aux
AUTRES
*Asco juin 2011 : MAP 3 (Mammary Prevention Trial).
On a recours à l’hormonothérapie pour faire
diminuer la taille de la tumeur et faciliter la
chirurgie (hormonothérapie néo-adjuvante).
On utilise également le tamoxifène et les antiaromatases dans le cas de cancers métastasés
2
ROSE MAGAZINE
Dr LOUIS MAURIAC
Oncologue médical
à l’Institut Bergonié,
centre de lutte contre le cancer
de Bordeaux.
DR
Quand utiliser l’hormonothérapie ?
Getty Images
Lors du diagnostic initial, on recherche la pré­
sence de ces récepteurs au cœur de la cellule
tumorale. Lorsque le résultat est positif, on peut
proposer un traitement hormonal pour diminuer
les risques de récidive locale dans le sein opéré,
d’atteinte de l’autre sein, ainsi que de métastase.
Sous tamoxifène, outre parfois des bouffées de
chaleur et une prise de poids, il existe un risque
d’épaississement de l’intérieur de l’utérus
pouvant provoquer des saignements, une faible
augmentation des cancers de l’endomètre et des
troubles du cycle chez les patientes jeunes.
Sous antiaromatases, on peut avoir des douleurs
articulaires et musculaires, ainsi qu’un risque
accru d’ostéoporose. Avant le début du traite­
ment, une ostéodensitométrie osseuse est effec­
tuée pour évaluer la densité osseuse, le risque
de fracture et proposer un traitement si besoin.
ROSE MAGAZINE
3
ANNONCER LA MALADIE
Après le choc de l’annonce par
le médecin vient le moment d’aborder
la maladie avec l’entourage.
Avec qui en parler ? Comment ?
Analyse et conseils.
nathalie ferron
LES MOTS
POUR
LE DIRE
60
ROSE MAGAZINE
ses états d’âme. » Peur de blesser
ses proches, de les inquiéter,
d’avoir à supporter leurs réactions et leur anxiété. Mais aussi
crainte d’être abandonné, de ne
plus être aimé et accepté... Quantité d’émotions et de sentiments,
parfois ambivalents, compliquent
une situation déjà très difficile à
vivre pour le malade. Certains, du
coup, préfèrent se taire. « Ce qui
était important pour moi, c’était
d’éviter le pathos et les réactions
de type “Qu’est-ce que ça va être
difficile pour vous…” », raconte
Caroline, atteinte d’une récidive
de cancer du sein.
Pour Isabelle Moley-Massol,
psychanalyste et psycho-onco-
Un sentiment
de libération
logue, il n’y a pas de façon idéale
d’annoncer sa maladie : « On ne
peut pas généraliser, dire ce qui
est bien ou pas. La décision d’en
parler est fonction de la nature
des relations amicales et familiales du patient. » Vis-à-vis de
l’entourage amical, par exemple,
Getty Images
B
Bénédicte n’a pas attendu d’être
rentrée chez elle pour appeler sa
sœur, au courant des examens
qu’elle devait passer dans la matinée. « écoute, je sors tout juste
de chez le médecin. Voilà : j’ai
un cancer du col de l’utérus. »
Quelques mots lancés à la volée.
Sans ménagement. Avec sa sœur,
Bénédicte savait qu’elle ne serait
pas obligée de prendre des gants.
Mais avec les autres, son père, son
mari, ses deux enfants, elle a eu
plus de mal. « C’est très compliqué de savoir s’il faut le dire ou
non. J’ai mis du temps à en parler
à mon père, par exemple, parce
que c’est quelqu’un de très négatif. Je ne voulais pas avoir à gérer
de toute façon impliqués dans la
maladie. Ils ont donc besoin d’une
information adaptée pour pouvoir
“faire avec”. » Au lieu de protéger, le silence risque donc bien
souvent d’abîmer la relation. Il
peut même s’avérer ravageur.
Dans un couple, par exemple,
ne pas évoquer sa maladie sera
forcément source de lourds malentendus. Et, d’une manière plus
générale, le mensonge ou le silence
pourront être interprétés comme
une forme de trahison. Même
un employeur, tenu à l’écart de
l’information, aura tendance à
vivre ce mensonge par omission
comme une perte de confiance.
on n’est pas obligé de tout dire.
« Le malade peut avoir envie de
garder le silence pour se protéger,
du moins dans un premier temps »,
souligne le Dr Moley-Massol.
En fait, c’est surtout envers les plus
proches que le problème se pose.
« Ne rien dire relève-t-il du men-
songe ? », s’interrogent certains
malades. « L’annonce de la maladie peut-elle altérer la relation ? »
La vraie question, pour la thérapeute, est la suivante : « Comment
rester dans un lien authentique en
taisant un événement de vie aussi
important ? Car les proches sont
Autre conséquence douloureuse
du silence : il prive le malade
d’une aide potentielle. « Ce qui est
compliqué, c’est qu’on veut préserver son entourage, n’inquiéter
personne, mais, en même temps,
on a besoin de soutien », reconnaît
Caroline. Avec le recul, toutefois,
elle ne regrette pas de s’être livrée
à sa famille et à ses amis : « Cela
a été un énorme sentiment de
libération. Après, tout le monde
m’a soutenue et motivée. » Rien
d’étonnant, au fond, car dans l’adversité il arrive que les proches
sachent faire preuve de •••
ROSE MAGAZINE
61
ANNONCER LA MALADIE
Laisser passer
le choc
En revanche, là où l’hésitation
n’est pas de mise, c’est à l’égard
des enfants. « Ils ont besoin que
le parent souffrant leur adresse
une parole vraie car ils ressentent
toutes les émotions et perturbations engendrées par la maladie »,
rappelle lsabelle Moley-Massol.
Leur cacher la maladie pourrait
avoir des effets dévastateurs sur
leur construction psychique et
leur avenir (voir interview). Pourtant, on s’en doute, prononcer le
mot « cancer » devant ses enfants
est extrêmement compliqué. « Je
leur ai dit que j’avais un bobo au
sein et que je devrais faire quelques
dodos à l’hôpital. Je leur ai mon62
ROSE MAGAZINE
La psychanalyste Nicole Landry-Dattée anime des groupes de
soutien aux enfants de parents malades à l’institut Gustave-Roussy,
à Villejuif. Entretien. propos recueillis par nathalie ferron
Rose Magazine. Pourquoi est-ce
si important de parler de sa maladie
aux enfants ?
Nicole Landry-Dattée. Il faut toujours
tré le pansement mais je n’ai pas
voulu leur en révéler davantage
pour ne pas les angoisser », raconte
Caroline. « Je ne leur ai pas dit la
vérité, c’était au-dessus de mes
forces, explique Bénédicte. Mais
je ne voulais pas qu’ils sentent
que je leur cachais quelque chose.
Comme j’avais des problèmes de
dos, je leur ai dit : “Le docteur a
trouvé la maladie de maman. On
va bien me soigner, mais ce sera
peut-être long”. »
Étape clef, le discours du médecin influencera lui aussi la manière dont le malade évoquera
à son tour la maladie. « Des
études ont montré que le patient
avait tendance à reproduire avec
ses proches le mode d’annonce
que lui-même avait reçu de
son médecin », souligne Isabelle
Moley-Massol.
Un conseil peut tout de même
être donné au malade : attendre
que le choc de l’annonce se soit
annoncer le diagnostic à ses enfants, même à un
bébé de trois jours ou d’un an car l’angoisse circule
et les enfants la ressentent toujours. Ils se rendent
compte qu’il se passe quelque chose : les parents ne
travaillent plus, ils sont moins disponibles, se sentent tristes ou fatigués… Bien souvent, les parents
croient protéger leur enfant en se taisant mais c’est
un leurre ! Le silence est au contraire très violent
pour l’enfant. Quand elle est verbalisée, l’angoisse
s’atténue. Par ailleurs, l’enfant se sentira autorisé à
parler de ce qu’il ressent et à poser des questions.
un peu dissipé avant de parler à
sa famille. Il convient de préparer
l’entourage en donnant une information progressive, pas à pas, qui
ouvre sur un espoir réaliste. Dans
cette perspective, insister sur la
qualité des soins est essentiel.
Les proches se sentiront davantage rassurés si le malade s’estime
pris en charge par une équipe
médicale compétente.
nathalie ferron
Quelles conséquences le silence
peut-il avoir sur l’enfant ?
Les enfants se construisent sur la confiance. Si l’enfant découvre qu’on lui a menti, la confiance qu’il
investit dans les adultes va s’écrouler. Or, un enfant
a besoin de gens forts pour s’appuyer sur eux. Il a
besoin de cette illusion-là pour se construire. Si on
n’en parle pas ou s’il découvre que ses parents lui
ont menti, il perdra confiance dans les adultes, dans
la vie et en lui-même. Il pourra se sentir tellement
abusé qu’il ne croira plus en rien. Cela peut entraîner un état de dépression infantile avec des troubles
du sommeil et du comportement, par exemple.
Getty Images
générosité, de solidarité et aussi
d’empathie !
D’autres éléments influencent
aussi la manière dont la personne malade va informer son
entourage. Un avis de récidive,
par exemple, sera certainement
plus difficile à dire et à recevoir
qu’une annonce de premier épisode. Le type de cancer entre également en ligne de compte : « Cela
aurait sans doute été plus difficile
pour moi si j’avais été touchée par
un cancer du poumon, du cerveau ou du pancréas », reconnaît
Bénédicte. Enfin, la trajectoire
personnelle du patient, les circonstances dans lesquelles la
maladie se déclare, mais aussi sa
personnalité, sociable et spontanée ou au contraire indépendante
et introvertie, influenceront de
manière significative sa décision
de parler ou de se taire.
“Le silence
est très violent
pour l’enfant”
à quel moment en parler aux enfants ?
Quand le parent malade a lui-même un peu assimilé
la nouvelle. Si les parents en parlent avant, ce sera
une onde de choc pour l’enfant. S’il y a plusieurs
enfants, le mieux est de choisir un moment où tous
sont réunis pour que l’un d’eux ne soit pas le seul à
ne pas savoir. Après, on peut adapter son discours
à l’âge des enfants et en discuter différemment avec
chacun.
Comment parler du cancer
aux enfants ?
On peut partir de ce que l’enfant sait : « Tu sais
que maman est à l’hôpital... » et lui dire les choses
progressivement. Voici une manière d’aborder les
choses : « J’avais une boule au sein. On pense qu’il y
a des cellules qui ne sont pas très bonnes. On craint
fort que cela soit un cancer. On attend les résultats.
Tout le monde fait tout ce qu’il peut pour me soigner. » On peut aussi se servir d’un livre adapté aux
enfants qui aborde ce sujet. Parfois, cela peut aussi
aider d’amener l’enfant à l’hôpital. Le fait de voir
qu’on soigne son papa ou sa maman va le rassurer.
Ce qui est violent pour lui, c’est que les choses ne lui
soient pas expliquées ouvertement.
Quels sont les pièges à éviter ?
Ne pas aller au-delà des questions que pose l’enfant
et trop en dire. Il est inutile d’entrer dans le détail,
dans les résultats d’analyse, les marqueurs, par
exemple. Etre authentique, ce n’est pas tout dire,
mais ne rien cacher de ce qui concerne l’enfant. Et
bien sûr, bannir toute forme de chantage avec des
phrases telles que : « Si tu travailles bien à l’école ou
si tu pries très fort, maman va guérir. »
ROSE MAGAZINE
63
ANNONCER LA MALADIE
À Lire en
famille
Les parents ont parfois du mal à parler du cancer
avec leurs enfants. Quelques livres peuvent les aider.
Anatole l’a dit
Nicole Landry-Dattée &
Marie-France
Delaigue-Cosset.
éd. K’noé
www.k-noe.fr.
Distribué dans les hôpitaux.
Ma maman
est malade
Bénou.
éd. Du Mouton cerise
www.moutoncerise.net
Qui mange salade
jamais malade
Cécile Faÿsse.
Disponible gratuitement
sur simple demande par mail
chez Any d’Avray :
[email protected]
Maman a
une maladie
grave
Hélène Juvigny &
Brigitte Labbé.
éd. Milan Jeunesse
www.editionsmilan.com
Ces enfants qui
vivent le cancer
d’un parent
Marie-France
Delaigue-Cosset &
Nicole Landry-Dattée.
éd. Vuibert
vuibert.com
Grand-Arbre
est malade
DR
Nathalie Slosse &
Rocio del Moral.
éd. Abimo.
[email protected]
64
ROSE MAGAZINE
LE Bêtisier du cancer
“La première chose que m’a dite
mon mari lorsqu’il a appris que
j’avais un carcinome infiltrant, ça
a été : « Merde, notre dossier de
prêt pour la maison secondaire ne
va jamais passer ! » Sur le moment,
je n’ai rien dit, mais dès que je suis
sortie de la chimio, je l’ai quitté.”
“ Un cancer des ovaires ? Si tu
m’avais écoutée à seize ans et que
tu n’étais pas sortie avec ce type
aux cheveux longs qui jouait de la
batterie… Quand on couche avec
la terre entière, un jour, ma fille,
on paie les pots cassés.”
La mère de Valérie, responsable d’un pressing à Lille.
L’oncologue de Jocelyne, retraitée, qui s’était permis de
pleurer le jour du diagnostic.
Un oncologue à Roselyne, elle-même docteur… en philo, à Toulouse.
“ Bon… Madame, vous avez un cancer du
sein… À votre âge, c’est probablement hormonodépendant. Je vous prends dans deux semaines au
bloc pour la mastectomie. Vous ne voulez pas
que j’en profite pour vous enlever les ovaires,
pendant qu’on y est ?”
Un chirurgien à Céline, journaliste parisienne de
trente-sept ans, lors de leur premier rendez-vous.
Isabelle, chef d’entreprise à Paris.
“ Ah ! Non, Madame, vous n’allez pas pleurer !
Franchement, à votre âge ! Je vois tous les jours des
femmes malades qui ont moins de trente ans. Vous,
vous avez soixante-quatre ans, quand même !”
“Quoi ? Vous détailleR
les produits de votre
protocole de chimio ?
Pour quoi faire ? vous
n’êtes pas médecin,vous
ne comprendrIez pas !”
“ T’as le cancer ? Du coup,
tes problèmes de poids, c’est
fini,tu vas en perdre, des
kilos, grâce à la chimio ! ”
Une collègue de Mathilde, professeure des écoles
à Villeurbanne.
“Allez... faut pas
vous laisser aller !
Le plus important,
c’est la volonté !”
Une aide-soignante à Dominique, en soins palliatifs.
« Ma cousine était comme vous, elle a eu
un cancer du sein métastasé au cerveau ;
elle est morte en quatre mois, la pauvre. »
La femme de ménage de Sophie, avocate à Paris.
Que se passe-t-il quand Marisa­
Acocella Marchetto, illustratrice
new-yorkaise, amatrice de bons
vins et de pâtes fraîches, fashion
victim, célibataire à la vie de rêve, se
découvre… une grosseur au sein ?
Découvrez-le dans Cancer and the
city (22,90 €, Ed. L’Iconoclaste) !
66
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
67
LE Bêtisier du cancer
“Ah ! vous avez un cancer ?
Bon, ben, soignez-vous bien !
parce que quand la santé va,
tout va !”
“T’es sûre que tu veux pas
– Tu sais, ce cancer,
mettre ta perruque pour
finalement,
sortir dîner ? Non ? Allez,
c’est peut-être
chérie ! franchement, avec
une chance.
ta boule à zéro… tu fais
Ce qui ne tue
vraiment homosexuelle
en goguette.”
pas rend plus fort !
Son mari à Lisa, trente-huit ans.
– Oui, mais
si j’en
“ Tu vois, c’est à cause de gens
meurs ?
comme toi que nos enfants
– Euh…
n’auront pas la sécu ! ”
Un voisin d’Ester, dans l’escalier de son immeuble.
“Comment ça, vous voulez
un diep plutôt qu’un tram ?
Vous ne croyez tout de même pas
que vous allez décider de votre
technique de reconstruction
mammaire ? On n’est pas aux
Galeries Lafayette !”
Des « amis » de Catherine, quarante-huit ans, en arrêt maladie pendant sa
radiothérapie.
Un chirurgien à Ester, après sa mastectomie.
Allez, ma grande,
il faut sortir !
Marcher un peu.
“Rassurez-vous… ce n’est
Pas se laisser
aller. Madame pas possible que vous ayez
Dugenou, elle
un cancer, parce que
allait en vélo
le kyste est tellement gros
à ses séances
que si c’était le cas…
de chimio, elle !
Des amis de cette paresseuse
de Catherine, cinquante-cinq ans,
deux jours après une chimio.
68
ROSE MAGAZINE
vous seriez déjà morte !”
Un technicien de laboratoire à Anne, après une IRM confirmant
finalement un cancer du sein, opéré depuis.
« Chérie, on est invités à dîner
chez les Dupont. J’irai seul,
hein, histoire de ne
pas plomber l’ambiance avec
tes histoires de cancer. »
Pierre à sa femme Léa, quarante-deux ans.
“ La scintigraphie me détecte
une atteinte métastasique.
Je demande au médecin ce
qu’il convient de faire dans
ce cas-là. Il me recommande
d’aller voir madame Soleil ! ”
“Pas d’enfant dans
les mois à venir… à
moins que vous ne
souhaitiez en faire
un orphelin !”
Corinne, soixante-six ans, Paris.
Son oncologue à Marie-Line, trente-six ans.
ROSE MAGAZINE
69
LES “AIDANTS”
AVEC LA MALADE
une relation
à double
sens
Le cancer ne bouleverse pas
seulement la vie du patient.
Il bouscule aussi celle
de son entourage. Comment
les proches vivent-ils l’épreuve ?
éléments de réponse.
TEXTE lisane vic. PHOTOs Myriam E.
Eux non plus n’y étaient pas préparés. Un jour, sans crier gare, le
cancer s’est immiscé dans leur quotidien. Le choc passé, ils ont fait
face, se sont lancés à corps perdu
dans la bataille et s’y sont parfois
égarés : épuisement, sentiment
d’impuissance, anxiété exacerbée,
dépression… Impossible de ne pas
être meurtri. Pourtant, dans cette
histoire, ils sont toujours considérés comme les bien-portants,
ceux qui sont « à côté ». « En fait,
toute la famille est “touchée” par
la maladie d’un proche », rappelle
la psycho-oncologue Delphine
de Susbielle. « Car il est extrêmement douloureux de voir souffrir
ceux que l’on aime. Il faut se dire
70
ROSE MAGAZINE
E
“
Delphine &
son mari MICHAËL
Mon mari est militaire. Lorsqu’on m’a
découvert cette maladie, il devait se rendre
en Afghanistan pour une mission de six mois.
Il a choisi de rester à mes côtés. Même dans
les pires moments. Durant ma sixième et
dernière cure de chimio, par exemple, j’ai voulu
tout arrêter.Trop de fatigue, de vomissements,
de douleurs, de pleurs. Je voulais qu’on me
débranche, qu’on me laisse enfin repartir
chez moi. Michaël a su, avec ses mots,
me redonner la force d’aller jusqu’au
bout du traitement. Sans lui,
sans sa persévérance, j’aurais abandonné et
je ne serais plus là aujourd’hui.
”
qu’aucune place n’est enviable. »
Pas évident, effectivement, de trouver les mots justes, de répondre
aux attentes du malade, de le soutenir jour après nuit, sans être parfois soi-même dépassé par les événements. « On imagine que c’est
naturel d’aider parce que le code
civil nous dit que c’est une obligation. Or en fait, cela ne va pas de
soi », assure Florence Leduc, présidente de l’Association française des
aidants. « Malheureusement, ce rôle
du proche est invisible », confirme la
psychanalyste, médecin et psychooncologue Isabelle Moley-Massol.
« Il fait partie du quotidien. Mais
il est important qu’il soit reconnu
et remercié pour les efforts •••
ROSE MAGAZINE
71
LES “AIDANTS”
“
Laetitia &
sa sœur aurélie
Ma petite sœur a été très affectée par l’annonce de mon
cancer du sein. Mais elle a toujours essayé de me
faire rire, elle m’a soutenue d’une manière
incroyable. Aurélie habite à cent kilomètres de chez moi,
alors on s’écrivait un peu et on se parlait beaucoup au
téléphone. Je lui demandais de me raconter ses petits tracas
de tous les jours. Je ne voulais pas me sentir à part, exclue
de la vie des autres. Peut-être que l’éloignement
géographique, le fait de ne pas partager un même quotidien
nous a permis d’être à la bonne distance l’une de l’autre…
fournis. Le vrai problème, c’est que
les proches estiment ne pas avoir le
droit d’être fatigués car ils ne sont
pas malades. De l’autre côté, les
malades n’osent pas demander clairement les choses, car ils ont déjà
suffisamment l’impression d’être un
poids. Tout le monde est pris dans
les mailles de la culpabilité. Cela
engendre beaucoup de malentendus dommageables à la relation. »
Myriam E
Laetitia, jeune trentenaire
tout juste sortie d’un cancer du sein, en a fait l’expérience.
72
ROSE MAGAZINE
Lorsque sa maladie s’est déclarée,
son compagnon l’a quittée et elle
est retournée vivre chez ses parents
avec ses deux garçons. « Durant
la chimio, j’avais de soudaines et
grosses fatigues. Je n’avais qu’une
envie : que l’entourage prenne le
relais pour s’occuper des enfants.
Mais je n’ai jamais osé le demander. J’imaginais, d’une certaine
manière, que c’était évident, que
les autres savaient ce que j’avais en
tête. » Sauf qu’en proie eux-mêmes
”
à la souffrance, les proches ont bien
souvent du mal à décrypter les besoins du malade. Ils tâtonnent. Ne
comprennent rien. Ont eux aussi
des désirs. Parfois inverses de ceux
du malade. Au moment du retour
à la vie ordinaire, par exemple, une
fois les traitements achevés. « Les
proches veulent tourner la page le
plus vite possible, constate Isabelle
Moley-Massol. Mais les malades
n’en sont pas encore là et se sentent même particulièrement vulnérables. » Autre décalage fréquent :
croyant bien faire, certains aidants
en font trop. Au risque d’agacer
les ma­­lades qui se sentent étouffés,
infantilisés. Comme Marguerite,
atteinte d’un cancer du sein il y a
huit ans, que son mari surprotège
continuellement. « L’été dernier,
par exemple, je me suis inscrite à
des cours de surf. J’en rêvais depuis
longtemps. Mais François a tout
annulé, sous prétexte que c’était
dangereux. C’est énervant quand
l’autre vous perçoit toujours •••
ROSE MAGAZINE
73
LES “AIDANTS”
“
Laurence &
son chirurgien plasticien Arnaud
Il y a quelques années, je me suis fait poser des prothèses
mammaires. Lorsqu’on m’a diagnostiqué un cancer du sein,
j’ai tout de suite pensé à mon chirurgien plasticien car j’allais
devoir subir une mastectomie. Je lui ai envoyé un mail pour
lui exposer ma situation. Très gentiment, il m’a
réconfortée en m’incitant à garder espoir.
La perte d’un sein a été pour moi un profond traumatisme,
mais l’idée de passer un jour à la phase de reconstruction
m’a fait tenir. Durant les longs mois de traitement, je n’ai
pensé qu’à ce moment, qu’à cette opération.
74
ROSE MAGAZINE
”
que l’on est soudainement mortel n’arrange pas les choses. C’est
compliqué, dans ces conditions, de
s’envisager comme une femme désirable. Il y a des patientes qui ne
veulent plus être touchées ou qui
font chambre à part. »
« à chacun d’être respectueux de l’autre et de son
rythme, de ne pas mettre de pression
mais de s’accorder des moments de
tendresse. » En somme, réinventer une relation où chacun est à la
bonne place, à l’écoute de l’autre
mais aussi de soi. « Il est important
pour l’entourage de s’autoriser à
souffler, de continuer à cultiver une
vie sociale. Personne ne demande
de mourir d’aider, martèle Florence
Leduc. Les proches ne doivent se
transformer ni en saints, ni en martyrs. » En clair, la responsabilité de
l’aidant, pour soutenir longtemps
et efficacement, c’est déjà d’apprendre à se ménager. Quitte, si le
besoin s’en fait sentir, à se faire luilisane vic
même aider…
Myriam E
comme une petite chose fragile qu’il
faut mettre sous cloche. » Parfois,
aussi, un conjoint trop à l’écoute
« crée malgré lui une augmentation
du niveau de plainte du patient, qui
s’installe alors dans des processus
mortifères », remarque Delphine
de Susbielle. « Le danger, surtout,
c’est qu’à vouloir occuper toutes les
places on finisse par tomber dans
la confusion des rôles », met en
garde Florence Leduc. « Cumulant
les fonctions de médecin, d’auxiliaire de vie, de père, le conjoint,
notamment, oublie qu’il est avant
tout un mari. Forcément, le désir
en prend un coup. De toute façon,
pendant les traitements, sur le plan
sexuel, c’était ceinture », se souvient
Camille, quarante-deux ans, en
rémission d’un cancer du sein. « Le
patient est tellement centré sur lui
que plus rien n’existe », explique
Yo­
lande Arnault, psychologue
clinicienne à l’institut marseillais
Paoli-Calmettes. « Avec la fatigue,
la douleur, les vomissements, l’inquiétude, la sexualité n’est vraiment pas d’actualité. Et puis l’idée
ROSE MAGAZINE
75
LES “AIDANTS”
“Chacun doit
fixer ses limites”
Tristesse, souffrance ou peur perturbent la relation entre
proches et malade. Pourtant, convenir d’une « bonne distance »
est essentiel à chacun. Témoignage d’Isabelle Moley-Massol.
propos recueillis par lisane vic
Rose Magazine. Les malades en
demandent-ils trop à leurs proches ?
Isabelle Moley-Massol. Cela peut arriver. Certains, en proie à une très forte anxiété, sont dans une
demande insatiable mais souvent involontaire. Le
malade ne se rend pas toujours compte de la fatigue
du proche. Par ailleurs, et dans des cas extrêmes, la
maladie peut aussi être le moyen de garder l’emprise
sur l’autre.
“
Mais au fond, le malade ne peut-il
pas tout exiger de son aidant ?
Non. Nous avons tous nos limites physiques et psychiques. Il est important de les identifier et de les
respecter. Un proche peut se sentir tyrannisé, parfois à juste titre, par la maladie, la situation, le malade, et poursuivre en silence jusqu’à l’épuisement.
Tout proche a besoin lui aussi d’être aidé, épaulé.
Ses personnes-ressources – un membre de la famille,
un ami – sont essentielles. Si, un jour, il ne peut se
rendre à l’hôpital, s’il a besoin de faire une pause,
l’entourage pourra prendre le relais sans qu’il culpabilise. De nombreux proches vivent dans la hantise
que le malade se sente abandonné à la moindre défaillance de leur part. Quand la situation lui paraît
trop difficile, le proche ne doit pas hésiter à consulter un spécialiste, psychiatre ou psychologue.
Je n’ai pas d’enfant, mais ma nièce, Aurélie, est
très proche de moi. Nous travaillons ensemble.
Comme je ne me suis jamais arrêtée, nous
nous voyions tous les jours et elle a été
très présente, physiquement et
psychologiquement. Et puis j’ai eu
un autre soutien aussi : mon teckel Douglas,
dit « Doudou ». Un vrai clown dont il fallait
beaucoup s’occuper et qui m’a obligée à ne
pas être trop centrée sur moi. Même lorsque
j’avais le moral par terre, j’attrapais des fous
rires à le regarder sauter partout dans la maison
comme un chat. C’est incroyable comme son
énergie a été communicative.
76
ROSE MAGAZINE
”
Myriam E
Marie-Caroline,
sa nièce aurélie & son chien
Est-ce si difficile d’aider ?
Oui. Certains s’engagent massivement auprès d’un
malade parce qu’ils y trouvent un sens supplémentaire à leur vie. D’autres ont envie de fuir, sont
inhibés par l’angoisse, la crainte de ne pas être à la
hauteur avec parfois un sentiment d’être trahi par
la vie, la maladie, la personne aimée. Les sentiments
sont toujours complexes, ambivalents et fluctuants
au fil de l’histoire de la maladie. Ils désorientent le
proche et sont fréquemment source de culpabilité
quand il ressent colère, révolte, affects négatifs qu’il
pense inavouables, qui se mêlent aux sentiments
d’amour et de tendresse, au désir éperdu de « sortir
l’autre de la maladie ». La culpabilité de ne jamais
« en faire assez » peut s’avérer tenace. La souffrance
du proche est d’autant plus grande qu’il se refuse à
la reconnaître, comme s’il n’avait aucun droit de se
plaindre. Elle est aussi très liée à la reconnaissance
que le malade et l’entourage vont ou non lui renvoyer de son rôle.
Le malade, de son côté,
est-il tenu de ménager ses proches ?
Personne n’est tenu à quoi que ce soit. Les besoins et
la résistance de chacun sont différents et dépendent
des moments. Le malade a besoin de la présence
bienveillante de ses proches, de leur affection, de
leur amour. Mais il y a une « bonne » distance à trouver, propre à chaque relation, soutenante et supportable pour tous. Proches et malade doivent se parler
pour éviter les malentendus de type « projections
mutuelles », où chacun pense à la place de l’autre et
s’imagine, souvent à tort, ce qui est bon pour lui. Le
malade doit s’autoriser à dire, demander. Au proche
ensuite d’y répondre dans la mesure de ses possibilités, en osant poser sa propre limite. L’essentiel
est de rester dans un échange vivant, vibrant, qui ne
cherche pas à nier les à-coups émotionnels, rythmés
par les événements médicaux, les espoirs, les découragements. Malade et proches ont besoin, plus que
jamais, de s’ancrer dans un lien qui les renforce, une
relation où aucun ne s’épuise ni ne se dévitalise.
ROSE MAGAZINE
77
Soulager
82. Vers un hôpital cocon ?
Acupuncture, sophrologie, naturopathie, phytothérapie
investissent les services d’oncologie et adoucissent la vie des patients.
90. cultiver son corps
La pratique régulière d’une activité physique stimule le système
immunitaire et diminue les risques de cancer. à vos baskets !
Opérée des ovaires et de l’utérus à vingt ans, Véronique Jannot s’est
tue et tournée vers la méditation, l’acupuncture, le yoga. Témoignage.
Getty Images
92. la double vie de Véronique
ROSE MAGAZINE
3
VIVRE MIEUX
Méditation au CHU de Marseille,
auriculothérapie à l’institut GustaveRoussy, karaté à l’hôpital Avicenne…
Certains établissements « osent » les
pratiques complémentaires. Mais pas tous...
texte céline dufranc. photos pierre-emmanuel rastoin.
« Quand j’ai demandé à mon
oncologue si l’acupuncture pourrait soulager mes douleurs, il m’a
répondu que cela ne servait à rien,
que c’était du placebo », raconte
Françoise, soixante ans. Quant
à Catherine, quarante-neuf ans,
elle n’a jamais entendu parler de
médecines complémentaires, ni
même de soins de support. « Mon
seul support, c’était mon fils, qui
s’est mis à cuisiner pour que je
puisse avaler quelque chose ! »
Pourtant, les « soins de support »,
qui ont pour objectif de diminuer
les conséquences de la maladie
et des traitements, existent bel et
bien. Ils s’inscrivent même dans
le programme personnalisé de
soins proposé par le Plan cancer.
reconnaît
« Malheureusement,
le Pr Ivan Krakowski, président
de l’Afsos (Association francophone pour les soins oncologiques de support), l’organisation
de cette prise en charge globale,
qui va du dispositif d’annonce à
l’accompagnement psycho-social,
en passant par la prise en charge
de la douleur, de la fatigue, des
nausées… est variable d’un lieu
de soins à un autre. » Souvent,
ce sont les grosses structures,
Vers un
hôpital
cocon ?
Q
82
ROSE MAGAZINE
comme les centres de lutte contre
le cancer, qui sont le mieux loties.
Essentiellement parce qu’elles
connaissent moins de problèmes
d’organisation et de financement.
« Entre un poste de psychologue
et un manipulateur de radiothérapie, il est évident que l’on privilégiera ce dernier », indique le
Pr Krakowski.
Les patients
se débrouillent seuls
Mais d’autres raisons, indépendantes cette fois des arbitrages
budgétaires, expliquent parfois la
faiblesse des soins complémentaires dans certains établisse-
ments : « les opinions préconçues »,
reconnaît le Pr Laurent Zelek,
chef du service d’oncologie à l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Car en
dehors de ce qui a été sanctionné
par des études scientifiques –
comme l’effet positif de l’activité
physique sur la survie et la diminution du risque de récidive de
certains cancers –, point de salut.
Et encore, quand ces études ellesmêmes sont connues, ce qui n’est
pas toujours le cas... Preuve de la
grande réserve du corps médical :
quand l’AP-HP a tenté de réunir
des médecins pour évaluer l’intérêt d’intégrer à l’hôpital ces « pratiques non conventionnelles »
– selon la définition désormais
consacrée –, le tollé a été général.
Comment s’étonner ensuite que
les patients se débrouillent seuls
pour trouver des solutions à
leurs maux ? Le plus souvent, ils
n’en parlent pas à leur cancérologue. Et parfois sont dans un tel
désarroi qu’ils sont prêts à payer
très cher des extraits de cartilage
de requin ou de gui (voir encadré
ci-contre).
Au terme d’une étude menée en
2010, le Dr Manuel Rodriguès,
président de l’Association d’enseignement et de recherche des internes en oncologie, a estimé que
60 % des patients avaient recours
aux médecines complémentaires.
En tête arrivait l’homéopathie,
utilisée par 33 % des malades, suivie de près par la prise d’omégas 3,
d’acides gras et de probiotiques,
ainsi que les régimes alimentaires
alternatifs et le sport. Mais à ces
pratiques il faut encore en ajouter
d’autres, celles qu’on s’échange
sous le manteau comme autant de
« bons tuyaux ». Témoin Corinne,
soixante-six ans, malade d’un
cancer du sein, qui a fait appel à
un « barreur de feu » pour éviter
les brûlures de la radiothérapie.
Ou encore Laurence, quarantedeux ans, qui s’est tournée vers le
reiki, le magnétisme et les huiles
essentielles. Pour que les malades
ne jouent pas une équipe contre
une autre, le Dr Isabelle Sarfati,
chirurgien à l’Institut du sein, à
Paris, n’hésite pas à donner une
« bonne » adresse d’acupuncteur,
tandis qu’à la clinique SainteCatherine, à Avignon, il arrive au
Dr Daniel Serin de recommander
Attention
aux traitements
“miracles” !
« Les malades doivent savoir que toute approche prônée à la place des traitements
conventionnels sera délétère, voire catastrophique », prévient le Pr Ivan Krakowski,
responsable des soins de support au centre lorrain de lutte contre le cancer. De plus, si vous prenez autre chose que le traitement prescrit par votre
médecin, parlez-lui en car il y va, là encore, de votre santé. L’une des raisons du
danger : les médecines « douces » ne sont pas toujours aussi douces qu’elles
en ont l’air ; certains produits « naturels » peuvent être toxiques pour le foie
ou diminuer l’efficacité d’une chimio ou d’un traitement hormonal, comme le
millepertuis, la sauge, le soja ou le jus de pamplemousse. Quant au cartilage
de requin, aux extraits de gui ou de noyau d’abricot, et aux produits Beljanski,
Carzodelan… en vente sur Internet, ils n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité et peuvent même s’avérer dangereux.
Dernièrement, Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de
vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), a rappelé qu’une
jeune femme de trente-sept ans, atteinte d’un cancer du sein, était décédée
après avoir arrêté sa chimiothérapie au profit de cataplasmes et d’un jeûne de
vingt et un jours !
Alerte à la « charlatanerie », si le praticien :
– vous dit qu’il a un don et qu’il va vous guérir,
– vous demande d’abandonner tout contact avec votre médecin
ou tout traitement,
– vous réclame des sommes astronomiques ou au contraire pas un centime.
Que faire ? Si des pratiques ou des méthodes vous semblent douteuses,
écrivez à : [email protected] ou téléphonez à « Cancer info » : 0 810 810 821.
À lire : Médecines douces, alternatives ou parallèles, brochure de la Ligue contre
le cancer, gratuite et disponible dans les comités de la Ligue.
un « barreur de feu » à ses patientes.
à Strasbourg aussi, le Dr Jean-Philippe Wagner, oncologue, a créé
une consultation d’homéopathie
dans un centre de radiothérapie et
s’est lui-même formé à cette médecine.
Sophro et piano
à l’hosto !
Mieux encore : en 2005, à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, le Dr Florian Scotté,
oncologue et secrétaire de l’Afsos, a créé les ateliers « Prendre
soin ». « à force d’entendre mes
patientes me dire : “c’est l’acupuncture qui a soulagé mes nausées, mes
douleurs, pas vos médicaments”,
j’ai dû me rendre à l’évidence : il
fallait les accompagner dans cette
voie et faire en sorte que l’hôpital
ressemble plus à un cocon qu’à une
ambulance. » Soutenu par la direction, il a monté l’association Artic
(Association pour la recherche de
thérapeutiques innovantes en cancérologie), destinée à financer des
ateliers de sophrologie, ostéopathie,
réflexologie, qi gong et socio- •••
ROSE MAGAZINE
83
VIVRE MIEUX
Améliorer le moral
et diminuer le risque
de récidive
Si la médecine dite « intégrative »,
très développée aux états-Unis,
en Suisse et en Belgique, reste
encore bien timide en France,
les perspectives changent donc.
84
ROSE MAGAZINE
En septembre dernier, le centre
Ressource, un espace de 900 m2
proposant gratuitement des soins
complémentaires à la carte, a
ouvert ses portes à Aix-en-Provence. Objectif de cette association pilote, unique en France ?
« Rendre le patient acteur de sa
santé, grâce à un programme
thérapeutique mixant approches
corporelles, alimentation, sport...
qui, à défaut d’être validées par
l’Académie de médecine, ne sont
pas dangereuses, explique son
président, le Dr Mouysset, oncologue. Des études montrent
que cette dynamique contribue
à rendre le système immunitaire plus efficace, à améliorer le
moral et à diminuer le risque de
récidive de cancer du sein, comme
l’a montré l’étude de Barbara
Andersen »(2). Pour le Dr Thierry
Janssen, auteur de La Solution
intérieure : vers une nouvelle
médecine du corps et de l’esprit,
cela permet « d’aborder le processus de la guérison en jouant
sur tous les tableaux, en entrant
par toutes les portes de l’être. Et
l’on est souvent plus efficace en
entrant par la porte la plus grande
ouverte ». Afin de vous accompagner dans cette voie, nous avons
entrebâillé pour vous quatre
portes, celles de la naturopathie,
de la sophrologie, du qi gong et
de la phytothérapie.
céline dufranc
(1)
Cami (Cancer arts martiaux
informations).
(2)
Barbara Andersen, nov. 2008.
« Psychologicol Intervention Improve
Survival for Breast Cancer Patients ».
L’AS de PIQUEs
Pierre-Emmanuel Rastoin
esthétique.
Même désir d’apporter confort
et réconfort chez le Dr Sarah
Dauchy, responsable du Département interdisciplinaire de soins
de support à l’institut GustaveRoussy (IGR) de Villejuif, qui
a fait entrer un piano à l’hôpital ! Son projet, « Mieux vivre à
l’IGR », vise à « assortir l’introduction de diverses techniques
(auriculothérapie,
sophrologie,
relaxation, mais aussi musique,
poésie, karaté avec la Cami(1)…)
d’une évaluation, même basique,
pouvant faire avancer les connaissances dans ces domaines ». Chef
du département des soins de support à l’institut Curie, le Dr Sylvie Dolbeault évalue actuellement
l’efficacité de l’hypnose et de
la sophrologie sur les douleurs
chroniques, les nausées et les
bouffées de chaleur, en liaison
avec l’équipe de biostatistique.
« C’est le seul moyen pour légitimer
ces approches complémentaires,
qui améliorent indéniablement la
qualité de vie des patients. » En
attendant, pas besoin de preuves
pour les patientes : les séances
d’hypnose et de sophrologie à
l’institut Curie, « ont augmenté
de 30 % depuis janvier 2005 »,
indique Françoise Sebestik, directrice des soins.
PHILIPPE
JEANNIN
Acupuncteur
Petit garçon, il se voyait déjà
médecin avec un très chic nœud
papillon ! Adolescent, ses parents
le confient au Dr Pierre Regard,
médecin acupuncteur de génie,
afin de traiter son stress. Philippe
vient de trouver sa vocation. Des
années plus tard, un cancérologue
lui adresse un jeune patient atteint d’un ostéosarcome du tibia.
« J’ai tout inventé à ce momentlà, en 1987, raconte Philippe
Jeannin. Il existait alors très peu
de publications. En m’adaptant
aux traitements oncologiques de
chaque patient, j’ai mis au point
mes premiers protocoles “acupuncturaux”, qui se sont affinés au fil
des années. Si, pour guérir, rien
ne pourra remplacer la médecine
conventionnelle,
l’acupuncture
est un outil extraordinaire. » Son
champ d’action est immense :
« Elle peut atténuer, voire éliminer la plupart des effets secondaires des traitements : nausées,
vomissements, douleurs, aphtes…
Elle est aussi capable d’agir sur la
baisse de l’immunité et de normaliser un bilan hépatique. » Enfin,
elle se montre incroyablement
efficace face au syndrome mainsEn faisant disparaître
pieds. « ces picotements violents et ces
brûlures intenses des extrémités,
l’acupuncture permet aux patients
de poursuivre leur traitement à la
dose maximale le plus longtemps
possible, et donc de ne pas compromettre leurs chances de guéric.d.
son. »
EFA-ASMAF (école française d’acupuncture). www.meridiens.org
ROSE MAGAZINE
85
VIVRE MIEUX
marieandrée
AUQUIER
Sophrologue
Frédéric
boukobza
La panseuse
positive
Naturopathe
L’homme du terrain
86
ROSE MAGAZINE
à l’image de la plante, a besoin
d’un terrain de qualité pour se
maintenir en santé ou pour la
retrouver. Je peux accompagner
les malades en tentant de renforcer leur vitalité et en les aidant à
mieux supporter les traitements
lourds. » Pour comprendre l’état
du terrain, Frédéric Boukobza
réalise un bilan de vitalité : il s’agit
de mesurer la capacité de retour
à l’équilibre de l’organisme en
faisant un inventaire précis des
forces et faiblesses de nos différentes fonctions, en mettant en
évidence la nature des surcharges
et leurs voies d’élimination les
plus appropriées. Adaptée à
chacun, la naturopathie repose
sur de simples règles de bon
sens : mieux manger et mieux
digérer, mieux gérer son mental et son stress, mieux éliminer
les déchets métaboliques par
une activité physique régulière
et adaptée… Un nouvel art de
c.d.
vivre, en somme !
Frédéric Boukobza est naturopathe
et directeur de l’Institut supérieur
de naturopathie (Isupnat).
isupnat.fr
Pierre-Emmanuel Rastoin
Lorsqu’on entre dans son cabinet
ultra zen, inutile de lui cacher le
paquet de chips régulièrement
avalé ou la barre chocolatée
cachée dans un tiroir du bureau.
Il voit tout. Ou, du moins, le
devine. à la suite d’un « pépin de
santé » il y a longtemps, un ami
lui avait conseillé de rencontrer
un naturopathe. « Ce qu’il m’a
dit sur moi, aucun médecin ne me
l’avait dit en quarante ans. » Bluffé, Frédéric Boukobza étudie la
naturopathie, abandonnant sans
regret sa vie de conseiller fiscal
international stressé. « L’homme,
Il y a vingt-quatre ans, MarieAndrée, enceinte, se fabrique une
cassette de relaxation qu’elle fait
régulièrement écouter à son bébé.
Lorsqu’il développe une leucémie,
elle lui fait réécouter la cassette. Et
lui crée un univers : les draps sont la
mer, le goutte-à-goutte fait le bruit
des vagues ; le petit garçon devient
le capitaine du navire. Matthieu
guérit. Et sa maman est aujourd’hui
médecin, homéopathe, acupuncteur. Et sophrologue... Assis, les
yeux fermés, les patients se laissent
guider par sa voix. « Dites-vous :
“Ok, j’ai un cancer. Allons voir
ce qu’il a à nous dire” ». Et aussi :
« Face à ce corps et à cet esprit en
souffrance, on va chercher ce qui
reste agréable. » Pour ne plus voir
la chimio comme un traitement
redoutable, le médecin incite à imaginer une armée de pompiers au
travail. « Ici, on déploie des bâches
pour protéger cheveux, foie... Là, on
pose des balises pour que la chimio
se fraye le bon chemin et atteigne
sa cible... » En clair, Marie-Andrée
c.d.
aide à broyer le noir.
academie-sophrologie.fr
01 45 57 27 20
federation-sophrologie.org
ROSE MAGAZINE
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VIVRE MIEUX
Martine
depondtgadet
Qi gong
La souFfleuse
de vie
Fédération des enseignants de qi gong
federationqigong.com
04 42 93 34 31. Institut européen de qi gong
& yang sheng - ieqg.com
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ROSE MAGAZINE
bérengère
ARNAL
Phytothérapeute
La fée verte
Pierre-Emmanuel Rastoin
Médecin-acupuncteur, spécialiste
de médecine traditionnelle chinoise,
Martine Depondt-Gadet a accueilli
des réfugiés chinois en 1989, après
les événements de Tian’anmen.
Ça a été le déclic. Avec eux, elle a
appris à s’enraciner dans la terre,
« à être dans l’instant présent, à ressentir ». Ressentir, telle est l’essence
du qi gong, qui vise à connaître et
à maîtriser l’énergie vitale pour
pouvoir la capter et la faire circuler
dans le corps, le long des méridiens.
« Beaucoup plus qu’une gymnastique chinoise basée sur les points
d’acupuncture, c’est un véritable
art de vivre. Lorsque la circulation du qi est bonne, la santé l’est
également. Inversement, lorsqu’il
stagne, les maladies apparaissent. »
Ainsi, chacun de ses patients sort de
son cabinet avec une prescription
« classique » et quelques exercices
de qi gong à faire à la maison ! « Dès
que vous êtes qi gong, vous êtes
relaxée. Vous déposez votre corps, ici
et maintenant. Votre cœur bat lentement, vos soucis s’allègent et vous
c.d.
vous rechargez en énergie. »
Sa grand-mère est morte d’un cancer du sein quelques mois avant sa
naissance. Voilà peut-être la raison
pour laquelle cette gynécologue
bordelaise a fait de la maladie le
combat de sa vie… Aujourd’hui
responsable du DU de phytothérapie de l’université de Paris XIII,
au sein du département « médecines naturelles » du Pr Zelek,
Bérangère Arnal rappelle que « la
phytothérapie est la mère de toutes
les médecines ». à ses patientes
et en accord avec leur cancérologue, elle propose par exemple du
desmodium adscendens pour
adoucir les effets toxiques des
chimiothérapies sur le foie. Elle
suggère aussi de grignoter du gingembre confit débarrassé de son
sucre, ou de respirer des huiles
essentielles de citron et de menthe
poivrée pour réduire les nausées.
Et encore de se procurer de l’échinacée, de la griffe-de-chat ou du
ginseng pour stimuler l’immunité,
du niaouli et de la lavande contre
les brûlures de la radiothérapie.
Le Dr Arnal explique : « la période
post-cancer est le moment ou jamais de faire attention à ce que l’on
mange, de pratiquer une activité
physique régulière, de s’occuper
c.d.
de soi... »
Association médicale pour la promotion
de la phytothérapie, ampphy.com
à lire : Cancer du sein, prévention
et accompagnement par les médecines
complémentaires, de Bérengère Arnal
et Martine Laganier, éd. FémininBio.
ROSE MAGAZINE
89
SPORT
cultiver
son corps
90
ROSE MAGAZINE
Stimulation du système immunitaire, facilitation du transit intestinal : une demi-heure d’activité
physique quotidienne « booste »
l’organisme et réduit le risque
de tumeurs, particulièrement du
sein et du côlon. Ces données
médicales avérées ne poussent
pourtant que rarement les médecins à recommander l’exercice
d’un sport durant les traitements.
Peur de fatiguer les patients
pendant des chimiothérapies ou
des radiothérapies souvent éreintantes ? Pour un Thierry Bouillet
– chef du service de cancérologie à l’hôpital américain de Paris
et ceinture noire de karaté qui,
depuis 1998, préconise le karaté à
ses patients afin d’améliorer leur
qualité de vie* –, combien de médecins conseillent l’arrêt de toute
activité ? Ainsi, Cécile, jeune
marathonienne, s’est vu interdire
la course dès sa première visite
chez l’oncologue. « Arrêter ?
Mais c’était impensable pour moi
qui cours au moins une heure et
demie par jour ! Autant me demander de cesser de m’alimenter.
Bien sûr, je ne l’ai pas écouté. Le
lendemain de la chimio, je suis
partie pour deux heures de jogging. Le surlendemain, j’étais aux
cathy
BISSON
urgences. évidemment, ce n’était
pas malin. J’ai ensuite découvert
le yoga, la barre au sol, et j’ai
compris que je pouvais continuer
à cultiver mon corps en douceur. »
L’exercice d’un sport oui, mais
pas n’importe lequel : les activités d’endurance risquent de peser
sur un organisme déjà ébranlé,
la piscine est souvent un nid à
microbes… Et même s’il n’y a pas
d’interdits, le sport doit, avant
tout, rester un plaisir, une manière de ne pas se « déconnecter »
de son corps. Continuer ou découvrir une gym « douce » permet
de se placer déjà dans l’après-cancer, de ne pas se « démuscler », bien
sûr, mais aussi de garder une activité sociale normale, en compagnie
de bien-portants. Yoga, Pilates,
judo, tai chi, danse, barre au sol, ou,
tout simplement, marche à pied, le
choix est vaste et chaque patient
devient son propre prescripteur. Il
c.l.r.
suffit d’écouter ses envies.
*sportetcancer.com
Professeur de barre au sol
la Princesse
aux petits pas
Getty Images/Pierre-Emmanuel Rastoin
L’exercice physique
régulier diminue
de 38 % le risque de
cancer du sein, et de
50 % celui du côlon.
Reste à trouver
le sport qui vous
correspond !
« Avec moi, la “barre au sol” commence debout ! Et les exercices se
réalisent sans barre ! » Voilà pour
le contre-pied. Cathy Bisson,
crinière rousse et dynamisme
contagieux, enseigne la danse
aux étudiants du Conservatoire
mais ici, au studio Amana, elle
privilégie le bien-être à la performance. « La barre au sol, ce sont
les exercices d’échauffement des
danseuses, un mélange d’étirements, de mouvements basés sur
la respiration qui musclent à la
fois en profondeur et en douceur.
On travaille l’élan, la souplesse,
en musique et dans la globalité. Il
y a des jeunes, des plus âgées, des
malades, des bien-portantes : chacune laisse ses problèmes à la porte
du studio et avance à son rythme.
Hors de question de se fatiguer
avec des “à-coups” ou des challenges impossibles ! Les blocages
se défont tout seuls. Le corps est à
ce point désinhibé qu’à la fin du
cours, les filles me disent souvent
qu’elles planent ! » Et les résultats
sont rapides : une série de mouvements difficiles cinq séances plus
tôt – comme toucher le sol du bout
de ses doigts ou tenir un équilibre –
se réalisent sans tension. De petits
pas, certes. Mais pour des femmes
malades, autant de victoires, la
preuve qu’elles gardent la maîtrise
c.l.r.
de leur corps.
Cathy enseigne au studio Amana,
21, rue Froideveaux, 75014 Paris.
ROSE MAGAZINE
91
VéRONIQUE JANNOT
la double
vie de
véronique
Côté face, une jeune première adulée. Côté pile, une femme
ravagée, à vingt-deux ans, par une ablation des ovaires et de l’utérus.
Véronique Jannot s’est reconstruite, dans le plus grand secret :
auriculothérapie, maîtrise des énergies, méditation... Témoignage.
« Mon premier c’est désir... » De
Véronique Jannot, nous connaissons tous la voix veloutée, ce
minuscule tremblement en fin
de phrase comme si un carillon
d’enfance ponctuait toujours et
encore la mélodie. Le sourire restera sans doute dans nos souvenirs
celui de Joëlle Mazart, l’assistante
sociale de Pause Café, série qui, en
1981, propulsa la jeune actrice au
panthéon des saintes télévisuelles.
Et puis, aussi, indémodables, les
mélodies amoureuses avec Laurent Voulzy. Mon second ? « Du
plaisir », assure la chanson.
« Mon troisième, c’est souffrir. »
à vingt-deux ans, Véronique
Jannot subit une ablation de l’utérus et des ovaires. Une épreuve
« qui change le regard sur la vie,
92
ROSE MAGAZINE
M
sur les autres, sur la souffrance
humaine ». Au début, des maux de
ventre, violents, certes, mais parfaitement expliqués par un gynécologue se piquant de psychologie : « douleurs psychosomatiques,
nerveuses ». C’est normal, on le
sait bien, toutes ces actrices sont
un peu dérangées de la tête, capricieuses, douillettes ! Les semaines
passent. Puis les mois, jusqu’à ce
Noël 1978 où, terrassée par une
énorme fièvre, l’actrice consulte
d’urgence à l’hôpital Tenon. Une
cœlioscopie révèle des dizaines de
minuscules tumeurs dans l’abdomen. On élimine les indésirables.
Véronique se relève.
Mais le refrain de la douleur
continue. Trois mois plus tard,
les crises reprennent de plus belle.
Pierre Terrasson/JLPPA/CIT’images/Visual
céline lis-raoux
Cette fois, elle se rend directement auprès du Pr Salat-Baroux,
à Paris. Re-cœlioscopie. Au réveil,
le verdict tombe : ablation nécessaire d’un ovaire. « C’était violent, mais ma mère avait subi la
même opération et cela ne l’avait
pas empêchée de me donner naissance, après. » La jeune femme
réclame quelques jours de répit
pour se préparer à l’épreuve. « La
veille de mon admission, maman
tournait et virait dans la chambre.
Excédée, je l’interroge. C’est alors
qu’elle me révèle l’impensable : ce
n’était pas un ovaire, qu’on allait
m’enlever, mais probablement les
deux, plus l’utérus. »
“Les médecines
dites douces
ne sont pas
des gadgets.
Grâce à elles,
chacun devient
responsable
de sa santé.”
Quand la vie vacille, quand le sol
se dérobe, la colère devient une
protection. « J’ai hurlé contre ma
mère, je lui ai demandé de sortir de ma chambre. Aujourd’hui,
je mesure quelle a été sa douleur
de m’apprendre ce qui allait me
dévaster. » Au début, Véronique
diffère l’intervention. Cherche
des solutions alternatives. Mais,
face à l’envahissement des cellules
« frontières », c’est-à-dire à haut
risque, les solutions autres que
l’ablation n’existent pas. Alors, ce
sera la vie sans ovaires, ni utérus.
Une vie sans enfant. Une vie sans
mari, « parce que les maris veulent
faire des enfants ».
•••
ROSE MAGAZINE
93
VéRONIQUE JANNOT
Une vie très différente de celle
dont elle rêvait.
Commence ensuite le parcours
des soins… La chimiothérapie, la
douleur têtue, la fatigue, les forces
qui s’amenuisent. « Ma mère m’a
beaucoup aidée : très en avance sur
son temps, elle était adepte de l’acupuncture. J’ai, bien sûr, suivi tout
le protocole de la chimio. Mais en
plus de cela, à Lyon, le Pr Nogier,
père de l’auriculothérapie, m’a soignée en réharmonisant mes énergies. Ces médecines-là ne sont pas
des gadgets : on ne soigne pas une
pathologie, on respecte le “terrain”
de chacun. Le patient devient responsable de sa santé. C’est à cette
époque que j’ai pris conscience de
la responsabilité que nous avons de
nous-même, de notre vie. »
La jeune malade se remet de
l’opération lorsqu’un coup de
téléphone va à la fois lui sauver la
vie et la placer face à un dilemme.
Pierre Granier-Deferre la réclame
pour les essais du Toubib, un film
où Alain Delon tient le rôle-titre.
Que faire ? Dire sa maladie et risquer de se voir éconduire ? Ne
plus travailler ? L’actrice se tait.
Passe les essais avec succès.
Débute alors un éprouvant tour-
“Cette épreuve
a aussi marqué
le départ d’une
merveilleuse
aventure
intérieure.”
94
ROSE MAGAZINE
nage où elle serre les dents, prend
sur elle durant les prises qui s’éternisent, se refarde sans cesse car le
maquillage « vire » au cours de la
journée. Finalement, elle révèle
sa maladie à Delon. Qui, délicat,
gardera le secret.
Un silence qui
perdurera trente ans
Pourquoi ne rien dire ? Parce
que Véronique Jannot est l’image
même de la santé, de la beauté, de la
fraîcheur ? Parce qu’on fait moins
confiance à une « malade » – futelle guérie – pour un rôle-titre ?
Parce que le mot « cancer » vous
transforme en pestiférée ?
« Je me suis construite autour de ce
non-dit. Parfois, la douleur morale
était à la limite du supportable. Les
journalistes me posaient la question du bébé. Que dire ? Que cela
me déchirait de ne pouvoir porter
d’enfant, jamais ? Je me suis tue.
Trente ans de silence. »
Trente années pour apprendre
à vivre avec sa souffrance. Pour
la transformer. « L’épreuve nous
offre une clairvoyance, elle nous
ramène à l’essentiel. La vie est
fragile. Beaucoup l’ignorent. Nous,
les malades, le savons. Cela nous
donne le courage de faire des choix
de vie que nous n’aurions peutêtre pas osés. Nous ne perdons pas
de temps avec des choses superficielles. Pour ma part, j’ai compris
la brûlante nécessité d’établir une
harmonie entre mon mode de vie
et mon être profond. »
Le coming out est venu en 2006
avec la parution de Trouver le
chemin, témoignage de l’actrice
sur sa rencontre avec le boud­
dhisme. « C’était pour moi le
moment. Ce livre n’avait pas
vocation à parler de cancer, mais je
ne pouvais expliquer honnêtement
mon cheminement spirituel en éludant cette épreuve qui a aussi marqué le départ d’une merveilleuse
aventure intérieure. Lorsque j’ai
rendu ce livre révélant ma blessure
intime, je me suis sentie au bord
d’un gouffre. Mais j’y suis allée. »
Le livre a été une déflagration.
300 000 exemplaires vendus. Des
milliers de malades ont trouvé
dans ce récit un écho à leurs peurs,
leurs maux et, surtout, leurs espérances. Beaucoup ont découvert
derrière le ravissant visage une
femme entière. Entière, avec ou
sans ovaires. Une très belle femme.
c.l.-r.
à lire : Trouver le chemin,
par Véronique Jannot,
éditions Michel Lafon.
18,50 €.
BEAUTÉ
98. Du blush à l’âme
Un peu partout dans les hôpitaux, infirmières et esthéticiennes spécialisées redonnent des couleurs aux patientes.
Reportage.
106. Objectif relooking
Encore malades, Isabelle et Delphine ont confié leur visage
à nos spécialistes beauté. Transformation.
114. de l’eau pour la peau
Les conseils du Dr Coquard-Schmidt, dermatologue.
116. mine anti-crise
Crèmes, laits et masques... Tous les produits qui sauvent la
peau.
117. arsenal beauté
Plainpicture
Fond de teint, blush, mascara... Se maquiller sans maltraiter,
c’est possible.
ROSE MAGAZINE
3
Onco-esthétique
Du blush
à l’âme
Un soupçon de rouge ici, une touche
de poudre là, quelques massages...
Partout en France, esthéticiennes
et infirmières spécialisées redonnent
des couleurs aux patientes hospitalisées.
Et, pour un temps, la maladie s’éloigne...
Frédérique Jouval
texte anne-sophie douet. photos frédérique jouval.
98
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
99
Onco-esthétique
Frédérique Jouval
Perruque tendance ou foulard parme ? Marie-Christine
écoute attentivement les conseils d’Yveline Barbault, coiffeuse au centre
Léon-Bérard de Lyon.
ROSE MAGAZINE
101
Onco-esthétique
Frédérique Jouval
Le temps d’une séance de maquillage ou d’un soin du visage,
Marie-Pierre Chapelle (ci-dessous) et Pascale Marchal (à droite),
esthéticiennes du CEW, ont rendu le sourire à Sylvie et Christine,
en traitement à l’institut Curie de Paris.
ROSE MAGAZINE
103
Onco-esthétique
Petite femme tout en rondeurs de
soixante-trois ans, Janine connaît
bien les couloirs de l’institut Curie.
C’est dans ce centre parisien de
traitement des cancers qu’elle a
été soignée pour la première fois
en 2002. Aujourd’hui, elle souffre
d’une récidive, doit reprendre
les séances de chimiothérapie. Et
recomposer avec la chute de ses
cheveux, de ses cils et de ses sourcils.
Pourtant, en neuf ans, « quelque
chose a changé ». Si les lieux restent
les mêmes – une vaste salle pouvant
accueillir une dizaine de malades –,
si l’angoisse affleure toujours,
Janine vit mieux ces séances. Car,
une fois par mois, pendant que le
traitement combat la maladie, elle
confie son visage ou ses mains à
P
une esthéticienne de Cosmetic
Executive Women (CEW). L’association, dont la branche française
est née en 1992, réunit vingt-cinq
esthéticiennes réparties dans autant
de centres de beauté (dont six en
province), tous installés en milieu
hospitalier. Comme l’association
« La Vie, de plus belle », CEW
dispense des soins esthétiques gratuits aux patientes qui le souhaitent.
Aujourd’hui, la bonne fée de Janine
s’appelle Marie-Pierre Chapelle.
Socio-esthéticienne formée au
Codes (Cours d’esthétique à option
humanitaire et sociale), cette jolie
femme élancée intervient depuis
2003 au centre de cancérologie.
Beauté des mains ou des pieds,
modelage, soin du visage, ma-
Moment complice entre Yveline Barbault et Lucia-Helena, jeune patiente.
104
ROSE MAGAZINE
rendez-vous enseignent les bons
gestes, ceux qui permettent de se
regarder de nouveau. »
Janine, Odile et les autres ne sont
pas les seules à reconnaître les bienfaits de ce service. Le corps médical, d’abord méfiant, a lui aussi fini
par se laisser convaincre. Même
si, comme le rappelle Françoise
Montenay, la présidente de CEW,
il a fallu vaincre de nombreuses
réticences : « A nos débuts, on nous
reprochait de pénétrer un univers
qui n’était pas le nôtre. Chez les
kinés et les médecins, on se demandait bien à quoi pouvaient servir
nos “papouilles”… » Le Dr Didier
Mayeur, cancérologue au centre
hospitalier de Versailles (Yvelines),
confirme. Quand l’onco-esthétique a fait son entrée à l’hôpital, il
reconnaît avoir été « étonné ». Pour
les disciples d’Esculape, la priorité
est ailleurs : dans la recherche du
traitement le plus efficace possible.
quillage… Son agenda ne désemplit
pas. « Ici, la demande est très forte,
explique-t-elle. Pour ces femmes, le
soin esthétique, c’est aussi une bulle
de détente, un moment suspendu
qui leur fait oublier la maladie. »
De fait, les patientes ont immédiatement plébiscité cette parenthèse
beauté. Odile, soixante et un ans,
soignée pour un cancer du sein,
est une habituée. Quand MariePierre lui ôte sa perruque blonde
pour masser son cuir chevelu,
cette Parisienne l’avoue : elle est
« en confiance ». Elle qui s’offrait
régulièrement un soin en institut
reconnaît qu’« à présent (elle n’oserait) plus y mettre les pieds ». La fin
de la séance approche. Pendant que
l’esthéticienne redonne des couleurs à son visage, Odile, à nouveau coiffée, poursuit : « Quand
vous êtes bien-portante, vous savez
ce qui vous va. Mais une fois malade, vous devez vous habituer à
un nouveau visage. Et apprendre à
vous maquiller différemment. Ces
Oublier la maladie
le temps d’un soin
Frédérique Jouval
“la première victoire
sur la maladie, c’est de
ne pas faire malade”
Aujourd’hui, ce médecin reconnaît volontiers « combien ces soins
sont importants pour les femmes.
D’abord, parce qu’il arrive
encore que des patientes refusent
un traitement par peur d’une
dégradation de leur image,
ensuite, parce qu’une image de soi
restaurée apporte un vrai plus
dans l’acceptation des contraintes
du traitement ». Françoise Montenay insiste : « La beauté n’a rien
de futile. Des femmes sans cils ni
sourcils, qui ont des cernes sous les
yeux et une image d’elle-même
épouvantable, peuvent être transformées en une seule séance. » à
l’institut Curie aussi, les soignants
croient aux bienfaits de l’oncoesthétique. Au point, confie
Marie-Pierre Chapelle, que des
médecins la sollicitent parfois en
urgence pour intervenir auprès
d’une patiente en détresse.
Renouer avec
ce corps malade
à sept cents kilomètres de là,
Nathalie Molines, psychosocioesthéticienne, travaille elle aussi sur
la reconstruction de l’estime de soi.
Au Centre azuréen de cancérologie
de Mougins (Alpes-Maritimes),
elle tisse des « liens intimes » avec
des patientes parfois « traumatisées
par leur nouvelle image ». En les
familiarisant avec les prothèses
capillaires, en leur montrant comment le maquillage peut compenser
la perte d’éclat du visage, bref, en
masquant ces signes qui leur rappellent sans cesse la gravité de leur
maladie, elle « arrive petit à petit à
leur redonner l’envie de renouer
avec ce corps malade, dont elles
pensent qu’il les a trahies ». Avec,
parfois, des résultats mesurables :
« Une patiente refusait tout contact
physique avec son mari. Elle m’a
confié qu’après un soin, elle avait
eu envie de se retrouver à nouveau
dans ses bras… »
Retour à Paris. à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, une
infirmière en oncologie a réussi à
concilier les approches médicale
et esthétique. Formée en conseil
à l’image, fondatrice de l’association Apima (Apprivoiser son
image dans la maladie), MarieLaure Allouis laisse, une journée
par semaine, sa blouse blanche
au vestiaire. Sur le chariot qu’elle
pousse alors dans les couloirs de
son service, ni seringues ni
cathéters mais perruques, turbans
et rouges à lèvres. Dans le local mis
à sa disposition en cancé­rologie, ou
dans les chambres, si les patientes
ne peuvent se déplacer, la jeune
femme propose d’essayer chapeaux
et foulards, dispense des conseils
pour ménager sa peau et ses ongles,
distribue des échantillons de produits de beauté… Chaque mardi,
quatre à sept patientes béné­ficient
de son savoir-faire. Et sortent avec
le sourire. Car Marie-Laure les en a
persua­dées : « La première victoire
sur la maladie, c’est de ne pas “faire
malade”. » anne-sophie douet
Adresses utiles
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ROSE MAGAZINE
105
AVANT-APRÈS
OBJECTIF
RELOOKING
9h
ISABELLE
Responsable d’une galerie d’art à Lyon, Isabelle est
arrivée la veille à Paris pour ne pas rater son rendezvous avec Rose Mag ! Très en forme malgré ses
dernières séances de chimio, la jeune femme a décidé
de jouer à fond la carte de la transformation.
106
ROSE MAGAZINE
Deux lectrices
en fin de
traitements ont
confié leur visage
à une équipe de
professionnelles
de la beauté.
Résultat bluffant.
réalisation nathalie croquet
photos ari rossner
14h
Delphine
à peine descendue du TGV en provenance de Lille,
Delphine découvre le studio. à la fois ravie et inquiète,
cette secrétaire médicale de quarante ans, maman de
trois enfants, s’est laissée tenter par l’aventure du
relooking pour « renouer avec sa féminité ».
ROSE MAGAZINE
107
AVANT-APRÈS
Café matinal pour
Any d’Avray.
Attentive et patiente, la
pionnière des chevelures
d’appoint a pris très
à cœur sa mission de
conseil.
9h10
Première étape : la chevelure.
Isabelle opte d’emblée pour une
perruque aux tons naturels. Any
d’Avray l’encourage à oser des
cheveux flamboyants, plus en
accord avec sa personnalité.
108
ROSE MAGAZINE
9h45
10h30
Le rouge est adopté ! Ravie de sa
nouvelle aura, Isabelle s’essaie à
quelques grimaces dans le miroir.
La jeune femme adore « le côté
décoiffé et lumineux, un peu
voyou » de sa tête new look.
Valérie, la maquilleuse, pose
des faux cils à Isabelle. Un geste
essentiel car l’absence de cils
« éteint » le regard. Un point de
colle, une frangette, et déjà une
prunelle hollywoodienne !
DELPHINE
14h15
Fred Pierre-François / DR
ISABELLE
Valérie a choisi le maquillage
pour les peaux sensibilisées par
les traitements de la marque bio
Couleur Caramel. Quelques essais
de tons et de textures, et Delphine
est conquise !
14h40
Any discute avec Delphine de
la couleur idéale de sa perruque.
« Retrouver l’originale ? », s’interroge la jeune femme. Any lui
conseille plutôt un blond moins
clair qui met en valeur ses yeux
bleu-vert.
ROSE MAGAZINE
109
AVANT-APRÈS
DELPHINE
11h
Valérie farde les yeux de son
modèle. Puis arrive un moment
essentiel : la maquilleuse dessine
avec précision la ligne des sourcils,
dont l’absence déstructure le visage.
15h
La coupe, la couleur, tout lui plaît.
Pour le maquillage, Valérie s’est
contentée de souligner la ligne des
sourcils de Delphine et d’unifier
son teint de blonde. Puis, un rien
de fard, du blush, un soupçon de
rimmel...
ISABELLE
Un léger gloss sur la bouche, un
dernier « décoiffage » artistique
d’Any d’Avray, un nuage de
poudre matifiant et la Lyonnaise
interroge son reflet. « Miroir,
mon beau miroir ? »
110
ROSE MAGAZINE
Fred Pierre-François / DR
11h20
15h15
En dessinant la bouche, Valérie
renouvelle ses conseils : choisir
un fond de teint traitant mais
ne jamais surcharger pour éviter
l’aspect « plâtré ». Et hydrater
plusieurs fois dans la journée.
Retrouvez nos conseils
maquillage sur notre site
rosemagazine.fr
ROSE MAGAZINE
111
AVANT-APRÈS
« Jamais, seule,
je n’aurais osé ce rouge
ni ce maquillage !
Mais le résultat me
ressemble : punchy,
rigolo et un rien décalé. »
« Mon mari, mes fils
Baptiste et Théo,
et même ma petite
Valentine de quatre ans
vont être soufflés de me
voir si sophistiquée ! »
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Ceinture, Cotélac 75 €.
Robe jersey larges rayures
Sinéquanone 79,90 €.
12h
17h
à trente-cinq ans, la jolie galeriste
vient de se découvrir un talent de
modèle. Très à l’aise, elle sourit et
virevolte devant le photographe, qui
en reste bluffé. Une star est née !
112
ROSE MAGAZINE
Delphine
Fred Pierre-François / DR
ISABELLE
Douceur, grâce, réserve... La
maman « chti » a remporté son
pari. La voilà transformée en une
femme mystérieuse et un brin
inaccessible : quasi-fatale, quoi !
ROSE MAGAZINE
113
DERMATO
Rose Magazine. Quelles réactions
provoque la radiothérapie ?
Dr Barbara Coquard-Schmidt. Parfois aucune.
Parfois, des rougeurs au niveau de la zone traitée,
plus rarement une ulcération. Dans les trois à quatre
semaines suivant le début du traitement, la peau peut
devenir sèche et peler comme après un coup de soleil,
ou prendre une teinte marron.
Et pour les chimiothérapies ?
La chimio ne « sait » pas cibler les seules
cellules
malades. Elle entraîne donc souvent des effets indésirables comme la chute des cheveux et des poils, mais
aussi une sécheresse cutanée, voire un syndrome
« mains-pieds » – une peau desséchée qui pèle et se
fissure. Quelques rares patientes subissent des éruptions au niveau du visage et du tronc (qu’on pourrait
prendre pour de l’acné), parfois une rougeur diffuse
sur l’ensemble du corps.
Les ongles peuvent-ils aussi être affectés ?
Oui, ils peuvent noircir, présenter des stries, parfois
se décoller.
Tous ces effets sont-ils réversibles ?
Oui, en quelques semaines, quelques mois au pire, ils
disparaissent.
Peut-on les prévenir ?
Pour préserver sa peau
pendant les traitements,
les conseils du Dr Barbara
Coquard-Schmidt*.
DE L’EAU
POUR LA PEAU !
114
ROSE MAGAZINE
Getty images
propos recueillis par anne-sophie douet
Les masques hydratants sont-ils indiqués ?
Oui, ils sont même bénéfiques ! Sauf pour les personnes
victimes d’une réaction acnéiforme à la chimio, qui
devront consulter un dermatologue. Mieux vaut choisir son masque chez les spécialistes des peaux atopiques
ou appliquer une couche épaisse de cold cream pendant
une dizaine de minutes (en pharmacie), avant de retirer
le surplus à l’aide d’une solution de type Créaline H2O.
Terminer par une brumisation d’eau thermale.
Y a-t-il des comportements à éviter ?
Oui, pas de produits agressifs ni d’exposition au soleil, afin de ne pas fragiliser une peau déjà malmenée.
Pour le syndrome mains-pieds, éviter la vaisselle, la
lessive à la main et la course à pied.
En cas de perte des cheveux,
doit-on continuer les shampooings ?
Oui, on peut laver son crâne tous les deux jours avec
un shampooing doux ou un nettoyant de type syndet.
Pour les démangeaisons du cuir chevelu, appliquer
un produit émollient, voire un dermocorticoïde léger
pour son effet anti-inflammatoire (sur ordonnance).
Pour les boutons et les cernes,
existe-t-il des produits de camouflage ?
Oui, différents correcteurs de teint et anticernes
camouflent cernes et boutons sans effet masque.
Pour contrer la chute des cheveux, il existe un casque
réfrigérant qui réduit l’afflux sanguin dans le cuir chevelu et donc la quantité de produit « toxique ». Sur les
ongles, on conseille d’appliquer plusieurs couches de
vernis foncé - sorte de barrière contre la lumière du
jour - avant le début de la chimio. Régulièrement, on
enlève le vernis à l’aide d’un dissolvant sans acétone,
et on applique à nouveau deux couches.
Comment venir à bout des cicatrices
d’ablation ou d’exérèse ?
Pendant le traitement, quelles règles
d’hygiène générales observer ?
Doit-on fuir le soleil ?
Couper ses ongles court et les vernir, faire sa toilette
avec un savon doux (de type syndet, un « savon sans
savon » bien toléré par les peaux fragilisées), appliquer
une crème hydratante sans parfum ni parabène dès que
le besoin s’en fait sentir, plusieurs fois par jour s’il le faut.
Une cicatrice évolue pendant dix-huit mois. Pour
éviter qu’elle n’adhère, on peut la masser avec une
crème hydratante, ou voir un kiné, qui l’assouplira
et la décollera. Ces séances (qu’un oncologue ou un
médecin de famille peut prescrire) préparent aussi
une éventuelle chirurgie réparatrice.
Oui, dès le début du traitement et jusqu’à un an après la
fin des cures. Sinon, des précautions de base s’imposent :
porter vêtements couvrants et lunettes noires, et appliquer une crème indice 50+ sur les zones découvertes.
*Dermatologue aux thermes du Connétable, à La Roche-Posay.
ROSE MAGAZINE
115
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117
LA TROUSSE BEAUTÉ DE…
MOrGANne
BELLO
Créatrice de bijoux
“ Je n’ai jamais
abandonné l’idée
d’être belle…
... même au plus fort des traitements. Lorsque j’ai
perdu mes cheveux, j’ai tout de suite acheté une
première perruque, puis une nouvelle : aujourd’hui,
j’en ai dix, une noir corbeau frangée à la Crazy
Horse, une blond miel dégradée, une brune à longues
mèches… Je fais l’effort, quel que soit mon état de
fatigue, de me maquiller. Ma peau étant devenue
plus exigeante durant la chimiothérapie, j’ai choisi
l’eau d’Uriage pour le démaquillage et le peeling
quotidien de Kanebo, qui éclaire le teint. Pour les
peaux fragilisées, j’ai aussi découvert la gamme L’Or
de Vie, de Dior : le sérum, la crème hydratante, le
contour des yeux… tout est extraordinairement
efficace. Côté maquillage, j’utilise la poudre Starless
Night de M.A.C, la poudre Soleil Tan et le gloss
Lèvres scintillantes de Chanel. Enfin, pour booster la
repousse des cils, Revitalash.”
Biafine, Baume hydratant corporel Cicabiafine, 200 ml, 10,40 €
Chanel, Soleil Tan, 50 €
Dior, Crème l’Or de Vie, 50 ml, 350,56 €
Kanebo, Sensai peeling poudre de soie, 100 ml, 72 €
M.A.C, Poudre éclat Starless night, 20 €
Revitalash, Soin revitalisant pour Cils, 2 ml, 70 €
Uriage, Eau démaquillante micellaire, 500 ml, 9,70 €
118
ROSE MAGAZINE
ROSE MAGAZINE
119
« Ce bout de mon corps, jamais ne
Ester, 42 ans
reviendra, je suis passée par la co-
“la reconstruction est ma revanche”
lère, la peur. (…) Et puis plusieurs
années ont passé (…). Si je n’avais
“Si le chirurgien ne m’avait pas immédiatement parlé de reconstruction mam-
pas fait cette mastectomie il y a
maire, je n’aurais jamais accepté l’ablation. A 33 ans, je ne me voyais pas avec
dix ans, je ne serais pas en train
un seul sein. Mais je ne voulais pas non plus d’un corps étranger, donc d’une
d’écrire sur le clavier ce matin. »
prothèse, surtout avec la perspective de devoir la changer dans dix ans. Pour
C’est un message, signé Clara,
moi, cela signifiait que je n’en finirais jamais avec ce cancer !
posté sur un site d’information
En surfant sur des sites américains, j’ai découvert la technique du DIEP. Les
destiné aux femmes.
témoignages étaient enthousiastes, j’ai demandé la même chose. Mais le chirur-
En France, chaque année, elles
gien m’a proposé, lui, la technique du TRAM. Impensable. Je ne voulais pas
sont 12 000 à subir l’ablation d’un
qu’on me prenne un muscle du ventre après m’avoir enlevé un sein. D’autant
sein, parfois seule solution pour
que j’espérais bien, un jour, avoir des enfants. J’ai donc insisté pour bénéficier du
lutter contre un cancer qui les
DIEP et le médecin m’a orienté vers le professeur Lantieri, célèbre pour avoir
menace. Une épreuve de plus à
réalisé des greffes de visages. C’est lui qui m’a opérée.
affronter, après l’annonce de la
Après l’intervention, j’ai été soulagée d’être débarrassée de ce sein malade
maladie elle-même puis l’éventuel
traitement.
FOCUS
SEIN
122. se reconstruire après l’ablation
Après une mastectomie, certaines rêvent de chirurgie comme
d’une revanche. D’autres pas.
126. à quel sein se vouer ?
Prothèses, TRAM, DIEP, les techniques de reconstruction
évoluent... Ce qu’il faut savoir avant de se lancer.
129. Dépassements d’honoraires...
Plus de quatre médecins spécialistes sur dix sont aujourd’hui
installés en secteur 2.
Plainpicture
C
MASTECTOMIE
C
marie-pierre garrabos
122
ROSE MAGAZINE
Plainpicture
Se
reconstruire
après
l’ablation
Toutes les femmes opérées ne rêvent pas
d’un nouveau sein rebondi. Certaines, même,
n’en veulent plus aucun. En revanche,
toutes doivent faire le deuil du disparu.
« Ce bout de mon corps, jamais ne
reviendra, j’ai ressenti la colère, la
peur. (…) Et puis plusieurs années
ont passé (…). Si je n’avais pas fait
cette mastectomie il y a dix ans,
je ne serais pas en train d’écrire
sur le clavier ce matin. » C’est un
message, signé Clara, posté sur
un site d’information destiné aux
femmes.
En France, chaque année, elles
sont 12 000 à subir l’ablation d’un
sein, parfois seule solution pour
lutter contre un cancer qui les
menace. Une épreuve de plus à
affronter, après l’annonce de la
maladie elle-même puis l’éventuel
traitement.
« Une ablation est, pour chaque
femme, une effraction corporelle,
une mutilation », confirme Lydia
Taïeb, psychologue et coauteur
avec élise Ricadat de Après le
cancer du sein, un féminin à
reconstruire (éditions AlbinMichel). « Mais chacune la vit de
façon singulière. » Certaines
patientes se montrent soulagées d’être débarrassées de cet
organe douloureux. D’autres
appréhen­dent une perte de leur
féminité, une atteinte à leur identité de mère, d’amante. Atteinte
d’autant plus difficile à supporter
que la poitrine subit, comme nulle
autre partie du corps, les diktats
esthétiques de la société. « Mais
aucune femme n’échappe au sentiment de vide intérieur, poursuit
Lydia Taïeb. Et toutes devront
faire le deuil de cette transformation corporelle. Il faut accepter
d’être triste, en colère, de ressentir de l’injustice et un sentiment
d’impuissance. »
Ester, 42 ans
“la reconstruction est ma revanche”
« Si le chirurgien ne m’avait pas immédiatement parlé de reconstruction mammaire, je n’aurais jamais accepté l’ablation. A 33 ans, je ne me voyais pas avec
un seul sein. Mais je ne voulais pas non plus d’un corps étranger, donc d’une
prothèse, surtout avec la perspective de devoir la changer dans dix ans. Pour
moi, cela signifiait que je n’en finirais jamais avec ce cancer !
En surfant sur des sites américains, j’ai découvert la technique du DIEP. Les
témoignages étaient enthousiastes, j’ai demandé la même chose. Mais le chirurgien m’a proposé, lui, la technique du TRAM. Impensable. Je ne voulais pas
qu’on me prenne un muscle du ventre après m’avoir enlevé un sein. D’autant
que j’espérais bien, un jour, avoir des enfants. J’ai donc insisté pour bénéficier
du DIEP et le médecin m’a orientée vers le professeur Lantieri, célèbre pour
avoir réalisé des greffes de visage. C’est lui qui m’a opérée.
Après l’intervention, j’ai été soulagée d’être débarrassée de ce sein malade
et, six mois après, je suis revenue pour la reconstruction du mamelon et de
l’aréole. J’en ai profité pour demander une augmentation mammaire, ce qui
m’a bien motivée pour retourner sur la table d’opération ! Aujourd’hui, même
si les petites cicatrices me rappellent tous les jours l’intervention, la reconstruction est pour moi une revanche sur la maladie. Du coup, j’ai créé l’association
R.S. Diep (www.diep-asso.fr) pour que d’autres femmes puissent retrouver leur
poitrine sans être forcées de subir une technique qui ne leur convient pas. »
à lire. Au sein… du cancer. Guide pour gagner contre la maladie, d’Ester Lynne, Dangles
éditions.
Un long parcours, jalonné de
questions : à quoi vais-je ressembler ? Serai-je encore une femme ?
Comment susciter le désir ? Aurai-je encore une vie sexuelle ?
« Une femme fragile, qui
aura investi toute sa féminité
dans l’apparence, peut s’effondrer
avec la perte de son sein, prévient
Lydia Taïeb. En revanche, plus
une femme s’est construite avec
une image solide de sa féminité,
mieux ce deuil s’accomplira et plus
solidement elle se reconstruira. »
Cette bonne estime de soi en tant
que femme est forgée dès l’enfance. C’est la mère qui transmet
à sa petite fille une image positive
de la féminité. Et c’est le père ensuite qui pose sur elle un regard
bienveillant. « Après le temps du
deuil, la femme "solide sur ses
bases" pourra renouer avec cette
féminité qui n’aura évidemment
pas disparu avec le sein », assure
Lydia Taïeb.
Le compagnon, sa présence pendant la maladie, la façon dont
lui-même accepte ce corps modifié peuvent s’avérer de précieux
alliés pour aider une femme à
s’apprivoiser à son tour. Mais
d’autres renforts sont aussi à solliciter : une association, d’autres
femmes, proches ou anonymes,
ayant vécu la même chose. •••
ROSE MAGAZINE
123
MASTECTOMIE
Un sein, oui, mais
pas le décolleté
de Pamela Anderson
Au cours ou au terme de
ce cheminement, 60 % des
femmes ayant subi une ablation
diront non à une reconstruction
mammaire. « Certaines ne veulent
plus revivre un autre parcours
du combattant, explique Lydia
Taïeb. Elles ont assez souffert,
passé assez de temps à l’hôpital,
basta ! Elles se réapproprieront
leur corps différemment. » Pour
d’autres, le corps amazone est
aussi une preuve du combat
mené, des souffrances traversées.
Le sein perdu est vécu comme
un tribut payé à la maladie, et
un leurre n’aurait aucune valeur.
Cette décision, qui heurte le
modèle de perfection physique
vanté par notre société, est souvent mal acceptée. Certains la
comprennent d’autant moins que
la chirurgie fournit des réponses.
Même l’institut Curie, à Paris,
124
ROSE MAGAZINE
Laurence, 42 ans
« Aujourd’hui, je n’ai plus de seins du tout et je l’accepte. J’ai même décidé
de me faire tatouer sur le torse une guirlande fleurie. Mes grandes cicatrices
rappellent trop la maladie et j’ai envie de les cacher par quelque chose de gai,
qui me plaît. C’est l’an dernier que l’on m’a annoncé un cancer du sein droit,
alors que j’avais déjà été traitée à gauche deux ans auparavant. On m’a prescrit
l’ablation et j’ai demandé que le gauche soit lui aussi retiré. On m’a parlé de
reconstruction immédiate. Mais j’hésitais et j’ai cherché des informations sur
les différentes techniques. Je ne voulais ni d’une prothèse, ni qu’on m’enlève un
morceau de muscle. Sur Internet, je suis tombée sur Les Amazones s’exposent.
Et là, j’ai vu la photo d’une femme tatouée sur le buste. J’ai trouvé ça très
beau. Ensuite, sur le site d’une autre association, Europa Donna, j’ai trouvé le
témoignage d’une femme tatouée. Deux dermatologues contactés m’ont juste
conseillé d’attendre que la cicatrice soit stabilisée et de veiller aux conditions
d’hygiène et de stérilité. Restait à trouver le tatoueur. J’ai choisi une femme, dont
le trait me séduisait. à l’hôpital, après la double mastectomie, J’étais heureuse
de ne plus avoir ces seins, symboles de la maladie. Quand je me suis vue dans la
glace pour la première fois avec l’infirmière, j’ai trouvé ça bizarre, évidemment,
mais pas horrible. C’était pire de ne plus avoir de cheveux ! Aujourd’hui, je ne
me sens pas moins femme pour autant. La féminité ne dépend pas des seins,
ils n’en sont qu’un détail. De toute façon, je n’aurais pas retrouvé les mêmes
qu’avant. Je n’ai pas de difficulté à montrer mes cicatrices, mais avec le tatouage,
ce sera quand même plus simple, j’ose dire plus séduisant. Déjà, j’ai donné tous
mes soutiens-gorge à ma sœur. »
« docteur » affirme : « Vous êtes
jeune, vous n’allez pas vivre sans
sein ! » Et surtout, poursuit la psy,
le praticien doit expliquer à sa
patiente qu’elle n’aura ni le même
sein qu’avant, ni le décolleté de
Pamela Anderson ! « Il est impératif que la femme intègre cela,
martèle Sylvie Dolbeault. Le jour
où elle réalisera qu’elle n’est plus
100 % comme avant, elle risque
sinon de connaître une grande
détresse. Il lui sera plus difficile de s’adapter à son nouveau
physique. »
Car même parfaitement réussie, la reconstruction n’efface
pas le cancer. La maladie reste
inscrite dans la chair et dans la
mémoire. Et le nouveau sein doit
lui aussi être accepté. « Faire son
deuil, c’est prendre conscience
que le sein reconstruit n’a rien à
Bref, on n’est pas obligée d’acquiescer quand le
“Je suis heureuse de ne plus avoir ces seins”
Getty Images
Ou une infirmière. C’est même
souvent elle qui accompagne les
patientes dans la première redécouverte d’elles-mêmes. Une
étape essentielle. Enfin, la qualité du dialogue avec les médecins et les chirurgiens est cruciale.
Obtenir des informations et des
réponses précises à ses questions
est le meilleur moyen d’éviter
les angoisses. Quand on ignore
à quoi ressemblera son corps, on
peut imaginer le pire…
a décidé de lancer une enquête
auprès de ses « refuzniks » pour
comprendre leurs motivations et
adapter ses réponses.
Reste que 40 % des malades ayant
subi une mastectomie optent pour
la reconstruction. Pour elles, le
passage est obligé. Il marque
l’ultime revanche. « Mais attention, prévient Sylvie Dolbeault,
psychiatre, chef du département
de soins de supports de l’institut Curie, il faut que la personne
fasse ce choix pour elle. Pas pour
son conjoint, même s’il a joué un
rôle important. Ni pour obéir à
l’injonction d’un chirurgien. Le
médecin doit être à l’écoute du
ressenti de sa patiente et non de
ses propres représentations. »
à lire . la brochure Cancer du
sein, éditée par l'Arc.
Toutes les brochures sont
téléchargeables et peuvent être
commandées gratuitement sur :
arc-cancer.net/nos-brochures/
article/nos-brochures.html
voir avec l’ancien », insiste Lydia
Taïeb. Certaines femmes le comprennent dès l’annonce de l’ablation. Pour d’autres, ce travail
s’effectue après la reconstruction.
« C’est normal, rassure Lydia
Taïeb. Pendant le traitement, on
est dans un tunnel. On ne pense
qu’à sauver sa peau. » C’est après,
quand les visites à l’hôpital s’espacent, qu’on a soudain le temps
de penser aux épreuves traversées.
Voilà pourquoi, malgré leur poitrine parfaite, certaines plongent
alors dans une tristesse qu’ellesmêmes et leurs proches ne parviennent pas à expliquer. Là
encore, la spécialiste calme les
inquiétudes : « Le sein reconstruit
n’a pas d’histoire, il n’a pas nourri
d’enfant, par exemple. Il faut donc
l’investir psychiquement : c’est lui
qui me permet de porter ce décolleté, d’avoir davantage confiance
dans ma féminité. » Il n’est pas
rare que certaines femmes patientent longtemps avant d’affronter
le miroir, avant de montrer leur
nouvelle poitrine à leur amoureux.
Pourtant, c’est en portant sur ce
sein un regard pacifié, en le massant, en apprenant à l’aimer que
la reconstruction sera accomplie.
Un long chemin parfois. « Mais il
n’est jamais trop tard pour effectuer ce travail, accepter le changement et se réconcilier avec soimême, conclut Sylvie Dolbeault.
Reconstruction ou pas, l’objectif
est de cohabiter avec l’idée que
cette maladie nous a changée. »
Pour pouvoir envisager de s’aimer
à nouveau, avec ce corps différent
mais victorieux.
marie-pierre garrabos
ROSE MAGAZINE
125
CHIRURGIE MAMMAIRE
En silicone, issu d’un muscle, d’un morceau de peau
ou de cellules graisseuses prélevés sur la patiente elle-même…
marie-pierre garrabos
à QUEL
SEIN
SE VOUER ?
Celles qui souhaitent une reconstruction mammaire
après ablation et dont l’état de santé autorise plusieurs interventions ont le choix. En fonction de leur
morphologie, des traitements qu’elles ont subis, de
leur style de vie… elles se verront proposer plusieurs
techniques. Parfois, la reconstruction sera immé­
diate, réalisée dans la foulée de l’ablation. Mais,
selon les traitements (radiothérapie notamment) et
en cas de haut risque de métastase, elle sera effectuée
environ un an après la fin des cures.
Ce qu’il faut savoir
avant de se lancer
Quelle que soit la technique
choisie, deux
ou trois interventions sont à prévoir, réalisées chacune à trois mois d’intervalle : reconstruction du
galbe, éventuelle symétrisation de l’autre sein avec
retouches sur le sein reconstruit et, enfin, reconstruction du mamelon et de l’aréole. Avant l’opération, il faut avoir arrêté de fumer (au moins un mois
126
ROSE MAGAZINE
plus tôt). En ralentissant la circulation sanguine, le
tabac augmente en effet le risque de nécrose.
Après l’opération, les mouvements sont pénibles et
ralentis pendant un mois. Difficile aussi de porter
des charges de plus de dix kilos, de conduire…
Mais une ex-patiente a confié être allée à un mariage
quinze jours après une reconstruction (par DIEP)
sans qu’on remarque quoi que ce soit.
Des séances de kiné, adaptées à la technique choisie, sont prescrites après tout type d’intervention et
pas seulement après une pose de prothèse. La pratique d’un sport n’est possible qu’au bout de deux
mois et le retour au travail intervient en général trois
semaines après une pose de prothèse, un mois et demi
après les autres opérations. Dernier point enfin, un
sein reconstruit, par l’une ou l’autre méthode, n’a
plus, ou quasiment plus, de sensibilité.
Le choix de la prothèse
Le principe. On place une poche remplie de gel
de silicone sous le muscle pectoral. L’opération dure
une heure trente à deux heures et ne nécessite pas
plus de sept jours d’hospitalisation. De plus, elle
ne laisse aucune cicatrice supplémentaire puisque
le chirurgien réincise la peau au même endroit que
pour l’ablation.
Pour qui ? Les femmes aux seins petits ou
moyens qui présentent une qualité de peau souple.
Cette méthode est donc préconisée en l’absence de
radiothérapie.
Attention ! Outre que la prothèse procure un
résultat un peu figé, elle peut former des vagues ou
des plis et provoquer la formation d’une coque dure
et parfois douloureuse autour d’elle. Dans ce cas, il
faut absolument la retirer. Enfin, s’il est rare que les
prothèses se rompent, elles doivent en général être
changées après une dizaine d’années.
La reconstruction par grand
droit abdominal ou TRAM
Le principe. Un morceau de ce muscle, situé au
niveau de l’abdomen, est prélevé avec de la peau et
de la graisse du ventre, puis implanté à la place du
sein. Une plaque de Goretex est posée pour renforcer la paroi abdominale fragilisée par la perte d’une
partie du muscle. L’opération dure trois à quatre
heures et offre un résultat très naturel. Elle permet
en plus d’obtenir un ventre plus plat.
Pour qui ? Les patientes présentant un excès de
graisse et de peau au niveau de l’abdomen, peu sportives et qui ne veulent pas envisager de grossesse.
Attention ! L’intervention, délicate, laisse sur
le ventre deux cicatrices : l’une allant d’une hanche
à l’autre et l’autre au niveau du nombril, qu’il faut
aussi reconstituer. L’hospitalisation est d’une dizaine
de jours. Des pertes sanguines importantes, ainsi
qu’une nécrose partielle du lambeau, sont possibles. Les suites opératoires sont douloureuses et
nécessitent le port d’une gaine, nuit et jour, pendant
plusieurs semaines. La paroi abdominale est fragilisée, ce qui peut gêner temporairement ou durablement les mouvements qui la sollicitent (se lever, par
exemple) et empêcher la pratique de certains sports.
“En 2007,
5% des femmes
avaient renoncé
à la reconstruction,
parce que c’était
trop cher pour
elles”
La reconstruction
par lambeau de grand dorsal
Le principe. Le chirurgien prélève une partie de
ce muscle situé au bas du dos. Il le fait pivoter vers
l’avant, en passant sous la peau de l’aisselle, puis le
modèle afin de reconstituer le volume du sein. Une
bande de peau du dos peut aussi être utilisée pour
remplacer la peau qui a pu être enlevée sur la poitrine
lors de l’ablation du sein. Si le volume à reconstituer
est important, une prothèse peut être glissée sous
le muscle, ou des cellules graisseuses peuvent être
prélevées par liposuccion et injectées pour se greffer
dans le muscle. L’opération dure deux heures environ et nécessite une hospitalisation d’une dizaine de
jours. Le sein ainsi reconstitué présente un aspect
plus naturel que par pose de prothèse, et est stable
dans le temps.
Pour qui ? Les jeunes femmes ayant été traitées
par radiothérapie. La technique permet également
de poursuivre une grossesse, au minimum trois
mois après l’intervention, le temps que les cicatrices
soient solides.
Attention ! L’opération laisse une nouvelle cicatrice dans le dos, longue d’environ vingt centimètres.
Les suites opératoires, notamment au niveau du dos,
sont douloureuses. Il existe un risque d’hématome
et d’accumulation de lymphe (de liquide) dans le
dos à l’endroit où le muscle a été prélevé. Enfin, la
gène, pour dormir et conduire, perdure plusieurs
semaines. La reprise d’un sport n’est possible qu’un
à deux mois après.
ROSE MAGAZINE
127
CHIRURGIE MAMMAIRE
La technique du DIEP
(pour Deep Inferior Episgatric Perforator Flap)
Le principe. On prélève la graisse et la peau du
bas du ventre, ou plus rarement de la fesse, avec une
artère et une veine qu’on « rebranchera » au niveau
du thorax. Ensuite, le lambeau est façonné pour
ressembler au sein restant. L’opération dure quatre
à huit heures et le résultat est très naturel. Le sein
« évolue ». Il grossit ou maigrit avec la patiente.
Autre intérêt : les douleurs postopératoires sont peu
importantes et le muscle abdominal est conservé.
Pour qui ? Les femmes présentant suffisamment
de graisse autour du ventre. Contrairement au cas
de la technique du TRAM, la pratique du sport est
plus facile et il est possible d’être enceinte, une fois
les cicatrices stabilisées.
Attention ! Cette technique recourt à la microchirurgie. Délicate, elle doit être pratiquée par un
chirurgien spécialement formé, et n’est donc pas
accessible partout. Par ailleurs, elle laisse une longue
cicatrice sur le ventre et une autre autour du nombril. Enfin, cet acte n’est pas encore nomenclaturé
par l’Assurance maladie. Les établissements qui le
pratiquent lui appliquent la nomenclature d’une
opération par TRAM.
La reconstruction de l’aréole
et du mamelon
Le principe. Pour l’aréole, plusieurs solutions : le
prélèvement d’une partie de l’aréole de l’autre sein,
si elle est large. Ou le prélèvement d’un fragment de
peau près de l’aine ou dans la région génitale (la peau
est à cet endroit naturellement pigmentée). Enfin,
l’introduction dans le derme d’un pigment stérile ou
tatouage. L’intervention se déroule sous anesthésie
locale ou générale. Elle dure une heure environ et les
suites opératoires sont très peu douloureuses. Pour
le mamelon, si celui de l’autre sein est important, on
peut en prélever une partie. Autre technique : surélever la peau du sein reconstruit et former un petit
relief. Enfin, on peut également se faire greffer un
petit bout d’oreille ou d’orteil.
Pour qui ? Toutes les patientes.
Attention ! Certaines patientes peuvent être
aller­giques au produit utilisé pour la pigmentation
du derme de la nouvelle aréole.
La lipostructure,
technique d’avenir ?
En complément d’une reconstruction (plus rarement pour reconstruire totalement le
sein), le chirurgien peut recourir à la lipostructure. Il s’agit de transférer de la graisse
des hanches ou des cuisses vers le sein reconstruit (par prothèse ou autre). Cette graisse
est aspirée puis réinjectée par de fines canules. L’intervention corrige les défauts de la
reconstruction et se déroule en général lors d’une seconde opération, parfois en même
temps que la reconstruction de l’aréole et du mamelon. à Paris, à l’institut Curie
notamment, on juge cette technique prometteuse, mais les praticiens manquent encore
de recul pour évaluer l’évolution de cette graisse transposée. Néanmoins, la technique
est pratiquée aux états-Unis et en Italie, en association notamment avec le système
Brava. Là encore, il s’agit d’un procédé nouveau. Inventé aux états-Unis, disponible
en France depuis l’hiver 2010, il a pour but d’optimiser et de faciliter l’implantation des
cellules graisseuses greffées. Quatre semaines avant l’opération et trois semaines après,
la patiente doit porter toutes les nuits un appareillage constitué d’un dôme souple qui,
appliqué à l’emplacement du sein ôté, opère une succion continue et provoque ainsi
une expansion des tissus. Les cellules greffées ont plus de place pour se développer, le
volume créé serait plus satisfaisant et l’aspect plus naturel.
128
ROSE MAGAZINE
Dépassements
d’honoraires:
une augmentation
inquiétante…
Indignée, cette patiente a transmis à la Ligue contre le cancer le
devis que le chirurgien venait de lui
remettre. Pour une reconstruction
par grand dorsal, il lui demandait
600 €, auxquels s’ajoutaient 100 €
pour la reconstruction de l’aréole
et 350 € pour la symétrisation de
l’autre sein, soit 1 050 €. La Caisse
d’assurance maladie rembourse
sur la base de 224,56 € pour une
reconstruction par pose d’implant,
567,73 € ou 720,70 € (selon la technique) pour une reconstruction par
muscle grand droit de l’abdomen
et 503,42 € pour une reconstruction
par lambeau de grand dorsal. La
base de remboursement pour l’anesthésie s’échelonne, elle, de 101,54 € à
229,90 € selon l’opération.
En soi, pourtant, rien d’illégal. Les
praticiens conventionnés en secteur 2 et les praticiens non conventionnés sont libres de fixer leurs
tarifs « dans le respect du tact et de
la mesure », selon l’article R.412753 du Code de la santé publique.
De plus, certains médecins exerçant
dans des hôpitaux publics sont autorisés à recevoir une clientèle privée au sein même de l’établissement,
donc à pratiquer des dépassements.
Un système conçu pour éviter la
fuite des praticiens du public vers
le privé. L’avantage pour le malade
« privé » dans le public : une prise en
charge souvent plus rapide et l’assurance de bénéficier du plateau technique d’un centre hospitalier. Seul
impératif pour les praticiens : informer le patient des conséquences de
son choix et lui remettre un devis
détaillant les frais. La raison : les
dépassements ne sont pas pris en
charge par l’Assurance maladie. Ni
par certains contrats de mutuelles…
En 2008, déjà, une enquête de la
Ligue avait révélé que les dépassements d’honoraires représentaient
environ 38 % des frais non remboursés lors du parcours de soin
pour un cancer du sein.
i
Le problème, souligne aujourd’hui la Ligue, c’est que
les patients ont de moins en moins
le choix. Plus de quatre médecins
spécialistes sur dix sont installés en
secteur 2(1). Notamment 85 % des
chirurgiens libéraux et 34 % des
anesthésistes. Résultat : pour certains actes comme la chirurgie, les
patients n’ont pas d’autre option
que de se tourner vers un praticien
conventionné en secteur 2, voire
non conventionné. Parfois, les délais d’attente dans le public sont tels
que, là encore, les patients sont quasi contraints de recourir au privé.
Certains comités départementaux
de la Ligue prennent en charge des
dépassements d’honoraires à certaines conditions. D’autres encore
interviennent auprès des médecins
pour qu’ils baissent le montant de
leurs dépassements. Pour sortir de
la politique du coup par coup, la
Ligue réfléchit à une solution de
compromis. L’Assurance maladie
envisage de mettre en place un protocole d’accord avec les médecins.
Ceux qui y souscriraient s’engageraient à réaliser au moins 30 % de
leurs actes au tarif opposable et à
facturer des compléments d’honoraires inférieurs ou égaux à 50 %.
En attendant, pour être soigné,
il faudra continuer de payer. Ou
se rendre dans un Centre de lutte
contre le cancer. Ou encore faire
jouer la concurrence et comparer
les devis. Mais tout le monde ne sait
pas le faire, encore moins quand
son propre corps est en jeu... Les
plus démunis seront donc, comme
souvent, les plus pénalisés. En 2007
déjà, 5 % des femmes avaient renoncé à la reconstruction, parce que
« c’était trop cher pour elles »(2).
m.-p. g.
(1)
Enquête
(2)
de l’Assurance maladie, 2010.
étude menée par la Ligue contre le cancer
auprès de femmes ayant subi l’ablation d’un sein.
ROSE MAGAZINE
129
MODE
133. chaleurs NOMADES
Cet hiver, on opte pour un style cosaque ou tatar tout en
s’enveloppant dans des manteaux ou des pulls moelleux et
gracieux.
140. coiffes d’hiver...
Des écharpes et des carrés à nouer, des capelines qui finissent
la silhouette... Les détails de la saison.
En dentelle, en soie ou en satin, une lingerie douce
pour les seins opérés.
Getty Images
143. fidèles soutiens
AUTOMNE
HIVER
Vent d’est
chalEURS
NOMADES
Quel plaisir de s’emmitoufler dans
des matières élégantes et douillettes,
alpaga, cachemire, soie, fourrure...
réalisation nathalie croquet
ROSE MAGAZINE
3
AUTOMNE
HIVER
cosaque
Manteau trench laine
épaulettes, Burberry,
2 995 €. Gilet sans manches,
mouton, Week-end
by Max Mara, 589 €.
Caleçon laine, Kenzo,
175 €. Carré jersey
de soie, Hermès, 1 100 €.
Toque mouton, Sonia
Rykiel, 115 €. Écharpe
étamine de laine,
Pennyblack, 47 €.
mongole
Manteau long laine,
Missoni, 2 550 €. Toque
raton laveur & agneau,
Hermès, 1 450 €. Carré
de soie, Hermès, 292 €.
Étole gaze de laine,
Faliero Sarti, 340 €.
Ceinture python,
Burberry, 595 €.
AUTOMNE
HIVER
lapone
Manteau bouclette
de laine, Yessica, 119 €.
Toque lapin, Hartford,
234 €. Étole étamine
de laine, Esprit, 19,95 €.
Écharpe frangée
cachemire,
Monoprix, 50 €.
balte
Veste bourrette de soie,
réversible, intérieur twill
de soie imprimé, 8 800 €.
Pull à capuche alpaga,
890 €. Chapeau feutre,
gansé, cuir tressé, 1 100 €.
Hermès.
AUTOMNE
HIVER
tatar
Duffle-coat laine chiné
à capuche, Blancs
Manteaux, 448 €.
Gilet sans manches,
mouton, Week-end
by Max Mara, 589 €.
Foulard vintage,
soie imprimée,
Abraham Will
Le 66 Champs-élysées,
25 €.
tsigane
Veste fausse fourrure, Miss
Sixty, 259 €. Combinaison
pantalon, col claudine,
coulissée taille, Orla
Kiely, 340 €. Foulard laine,
lettres, Miss Sixty, 39 €.
Chapeau feutre,
Margaret Howell, 165 €.
lingerie
Parure Wolford.
Bustier dentelles
noires fond chair
à armatures, 155 €.
Culotte haute
mi-dentelle
mi-résille, 99 €.
Veste laine sèche
beige, col rond,
manches trois-quarts,
Max Mara, 345 €.
Atout. Dos bien
maintenu avec large
bande cinq agrafes.
fidèles
soutiens
Les plus belles marques de lingerie
proposent aux femmes
des dessous délicats adaptés
aux seins opérés. Chic !
réalisation nathalie croquet, photos christian kettiger
ROSE MAGAZINE
3
lingerie
Soutien-gorge résille et dentelle violine à armatures,
bonnet drapé sur le côté, Rosy, 58 €.
Cardigan sans manches en cachemire noisette, Not Shy, 110 €.
Atout. Maintien parfait de la prothèse dans la demi-coque.
142
ROSE MAGAZINE
Christian Kettiger
Parure Aubade, dentelle
et tulle polyamide élasthanne
noir. Soutien-gorge triangle,
forme obus, 71 €.
Culotte haute galbante, 66 €.
Veste en laine et angora,
col châle, Paul & Joe Sister,
260 €.
Atout. Légèreté de la dentelle,
bien emboîtant et sans armatures.
ROSE MAGAZINE
143
lingerie
Christian Kettiger
Parure Triumph Vintage.
Soutien-gorge satin noir
matelassé sans armatures,
forme conique, bretelles
et dos large, 100 €.
Culotte ultra-haute matelassée,
détails lacets élastiques,
extensible en largeur, 76 €.
Atout. Le rétro au service
du confort.
144
ROSE MAGAZINE
Parure Amoena, dentelles
de roses noires sur tulle polyamide.
Soutien-gorge à armatures,
bretelles réglables, 85 €.
Culotte haute à incrustation
dentelle, 50 €.
Atout. Sexy jusqu’au bonnet F.
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145
lingerie
Soutien-gorge polyamide et dentelle prince-de-galles
et pois, armatures, bonnet trois parties et finitions dentelle,
référence Carlton, Bestform, 26 €.
Cardigan laine marron beige à losanges, ’S Max Mara, 265 €.
Atout. Un bonnet bien couvrant pour installer
un tricheur, une bonne corseterie à petits prix.
146
ROSE MAGAZINE
Christian Kettiger
Parure Eres.
Soutien-gorge triangle
gansé, vert gazon, 150 €.
Culotte haute
et volants, 135 €.
Chemise col rond en soie
imprimée, Max Mara, 239 €.
Atout. Tout doux
pour les petites poitrines.
ROSE MAGAZINE
147
SOCIAL
152. Le cancer, et après ?
Retrouver l’entreprise après des mois d’absence peut être
difficile. Quelques clefs pour réussir son come-back.
156. connaître ses droits & se défendre
Quels recours en cas de discrimination ?
160. guide pratique des aides
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Obtenir une allocation, une aide ménagère, une écoute psy :
plus de 50 contacts pour vous aider au quotidien.
REPRENDRE LE TRAVAIL
Le cancer,
Et aPRÈS ?
marie-pierre garrabos
Grâce à l’évolution des thérapeutiques, on peut – on doit
même – envisager un avenir après
la maladie. Et, dans cette perspective, le travail joue un rôle majeur.
« L’enjeu du travail est fondamental car avoir une place, c’est être
quelqu’un », confirme Monique
Sevellec, psychosociologue à l’institut Curie, à Paris. Pourtant, 43 %
des Français considèrent la réinsertion professionnelle comme la
principale difficulté des personnes
ayant été traitées pour un cancer(1),
rejoignant en cela les malades euxmêmes. Certes, 27 % d’entre eux
ont continué de travailler pendant leur traitement et 79 % (92 %
même pour les malades atteintes de
cancer du sein) ont repris leur activité dans les deux ans qui ont suivi
la maladie(2). Mais « tous font état
de difficultés quand le moment,
150
ROSE MAGAZINE
G
Psychosociologue à l’institut Curie, Monique Sevellec a mené une enquête
sur la reprise du travail auprès de personnes malades de cancer. Elle intervient aussi à la Maison des patients*, à Saint-Cloud.
souvent très attendu, est arrivé,
précise Monique Sevellec, codirectrice de l’enquête. Logique : ils
n’ont pas été préparés par l’hôpital,
ne reçoivent pas ou peu de soutien
de leur entreprise et demeurent
souvent incompris de leurs proches,
qui n’ont aucune idée des bouleversements qu’ils traversent ».
Suivant la durée de leur absence,
les complications ne seront toutefois pas les mêmes. Ceux qui se seront arrêtés quelques mois retrouveront leur poste sans difficulté.
Mais ceux qui se seront éloignés
plus d’un an rencontreront plus
de problèmes.
Même chose en ce qui
concerne les séquelles :
moins on en a, plus le retour au
travail est facile. Au premier rang
des difficultés personnelles, la peur
de la récidive sape la confiance en
soi. Mais, surtout, ces ex-patients
se découvrent plus « fatigables »
qu’avant. Sans parler des tâches
physiques que certains ne peuvent
plus momentanément ou définitivement effectuer. Tous pointent
Plainpicture
Aujourd’hui, en France, huit salariés
sur dix retravaillent après un cancer.
Plutôt une bonne nouvelle !
Mais mieux vaut préparer son retour.
“Retrouver sa place, c’est être vivant”
notamment des problèmes de
concentration, un temps plus long
pour réaliser certaines activités.
« Dans la journée, je lutte. Mais le
soir je m’écroule avant 21 heures »,
confie une jeune femme qui a repris
ses fonctions de secrétaire il y a six
mois. Cette fragilité peut ajouter de
l’anxiété, engendrer une « peur de
ne pas y arriver ».
D’autant que les salariés ne
peuvent compter que sur eux.
« Les collègues pensent que, si vous
êtes de retour, c’est que tout va
bien », rapporte Monique Sevellec. Certains, même, refusent de
voir que la personne a changé.
Et continuent de lui demander le
même rendement qu’avant, sans
prendre en compte ses coups •••
Rose Magazine. Quel sentiment prédomine chez les salariés qui reprennent
le travail ?
Monique Sevellec. La conscience que leur corps n’est plus le même, qu’il ne
répond plus de la même façon. Ils perdent alors leurs repères. Physiquement
et psychiquement, ils ne sont plus la personne d’avant la maladie et doivent
découvrir celle qu’ils sont en train de devenir. Après l’annonce du cancer et
la sidération qu’elle a provoquée, certains malades se sont mis à réfléchir sur
leur vie, le sens qu’ils lui donnaient. Certains s’accordent enfin du temps. Une
femme qui devait retourner à son travail le lendemain m’a ainsi dit un jour :
« Je n’aurai plus le temps de m’occuper de moi. » Finalement, ils se sentent
différents, non pas parce qu’ils ont eu un cancer mais parce qu’ils ont réfléchi.
Que représente le travail dans ce cheminement ?
Le retour au travail marque d’abord la frontière entre cet avant et cet après.
Ensuite, le travail est toujours vécu comme une place à reprendre. Retrouver
sa place, c’est la preuve qu’on est vivant car ces personnes ont vécu la peur de
perdre leur place sur terre.
Quelles seront alors leurs stratégies ?
Pour certains, le cancer n’aura été qu’un incident de parcours. Ils veulent reprendre leur vie là où elle a été interrompue. Ceux-là attendent que leur
entourage professionnel ait la même attitude qu’eux et ne leur renvoie pas
l’image d’un malade. Ceux qui en revanche disent « la maladie m’a fait réfléchir » attendent d’autrui une reconnaissance de leur souffrance et du changement qui est survenu en eux. Ils aimeraient qu’on prenne en compte leurs
difficultés physiques et psychologiques. Sans toutefois en faire trop.
La maladie peut-elle engendrer des changements de vie radicaux ?
Oui. Certains vont avoir envie d’évoluer vers une activité à laquelle ils aspiraient, ou qui leur ressemble désormais davantage. On peut sortir d’un cancer
plus fort, dans le sens où l’on peut mieux comprendre les autres.
propos recueillis par m.-p. g.
* Lieu d’accueil et d’écoute du centre René-Huguenin, à Saint-Cloud (92), dédié aux malades
et à leurs proches. Tél : 01 47 11 23 40.
ROSE MAGAZINE
151
REPRENDRE LE TRAVAIL
152
ROSE MAGAZINE
même touché par un cancer, cela
se passe toujours mieux pour ses
subordonnés, constatent unanimement les observateurs, malades
et scientifiques.
Mais plus largement c’est
le système même du salariat
“J’échange
ton pleintemps
contre ma
maladie !”
“J’ai repris le travail
pour des raisons financières”
Alice, 49 ans, téléconseillère
« Quand vous êtes malade, vous êtes un petit pot de terre et vous allez vous
heurter à des pots de fer. C’est la morale que je tire de mon expérience.
Quand j’ai été en arrêt de travail la première fois, en 2005, je n’avais pas trois
ans d’ancienneté dans mon entreprise. Résultat, j’ai touché mon salaire pendant six mois. Ensuite, je n’ai eu droit qu’aux indemnités de la Sécurité sociale.
Vingt euros par jour, c’est dur ! J’ai donc repris le travail pour des raisons financières. Et ça me faisait peur : à mon poste de téléconseillère, on demande du
rendement, et je me sentais très fatiguée par la chimio. Mon chef d’équipe
de l’époque, qui était très compréhensif et très humain, m’a conseillé de voir
le médecin du travail. On m’a prescrit un mi-temps thérapeutique, mais cela
a suscité des jalousies. Mon chef, toujours lui, me conseillait de répondre :
“J’échange ton plein-temps contre ma maladie !”
En 2008, j’ai été convoquée par le médecin de l’Assurance maladie. J’ai expliqué que ce serait trop dur de reprendre le travail à temps plein, j’étais trop
faible. Du coup, j’ai été déclarée en invalidité de première catégorie, ce qui me
permet de travailler vingt-deux heures, payées trente-cinq. Et puis, un nouveau
chef est arrivé. Très différent du précédent. Comme nos horaires changent
toutes les semaines, le médecin du travail a demandé pour moi ceux du matin.
Réponse de la hiérarchie : “Ce n’est pas le médecin qui va déterminer le planning
du service.” Les réflexions désagréables sont quotidiennes. J’ai même entendu
un “estime-toi heureuse d’être en vie”. Au début, j’ai tenté d’expliquer les raisons
de mon épuisement, le traitement, les douleurs qu’il provoque… Les gens
écoutent et puis oublient. Pour eux, je n’ai pas le droit de me plaindre car je bénéficie d’un temps aménagé. Pourtant, je lutte toute la journée contre la fatigue
et, le soir, je suis éreintée. Productivité et maladie ne sont pas compatibles…
Heureusement, j’ose davantage m’exprimer qu’avant ma maladie, même si je
suis plus sensible, plus fragile. Et puis, tous les jours, j’ouvre mes volets, je vois le
ciel et je me dis que je peux le faire. C’est ça le plus important. »
Copyright
de fatigue. D’autres, au contraire,
ont peur de ce « survivant » qui a
approché les frontières de la mort
et les renvoie à leur propre peur.
Ceux-là pourront alors avoir recours à des stratégies d’évitement,
dénoncées dans une récente campagne de l’Inca(3) : on n’approche
plus le « malade », on ne lui demande surtout pas comment il va
et on évite de déjeuner face à lui.
Une attitude, des petits gestes qui
peuvent être source d’une grande
solitude.
Plus grave, selon l’étude « Répercussions du cancer sur la vie professionnelle », 20 % des salariés
considèrent avoir été pénalisés
par leur maladie. Parmi les faits
les plus couramment dénoncés :
moins de responsabilités (16 %
des réponses), refus de promotion (9 %), rétrogradation (9 %) et
le sentiment de devoir davantage
faire ses preuves qu’avant (8 %).
C’est donc bien au niveau du
management des entreprises que
la réflexion sur l’accueil des personnes atteintes de maladie chronique doit être menée. Certaines
grandes entreprises ont mis en
place une politique spécifique.
Les autres agissent au coup par
coup. Le plus souvent, on trouve
des arrangements, les collègues
prennent une partie du boulot
pour eux, celui ou celle qui revient
s’adapte tant bien que mal. Il est
fréquent que les bénéficiaires d’un
mi-temps thérapeutique se retrouvent malgré tout avec la même
charge qu’avant.
Une nuance tout de même : quand
un membre de la hiérarchie, quel
que soit son niveau, a été lui-
qui ne convient plus aux personnes ayant connu le cancer ou
souffrant de toute autre maladie
chronique. Anne-Marie Waser,
sociologue et coanimatrice du
Club maladies chroniques et
activité, à la Cité des métiers, à
Paris, aide justement les personnes
atteintes de pathologie chronique
à se maintenir dans leur emploi,
à en trouver ou à réorienter leur
activité professionnelle. « Après un
cancer, obéir à des ordres, se plier
à des contraintes devient parfois
insupportable… C’est encore plus
vrai avec le management par objectif individualisé, qui ne convient
pas à un malade chronique car il
ne permet pas l’entraide. »
Alors, que faire pour aider ces
100 000 actifs touchés chaque année en France par un cancer ? « La
reprise de l’activité professionnelle étant liée à un grand nombre
de facteurs, je ne crois pas à la
réussite d’un dispositif “retour au
travail” général, précise Monique
Sevellec. Il ne peut y avoir que des
accompagnements sur mesure. » Le
Plan cancer 2009-2013 comporte
pourtant un volet « pour mieux
accompagner les personnes dans
la vie pendant et après le cancer ».
Dès 2012, une généralisation des
consultations de l’après-cancer
devraient ainsi aider les patients
en fin de traitement à aborder
cette nouvelle étape de leur vie.
Pour l’instant, trente-cinq établis­
sements spécialisés ont mis en
place une expérimentation autour
de la reprise de l’emploi. à l’institut Bergonié de Bordeaux, par
exemple, les patientes qui le souhaitent peuvent être accompagnées
tout au long de leur traitement par
une infirmière, une assistante sociale, une psychologue. Un médecin du travail intervient auprès des
assistantes sociales pour qu’elles
informent les malades sur leur retour dans l’entreprise. Interrogées,
les patientes suivies s’avouent très
contentes d’être ainsi soutenues.
Ne plus se sentir seule facilite la
reprise de confiance en soi. Car
ce « soi », justement, n’est plus le
même. Sandrine, victime d’un cancer du sein il y a quelques années :
« On a changé, profondément,
physiologiquement. On sait qu’on
dispose de forces limitées. Il faut
apprendre à les utiliser au mieux.
On n’est pas moins compétent,
moins créatif, moins productif. On
gère ses ressources différemment. »
marie-pierre garrabos
Sondage Viavoice, « Gérer l’après
cancer », réalisé en mars et avril 2011
pour l’institut Curie.
(2)
« Répercussions du cancer sur
la vie professionnelle », étude menée sous
l’égide de l’Inca auprès de 402 salariés
d’île-de-France ayant eu un cancer, en
collaboration avec 82 médecins du travail.
(3)
« La recherche sur le cancer avance,
changeons de regard », Institut national
du cancer.
(1)
ROSE MAGAZINE
153
REPRENDRE LE TRAVAIL
En 2010, 10 % des demandes adressées
à la permanence juridique de la Ligue
nationale contre le cancer concernaient la
reprise du travail. Preuve que le retour à
l’emploi ne va pas de soi pour les salariés
malades. Une réinsertion sera réussie si la
personne elle-même, son médecin traitant,
l’oncologue, le médecin du travail ainsi
que l’entreprise coordonnent leurs efforts.
Encore faut-il connaître et comprendre le
rôle de chacun. Explications.
2) Solliciter le médecin du travail
ANTICIPER 1) Garder le contact avec les collègues
marie-pierre garrabos
Plainpicture
CONNAÎTRE
SES DROITS &
SE DÉFENDRE
154
ROSE MAGAZINE
Appels téléphoniques, visites… Pendant l’arrêt maladie, s’intéresser à ce que vivent les collègues est
essentiel. C’est le meilleur moyen de récolter des
informations sur l’ambiance dans le service ou dans
l’entreprise, sur les changements survenus ou attendus. Autant d’éléments concrets qui s’avéreront utiles
au moment de retrouver son poste.
Tous les professionnels (psychologues, médecins
du travail, sociologues…) sont en effet unanimes : le
retour à la vie professionnelle s’envisage deux à trois
mois avant la fin des traitements. Comment reprendre
sa place au sein du service, avec les collègues ? C’est le
moment de faire le point sur ce qu’on aimerait faire
et l’occasion de se demander si ce souhait est compatible avec le poste occupé. En théorie, c’est très bien.
En pratique, toutefois, tout le monde n’a pas le loisir
de se poser ce genre de questions. Certains salariés,
notamment, doivent reprendre leur activité pour des
raisons purement financières. « Dans ce cas, on aide
les personnes à s’armer pour faire face à la situation »,
explique Anne-Marie Waser, sociologue et animatrice
du Club des maladies chroniques, à la Cité des métiers, à Paris. « On réfléchit avec elles à la meilleure
manière d’évoquer la maladie au travail, en parlant
clairement, sans se réfugier dans la plainte. On leur
apprend à fixer leurs propres limites, par exemple en
matière d’horaires. » Au cours de cette étape, il est
utile de se faire aider par une assistante sociale (soit
attachée à l’établissement de santé, soit à la Caisse
d’assurance maladie) car elle informe sur les droits et
les démarches utiles.
Toujours dans ce souci de préparation, les experts
recommandent d’effectuer une visite de préreprise
auprès du médecin du travail. Elle n’a rien à voir avec
la visite de reprise, qui, elle, se fait à la demande de
l’employeur, en général dans les huit jours suivant
le retour au bureau. La visite de préreprise n’est pas
obligatoire et se fait à la demande du salarié. Mais elle
permet souvent au médecin d’accorder plus de temps
au patient que lors de la visite traditionnelle annuelle.
Comme le rappelle Catherine Dalm, médecin inspecteur du travail en Aquitaine, qui participe au
programme individualisé de l’après-cancer à l’institut Bergonié, à Bordeaux : « C’est le cancérologue qui
fixe la date de reprise du travail. Mais, contrairement
au médecin du travail, il ne connaît pas l’entreprise.
Il ne mesure pas forcément les adaptations recommandées. » Le médecin du travail commencera donc
par vérifier que l’état du salarié est bien compatible
avec le poste qu’il occupe. Et si ce n’est pas le cas, il
pourra préconiser un reclassement, examiner la (ou
les) proposition(s) éventuellement faite(s) au salarié
et vérifier qu’elle est adaptée à son état de santé.
Au besoin, il pourra également appuyer une prescription de temps partiel thérapeutique. En effet, c’est le
médecin traitant qui prescrit cet aménagement du
temps de travail, avant d’en fixer la durée avec le médecin-conseil de la Caisse d’assurance maladie. « Qu’il
s’agisse d’une reprise à temps complet au même poste
qu’avant la maladie, d’une reprise à temps partiel ou
d’un reclassement, le médecin du travail a un rôle
d’aidant et de conseiller, aussi bien auprès du malade
que de l’employeur, poursuit Catherine Dalm. Il peut
ainsi expliquer à l’employeur l’utilité et les modalités
d’un temps partiel, tout en étant tenu au secret médical. » Selon l’étude « Répercussions du cancer sur la
vie professionnelle », 88 % des salariés ayant effectué
une visite de préreprise ont bénéficié d’un aménagement, contre 50 % n’en n’ayant pas bénéficié.
•••
ROSE MAGAZINE
155
REPRENDRE LE TRAVAIL
Licencier quelqu’un parce qu’il est malade est interdit. En revanche, l’employeur peut refuser une reprise
du travail à temps partiel ou ne pas pouvoir proposer
de reclassement. Il peut procéder à un licenciement
en justifiant que l’inaptitude au poste de travail, les
absences répétées ou une absence de longue durée
perturbent la marche réelle de l’entreprise. Il doit évidemment prouver ce motif, ce qui sera plus aisé dans
une PME de cinq personnes que dans un grand groupe,
et plus facile aussi si ces perturbations entraînent la
nécessité de remplacer définitivement le salarié.
Si le licenciement est l’issue qui se profile, il faut
contacter les délégués du personnel, notamment pour
vérifier qu’on ne bénéficie pas d’une convention collective qui empêche, pendant une durée variable, un
licenciement pour absence prolongée liée à la maladie. Il est également utile d’évoquer son cas avec un
avocat. Les permanences juridiques de la Ligue sont
gratuites. Les avocats qui les tiennent conseillent,
orientent, mais ne peuvent devenir votre défenseur.
Si le licenciement s’avère abusif, car non réellement
justifié, il faudra alors se tourner vers le tribunal de
prud’hommes.
2) en cas de mise au placard
ou de harcèlement
Réflexions désagréables et quotidiennes ou indifférence totale et mise à l’écart… Il arrive que le retour
au travail se transforme en enfer. Dans ce cas, il est
conseillé de prévenir les représentants syndicaux
s’il y en a dans l’entreprise. Ou encore, si ces faits
relèvent de collègues mais non de la hiérarchie, de
prévenir celle-ci par écrit. Parallèlement, il est utile
de noter et de dater tous les faits, les brimades, les
paroles prononcées, de garder les mails. Ou au
contraire, pour quelqu’un qui serait systématiquement écarté de réunions et de prises de décisions, de
noter les informations qui ne lui ont pas été transmises. Tous ces éléments, si la situation n’évolue pas,
permettront d’alimenter un dossier porté devant
un tribunal. Le harcèlement est en effet passible de
sanctions pénales. Mais, dans ce cas encore, il faut
l’aide d’un avocat.
156
ROSE MAGAZINE
PROUVER LA DISCRIMINATION
Si, en retrouvant votre emploi, vous n’avez plus accès
aux promotions, aux augmentations, ou si l’entreprise vous licencie sans motif valable, vous pouvez
saisir la « Mission Lutte contre les discriminations
et promotion de l’égalité du Défenseur des droits »,
la nouvelle appellation de la Halde depuis mai 2011.
Son intervention, si la discrimination est avérée, peut
parfois éviter d’aller jusqu’au tribunal. Mais il est
précisément difficile de prouver la discrimination et
de réunir des pièces dans ce but...
L’autorité va commencer par collecter un maximum
d’informations sur la situation du salarié, comme
les modalités de reprise (temps partiel, demande de
reclassement), les préconisations du médecin du
travail, les conditions de travail. Dans le cas d’un licenciement, elle va vérifier si le remplacement du salarié
a été nécessaire, comment, pour combien de temps,
etc. Dans le cas d’une mise au placard, l’enquête va
consister à établir des comparaisons avec la situation antérieure et/ou avec celle d’autres salariés. La
Mission prend contact avec l’entreprise mise en cause
et lui demande notamment des éléments de comparaison (grilles de salaires, promotions…). La loi oblige
les employeurs à répondre. Autre solution : procéder
à des auditions dans l’entreprise. Au terme de cette
enquête, la Mission évalue la réalité de la discrimination. Si elle est avérée, elle notifie à l’employeur les
griefs révélés par l’enquête. Il dispose d’un délai pour
répondre, fournir de nouvelles pièces ou demander
à être entendu. La mission peut également proposer
une médiation menée par une personne indépendante. La formule, qui rencontre un succès satisfaisant, est utile notamment pour les salariés qui seraient
particulièrement fragilisés par une action devant un
tribunal et qui ont tout intérêt à garder leur emploi.
Enfin, l’autorité propose des recommandations à
l’entreprise et peut même obtenir une indemnisation
pour la victime.
Si l’employeur ne répond pas ou ne reconnaît pas la
discrimination, l’enquête de la Mission vient en appui
d’une action devant les prud’hommes. La Mission
ne représente pas le plaignant, mais son analyse du
dossier pèse souvent favorablement en sa faveur.
marie-pierre garrabos
“Mon projet
professionnel m’a portée”
Maryline, 54 ans, infirmière libérale
« Aujourd’hui, je suis heureuse d’aller travailler. Parce que j’aime mon métier,
bien sûr, mais aussi parce que ce projet m’a portée pendant toute la durée
de mon traitement. Et c’est à mon associée, Aurélie, que je le dois. Quand j’ai
appris que j’avais une tumeur, en juillet 2010, je travaillais au sein d’un gros
cabinet. Le rythme de travail était éprouvant : j’avais parfois plus de quarante
patients par jour ! Quand j’ai prévenu l’une des associées que j’étais en arrêt
maladie pour un mois car je venais de me faire retirer une tumeur au sein, elle
m’a répondu : “Je suis désolée pour toi, mais tu nous mets dans la merde pour
l’été.” De rage, j’ai immédiatement écrit une lettre de démission. C’est alors
qu’Aurélie est intervenue “C’est l’occasion de tourner une page dans ta vie, m’at-elle dit. Viens ouvrir un cabinet avec moi.” Ce n’était pas une décision simple
car cela impliquait de quitter ma région et ma famille. Mais, d’un autre côté, je
vivais une période difficile : cancer, rupture amoureuse, manque de soutien de
mes collègues… Ma mère, qui a pourtant quatre-vingt deux ans, m’a poussée
à accepter la proposition d’Aurélie : “Tu fonces ! Même si ça va t’éloigner de
moi.” Alors j’ai accepté. Ensuite, j’ai subi une ablation puis une reconstruction.
Mais quand on a un projet on ne peut pas mourir. Et Aurélie s’est occupée
de tout : elle a créé l’entreprise, trouvé les locaux, elle m’a même déniché un
appartement !
Nous avons commencé en mai dernier. Nous travaillons à un rythme qui nous
permet de prendre du temps auprès des patients. Je suis encore plus à l’écoute,
je comprends mieux la douleur physique et psychologique. Et je peux profiter
de ma nouvelle vie, notamment de ma famille. Ma mère, ma fille, mes frères et
leurs enfants, tous m’ont beaucoup soutenue. J’ai découvert en eux une qualité
d’amour que je ne soupçonnais pas. Aujourd’hui, je peux le dire, je renais. »
Où trouver de l’aide ?
Corbis
SE DÉFENDRE
1) en cas de licenciement
• Permanence juridique et sociale
de la Ligue contre le cancer : 0810 111 101.
• Club maladies chroniques et activités. Ateliers en petits
groupes pour surmonter les difficultés liées au travail.
Cité des métiers, à Paris : 01 40 05 35 18.
• Informations, conseils sur le net : e-cancer.fr
• Pour saisir la Mission lutte contre les discriminations :
08 1000 5000, ou halde.fr
ROSE MAGAZINE
157
guide pratique aides sociales
5O
les
adresses
Pallier la perte de revenus, payer son loyer, faire garder ses
enfants, prendre soin de soi... Les aides, en fait, sont nombreuses.
Encore faut-il savoir sous quelles conditions et par quel guichet
elles sont accordées. Mode d’emploi. sabine germain
Remboursement des prothèses
AIDES
LÉGALES
Prestation de compensation
du handicap (PCH)
17 462,64 € pour un couple pour en bénéficier.
Code de la sécurité sociale : articles L821-1 à L821-11
Allocation aux adultes
handicapés (AAH)
(1)
Aide versée par la Caisse d’allocations familiales
(CAF) pour garantir un niveau minimum de ressources aux personnes handicapées dont le taux d’incapacité est d’au moins 80 %. Il faut avoir des revenus
inférieurs à 8 731,32 € par an pour une personne seule,
158
ROSE MAGAZINE
ameli.fr (rubrique Assuré, puis Soins et remboursements)
Complément de ressources
Prothèses et appareillages
Cette allocation de 179,31 € par mois s’ajoute à
l’AAH pour compenser l’absence durable de revenus
d’activité et garantit un minima de 906,92 € par mois.
Les perruques, prothèses, fauteuil roulant, canules
et tout autre équipement prescrit par un médecin
peuvent être pris en charge par l’Assurance maladie
dans le cadre de la liste des produits et prestations
remboursables. Vous pouvez également demander
une participation complémentaire à votre mutuelle.
Code de la sécurité sociale : articles L821-1-1 à L821-9
Majoration pour vie autonome
Cette majoration de 104,77 € par mois est versée par
la CAF aux personnes qui perçoivent l’AAH à taux
normal et bénéficient d’une aide au logement. Non
cumulable avec le « complément de ressources ».
Code de la sécurité sociale : articles L821-1 à L-821-5
Remboursement des frais de transport
Sur prescription médicale et justificatifs, l’Assurance
maladie rembourse les déplacements en voiture personnelle, transports en commun, transport assis
ameli.fr (rubrique Assuré, puis Soins et remboursements)
Marianne Maury Kaufmann
Aide financière versée par le Conseil général pour
compenser la perte d’autonomie du malade, évaluée
par une équipe pluridisciplinaire de la Maison départementale des personnes handicapées (PDPH).
Elle couvre les aides humaines, techniques (prothèses), l’aménagement du logement. Son montant
dépend à la fois des revenus et du degré de perte
d’autonomie.
Code de l’action sociale et des familles : articles R245-45 à R245-49
professionnalisé ou ambulance pour se rendre à une
consultation, à des examens ou à une opération.
Le code du travail, le code de la sécurité sociale et le
code de l’action sociale et des familles sont consultables sur le site legifrance.gouv.fr (rubrique Droit
français, puis Codes en vigueur).
Prothèse capillaire : l’Assurance maladie rembourse 125 €
une à deux fois par an. Les mutuelles assurent en général un remboursement complémentaire, de 50 € jusqu’au
solde restant à la charge du patient.
Prothèse mammaire : l’Assurance maladie rembourse
69,75 € par an pour une prise en charge à 100 %, sachant
qu’une prothèse coûte entre 70 et 220 €. Un complément
peut être assuré par votre mutuelle : en général, deux à
trois fois le montant pris en charge par la Sécurité sociale
(soit 139,50 à 209,25 €). à noter : la prothèse Amoena
Contact, qui a fait l’objet d’études cliniques démontrant
l’amélioration de la qualité de la vie, est remboursée intégralement (160 €).
ROSE MAGAZINE
159
guide pratique aides sociales
PAYER
SON LOYER
Aide personnalisée au logement (APL)
Elle est versée par la CAF aux locataires d’un
logement conventionné. Son montant dépend de la
situation familiale, du prix du loyer et du niveau des
ressources.
Allocation logement familiale (ALF)
Versée par la CAF et destinée aux personnes bénéficiant de prestations familiales (allocations familiales,
complément familial...) ou de l’allocation d’éducation
de l’enfant handicapé (AEEH).
Allocation de logement sociale (ALS)
Essentiellement destinée aux jeunes, étudiants, ménages sans enfants et personnes âgées ou handicapées.
Attention ! Ces aides ne sont naturellement pas
cumulables. Les ressources prises en compte lors
de leur attribution sont celles de l’avant-dernière
année précédant la demande. La baisse de revenus
liée à la maladie n’est donc prise en compte qu’avec
retard. En attendant, il est possible de bénéficier de
différents secours financiers. Dans ce domaine, les
conseils d’un assistant social sont particulièrement
précieux.
Assurer un emprunt
La convention Aeras (s’assurer et emprunter avec
un risque aggravé de santé) vise à élargir l’accès à
l’assurance et aux crédits professionnels, immobiliers ou personnels aux malades représentant ce que
l’on appelle un « risque aggravé » pour les assureurs.
aeras-infos.fr
Aidea (Accompagnement
et information pour le droit
à l’emprunt et l’assurabilité)
La Maison départementale
des personnes handicapées (MDPH)
Des cancérologues experts vous aident à constituer
votre dossier médical pour assurer votre crédit immobilier. Un service gratuit, anonyme et confidentiel
créé par la Ligue nationale contre le cancer.
Elle gère notamment les fonds départementaux de
compensation du handicap, qui lui permettent d’attribuer des aides financières.
Institutions de retraite
et de prévoyance
0810 111 101 (prix d’un appel local à partir d’un poste fixe)
service accessible du lundi au vendredi de 9 h à 19 h ou par
courriel : [email protected]
L’assurance emprunteur, obligatoire lors de la souscription d’un prêt immobilier, couvre le décès et
la perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA).
En cas d’acquisition d’une résidence principale,
elle doit également couvrir l’incapacité temporaire
totale (ITT) et l’invalidité permanente totale (IPT).
En revanche, les garanties invalidité permanente
partielle (IPP) et perte d’emploi sont optionnelles.
Consultez votre contrat avant de voir si vous pouvez suspendre les remboursements de votre crédit
immobilier.
160
ROSE MAGAZINE
obtenir un coup de pouce
financier
Pour trouver une solution (rééchelonnement des
remboursements, accords avec les créanciers...)
quand la baisse de revenus consécutive à la maladie
ne permet plus de rembourser ses emprunts.
En cas de grandes difficultés, il est possible d’obtenir, en plus des aides légales, un soutien financier
ponctuel de différentes associations et institutions. Mieux vaut toutefois se faire aider d’un
assistant social pour constituer son dossier médical et social.
banque-france.fr (rubrique Protection du consommateur,
puis Surendettement).
Santé Info Droits
Ligne d’information créée par le Collectif interassociatif sur la santé (CISS). Des avocats répondent à
toutes vos questions relatives aux droits des malades.
leciss.org ou 0810 004 333 (n° azur) ou 01 53 62 40 30, les lundis,
mercredis et vendredis de 14 h à 18 h et les mardis et jeudis de
14 h à 20 h.
Marianne Maury Kaufmann
Négocier avec son banquier
et son assureur Suspendre son emprunt immobilier
Service de surendettement
de la Banque de France
Le Centre communal d’action sociale
En cas de difficultés, le CCAS de votre commune
peut apporter un soutien sous forme de contribution économique, d’avance remboursable, d’aide en
nature (bons alimentaires ou de transport)…
Elles ont toutes un budget consacré à l’action sociale,
et peuvent financer des projets, mais aussi de verser
des aides financières. N’hésitez pas à contacter celle
dont vous dépendez.
ctip.asso.fr (rubrique Action sociale)
La Ligue contre le cancer Les comités départementaux peuvent attribuer une
somme d’argent dont le montant et le motif sont variables (aide alimentaire, financement d’une prothèse,
loyer). Une subvention pour le paiement du loyer (de
un à trois mois) peut aussi être attribuée.
ligue-cancer.net (rubrique Comité près de chez vous)
Horizon cancer Cette association peut débloquer des actions (aide
alimentaire, au loyer).
horizon-cancer.org
ROSE MAGAZINE
161
guide pratique aides sociales
Sécuriser ses revenus
professionnels
Congé de longue maladie
Il est accordé par période de trois à six mois pour une
durée maximale de trente-six mois. Pour en bénéficier, il faut avoir travaillé pendant au moins huit cents
heures au cours des douze mois précédant l’arrêt de
travail, dont deux cents heures au moins durant les
trois derniers mois. Le montant de l’indemnité journalière (IJ) est égal à 50 % du salaire journalier de base
des trois mois précédant l’arrêt, dans la limite maximale de 49,10 € par jour, majorée à 65,47 € par jour
pour les parents d’au moins trois enfants à charge, à
partir du trente-et-unième jour d’arrêt.
Invalidité
Au-delà de trois ans d’arrêt, le salarié obtiendra,
jusqu’à l’âge de la retraite, le régime de l’invalidité si
sa capacité de travail est réduite des deux tiers.
Sa pension d’invalidité représente 30 %
de son salaire annuel moyen des dix
meilleures années en cas d’incapacité
partielle, et de 50 % en cas d’incapacité
totale. De nombreuses conventions collectives ou accords de branche prévoient
un complément d’indemnisation versé
par l’employeur. Si ce n’est pas le cas, un
contrat de prévoyance (collectif ou individuel) peut permettre de percevoir une
rente ou une indemnité.
SE FAIRE
AIDER AU QUOTIDIEN
Ces interventions peuvent être partiellement financées par différentes institutions. Il est généralement
nécessaire de constituer un dossier avec un assistant
social. Une part du coût reste à la charge de l’usager.
La maladie et la fatigue rendent tous les actes de la
vie quotidienne difficiles. Différentes interventions
sont possibles…
Aides ménagères : ménage, courses, préparation
des repas (à l’exclusion des soins).
Auxiliaire de vie : aide à la vie quotidienne d’une
personne dépendante (toilette, repas, change).
La Caisse d’allocations familiales (CAF) Quand l’un des parents est malade ou hospitalisé, la
CAF peut participer à l’emploi d’une aide à domicile.
Cette participation dépend du niveau des revenus.
Technicien de l’intervention sociale et
familiale : tâches domestiques, soins des enfants,
soutien scolaire. Des prestations telles que les portage des repas ou la téléassistance, assurées
L’Assurance maladie
Tous les soins relevant de l’hospitalisation à domicile
(HAS) sont pris en charge à 80 % par l’Assurance
maladie.
par des sociétés spécialisées.
Des soins à domicile, assurés par un infirmier ou
un médecin.
Les Centres communaux
d’action sociale
Pour en savoir plus : servicealapersonne.gouv.fr, le site de
Le CCAS de votre commune peut assurer certains
services (le portage de repas à domicile, par exemple)
ou en cofinancer d’autres.
l’Agence nationale des services à la personne présente la
palette des services.
Les conseils généraux En charge de l’aide sociale légale, les départements
financent l’Allocation personnalisée à l’autonomie
(APA) et la Prestation de compensation du handicap
(PCH).
162
ROSE MAGAZINE
Ce dispositif, destiné aux personnes de soixante ans
et plus, permet – sous conditions de ressources – la
prise en charge par l’Assurance maladie de nombreuses aides humaines (ménage, repas), techniques
(transport, téléalarme) ou matérielles (liées à l’équipement du logement).
Le Plan d’actions personnalisé
Cette aide financière de l’Assurance maladie est destinée aux personnes de plus de cinquante-cinq ans.
Elle est essentiellement destinée à financer des aides
quotidiennes (ménage, téléalarme, portage de repas,
accompagnement). Plafonnée annuellement, elle est
liée aux ressources du foyer.
L’Allocation personnalisée
d’autonomie (APA)
Aide financière destinée aux personnes de plus de
soixante ans en perte d’autonomie. Cette allocation,
attribuée par le Conseil général, n’est pas soumise à
des conditions de ressources. Elle peut couvrir une
part importantes des services à domicile.
La Ligue contre le cancer Ses comités départementaux peuvent financer des
aides au cas par cas.
Complément de salaire
Cesu préfinancés
Les Chèques emploi service universels (Cesu) permettent de régler les services à domicile sans établir
de bulletin de salaire. Ils peuvent être cofinancés par
un employeur, un comité d’entreprise, une commune,
une mutuelle, une caisse de retraite…
Marianne Maury Kaufmann
Il est versé par l’employeur à compter
du huitième jour d’arrêt, en complément des indemnités journalières (IJ).
Il permet au salarié ayant au moins un
an d’ancienneté de percevoir 90 % de
son salaire (IJ comprises) pendant trente
jours, puis 66 % pendant les trente jours
suivants (quarante jours s’il a six ans
d’ancienneté et jusqu’à quatre-vingt dix
jours au-delà de trente années). Il s’agit
là du minimum légal : certaines conventions collectives prévoient une indemnisation plus avantageuse.
L’Aide au retour à domicile
après hospitalisation (ARDH)
Institutions de retraite
ou de prévoyance
Dans le cadre de leur action sociale, elles peuvent participer au financement de services à la personne.
Les meilleurs financements s’inscrivent dans le cadre des dis-
CONSULTER
UN ASSISTANT SOCIAL
Dans votre établissement de soins.
Auprès de votre Caisse primaire d’assurance
maladie ou de votre Caisse d’allocations
familiales. Dans votre entreprise, votre
caisse de retraite, votre institution de
prévoyance ou votre mutuelle santé.
Auprès du Centre communal d’action
sociale de votre ville ou du conseil général de votre
département. Auprès de votre Maison départementale des personnes handicapées, destinée à toutes les personnes atteintes d’une maladie
invalidante, de manière permanente ou temporaire.
positifs destinés aux personnes âgées de plus de cinquante-cinq
ou soixante ans.
ROSE MAGAZINE
163
guide pratique aides sociales
PARLER,
DOMPTER SES ANGOISSES
Tribu cancer
L’association du « soutien à distance » propose « Mail
de nuit », un service pilote de soutien psychologique
par mail. Réponse assurée sous 24 heures.
tribucancer.org
Il en existe trente-six, au cœur des établissements de
soins. Lieux d’accueil et d’information, les ERI proposent également des réunions et débats thématiques
sur le traitement, l’accès aux soins, l’alimentation, etc.
Kiosques d’information et d’accueil sur
les cancers (KIC et KAC)
Implantés en centre-ville, ces espaces accueillent les
malades et leurs proches. Ils sont animés par des
réseaux de partenaires : commune, conseil général,
CPAM, professionnels de santé, réseaux de cancérologie, associations. Il en existe une quinzaine, dont
quatre à Paris.
e-cancer.fr (rubrique Cancer Info)
Accueil cancer de la Ville de Paris
(ACVP) Structures d’accueil de proximité pour les malades
et leur entourage. Accueil sans rendez-vous du lundi
au vendredi de 9 h à 18 h, entretiens sur rendez-vous
avec l’assistant social ou les psychologues.
paris.fr (rubrique Paris pratique, puis Santé)
Cancer info service Association Ressources Elle apporte un soutien psychosocial aux malades, au
cas par cas. Permanence les vendredis, de 9 h à 12 h.
association-ressource.org
Europa Donna
Coalition européenne contre le cancer du sein, l’association informe et organise de nombreuses manifestations (colloques, rassemblements sportifs…).
europadonna.fr
Les Impatientes www.lesimpatientes.com
Jeunes Solidarité Cancer
Accompagner
un proche
Allocation journalière de présence
parentale (AJPP)
Cette association, destinée aux adolescents et jeunes
adultes touchés par le cancer, leur propose des séances
d’information, d’échange ou d’activités sportives.
Elle est versée par la Caisse d’allocations familiales
aux parents d’un enfant de moins de vingt ans atteint
d’une maladie rendant une présence et des soins indispensables. Son montant : 41,79 € à 49,65 € par jour
de congé, dans la limite de vingt-deux jours par mois
et de trois années. Un complément pour frais non
remboursés par la Sécurité sociale de 106,88 € peut
également être accordé.
jeunes-solidarite-cancer.org
Psychisme et cancer Cette association dispose d’un lieu d’accueil thérapeutique pour les malades et leurs proches (Paris XIIIe).
psychisme-et-cancer.org
Vivre comme avant
Mouvement d’aide morale de femmes ayant subi une
intervention à la suite d’un cancer du sein.
Ligne téléphonique et site d’informations médicales
et pratiques de l’Institut national du cancer et de la
Ligue nationale contre le cancer.
vivrecommeavant.fr
e-cancer.fr ou 0810 810 821 (du lundi au samedi, 9 h-19 h)
Cette association propose des programmes d’artthérapie adaptés aux personnes malades.
Code de la sécurité sociale : articles D-544-1 à D544-10
Médecins de l’imaginaire
Tous les sites d’information médicale
(doctissimo, e-sante, sante-médecine) ont des forums
thématiques.
ROSE MAGAZINE
“Nous ne sommes pas toutes
égales face au cancer”
Site d’information, forum consacré au cancer du sein.
medecinsdelimaginaire.wordpress.com
164
solange de nazelle
assistante sociale à l’institut curie
Marianne Maury Kaufmann
S’INFORMER,
ÉCHANGER
Espace de rencontres
et d’information (ERI)
“Mieux vaut être malade
dans un département
riche, qui a les moyens
d’avoir une véritable
action sociale !”
Socialement, nous ne sommes pas toutes égales face au cancer. De nombreuses assistances, financières ou matérielles,
sont possibles : encore faut-il les connaître et savoir à qui
s’adresser pour les obtenir. La plupart de ces aides sont attribuées au cas par cas, en fonction de critères hétérogènes
d’une ville ou d’un département à l’autre. Il faut le savoir :
mieux vaut être malade dans un département riche, qui a
les moyens d’avoir une véritable action sociale ! Il est temps
de créer un véritable statut pour les malades : un statut qui
leur ouvre des droits clairement identifiés et accessibles
dans toute la France. En attendant, je conseille toujours
aux malades ou à leur(s) proche(s) de prendre le temps de
consulter un assistant social pour faire un tour d’horizon des
subventions et soutiens auxquels ils peuvent prétendre.
On l’oublie trop souvent : de nombreux services sont inclus dans les contrats d’assurance. Il peut s’agir de services à
domicile (ménage, garde d’enfants), de conseils juridiques ou
sociaux, de prestations d’assistance… Par ailleurs, certaines
institutions de retraite et de prévoyance versent une rente
ou une indemnité en cas d’invalidité. Enfin, la plupart des
contrats d’assurance prévoient la suspension du remboursement d’un emprunt immobilier en cas d’invalidité. Il est essentiel de lire attentivement toutes les clauses des différents
contrats d’assurance, de prévoyance et de retraite. Il serait
tout de même dommage de ne pas bénéficier de prestations pour lesquels l’assuré a cotisé pendant des années ! ROSE MAGAZINE
165
170. Inspirez, soufflez...
12 propositions « bien-être », en France ou à peine plus loin.
178. 5 livres pour aimer
Amours fous ou contrariés : le transport dans tous ses états.
180. 5 polars pour frémir
Meurtres, braquages, suspense... Nos serial thrillers.
182. 4 livres pour comprendre
Le cancer par ceux qui l’ont vécu et ceux qui le traitent.
186. Sain & Bon
Alain Ducasse et son équipe nous livrent
leurs recettes plaisir.
198. la grenade défensive
Riche en antioxydants, la pomme d’ève se laisse
volontiers presser. Nos meilleurs jus.
Plainpicture
LA VIE
En
ROSE
ROSE MAGAZINE
3
éVASION
Inspirez,
soufflez...
Les traitements terminés ou suspendus,
il est temps de vous offrir une pause réconfort.
En France ou à peine plus loin, douze escales
bien-être pour se ressourcer.
LE crotoy
résidence de
la plage
jean-pierre chanial, céline dufranc et ulysse gaby
Évian-les-bains
Envie d’une parenthèse verte et bleue ? De
réunir sa famille au grand complet sans se priver de
souffler ? Direction évian, où le domaine des hôtels
Royal et Ermitage enchâsse ses 19 hectares de parc et
roseraie entre lac Léman et aiguilles enneigées. Est-ce
l’harmonie des éléments, l’air pur ? En tout cas, on respire, intérieurement. Le Royal reste l’un des plus beaux
palaces du monde. Quant à l’Ermitage, il cache sous
des airs de chalet cossu des chambres rénovées dans un
esprit « cocon » : du bois, des galets, des ardoises… Les
deux hôtels proposent des piscines chauffées ainsi que
deux spas exceptionnels. Celui du Royal, grand luxe,
axé sur les bienfaits de l’eau d’évian, complète à merveille le Spa Quatre Terres de l’Ermitage, plus attentif aux énergies des cristaux ou des pierres. Et pour les
enfants, « kids club » royal pour tous !
168
ROSE MAGAZINE
plus d’infos
à partir de 1 500 €
la semaine pour 2 personnes,
à l’hôtel Ermitage.
04 50 26 85 00
evianroyalresort.com
Evian Resort/Onlyfrance.fr/Roméo Ballancourt
HÔTELS royal
& l’Ermitage
Un air de bout du monde, de troubles lumières
lagunaires, une plage de sable blanc qui s’efface dans
l’immensité brune du parc du Marquenterre, l’envol
des oies cendrées accompagnées de cigognes ou de
hérons pourpres. Sur terre, des balades à cheval ou à
pied, le long de la grève, dans l’espoir d’entrevoir un
phoque alangui sur la vase… Pour qui aime la nature, la
baie de Somme est une escale magique à deux heures de
voiture de Paris. Au bout de la route, au Crotoy, s’élève
une vaste demeure normande, murs blancs et toits
d’ardoise : La résidence Pierre & Vacances, remarquablement aménagée avec ses vastes baies vitrées ou ses
balcons avec vue, ses chambres toutes de bois vêtues et
ses cabines biscornues pour les moussaillons, allie l’élégance et le confort. Au rez-de-chaussée, une piscine
chauffée et, à la demande, des repas livrés en appartement, des massages, le prêt de vélos, des initiations au
char à voile…
plus d’infos à partir 390 € la semaine pour un appartement de 4 personnes.
0 892 350 680 – pierreetvacances.com
perros-guirec
L’AGAPA spa
Mer, paix et gourmandise. Ce sont les mots
qui viennent à l’esprit lorsqu’on découvre, posé au
bord de la Côte de Granit Rose, L’Agapa. La mer est là,
plein cadre, qui vient s’abîmer au pied de l’hôtel breton.
La paix, ensuite, qui imprègne chaque pièce : vastes
espaces dénudés, baies vitrées sur la mer, matières
brutes et belles. La gourmandise, enfin, celle de la
peau, grâce aux soins du spa Nuxe, mais aussi celle
des saveurs : le restaurant Belouga (1 étoile Michelin)
décline chaque jour avec brio les produits de la mer.
plus d’infos à partir de 75 € la nuit.
02 96 49 01 10 – lagapa.com
ROSE MAGAZINE
169
éVASION
La Roche-Posay
Centre
thermal
170
ROSE MAGAZINE
avoriaz
L’Amara
plus d’infos
Cure prise en charge à 100 %
par la Sécurité sociale dans
le cadre d’une ALD.
Billet de train remboursé et
forfait hébergement de 150 €
pour trois semaines.
05 49 19 49 49
thermes-larocheposay.fr
Avoriaz, station sans voitures ni pots d’échappement qui viendraient noircir la carte postale, diversifie cet hiver son offre locative (jusqu’ici seulement des
résidences trois et quatre « soleils ») avec l’ouverture
d’une nouvelle résidence de grand standing agrémentée d’un spa, au cœur du village 1800. Aux incontournables - promenades en traîneau à cheval, piste de luge
éclairée la nuit, sans oublier l’exceptionnelle école de ski
pour les tout-petits, dirigée par la championne Annie
Famose -, viennent désormais s’ajouter d’autres atouts :
vastes appartements au style à la fois chic et épuré,
piscine intérieure chauffée dans la résidence l’Amara,
salle de fitness, wifi gratuit, garderie pour les enfants à
partir de 6 ans et Spa Algotherm.
plus d’infos à partir de 840 € la semaine pour
4 personnes. 0 891 70 1000 – pierreetvacances.com
Onlyfrance.fr/Pierre et Vacances
L’histoire de La Roche-Posay est liée à la
décou­verte, dès l’Antiquité, des bienfaits de sa source
« miraculeuse ». Aujourd’hui, on peut venir y adoucir
les séquelles d’un cancer grâce aux vertus anti-inflammatoires d’une eau riche en silice, sélénium et calcium.
« La cure de trois semaines concerne les patientes qui
souffrent d’une cicatrice adhérente, des effets secondaires
de la radiothérapie ou de la chimiothérapie », précise
le Dr Orlane Clouet, cancérologue. Les résultats sont
patents : une amélioration de 92 % sur la sécheresse de
la peau, de 78 % sur l’état de la cicatrice. Un dermatologue définit un programme quotidien : les douches
filiformes accélèrent la circulation, les pulvérisations
calment les démangeaisons, les massages sous affusion
assouplissent les cicatrices. Le protocole propose aussi
des bains hydratants, des cours de maquillage. « On aide
les femmes à retrouver une belle image d’elles-mêmes »,
résume Rachid Ainouche, directeur des thermes. Cette
cure constitue un sas entre l’hôpital et le retour à la maison. « On me chouchoute comme jamais ! Avec ou sans
sein, je me sens à l’aise », confie Cécile, quadra « mastectomisée » l’an dernier. La jeune femme n’a pas souhaité
rencontrer la psychologue du centre, mais elle a couru
suivre l’atelier de maquillage. Prochaine étape ? « Le
coach sportif. Dans une semaine, promis ! »
Savoie
Valmorel
Vue directe sur le Mont-Blanc. Valmorel, le
tout nouveau village du Club Med, ouvre sur la station de la Tarentaise du même nom et ses 150 km de
pistes. Le Club propose ici un village 4-tridents, ainsi
que 26 suites avec balcon privatif classées 5-tridents et
bénéficiant d’un service aux petits soins : conciergerie,
ski-room et lounge... Toutes les manières de skier sont
au programme, en cours comme en pratique. Une patinoire et une piscine intérieure chauffée complètent les
équipements. Noter aussi que les enfants (de 4 mois à
17 ans) bénéficient d’un encadrement spécialisé. Enfin,
le Spa signé Carita est à la disposition de celles qui
veulent être dorlotées dans un décor tout blanc.
plus d’infos à partir de 1 824 € la semaine, tout
compris avec transport. 0 810 810 810 – clubmed.fr
ROSE MAGAZINE
171
éVASION
égypte
SéNéGAL
Le dernier-né des villages du Club Med, Sinai
Bay, est une réussite. Posé au bord d’une immense
plage en arc de cercle (plus de 500 mètres), adossé aux
premières élévations du massif du Sinaï, il offre la sérénité d’un cocon de 27 hectares. Fleurs, ciel clair, architecture contemporaine et grand chic en prime. Car, ici,
le Club est en démonstration. De son savoir-faire et de
ses nouvelles manières : élégante convivialité, confort
haut de gamme, activités sportives pour toutes et tous
avec quatre écoles dédiées à la plongée, au golf, à la voile
et au tennis, accueil des enfants à partir de 4 mois par
des GO spécialisés, table tenue par de vrais chefs…
Sans oublier un Spa Cinq Mondes de 1 000 m² dont
les lignes, les couleurs et les jeux d’eau sont féeriques.
Le reste semble presque normal, et pourtant… 5 piscines, 7 courts de tennis, 6 restaurants, 3 bars, et un programme complet d’excursions : promenades en bateau
à fond de verre, raid dans le désert du Wadi Rum (en
Jordanie, voisine), balade en chameau ou en quad.
172
ROSE MAGAZINE
lamantin
beach
plus d’infos
à partir de 2 270 €
la semaine, tout compris
au départ de Paris (gratuit
pour les moins de 2 ans).
Forfait Spa à partir de 135 €
les 6 soins sur deux jours.
0 810 810 810
clubmed.fr
DR/Hemis
sinai BAY
Une fois passé Dakar, la route qui file vers
la Petite Côte, 80 km plus au sud, s’ouvre progressivement sur la savane, ses acacias et ses baobabs.
On respire mieux, l’océan est tout proche. à l’entrée
de Saly, une ruelle bifurque vers le Lamantin Beach
Hotel, posé face à la mer au milieu des bougainvilliers, des cocotiers et des filaos. La tradition de la
Teranga, l’accueil en wolof, est ici respectée. Douceur et gentillesse encadrent les résidents dans une
ambiance familiale. L’hôtel compte 145 chambres
réparties dans le jardin ; une grande piscine borde le
restaurant et donne sur la marina, son restaurant de
plein air, son bar lounge et sa plage. Des spectacles
sont organisés chaque soir, Khadija supervise le Spa,
on appelle les enfants tous les jours pour le goûter…
Un peu comme à la maison, chaleur et soleil en plus.
plus d’infos à partir de 1 467 € vol compris en
demi-pension par personne. Soin visage offert sur
présentation de Rose Magazine. look-voyage.fr
Golfe persique
costa
Naviguer au pays des princes d’Orient. Voilà
ce que propose cette croisière signée Costa, entre
Dubayy, Abu Dhabi, Bahreïn, Mascate, Fudjayra…
Architecture futuriste, plages sans fin, souks aux
bonnes affaires, tours vertigineuses… Rien ne manque
au répertoire des vacances réussies. D’autant que cellesci se déroulent à bord du Costa Favolosa, paquebot
dernière génération : déco flamboyante, 5 restaurants,
13 bars, spectacle chaque soir, casino, piscine géante et,
surtout, Spa Samsara de 6 000 m². Il est du reste possible de réserver une suite avec accès direct au centre
de soins, où les thérapeutes proposent une gamme à la
carte, de même qu’un traitement personnalisé complet.
On peut aussi s’offrir une excursion à chaque escale (le
bateau navigue de nuit et reste au port de l’aube jusqu’à
l’heure des cocktails) : escapade en 4 x 4 dans le désert,
visite du souk, golf…
plus d’infos à partir de 1 450 € la semaine par
personne en cabine avec balcon, vols depuis Paris inclus.
En agences de voyages et sur costacroisieres.fr.
ROSE MAGAZINE
173
éVASION
Djerba
Palm Beach
MAJORQUE
Hospes
Maricel
174
ROSE MAGAZINE
ST NICOLAS BAY
plus d’infos
à partir de 350 € la nuit,
par chambre double.
hospes.com
Hospes Maricel /DR/Hemis
Sur la plus grande des îles Baléares, à seulement
quatre kilomètres de la capitale, Palma, mais parfaitement isolé face à la mer, l’Hospes Maricel combine
l’architecture seigneuriale du xive siècle majorquin à
un style minimaliste contemporain fait de matériaux
bruts. La richesse des marbres au sol, des pierres de
Marés au mur et des salles de bain Art déco contrastent
avec les espaces dénudés, qui laissent toute sa place à la
lumière méditerranéenne. Les chambres du bâtiment le
plus récent ouvrent sur la mer, tout comme les cabines
du Bondyna, l’incroyable Spa troglodyte où l’on vous
dispensera des massages balinais ou orientaux à l’intérieur de grottes ménagées dans la falaise ! Restaurant
gastronomique, soirées jazzy au bar lounge et petitdéjeuner d’anthologie (jugé par un journal madrilène
« meilleur petit déjeuner du monde ») sont aussi au
menu de votre semaine de détente.
CRèTE
En vraie fille de Méditerranée, la plus grande
des îles grecques aime les décors en bleu et blanc.
Pousser les portes, c’est entrer dans un monde de
lumière. Au menu du séjour, plages intimistes, villages miniatures pressés autour de chapelles aux
murs jamais bien droits, chemins tracés à l’ombre des
oliviers. Dans ces paysages inchangés (ou presque)
depuis l’Antiquité, un superbe hôtel est posé en surplomb de la baie d’Aghios Nikolaos, qui propose
des suites avec piscine privée. Plage en contrebas,
restaurant de référence et service sans faille. Simplicité et authenticité sont ici les maîtres mots. Y
compris lorsque sonne l’heure de passer à table. Le
régime… crétois ne fait-il pas des merveilles ?
plus d’infos à partir de 2 200 € la semaine au départ
de Paris en demi-pension.
01 45 62 62 62 – directours.com
Chaque membre de la famille trouve ici
son plaisir : la plage pour qui veut paresser face à
la Méditerranée, le Spa quand on a envie de se faire
chouchouter, les courts de tennis ou la base nautique
si on préfère l’activité, les excursions dans les ruelles
de la petite île tunisienne lorsqu’on veut découvrir
l’artisanat local… Bienvenue au Palm Beach, un
4-étoiles pieds dans l’eau, épatant pour les vacances
en famille. L’hôtel dispose en effet de chambres
accueil­lant toute la tribu et offre des activités spécialement dédiées à ses jeunes résidents : miniclub
(3 à 7 ans), junior club (8-11 ans) et club ado (1215 ans). Enfin, le Palm Beach applique la formule
« tout inclus », qui comprend donc tous les repas et
évite ainsi les budgets à rallonge.
plus d’infos 499 € la semaine tout compris au départ
de Paris. 0 825 000 825 – nouvelles-frontieres.fr
ROSE MAGAZINE
175
éVASION
Turquoise
Paradise
L’océan Indien, ses plages de sable blanc,
son eau translucide, ses cocotiers...
Clichés ? Même pas. Le (cher) rêve existe.
Sans décalage horaire.
maldives
ILE MAURICE
TROU AUX
BICHES
jean-pierre chanial et ulysse gaby
seychelles
Sur cet archipel de l’océan Indien, le temps est
arrêté. Plages immaculées, brise tiède dans les ramures
des cocotiers… Depuis toujours, les Seychelles développent un tourisme mesuré qui n’altère pas le capital
nature du pays. La preuve par l’hôtel Ephelia, installé
sur l’île principale de Mahé et parfaitement intégré au
paysage local. L’établissement propose plusieurs plages
divines, des piscines, toutes les installations sportives
souhaitées. Il compte 308 chambres. Certaines suites
avec vue sur le large sont exceptionnelles. En outre, il
mise aussi – et c’est une première ici – sur l’accueil
des familles, dans des villas à deux niveaux qui comprennent une chambre pour les enfants distincte de
celle des parents, une piscine privée et un jardinet.
Ce qui n’empêchera pas de fréquenter la merveille
d’Ephelia : son Spa Shiseido de 7 000 m² !
176
ROSE MAGAZINE
plus d’infos
à partir de 3 000 €
la semaine, vol
et petit-déjeuner
compris.
0 825 16 15 02
tourinter.com
Beachcomber Hotels/DR
Constance
Ephelia
Les beaux hôtels ne manquent pas à Maurice.
Celui-ci présente l’idéale particularité de se trouver
sur l’une des plages les plus agréables de la côte ouest
de l’île, protégée du vent, et d’être un vrai 5-étoiles (il
vient d’achever sa rénovation), conçu pour chouchouter parents et enfants. Si vous êtes seule ou en couple,
les salles de gym (400 m2 d’équipements exceptionnels),
cours de tennis, yoga, tai-chi, plus tous les sports nautiques occuperont vos journées. à moins que l’usage
intensif du Spa Clarins ne suffise à votre bonheur…
Pour les parents, le plus compliqué reste de récupérer
les enfants, le soir : dès le petit-déjeuner, des hôtesses
du mini-club viennent présenter aux jeunes le menu de
la journée. Dès lors, difficile de résister à l’appel de la
chasse au trésor, du ski nautique adapté au moins de
six ans ou du cours de séga. Le soir, pas moins de six
restaurants thématiques régaleront vos papilles et vos
yeux grâce à un effort notable sur la décoration. Mention spéciale au Mahiya et à son décor de palais indien.
plus d’infos à partir de 2 485 € la semaine en suite
junior demi-pension, vols compris.
0 820 223 223 – kuoni.fr
Taj Exotica
Place au rêve ! La carte postale est posée au
bout des pistes de l’aéroport de Malé, capitale miniature des Maldives. Dix minutes de bateau plus
loin, bienvenue sur l’atoll d’Emboodhu Finolhu
(700 m de long et 30 m de large), baigné d’un lagon
de cristal qui joue sur toute la palette des bleus et des
verts. Désormais, c’est plage, paréo et paresse sur
la terrasse d’une des 62 villas sur pilotis de l’hôtel
Taj Exotica. Grand chic en prime. L’établissement est
en effet membre des très élégants Leading Hotels of
the World. Au programme : plongée dans cet aquarium grandeur nature (un masque et un tuba suffisent à voir des merveilles), croisière au crépuscule
pour observer les dauphins une coupe de champagne à la main, dîner romantique sur le sable…
Sans oublier le Spa, où sont cultivées les traditions
indiennes du massage (soins ayurvédiques), de la
relaxation (yoga) et de la méditation.
plus d’infos à partir de 3 200 € la semaine, vol
et petit-déjeuner compris. 01 44 41 50 10 – asia.fr
ROSE MAGAZINE
177
LECTURES
5 romans
pour aimer
liaison fatale
Véronique Ovaldé :“J’aime
les histoires qui finissent bien.”
J’aime les histoires qui finissent
bien. Je donne à mes personnages
des possibilités de rédemption, le
loisir de refaire leur vie, de se libérer. La fin est ouverte, comme si je
les laissais à l’orée de la forêt avec
mes encouragements et que je leur
soufflais : « Allez-y ! »
Pourquoi ce recours à une
géographie imaginaire ?
La raison est que je m’y sens absolument libre. Je crois qu’une proximité trop grande avec le réel me
paralyserait. J’aime me placer dans
une sorte de cousinage exotique avec le monde.
Une seule condition, toutefois : il faut que tout
soit vraisemblable.
178
ROSE MAGAZINE
Vous êtes écrivain et
également éditeur.
Comment passez-vous
d’un rôle à l’autre ?
Essentiellement en organisant
au mieux mon temps. Je me lève
très tôt, vers cinq heures du matin, et j’écris tout de suite, avant
de m’occuper de mes enfants.
Cela me laisse une petite « enclave personnelle », un temps
d’écriture quotidien de deux
heures. Le reste, ensuite, me
paraît plus facile.
Dans l’édition, où je travaille
depuis maintenant vingt ans,
j’ai exercé différents métiers.
Aujourd’hui, je recherche des
auteurs et je les accompagne dans l’élaboration de
leurs manuscrits. Lire et écrire : c’est toute ma vie.
propos recueillis par laure bastien
Benjamin Chelly
roze magazine . Des vies
d’oiseaux s’approche du
conte…
Une petite république inventée
d’Amérique latine, en bord de
mer. Le temps
s’est figé pour
l a b e l l e Vi d a
Izarra. Jadis, son mari l’arracha à la misère pour faire d’elle
une « femme trophée ». « Il me
semble bien être vivante dans ma
tombe », se lamente Vida dans sa
luxueuse villa. La fille unique du
couple, Paloma, a quitté le mausolée familial des mois plus tôt en
claquant la porte. Dans ce désert
de l’amour apparaît soudain le
lieutenant Taïbo. Son enquête
sur un couple de jeunes squatteurs le mène jusqu’à la maison
de Vida Izarra. Si l’action débute
comme dans un roman policier,
le suspense s’engage vite ailleurs,
sur des chemins amoureux – tout
aussi aventureux. Plusieurs histoires se mêlent et s’entrelacent
dans ce conte où la géographie
imaginaire, signature de l’auteur,
enlumine la carte du tendre. l.b.
des vies d ’ oiseaux ,
véronique ovaldé . l ’ olivier .
Au siècle dernier,
dans la campagne
américaine, une
fille de fermier
belle et brillante
s’éprend avec violence d’un artiste,
projette sur lui ses fantasmes
et sombre dans la névrose. Ce
roman décortique avec brio et
fièvre l’obsession amoureuse.
l.b.
folie d ’ une femme séduite ,
susan fromberg schaeffer .
belfond .
Sens interdits
John Synge,
important dramaturge irlandais (1871-1909),
eut pour unique
amour l’actrice
Molly Allgood,
de vingt ans sa cadette. Joseph
O’Connor retrace ici leurs sentiments empêchés par la société
d’alors, corsetée de principes. Le
monologue de Molly, devenue
une vieille femme, artiste oubliée,
pauvre, dans un Londres indifférent, vous hante bien après le mot
l.b.
« fin ».
muse , joseph o ’ connor .
phébus .
un homme,
une femme
Ses mots donnent le
frisson. Baroques,
fiévreux, tissés en
des phrases somptueuses, ils transportent le lecteur
au cœur même de
la passion charnelle – objet de
ce récit. Qui, mieux que Marie
Billetdoux – plus connue sous
le prénom de Raphaëlle, qu’elle
a changé pour celui de Marie –
pour narrer la puissance du choc
amoureux ? On se jette sur ce
récit, prix Renaudot 1985, enfin
réédité !
l.b.
mes nuits sont plus belles que
vos jours , marie billetdoux .
stock .
Un cœur à nu
Le narrateur remonte le fil des
moments forts avec
ceux qu’il a aimés,
qu’il aime encore :
son grand-père,
sa grand-mère, ses
parents, une inconnue rencontrée dans un cimetière, Louise,
la femme dont il tombe un jour
amoureux fou et qui devient son
épouse. On savoure cette mise
à nu toute en simplicité lumil.b.
neuse.
les souvenirs , david foenkinos .
gallimard .
ROSE MAGAZINE
179
LECTURES
5 polars
pour frémir
la caravane
passe...
Lignes
de faille
Tokyo, 1984. Aomame (« petit pois », en japonais) est une tueuse
à gages d’un genre un peu particulier. Sa cible de prédilection : les
auteurs de violence conjugale. Les hasards de la vie, et un contrat
portant sur le leader d’une secte, vont lui permettre de retrouver
Tengo, le garçon qui l’aimait quand elle avait dix ans. Intitulée 1Q84,
en référence au 1984 de George Orwell, cette trilogie romanesque
nous fait suivre les destins parallèles d’Aomame et de Tengo. Mêlant
comme à son habitude réalisme et fantastique, Murakami nous plonge
dans le Japon d’avant 1995, année du séisme de Kobe et de l’attentat
au gaz sarin par la secte Aum. En 1984, les signes avant-coureurs
sont là, les lignes de faille déjà visibles. Le sectarisme, mal insidieux
qui menace chacun, se nourrit du désarroi collectif.
Les personnages de 1Q84 naviguent à vue dans un monde qui se
dérobe. Murakami déploie ses immenses talents de conteur et suggère, en filigrane, cette sagesse qui figure dans son Autoportrait de
l’auteur en coureur de fond : « Le fait que je sois “moi” et personne
d’autre est l’un de mes plus grands atouts. Les blessures émotionnelles
cédric bellot
représentent le prix à payer pour être soi-même. »
1q84, haruki murakami (traduit du japonais par hélène morita).
belfond . livre 1 et 2. livre 3 à paraître en mars 2012.
180
ROSE MAGAZINE
T
Nadine Monfils,
romancière belge
qui vit à Montmartre, n’a pas
son pareil pour
rendre ses personnages attachants.
Elle le prouve une nouvelle fois
avec la famille Destrooper, partie en vacances à la mer du Nord
et confrontée à un serial killer.
Chemise à fleurs et short kaki,
le père Fonske a bien du mal à
tenir sa smala : l’aîné, Steven, et
sa sœur Lourdes (maman Josette
aime la presse people) ainsi que
leur mémé qu’ils traînent dans
une caravane Wa-Wa. Situations
cocasses et dialogues pleins de
c.b.
verve.
les vacances d ’ un serial killer ,
nadine monfils . belfond .
Swing
à l’irlandaise
Âgées d’un an à
peine, les éditions
Asphalte sont
développées avec
brio par deux
jeunes éditrices
qui adorent bourlinguer au fil des pages. Leur dernière découverte : Breakfast on
Pluto, de Patrick McCabe (adapté au cinéma par Neil Jordan).
Le romancier irlandais vous embarque dans le swinging London
des années 70 et vous attendrira
à coup sûr avec Pussy, prostitué
travelo, né dans un village au nom
de conte de fées, Tyreelin (inutile
de chercher sur une carte). Au
menu : coiffures en bubble cut,
garde-robe vintage, poseurs de
bombes et grain de folie à chaque
c.b.
coin de rue.
breakfast on pluto , patrick
mccabe . asphalte .
Cauchemar
en altitude
Mobilité
professionnelle
Dortmunder est
l’un des héros fétiches de Donald
Westlake, le génial
auteur du Couperet (Rivages/
Noir). « J’ai quoi à
y gagner ? » est la devise du braqueur le plus malchanceux de la
profession. Mais quand il entend
parler d’un gros coup, ses yeux
brillent et les lecteurs ne risquent
pas de s’ennuyer. Justement, un
ex-agent du FBI, viré parce qu’il
voulait instaurer une poignée de
main secrète « afin que les agents
puissent se reconnaître dans les
soirées et tout », a une idée : une
banque vient d’être transférée
dans un mobil-home pendant la
réfection du bâtiment qui l’abrite.
Pourquoi ne pas l’accrocher à un
camion et partir avec ? Le FBI
devrait prendre garde à la fuite de
c.b.
ses cerveaux...
comment voler une banque,
donald westlake. rivages/noir.
Isolé en compagnie de sa femme
Margot dans une
ferme perchée à
636 mètres d’altitude, l’écrivain de
best-sellers Ramon Hill tente de renouer avec
l’inspiration. Mais Margot, elle,
veut profiter du séjour pour tenter de sauver son couple. Lorsque
Ramon s’électrocute, la tension
monte à 220 volts et le huis clos
tourne vite au cauchemar.
Joseph Incardona mêle savamment thriller et humour noir dans
un récit survolté qui se lit d’une
c.b.
seule traite.
volts
,
joseph
220
incardona . fayard .
ROSE MAGAZINE
181
LECTURES
4 livres pour
comprendre
à la vie,
à l’amour
Attention, livre
bouleversant ! Auteur du remarqué
L’équilibre des
requins, l’Italienne
Caterina Bonvicini
raconte dans son
nouveau roman poignant l’histoire de Lisa. Une bande d’amis,
le bonheur, les noces de la jeune
femme : « Nous étions si heureux à son mariage (…) Nous chantions, nous dansions pieds nus. »
Et puis soudain, une tumeur au
cerveau, la vie confinée entre
les quatre murs d’une chambre
d’hôpital, le quotidien qui oscille
entre la souffrance pour Lisa et
la terreur de la perdre pour ses
amis. La bande trentenaire, légère et gaie, doute, interroge la
vie et ses inextricables chemins
de douleur : à quoi bon travailler, se marier, faire des enfants ?
Entre crises de larmes et souvenirs heureux, ce roman brillant
et plein de vie brise le tabou de
l.b.
la marche vers la mort.
le lent sourire, caterina
bonvicini. gallimard.
E
Estelle Lagarde commence son voyage au pays du
cancer un 8 mars. Difficile d’oublier la date. En cette
journée de la femme, la jeune photographe apprend
qu’une tumeur de la taille d’un « noyau de cerise » s’est
nichée dans son sein. Durant ce sale printemps où le
temps des cerises n’est plus celui de l’insouciance,
elle fait son entrée « dans le monde des malades » et
à l’institut Curie de Paris.
L’artiste entame alors une singulière entreprise : se
photographier tout au long de son combat, « comme un
carnet de voyage », une odyssée avec ses (petits) hauts
et ses (très) grands fonds. Images et textes, le journal
de bord n’élude rien de la traversée : la boule à zéro,
les jours de petite forme, la « gueule de bois » après la
182
ROSE MAGAZINE
chimio, les « yeux de lapin malade », la sexualité qu’il
faut réinventer. Aujourd’hui, Estelle a regagné la terre
des bien-portants et laisse un livre de photographies
oniriques et étranges, décalées, souvent dérangeantes
pour qui n’a pas traversé les mêmes terres ardentes.
Des images qui éclairent d’une lueur crue et vraie la
douleur, la solitude, la peur, ces maux que l’on a tant
de mal à expliquer, à faire partager. C’est normal, « Estelle », cela
signifie « étoile ».anne-sophie douet
la traversée imprévue , estelle
lagarde . la cause des livres ,
exposition jusqu ’ au 25 octobre à
l ’ institut curie .
Estelle Lagarde
L’odyssée d’Estelle
réponses à tout
plongée en
eaux profondes
Reporter, sportive accomplie,
plongeuse passionnée, Martine
Carret traverse
la vie comme une
tornade. Mais, à
quarante-quatre ans, son passé
familial la rattrape soudain. Un
cancer. Un cancer tout comme
celui qui emporta sa grand-mère
à trente-neuf ans, puis sa maman
encore jeune. Un cancer que, malgré ces antécédents, personne n’a
vu venir, ni guetté. Commence
alors une course contre la montre
pour décapiter l’« hydre », mais
aussi pour ne pas polluer la vie
de sa famille, ne pas oblitérer un
amour renaissant. Et puis il y a la
plongée sous-marine, les grands
fonds où, malgré l’épuisement,
Martine va se réfugier, se ressourcer. Le livre d’une femme en vie,
c.l-r.
passionnée.
cancer ? même pas peur !,
martine carret. archipel.
Un format réduit,
un livre souple
et cent soixante
pages de questions
simples auxquelles
des réponses claires
et pédagogiques sont apportées.
« J’ai eu un cancer et je suis encore
fatiguée deux ans après », « Pourquoi les chimiothérapies sontelles mauvaises pour le cœur ? »,
« Faut-il changer son alimentation
après un cancer ? ». Aucun interdit
dans la liste des interrogations qui
abordent aussi la vie sexuelle, les
problèmes esthétiques et psychologiques. Un vade-mecum utile,
pour vivre avec moins d’angoisses
c.l.-r.
« l’après ».
l’après-cancer, marina carrère
d’encausse et michel cymes.
collection bonjour-docteur,
hachette pratique.
ROSE MAGAZINE
183
Alain Ducasse
et les chefs de Châteaux
& Hôtels Collection
ont conçu neuf recettes
exclusives pour
les lectrices de « Rose ».
CAHIER
GOURMAND
Roberto Frankenberg
SAIN
& BON
SAIN & BON
ma) présentent des propriétés potentiellement intéressantes, précise le Pr Irène Margaritis, chef
de l’unité d’évaluation des risques
nutritionnels à l’Anses, les effets
n’ont été observés qu’expérimentalement chez l’animal ou sur des
cellules isolées. En l’état actuel des
connaissances, on ne peut pas affirmer que la consommation de ce
type d’aliment présente un intérêt
spécifique dans la prévention des
cancers chez l’homme. »
Huile d’olive,
gingembre et fantaisie
Ce qui fonctionne ? La synergie.
Mieux vaut manger de tout, avec
un apport calorique adapté à nos
dépenses énergétiques. Sans oublier, bien évidemment, de saupoudrer ses ingrédients d’une
bonne dose de gourmandise et
de plaisir ! Un programme qui
sied à merveille à Alain Ducasse,
Landais d’origine mais Méditerranéen de cœur. Le chef multi-étoilé
signe avec la diététicienne Paule
Neyrat – créatrice des stages Escoffier – un livre de 190 recettes
abordables, Nature, simple, sain
et bon. à l’image du « régime
méditerranéen », c’est « simple,
explique Paule Neyrat, car réalisé
avec des produits faciles à trouver
et abordables. Sain, parce que l’on
revient à l’essentiel grâce à des
fruits et des légumes de saison,
des céréales et des légumineuses,
sans oublier le poisson et un peu
de viande. Et bon, grâce au petit
détail qui change tout : le ketchup
maison préparé à partir de belles
tomates bien mûres ; le "light pistou", inratable avec une bonne
; la petite
huile d’olive vierge touche de gingembre, parfaite
pour donner du peps à de simples
poires au vin. Le vin, d’ailleurs,
apporte à lui seul une multitude
de molécules protectrices pour le
système cardio-vasculaire… ».
Alain Ducasse et six chefs du
réseau Châteaux & Hôtels Collection ont concocté pour les lectrices de Rose Magazine des recettes parfumées, colorées, gaies,
propres à ouvrir l’appétit, faciles
à réaliser et enfin équilibrées,
pleines de vitamines, de fibres,
d’antioxydants… Avec, de la part
des chefs, une pincée d’amour
supplémentaire pour toutes les
femmes touchées par la maladie.
Régalez-vous ! céline dufranc
ROSE MAGAZINE
“Se faire
plaisir”
Rose Magazine. Le titre de votre
livre est un programme de santé.
Alain Ducasse. Un message de
bonheur ! Je montre qu’on peut
se régaler en faisant aussi du bien
à son corps. Je n’ai jamais éloigné
santé et plaisir, j’ai grandi dans une
ferme avec la culture de la simplicité et du goût. à l’heure de
préparer le repas, ma grand-mère
m’envoyait dans le potager cueillir
les légumes juste mûrs. C’était la
nature qui fixait le menu ! Plus
tard, j’ai découvert la cuisine méditerranéenne, proche du produit.
Enfin, pour mon épouse qui aime
les fruits, les légumes, les céréales,
je cuisine sainement au quotidien.
Vos astuces pour manger
équilibré sans se ruiner ?
D’abord, prendre le temps de
choisir de beaux produits. Mon
conseil : se promener dans les marchés, parler avec les producteurs.
Et ensuite, prendre le temps de les
cuisiner simplement.
À lire : Nature, simple, sain et bon,
éd. Alain Ducasse, 24,90 €.
“Pas de régime anticancer
mais une alimentation équilibrée”
188
Alain Ducasse
Pierre Monetta
à
à la sempiternelle question
« existe-t-il des aliments anticancer ? », l’Agence nationale de
sécurité sanitaire (Anses) donne
une réponse très claire. Non. Il
n’existe pas d’aliment avéré anticancer, conclut la très scientifique
institution, au terme d’une étude
où ont été analysées plus de 445
substances différentes dans 20 000
produits alimentaires. Conclusion : l’unique recette pour protéger efficacement sa santé reste
une alimentation variée et équilibrée, moins d’alcool, un surcroît
d’activité physique.
Cette étude démonte les arguments pseudo-scientifiques de
la pléthore de régimes labélisés
« anticancer » qui se développent
depuis une dizaine d’années et
promettent tout et n’importe
quoi. Une vie plus saine donc
moins de risques, pour les plus
sérieux. La guérison totale de
cancers installés, pour les plus
dangereux. Que l’on soit malade
ou bien portant, difficile, en effet,
de savoir à quel aliment se vouer :
faut-il se « booster » à la grenade,
au brocoli, au thé vert, manger
bio, saupoudrer généreusement
ses plats de curcuma, avaler des
compléments alimentaires ?
« S’il est vrai que certains microconstituants des plantes aromatiques et épices (comme les flavones
du thym et du persil, les catéchines
du thé, les polyphénols du curcu-
Quels conseils donnez-vous
aux femmes malades
dont l’appétit fluctue ?
Je ne suis ni médecin ni diététicien.
Mais j’ai moi-même connu une
période difficile sur le plan médical. Je sais qu’il faut se faire plaisir.
Même si ça demande un petit effort,
il faut explorer le monde du goût en
se disant qu’il existe toujours une
saveur dont on aura envie.
ROSE MAGAZINE
189
CARNET DE RECETTES
Crevettes,
menu
idéald’Alain
d’AlainDucasse
Ducasse
Crevettes,daurade,
daurade,poire
poireetetchocolat.
chocolat. LeLe
menu
santé
stylisme marie-caroline malbec. PHOTOS ALAIN BENOiT.
L’entrée
BOUILLON DE CREVETTES
BOUILLON DE CREVETTES
L’entrée
Pour 4 personnes
Pour le bouillon :
600 g de petites
crevettes bouquet
1 piment oiseau
1 tomate fraîche
3 cm de gingembre
1 bâton
de citronnelle
2 blancs d’œufs
Pour
la garniture :
2 cébettes
1 poignée de pois
gourmands
1 piment rouge
1/4 de citron
Piment d’Espelette
Sel, poivre moulin
190
ROSE MAGAZINE
Préparez le bouillon. Décortiquez le tiers (200 g environ)
des petites crevettes bouquets, mettez-les au frais mais ne
jetez
ni lesletêtes
ni les carcasses.
Préparez
bouillon.
Décortiquez le tiers (200 g environ)
Coupez
le piment
oiseau
et la tomate
en morceaux.
Épludes
petites
crevettes
bouquet,
mettez-les
au frais, mais
ne
chez ni
le gingembre,
réservez-en
jetez
les têtes ni les
carcasses. le tiers et coupez le reste
en morceaux.
Cassez
le bâton
de citronnelle.
Coupez
le piment
oiseau
et la tomate
en morceaux. ÉpluDanslelegingembre,
mixeur, rassemblez
le reste
des crevettes
chez
réservez-en
le tiers
et coupezentières,
le reste
les morceaux.
têtes et carcasses,
lesbâton
morceaux
de gingembre, la toen
Cassez le
de citronnelle.
mate et
piment.
Mixez deux
minutes
en ajoutant
50 cl
Dans
le le
mixeur,
rassemblez
le reste
des crevettes
entières,
d’eau
et versez
dans une
casserole pas
trop grandelapour
les
têtes
et carcasses,
les morceaux
de gingembre,
toque laetpréparation
soit surdeux
une minutes
bonne épaisseur.
Ajoutez
mate
le piment. Mixez
en ajoutant
50 cl
alors laetcitronnelle.
d’eau
versez dans une casserole pas trop grande pour
Faites
bouillir, versez
les bonne
blancs épaisseur.
d’œufs etAjoutez
remuez alors
bien
que
la préparation
ait une
avec
le fouet. Baissez
feu au versez
minimum
et laissez
mijoter
la
citronnelle.
Faites le
bouillir,
les blancs
d’œufs
et
dix minutes.
remuez
bien avec le fouet. Baissez le feu au minimum et
Tapissez
une passoire
d’un torchon humide et posez-la
laissez
mijoter
dix minutes.
sur un saladier.
Avec une
l’ensemble
de
Tapissez
une passoire
d’unlouche,
torchonversez
humide
et posez-la
la préparation
afin deversez
ne pasdélicatement
troubler le
sur
un saladier.délicatement
Avec une louche,
bouillon. de la préparation afin de ne pas troubler le
l’ensemble
Ensuite, refermez
le torchon
en rassemblant
ses bords
bouillon.
Ensuite, refermez
le torchon
en rassemblant
ses
vers levers
centre
et pressez
pourpour
récupérer
la totalité
du
bords
le centre
et pressez
récupérer
la totalité
liquide. Rectifiez son assaisonnement : ce bouillon doit
être très clair et parfumé. Gardez-le au chaud.
du liquide.laRectifiez
sonLavez,
assaisonnement
Préparez
garniture.
épluchez : les
cébettes.
ce bouillon
Lavez,
les pois
gourmands,
taillez-les
en fins filadoit êtreeffilez
très clair
et parfumé.
Gardez-le
au chaud.
ments.
Préparez la garniture. Lavez, épluchez les cébettes.
Taillez
de même
le piment
rouge doux
et leen
gingembre
Lavez, effilez
les pois
gourmands,
taillez-les
fins filaréservé
et rassemblez
ceslelégumes
unetsaladier.
ments. Taillez
de même
pimentdans
rouge
le gingembre
Pour
terminer,
coupezces
grossièrement
lesun
crevettes
réservé,
et rassemblez
légumes dans
saladier.décortiquées
réservées
(400 ggrossièrement
Pour terminer,
coupez
les crevettes décorenviron) et assaisonnez-les
du jus
tiquées
du
quartréservées
de citron(400
et de gpiment
d’Espelette.
environ),
et assaisonnez-les du
Mélangez
bien
et répartissez
ce hachis
au fond Mélangez
de quatre
jus du quart
de citron
et de piment
d’Espelette.
bols.
par-dessus,
la julienne
de légumes,
puis
bien etAjoutez,
répartissez
ce hachis au
fond de quatre
bols. Ajoupour
le bouillon.
tez la finir,
julienne
de légumes puis, pour finir, le bouillon.
ROSE MAGAZINE
191
CARNET DE RECETTES
Des idées
gourmandes
faciles
à réaliser
Le plat
DauRADE
ROYALE
Pour 4 personnes
Daurade :
1 daurade de 1,5 kg
1 citron
1 bouquet d’aneth
2 branches
de fenouil sec
1 kg de gros sel gris
de Guérande
200 g d’algues
multicolores
3 blancs d’œufs
Sauce à l’aneth :
1 échalote
6 cuil. à soupe
de vinaigre
60 g de beurre froid
1 cuil. à soupe
de crème fraîche
200 g de fromage
blanc à 0 %
Sel, poivre
Faites préparer la daurade par votre poissonnier en lui
demandant de la vider par les ouïes et d’ébarber les nageoires du dos ; et surtout de ne pas l’écailler.
Coupez le citron en tranches. Détachez les pluches du
bouquet d’aneth et réservez-les pour la sauce. Par la tête,
fourrez la daurade avec les queues d’aneth, les tranches
de citron et les branches de fenouil. Dans un saladier, rassemblez le gros sel, les algues et les blancs d’œufs. Mélanger. Puis étalez cette préparation et enveloppez-en la daurade. Enfournez trente minutes, four à 180° C.
Préparez la sauce à l’aneth. Pelez et ciselez l’échalote.
Jetez-la dans une casserole, avec six cuillerées à soupe
d’eau et autant de vinaigre. Faites réduire des deux tiers.
Incorporez le beurre froid. Ajoutez la crème fraîche puis
l’aneth haché. Laissez tiédir et incorporez le fromage
blanc. à la sortie du four, laissez reposer la daurade
vingt minutes. Cassez la croûte et éliminez le sel, retirez la
peau et levez les filets. Disposez-les sur un plat, nappezles de la sauce à l’aneth et servez tout de suite.
Nicolas Masse « les Sources
de Caudalie » à Bordeaux-Martillac
Salade DU
POTAGER
Vous pouvez servir la daurade dans sa croûte et la casser
à table. Dans ce cas, mettez la sauce dans une saucière.
Le dessert
Pour 4 personnes
Sorbet poire :
4 poires bien mûres
50 g de sucre
semoule
Poires pochées :
4 poires Williams
bien mûres
90 g de sucre
semoule
1/2 citron
1 gousse de vanille
Sauce chocolat :
125 g de chocolat
noir à 70 %
2 cuil. à soupe
de crème liquide
192
ROSE MAGAZINE
Préparez le sorbet. épluchez les poires en retirant leur
cœur. Coupez-les en petits morceaux. Mixez-les avec le
sucre semoule, versez dans la sorbetière et turbinez.
Préparez ensuite les poires pochées. Lavez les fruits,
épluchez-les en gardant leur queue, réservez les épluchures. Dans une casserole, versez 75 cl d’eau, ajoutez le
sucre semoule, le jus du demi-citron, la gousse de vanille
ouverte et grattée, et les épluchures des poires. Faites
bouillir. Plongez alors les poires, debout, dans ce sirop et
cuisez-les pendant quinze minutes. Laissez refroidir.
Préparez la sauce chocolat. Cassez le chocolat noir en
morceaux et faites-le fondre au bain-marie ou au microondes. Ajoutez-lui la crème liquide et deux à trois cuillerées à soupe du sirop de cuisson des poires. Mélangez.
Pour terminer, dans chaque coupe, déposez d’abord une
boule de sorbet, puis une poire, et nappez cette dernière
de sauce chocolat. Servez tout de suite.
Alain Benoit
POIRE
POCHée
Pour 4 personnes
Pour la salade
mesclun :
8 feuilles
de pourpier
4 feuilles de tatsoi
4 feuilles de bette
à carde rouge
4 feuilles
de Rossa Italia
Pour les légumes :
11 asperges vertes
4 carottes fanes
Pour les copeaux :
2 radis
2 carottes fanes
2 mini-betteraves
Pour la finition :
6 mini-concombres
3 fleurs de thym
6 pensées
6 fleurs
de bourrache
Huile d’olive
Vinaigre
balsamique
Fleur de sel
Poivre du moulin
Rincez, séchez et réservez la salade de mesclun.
Préparez les asperges. Lavez et épluchez-les. Sur huit
d’entre elles, coupez les pointes sur cinq centimètres de
longueur. Liez-les en bottes et plongez-les cinq minutes
dans de l’eau bouillante bien salée. Rafraîchissez-les
dans de l’eau glacée, égouttez-les et réservez-les. Sur les
trois autres, coupez les pointes sur sept centimètres de
longueur. Taillez-les en rubans dans leur longueur avec
une mandoline japonaise. Réservez.
Préparez les carottes. Épluchez et lavez les carottes
fanes. Cuisez-les dix minutes, dans de l’eau bouillante
salée (vérifiez la cuisson avec la pointe d’un couteau).
Rafraîchissez-les dans de l’eau glacée, égouttez-les et
réservez-les.
Préparez les copeaux de légumes. Épluchez et lavez les
radis, les carottes fanes et les mini-betteraves. Séchezles et taillez-les en copeaux d’un millimètre d’épaisseur.
Réservez-les dans une jatte remplie d’eau et de glaçons.
Taillez les mini-concombres en deux et les carottes cuites
dans leur longueur. Déposez asperges et carottes dans
des assiettes. Égouttez et séchez les copeaux de légumes
et répartissez-les. Ajoutez les mini-concombres et les
fleurs. Arrosez d’un filet d’huile d’olive, de quelques
gouttes de vinaigre balsamique, d’une pincée de fleur de
sel et d’un tour de poivre du moulin. Servez frais.
ROSE MAGAZINE
193
CARNET DE RECETTES
Restaurant « Emmanuel Hodencq »
à Clermont-Ferrand
SaintJacques
aux
endives
Stéphane Tournier « Les Jardins de l’Opéra » à Toulouse
Fricassée de légumes
194
ROSE MAGAZINE
Préparez les légumes. Pelez et lavez les asperges
vertes. Coupez les têtes sur dix centimètres de longueur (gardez les tiges pour un potage). Liez-les en
botte. Grattez les carottes fanes et les petits navets,
lavez et épluchez les petits oignons blancs en gardant
deux à trois centimètres de tige. Cuisez la botte d’asperges d’abord, puis le reste des légumes dans de l’eau
bouillante salée pendant cinq minutes.
Nettoyez les trompettes de la mort. Pelez et ciselez
l’échalote. Rincez, séchez, effeuillez et ciselez le persil
plat. Réservez tous ces légumes.
Préparez l’émulsion de carottes. Épluchez et lavez
les carottes, coupez-les en morceaux et mettez-les
dans la centrifugeuse. Versez le jus dans une casserole.
Ajoutez les graines de coriandre. Cuisez-le jusqu’à
ce qu’il soit bien réduit, et qu’il ait presque l’aspect
d’un sirop. Retirez la casserole du feu et versez doucement l’huile d’olive en fouettant sans arrêt. Ajustez
l’assaisonnement en sel et poivre. Gardez l’émulsion
de carottes au chaud.
Préparez les œufs mollets. Sortez les œufs de votre
réfrigérateur une heure avant de les cuire pour les
remettre à température ambiante. Faites bouillir de
l’eau dans une casserole, plongez-y les œufs et laissez-les cuire juste pendant cinq minutes. Puis sortez-
les, refroidissez-les et écalez-les. Chauffez un bon
filet d’huile d’olive dans un sautoir. Faites-y fondre
l’échalote ciselée sans la colorer. Mettez les carottes,
les navets et les oignons et faites-les sauter pendant
cinq minutes. Ajoutez les asperges et les champignons, remuez délicatement et cuisez encore pendant
cinq minutes. Salez et poivrez. Vérifiez la cuisson des
légumes avec la pointe d’un couteau. Ajoutez le persil
ciselé et mélangez doucement.
Pour terminer, répartissez la fricassée de légumes
dans des assiettes creuses. Posez un œuf mollet au
milieu. Nappez-le d’émulsion de carottes et servez.
Adaptez les légumes en fonction des saisons avec
par exemple des petits pois au printemps, des petites
courgettes en été. Vous pouvez aussi fort bien augmenter les quantités de ces légumes.
Alain Benoit
Pour 2 personnes
Pour la fricassée
de légumes :
12 asperges vertes
4 carottes fanes
4 petits navets
4 petits oignons
blancs
80 g de trompettes
de la mort
1 échalote
1/4 de botte
de persil plat
Pour l’émulsion
de carottes :
1 kg de carottes
1 cuil. à café
de graines
de coriandre
20 cl d’huile d’olive
Pour les œufs
mollets :
4 œufs
Sel, poivre
du moulin
Pour 4 personnes
16 belles noix
de Saint-Jacques
4 oranges
non traitées
4 à 6 endives
60 g de beurre
20 cl de bouillon
de poule
Huile d’olive
Sel, poivre
du moulin
Préparez les Saint-Jacques. Débarrassez-les de leurs
filaments et rincez-les sous le robinet. Réservez-les sur
un linge propre au frais.
Préparez la poudre d’oranges. Prélevez les zestes
d’orange, étalez-les sur une plaque. Glissez-la au four
à 120° C (thermostat 4), et laissez sécher les zestes. Puis
broyez-les dans le mixeur jusqu’à obtenir une poudre
fine. Réservez-la.
Préparez l’effilochée d’endives. Lavez les endives,
séchez-les. Taillez-les en tronçons d’un centimètre et
demi d’épaisseur, en éliminant le pied. Faites fondre
vingt grammes de beurre dans un sautoir. Mettez les
endives et cuisez-les, en les remuant, pendant une
dizaine de minutes, et sans les colorer. Salez, poivrez. Ajoutez éventuellement une pincée de sucre en
poudre. Gardez-les au chaud.
Préparez les sucs d’orange. Pressez le jus des oranges.
Versez-le dans une casserole et faites-le réduire jusqu’à
obtenir la consistance d’un sirop très épais. Versez le
bouillon de poule et cuisez jusqu’à ce qu’il soit réduit
des trois quarts. Coupez quarante grammes de beurre
en morceaux et ajoutez-les en fouettant bien. Puis
mixez cette préparation jusqu’à ce qu’elle soit onctueuse et moussante.
Enfin, cuisez les Saint-Jacques. Assaisonnez chaque
noix de Saint-Jacques avec du sel et de la poudre
d’agrumes. Chauffez une poêle avec une goutte d’huile
d’olive et cuisez-les trente secondes à une minute de
chaque côté (selon leur épaisseur).
Pour terminer, dressez les Saint-Jacques sur les assiettes. Disposez l’effilochée d’endives autour.
Nappez les noix de suc d’oranges et servez tout de
suite.
Préparez la poudre d’oranges à l’avance. Il va vous en
rester certainement, que vous pourrez utiliser pour
d’autres préparations, au gré de votre imagination.
ROSE MAGAZINE
195
CARNET DE RECETTES
Christophe Dufossé
« La Citadelle » à Metz
Légumes &
agrumes
Pour 2 personnes
2 gousses d’ail
1 pamplemousse
1 citron
1 orange
10 g de grains
de poivre noir
Pour les légumes :
1 belle tomate
50 g de brocoli
50 g de chou-fleur
50 g de petits pois
écossés
150 g de champignons de Paris
1/2 botte
de ciboulette
Fleur de sel
Préparez le jus d’agrumes. Pelez et écrasez les gousses
d’ail, puis pressez le jus du pamplemousse, du citron et
de l’orange. Versez-les dans une casserole. Ajoutez l’ail
écrasé et le poivre. Cuisez à feu doux jusqu’à ce que le jus
ait la consistance d’un sirop. Filtrez-le dans une passoire.
Versez-le dans un petit bol et réservez-le au frais.
Préparez les légumes. Mondez la tomate : avec un couteau, incisez la peau, trempez-la dix secondes dans de
l’eau bouillante et rafraîchissez-la dans l’eau glacée.
Retirez la peau et les pépins. Coupez la chair en quartiers réguliers. Réservez. Ensuite, rincez les brocolis et le
chou-fleur. Faites chauffer de l’eau légèrement salée dans
une casserole. Quand elle bout, plongez-y le brocoli
deux minutes. Égouttez-le avec une écumoire. Cuisez
de même le chou-fleur puis les petits pois. Épluchez et
rincez les champignons de Paris. Séchez-les et émincez-les. Rincez, séchez et ciselez la ciboulette. Dressez
le brocoli, le chou-fleur et les petits pois au milieu des
assiettes ou d’un plat. Ajoutez les champignons de Paris
et les quartiers de tomate autour. Parsemez de ciboulette.
Assaisonnez avec quelques grains de fleur de sel.
Versez dessus le jus d’agrumes. Servez frais.
En dehors de leur saison, remplacez les petits pois par des
asperges vertes : pelez-les, coupez les têtes sur dix centimètres de hauteur et cuisez-les dans de l’eau bouillante.
Christian & Thomas Millo
« Auberge de la Madone » à Peillon
Mousse au
chocolat
Jean-Marie Amat « Château du Prince noir » à Lormont
Pour 8 personnes
16 petites carottes
8 petits navets
16 oignons grelots
400 g de haricots
verts extra-fins
250 g de girolles
ou de cèpes
2 foies gras de
canard crus
dénervés de 600 g
1 boîte de 50 g
de jus de truffe
40 g de beurre
Sel, poivre
du moulin
196
ROSE MAGAZINE
Préparez les légumes. épluchez et lavez les carottes et
les navets. Coupez-les en deux ou trois morceaux. Pelez les oignons. Effilez et lavez les haricots verts. Nettoyez les girolles. Faites bouillir de l’eau légèrement
salée et plongez-y les carottes, laissez cuire quinze minutes puis égouttez-les. Dans cette même eau, cuisez
séparément les navets pendant dix minutes, les oignons
pendant trois minutes et les haricots verts pendant
cinq minutes. Préparez une jatte avec de l’eau et des
glaçons. Plongez-y au fur et à mesure les légumes cuits.
Égouttez-les et réservez-les sur un plat.
Préparez les foies gras. Faites bouillir de l’eau dans un
couscoussier. Retirez les traces de sang sur les chairs,
puis étalez une feuille de papier film. Posez un foie au
milieu, salez-le et arrosez-le de deux cuillerées à café
de jus de truffe. Repliez les bords du papier film de
façon à bien enfermer le foie. Préparez le second de la
même façon. Déposez les deux foies gras sur la grille
du couscoussier et laissez-les cuire pendant vingt-cinq
minutes. Faites fondre une noix de beurre dans une
poêle. Mettez les girolles, salez-les et faites-les sauter à
feu moyen pendant trois à quatre minutes. Gardez-les
sur une assiette au chaud. Réservez leur jus de cuisson.
Pour terminer, retirez les foies gras du couscoussier et
déposez-les dans un plat creux. à leur place, mettez
tous les légumes pour les réchauffer. Retirez le papier
film des foies gras. Déposez ceux-ci sur le plat de service chaud. Récupérez le jus de cuisson des foies gras
et ajoutez-le au jus de girolles réservé et au reste du
jus de truffe. Dressez les légumes autour des foies gras.
Chauffez les jus, puis versez-les sur les foies. Servez
tout de suite.
Alain Benoit
Pot-au-feu de foie gras
RECETTES RÉDIGÉES
PAR PAULE NEYRAT
Pour 8 personnes
8 barres de
chocolat pâtissier
4 œufs entiers
50 g de beurre
2 cuil. à soupe
de rhum ou
de café très fort
1 pincée de sel
Préparez les œufs. Séparez les jaunes des blancs, en
déposant les jaunes dans un bol et les blancs dans un
saladier. Ajoutez une pincée de sel aux blancs d’œufs.
Puis montez-les en neige.
Préparez la mousse au chocolat. Coupez le beurre
en petits morceaux dans une assiette. Réservez. Cassez le chocolat en morceaux. Mettez-les dans une
jatte et ajoutez-leur trois cuillerées à soupe d’eau.
Posez la jatte sur une casserole d’eau frémissante et
faites fondre le chocolat sur ce bain-marie en tournant de temps en temps avec une spatule pour qu’il
fonde bien régulièrement. Lorsque le chocolat est
complètement fondu, retirez la jatte du bain-marie.
Ajoutez les jaunes d’œufs en remuant bien. Puis incorporez les morceaux de beurre en tournant vivement. Ajoutez ensuite le rhum ou le café. Remuez
jusqu’à ce que le mélange soit bien homogène. Incorporez alors les blancs en neige, cuillère par cuillère,
en soulevant délicatement cette pâte et en tournant
toujours doucement, avec précaution, dans le même
sens. Ne fouettez surtout pas.
Pout terminer, versez la mousse dans une coupe. Mettez-la au réfrigérateur pour au moins quatre heures.
Cette mousse est légère car il y a beaucoup de blancs
d’œufs et pas de sucre. Elle est du coup riche en protéines. On la sert aussi bien en dessert qu’au goûter.
ROSE MAGAZINE
197
JUS DE D’ESSAI
FRUIT
BANc
GRENADE
Défensive
La pomme d’amour mythique regorge
d’antioxydants, de tanins et aussi
de gourmandise... À boire sans modération !
Organic Bloom
Yablok
Pom Wonderful
Une boisson issue de grenades fraîches,
pressées entières avec leurs pépins et leur
membrane, puis flash-pasteurisée, sans
additif ni conservateur.
Toutes les garanties du politiquement
« bio » sont respectées pour ce jus à la fois
léger et très parfumé, sans sucre ajouté
mais sans amertume, pourvu d’une belle
structure. Notre préféré.
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contenance idéale pour la consommation
hebdomadaire d’un(e) célibataire.
Le pionnier du jus de grenade ! Le liquide
parfumé, extrait des fruits pressés et pasteurisés, est présenté dans une bouteille
de verre qui lui garantit une période de
garde optimale d’un an.
Très corsé au goût, avec une vraie amertume et une longueur en bouche, il est à
réserver aux inconditionnels, qui y reconnaîtront un « grand cru ».
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litres peuvent être livrés chez vous, à la
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Cette jolie bouteille, à la taille bien
marquée, contient un jus 100 % issu
des vergers californiens de la marque
éponyme – qui plante les grenadiers,
les cultive, cueille les fruits et en extrait
l’essence. La grenade est pressée avec
la peau, ce qui garantit un maximum
d’antioxydants. Le goût acidulé est très
délicatement sucré.
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grande distribution (Casino, Monoprix).
Le Plus : un jus facile à boire, au goût
moins marqué que ses concurrents et qui
plaira aux enfants.
corsé
acidulé
Les choix de Marie-Caroline Malbec, rédactrice en chef du site culinaire cookissime.fr
198
ROSE MAGAZINE
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léger
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ROSE MAGAZINE
203
LA PETITE FLAMME
Pour tenir,
elles se sont
accrochées
à un petit
plaisir, une
envie, un
espoir, un rêve.
Aujourd’hui
tirées
d’affaire, elles
témoignent.
bague
« Une
de Cartier.
Je me disais que si je
pulvérisais cette saloperie
de crabe, je la méritais bien,
la trilogie ! » Anne-Lyse
« J’ai passé six semaines hospitalisée et j’ai dû
confier ma fille de huit mois à mes parents, qui
vivent à cinquante kilomètres. Tous les soirs, après
faisait la route juste pour
le travail,
que je puisse embrasser Amber. La pensée de cette
visite m’a fait tenir chaque seconde. »
Jessica
maman
« Walk on the Wild Side. Je l’écoutais
à fond, tout le temps. Ça me donnait
! »
la pêche.
Tina
Merci Lou
« Je ne parlais plus à mon frère
depuis quinze ans. Une bêtise
à propos d’un héritage.
Je me suis jurée d’aller le voir
si je guérissais. On a passé Noël
. »
dernier
Maryse
« Aller à
New York ! »
« J’ai dit à mes petits-enfants que, quand
je serais guérie, je leur offrirais à tous – et
ils sont neuf - un week-end à Disneyland.
J’ai cassé ma tirelire le mois dernier
et je suis montée dans le
avec ma
tribu d’apaches au grand complet ! »
Blanche
Aline
ensemble
fête
Space Mountain
de guérison que je me promettais
« La
de faire avec tous les gens que j’aime.
à l’hôpital, pendant les injections, je fermais
les yeux et je pensais à la salle, au traiteur,
aux potes que j’inviterais, à la musique sur
laquelle on danserait… »
Marie
mon mari
« Le matin,
caressait mon
crâne nu et me disait qu’il m’aimait.
Une petite lumière qui n’a cessé de briller. »
Nathalie
« Je suis née en France, mais mes parents
sont burkinabés. Pendant la maladie,
l’idée de visiter le Burkina Faso, la
de mes ancêtres, ne m’a pas
quittée. » Madeleine
terre
« Voir repousser
mes cheveux
et les teindre
en
. »
Fazia
blond
platine
Seychelles
202
ROSE MAGAZINE
enfant
foulards
« Je suis née dans une famille athée. Pendant
la maladie, je me suis beaucoup interrogée.
Je me suis dit que si je guérissais, j’irais à
Lourdes, pas pour attendre un
mais juste pour essayer de prier. »
Mylène
miracle
Visual Press Agency/Getty Images/DR
« Tous les matins, je regardais la
photo de notre voyage de noces aux
. Je me disais que je ne
mourrais pas sans avoir emmené mon fils
de deux ans se baigner à La Digue. Le
soir où j’ai fini la radiothérapie, on a pris
l’avion en famille. »
Céline
« L’envie d’avoir un
. »
Laure
« Les
Hermès. Ma famille, mon chéri,
mes copines se sont cotisés et m’ont offert, avant la première
chimio, sept « carrés », un pour chaque jour de la semaine.
C’était moi la plus chic de l’hosto ! »
Charlotte
« Emballer George Clooney. Bon, c’est
toujours pas fait, mais je suis vivante, j’ai à
nouveau ma crinière et un sein tout neuf.
Gare à toi, George ! grrrrr ! »
Garance
« Ce qui m’a fait tenir ? L’idée de
guérir, d’avoir à nouveau des cheveux
et de dire à Robert que je l’aimais en
secret depuis six ans ! » Martine
ROSE MAGAZINE
203