Journal Des Entreprises

Transcription

Journal Des Entreprises
36
OCTOBRE 2014
INDUSTRIE
Trouillet 85. Le patron répond à la CGT
MÉTALLURGIE La CGT manifeste son
inquiétude suite au chômage partiel, à
l’annonce de licenciements chez
Trouillet 85 et au transfert de l’activité de
carrosserie à Orléans. P-dg du groupe,
Éric Trouillet détaille sa stratégie et des
perspectives optimistes.
l
L
a
communication
apparaît difficile entre la
CGT et la direction du
groupe Trouillet, repreneur de la Seg-Samro en 2013. À
Fontenay-le-Comte, le syndicat a
fait part de son inquiétude quant à
l’avenir du constructeur de semiremorques en Vendée, devenu
Trouillet 85. Notamment après
des mesures de chômage partiel
et un transfert de l’activité carrosserie vers Orléans cet été.
Baisse des effectifs
« On voit bien qu’il y a des investissements mais on ne dispose pas
d’information sur le projet industriel, ses tenants et aboutissants.
Cet été, on nous a enlevé la partie
carrosserie sans trop nous expliquer pourquoi. Aujourd’hui, on ne
fabrique plus que des châssis
pour des clients industriels ou
pour le groupe », déclarait début
septembre Alain Robert, délégué
du personnel (CGT), lors d’un rassemblement face à la sous-préfecture d’environ 70 personnes,
incluant salariés et syndicalistes
d’autres entreprises. Un peu plus
loin, un autre salarié cite une
annonce récente en comité d’entreprise lors duquel, la direction
aurait indiqué que 70 salariés suffiront pour réaliser la production.
l
« On ne sait pas si c’est temporaire ou pas, ni ce que ça annonce
pour la suite », se demande-t-il.
Même si la direction a affirmé
qu’il n’y aurait pas de licenciements, des salariés s’inquiètent
de la baisse des effectifs, de 162
salariés repris en 2013 (144 à Fontenay) à environ 135 aujourd’hui.
L’annonce du licenciement de huit
salariés sur un autre site de
Trouillet 85 à Nort-sur-Erdre (44),
attisant les craintes. La CGT comptabilise par ailleurs une trentaine
de salariés en arrêt de travail. Elle
réclame aussi une amélioration
des conditions de travail, un vrai
plan de formation ou encore la
tenue des élections professionnelles repoussées.
Y a-t-il une rétention d’information de la part de direction ?
« C’est faux » répond, Éric
Trouillet, le repreneur et dirigeant
du groupe, qui assure avoir déjà
fait part de sa stratégie de manière explicite.
Spécialisation des sites
Ses propos se veulent rassurants.
« On a choisi de spécialiser les
sites en fonction de leurs points
forts. D’un côté, notre site d’Orléans est historiquement positionné sur la carrosserie et Fontenay
possède des compétences sur les
EN BREF
Océplast
Nouveaux débouchés
Fabricant de profilés PVC et produits d’aménagement
(terrasse et clôtures, en PVC et bois composites),
Océplast va fournir des plans de travail de cuisine pour
l’enseigne Castorama (sous la marque Cooke & Lewis).
Composé d’un mélange de PVC et bois recyclés, le
produit s’inscrit dans l’économie circulaire. « Issu à
98 % du recyclage, ce profilé a été éco-conçu pour être
recyclable après usage », détaille Bertrand Dubin,
gérant associé d’Océplast. Le bois provient de déchets
de palettes des magasins de Castorama. Les
premières livraisons ont eu lieu cet été. La PME
d’Aizenay (33 salariés, 6,8 M¤ de CA), qui a codéveloppé le produit, s’ouvre un nouveau marché en
grande distribution. La commande devrait représenter
plus de 10 % de chiffre d’affaires. Tél. 02 51 48 30 34.
ATF
Investissement à Fontenay
La tôlerie industrielle ATF a
investi 250.000 euros dans
une machine de découpe
laser à Fontenay-le-Comte.
Sous-traitant créé en 2010
(8 salariés, 750.000 ¤ de CA
prévus en 2014), il livre des
pièces d’assemblage pour le
ferroviaire, la menuiserie
industrielle et le médical, en
Vendée et Charente-Maritime.
L’outil permettra de réintégrer une activité jusqu’ici
sous-traitée. Objectif : « gagner 15 jours de délais, des
marges, et pour pouvoir attaquer d’autres marchés
comme l’agroalimentaire », explique Aurélien Lecot,
fondateur d’ATF (photo). Via la CCI, il a obtenu un « Prêt
Vendée Croissance » de 75.000 euros à taux zéro (un
dispositif destiné aux PME de moins de 30 salariés et
réalisant 2,5 M¤ de CA). Tél. : 06 08 95 02 611
Alain Robert, délégué du personnel CGT (à gauche) devant la préfecture de Fontenay. Et Éric Trouillet, P-dg du groupe.
châssis et la mécano soudure. »
Les licenciements de Nort-surErdre dus au rapatriement de la
fabrication de châssis vers Fontenay s’expliquent par cette logique.
D’après, le patron ce jeu de vase
communiquant n’a pas été préjudiciable à la Vendée : « Il n’y a pas
eu de baisse de charge au contraire ».
Croissance de 40 %
Les perspectives de l’entreprise
s’annoncent d’ailleurs plutôt bonnes. « On enregistre une augmentation d’activité de 40 % au niveau
du groupe cette année », assure
Éric Trouillet. L’entreprise de 400
salariés grignote des parts de marché dans un secteur qui n’est certes pas en croissance, mais qui a
vu la concurrence diminuer.
« Chômage lié aux travaux »
Quant au chômage partiel, qui se
poursuivra jusqu’à la fin de l’année, il s’expliquerait par les travaux réalisés. « On a quasiment
transformé toute l’usine. Trois millions d’euros ont été réinjectés
depuis la reprise, notamment
pour l’arrivée d’une découpe
laser, de toute une ligne de traitement de surface, etc.. On a installé des ponts roulants adaptés,
inexistants alors que les salariés
travaillaient des châssis de deux à
six tonnes ! Cela cause forcément
des contraintes d’organisation »,
assure Éric Touillet.
Pourquoi ne pas avoir recréé une
usine ? Le dirigeant assume son
choix. « Une question de coût élevé, entre 10 à 15 millions d’euros,
et d’aménagement du territoire.
Car on aurait laissé une nouvelle
friche industrielle à Fontenay… »
Quid enfin de la baisse d’effectifs ? Il s’agirait de départs volontaires et de quelques salariés
ayant choisi de se réorienter au
sein du groupe. Confiant, il espère
une croissance à deux chiffres en
2015. Avec des retombées en ter-
mes de charge de travail, voire de
création d’emplois à Fontenay-leComte.
« Le groupe va continuer à investir en Vendée. On n’a pas mis tout
ça en place pour réduire l’activité !, s’agace-t-il. Aujourd’hui, le
site devient compétitif »
F.G.
TROUILLET PARTENAIRES
(Monrangis, 91)
P-dg : Éric Trouillet
400 salariés
(environ 135 en Vendée)
54 M¤ de CA
02 38 75 50 15
Reus Technologies.
La PME intègre le groupe BHD
SÉCURITÉ Il vendait déjà son système de protection pour ateliers à Véolia, Air France
ou Dachser. Repris par le ligérien BHD, Reus Technologie veut percer à l’export.
l
Fin août, le Vendéen R]eus Technologies est entré dans le giron de
BHD, fabricant de textiles techniques destinés à la protection des
personnes et des biens. Ce groupe
ligérien, basé à Nort-sur-Erdre,
possède désormais 70 % du capital de la PME de Fontenay-le-Comte (12 salariés, 1,6 M¤ de CA).
Reus Technologies est connu pour
avoir inventé et commercialisé un
système de protection de fosses
d’atelier, baptisé Dalis : un matelas pneumatique se déroule comme un serpentin, sur commande
ou automatiquement, en moins de
deux minutes pour fermer la fosse. En qualité de fournisseur, BHD
réalisait jusqu’ici lesdits matelas.
Une autre version du système existe sous la forme d’une grille aluminium à déployer manuellement.
Les clients du Vendéen vont de
Veolia, Kéolis, Dachser, à Air France, Lyon ou Nantes Métropole.
Percer à l’international
L’initiative du rapprochement émane de Pierre Reus. « Nous ne pouvions pas continuer tout seuls.
Pour une PME monoproduit
ciblant la France, l’Europe et
même au-delà, le ticket d’entrée
commercial sur le marché est
trop élevé, explique-t-il. On pourra opérer des synergies avec BHD,
qui dispose de commerciaux dans
tous les garages poids lourds et à
l’international. Comme en Corée
De gauche à droite, Jean-Dominique Blond, président de BHD et Pierre
Reus créateur de Reus Technologies à Fontenay-le-Comte.
du Sud, où nous avons des demandes. »Créateur de la société, Pierre Reus reste aux manettes comme directeur de la nouvelle filiale
du groupe ligérien présidé par
Jean-Dominique Blond. « L’entreprise restera à Fontenay », insiste-t-il au passage. La jeune PME
pourra aussi s’appuyer sur les
fonctions supports et le département R & D de sa maison-mère.
De quoi aider au lancement, à la
rentrée, d’une version simplifiée
et entrée de gamme de son produit. Le Dalis Basic (environ
5.000 ¤ pour la protection d’une
fosse de 10 m, via un système
LE JOURNAL DES ENTREPRISES
repliable manuellement) permettra d’attaquer de nouvelles cibles
comme les garages grand public
et les centres de contrôle technique. Des protections destinées à
d’autres types d’installations
devraient voir le jour en 2015.
Cinq acquisitions en un an
« Ce système dispose d’un fort
potentiel, car il fait notamment
écho aux recommandations de
sécurité du comité technique national des industries de la métallurgie. Et c’est un produit complémentaire pour nous… », indique
de son côté Nathalie Blond, res-
ponsable communication de BHD
(plus de 400 salariés, 54 M¤ de
CA). Depuis mi-2013, le groupe a
encore accentué sa diversification
à grand renfort de croissances
externes . Il a réalisé cinq acquisitions en un an. BHD dispose désormais de 25 filiales. Ses débouchés ? Outre la livraison de
bâches pour poids lourds, son activité historique, il fournit
aujourd’hui les secteurs du bâtiment (habillage de façades, protection d’échafaudage, couverture
des tribunes de stades, comme
celle de l’Allianz Arena à Nice…),
de l’environnement (bassins,
gazomètres…), de l’agriculture
(tunnels, citernes), ou de l’aéronautique (protection de pièces,
housses de sièges). Au total, plus
de 8.000.000 m² de textile sont
confectionnés chaque année dans
ses ateliers. De nouvelles acquisitions sont prévues d’ici début
2015. Jean-Dominique Blond a
d’ailleurs décidé de se concentrer
sur la croissance externe. Déléguant le développement organique à un nouveau directeur général, Vincent Plessis, ex-dirigeant
du groupe ECCS.
REUS TECHNOLOGIES
(Fontenay-le-Comte)
Dirigeant : Pierre Reus
12 salariés
1,6 M ¤ de CA
02 51 53 01 89